Tumgik
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If there's a book that you want to read, but it hasn't been written yet, then you must write it.
Toni Morrison
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The Shattered Café
    The Shattered Café, un lieu en apparence comme tous les autres. Une ambiance reposante par certains moments et stressante par d’autres, une ambiance estudiantine « gamine et innocente jouant aux adultes soucieux ». Les gens y passent, y façonnent leurs avenirs, s’y détendent, s’y quittent, y pleurent, y rient. Un lieu bien banal et pourtant, il porte en lui l’histoire de générations. Un lieu où l’on peut voir les clients tirer de leurs sacs comme un livre, leurs sentiments les plus troubles, les plus angoissants, les plus mielleux et les affronter.
Un tête-à-tête unique avec ou sans témoins, avec ou sans interlocuteurs. Un lieu où l’organe accusé est minutieusement interrogé sans grand espoir de réponses concrètes. Un monologue de supplice, de cruauté et de ressentiment. À la suite de quoi, il est  soit rapidement refoulé dans les sombres profondeurs du sac, soit négligemment abandonné sur une table, jeté entre deux chaises… Des fois, on l’assomme dans le chloroforme d’une dépression, la férocité de l’humiliation, l’acidité de l’amertume… pour l’anesthésier, ne plus rien ressentir. Certains, ont l’impression qu’un seul cœur n’est pas suffisant, alors ils en dessinent plusieurs dans les coins des pages ou pour décorer un prénom, on lui donne des couleurs insolites : un sang noir cendre, un autre bleu sans une nuance de noblesse, un classique rouge vif, un chaste rose bonbon. Au choix : Indélébile ou crayonnée.
Les larmes aussi ont leurs lots de démêlés, on en mesure la température, la quantité, la cause, les lésions. Puis, viens le tourbillon des questions habituelles presque existentielles « comment ne plus verser une seule goutte de ce goudron mi-sang mi- acide ?» comment empêcher son cœur de se briser, se fissurer, s’émietter, comment le mettre à nu sans se le faire arracher ? Le sortir de sa boite d’écrin sans se l’ébrécher ou se le malmener? Ne pas avoir de regrets ? Ne pas manquer son train ? Eviter les non-dits et les trop-dits ? Ne pas perdre… se perdre ? Savoir que ce n’est pas l’énième coup de massue ? L’énième mauvaise porte ?  Si à chaque fois on perdait un peu de soi, qu’en restera t-il pour l’ultime dénudement ?
Souvent, on revient réclamer aux lieux le sel de ses larmes, les fragments de son cœur, la négligence de ses neurones, la flamme de ses yeux, l’essence de son âme en échange de tout bon sens pour les jeter à la gueule d’un nouveau loup.
Un lieu comme tous les autres. Un lieu comme on en trouve à chaque coin de rue. Un lieu où le « tout » affronte son « rien » et le « meilleur » son « pire ».
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