Tumgik
mmepastel · 2 days
Text
Tumblr media
Juste un petit mot en passant parce qu’en cherchant à lire un roman ou des nouvelles de la grande Antonia Susan Byatt, aka A.S. Byatt (il paraît qu’elle détestait qu’on dise ses prénoms), je me suis aperçue qu’elle était morte en novembre dernier. C’est passé complètement sous mes radars, et je suis vraiment triste d’apprendre cette nouvelle car j’ai pour elle une immense admiration. Pour tout vous dire, elle écrit un de mes livres préférés au monde : Le livre des enfants, que j’ai lu en 2011. Quelle merveille. Je le relirai, c’est sûr.
Elle était très érudite. Une dame de lettres anglaise, pleine d’esprit et de fantaisie, qui avait un don pour raconter les histoires, et les truffer de détails historiquement vrais et pertinents. Dans Le livre des enfants, elle recrée l’Angleterre victorienne au tournant du XIXe siècle, le socialisme naissant transmis par le mouvement des Arts & Crafts de William Morris, la féerie de l’amour de la beauté de l’époque, les sursauts féministes, jusqu’à la Première Guerre Mondiale, cruel point final au récit éblouissant.
Elle a aussi écrit des récits courts poétiques et assez vifs, dont des contes noirs, qui m’ont aussi beaucoup marquée, ainsi que des Anges et des Insectes, adapté fadement au cinéma. Possession lui a fait remporter le Booker Prize, mais ce n’est pas mon préféré, sans doute trop érudit pour moi, un peu trop ampoulé, un peu trop ardu.
Je replonge ce soir dans ses pages, celle du recueil Le Djinn dans l’œil-de-Rossignol, qui paraît-il, est un hommage -à sa façon - aux Mille et Une Nuits. Les premières pages sont déjà éblouissantes. Quel esprit brillant et original…
1 note · View note
mmepastel · 2 days
Text
Tumblr media Tumblr media
Super lecture récréative.
Le premier roman d’Alice Slater est un bijou pop gothique anglais aux accents juvéniles très agréable à lire. La construction à deux voix alternées des protagonistes antagonistes est astucieuse et parfaite pour montrer le gouffre qui les sépare, ainsi que pour faire monter la sauce goût suspense.
Roach aime les histoires de serial killers, elle est globalement passionnée pour tout ce qui est malsain, poisseux, glauque. Elle n’est pas la seule. Dans sa librairie d’ailleurs, il y a tout un rayon dédié à ce marché, le True Crime. En France, on a l’équivalent de cette passion à travers les fameuses émissions à succès Faites entrer l’accusé par exemple. Goût qui se comprend (on est fasciné par les faits divers glauques) mais qui m’a toujours dérangée, personnellement, car on les transforme en narration, on les sépare des personnes meurtries, et on fait de l’assassin le héros. Or, souvent, ce sont des hommes qui commettent des féminicides, et qui ensuite bénéficient d’une certaine gloire, voire même d’argent (livres, invitations sur des plateaux télés…) c’est pour le moins discutable.
Alors évidemment, avec Laura qui incarne précisément celle qui a été touchée personnellement par ce phénomène, de l’intérieur, le malentendu avec Broach est total. Cette dernière pense qu’elles ont mille choses à partager, mais elles sont aux antipodes d’un même phénomène. L’angle d’intérêt est complètement opposé. Ça ne peut pas coller.
Et tout au long du livre, la contradiction se creuse. Broach étant maladivement attirée par Laura et Laura étant complètement paumée, avec de sérieux problèmes d’alcool.
Psychologiquement, le thriller tient bien la route. Le style est drôle, sarcastique, plein de références appartenant à la jeunesse moderne, ce qui m’a semblé rafraîchissant. Le fond des consciences est pourtant assez moche.
L’engrenage est implacable, le dénouement surprenant.
Un vrai plaisir de lecture, qui pose des questions intéressantes sur notre addiction au voyeurisme, plus ou moins intense, évidemment. (Mais même sans passion pour les crimes, n’est-on pas voyeuriste lorsqu’on scrolle sur des Instagram de personnes que l’on connaît peu ?…)
3 notes · View notes
mmepastel · 6 days
Text
Tumblr media
Holy shit.
Quel drôle de lecture. Je suis passée par divers états tout au long des quelques 600 pages de ce pavé qui est définitivement lourd. J’ai mis environ 200 pages à comprendre qui était qui, puis 200 de plus à être happée par le suspense, puis les 200 dernières à être complètement piégée. A la fin, un peu contrariée car une incertitude m’embêtait, mais je ne pouvais pas relire le roman pour être sûre ! Donc bref. Un peu d’énervement, de l’ennui parfois, de la perplexité, puis un vrai engouement.
Dans ce village fictif au bord de la frontière austro-hongroise, il y a tout de même pas mal de monde, et en plus l’autrice navigue des années 30 à la fin des années 80 (89, très exactement, en lien avec la destruction du mur de Berlin).
Bref, c’est une lecture exigeante, et le sujet n’est pas léger. Le roman évoque ce que la Seconde Guerre Mondiale a fait à l’Autriche, qui s’est en plus complexifié à l’Est du pays, notamment à la frontière austro-hongroise, avec l’invasion des Soviétiques juste après. Certains ont changé de rôles et d’idéologies comme on change de costume. Un nazillon peut se retrouver chef de la police nommé par les communistes. Cocasse ? Oui. Mais aussi terriblement gerbant.
Ce qui intéresse particulièrement l’autrice, c’est la couche de silence qui a recouvert les esprits. Chacun, rudement éprouvé, et encore on parle de ceux qui ont survécu, a vite cherché à retrouver une tranquillité, à tout prix. Peu importe les mensonges, les demis vérités, les rumeurs, on s’est mis progressivement à tout étouffer, tout refouler. Mais quand un squelette est déterré, un jour d’été de 1989, c’est tout un passé qui resurgit, dans lequel il n’est pas aisé de démêler le vrai du faux, le rôle de chacun à tel ou tel moment. Mensonge par omission, par réflexe de survie, par lâcheté, par honte, sans doute un peu tout ça. Et avec la volonté de quelques jeunes, du village ou d’ailleurs, désirant réparer par exemple le cimetière juif, le puzzle se reforme, péniblement.
Il y a quelque chose de laborieux dans ce livre. Il y a de l’humour, de l’ironie principalement, mais le style est parfois lourd, ou alors c’est un problème de traduction, mais je me suis parfois retrouvée à relire certaines phrases, les trouvant étranges, bancales, confuses. Le travail de recherches de ceux qui veulent la vérité est tout autant laborieux, parfois avec un brin de malice de l’autrice qui laisse le lecteur en savoir davantage que certains de ses personnages… mais ce lecteur doit être drôlement concentré… j’ai un peu peiné.
Pourtant, mon impression est positive et je me retrouve franchement admirative du travail de construction de la romancière. J’imagine sa difficulté pour rendre compte de ces temps troubles et complexes, ces consciences torturées, rendre compte aussi du processus énigmatique de la mémoire, qui oublie pour parfois pour survivre, parfois pour prospérer.
A un moment, il y a d’ailleurs un magnifique et terrifiant « retour du refoulé »… un masque au moins tombe à grand fracas, mais même dans ce cas là, les résistances autour continuent de se dresser… c’est dur de regarder les choses, surtout les plus immondes, en face, on est envahi alors d’une odeur fantôme de putréfaction insoutenable, mais les odeurs du souvenir, on ne peut pas les réduire au silence…
Un livre impressionnant, que je n’oublierai pas de sitôt.
4 notes · View notes
mmepastel · 13 days
Text
Tumblr media
Du coup, j’ai lu ou plutôt dévoré le premier roman de Caroline Hinault.
Récit très sombre, quasi inversé par rapport au dernier roman. Trois hommes, en huis clos au plein milieu de l’arctique. Leurs raisons vacillent face à la solitude, la nuit totale de l’hiver, et l’absurdité totale de leur mission : garder un drapeau, assurer l’appartenance de cette zone de neige.
J’ai beaucoup aimé le ton, celui que l’autrice donne à Piotr, qui en est le narrateur. Il a sa gouaille désabusée, un humour mordant et désespéré. Il m’a tenu en haleine tout du long.
En revanche, je ne sais pas si c’est parce que j’ai lu la fin en luttant contre le sommeil (je m’endormais vraiment de fatigue et non pas d’ennui mais je VOULAIS savoir), mais le dénouement, violent et très surprenant, ne m’a pas totalement convaincue. Trop improbable pour moi.
La virilité, la masculinité sont au cœur du récit. Elles sont exhibées dans ce qu’elles ont de plus laid, mais aussi de si vulnérable. Un peu caricatural pour l’un d’entre eux, mais je pense que c’était voulu.
Reste que le style est vraiment bluffant. Une voix, une vraie.
1 note · View note
mmepastel · 16 days
Text
Tumblr media Tumblr media Tumblr media
Très très beau roman de Caroline Hinault, Traverser les forêts.
La photo ci-dessus est prise dans la forêt primaire, la seule d’Europe, en Pologne, par Andrea Olga Mantovani, pour le livre écrit avec Baptiste Morizet, S’enforester ; forêt précise qui est le personnage principal du roman de Caroline Hinault.
Forêt effrayante, sublime, refuge, prison ou tombeau…
A travers les trois femmes qui l’occupent en même temps, pour des raisons très différentes, l’autrice explore une tranche d’humanité très actuelle, entre la migrante syrienne qui cherche à quitter la Biélorussie, pour survivre, condamnée à errer au péril de sa vie parmi les ronces et les bisons, n’ayant que ses pieds et ses mains pour possession, et Véra, journaliste biélorusse qui cherche refuge dans le silence et la contemplation, pour contrer la violence du monde.
Les destins se frôlent, s’entrecroisent… se renvoient des solitudes, des interrogations.
Ce qui m’a frappée, c’est le style. Dès le départ, c’est saisissant, c’est intense, à la fois brut et recherché. Tranchant. Le dénuement d’Alma, sa peur, petit chaperon à la doudoune rouge, qui paraît si immense et qui se heurte, qui se frotte à l’immensité de la forêt, à l’intensité de ses odeurs et de ses bruits, son indifférence végétale, son indépendance vitale. C’est terrible et beau. Il y a une vraie poésie mise au service du récit, et de ces moments suspendus, colorés de peur ou d’espoirs. Lire ce livre est comme une expérience de l’altérité, face à un lieu sauvage, face à des idéologies contraires, qui ne convergent que vers ce désir primaire, violent et vibrant, de rester en vie, malgré le cauchemar si palpable, alimenté par des citations de Dante, issues de L’Enfer. Une actualisation percutante de ces différents périls infernaux.
Un rappel salutaire qui remue.
2 notes · View notes
mmepastel · 20 days
Text
Tumblr media
Très chouette roman. Policier éco-féministe écrit par une jeune australienne.
Inty Flynn, l’héroïne, avec une équipe (biologistes, botaniste, véto…) veut réinstaller le loup dans les Highlanders écossais. Le projet se heurte évidemment aux réticences locales… d’autant que la plupart des habitants du coin sont des éleveurs de moutons…
Plusieurs éléments viennent de plus corser l’affaire : Inty est atteinte d’un trouble neurologique dont j’ai oublié le nom qui pourrait se résumer en quelque sorte en un genre d’empathie extra puissante, qui fait qu’elle ressent ce qu’elle voit, physiquement, dans sa chair. Exemple : son père coupe un lapin en deux, elle a l’impression physique que ça lui arrive et elle s’évanouit de douleur. C’est à la fois handicapant, et une aubaine dans son métier puisqu’elle arrive à mieux comprendre les animaux, leurs souffrances, leur douceur aussi.
Ajoutez à cela une sœur jumelle avec qui elle est fusionnelle et qui vient de subir des violences sexuelles et psychologiques…
Voilà un départ chargé. Oui, c’est un peu chargé, il faut bien l’avouer. Charlotte McConaghy a eu vraiment envie d’explorer sous toutes les coutures la question du rapport de force entre prédateur et proie, lesquelles ne cessent de changer de côté dans cette histoire bien troussée.
Un homme, soupçonné de violenter sa femme, est tué, et les loups vont vite devenir les suspects bien commodes… Inty veut à tout prix éviter de mettre en péril sa mission… et se place alors dans une position inextricable. Le commissaire du coin lui porte d’ailleurs une attention très particulière…
On apprend beaucoup de choses sur les loups et sur leur nécessité dans l’équilibre de la nature. Mais ce que j’ai principalement apprécié c’est le lien entre les deux sœurs, la construction de l’histoire, qui nous fait naviguer entre passé proche et plus lointain (leur enfance étonnante avec l’éducation de leur père, écologiste strict qui visait l’autosuffisance), le fait que tout se déploie comme un puzzle. L’autrice réussit à nous tenir en haleine pour savoir si les loups vont réussir à s’adapter à leur nouveau milieu, si les violences vont être expliquées, si la sœur d’Inty va sortir de sa léthargie dépressive, si Inty va à nouveau accepter de faire confiance à un homme…
C’est un livre réussi, et il apporte un vrai dépaysement, on se sent vraiment la truffe au vent, parmi les loups, entre danger et fascination.
0 notes
mmepastel · 23 days
Text
Tumblr media
J’ai adoré ce roman.
On est allés à Istanbul dix jours il y a de nombreuses années (avant Erdogan), et j’avais adoré ce voyage, cette ville. J’avais lu Orhan Pamuk déjà, qui m’avait subjuguée avec Neige et Mon nom est rouge. Je ne sais pas pourquoi, je me suis sentie bien là-bas. Franchement dépaysée, mais j’ai trouvé les gens chaleureux, complexes… (on a discuté avec plusieurs habitants, et bu longuement du raki avec le gars qui tenait un tout petit hôtel avec son frère, juste en face de la Mosquée Bleue), et la ville m’a parue incroyable, tant imprégnée d’un passé brillant et chaotique. Trépidante, mélangée, un vrai Tetris de cultures différentes, d’ambiances contrastées. Ultra moderne, ultra ancienne. Une mosaïque. Et cette mélancolie souriante… l’eau trouble du Bosphore…
De ce livre de Burhan Sönmez, je ne savais pas trop quoi attendre, pas une réplique d’Orhan Pamuk sous prétexte que les deux sont turcs. Et pourtant, je retrouve quelque chose de cette mosaïque mélancolique.
L’auteur est d’origine kurde et c’est là son troisième livre ; je ne le connaissais pas avant.
Plein d’histoires sont imbriquées autour du personnage central, Avdo, un vieil homme maître marbrier dans un cimetière stambouliote, qui vit dans une baraque au cœur dudit cimetière. C’est un homme heureux, malgré un passé difficile et tragique. C’est un homme bon, et pour ceux et celles qui croisent sa route, il est devient souvent un ami, un confident. Il est soucieux des autres, et ne fait pas de grande différence entre les vivants et les morts, sans doute par déformation professionnelle, mais aussi parce qu’il a appris à faire sans les gens chers qu’il a perdus. Il dialogue autant avec les étoiles que les tombes. A travers son histoire et celles de ceux qu’il croise, le romancier tisse une toile complexe qui éclaire par bribes l’histoire complexe du pays, ses beautés, ses richesses, ses violences et ses blessures. On a donc à faire avec de très nombreux personnages issus de mondes et d’époques différents. Avdo est spirituel sans être croyant, et il voit clair dans le jeu de l’imam de la mosquée d’à côté (lequel est plus intéressé par l’argent que par dieu) avec qui il a pourtant des relations cordiales.
La vérité c’est qu’il est orphelin, et qu’il ne sait pas qui il est puisqu’il ne sait pas qui est sa mère (selon sa pensée). Il est donc syncrétique par essence. Il préfère croire les histoires des hommes et des femmes et la vérité de leurs cœurs plutôt que de se conformer à des préceptes. Tout petit, il a été recueilli par un homme qui ne savait plus comment il s’appelait lui-même, puis par un maître marbrier qui lui a transmis sa passion. Avant de connaître l’amour et de donner rendez-vous sous les amandiers…
Dans ce livre, il est fortement question d’identité. De nom. Qui est-on vraiment ? Que signifient les noms que l’on nous donne ou ceux que l’on porte ou ceux que l’on se choisit ? Quelle est la part qui nous est donnée, celle qui nous appartient ? Il s’agit d’une quête intime, presque d’une enquête parfois.
Il est aussi beaucoup question d’amour, souvent immuable, qui survit à la mort et crée du possible autour de soi.
C’est un magnifique livre, émaillé d’humour discret, délicat, qui bouscule nos façons de penser, occidentales et rationnelles. Entre le conte et la fable, avec beaucoup de poésie, et du thé, très sucré.
Tumblr media
4 notes · View notes
mmepastel · 25 days
Text
youtube
Whaou.
Je regarde beaucoup de séries, et j’en ai vu un paquet de super bien. Cette fois, avec cette celle-ci, j’ai été touchée en plein cœur. Pourtant, je connais à peine Truman Capote, je n’ai rien lu de lui, j’ignorais tout de cette querelle dont il est question dans ce récit qui raconte la deuxième partie de sa vie. Je connaissais son visage, sa réputation sulfureuse, son intérêt pour les mondains, et l’impact de son roman De sang froid.
Honnêtement, je n’aurais pas cru me passionner pour son existence ni pour celles des « Swans », c’est à dire ces « socialities », célébrités mondaines pleines aux as et oisives au possible, qui faisaient la pluie et le beau temps sur la mode à New-York dans les années 60 et 70. D’ailleurs, il me semble bien qu’on les a oubliées. Elles ont leurs fiches Wikipedia, mais je ne suis pas sûre qu’elles aient laissé une trace inouïe ni dans l’art, ni dans la mode.
C’est Gus Van Sant qui filme, et sans doute la qualité de la série y est pour beaucoup. Le casting est dingue aussi, entre Naomi Watts, Calista Flockart, Chloë Sevigny, Jessica Lange… et Tom Hollander qui incarne Capote d’une façon extraordinaire. Il a réussi à créer un personnage à la fois ridicule et profondément touchant, avec ses cheveux jaunes plaqués sur un front de plus en plus dégarni, une gestuelle maniérée et outrée, une voix haut perchée, et un rire incroyable… irritant et désarmant. Une performance géniale, proche de l’original (j’ai regardé des vidéos pour écouter la vraie voix de l’auteur), et une création sensible.
La première partie de la vie de l’écrivain, de sa jeunesse chaotique (mère sans égards, puis alcoolique, père violent puis absent), à son succès précoce, est sacrément passionnante (maintenant que je suis renseignée). Mais la série se concentre sur l’après. Lorsque, précisément, Truman Capote est à son apogée, et que tout le monde s’arrache cet homosexuel mondain qui est drôle, cruel, attentif et doux avec ceux (celles surtout) qu’il aime. Sa relation avec Babe m’a bouleversée. J’ai pleuré tout le long de l’avant-dernier épisode, devant la beauté de leur lien, devant le tragique du gâchis.
Cette série est évidemment complètement proustienne, avec l’œil acéré sur les faux-semblants des riches, les amitiés qui n’empêchent pas la clairvoyance, la cruauté de ladite clairvoyance lorsque celle-ci se mue en récit public et donc en trahison. Il est question de mondes dont on veut être ; dont Capote devient le centre puis en est évincé. De solitude. D’alcool. De création. De l’attirance du papillon vers l’ampoule qui va le brûler, le petit garçon esseulé d’Alabama ébloui par le faste new-yorkais, puis les talk-shows. Et le fantôme maternel qui rôde, encore, qui empoisonne chacun de ses gestes.
C’est le récit d’un déclin collectif, mais dans lequel chacun est seul. C’est troublant de finesse, de délicatesse. Malgré les belles robes, les colliers de perles et les mets raffinés, il y a quelque chose de nu qui transparaît, quelque chose de cru, de vrai où se mélange les regrets d’un gâchis immense et la beauté impalpable de moments dérisoires. Une vie, à la fin de laquelle on appelle en vain sa maman, comme un petit enfant effrayé.
3 notes · View notes
mmepastel · 30 days
Text
Tumblr media
J’ai dévoré ce polar : La théorie des ondes, écrit par Pascale Chouffot et publié chez Le Rouergue.
Je ne lis pas tant que ça de romans policiers, car, il faut bien l’avouer, souvent, je les trouve assez mal écrits. Avec des clichés. Ici, rien de tel. Une galerie de portraits plus vrais que nature, dans une région marquée par un triste passé. J’ai bien aimé le lien fait entre les orphelins du Morvan (vraie histoire absolument révoltante) et l’enquête qui s’intéresse à des jeunes filles disparues et jetées dans la Saône.
L’autrice évoque la ville de Chalon, ville moyenne un peu triste, seulement égayée par le carnaval qui ressemble à un défoulement collectif, expiatoire ou vengeur. Le social est au cœur de l’histoire, les emplois perdus, la galère des uns, la notabilité des autres, et l’onde profonde de la Saône, dont les remous d’aujourd’hui se font l’écho de ceux du passé.
C’est poisseux, assez furieux, mais écrit avec style, précision et limpidité.
Une super découverte.
3 notes · View notes
mmepastel · 1 month
Text
Tumblr media
Voilà un roman bien horrifique 😱 !
Je ne sais pas quel lien entretient Liliana Lazar avec son pays de naissance, mais il ne semble pas très apaisé… sa description des rites ancestraux par des russes slaves au cœur des Carpates a de quoi glacer le sang.
Le style de l’autrice, que j’avais déjà beaucoup apprécié dans le roman Terre des affranchis, est lumineux, mais il se met au service d’un récit bien sombre.
Deux touristes français s’égarent au début de l’hiver à l’orée d’une forêt, en route vers Rodna. Ils vont découvrir une communauté aux règles tout aussi étonnantes que radicales. C’est un matriarcat strict. L’inversion pour nous, lecteurs de sociétés patriarcales, est attirante, et intéressante. Mais on découvre vite la violence sous-jacente. L’autrice fait en sorte qu’on ne sache pas très bien s’il s’agit d’une fiction totale ou si elle s’appuie sur des rites existants (ou ayant existé). Le mystère s’épaissit, le suspense monte. On tremble pour le couple qui se divise face à cette rencontre ; la femme est fascinée, d’autant plus qu’elle est anthropologue, mais elle est aussi tentée par une forme d’adhésion. L’homme, quant à lui, boxeur de profession, est évidemment plus rétif au traitement qu’on lui réserve. On sent que l’autrice s’est amusée à malmener ses personnages et à les confronter à leurs contradictions. Mais l’issue est déconcertante… on ne sait que conclure, à part qu’on souhaite fuir de ce lieu à toutes jambes !
C’est un voyage déroutant et assez éprouvant que cette lecture. J’ai apprécié l’originalité du récit sans totalement me passionner pour les personnages hélas. J’ai manqué d’empathie pour l’héroïne.
Bref, une lecture étonnante mais qui me laisse un sentiment de perplexité…
0 notes
mmepastel · 1 month
Text
Tumblr media Tumblr media
Pfffiou !
Quel drôle de livre !
Je ne suis pas certaine d’avoir tout compris. A vrai dire, j’aurais beaucoup de peine à dire quel en est le sujet. Le pérégrin, c’est celui qui voyage évidemment, et ce livre évoque les déplacements en tous genres et en tous sens, par delà mers et océans, de la narratrice, qui ressemble fort à l’autrice, d’autant qu’elle évoque son parcours personnel au début. Oui, certes, le livre parle d’espace, de lieux, de déplacements, mais aussi de temps, de la mort. Du corps également. Le livre ressemble un peu à un cabinet de curiosités, dont elle parle abondamment d’ailleurs, à travers les destins de certains personnages, dont certains ont réellement existé, et qui n’ont eu de cesse de progresser dans la science ou dans l’art de connaître le corps humain, et donc la façon de le conserver, puis de le montrer. (Ces pages, très nombreuses, sont effroyables et fascinantes.)
Oui, ce livre à ce désir d’être une somme, une œuvre totale qui embrasserait l’espace-temps, le passé, le présent, leur découpage probablement trompeur, comme si tout était cyclique, voire parallèle, simultané. Il se présente d’ailleurs comme une série de textes plus ou moins courts, comme des objets curieux et stimulants pour l’esprit, comme dans un fameux cabinet de curiosités. Des objets épars, mais qui se répondent, par échos, rebonds (remarquez par exemple comme les fleuves de la couverture française évoquent des veines et leurs ramifications…). Des anecdotes ou des récits mythiques, des considérations hasardeuses ou troublantes. Parfois, des histoires, voire des contes, à la portée symbolique puissante. On passe par des sentiments variés, allant de l’effroi à l’émotion ou au rire. Car le ton d’Olga Tokarczuk est toujours surprenant, faussement sobre, émaillé de malice discrète.
J’ai beaucoup aimé lire ce livre, malgré sa complexité, et l’absence apparente de fil conducteur. J’ai aimé me perdre dans les méandres de ce voyage intérieur érudit et fantasque. J’ai aimé retrouver, chaque soir, l’assurance de trouver de l’étonnement, des idées neuves et stimulantes, un art évident de conter les histoires les plus saugrenues tout autant que passionnantes. On est sans cesse sur le fil, entre la joie de comprendre quelque chose de neuf, et la sensation vertigineuse de chute dans le surnaturel, jamais bien loin.
Je retiens toutefois des éléments de la conclusion qui suggèrent qu’il est judicieux de comprendre qu’on n’est pas vraiment différent de quelqu’un d’autre, qu’on y gagne, et que l’intérêt pour autrui est toujours enrichissant, que nous appartenons à un tout dont l’harmonie secrète existe, même si tout semble chaotique. Il y a une forme d’apaisement dans ces assertions, la promesse d’une humanité puissante, englobante, consolatrice, qui nous fait tant défaut au quotidien, il faut quand même bien l’avouer. C’est une dimension que j’ai ressentie au fil du livre, même si je ne suis pas sûre d’en saisir toute la portée.
2 notes · View notes
mmepastel · 1 month
Text
Complètement obsédée par ce morceau.
3 notes · View notes
mmepastel · 2 months
Text
Tumblr media
Parlons peu, parlons bien.
Nouveau coup de foudre olfactif !
Après Mareld que j’ai porté l’an dernier, j’ai succombé à Never Spring de la maison suédoise Björk and Berries.
Cette fois, j’ai été happée par les notes de fond, ce qui est étonnant. D’habitude, je fais une fixette sur les notes de tête.
Ici pourtant les notes de fond sont ultra classiques, ambre, bois de cèdre, musc… mais elles sont inextricablement liées à une autre touche que je n’identifie pas très bien mais qui est légèrement amère et croquante. Un truc bizarre que j’associe à la pomme (la pêche indiquée ?) et à une liqueur de gentiane légèrement poivrée. Pourtant rien de tel, je lis (cf ci-dessous) jasmin, cyclamen, bambou…
???
Au début, aucun doute, le parfum s’ouvre sur un citron très astringent, un brin synthétique, et une note sucrée apparemment fruitée de type pêche. Assez vite le parfum se calme et s’arrondit, développant des notes sucrées. Mais c’est quand il est vraiment installé que je le trouve génial et unique. Cette note indéchiffrable, amère et verte, fruitée mais musquée… et hop un parfum joyeux, frais, addictif, plein de personnalité, parfait pour l’attente des beaux jours, ce qui constitue son essence (cf son nom) d’après la marque. Le parfum tient bien et sur sa fin, il laisse perdurer ce quelque chose insaisissable qui me rend zinzin. Je n’en demande pas plus, mais pas moins non plus.
Tumblr media
4 notes · View notes
mmepastel · 2 months
Text
Tumblr media
Voilà, j’ai fini le roman d’épouvante naturo-pathique d’Olga Tokarczuk… elle est un peu sorcière sur les bords…
J’ai adoré. Je ne pourrais pas faire une plus belle critique que celle de Télérama publiée précédemment.
Je peux juste dire que j’ai été éblouie, envoûtée, effarée. Le récit est à la fois prenant, lent, haletant, descriptif, psychologiquement fin, philosophique, érudit, drôle et ironique.
Un écho étonnant à La montagne magique de Thomas Mann que j’ai lu l’an dernier je crois et qui m’avait tant impressionnée.
J’ai éprouvé des sentiments très forts pour le héros aux initiales étonnantes MW. Intrigantes initiales qui expriment un double sens…ou un équilibre… sur le fil, un chemin à demi fait entre les extrêmes qui veulent s’imposer en ce début du XXe siècle, misogyne et hautement idéologique.
Et pourtant, il est tout sauf tiède, MW. Juste terriblement sensible et seul. A l’écoute du monde, des autres. Bien éduqué, à moins que ravagé par la dureté de son éducation paternelle masculiniste où pleurer est un signe de faiblesse. Un Hans Castorp traumatisé.
Les strates qui composent sa personnalité sont passionnantes à découvrir, et celle de son enfance, dont on ne guérit jamais, chacun le sait, m’a particulièrement touchée. L’amour maternel perdu et retrouvé dans la tendresse d’une servante… dans les effluves de la cuisine… à jamais gravées dans sa mémoire.
Ce récit nous invite à être attentif à ce qui nous entoure, le paysage, les correspondances secrètes qui naissent en nous, à accepter ce qui est illogique, irrationnel, à l’englober dans notre être, à le laisser sédimenter. C’est une invitation à inverser les points de vue, à s’essayer de voir tout la tête renversée, en gardant à l’esprit qu’on passe à côté de mille choses sensibles mais insaisissables. Ce roman est un plaidoyer pour la différence, l’anomalie qui est en nous, une ode à la nature qui répare. Un conte plein de croyances mais sans dieu, ou plutôt plein de confiance en ce que le monde crée et anime, sans notre volonté ni même notre participation. C’est un peu inquiétant d’une part, et totalement réconfortant de l’autre. Bref, c’est ambigu, ce qui semble être une caractéristique à laquelle tient l’autrice.
Je veux tout lire d’elle désormais.
Ci dessous, le véritable sanatorium de Göbersdorf, où se situe l’intrigue, avant décrépitude et changement de nom du village.
Tumblr media
6 notes · View notes
mmepastel · 2 months
Text
Tumblr media
Je suis en train de lire ce livre d’Olga Tokarczuk, et je suis complètement enchantée. Cette critique dans Télérama est superbe.
2 notes · View notes
mmepastel · 2 months
Text
Tumblr media Tumblr media
Très joli livre finlandais (de langue suédoise).
Évidemment, en lisant la quatrième de couverture, je ne pouvais pas lutter.
La lecture a été étrangement à la fois plaisante et lénifiante. Un peu longue, un peu languissante donc. Et pourtant, c’est très beau, très joliment écrit. Assez poignant. Le destin d’une famille (où on se perd sans cesse) qui a vécu à Nevabacka, une ferme construite au XVIIe siècle en pleine forêt finlandaise par un soldat récompensé. Ferme qui finit par posséder ses habitants successifs, jusqu’au XXIe siècle, leur offrant tout à tour réconfort et dénuement.
Des personnalités se succèdent, des caractères, différents, des destins, souvent tragiques, qui épousent les remous de l’Histoire, et qui -pour ce qui est du début du XXe-, m’ont rappelé le fabuleux roman Gorge d’or.
Ce qui est crucial je pense, au-delà de ce défilé de destins, c’est l’attention permanente à la nature et le clivage permanent entre religion chrétienne et animisme primitif. L’autrice s’interroge dans une interview : que se serait-il passé, où en serions-nous en Finlande, si le christianisme ne s’était pas imposé ? Là j’ai pensé au livre estonien L’homme qui savait la langue de serpents. Le sujet est finalement très proche même si le traitement est très différent.
Certains personnages honorent les trolls et elfes de la forêt, notamment ceux de la fameuse Tourbière magique, d’autres se signent et referment vite leurs volets. Certains personnages parlent aux oiseaux, d’autres les craignent, d’autres les admirent mais les momifient. Les frontières se brouillent. Les deux royaumes de croyances ne sont pas totalement étanches. C’est tout l’intérêt du livre, ainsi que son attention à la vivacité des enfants comme à la lenteur inquiète des personnes âgées.
De belles pages pleines d’humanité dans un décor qui se fait personnage à part entière, vivant, complexe, enchanteur et inquiétant.
Un livre lent mais envoûtant.
3 notes · View notes
mmepastel · 2 months
Text
Tumblr media
Hop hop hop, c’est les vacances, je poursuis ma fixette sur Lola Lafon.
Elle a décidément beaucoup de talent, je me suis encore fait avoir, en lisant ce roman. Comme il était fondé sur un événement réel, j’ai cru que le personnage de Gene Neveva était également vrai. Elle est vraiment douée pour créer des personnages auquel on croit.
Bref, je ne connaissais pas du tout l’histoire incroyable de cette jeune Patricia Hearst, fille d’un magnat de la presse américain, qui se fit enlever par un groupuscule libertaire et révolutionnaire, le SLA, en février 1974. Le truc dingue, c’est que 2 mois à peine plus tard, la riche héritière proclamait être leur alliée et combattre auprès d’eux. Elle participa même à des braquages de banque !!!
Histoire réelle foutraque où on ne comprend rien, et le roman participe à cette confusion en multipliant les lectrices des événements : la narratrice qu’on découvre à mi roman, l’universitaire chargée de rédiger un rapport pour la défense lorsque Patty est arrêtée et s’apprête à être jugée, et au milieu, Violaine, étudiante engagée par la charismatique enseignante américaine, un peu perdue, dévouée. Chacune épluche le dossier, les fameuses déclarations successives de Patricia qui communique avec ses parents (et le FBI) sur bandes enregistrées, épie les photos, les rapports de psychiatres, le passé de la jeune fille pour savoir si elle a subi un lavage de cerveau (ce qu’on semble désormais confondre avec le syndrome de Stockholm). Elles discutent, supputent, argumentent, tâtonnent. Comme pour Nadia Comaneci dans son roman précédent, l’autrice met un point d’honneur à laisser les questions ouvertes et à ne pas trancher. On n’aura pas d’explication finale ferme.
Peu importe, ce n’est pas exactement le sujet me semble-t-il. Ce qui compte, c’est d’assister, dans les années 70 aux différentes réécritures d’une personnalité qui se forme, se transforme, n’est pas figée, évolue et peine à être tout simplement entendue. Ainsi qu’aux écritures des événements qui se superposent à sa voix : celles du père Hearst, celle du petit ami de Patricia, celle du FBI, celle des journaux (dont le chef est le père de Patricia)… l’Amérique toute entière est accro à ce récit renversant. Le SLA veut une justice sociale, de la nourriture pour tous. Comment être en désaccord ? En même temps, ils sont armés jusqu’aux dents. Patricia, la victime, devient bourreau dès qu’elle agrippe une arme. Alors, doit-on la plaindre ou l’exécuter lors d’une arrestation spectacle diffusée en direct devant tout le pays à la télévision ? Les choix politiques de l’époque sont troublants. Lola Lafon capture bien la mort des idéaux de 68, le Flower Power nettement flétri, et l’avènement de l’individualisme et du fric tout puissant des années 80.
Personnellement, j’ai été très touchée par Violaine, en lutte silencieuse, discrète, modeste, contre la détermination de sa destinée. Sans faire de bruit ou de grand fracas, elle se trace une vie à sa manière, qui correspond à ses désirs et son absence d’envie de briller d’aucune manière. Une non-héroïne peut-être vraiment libre.
Bref, encore un livre passionnant de Lola Lafon.
2 notes · View notes