Tumgik
#Le jour se lève
scenephile · 2 years
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I have one twinkly eye and one sad eye
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entrehormigones · 1 year
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laggam · 10 months
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Quand ma collègue s’investit plus dans son travail quand elle est en repos que quand elle est là.
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lilias42 · 2 years
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Retour de CF ! (pour changer des billets où je me plaints) : Chapitre 12 et 13 du canon, la maladie
Et voilà ! J'espère que ça te plaira @ladyniniane !
Petit retour à CF avec un chapitre un peu plus lourd que les précédents : à force de s'épuiser pour tenir le Royaume en un seul morceau, les jumeaux finissent par tomber malade d'épuisement, et Rodrigue est le plus sévèrement touché. Quand il l'apprend, Félix rentre chez lui pour s'occuper d'eux.
Comme toujours, "petit" point de contexte !
=> j'utilise ma version des Braves + 3nopes n'existe pas
=> Lachésis Charon a déjà été mentionné avant. C'est une des grandes soeurs de la mère de Dimitri, Héléna, et une des membres de la grande fratrie Charon qui sont douze (même s'ils ne sont plus que neuf après la mort d'Héléna, et de deux d'entres eux à Duscur). Avec les jumeaux, ce sont eux qui tiennent le Royaume mais, Rufus s'entend très mal avec sa première belle-famille donc, ça finit souvent avec les Charon chassé quelques temps alors, Rodrigue récupère leur travail... alors qu'il fait lui-même son travail, celui du régent, et le côté administratif du métier de chef de la garde (le remplaçant de Gustave est compétent et pas assoiffé de sang de duscurien mais, il a beaucoup de mal avec l'administration alors, il le remplace), ce qui lui met encore plus de boulot sur les bras, d'où ses journées de travail à rallonge qui lui usent la santé.
=>Rufus n'encadre plus non plus les jumeaux, et vu que Rodrigue est juste à côté et peut difficilement lui répondre vu qu'il est le régent, il en profite en le pourrissant tout le temps dans son ivresse. Il lui reproche de ne pas avoir empêché Lambert d'aller à Duscur (alors que Rufus lui-même n'a pas levé le petit doigt) alors, il l'attaque en lui disant qu'il devrait lui faire couper la tête pour incompétence, celle d'Alix pour savoir ce que ça fait de perdre un frère et il menace de plus en plus souvent de couper la tête de Félix quand il sera majeur. Rodrigue utilise souvent Vitalis pour le faire décuver d'un coup et l'endormir mais, il doit techniquement éviter d'utiliser un sort sur le régent alors, il doit subir plusieurs longues minutes d'insulte gratuite.
=>Grigri est introduit avant, c'est le chat que peut garder Rodrigue à Fhiridiad, même si Rufus lui a interdit d'en avoir d'autres sous couvert que sa maitresse ne les aime pas car, ça lui permet de lui enlever quelque chose qu'il aime et qui lui apporte un peu de réconfort. Ce n'est pas un petit de Fleurette (le chat de Félicia) mais, un chat gris minuscule (gabarit d'un singapour) alors, il est discret et Rodrigue peut le garder. C'est d'ailleurs un chat qui vient de Duscur qu'Ivy a ramené d'un de ses voyages.
=>Le fait qu'Alix lui manque énormément a également été introduit avant. Les jumeaux savent se séparer même s'ils sont fusionnels mais, quand c'est contraint et forcé dans ses conditions, ils ne le supportent pas et ça leur fait mal physiquement et surtout psychologiquement d'être séparés.
=>Bon... autant vous dire que c'est très dur pour Rodrigue de rester à Fhirdiad psychologiquement, vu que tout ce qui se passe là-bas lui mine un peu plus le moral et la santé (dans le premier chapitre du canon, il est pratiquement dans un état dépressif tellement il n'en peut plus). Il y reste par devoir, car il tient au Royaume et ne veut pas qu'il s'effondre ou que Dimitri trouve un champ de ruine (enfin, encore plus) en arrivant sur le trône mais, c'est une épreuve pour lui.
=>pour la phrase "comme si l’un ou l’autre des frères leur laissait le temps pour quoi que ce soit en politique", c'est une référence à ce qui s'est passé pour Duscur : en gros, Lambert a discuté de lui-même, tout seul de son côté avec le conseil de chef et la famille de prêtre qui règne sur Duscur sans passer l'administration car, il trouvait que cela irait plus vite et montrerait que le Royaume était de bonne volonté pour arranger les choses (surtout qu'il parle couramment leur langue alors, il n'a pas besoin de traducteur). Sauf que la rencontre de paix est prévu dans - quand il l'annonce au conseil - deux mois afin de coller à une fête religieuse duscurienne qui marque l'entente et le renouveau donc, à part rajouter des problèmes, ils ne peuvent pas déplacer la rencontre à cause de ce côté symbolique. Autant vous dire que c'est beaucoup trop court pour tout le monde et le convoi est préparé dans la précipitation. Personne n'a le temps de souffler, surtout que personne ne veut y aller comme ça en catastrophe (et Lambert s'est mis tout le corps des diplomates et de la chancellerie à dos en ne passant pas par eux, ce qui est pris comme une insulte à leur travail et leur compétence).
=>Toujours avant Duscur, Lambert se disputent assez violemment avec les jumeaux (plus de détail dans ce billet). Félix résume un peu ce qu'il a vu dans le chapitre 13 mais, en gros, Rodrigue est juste tétanisé en entendant son ami lui dire "C'est un garçon intelligent, Rodrigue. Même s'il devait perdre son père, je sais qu'il deviendrait un homme bon et respectable." Pour rappel : dans cette histoire, les jumeaux sont orphelins de père depuis qu'ils ont six ans, Guillaume a reçu un coup de poignard en pleine poitrine à la place du roi Ludovic et est mort à cause de ça, ce qui a été leur première confrontation direct avec la mort (vu que leurs grands-parents paternels sont aussi morts pour la couronne quand Guillaume avait trois ans), la seule image dont ils se souviennent de leur père à part les grandes lignes de sa personnalité est la "boite" où il a été enterré, et ils ont subi une régence, ce qui n'est jamais une partie de plaisir (heureusement qu'Aliénor était là et compétente). Evidemment, ils prennent très mal ce genre de phrase. Cela tétanise Rodrigue qui finit juste par éclater en pleurs car, ça fait des semaines qu'ils travaillent tous à s'en tuer, ils sont sous pression, il ne veut juste pas que cette rencontre ait lieu comme ça car c'est dangereux, et il veut encore moins que son fils soit dans le convoi alors, cette phrase, c'est le coup de grâce. Il se fige sur le coup puis, une fois qu'il a eu le temps de bien la faire tourner dans sa tête et qu'il est avec Alix, il craque (les pleurs sont sa manière d'évacuer, il pleure beaucoup pendant la partie académique du jeu et fait même des crises de larmes à Fhirdiad quand il est seul pour évacuer son mal-être et son stress). Alix est furieux quand il apprend ce qui s'est passé et va engueuler Lambert en lui envoyant dans la figure tout le mal qu'il pense de lui pour le coup et qu'il est un imbécile heureux en pensant que tout se passera toujours bien dans le meilleur des mondes. Il se retient même de le frapper par peur des conséquences sur sa famille, et se contente de taper du poing sur la table avec son emblème qui s'active tellement il est hors de lui.
=>ce n'est pas le premier signe de réconciliation dans cet histoire entre Félix et son père. Il a déjà envoyé une lettre de lui-même quand Rodrigue s'inquiète pour lui lors de son tour à GM, même s'il refuse de lui parler en face (c'est le contenu d'un des sachets de Rodrigue, cette lettre plus l'éclat de verre poli par l'eau qu'il lui a envoyé avec, alors que le deuxième contient une partie de la parure de sa femme Félicia et l'autre éperon de Glenn qu'il avait oublié chez eux avant de partir pour Duscur), et il s'est aussi inquiété pour lui lors de la scène qui rejoue leur paralogue, où Félix aide Rodrigue à soigné son bras brûlé de magie après le combat (chose qu'il fait avec d'autres personnes dont il est proche) et ils recommencent à vraiment s'écrire régulièrement et normalement à ce moment-là (avant, les lettres de Félix était très froide). Ils recommencent donc à se parler et le fait que Félix s'occupe de Rodrigue alors qu'il est malade ne sort pas de nulle part.
=>Pour les blessures des quatre amis, elles datent de la bataille du lion et de l'aigle, tous les cerfs et les lions ont fini au repos complet pendant un mois vu qu'Edelgard, Hubert et Byleth n'ont pas retenu leurs coups.
=>pour Gilbert, les personnes resté après Duscur le détestent pour les avoir laissé tomber. Rodrigue a déjà craqué et bien mordu quand il est allé à Fhirdiad pour prévenir de ce que prévoyait de faire l'Eglise après Lonato. En plus, je triche avec le canon car, au lieu d'un an, Gustave a filé au bout de quelques mois alors, tout le monde lui en veut encore plus.
=>tout ce dont parle Alix a été montré dans des chapitres précédents. Et ses sentiments vis-à-vis de Lambert sont compliqués vu tout ce qui s'est passé, d'où le fait qu'il le charge dans sa tête pendant le chapitre.
=>l'incohérence avec la vraie mort de Glenn dans le cauchemar de Rodrigue est volontaire : il sait qu'il est mort d'un sort en pleine poitrine et de ses blessures, mais dans son cauchemar, il se fait poignarder dans la poitrine avec une lance, à la manière de Guillaume qui est mort d'un coup de poignard (car la mort de Glenn, c'est grosso modo la mort de Guillaume en pire qui recommence dans sa tête). Les choses autour de sa mort ont aussi été instauré avant...
=> ...tout comme les chansons qui ont toute été chanté avant (la quatrième est notamment celle que Rodrigue a chanté pendant qu'il passait l'eau du lac sur les brûlures de Félix afin de le soigner, et il est de tradition que ce soit l'auditoire qui dise le nom de Fraldarius pour montrer qu'ils savent de qui ont parle)
=>pour l'emblème d'écaille dans le dos de Félix, c'est la marque laissé par la magie de son ancêtre Fraldarius quand les eaux du lac l'ont soigné de ses brûlures.
=>après Duscur, Rodrigue pense qu'il fait honte à sa famille pour ne pas avoir réussi à empêcher Lambert de faire une erreur monumental (le "c'est mon boulot de t'empêcher de faire des conneries" est notamment une phrase que disait souvent son père et qui illustre bien le rôle de leur famille pour les jumeaux), d'où ses mots à Félix
=> le "tu es en vie... tu es en vie..." a été dit peu de temps après Duscur. Rodrigue et Félix sont toujours à Fhirdiad en attendant qu'on retrouve le corps de Glenn mais, Dimitri se fait attaquer par un comploteur qui tente de le poignarder, et Félix se met entre lui et l'assassin pour le protéger. Rodrigue ne serait pas arriver pile à temps et ne les aurait pas protéger, Félix aurait été poignardé à mort et il en est conscient alors, il ne peut que répéter ses mots tout en se jurant de protéger son louveteau, notamment en l'éloignant de Fhirdiad qui est un vrai coupe-gorge. C'est quand Félix doit repartir sans Rodrigue (car il est tellement débordé qu'il ne peut même pas aller enterrer Glenn) que la dispute qui va les séparer arrive.. le coup de poing est plus tard par contre, cela arrive après la révolte que Dimitri et Félix ont réprimé deux ans avant l'histoire.
=>le coup de la cape où Rodrigue a l'impression de dormir quand il se calme vient aussi de Guillaume : son père prenait les jumeaux dans sa cape pour les garder près de lui (dans l'introduction de l'histoire, Rodrigue repense au fait qu'il dit souvent à son père qu'il portera les mêmes grandes capes que lui quand il sera grand, ce qui le fait toujours rire, même s'il a oublié entre temps qu'il le disait)
Bon... je crois que j'ai rien oublié... désolé pour les notes de 10km de long, c'est que ces chapitres sont bourrées de références à ce qui s'est passé avant alors, faut bien faire le point ! Si j'en ai oublié une, n'hésitez pas à me demander et je corrigerais ça ! Sur ce, je vous laisse tranquille et bonne lecture !
(évidemment, suite sous la coupe)
**************Chapitre 12**************
Rodrigue était encore plus débordé que d’habitude. Rufus se reposait encore plus sur lui en ce moment, lui envoyant presque directement les textes que le régent devait lire et signer lui-même. Il s’était encore pris le bec avec Lachésis Charon mais cette fois, il avait renvoyé la femme de loi dans son fief avec ses frères et sœurs présents à la capitale, lui ordonnant d’y rester jusqu’à ce qu’il les autorise à revenir alors, il avait récupéré une partie de leur travail, même si les assistants Charon en envoyaient autant que possible à leurs supérieurs…
Bon, ça lui permettait de trier les ordres et d’en « perdre » certains à cause de la surcharge de travail, comme cet ordre d’envoyer des troupes à Kleiman pour réprimer des duscuriens qui se seraient soulever, alors qu’ils tentaient de se réorganiser de manière traditionnelle chez eux. Bon, la demande d’aide s’était tellement perdue dans la montagne de papier qu’il l’avait fait passer avec deux mois de retard – tellement que la nouvelle avait pu passer dans les mains d’Alix puis dans le courrier de Dimitri et Dedue – les mouvements de foules qui avaient pu y avoir s’étaient calmé d’eux-mêmes. Mais ça, le duc ne pouvait pas le faire à chaque fois. Il était un conseiller, pas le régent, il faisait déjà bien plus que ces fonctions ne lui en demandaient, voir l’autorisaient comme pour cette fois-là… Rufus le saurait, il risquait de mettre ses menaces à exécution… il lui rappelait presque toutes les semaines… il était si fatigué… même dormir ne lui semblait pas reposant… il n’avait pas la capacité de travail de ses parents… mais bon, il avait encore du boulot. Pas le temps de se poser.
Ces journées se rythmaient ainsi, en se calant sur les offices des moines pour avoir de bons repères dans la journée : levée un peu avant les laudes, entrainement pour ne pas perdre la main pendant une heure jusqu’à prime, travail jusqu’aux prières de sexte. Puis, après avoir mangé et lu son courrier personnel avec Grigri qui ronronnait sur ses genoux, dévorant les lettres d’Alix et Félix autant de fois qu’il pouvait pour avoir l’impression qu’ils étaient là, il retournait travail jusqu’à après les vêpres, jusqu’à ce que le soleil commence à se coucher pour pouvoir aller prier aux complies avant de dormir puis, il recommençait le lendemain. La routine la plus aléatoire, c’était quand Rufus venait « briser sa routine » pour le traiter d’incompétent, en insultant toute sa famille au passage et dire qu’ils méritaient tous d’être décapité, vite endormi par un Vitalis quand sa patience cédait. Le tout en essayant d’ignorer son dos qui lui faisait mal à force de rester assis dans la même position et ses maux de ventre vu qu’il mangeait assez peu. Il n’avait jamais été un gros mangeur de toute façon mais, il prenait à peine le temps de picorer son repas avant de retourner au travail… il n’avait même pas faim et tout semblait fade de toute façon… son esprit lui rappelant à chaque fois que les aliments retrouveraient leur bon gout à Egua avec Alix mais, ses obligations l’empêchaient de rentrer chez lui et d’enfin revoir son frère. Il évitait d’y penser… à chaque fois qu’il rêvassait de retourner chez lui, il devait se retenir d’hurler qu’il voulait retrouver son jumeau tellement il lui manquait… même si les deux options étaient aussi douloureuses l’une que l’autre… C’était un rythme éreintant et Rodrigue sentait que son organisme se vengeait en étant tout le temps fatigué et douloureux mais, ce n’était pas comme s’il avait d’autre choix que de lui imposer ça.
« Pardonne-moi… il faut que tu tiennes… au moins jusqu’à la fin de l’année… »
Il ne sut même pas comment prendre le soulagement de son corps à l’idée de pouvoir dormir un peu plus quand, en pleine lune du Loup Rouge, il reçut une lettre lui annonçant qu’Alix était malade et alité. Il maudit son propre organisme de se réjouir de cela, prenant même la mauvaise santé de son propre frère comme une occasion de se reposer. Le duc prit les dispositions qu’il pouvait avec Rufus en le tirant d’il ne savait quel bordel (si Oncle Sa Majesté Ludovic le voyait… ou même Lambert… il n’était pas comme ça de leur vivant…), puis rentra chez lui dès que possible avec Grigri, même s’il fut monstrueusement en retard.
Le temps d’arriver, Alix s’était remis un peu, encore heureux. Il put même quitter son lit pour aller s’asseoir au bord du lac, profitant du bon air de leur fief et de la vue familière. Le simple fait de revoir sa surface lisse et calme comme un miroir l’apaisait… et être avec Alix après tout ce temps à ne se voir qu’en coup de vent, c’était comme une libération… l’impression d’épuisement semblant diminuer un peu maintenant qu’il l’avait retrouvé… même si c’était pour trop peu de temps… il avait pu rentrer si tard…
« Je suis désolé de ne pas être arrivé avant… s’excusa l’ainé, son épaule contre la sienne en buvant la brise saine et rassurante survolant l’étendue d’eau.
– T’inquiètes, je sais que tu es surmené aussi. Je veux dire… t’as vu ta tête ? Lui demanda son frère, posant un pan de sa couverture sur son épaule.
– Oui, en te regardant, je voie ma propre tête.
– Alors, je suis encore malade, t’as des cernes de trois cordées de long et les joues creusées, rétorqua-t-il. Faut dire, déjà que t’es toujours débordé, avec les Charon forcés de rester piaffer dans leur fief, ça doit être encore pire… Avec Rufus qui continue de te vomir des horreurs dessus je parie, alors que tu fais tout son travail à sa place histoire que son foutu Royaume tienne encore debout…
– Vu l’endroit où j’ai dû aller le chercher… j’ai bien cru que c’était un bordel… marmonna-t-il. Déesse, j’aurais préféré ne jamais voir une chose pareille.
– Eh bien, je n’ose même pas imaginé… que la Déesse te nettoie les yeux pour ça. Enfin, tu vas pouvoir te poser un peu… et comme dirait maman, il n’y a rien de meilleur que l’air du lac…
– Elle avait bien raison… Hum… » Il prit une grande aspiration, goutant l’odeur fraiche de l’eau scintillante, chargé des parfums des environs, se sentant vraiment bien pour la première fois depuis longtemps en étant aux côtés d’Alix. « Ça fait du bien… ça fait longtemps…
– Trop… » souffla-t-il en posa sa tête sur son épaule, le premier-né calant un peu la sienne contre celle de son frère.
Ils restèrent encore un peu mais, ils durent s’endormirent à un moment ou un autre car, leur médecin vient les secouer pour leur dire de rentrer avant qu’Alix ne retombe malade. L’homme les réprimanda un peu, habitué à le faire depuis qu’ils étaient des jeunes adultes.
« Faites attention vous deux ! Surtout vous Rodrigue ! À chaque fois, c’est la même chose ! Si vous ne tombez pas malade en même temps, l’autre va suivre ! Faites gaffe !
– On fait attention. On va pouvoir dormir un peu en plus, ça devrait aller, lui assura Alix.
– Hun… faites tout de même très attention… vous êtes bien comme votre père tient… d’après mon maitre, les seules fois où Guillaume tombait malade, c’était à cause du surmenage… ce n’est même pas une maladie, c’est juste que votre corps a lâché à cause de la fatigue… faites attention vous deux…
– On fait ce qu’on peut Pierrick, lui assura Rodrigue. On a simplement beaucoup de travail aussi à faire et que nous ne sommes pas aussi endurants à la tâche que lui ou notre mère…
– Les dignes fils de leur père… enfin, dormez et manger bien. Vous êtes bien maigres… »
Les jumeaux essayèrent de le rassurer tout en lui promettant de lever un peu le pied. Rodrigue ne demandait que ça, même s’il devrait rentrer dès demain vu qu’Alix allait mieux, il ne pouvait pas vraiment se permettre de rester loin de Fhirdiad. Rufus pourrait mettre le feu au Royaume à n’importe quel moment dans son ivrognerie… même si ça faisait mal de juste penser à la séparation… les jumeaux restèrent ensemble pour rattraper tous les mois où ils ne se voyaient pas, puis allèrent se coucher.
En se réveillant un peu tard, Rodrigue se maudit en voyant le soleil se lever en même temps que lui, croyant même sur le coup qu’il était midi tellement il brillait fort pour la saison… il devait repartir au plus vite, même s’il aurait préféré rester chez lui. Il lui manquait déjà une main et un bout de cœur avant même de partir. En se mettant sur ses pieds, sa tête tourna un peu, lourde comme du plomb alors qu’il se préparait pour la route. Peut-être qu’il devrait rester plus longtemps… puis le duc se rappela la montagne organisée de travail sur son bureau, ayant encore grossi avec une autre pile de parchemin que Rufus lui avait laissé pile avant son départ pour Fort Egua en lui disant bien de prendre son temps… comme s’il en avait… comme si l’un ou l’autre des frères leur laissait le temps pour quoi que ce soit en politique…
L’homme rangea soigneusement ses sachets dans la poche sur son cœur, retrouva Grigri qui était une de ses seules compagnies en plus de ses hommes à Fhirdiad puis, alla rejoindre en vitesse Alix pour le saluer et lui parler encore un peu avant son départ. Sa tête tournait de plus en plus… il avait l’impression que chaque pas le sortait de son propre corps… il voudrait tellement rester ici…
« Tu es sûr que tout va bien ? Lui demanda son frère à peine levé en le voyant, posant sa main sur son épaule.
– J’ai connu mieux mais, pas vraiment le choix… j’ai mal à la tête…
– T’es brûlant… eh ! Rod ! »
Les jambes de l’ainé des jumeaux cédèrent sous son poids, alors que le monde autour de lui devient de plus en plus flous et tournait de plus en plus vite. Il garda seulement le visage de son frère clair avant de s’évanouir de fatigue, vidé de ses forces…
*******************************************************************
Félix reçut une lettre d’Alix le vendredi quatorze de la lune du Loup Rouge lui annonçant que son vieux était alité, et partit le quinze au petit matin avec l’autorisation d’Hanneman et l’aval de Manuela. Enfin, il serait parti quand même avec ou sans de toute façon, sa blessure à la tête ne lui faisait plus mal depuis quelques jours. Ce n’était pas qu’il était vraiment inquiet, Rodrigue était solide mais, quand un des jumeaux était souffrant, fallait toujours surveiller l’autre pour qu’il ne fasse pas de connerie… genre coller son frère contagieux… Visiblement, c’était plus dû à la surcharge de travail et à l’épuisement qu’à une maladie mais, on ne savait jamais.
En plus, l’épéiste n’était pas parti seul. Évidemment, le phacochère avait suivi, tout comme Sylvain et Ingrid, morts d’inquiétude, ainsi que Gilbert qui les chaperonnait sur ordre de Seteth. Le vieux préférerait surement voir le double assoiffé de sang de Dimitri que lui de toute façon alors, quitte à ce qu’ils soient deux sur les routes avec l’ancien chevalier, autant à ce qu’ils y aillent tous les quatre, surtout qu’Hanneman avait été compréhensif. Dedue n’aurait pas pensé qu’il aurait été de trop et n’aurait pas encore deux côtes, une épaule et une jambe en train de cicatriser à cause de la bataille du Lion et de l’Aigle, il aurait aussi pu suivre sans problème.
Le groupe d’ami arriva à Fort Egua le samedi en milieu d’après-midi, et fut accueilli par Pierrick, qui leur expliqua la situation.
« Il est très fatigué avec pas mal de fièvre qui le fait délirer et des douleurs musculaires. Ce sont des syndromes typiques du surmenage, et les deux ont toujours eu du mal à rester lucide quand ils ont de la fièvre. Il n’est pas vraiment malade, il est juste épuisé et son corps l’a lâché. Alix a eu exactement la même chose… quand je leur disais que quand l’un est malade, l’autre suivait… Ce n’est pas les fils du seigneur Guillaume pour rien… leur père faisait souvent des phases de « maladies » comme celle-ci car, il travaillait trop. C’est juste qu’à force de s’épuiser, le corps craque, c’est normal. Ils doivent aussi plus manger, ils sont bien trop maigres, surtout Rodrigue. Je leur avais dit que leur appétit de moineau leur jouerait des tours un jour… avec le stress et séparés, ils devaient encore moins manger…
– Et il va se remettre ? Demanda le phacochère sans cacher à quel point il était inquiet.
– Oui… ! Il est solide. Par contre, repos complet pendant un mois, minimum, il a besoin de dormir et de manger un peu plus pour se remettre. De ce que j’ai compris, Rufus lui laisse tout son travail pour qu’il le fasse à sa place donc, le régent va devoir se faire violence et aller bosser un peu. Ça changera que ce ne soit pas les gens de chez nous qui fassions tout le boulot…
– Pfff… mon père ne sait vraiment pas dire non ou s’occuper de lui… grogna Félix. Je parie qu’Alix est avec lui. Il est dans un meilleur état ?
– Oui, il en sort de son épisode de fièvre alors, ça devrait aller, même s’il était dans un état moins pire que son frère. Ils sont tous les deux dans la chambre de Rodrigue. Étant donné que ce n’est « que » de la fatigue, vous pouvez aller le voir sans risque. Par contre, allez tous prendre un bon bain avant. Vous en avez tous besoin après une telle chevauchée et dans un état de fatigue pareil, on a les défenses naturelles d’un nouveau-né. Il risque d’attraper tout ce qui passe, il faut faire très attention.
Les quatre amis se plièrent aux demandes de Pierrick sans problème, ayant tous besoin de se rincer, surtout que la chevauché avait réveillé la douleur de leurs blessures de la bataille du Lion et de l’Aigle. Ils prirent une grande bassine chacun et se lavèrent dans la salle d’eau. La forteresse était bien aménagée et moderne, tout comme toute la ville afin d’éviter les épidémies, en particulier le paludisme qui faisait des ravages dans les zones humides comme Fraldarius. Il fallait faire très attention à garder les installations en état pour éviter ces fléaux, même si l’eau toujours pure du lac aidait beaucoup à garder la ville propre et saine. En tout cas, ils allaient se désinfecter en vitesse puis, ils iraient voir comment le vieux allait, et si Alix n’était pas sur le point de retomber malade en s’occupant de lui.
« Faut les surveiller comme le lait sur le feu ces deux-là… » songea Félix en plongeant l’éponge dans l’eau clair.
Remettant le linge dans sa bassine d’eau froide, enveloppé dans une couverture bien chaude, Alix veillait sur Rodrigue alors que son frère dormait, assis à côté de lui sur son lit. S’il avait bien entendu et se fiait à l’agitation dehors, Félix devait être arriver, il ne tarderait surement pas à les rejoindre. Il ferait peut-être mieux de filer quand il rentrerait… son neveu n’aimait pas vraiment s’inquiéter en public alors, il ne voulait pas faire de trop… il préférerait qu’on lui coupe une jambe plutôt que de s’éloigner de son jumeau mais, le cadet savait aussi que ce serait mieux pour son frère s’il pouvait rester un peu avec son fils, même inconscient.
Rodrigue se mit à s’agiter dans son sommeil, les lèvres tremblantes alors qu’il hachait, brûlant de fièvre.
« Fe… Félix… Félix… ou… où es-tu…
– Chuuut… ça va aller, lui souffla-t-il en passant un chiffon frais sur son front en feu, en espérant que cela l’apaiserait un peu. Ton petit va vite arriver, ne t’inquiète pas.
– Alix… le reconnut-il à sa voix, même s’il dormait toujours, ou ce qui devait être une sorte de sommeil à cause de la fièvre. Félix… Je… je ne te voie plus… où es-tu… je ne le voie plus… où est-il… Félix… je ne le retrouve plus… je ne voulais pas… il a disparu… où est-il… mon louveteau a disparu… il… non… non… non… les feux follets… les brûlures violettes… les mages noirs… non ! Non ! Félix ! Mon fils a disparu ! Ils me l’ont arraché cette fois ! Ils le brûlent vif ! Félix ! Félix ! Où es-tu ?!
Il se mit à se tordre sous l’effet de la fièvre et du cauchemar, s’agitant comme un possédé qui voulait se lever, récupérer Aegis et Moralta, puis aller chercher son louveteau qui semblait aux mains des mages noirs. Il devait se souvenir de cette nuit-là sauf que dans sa tête, l’intrus avait réussi à enlever Félix, et mélangeaient avec ce diable d’Arundel en prime. Des mages noirs semblable à cet intrus accompagnaient Lonato, et ils semblaient rôder autour de Garreg Mach, Rodrigue avait dû y repenser dernièrement et s’inquiéter pour son louveteau. Dans les lettres qu’il lui avait écrit au moment de la rébellion, il donnait l’impression d’être terrifier à l’idée même que ces mages noirs s’approchent de son fils.
Prit de court, Alix se releva et maintient son frère comme il put en place. Pierrick lui avait dit qu’il n’aurait surement pas assez de force pour se redresser et il devait impérativement rester couché. Hors de question qu’il se blesse encore plus !
– Rod ! Rodrigue ! Calme-toi !
– Lâche-moi ! Ils ont Félix ! Ils vont le brûler à nouveau ! Ils vont le tuer ! Il faut que j’aille le retrouver ! Mon fils est en danger ! Il est loin du lac ! Je refuse de le perdre ! Pas lui aussi ! Je dois…
– Ce n’est qu’un cauchemar ! C’est la fièvre qui te fait délirer ! Du calme… » il prit la tête de son frère contre sa poitrine, la main dans ses cheveux et l’autre dans son dos pour tenter de le garder en place et de l’apaiser un peu, répétant les mots que disait toujours Aliénor pour les calmer, même si son jumeau le griffait pour se libérer de son étreinte et retrouver son fils. « Ça va aller… ça va aller… Félix va bien, j’en suis sûr… il est devenu très fort maintenant, il pourra se défendre… il en fait du chemin le louveteau minuscule pressé d’arriver. Ça va aller… il est aussi avec ses amis, ça va aller… il va s’en sortir… tu le sais… chut… ça va aller… ça va aller…
– Alix… » son frère s’agrippa à lui, des larmes coulant sur ses joues alors qu’il marmonnait. Il n’avait aucune idée s’il était réveillé ou non, ou même à qui il pensait parler… ce n’était pas le plus important. « J’ai tout gâché… j’a… j’avais promis… Félicia… son nom… Glenn… Félix… je devais… mais j’ai tout gâché… Félix… je… je suis désolé… je suis désolé… j’aimerais… j’aurais voulu… je suis désolé…
– Chuuut… tu as encore du temps… il vit encore donc, vous pouvez encore, souffla-t-il, sachant que son frère saurait où il voulait en venir s’il comprenait les mots qu’il lui disait, et pas juste le ton et la voix. T’essaye, c’est déjà plus que beaucoup… ça s’améliore un peu en ce moment… il a encore le temps de bien porter son nom, j’en suis sûr… et Félicia, elle ne pouvait pas deviner que vous alliez finir dans la pire des situations… t’as fait ce que tu as pu… ça aurait pu être mieux mais, personne ne pouvait prévoir que ça allait tourner comme ça quand tu as promis… personne… on a fait tout ce qu’on a pu pour empêcher ce merdier mais, ce n’est pas notre faute si ce chien idiot s’est encore bouché les oreilles en hurlant que ça allait bien se passer, et en nous insultant au passage… et tu peux t’autoriser à pleurer si tu en as besoin… répéta-t-il. Pleure encore si ça te fait du bien… tu ne peux pas tenir tout le temps… si quelqu’un vient te dire quelque chose, je le coupe en tranche… ça, ça ne change pas… aussi sûr que je serais toujours toi, et que tu seras toujours moi… ça va aller… ça va aller…
– Je suis désolé… je suis désolé… Félix…
Le cadet le garda dans ses bras jusqu’à ce que son jumeau se calme et le lâche de lui-même, replongeant dans un sommeil aussi profond que le lac. Il le rallongea dans son lit et remit ses couvertures correctement, soulagé que le délire de fièvre soit passé assez vite. Ce n’était pas la première fois qu’ils en faisaient quand ils étaient malades.
« Enfin, la dernière fois qu’on en a fait des pareils, papa devait avoir quitté ce monde depuis pas longtemps… »
Est-ce que leur père en avait aussi quand il s’épuisait au travail ? Est-ce qu’il avait aussi peur pour eux dans ses cauchemars ? Est-ce qu’il les prenait dans ses bras quand ils en faisaient ? Pour la dernière question, il en était sûr… sûr qu’il venait aussi les calmer quand ils étaient malades… peut-être qu’il chantait… surement… c’était trop flou et perdu dans le flot de leur mémoire pour qu’Alix puisse en être vraiment sûr… ce n’était pas vraiment le plus important pour le moment… ils savaient comment agissait Aliénor et c’était le principal…
Il redressa la tête en entendant la porte grincer sur ses gonds, le mouvement furtif pour essayer de la fermer sans les déranger. Échec cuisant.
Le cadet soupira à l’idée qu’il ait pu voir Rodrigue comme ça, en se levant pour aller à leur rencontre, ils ne le feraient pas d’eux-mêmes.
« Vous êtes là depuis quand ? Demanda-t-il en découvrant bien Félix, Dimitri, Sylvain et Ingrid dans le couloir. Ah, et Gustave – oh pardon, « Gilbert » – aussi… comme s’il avait envie de le subir celui-là…
– On va dire depuis qu’il a dit qu’il avait perdu Félix de vue… répondit Sylvain, un peu gêné.
Le prince déclara, mal à l’aise de ne pas être venu l’aider.
– Pardonne-nous… on est… on est resté figé sur place…
– Pour vous quatre, ce n’est rien, c’est normal d’être tétanisé quand quelqu’un est comme ça, surtout à vos âges. Pour Gust… Gilbert, » se trompa-t-il exprès, n’en ayant juste rien à foutre de griller la vraie identité de ce lâcheur, « je ne suis pas étonné par contre. À force, on connait. Enfin, je ne pense pas que Rodrigue aurait voulu que quelqu’un le voie comme ça. Moi, ça passe mais, c’est parce qu’il est moi et je suis lui. Une vie commune entière et neuf mois de colocation dans le ventre de notre mère, ça aide.
Le déserteur baissa les yeux devant l’insinuation – il devait se souvenir de la colère de Rodrigue et deviné que la sienne serait surement du même acabit – alors qu’Ingrid demandait, surement pour calmer un peu les esprits.
– Vous voulez qu’on revienne plus tard ? Vous devez vouloir rester avec le Seigneur Rodrigue…
– Pas la peine de me vouvoyer et d’être aussi grave Ingrid. On n’est pas à la cour, je vous connais tous depuis que vous étiez des gros poupons tout rouges, et je suis trop fatigué pour être pointilleux sur la politesse… déjà que c’est pas mon fort…
– Ça se voie, tu tiens à peine debout, grommela son neveu. Y en a pas un pour rattraper l’autre. Va te poser avant qu’on ait deux fiévreux sur les bras, je surveillerais le vieux.
– C’est pas de refus… » ne nia-t-il pas, épuisé. Il avait plus dormi ces derniers jours que ces derniers mois – voir ces dernières années – mais, il était encore fatigué et avait du mal à tenir sur ses jambes sans avoir la tête qui tourne au bout de cinq minutes.
Félix se glissa dans la chambre de son père sans un mot ou un regard, mais qu’il y aille sans hésité une seconde fit plaisir à Alix. C’était important à ses yeux… aidé par Dimitri, il arriva à aller jusque dans une pièce à vivre où on leur servit du thé. Épines de pin d’Almyra… ça faisait du bien… il vida une tasse d’une traite en la tenant à deux mains pour se réchauffer un peu avant de déclarer.
« Excusez-moi de ne pas avoir pu venir vous accueillir, pas vraiment en état de le faire. J’espère que le voyage s’est bien passé…
– Oui, nous n’avons eu aucun problème et ce n’est pas grave, lui assura Dimitri, tu dois te ménager. Comment te sens-tu ?
– Fatiguée comme jamais mais, ça va un peu mieux. Je n’ai plus de fièvre, ce qui est pas mal mais, je dois faire attention pendant au moins un mois selon Pierrick. Je travaille trop et ça m’a rattrapé, c’est tout. Ça fait un moment qu’on tire sur la corde avec Rod, fallait que ça nous tombe dessus un jour ou l’autre.
– D’accord. Au moins, vous allez lever un peu le pied tous les deux. Ça vous fera du bien et vous pourrez rester ici tranquille, arriva à sourire un peu Sylvain en le resservant.
– Merci, et il faudra juste qu’on trouve le moyen de s’assurer que personne ne refile la clé des coffres du trésor à Rufus, histoire qu’il ne dilapide pas ce qui reste en alcool et en femme mais ouais, on ne va pas refuser ça… c’est reculer pour mieux sauter après mais, pas vraiment le choix…
– Ne vous tuez pas à la tâche… lui demanda le prince. J’aimerais pouvoir vous aider… si je peux faire quoi que ce soit…
– Merci, mais t’es trop jeune pour ça, et il faut du plomb dans la tête pour être un bon roi. C’est pour ça qu’il y a un âge minimum pour l’être, ça permet d’être à peu près sûr que le gars n’est pas un idiot fini, le coupa-t-il tout de suite, chassant la remarque désagréable sur Lambert qu’il avait sur le bout de la langue, Dimitri n’avait pas besoin d’entendre ça. Normalement. Et ça empêche pas de tomber sur des connards bornés.
– Si je me souviens bien, votre père est devenu duc très jeune pourtant, et il a toujours régné d’une main de maitre, fit remarquer Ingrid.
– Là, c’est un cas un peu particulier. Il n’y avait plus de duchesse depuis douze ans, Guillaume était devenu duc à trois ans avec le roi pour tuteur et les vassaux commençaient à prendre leurs aises, voir à lorgner sur sa place. Clovis n’était pas bien compétent en plus, ça n’aidait pas. Et si on a bien compris ce qu’on nous a raconté, notre père n’était pas le genre de caractère à rester dans son coin à se faire plumer. Alors, il est rentré de Garreg Mach après y être allé à quatorze ans, s’est marié avec notre mère et ils ont calmé tout le monde dans le fief pour rappeler qui était le couple ducal légitime. Faut dire, il a fallu mettre une raclée à plusieurs d’entre eux avant qu’ils ne rentrent dans le rang… Mais, notez qu’il a fait ses études en premier, et d’après Aliénor, il a continué à étudier toute sa vie. Nous aussi, on est techniquement duc depuis qu’on est enfant mais, on a pris le pouvoir officiellement qu’après notre majorité ainsi que nos études. La régence aurait été aussi difficile que celle de Guillaume si Aliénor n’était pas la femme la plus compétente du nord et elle a toujours mis notre éducation en premier. Donc, fait toi une bonne tête avant de te faire une couronne. Ça te sera toujours utile Dimitri. Surtout que tu pars avec une longueur d’avance comparé à ce chien idiot. T’as hérité tes neurones d’Héléna.
– C’est vrai que le seigneur Guillaume était une très forte personnalité. Même la margravine Gautier craignait ses colères, elles étaient légendaires… et il n’hésitait pas non plus à insulter le roi s’il faisait quelque chose de mal… ça a été reproché à Ludovic au début de son règne d’ailleurs », se remémora Gilbert – et heureusement pour lui qu’Alix était trop à plat pour le jeter dehors. Il luttait déjà assez pour rester éveiller et ne pas échapper son opinion de Lambert devant Dimitri… enfin pas plus que tout à l’heure avec Rodrigue. « Plusieurs critiques le trouvaient bien trop effacé par rapport à son conseiller et disait que c’était Guillaume qui faisait la pluie et le beau temps dans le Royaume.
– Encore cette histoire… sa politique n’a pas changé d’un pouce de tout son règne je te signale, dont son idée de faire une monarchie élective qu’il avait dès son accession au trône, t’es mieux placé pour t’en souvenir que nous vu que pendant une bonne partie, on était encore à l’école alors que toi, t’étais écuyer… Et c’est difficile de dire en toute bonne foi que Ludovic était effacé, il a fomenté un quasi coup d’État à quatorze, quinze ans pour chasser son père du pouvoir ! Clovis serait resté plus longtemps, le Royaume aurait sombré bien avant ! Et t’es mieux placé pour le savoir que nous vu qu’à ce moment-là, on était à peine né ! Avec ça, c’est notre boulot d’empêcher le roi de faire des conneries dans la famille. Il n’a jamais quitté le roi Ludovic ! Clovis pouvait bien aller se faire foutre vu que c’était un incapable assoiffé de guerre mais, Ludovic avait su gagné son respect ! Hein… de toute façon, on ne se souvient clairement que de deux choses sur notre père, ce qu’a dit Ludovic pour nous consoler vu qu’on nous l’a répété ad nauseam, et la boite où il est enterré, ainsi que la dernière chanson qu’il a chanté dont Rodrigue s’est souvenu après avoir été blessé, il en a rêvé. Tout le reste, c’est du grand vague… et il était assez différent avec nous qu’avec les gens qu’il n’appréciait pas. Donc bon, à part les mots d’un gamin de six ans qui adorait son père, je n’aurais pas grand-chose à dire sur lui.
– D’accord… mais, est-ce que tu as compris ce que Rodrigue racontait à cause de la fièvre ? Demanda la jeune femme blonde. Il parlait de feu follet et de mages noirs… pour les brûlures, on voie tous de quoi il parle mais, pour le reste… je me doute que c’est la fièvre qui le faisait délirer mais, c’est trop précis pour que ce ne soit que ça.
– Pour les mages noirs, c’est à cause d’un incident qui s’est produit à Fhirdiad quand vous aviez un et quasi quatre ans. Un type avec un poignard et un masque de médecin de la peste est entré on ne sait comment dans le palais. Il a tué quelqu’un et il a enfoncé la porte de Félix. Rodrigue ne l’aurait pas arrêté, il l’aurait surement enlevé. Il y avait eu une tentative d’enlèvement du même genre sur Cassandra Charon l’année précédente alors, on pense qu’il en avait après leur emblème majeur. On n’a jamais su, il est mort trop vite et l’agresseur de Cassandra aussi. Vu que des mages avec des masques semblables sont réapparus depuis Lonato, ça l’a beaucoup inquiété.
– Je ne m’en souviens pas trop mais après, j’étais pas bien vieux… je crois que la seule chose dont je me rappelle, c’est de l’agitation quand on était à Fhirdiad… et pour les feux follets ?
– C’était à cause des histoires qu’on raconte autour du lac pour que les gens ne s’en approche pas de nuit ? Le questionna Ingrid. Comme pour le Cheval Mallet ?
– Ah ! Mais les feux follets existent, on en a vu quand on était petits… souffla-t-il, les paupières lourdes en se remémorant ces maudites boules de feu sur l’eau. Ils étaient sur le lac…
– Je crois que votre fièvre vous reprend Alix, marmonna Gilbert, le piquant au vif. Les feux follets n’ont jamais existé…
– Ferme-là toi ! S’écria le malade avec l’énergie qui lui restait. Je pourrais bouger sans m’évanouir, je t’aurais déjà foutu à la porte ! Je n’ai pas envie de subir quelqu’un qui nous a tous laissé dans la merde jusqu’au cou pour aller se planquer ! T’as fait que déserter le poste après que… rha ! »
Il grogna comme il put malgré sa fatigue, tout en mordant tout ce qu’il rêvait de hurler depuis des années et encore plus depuis qu’il était séparé à ce point de son frère. Une fois sûr et certain qu’il ne vomirait pas tout le mal qu’il pensait de ce chien idiot devant son gamin, il reprit, ayant l’impression d’être sur le point de se rendormir.
« Les feux follets, ça existe, on les a vus avec Rodrigue ! On s’en souvient bien car, on les a pris pour notre père et ils ont failli réussir à nous attirer dans le lac… c’était quelques semaines après sa mort et notre mère devait partir pour le nord sans nous… on devait être des proies faciles… Aliénor ne serait pas arrivé, on serait sans doute mort noyés dans le lac en voulant le rejoindre… on était persuadé que c’était Guillaume, alors… ... ... les feux follets, c’est vraiment les feux de la mort… hein… il s’affaissa un peu plus dans sa couverture et son siège, sentant le sommeil le gagner à nouveau. De belles saloperies ces trucs… et vicieux… on n’avait pas encore compris… qu’il ne reviendrait pas… on voulait juste le revoir… au moins une fois… même si Ludovic a dit qu’il était mort… comme un vrai chevalier…
– Attends… quoi ?! C’est de là que ça vient ?!
– Bein oui… on ne vous l’avait jamais dit ? Enfin bon… vu ce qui s’est passé la dernière fois… mieux vaut pas le redire… ça fait trop mal de le redire… c’est juste une canne… souffla-t-il en sombrant dans le sommeil.
– Non… c’est la première fois que… Alix !
Dimitri se redressa un peu mais, l’homme aux cheveux noirs s’était endormi sur sa chaise à bras, épuisé. Gilbert soupira un peu en voyant cela, même s’il n’avait pas l’air étonné.
– Le digne fils de son père en tout point… Guillaume pouvait dormir n’importe où pour rattraper son sommeil à gauche à droite… Il vaudrait mieux le ramener dans sa chambre avant qu’il ne se fasse mal à dormir assis ainsi… et s’il ressemble encore plus à Guillaume, il sera d’humeur massacrante si ça le réveille pour quelque chose qui n’est pas urgent.
– Gilbert… vous étiez au courant qu’on leur avait dit que leur père était mort comme un vrai chevalier ? Le questionna le prince, éberlué.
– Oui, c’était une phrase qu’on a dû beaucoup leur répéter. Je n’étais pas à l’enterrement mais, on m’a rapporté que c'était dans l'oraison funèbre, et que Sa Majesté Ludovic l’aurait dit pour rendre sa mort moins violente. Il s’était fait un devoir de leur annoncer la mort de leur père, vu qu’il avait pris un coup de poignard à sa place. Il avait pris sur lui la responsabilité d’expliquer à des enfants de six ans la mort alors, il devait trouver une solution pour rendre cela un peu moins… cruel… surtout que les derniers mots de Guillaume, c’était qu’il ne voulait pas mourir et qu’il voulait retrouver sa famille… on le disait aussi pour la mort de leurs grands-parents aussi maintenant que j’y pense… pourquoi ?
– Si Félix ne s’entend plus avec Rodrigue, c’était au départ parce qu’il avait dit que Glenn était mort comme un vrai chevalier, avant que ça n’empire après la rébellion d’il y a deux ans… c’est à cause de ça et du fait qu’il ait nié le penser que Félix l’a rejeté… oh bordel… lâcha Sylvain. C’est encore un plus gros malentendu qu’on ne le pensait…
– Je parie qu’ils n’en ont jamais parlé à personne depuis des années alors, personne n’a pu lui expliquer, surtout une aussi vieille histoire… toutes les personnes adultes qui étaient avec eux à cette époque était soit mortes, soit en phase de l’être de vieillesse, soit n’avait surement pas envie d’en parler comme Nicola, ajouta Ingrid. Et Félix étant Félix, il a surement dû essayer de les repousser s’ils ont essayé de lui expliquer, que ce soit l’un ou l’autre… déjà qu’à sa tête, il ne savait pas comment gérer que Rodrigue s’inquiète plus pour lui que pour Dimitri…
Gilbert ne cacha pas son étonnement, n’étant pas au courant de ce qui s’était passé alors, Sylvain ferma la question avant qu’elle ne soit posée. Ils avaient juste la tête un peu trop pleine pour lui expliquer tout ce qui s’était passé d’une traite.
– On vous expliquera plus tard. C’est trop long pour être résumé en cinq minutes. Là, on n’a pas le temps.
– Par contre, on ferait mieux d’aller le voir pour lui expliquer… souffla Dimitri en resserrant doucement la couverture d’Alix autour de lui, il grelottait un peu de froid.
– Ça n’arrangera rien, il demandera juste pourquoi ils ne leur ont jamais parlés ou alors, comment ils pouvaient encore croire à la chevalerie alors qu’on leur a aussi dit que c’était par devoir chevaleresque que leur père était mort, encore moins si ça vient de toi ou moi Dimitri, le reprit la jeune femme. Sylvain à la rigueur mais, il n’est clairement pas en état de se rappeler que des enfants de six ans ont beaucoup moins de recul sur les choses, surtout si on leur rabâche tout le temps. Plus tard, surement mais là, non. Ça ferait beaucoup trop d’un coup.
– Ramenons Alix dans son lit et, attendons un peu de voir comment Félix gère ce qu’il a entendu tout à l’heure, proposa Sylvain. On avisera à ce moment-là. Si on se précipite et qu’on met les pieds dans le plat, on va juste arriver à empirer les choses et ce n’est vraiment pas le moment.
Dimitri hocha la tête en prenant Alix dans ses bras sans difficulté. Il faisait sa taille après tout à présent et il était tout léger, personne n’était bien épais dans leur famille. Il se rappela de ces mots… « il est mort comme un vrai chevalier »… ils décrivaient d’abord leur père mais, aussi leurs grands-parents… eux aussi étaient morts pour la couronne et Faerghus… ils étaient tous mort pour les Blaiddyd…
« On va finir par en faire une mort naturelle dans la famille… à se demander comment notre lignée survie… »
Dimitri vit Glenn traverser le mur pour voir comment allait son oncle, lui lança un regard mauvais puis, fila à nouveau rejoindre son père et son frère. Il ne les lâchait jamais quand ils n’étaient pas loin…
« Je suis désolé… ça ne devrait pas arriver… je suis désolé… au moins, je pourrais te venger toi… c’est promis… ce n’est pas grand-chose comme dédommagement pour une lignée quasiment sacrifiée pour la nôtre mais, au moins, tu seras vengé… »
En entrant dans la chambre d’Alix, le jeune homme blond regarda le portrait qui y tronait, représentant une femme à la chevelure blonde avec des reflets roux, ainsi qu’un homme aux longs cheveux noirs liés en tresse désordonnée, comme celle de Glenn et de Félix autrefois, les mèches qui s’en échappaient révélant qu’ils étaient bouclés. Aliénor et Guillaume… ce que les jumeaux pouvaient ressembler à leur père…
« Je me demande ce qui se serait passé si vous étiez encore en vie, il y a quatre ans… si vous auriez réussi à empêcher mon père de se rendre directement en Duscur…
– Évidemment, si je ne m’étais pas fait éventrer pour ton grand-père, lui répondit le tableau en fronçant les sourcils, la peinture figée dans une expression de fureur qu’il n’avait jamais vu au visage de ses fils… il était terrifiant ainsi. Que le roi aille se faire décoller la tête des épaules tout seul en Duscur s’il y tient mais, j’aurais au moins sauvé mon petit-fils et mon meilleur ami ! Glenn est mort à cause de vous ! Encore ! Ma mort et celle de mes parents ne vous ont pas suffi ?! Mes fils ont survécu alors, il vous a fallu prendre et mon petit-fils même pas majeur partout, et l’unité de ma famille avec ?! Rends-les-nous ! Et maintenant, ils se tuent à la tâche pour faire ton travail à ta place ! Comment osez-vous exploiter mes louveteaux jusqu’à la mort ?! Ce sont des êtres humains ! Pas des machines ! T’as intérêt à payer pour ça !
– Je suis désolé… je suis désolé surtout que je m’attache encore à eux ou à Félix… je sais que je devrais les repousser pour… mais j’en suis incapable… je ne veux pas les perdre eux aussi… je vengerais au moins Glenn, c’est promis… c’est promis Guillaume… »
************** Chapitre 13 **************
Rodrigue ne savait pas vraiment où il était… il avait si peur… Félix avait disparu ! Il avait eu beau chercher de partout, c’était impossible de le retrouver ! Il avait cherché dans tous les coins, pas une seule trace de son fils ! Aucune ! La seule chose qu’il avait trouvé, c’était du sang, scintillant comme dans le vase d’Aegis, à côté du masque de médecin de la peste de ce voleur d’enfant… rien d’autre… où était-il ? Qu’avait-il fait à son fils ?! Il devait bien être quelque part !
« Rendez-le-moi ! Félix ! »
Le père avait continué à tout retourner autour de lui, chaque pierre sentant de plus en plus le brulé, le fer, le sang et la putréfaction. Non… non… non ! Pas lui ! Pas lui aussi !
Il vit alors de longs cheveux noirs lié dans une tresse ruinée devant lui, une peau pale recouverte d’écarlate, un œil aussi bleu que les siens fixés dans le vide, le visage à moitié picoré, griffé par les serres d’un corbeau qui prenait appui dessus. L’oiseau de malheur avait le deuxième globe dans son énorme bec, après l’avoir retiré de l’orbite de Glenn. Tout son corps était recouvert de charognard en train de lui dévorer les tripes, une grande lance le clouant au sol après lui avoir éclaté la poitrine. Le corbeau eut le temps de l’avaler avant que Rodrigue ne les chasse du corps de son fils. C’était encore pire que dans ses cauchemars !
« Glenn ! Argh !
Une de ses mains lui empoigna la gorge avec les doigts qui lui restaient, une voix semblable à un gargouillis de sang grondant dans ses oreilles.
– Je ne te pardonnerais jamais… tu n’as pas empêché Lambert de faire des conneries… je suis mort par ta faute… c’est ta faute…
– Je… j’ai essayé… Glenn…
– En plus, t’a abandonné Félix et tu lui as fait du mal… grogna-t-il alors que les os s’enfonçaient de plus en plus dans sa gorge. Je te le pardonnerais encore moins…
– Je ne voulais pas… j’ai essayé… j’ai fait une énorme erreur… je sais…
– Non seulement une erreur… des doigts froids s’enroulèrent dans les siens, tirant sur son alliance. Mais tu as aussi trahi ta promesse… tu m’avais promis Rodrigue ! Tu m’avais promis qu’ils seraient aussi heureux que moi ! Tu lui as même donné mon nom pour me le jurer ! Et regardes où ils en sont !
– Félicia ! Je…
– Tu croyais quoi ? Demanda sa propre voix en enlaçant ses épaules. Il n’est même pas capable de tenir celle qu’il se fait à lui-même. Il n’allait pas tenir celle envers les autres. On était censé être toujours ensemble je te signale !
– Al… non… non… c’est un cauchemar… » se força-t-il à réaliser. « C’est un cauchemar… c’est la fièvre… Alix ne dirait jamais ça ! Je le sais ! Félicia et Glenn aussi !
– Tu es sûr d’encore assez nous connaitre pour en être certain ? Demandèrent-ils en chœur, se serrant de plus en plus près de lui, l’étouffant dans leur étreinte.
– J’en suis sûr ! Malgré tout, je pourrais toujours reconnaitre mon propre jumeau ! Même si le monde s’effondrait, ça resterait gravé en nous que nous sommes identiques ! Alix ne… non ! Félix ! Félix !
Son cadet venait de réapparaitre, lui tournant le dos, ses cheveux remontés en chignon dévoilant son dos nu. Sa marque, l’emblème de leur famille, le recouvrait entièrement, gravé à l’intérieur de lui mais au lieu d’écailles sarcelles, elle était faite de brûlures noires et violacées… il marchait au bord du lac, comme il l’avait fait mille fois, les pieds dans l’eau… des petites lumières pourpres et visqueuses glissaient devant lui… lui montraient le chemin vers les profondeurs… Non ! Non ! Ne les suis pas ! …
– …Félix ! Ne les suis surtout pas ! S’écria-t-il en se débattant pour se libérer de leur étreinte. C’est des feux follets ! Les feux de la mort ! Ils vont te noyer ! Félix !
Les flammèches hantées se mirent à se moquer de lui, guidant son fils vers l’eau. Rodrigue savait qu’il était un excellent nageur mais, face à un feu follet, la fascination pouvait faire oublier jusqu’à comment respirer… il ne fallait surtout pas qu’il le suive ! Il fallait qu’il le rejoigne ! Qu’il l’empêche d’avancer ! Le tirer loin de l’eau ! Comme l’avait fait Aliénor ! Il devait le tirer de là !
– Tu n’es jamais arrivé à le suivre ou à le rejoindre à temps… susurra Glenn en enfonçant encore plus ses doigts dévorés dans sa gorge. Qu’est-ce qui te fait croire que t’y arrivera cette fois ?
– Lâchez-moi ! Vous n’êtes pas réel ! Félix ! Félix !
Son fils lui jeta un coup d’œil avant de reprendre sa route, refusant de l’entendre… même là, ils n’y arrivaient pas…
Les ombres grandissaient, s’étalaient de partout à part sur la surface du lac, brillant à la lumière de la Lune et des feux follets qui riaient de plus en plus fort. Des lames sortirent de l’ombre avec des masques, ceux des médecins de la peste, grouillant comme des rats dans l’obscurité, prêt à lui sauter dans le dos. Il fallait absolument qu’il se libère ! Félix ! Il fallait qu’ils le lâchent !
– Félix ! Félix ! Attention ! Derrière toi !
L’emblème brûlé se mit à saigner.
L’écarlate recouvra sa peau si pale, comblant les trous là où elle n’était pas calcinée. Félix allait mourir exsangue si ça continuait ! Félix ! Lâchez-moi ! Il devait le soigner !
– Félix ! S’écria-t-il en réussissant à se débarrasser de l’emprise de celui qui se faisait passer pour son jumeau. Félix !
Rodrigue essaya de le guérir mais, ça ne fonctionna pas, la magie ne venait pas dans ses mains, faisant ricaner tous les cauchemars présents, le sang et les brûlures maudites dévoreuses de cœur.
Une silhouette se forma et s’enroula autour de son fils alors que ses traits se précisait. Ses contours d’eau se précisait, son interminable tresse s’échappant de son chignon pour entourer le benjamin de leur famille à qui il ressemblait tant… encore plus maintenant… ses yeux bleus en amande ancrés sur lui, rempli de reproche, alors qu’il serrait de plus en plus Félix près de lui, ses mains palmées sur sa tête et son dos, les mages noirs se rapprochant de plus en plus, leur masque se tordant pour sourire cruellement.
– Fraldarius !
Par pitié ! Sauve-le !
– Protège-le de ces mages !
Comme tu l’as déjà fait !
– Comme tu l’as toujours fait !
Mieux que je ne le fais !
– Ne les laisses pas tuer Félix aussi !
Ils se rapprochent ! Ils sont armés !
– Félix ! Attention !
Félix ! Prenez mon sang si vous voulez ! Mais pas le sien !
– Ne le touchez pas ! Ne lui faites pas de mal !
Pas Félix ! Pas lui ! Pas lui aussi ! Félix !
– Félix !
« Le petit bateau flotte sur le lac bleu azur…
Son fond est tout plat, sans fioritures…
Tu te demandes s’ils ont des jambes…
Je te réponds alors en riant,
Tu te demandes s’ils ont des jambes…
Ils ne pourraient nager sans. »
Tout se figea alors que des notes maladroites et hésitantes arrivaient… il serait incapable de dire d’où elle venait… elles comme celles qui suivirent…
« Au clair de la lune, le vent chante
Tu pleures dans cette forêt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils s’approchent de tes blessures,
Ils t’entourent, te réchauffent avec leur fourrure,
Cette protection douce, elle te rassure.
Au clair de la lune, la forêt te protègera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante étreinte, enfin tu t’endors guéri. »
Tout craqua autour de lui, le mauvais rêve se fendillant de toute part, comme un œuf sous les efforts du poussin à l’intérieur voulant connaitre le monde, comme si les toutes petites notes avaient autant de force qu’un géant. À chaque nouveau son, c’était une nouvelle fêlure… à chaque mot, c’était une partie du cauchemar qui tombait en morceau… laissant de plus en plus passer la lumière à travers la coquille…
« Je pars ce matin avec les chants des laudes,
Mes pieds vont d’un côté,
Mais mon cœur reste figé
Il reste ici dans vos petites mains chaudes
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Je pars à reculons, je pars sans jamais vous oublier
Je pars en ce jour en pensant toujours à vous,
Je parcours toujours ce chemin mais, je l’avoue,
Je vous voie derrière moi et souhaite m’en retourner.
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Je vous promets de revenir un soir,
Je reviendrais à vous un jour,
Cette promesse de velours
Je ne la laisserais jamais choir,
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Et quand nous nous serons retrouvés
Ce sera pour ne plus jamais se lâcher. »
Comme les vagues effaçant les pas dans le sable, le flot du chant maladroit balaya toutes les illusions, le laissant en paix dans un espace flou, alors qu’une bande de tissu frais était posé sur son front et ses yeux. Rodrigue savait qui s’était… il était incapable de reconnaitre sa voix, trop déformé par le cauchemar et le temps mais, c’était forcément lui… un chant de l’armée… quelqu’un qui chantait pour l’apaiser… son dernier chant… ça ne pouvait être que…
« Papa… »
Félix sursauta en entendant la voix de Rodrigue. Il le veillait depuis un moment et à part quelques gémissements où il l’appelait, il n’avait pas eu d’autres crises de spasmes comme tout à l’heure. Enfin… il disait ça mais, c’était clair qu’il faisait un autre cauchemar et que la seule raison pour laquelle il ne se réveillait pas, c’était que la fatigue était plus forte. La déesse savait ce qu’il voyait…
Même s’il ne l’admettrait jamais à voix haute, le jeune homme s’était mis à l’imiter… faisait la même chose que son père quand Glenn ou lui était malade et qu’ils étaient petits. Il restait autant qu’il pouvait avec eux, les tenaient quand ça faisait trop mal et chantait pour les apaiser. Ça marchait toujours… surtout avec ces maudites brûlures. Les jumeaux avaient toujours eu une belle voix, fluide et claire, qui s’élevait facilement, parfaite pour chanter des hymnes religieux ou des berceuses… celle de Glenn aussi sonnait très juste en plus énergique… celle de Félix par contre était beaucoup plus craquante, sonnait souvent faux et il avait du mal à se synchroniser avec les autres… un héritage tardif de sa grand-mère Aliénor qui chantait très mal, surtout comparée à son mari, connu pour chantonner tout le temps. Enfin, quand il était seul, ça pouvait passer et pour une fois, il n’avait pas fait trop de fausse note… ne sachant pas trop quoi chanter, et n’ayant clairement pas autant d’inspiration qu’Annette ou Rodrigue pour improviser, ou la voix pour le faire, le jeune homme avait repris des chansons qu’il connaissait : une comptine entendue mille fois, un cantique rassurant promettant guérison et protection, une chanson de l’armée, un dernier souvenir de leur père que les jumeaux fredonnaient souvent. Même s’il n’aimait pas ce chant militaire qui était juste un ramassis de mensonge, cela semblait mieux que le silence. Il préférait ce dernier d’habitude, sauf dans ce genre de situation où le bruit était bien moins angoissant.
Mais Félix ne pensait pas que son père comprendrait ce qu’il disait ! Ni qu’il le prendrait pour Guillaume ! Comment il était censé gérer ça ?! Il aurait eu les yeux découverts, Félix aurait accusé sa natte – il n’avait pas pris le temps la peine de les remonter en chignon, et ça tirait moins, son bandage était déjà assez gênant – d’être la responsable de la confusion à cause de sa vue surement trouble. Mais il devait se rendre à l’évidence, Rodrigue l’avait reconnu à la voix, ou plutôt à la chanson. Aucune chance qu’il se souvienne de la voix de son père.
– Papa… gémit encore Rodrigue. Papa… est-ce que c’est toi ? Papa…
Il avait l’air à moitié désespéré, et l’autre moitié soulagé, sa main tremblant dans sa direction… son vieux était toujours incompréhensible pour quelqu’un d’autre qu’Alix ! Il était censé gérer ça comment ?!
– Ne t’agite pas, t’es déjà épuisé, grogna-t-il en appuyant peu plus le chiffon sur sa tête, il en avait besoin pour refroidir un peu avec une fièvre pareille. Que de la fatigue… tu parles ! Qu’il ait choppé une grippe que ça ne m’étonnerait pas ! Faut toujours les surveiller ces deux-là !
– C’est toi… soupira de soulagement son père en l’entendant. Tu m’as manqué…
– Tu m’étonnes… » marmonna-t-il. Au moins, ça confirmait qu’il était réveillé et plus ou moins conscient, c’était déjà ça.
« Je suis désolé de te faire honte…
Félix allait lui dire d’arrêter de s’excuser quand il tiqua. Pourquoi Rodrigue disait qu’il faisait honte à Guillaume ? La fièvre et la fatigue n’aidaient clairement pas mais, ce n’était sans doute pas sorti de nulle part. Il demanda alors, à peu près sûr qu’il n’aurait pas des mensonges en réponses dans l’état où il était.
– Pourquoi tu lui ferais honte ?
– J’ai échoué… j’ai échoué de partout… je ne suis pas arrivé à convaincre Lambert de ne pas aller en Duscur… deux mois pour tout préparer… ce n’était pas suffisant… on n’a pas eu le temps… toi, tu aurais pu l’arrêter… c'est notre boulot de l'empêcher de faire des conneries... c'est toi qui le disait... résultat, ça l’a tué et surtout… ça a tué Glenn… et ça a tué tant de gens… trop… même Nicola… alors qu’il était aussi fort que toi… c’était un vrai bain de sang… j’ai trahi ma promesse envers Félicia… je lui avais promis de les protéger… qu’ils soient heureux… comme elle… et j’ai tout gâché avec Félix… je ne suis pas arrivé à le protéger… je ne lui ai fait que du mal… je ne voulais pas… j’étais triste… j’étais épuisé… j’avais peur… j’avais peur pour sa vie… j’ai lâché les mots de Ludovic… ils me tenaient à peu près entier avec lui mais, je savais que je n’aurais pas dû lui dire… puis j’ai encore plus tout gâché en ne le croyant pas… je savais qu’il était honnête, même si je ne voie toujours pas ce phacochère… je sais qu’il était honnête mais, je n’arrive pas à le croire… j’ai encore plus tout gâché… je ne sais même pas comment faire pour lui dire… j’ai… j’ai si peur de le perdre… c’est arrivé si souvent… je ne veux pas le perdre alors qu’il est encore vivant…
Il gémit encore plus faiblement que le reste, la voix remplie de désespoir malgré la fatigue. Le jeune homme était sûr qu’il était sur le point de pleurer à nouveau…
– Je ne sais plus quoi faire…
Félix était complètement perdu. Il ne savait pas si Rodrigue était conscient de ce qu’il disait en croyant parler à son père, ou s’il délirait à nouveau à cause de la fièvre mais, sans spasme cette fois. Il n’osait même pas enlever le linge sur sa figure, de croiser des yeux aussi lucides qu’ils pouvaient l’être dans la fièvre plutôt que des paupières fermées et juste des mots débités au hasard dans un délire… il n’avait pas envie de savoir… le jeune homme refusait d’admettre qu’il avait peur de savoir…
Il essaya de récapituler ce que son vieux avait dit pour s’y retrouver. Il avait commencé sur le fait qu’il n’était pas arrivé à empêcher Lambert à aller en Duscur… bon, c’était vrai, même s’il avait essayé de le nier après coup…
Son père et son oncle effondrés… Glenn en colère… Nicola affligé… tout le monde qui courre partout pour tout préparer… le nombre de jour avant ce qui semblait être la fin du monde compté avec appréhension… tout le monde de perdu… les « deux mois » et les « pas assez de temps » sur toute les lèvres… son père qui s’effondre en pleurs après une discussion avec Lambert… son oncle qui revient avec un poing en sang et avoue s’être retenu de frapper leur ami qu’il traitait à présent de connard… Estelle, Bernard et une bonne partie de leurs hommes qui ne cachaient plus tout le mépris qu’ils ressentaient à l’égard du roi… Glenn qui le cache devant eux mais l’hostilité qui émanait toujours de lui, les « chien idiot » qui lui échappaient de temps en temps quand il parlait du roi… … … lui-même qui va disputer Lambert pour avoir fait pleurer son père et l’inquiéter à ce point, de pousser les jumeaux jusqu’à l’épuisement… son grand frère qui souffle qu’il rentrera bientôt définitivement à la maison, avouant à mi-mot qu’il abandonnait son rôle de chevalier du roi… son père qui semble plus que soulager à cela… les débats pour savoir qui des trois sera envoyé à Duscur… Glenn qui insiste pour que ce soit lui qui aille protéger Dimitri, afin qu’en cas de problème, Faerghus ait toujours une tête… que lui ait toujours… un père… le visage mortifié de tout le monde quand le convoi part pour l’abattoir… comme si le glas était déjà sonné pour tout le monde avant même que le sifflement des épées ne brise le silence de mort…
Ensuite, il avait parlé de sa promesse envers Félicia de les protéger et qu’ils soient heureux… échec total sur toute la ligne, effectivement… c’était dur d’échouer encore plus… mais une petite voix étranglée et noyée au fond de son esprit lui rappela les mots d’Alix, quelques heures auparavant… « elle ne pouvait pas deviner que vous alliez finir dans la pire des situations », « personne ne pouvait prévoir que ça allait tourner comme ça ». Bon, s’il avait bien compris, pas si imprévisible que ça pour Duscur mais, il était forcé d’admettre que Félicia n’aurait jamais pu imaginer tout ça… c’était une inconsciente de première, avec sa propre maladie en particulier alors, pour les autres, Félix n’osait même pas imaginer… mais ça n’empêchait pas l’échec total pour tenir sa promesse…
« Tu es en vie… tu es en vie… »
Il n’arriva pas à chasser ses mots de sa tête, même en faisant hurler tous ses reproches. Rodrigue venait d’avouer qu’il avait menti, et même s’il avait peur de le perdre, qu’il n’aurait jamais dû parler de Glenn ainsi, dire ce qu’il appelait « les mots de Ludovic » auxquels il penserait après, il s’entêtait quand même à ne pas le croire alors qu’il savait que le jeune homme disait la vérité…
Sa main lui faisait encore mal… brulait… il sentait encore ses ongles rentrés dans sa chair, ses articulations se tendre au maximum pour former un poing serré… la lumière de son emblème enflammant ses veines à cause de sa rage… le bruit de l’os qui craque… pas les siens… malgré la douleur, il n’avait rien…
Il avait frappé son père en plein visage…
Félix n’avait pas réfléchi… crut sur l’instant qu’il se sentirait mieux après… qu’il le méritait…
Il n’en fut rien… il se sentait encore plus mal qu’avant…
Le jeune homme essaya de se persuader qu’il n’avait rien à se reprocher, que son vieux méritait ce coup de poing… il n’arrêtait pas de mentir, il le méritait… il lui mentait même s’il le croyait, tout ça pour ne pas voir que son fils préféré était un phacochère assoiffé de sang… son emblème était intervenu quand il l’avait frappé… c’était un signe non ? Ça voulait dire qu’il avait bien fait ? Il ne croyait pas assez pour savoir…
Sa marque le lançait dans son dos… le picotait de partout en répétant qu’il s’était mal comporté… de faire demi-tour, de retourner voir son vieux et de s’excuser… ça recommençait… dès qu’il disait la vérité en jurant haïr son père, sa marque semblait dire qu’il mentait… c’était la seule interprétation possible de son énergie qui se diffusait ainsi dans son corps… il avait beau tenté de l’ignorer et de la faire taire mais, elle revenait toujours à la charge, son énergie insupportable tellement elle était rassurante et trop semblable à celle du pire menteur de leur famille coulant en lui pour le rappeler à l’ordre… la seule chose qui la faisait taire, c’était quand il acceptait de retourner au lac, de plonger, de récupérer des bibelots dans la vase jusqu’au soir puis, de rentrer à la maison pour en discuter avec son père car, soi-disant, il lui manquait… même cette maudite marque mentait tout le temps… ce qu’il ne donnerait pas pour arracher ses écailles pour qu’elles se taisent enfin ! Pourquoi cette marque était restée dans son dos ?!
Une fois rentrée chez lui, il retrouva Alix et se maudit… il n’avait jamais confondu les deux jumeaux, jamais… pas une fois, ils n’avaient pu le tromper… mais là, en voyant le visage de son oncle identique à celui de son père… il faillit… il se rappela Rodrigue… il se rappela ses cernes dû à l’épuisement à force de travailler sans s’arrêter, il se rappela la marque rouge de son poing sur sa joue… se rappela son visage choqué, son corps figé de stupeur… lui qui avait tout fait pour oublier sur le trajet !
Il esquiva alors son oncle, s’enfuit de lui et de son jumeau. Félix fila sur la berge, trouva l’amas de rocher et le ponton de pierre, courut dessus puis plongea tout habillé dans le lac, restant sous la surface là où personne ne pourrait le voir. L’eau était glacée… quelqu’un le verrait, il lui dirait qu’il allait attraper la mort… jamais… l’eau ne lui avait jamais fait de mal… il avait juste besoin de rester au calme à l’intérieur, habitué à rester longtemps sans respirer… noyer encore et encore ces souvenirs, faire taire cette marque et s’obliger à se rappeler qu’il n’avait plus de père depuis deux ans, comme il n’avait plus de frère ni de meilleur ami…
« Tu peux regretter tout ce que tu veux, tu n’en as que pour Dimitri… »
L’épéiste allait lui dire, il voulait le dire, l’envoyer en pleine figure de Rodrigue, tant pis s’il était cruel. Tant pis s’il croyait que c’était Guillaume qui le sermonnait. Tant pis si une des choses qui revenait le plus à propos de lui, c’était qu’il mordait tout le monde sauf ses fils. Que sa famille fût le plus important à ses yeux, qu’il aurait été prêt à tout pour protéger sa meute et ses louveteaux. Tant pis s’il devait lui briser le cœur…
Mais Félix n’y arriva pas. Les mots s’obstinèrent à rester dans sa gorge et à ne pas à tous sortir… seuls trois acceptèrent de passer ses lèvres…
– Tu as Dimitri…
– Hum… c’est vrai que j’aime beaucoup Dimitri… il avait besoin de moi après Duscur… Rufus lui aurait fait du mal… il ne pouvait pas quitter Fhirdiad… ça aurait provoqué une autre émeute… même si j’aurais préféré… surtout après… j’ai bien cru perdre Félix ce jour-là… il a failli se faire éventrer… comme toi… il avait failli mourir comme toi… et même avec les mots de Ludovic… j’avais l’impression de… de devenir fou… je voulais juste le protéger… je ne voulais pas le quitter… mais le chaos… les émeutes… c’était trop dangereux… je ne pensais pas que… je ne voulais pas que… que mon fils reste dans ce coupe-gorge… j’avais peur… sans lui…
– Sans lui quoi ? Le pressa sans le vouloir le jeune homme, les mots allant aussi vite que les poings.
– Je n’aurais pas tenu… sans lui… sans Glenn… après que Félicia… mais Glenn et Alix étaient là… Félix aussi… il était si fort… j’avais l’impression qu’il me répétait… de toujours me battre aussi… même quand il pleurait… le gémissement fut remplacé par un sourire. Il s’est toujours battu… même aux portes de la mort… tu dois être… fier de ton petit-fils…
Le principal concerné allait mordre qu’il le confondait avec Glenn, ce ne serait pas le premier à le faire… même si ça serait la première fois pour Rodrigue… l’habitude de vivre avec son propre reflet surement… c’était tout ce qu’il acceptait comme explication logique… mais il savait que c’était faux, savait que son père ne confondait toujours pas ses fils. Les portes de la mort… il devait parler de la peste… même si les deux frères l’avaient eu, Glenn s’en était vite remis et lui avait failli mourir, trop prématuré pour pouvoir y résister aussi bien… ou alors, il parlait de ces maudites brûlures qui lui avait rongé le cœur… Félix chassa encore plus fort que le reste une conversation avec son grand frère au sujet de sa peste, ou ses souvenirs sur le moment où il avait enfin pu rouvrir les yeux grâce à ce qui était honnêtement un miracle de leur Ancêtre.
« Tu t’accrochais toujours à… »
« Fraldarius chantait… il ressemblait beaucoup et avait la voix de… »
Lui donnant doucement à boire pour se donner une seconde de plus afin de réfléchir, le jeune homme préféra détourner la conversation sur un point qui l’intriguait, se bouchant surement les oreilles dessus.
– Tu parles des mots du roi Ludovic depuis tout à l’heure… c’est quoi ?
– Tu ne le sais pas… tout le monde nous les disait… mais c’est lui qui nous les a dits le premier… ça nous a fait tenir quand… tu es revenu dans ta boite… souffla-t-il alors que le cœur de Félix commençait à battre à toute vitesse, remplissant le silence de la chambre avec son rythme erratique. Ludovic disait que tu… étais mort… comme un vrai chevalier… pour le protéger…
Le monde entier aurait pu voler en éclat à l’instant que Félix aurait été moins ébranlé. C’était comme se prendre un coup d’Épée du Créateur en pleine tête, il avait l’impression qu’on tentait de le couper en deux ! Même ses jambes tremblaient, tellement qu’il fut obligé de s’affaisser au sol, comme un gosse à qui ont tordait le bras pour lui apprendre à ne pas frapper ses camarades… et il était incapable de dire si ça faisait mal ou non… c’était… impossible à décrire… son esprit était trop vide pour le faire…
« Il est mort comme un vrai chevalier »… le roi Ludovic l’avait dit aux jumeaux quand leur père était mort ?! Bordel ! Il n’était même pas au courant ! Le jeune homme savait juste qu’ils adoraient Guillaume, les rares brides de souvenirs qu’ils avaient et connaissait les histoires que le vieux Nicola racontait avant d’être aussi massacré à Duscur mais, c’était tout ! Ils ne parlaient jamais de sa mort ! Et ils continuaient à être aveuglé par la chevalerie ?! Alix moins mais, Rodrigue y croyait dur comme fer alors que ça avait tué son père ! Ça avait tué son père avant même de tuer son fils ! Il était aussi stupide que ça ?!
Non… ils avaient six ans… Félix était bien obligé de s’en souvenir… ça gobait tout à cet âge… si tout le monde leur disait, c’était facile de leur bourrer le crâne avec…
– Merde… gronda-t-il en croisant les bras sur le matelas pour cacher sa figure au monde entier, sentant une énergie qu’il ne prit pas la peine de décrypter se déverser de sa marque. Comment je gère ça ? Tu ne me l’avais jamais dit…
– Dans ta lettre…
Bon, là au moins, il connaissait. Son père lui avait montré deux boites en bois enterré dans le jardin, sous les fleurs de potentilles, une pour Guillaume et l’autre pour Aliénor… elles contenaient des souvenirs d’eux et une lettre… il lui avait dit qu’il les déterrait peut-être un jour avec Alix, peut-être pas mais, il lui avait demandé de ne jamais les rouvrir à leur place. Au moins, ça faisait un truc dont le jeune homme était au courant….
– Ça me faisait… tenir… tous les deux… tu n’étais pas… parti… sans raison… continua-t-il plus faiblement. Même si je ne sais pas… de moi-même… comment tu… aurais réagi… je ne sais plus… maman disait que… tu serais en… en colère… je voulais… le garder pour moi… je ne voulais pas…
– Tu aurais pu me le dire avant… mordit-il malgré tout. Si tu ne voulais pas me le dire, pourquoi tu ne me l’as jamais expliqué ?! Ça n’aurait pas arrangé ton cas mais, ça aurait eu une logique !
– Je voulais lui dire… mais il y avait… tant de chose à faire… des morts dans tous les coins… Nicola mort… Gustave envolé… tout détruit… hacha-t-il de plus en plus difficilement comme s’il allait à nouveau sombrer dans le sommeil. Je l’ai manqué… puis… pas trouvé… l’occasion sans… encore plus gâcher… quand je pouvais lui parler… le lac… puis jamais… j’ai tout gâché… et je l’ai perdu… alors que… papa…
Le jeune homme leva le nez de ses bras en entendant le froissement faible de la couverture, vit la main de son père s’agiter autant qu’il pouvait, comme s’il cherchait quelque chose… sans trop réfléchir, il la prit dans la sienne, tout aussi perdu que Rodrigue devait l’être dans sa fièvre.
– Comment faire… ? Les doigts se serrèrent dans sa paume. Comment faire pour le retrouver… ?
– Qu’est-ce que j’en sais… murmura-t-il si bas que personne n’aurait pu l’entendre.
La main devient un peu plus molle de sommeil. Il aurait pu la repousser que Rodrigue n’aurait surement rien sentit… il semblait dormir comme une souche… après s’être tué à ce point au travail, pas étonnant…
Félix s’accrocha à la grande main, incapable de la lâcher…
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Rodrigue frémit dans son sommeil, sortant doucement des pans de la cape où il avait l’impression d’être. Pourquoi une cape… et pourquoi il était dedans ? Il ne savait plus… c’était juste une impression familière gravé au fond de sa mémoire… Guillaume ? Peut-être… il avait rêvé de lui après tout, peut-être que cela avait fait ressortir de vieilles brides du passé enfouies tout au fond de sa mémoire… comme pour sa dernière chanson… il ne pouvait plus s’en souvenir vraiment…
En entrouvrant les yeux, il vit une silhouette pale et aux cheveux noirs, calme et immobile dans un coin de la pièce, le bruit du fer qu’on entretenait occupant le silence avec quelques notes maladroites, qu’il reconnut tout de suite. Une chanson qui semblait faite pour les éveiller après un long sommeil…
« Sur le lac, le savais-tu ?
Un être a marché dessus.
Dans le lac, le savais-tu ?
Cet être y a respiré en sus.
Cet être sans peur le parcourt,
Pour protéger tout son peuple et son sang,
Le lac, il parcourt à tout bout de champ,
Tout trajet lui semble court.
Un grand bouclier incassable au bras,
Une douce épée brillante dans sa main,
Il est petit mais c’est un défaut bénin,
Dans le lac, jamais il ne sombrera,
Il est fier et têtu, insaisissable comme l’eau
Il s’entraine sans fin, en fait toujours plus,
Tu connais le nom de cet épéiste, ce héros,
Le nom de ce grand sorcier est…
– Fraldarius… Félix…
Le jeune homme redressa la tête de la côte de maille qu’il graissait, croisant le regard de Rodrigue, bien plus lucide qu’il ne l’avait été ces derniers jours. Au moins, il avait l’impression qu’il le regardait vraiment au lieu de fixer le vide.
– T… ta tête va mieux ?
– J’aurais dû parier… Penses à toi pour une fois, le réprimanda-t-il un peu car, il le méritait. Ça fait quatre jours que tu dors quasi sans t’arrêter.
– Quatre jours… alors on est…
– Lundi, oui. Le phacochère, Sylvain et Ingrid sont repartis hier après-midi.
– Mais tu es resté…
– Évidemment. Sinon, Alix se serait aussi évanoui à force de s’occuper de toi. On n’a pas besoin de deux fiévreux. Pierrick n’aurait pas tenu le coup.
– Alix va bien ? S’inquiéta-t-il à sa voix.
– Oui, il reste couché de son côté car, vous avez oublié de dormir ! Comment tu as fait pour te foutre dans un état pareil ?! S’écria-t-il en se rapprochant de lui. Il m’a donné son explication fumeuse, à toi maintenant ! Que je sache si vous êtes aussi stupide l’un que l’autre ?!
– Levée avant le soleil, puis suivre les heures des prières pour ne pas se perdre sans m’arrêter… ma table aurait craqué sous le poids du travail que me laisse Rufus… hein… on a tous les mêmes défauts dans la famille… souffla-t-il en frémissant un peu, surement pour aller retrouver son jumeau.
– Tu parles. Et n’essaye même pas de te lever ! Pierrick t’interdit de quitter ton lit pendant au moins une semaine ! Et repos complet pendant un mois ! Tu t’es évanoui de fatigue je te rappelle ! Tu restes ici jusqu’à nouvel ordre !
– Il faudra qu’on trouve un moyen pour que personne ne donne la clé des coffres à Rufus… il aurait le temps de ruiner le Royaume en alcool et en femmes…
– Alix a dit exactement la même chose. Il fera son travail lui-même pour une fois, ça le changera. On n’est pas des chiens dans la famille. T’es un bon toutou obéissant au lieu d’un loup mais, faut pas exagéré non plus.
Félix mordait comme qu’il pouvait, essayant de cacher ce qu’il pensait autant que possible sous l’agressivité. Cependant, Rodrigue dut voir à travers car, il arriva à rire un peu malgré la fatigue en ajoutant.
– Le digne petit-fils de Guillaume…
– Tu ne t’en souviens même pas toi-même.
– Peut-être… même si j’ai cru qu’il était là… je crois que je lui ai parlé… avoua-t-il vaguement. Je ne sais plus de quoi… juste d’un cauchemar puis, il était là… même s’il doit être réincarné depuis longtemps…
– Vu l’état où tu t’es mis, tu as du te l’imaginer… t’as pas arrêté de parler samedi.
– J’espère juste que je n’ai rien dit de mal…
– Pas grand-chose de cohérent, mentit Félix, son père n’était pas assez réveillé pour le remarquer de toute façon. Faudra que tu me le dises en étant lucide pour que je te crois vraiment.
C’était ce qu’il avait décidé. Les mots de la fièvre ne comptaient pas, c’était juste la fièvre. Son père pouvait bien dire tout et n’importe quoi à cause de ça. Même si pour « les mots de Ludovic », ils étaient vrais… il s’était bien gardé de leur dire ce qui s’était passé quand Sylvain, Ingrid et le phacochère étaient venus les voir, même si à leur tête, ils allaient le faire passer aux aveux une fois qu’il serait rentré à Garreg Mach. Rodrigue hocha autant que possible la tête, tout en fixant le bandage autour de celle du jeune homme qui marmonna en posant une main dessus.
– Ce n’est rien. Juste pour bien maintenir un peu la pommade. Ça n’a rien tranché, le plat de l’épée m’a seulement enfoncé le crâne.
– Fait attention… les blessures à la tête sont les plus vicieuses… lui souffla son père, visiblement inquiet.
– Je te dis que je n’ai rien ! Ça fait deux semaines, ça a pratiquement fini de cicatriser ! Et Manuela m’a déjà remis l’os correctement ! Hum… j’ai pas le droit de m’entrainer jusqu’à la fin de la lune mais sinon, ça va.
– Tant mieux… l’hôpital se moque surement de la charité mais, respecte bien la consigne… tu risquerais d’avoir des séquelles ou de gros maux de tête.
Félix fuit son regard, ne voulant pas admettre que c’était exactement ce qui s’était passé durant le chemin, même s’il l’avait gardé pour lui. Il détourna plutôt la conversation, ne voulant pas continuer dessus et devant bien lui dire.
– Hum. De toute façon, je reste ici jusqu’à la fin de la semaine, histoire que tu appliques tes propres conseils.
Le jeune homme jeta un coup d’œil à son père. Il s’attendait à une réprimande pour sauter une semaine de cours, qu’il devrait rentrer à Garreg Mach, que ce n’était pas raisonnable, qu’il devrait prendre plus au sérieux le côté intellectuel de sa formation et pas seulement le côté physique, qu’il était le prochain duc et qu’il devait apprendre à gérer son fief ou quelque chose du genre…
Cependant, rien de tout cela ne vient. Félix vit juste un petit sourire qu’il ne décrirait pas se dessiner sur le visage encore endormi de son père. Ce dernier souffla avant de fermer à nouveau les yeux et de replonger dans le sommeil.
– Je suis content que tu sois là…
Félix ne répondit pas, se justifiant à lui-même que cela ne servait à rien, Rodrigue ronflait à nouveau… et personne n’avait à savoir quel sentiment cela lui faisait ressentir malgré lui. Il remonta la couverture jusqu’à ces épaules, juste pour ne pas devoir rester plus longtemps car, le vieux avait attrapé une grippe.
Le jeune homme ne quitta pas beaucoup son père de la semaine, à part quand Alix trouvait assez de force pour venir le voir ou parce qu’il lui manquait trop. La Déesse seule savait comment ils restaient séparer aussi longtemps ces deux-là… et comment ils arrivaient à le vivre… surement pas bien… vivement la fin de l’année qu’ils puissent se retrouver plus souvent, ils s’empêcheraient mutuellement de s’épuiser comme ça. Ils mangèrent aussi tous les trois, les jumeaux semblaient retrouver tous leur appétit quand c’était le cas, et assez d’énergie pour qu’Alix propose d’échanger leurs assiettes quand son neveu se retournait, avec les aliments qu’ils n’aimaient pas. Sur certains points, son oncle ne grandirait jamais. Ça faisait aussi rire Rodrigue quand Félix le disputait comme un gamin. Son esprit stupide lui rappela que cela faisait des années qu’il n’avait plus entendu un rire aussi léger de sa part. Il ne trouva pas l’envie de noyer ses souvenirs… surement la fatigue, rien de plus.
Il resta jusqu’à dimanche midi, puis repartit pour Garreg Mach et effectivement, dès qu’il remit le pied au monastère, les trois pires amis d’enfance de l’Histoire de Fodlan lui firent passer un véritable interrogatoire. Félix ne voulait rien dire mais, en voyant ses mines de chiens battus ou sévère, il leur avoua ce que lui avait dit Rodrigue en croyant parler à Guillaume. L’épéiste ne pouvait même pas passer sur les moments où il parlait du phacochère, ils savaient tous quand il leur cachait quelque chose.
« …Ne vous étonnez pas si je deviens aussi sympathique qu’Alix avec Gilbert, grommela-t-il à la fin, après avoir mentionné qu’avec Gustave qui s’était enfui la queue entre les jambes, ils les avaient laissés à moitié écrasé sous le travail. Je crois que même Rodrigue lui a soufflé dans les bronches si j’ai bien saisi ce qu’ils se racontaient…
– Je crois qu’une bonne partie des personnes de l’administration et des gardes qui étaient contre le massacre sont dans ce cas… marmonna le phacochère, mal à l’aise. Évite simplement de l’être trop ouvertement devant Annette…
– C’est possible d’être énervé quand elle est là maintenant ?
– Enfin, au moins, tu sais pourquoi il a agi ainsi et son état d’esprit. Il le reconnait, il s’en veut, et il ne sait juste plus quoi faire pour tenter de te reparler. Et tu ne me feras pas croire que tu ne veux pas lui reparler aussi, trancha Ingrid.
– À t’écouter, tu lis dans ma tête.
– Que ça te plaise ou non, on n’a juste une quasi-vie ensemble en commun tous les quatre, rétorqua-t-elle. Ça aide un peu pour se lire les uns les autres. En plus, t’étais pas vraiment en bon état après l’avoir entendu.
– Ça, personne ne pourra dire le contraire. T’étais encore plus pale que tu ne l’es et on aurait dit que tu avais vu un fantôme, ajouta Sylvain.
– Hum… c’est la fièvre qui lui a fait dire ça, grogna Félix. Il aurait été lucide, il ne l’aurait jamais dit à voix haute.
– Car tu t’enfuis à chaque fois ? Et tu vas mettre tout ça sur le dos de la fièvre ? S’outragea Ingrid. Pourquoi pas le mensonge pendant que tu y es !
– Il pensait parler à Guillaume, Guillaume qui est mort et réincarné depuis longtemps. Il répondait plus ou moins aux questions mais, il était tout sauf lucide. Rodrigue ne se souvenait même pas de ce qu’il a dit quand il s’est réveillé. Il ne mentait surement pas mais, il ne l’a pas dit volontairement non plus. T’aurais été à ma place, tu ferais la même chose, ait le courage de l’admettre !
Ingrid prit la pique sur elle, puis soupira, visiblement fatiguée.
– Tu es impossible Félix.
– T’es pire. Je ne voie même pas pourquoi vous vous mêlez de ça.
– Car c’était évident que tu n’allais pas bien après l’avoir entendu et qu’on s’inquiète pour toi, déclara Sylvain. Enfin, si tu préfères attendre qu’il te le dise consciemment, ça se comprend. Au moins, tu sais un peu mieux d’où ça vient. Ça ne l’excuse pas mais, au moins, ça explique un peu sa réaction.
L’épéiste garda le silence mais, ne mordit pas non plus. Ça devrait suffire pour qu’ils comprennent, et heureusement, cela suffit. Après encore quelques mots, Ingrid et Sylvain le laissèrent tranquille et le phacochère semblait aussi bien partit pour le faire mais, il resta un peu plus. Il eut un instant de silence bien trop long avant qu’il finisse par hacher, essayant de paraitre timide et prudent comme l’aurait été le vrai Dimitri.
« Je… je sais que j’ai surement une part de responsabilité… Rodrigue ne m’a pas beaucoup lâché après la Tragédie… mais… mais je voudrais te dire que… je crois qu’il pensait tout le temps à toi… il essayait déjà… ou au moins il espérait avoir l’occasion de s’expliquer qui ne casserait pas tout… enfin, pas encore plus…
– Avoue ce à quoi tu penses seulement, qu’on n’y passe pas la nuit.
– Bon. Tu te souviens de notre cachette ? Tu sais, là où on allait tout le temps pour écouter les adultes chantés dans la cathédrale quand on était petit ?
– Ouais… dur à oublier les roustes qu’on se prenait pour aller là-bas. Tout ça pour écouter les grenouilles de bénitiers réciter les prières quand on ne pouvait pas y aller car, on était trop petit et que ce n’était pas notre office. Le rapport ?
– J’y viens. Je m’y rendais encore quand j’étais à Fhirdiad après la Tragédie. Je n’arrivais pas à dormir alors, j’y allais pour essayer de me calmer et trouver le sommeil…
– Je sais, tu nous réveilles à chaque fois avec Sylvain, et c’est toutes les nuits en ce moment. Pour la dernière fois, va voir Manuela ! Ce n’est pas normal de faire autant de cauchemar ! Je critique le vieux mais, t’es pas mieux !
– J’irais la voir mais, écoutes-moi. À chaque fois, j’entendais Rodrigue faire ses prières du soir. Il s’y rendait toujours très tard vu qu’il était débordé en journée. Je l’entendais prier Saint Cichol à chaque fois…
– Rodrigue prie toujours Saint Cichol. Il manipule tellement la breloque qui représente son emblème qu’il faudrait la changer, même s’il ne le fera jamais, ou pas avant qu’elle soit juste tombée toute seule. Où tu veux en venir ?
Les yeux d’ambre de Félix étaient plissés, le défiant de faire le moindre faux pas sous peine de le mordre à la gorge. Il se souvenait encore de la dispute entre leurs pères, quand Arundel l’avait blessé avec cette magie étrange. Il ne s’en rendait pas encore compte car, ils faisaient attention à enterrer la discorde devant eux mais, les nobles à la cour n’arrêtaient pas de dire que finalement, Rodrigue avait les yeux de son père… les yeux d’un loup féroce, toujours prêt à mordre tout ce qui s’approchait trop près de sa meute… et que Guillaume aurait été encore en vie, il ne se serait pas contenté de se retirer dans son fief avec sa famille pour marquer sa fureur… même si la couleur venait de sa mère, la forme était bien celle de toute sa famille paternelle… même si l’épéiste le nierait, c’était un Fraldarius jusqu’au plus profond de son sang… une famille qui avait choisi un loup pour blason…
Dimitri ne devait pas trembler ou faire de faux pas… il n’avait pas peur mais, à la moindre occasion, Félix le chasserait et se refermerait complètement, quitte à lui arracher la gorge pour le repousser. Après tout, les loups pouvaient tuer un sanglier alors, un phacochère, surement aussi…
– Et bien, la plupart du temps, quand il s’adressait au Père, ce n’était pas pour moi qu’il priait, ni pour mon père. Je crois… si je comprenais bien ses prières, je crois qu’il priait pour toi…
– Qu’est-ce que tu en sais ? Rétorqua-t-il. Le vieux est comme Annette avec ses chansons, il brode toujours ses prières. Il reprend la structure mais, il invente les paroles pour que ça colle mieux, et à moins de s’appeler Alix, personne à part la Déesse ne peut savoir ce qu’il avait dans la tête.
– Ce n’est pas faux, surtout qu’elles peuvent être assez cryptique pour toute personne qui n’est pas Alix… mais je suis sûr que c’est de toi dont il parlait. Moi, je n’ai jamais été bien loin, ou il ne parlerait pas d’avoir « perdu » quelqu’un, et pour les prières aux morts, il invoque toujours leurs noms.
– Car c’est comme ça qu’on prie pour les morts, rétorqua-t-il, clairement sur la défensive.
– Oui… mais dans ses prières, il demandait toujours à retrouver quelqu’un… il priait pour retrouver quelqu’un… il demandait à Cichol le Père de l’aider à retrouver quelqu’un et à réparer ses erreurs, car il était dans la même situation que lui…
Félix détourna le regard à ses mots, soit sa manière de nier quelque chose, même quand il savait que c’était vrai… surtout quand il savait que c’était vrai. Dimitri n’oserait plus lui dire en face mais, c’était un tic qu’il avait pris de Rodrigue. Quand son père niait quelque chose qu’il ne pouvait pas accepter, il fermait souvent les yeux ou les détournait pour rompre le contact visuel, comme son fils…
« Tu lui ressembles plus que tu ne le penses… »
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dixvinsblog · 1 year
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Pascal Depresle -Le jour parfois se lève pour baffer fort la nuit
Horizons verticauxPorteurs d’ombresQui s’arrachent la peau en hurlant les voilàJuste làMises en terreDerrière la porteDerrière les bottesQue je voulais entendreChanter jusqu’au bout de tes piedsQui creusentImmobiles tremblementsLes lézardes de nos futurs. Demain il resteraAu bout de nos yeux catastrophesDes regretsDes remordsDes absences de trains en gareVapeurs d’oublisChichas à barres de…
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darksouls2yuri · 2 years
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WHEEEE HIIII!!!!!!
le jour se lève so cooooooool!!!!! one of my favorite movies ever!! unfortunately the archive.org upload with subtitles isnt there anymore but here's a site w a subtitled upload
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hotvintagepoll · 1 month
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Propaganda
Arletty (Children of Paradise, Hotel du Nord, Le Jour se Lève)— That charisma! Those thoughtful eyes! That deep, rich, mad powerful voice! THE French leading lady from the 30s to the 50s
Jeanette MacDonald (The Merry Widow, Monte Carlo)— vivacious and luminous, jeanette macdonald was known for her beautiful operatic soprano voice. she appeared in a series of witty and sparkling musical comedies directed by ernst lubitsch in the early 1930s, usually opposite maurice chevalier. in the late 30s and 40s she was often paired with operatic baritone nelson eddy.
This is round 1 of the tournament. All other polls in this bracket can be found here. Please reblog with further support of your beloved hot sexy vintage woman.
[additional propaganda submitted under the cut]
Arletty:
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very hot. very elegant. very french. did i mention hot?
Jeanette MacDonald:
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Gifset: https://www.tumblr.com/mydailyvintagephotos/687386480054812672/remembering-jeanette-macdonald-on-her-birthday
Gifset 2: https://www.tumblr.com/marypickfords/186755987894/jeanette-macdonald-in-one-hour-with-you-ernst
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En ajout au texte important de @crococookie juste ici
Je voulais reblog et poster à la suite mais mon texte est vraiment trop long.
Poster ça, ça m'angoisse énormément. J'ai toujours peur qu'on m'interprète de travers. J'ai donc hésité longuement mais j'ai envie de rebloguer parce que même si j'ai pas été diag de troubles dys liés à la lecture et l'écriture (ce qui ne veut pas dire que je n'en ai pas, l'errance médicale, tout ça) je suis terriblement étourdie. Et si je me décide à l'écrire, c'est parce que l'an dernier, une personne a osé me demander de me relire et de corriger mes fautes, sur un paragraphe que j'ai écris rapidement en étant au téléphone un jour où j'étais sollicitée toutes les deux minutes. Avec les troubles qui me sont propres, mon vécu et j'en passe, j'ai mis du temps à me réconcilier avec l'orthographe et la grammaire. Le scolaire ne m'a pas aidé (du tout).
C'est le RP qui l'a fait.
Attention, il n'y a aucune agressivité dans ce poste (je pense que maintenant vous avez assez pigé mon mood de meuf pacifiste qui lève le drapeau blanc et veut qu'une chose : LA PAIX BORDEL.) , je partage juste mon expérience et mes conseils sur le sujet des fautes et du rapport à L'orthographe dans la commu RP. C'est aussi un petit appel à la bienveillance et à une direction vers un comportement plus chill envers vos partenaires qui font des fautes.
L'autre raison qui me pousse à poster, c'est parce qu'à la minute où j'écris je n'arrête pas de me relire. Et ça montre bien que je suis encore marquée par mes débuts dans la sphère du RP.
J'aimerais beaucoup vous dire que c'est exclusivement grâce à la bienveillance d’autrui, mais ce serait mentir. En quinze ans et surtout au début, j'ai eu le droit à des commentaires assez (trop) désagréables. C'est la capacité des autres à ne rien laisser passer qui a heurté ma confiance en moi et qui m'a donné l'impulsion de ne plus leur donner aucuns prétextes pour me reprendre. Et vous savez, je ne leur en veux même pas, à ces personnes. Je leur pardonne même assez facilement et je suis persuadée qu'iels ne sont pas tous-tes malveillant-e-s. L'humain est plus complexe que ça.
Ce qui m'a poussé à ne plus vouloir faire de fautes, c'est mon foutu caractère et ma tendance à vouloir contredire les personnes qui ne laissent rien passer. (Parfois ça peut être un problème, d'autre, un vrai coup de pied aux fesses pour faire face aux détracteurs. Et là, notez toujours qu'on parle de mon expérience personnelle avec mon profil à moi. Je ne parle pas pour tout le monde. Pitié, ne demandez pas à une personne dys de 'faire un effort', c'est validiste et grossier. Et si vous avez du mal, on a beaucoup de personnes concernées qui sont là pour donner des sources et aider à comprendre.)
Je fais encore des fautes d'étourderie aujourd'hui. Je vous raconte pas le nombre de fois où j'édite des postes parce que j'ai vu une boulette d'étourderie. (Rien que ce matin j'ai dû éditer un petit poste d'intrigue parce que j'ai réalisé que j'avais oublié un fuc$$ng mot pour que ma phrase fasse sens.) Y a un truc que je peux conseiller pour les gens maniaques de l'orthographe (dont je fais partie, faut pas croire) : S'il-vous-plaît (vraiment, je demande gentiment) attendez qu'on vous demande ? (En supposant que ça puisse arriver.) C'est frustrant et même blessant. Et si on vous demande : Ne pas jouer les profs avec des formules telles que : 'Ceci ne s'écrit pas comme ça, mais comme ci'. Vous partez ainsi du principe qu'on ne sait pas. Et même si c'est le cas, n'oubliez pas que les troubles dys existent et que vous ne connaissez ni la personne ni son vécu. Derrière l'écran, c'est toujours un être humain.
J'rp par exemple avec une personne Dys qui me pond les textes les plus élaborés et qui passe un temps fou à se relire. Chaque profil est différent. N'oubliez pas qu'on est aussi souvent crevé-e-s de nos semaines et que même s'il y a des gens qui pondent des textes sans fautes hyper facilement, c'est pas le cas de tout le monde et derrière, on peut se retrouver à être nombreux-ses à complexer, à vouloir poster des trucs parfaits parce qu'on a encore le souvenirs de ces remarques qu'on ne veut plus affronter. Même si derrière, on a les partenaires les plus adorables et les moins regardants de la sphère. Ça peut gâcher le plaisir d'écrire, alors que le RP est un loisir. Pas un job. On ne va pas publier nos écrits, on le fait pour se changer les idées et s'amuser. Un rappel constant de nos étourderie ne va rien arranger, ça ne va rien changer. Même si vous pensez sincèrement bien faire, et quand c'est le cas - parce qu'on ne peut pas espérer que ça le sera toujours malheureusement - merci de vouloir aider, même si c'est maladroitement. (Mais écoutez les conseils svp)
Bref, restons indulgent-e-s et humain-e-s, on a une passion commune vraiment géniale. <3
Si vous avez tout lu, merci d'avoir pris le temps pour ce pavé qui complète un poste à lire absolument !
Des bises,
Swan (qui va lutter contre l'envie de relire et éditer ce texte pour la cinquantième fois.)
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coolvieilledentelle · 2 months
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Dès le réveil, regardez par fenêtre : ça sent l'espoir....Le jour se lève...Défendez chaque désir, chaque rêve, ils sont à vous et peu importe s'ils ont des contours imprécis.Bon samedi chers amis... commencez-le par un bon café
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lisaalmeida · 29 days
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ET LE JOUR SE LEVE
Lorsque le jour se lève, doux comme une caresse...
Met un pied devant l'autre avec délicatesse...
Partage cette énergie aux puissantes promesses...
Car la vie est bien là, débordant d’allégresse...
De victoires, de sourires mais aussi de tendresse...
Au plus profond de toi, ressens la liberté...
Qui te semble entravée mais jamais enchaînée...
Garde toi des instants pour rire et t'amuser...
Sans penser à demain, avec légèreté...
Tu as tous les pouvoirs dont celui de rêver...
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amoureusedesmots98 · 7 months
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Sur ton chemin l'étoile qui se lève
Longtemps encore ébouira tes yeux...
Un jour tu sentiras peut-être
Le prix d'un cœur qui nous comprend,
Le bien qu'on trouve à le connaître,
Et ce qu'on souffre en le perdant...
Alfred de Musset
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smalltalksrp · 23 days
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Annapolis (Maryland) Le jour se lève. Avec lui, le soleil et des milliers de destinées en attente d’être réalisées. Le quotidien aussi. Balades dans les rues historiques ou sur les plages, les pieds enfouis dans le sable chaud. Des baisers envoyés aux gamins en route pour l’école. Se préparer à affronter une nouvelle journée, le sourire un peu forcé au bord des lèvres, pour faire publier les traits tirés et mieux dissimuler les petits secrets. Personne n’a besoin de savoir. NOYER L’ESSENTIEL dans les petits bavardages entre voisins, collègues et connaissances. Donner l’impression de maîtriser. JAMAIS UN MOT PLUS HAUT QUE L’AUTRE Le cœur sur la main, toujours. ensemble, on est plus forts. Jamais laisser voir les petites fissures abîmer le tableau. Jusqu’à ce que la nuit tombe. Quand les volets sont tirés et les portes barrées. Quand les masques tombent et quand l’on se croit seul, seul au monde, mais surtout seul face à soi-même.
SMALL TALKS, c’est l’histoire d’une ville historique implantée sur la côte Atlantique des Etats-Unis, dans le Maryland. Délibérément ouvert et vague, le contexte du forum est voué à évoluer au fil des intrigues et désirs de ses membres, que ce soit de manière douce ou chaotique !
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e642 · 13 days
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Le point de non retour relationnel, je le ressens comme un long soupire. Un élan pour arranger les choses, et puis, finalement, se résigner à les laisser tel quel. Un "ça ne sert à rien" chuchoter doucement mais constamment. C'est quand tu sens que ça t'impacte toujours mais plus de la même manière qu'avant. Tristesse s'est changée en colère et inquiétude en lassitude. C'est quand le ratio contribution/rétribution d'une des actions que tu t'apprêtes à faire se fait instantanément. Où avant il fallait peser le pour et le contre, là, ça s'impose à nous. Sûrement aussi quand tu ne t'arrêtes plus sur aucune inattention, manque, maladresse, tu te dis que c'est pas grave là où avant ça l'était. C'est cette perte de significativité. Cette indifférence de l'indifférence de l'autre. Il n'y a plus de conditionnel, on est plus dans le aurait pu, aurait dû, j'aimerais que, pourrait faire. C'est plus une question d'attente parce que, petit à petit, ça germe, un jour on se lève et on attend définitivement plus rien de quelqu'un. C'est sûrement ça l'acceptation. Non pas que la relation soit acceptable ou qu'on se résolve à la laisser s'atrophier, au contraire, je crois que c'est à ce moment là que naît le déclic. Le saisir c'est dur, s'en dessaisir l'est peut-être davantage même s'il n'y paraît pas quand on est dans le présent. J'ai toujours trouvé ça surprenant le travail interne qu'il se passe en nous. En les autres. Je ne crois pas qu'on puisse toujours être sûr de se lever émotionnellement intact et indemne de la veille. Ça arrive comme ça. Un jour la réserve est épuisée là où tu pensais pouvoir puiser indéfiniment. La plupart des mises à jour émotionnelles sont libératrices, parce qu'on peut enfin avancer, ou concevoir qu'on puisse avancer, mais elles sont douloureuses aussi. Si ça fait mal c'est parce que ça appelle à faire fatalement des choix qui seront visiblement peu anodins. Il n'y a rien de plus effrayant que de faire un choix en réalité. C'est pas le faire le problème, c'est l'issu, les répercussions, les conséquences. Au fond, c'est compliqué de se dire qu'on saura si notre choix nous dessert uniquement quand il sera fait. C'est pour ça que beaucoup en font peu ou le moins possible en comptant sur le reste du monde pour le faire à leur place histoire de se sentir parfaitement intègre et léger. C'est sûrement ça que j'attends aussi. J'ai toujours voulu qu'on choisisse pour moi. Cependant, je sens au fond de mon cœur cette urgence de prise d'initiative et de décision. Ça me fait mal constamment. Je me demande pourquoi ce serait à moi de faire certains choix alors que j'y suis seulement poussée. C'est injuste. Pourquoi je devrais être maître des conséquences alors que je n'ai pas été maître de l'arrivée du choix ? Pourquoi la lâcheté de certains devraient nous pousser à avoir le courage de faire des choix qui nous appartiennent certes mais dont nous ne sommes pas le décisionnaire réel ?
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Le vent s'engouffre avec insolence par les planches disloquées du vieil hôtel. Edgar, le tenancier à la gueule burinée, frotte un verre avec un torchon qui a connu des jours meilleurs. — Tu crois qu'ils vont pointer leur nez aujourd'hui ? lâche Clara tout en jouant avec le vieux poste qui crachote un air de jazz. Edgar pose le verre et contemple la poussière dansante dans un rayon de lumière. — Ils reviennent toujours ! Pour le charme de l'ancien monde. La porte couine et Monsieur Léon, l’habitué, fait son entrée. — T'as gardé mon poison préféré d'avant-guerre, Edgar ? Son clin d'œil est aussi brillant que sa calvitie. — Pour toi, toujours, rétorque Edgar en tirant une bouteille cachée sous le comptoir. Clara sourit. — Et comment va votre dame ? — Mieux qu'ce vieux rafiot ! s’esclaffe Léon. Elle pense que je vais taquiner le goujon. Si elle savait que je viens m'abreuver d'réminiscences… Soudain, une gamine à l’air débrouillard et au reflex en bandoulière débarque. — Je peux shooter ? C'est d'la balle, on se croirait flanqué dans une autre époque ! Edgar lui lance un regard entendu. — Vas-y, mitraille. Mais même en rafale, ton appareil ne capturera jamais les histoires… La gamine s'installe, son œil vif cherchant l'angle parfait. — J'suis là pour les histoires cachées, moi. Léon lève son verre, amusé. — Alors, t'es au bon endroit, môme. Ici, chaque recoin a son récit. La porte grince une nouvelle fois. Une silhouette encapuchonnée s'avance, brandissant un avis de démolition. — Dernière tournée les croulants ! crache-t-elle d'une voix sinistre. Les regards se croisent, voguant sur le silence lourd que l'intrus vient d’imposer. L'éclat de rire de Léon résonne, défiant le futur. — Immortalise ça, gamine ! Quand les murs tomberont, nos fantômes danseront encore. À la vôtre pour l'éternité !
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homomenhommes · 2 months
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saga: SOUMISSION / DOMINATION 102
Le dimanche matin, je sors du lit avec Marc, laissant Jimmy dormir et récupérer de ses exercices de la veille.
Comme la veille, le café est chaud et nos beurs déjà en service. Marc les félicite pour leur promptitude et il leur demande si ça va, si le " plan serviteurs " n'est pas trop pesant. Samir nous répond que non, ils sont très contents de leur sort. Ammed nous dit que le fait de pouvoir être ensemble est sans commune mesure avec le fait de nous servir. En plus c'est un de leur trip, Samir ayant pris l'ascendant ils ont trouvé leur équilibre entre sentiments, domination, services et servitudes. Puis surtout ça leur permet d'être ensemble deux jours et demi par semaine.
Nous sommes rassurés, et déjeunons tranquillement jusqu'à ce qu'Eric descende à son tour. Nous restons avec lui le temps de son propre petit déjeuner. Il nous demande où est Jimmy. Nous répondons qu'il dort encore, épuisé par les nouveautés de la veille. Eric nous dit qu'il avait rarement vu un néophyte avec d'aussi bonnes dispositions depuis moi-même. Je lui dis qu'il est encore meilleur que moi, vu que c'est dès le jour d'après son dépucelage qu'il a réussi à prendre ses 26cm dans le cul !
Parler de lui à du le réveiller. Nous le voyons descendre l'escalier juste vêtu d'un des shorty Calvin Klein qui moule à la perfection son petit cul, se frottant les yeux.
Quand il nous repère, il sourit. En face de lui trois imbéciles en train de fondre devant la vision de l'innocence incarnée. Il fait le tour de la table pour nous faire la bise puis embrasse Samir et Ammed.
Ce dernier lui sert un petit déjeuner pantagruélique dans lequel il picore comme un oiseau. Quand il se lève, il vient me voir pour me demander ce qu'il doit faire. Je passe ma main dans son dos et la descend sur ses fesses. Il ne dit rien. Je passe ma main dans son shorty et du bout des doigts je vérifie l'élasticité de son anneau. Il me dit qu'il a ôté son plug en se levant pour faire ses besoins et qu'il est dans la salle de bain. Je mouille mon majeur et replonge dans son slip. Son anneau est bien fermé. Je lui dis de bien serrer et essaye de nouveau. Sans gel il ne m'est pas possible de glisser mon doigt. C'est bien ! Pas d'ersatz de chatte pour mes clients, juste un cul bien serré.
Il me demande si je suis content de lui. Je lui dis qu'il ne doit plus changer et rester comme ça, aussi mignon et l'anneau bien musclé (pour les clients ;je préfère le garder gracile même si personnellement je serais tenter de le transformer en petite boule de muscles).
Marc me demande à qui je réserve la primeur de Jimmy. Je lui dis préférer Xavier. Même si c'est pas le moins bien monté des TTBM, il saura faire attention et il appréciera le geste. Les autres attendront leur tour.
Je contact Jean pour lui demander si il m'a trouvé ma seconde perle rare. L'équivalent blond de Jimmy. Il me dit de venir voir samedi matin, il y aura deux de ses sélections. Je lui demande si il y a de bonne chance que l'un me plaise car je devrais annuler mon cours avec son père. Il me dit qu'il en est presque sûr. En attendant on se revoit mercredi pour une de ses dernières passes. Je discuterai avec lui de son passage en continu chez le mec qui avait flashé sur lui lors de son premier gang bang.
Le reste de l'après midi, je reprends l'éducation de Jimmy. Je fais surtout du comportemental, comment se présenter, se mettre nu soit directement soit sensuellement (ce qu'il fait avec un naturel déconcertant). Je corrige aussi partiellement son langage et ses constructions de phrases. Sans réussir, ni essayer d'ailleurs, de gommer tout son accent, je pense que j'en aurai pour quelques mois de travail ! je tiens quand même à lui garder une spécificité de " banlieue " !
Il est très enthousiaste et quand il s'aperçoit que je bande, il se colle à moi et se frotte à ma bite. Quelle belle salope ! je me laisse faire et bientôt il est à mes genoux en train de me téter comme si sa vie en dépendait. Il fait doucement baisser ma bite en tirant vers le bas mes couilles. C'est bon mais surtout ça lui facilite le travail. Comme cela il arrive à faire une gorge profonde et mon gland se trouve de nouveau serré derrière son larynx. Eric nous cherche car il rentre tôt (probablement un plan cul pour le soir !). Ce qu'il voit le fait bander et il ne peut s'empêcher de poser sa main sur les fesses de Jimmy. Il le caresse avant de le tirer vers le haut. Jimmy n'arrête pas sa pipe, même quand Eric lui descend son slip aux genoux. Il a même tendance à écarter les cuisses !
Devant la rondelle si gentiment offerte, Eric dézippe sa combi et sort ses 26 cm déjà bandés. Je lui rappelle la kpote. Il en enfile une vite fait et alors que j'écarte moi même les fesses de Jimmy, il pose son gland et s'enfonce dilatant l'anus. J'ai une vue du dessus superbe. La grosse bite noire d'Eric en train de défoncer le cul très pâle de ma nouvelle petite pute. Chacun de ses coups de reins enfonce ma queue au plus profond de la gorge de Jimmy. Ce dernier ne s'étouffe pas plus qu'il ne tousse à l'envahissement régulier de sa gorge. J'ai l'impression d'avoir trouvé un corps exceptionnel.
- Il est hyper souple, avec un peu d'entraînement il pourra faire le grand écart et quand il se roule en boule il arrive à se sucer quasi totalement. - Ses premières enculades n'ont pas l'air de laisser de traces sur son anus et son trou se referme complètement en une heure si j'en crois les effets des passage d'Eric. - Sa gorge s'ouvre aussi bien pour les gros calibres que pour ma propre queue sans effets secondaires (toux, étouffements, voix grave).
Je ne pense pas que le blondinet que va m'avoir trouvé Jean soit aussi bon.
Avant que Samir rentre chez lui en déposant Jimmy, Marc tient à le tester de nouveau. Il nous appelle de son bureau. J'entre avec Jimmy sur mes talons. Marc est à son ordi. Je dis à Jimmy de passer sous le bureau. Il se met à 4 pattes et bientôt j'entend les bruits caractéristiques d'une pipe. Marc impassible encore continu à travailler. Devant moi, les fesses de Jimmy sont moulées dans son slip. Je n'y tiens plus et à mon tour, je le lui descend aux genoux et après avoir enduit deux doigts de ma salive, les lui enfonce dans la rondelle. Pas de mouvement d'évitement. Il prend tout comme le vaillant petit soldat qu'il est. Je préviens Marc que je vais lui préparer le " terrain ". il me dit OK. Je m'agenouille, fait glisser son slip jusqu'à ses pieds pour pouvoir lui écarter les cuisses. Puis j'avance et avec juste un peu de salive sur le gland, je commence la pénétration. Il s'est bien refermé après le passage d'Eric et je dois forcer un peu pour entrer totalement. Si je ne le savais pas, je ne pourrai imaginer qu'il vient de se faire sodomiser par un 26 x 7 à la base ! Son boyau me colle bien à la bite. c'est chaud souple mais encore bien résistant. J'aime ça et je pense que je ne serais pas le seul.
Bien rodé, je quitte son cul et le propose à Marc. Il me dit Ok et recule son fauteuil, arrachant sa bite de la bouche de Jimmy. Je dis alors à ce dernier d'aller s'asseoir sur les genoux de Marc. Il a vite compris et une jambe sur chaque accoudoir, il s'assoit sur le gland de Marc. Tout doucement, il baisse ses fesses jusqu'à les poser sur ses cuisses. Il reste quelques instants tournant légèrement le bassin pour bien tout prendre. Puis, accroché aux épaules de Marc, il commence à monter et descendre. J'entend Marc lui dire que son anneau le serre bien. Oisif, je m'approche d'eux et passe ma main à la jonction de leurs corps. Je tâte, la rondelle de Jimmy supporte bien l'assaut. Elle colle à la circonférence de son envahisseur. Je m'agenouille et ne peut me retenir de poser ma langue dessus. Je passe des boules de Marc à la rondelle de Jimmy. Les deux protagonistes ont l'air d'apprécier. Il est encore trop tôt pour envisager une double sodo mais c'est pas l'envie qui me manque !
Samir qui cherche Jimmy pour le ramener chez lui nous trouve dans cette position. Je me redresse et lui redit mes remerciements pour m'avoir donné Jimmy. Comme je bande sec et que ce dernier est encore occupé avec Marc, Samir se penche pour engloutir ma queue. Trop bon nos beurs !! J'appui mes fesses sur le bord du bureau et ferme les yeux. Seul le bruit lointain de la sodomie romps le silence. Samir me suce que c'est trop bon. Vorace, il essaye de me faire exploser dans sa bouche. je résiste et le repousse pour me juter dans la main. J'approche de Jimmy et lui fait boire mon jus tout frais. Sans cesser de chevaucher Marc, il avale tout, retenant ma main pour lécher le sperme glissé entre mes doigts. Marc ne tient plus et la vue de la langue vicieuse contourner les phalanges pour aller chercher la dernière goutte de sperme l'achève. Il attrape les hanches de Jimmy et le maintien collé à ses cuisses. Quelques soubresauts de l'ensemble nous fait dire à Samir et moi qu'il est en train de le doser grave. Sans se toucher Jimmy s'épanche sur les abdos de Marc. Il les nettoiera de sa langue quelques instants plus tard.
JARDINIER
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smokygluvs · 9 months
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Le Clan des Siciliens (1969)
By the time he made Le Clan des Siciliens, Jean-Alexis Montcorge (better known as Jean Gabin - 1904-1976) had ben around for a very long time.
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Having begun his film career in 1930, by 1969 he had starred in some of France's greatest films noirs and was an icon of French cinema.
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Like many men, for me he got more handsome as he got older and greyer.
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Apart from this film, it's also worthwhile checking out: Le Jour se Lève (1939), Touchez pas au Grisbi (1954), Le Cave se Rebiffe (1959) and a number of Maigret adaptations. He's not the best Maigret - in French or English - but Gabin with a pipe is worth watching.
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