ZINDIEN (Hervé Le Tellier)
ZINDIEN
Je ne sais pas ce que je veux
Paraît kiya des pères qui savent
Qui disent Tu seras militaire
ou architecte ou musicien
plombiézingueur ou bien zindien
Moi je ne veux rien, rien de rien,
ou alors, si, je sais,
tout de suite, tenir ta main.
(Hervé Le Tellier)
Recueil: Zindien
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
LE JOUR DE L’ANNONCIATION A PASSÉ (Aksinia Mihaylova)
LE JOUR DE L’ANNONCIATION A PASSÉ
À vue de corbeau
le quartier est d’un blanc indécent
à la fin de juin.
Une femme arrose les fleurs et regarde
de loin les reflets noirs et aveuglants
de l’oiseau dans la cage
qu’un enfant accroche sur le balcon d’en face.
Un jour l’enfant va oublier
de fermer la porte de la cage.
Un jour la femme va traverser
l’unique mur de verre de sa boîte en béton
et ils…
L’Homme cosmique (Sri Aurobindo)
L’Homme cosmique
Mes yeux parcourent le monde et nul horizon ne barre ma vue ;
je vois Tokyo et Paris et New-York,
je vois les bombes exploser sur Barcelone et dans les rues de Canton.
Les méfaits sans nombre de l’homme et ses rares bienfaits se déroulent en moi.
Je suis la bête qu’il tue, l’oiseau qu’il nourrit et sauve;
Les pensées d’esprits inconnus vibrent en moi et m’exaltent ;
je porte…
Âme dans l’Ignorance (Sri Aurobindo)
Âme dans l’Ignorance
Âme dans l’Ignorance, éveille-toi de sa stupeur.
Flammèche du feu-du-monde, étincelle de Divinité,
exalte ton mental et ton coeur dans la splendeur.
Soleil dans l’obscurité, recouvre ton éclat.
Une, universelle, embrassant la création,
cesse de tourner sur la roue avec l’inconsciente Nature,
sens-toi née de Dieu, connais-toi immortelle.
Hors du temps, recouvre ton…
Les lilas (Francis Jammes)
Les lilas qui avaient fleuri l’année dernière
vont fleurir de nouveau dans les tristes parterres.
Déjà le pêcher grêle a jonché le ciel bleu
de ses roses, comme un enfant la Fête-Dieu.
Mon coeur devrait mourir au milieu de ces choses,
car c’était au milieu des vergers blancs et roses
que j’avais espéré je ne sais quoi de vous.
Mon âme rêve sourdement sur vos genoux.
Ne la repoussez point. Ne…
Au pied de mon lit (Francis Jammes)
Au pied de mon lit,
une Vierge négresse fut mise par ma mère.
Et j’aime cette Vierge
d’une religion un peu italienne.
Virgo Lauretana, debout dans un fond d’or,
qui me faites penser à mille fruits de mer
que l’on vend sur des quais
où pas un souffle d’air n’émeut les pavillons
qui lourdement s’endorment,
Virgo Lauretana, vous savez qu’en ces heures
où je ne me sens pas digne d’être aimé…
La poésie te trouve (Títos Patríkios)
La poésie te trouve
La poésie vient te trouver en vélo, en mobylette, en voiture
parfois elle arrive comme une amazone le glaive dressé
parfois elle te suit à la sortie du supermarché comme une mendiante en haillons
elle t’entraîne telle une porno-star dans les abysses imaginaires
elle te rappelle à l’ordre comme un directrice de maison de redressement
elle t’apparaît dans les tréfonds du…
Puisse mon amour… (Lorand Gaspar)
Puisse mon amour…
Puisse mon amour des dessins changeants
des corps, des eaux et des vents de ce monde
avec les martinets voler encore ce soir
certitude d’un instant dans la joie
d’une vie d’un coup d’aile dépliée
comme si dans le geste de s’ouvrir
il y avait une braise éternelle –
Reviens près de ces pierres
où quelques mots respirent –
écoute-les de toute ta nuit
tout le poids de l’oubli…
Le torrent (Henri Thomas)
Le torrent
Ayant suivi le cours du torrent subjectif,
Te voici renversé par le front de la Bête,
Et tu perdras ta face,
Et les poissons tranchants vont t’entrer dans la tête
Pour voir ce qui s’y passe.
Que ne suis-je resté dans l’état poétique,
Personne n’y comprenait rien,
Mais le monde était là, si profond, si magique,
Et moi le seul magicien.
(Henri Thomas)
Découvert ici:…
La Tête à couper (Christophe Dauphin)
La Tête à couper
Homme de nulle part
Immobile sur la page blanche de la langue
Couteau dans la gorge
Homme de nulle part
qui broie le langage et ses pierres
comme d’autres broient leurs vertèbres
Homme de nulle part
dont tous les sens se jettent dans le vide
exilé dans la langue
Homme de nulle part
Photocopie recto A4 noir et blanc
que l’on lave sur les murs d’un business plan
Homme de nulle…
Le bon sens des mots (Yvon Le Men)
Illustration: Sophie Bourgon
Le bon sens des mots
Se reposer
sur des images qui se reposent
en bleu en rouge
en vert
sur l’eau du port
se reposer
entre deux tempêtes qui passent
par nos âmes et sur les vagues
se reposer
sur le mot port
qui est fait pour ça.
(Yvon Le Men)
Recueil: Les mains de ma mère
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
Je t’aime (Yvon Le Men)
Illustration: Raymond Peynet
Je t’aime
voilà
c’est dit
Mais qu’ai-je dit en
te disant je t’aime?
J’ai dit je
j’ai dit tu
j’ai dit aime
Mais le chemin entre les
deux l’ai-je parcouru
avec toi?
Je t’aime
mais qu’ai-je fait de ce verbe
trop grand pour moi
comme des habits de fête qui
ne sortent pas le dimanche
des chants
qui raclent au fond de la gorge
des pas qui trébuchent aux
frontières de…
Chasseurs-cueilleurs (Yvon Le Men)
Chasseurs-cueilleurs
Ils repoussent la mer
avec des pelles et des râteaux
la mer acculée
recule
jusqu’au sable
jusqu’aux reflets des châteaux de sable
ils creusent dans les flaques de ciel où se
terrent les coques et les palourdes
le premier qui trouve
réveille le rêve de l’autre
de trouver
ils viennent de tous les âges
de tous les mondes
et se souviennent des premiers jours
où ils…
Le pic épeiche (Yvon Le Men)
Illustration
Le pic épeiche
La tête barrée de rouge les
plumes couvertes de vert
le ventre gonflé de gris
l’oeil noir
l’oiseau pique et pêche
des vers dans l’herbe mouillée
son nom
lui va comme un gant
comme les noms que j’espère trouver en
marchant
au bord de mes poèmes.
(Yvon Le Men)
Recueil: Les mains de ma mère
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
Le mouchoir (Yvon Le Men)
Illustration: Simone Massi
Le mouchoir
Ce sont ses mains
qui l’ont lavé
repassé
plié
ses mains
qui l’ont déposé
sur la pile
dans l’armoire
ses mains
qui ont refermé les portes
de l’armoire
et que l’on a refermées
sur elles-mêmes
et sur nous
Ses mains
grattaient à la porte des robes
des chemises
et du linge de maison
même quand le linge
et la maison avaient disparu
de ses mains
Ses mains…
A ma naissance (Rupi Kaur)
Illustration: Henri Matisse
à ma naissance
ma mère a dit
il y a dieu en toi
sens-tu sa danse
(Rupi Kaur)
Recueil: le soleil et ses fleurs
Traduction: Sabine Rolland
Editions: NiL
Ce matin (Rupi Kaur)
ce matin
j’ai dit aux fleurs
ce que je ferais pour toi
et elles ont fleuri
(Rupi Kaur)
Recueil: le soleil et ses fleurs
Traduction: Sabine Rolland
Editions: NiL
Des parties de mon corps (Rupi Kaur)
Illustration: Rupi Kaur
des parties de mon corps continuent de souffrir
de la première fois qu’elles ont été touchées
(Rupi Kaur)
Recueil: le soleil et ses fleurs
Traduction: Sabine Rolland
Editions: NiL
Le dernier jour d’amour (Rupi Kaur)
Illustration: Bernard Hugot
le dernier jour d’amour
mon coeur se brisa à l’intérieur de mon corps
(Rupi Kaur)
Recueil: le soleil et ses fleurs
Traduction: Sabine Rolland
Editions: NiL
Les abeilles (Rupi Kaur)
Illustration
les abeilles vinrent pour le miel
les fleurs furent prises de petits rires nerveux
en se déshabillant
pour s’offrir
le soleil sourit
– ta seconde naissance
(Rupi Kaur)
Recueil: le soleil et ses fleurs
Traduction: Sabine Rolland
Editions: NiL