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#Nos derniers regrets et si j’avais su...
benislesgrandscons · 4 years
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Ma petite poule,
Je n’ai pas toujours su t’aimer. Je ne t’ai souvent rendu que le souverain mépris de mon indifférence.
Les évènements que tu connais ont précipité la plume et je souhaiterais qu’elle nous soit à tout deux favorable, agréable à lire et à se dire, comme le dernier mot aussi plein d’amour que bref que l’on chuchote à l’oreille d’un enfant tout prêt à s’endormir. Comme tu le sais, ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…
Un soir comme un autre, je rencontrai une petite chose très prolixe dont les idées s’articulaient avec précision et beaucoup d’enthousiasme. Il faut pouvoir le dire : rares sont celles qui retinrent mon attention avec autant d’intérêt comme cette nuit où nos voix s’unissaient dans le fracas des bouteilles et les effluves de cigarettes. Tu pourras penser : rares sont celles avec qui l’on peut laïusser jusqu’au chant du coq sur la différence entre une consécration épiscopale et une intronisation primatiale, ou tout autre chose de ce tonneau-là n’en gardant pas un souvenir tout à fait clair. Toujours est-il que de cette nuit, il fallut en occasionner de nombreuses autres. Tous nos soirs portaient leur lot de délices ; j’étais bien avec toi, la petite sœur en esprit que je n’ai jamais eu, qui s’intéressait et qui m’apprenait aussi. Au-delà des idées dont tu ne manquais pas, je découvrais une créature plus sensible que je ne me l’imaginais et si je devais avoir de la considération pour ton esprit, je devais aussi aimer ton cœur que je ne voulais pas voir – par lâcheté – si caressant. Les devoirs que nous attendions l’un envers l’autre n’étaient pas égaux.
Quand tu me désirais un peu davantage chaque jour et que, semble-t-il, tu voulais lier ta destinée à la mienne, j’ai piétiné le don entier de ton cœur. Gros comme une maison, que tu écorchais et m’offrais dans un charmant coffret que je me dis qu’il fut en ivoire un peu élémentaire mais délicatement tendu de velours. De ceux que l’on offre à une communiante pour y mettre ses premiers objets de dévotion. Un coffret d’autant plus précieux qu’il était fragile, et contenait toutes les belles images des dix-sept ans, héritées de l’enfance la plus aimable, d’histoires saintes et de livres de contes quand, enfant, tu rêvais de princesses humiliées et de preux bariolés de rouge et d’or. Ou de la petite Bernadette, qui, à Lourdes, fit de sa pauvreté le rempart invincible de sa foi. Voila. Je n’ai pas su saisir le trésor fragile de ton enfance. C’est là, sans doute, le crime dont je me suis rendu coupable le plus digne des flammes. Il n’y avait pas de trésor plus estimable que le sourire soulignant tes grands yeux clairs humides. Et je ne l’ai pas vu. Ni encens, ni or, ni myrrhe, il n’y avait que ton être que tu m’abandonnais tout entier, rituellement, dont la patience, la générosité, l’amitié étaient les matières brutes. Trésor, trésor, trésor, tout trésor. Tu les présentais devant un veau biblique, gavé de tout et ne les a jamais estimés. Mais, au fil du temps, toutes les parures qui décoraient son existence disparurent devant le mensonge des uns, la tromperie des autres, et très vite, il ne lui restât qu’un petit morceau du cœur que tu lui donnais encore, inlassablement, serré dans ta main. Tu gardais plus de volonté dans ce cœur que dans ta carne épuisée par la vie que je t’avais imposée et qui te massacra dans la chair comme dans l’esprit. J’achevais ainsi de continuer le traumatisme de l’enfance en le multipliant à l’âge de ce que les modernes appellent l’adolescence. L’évocation de ta maman était toujours un moyen pour toi de supporter tes propres faiblesses. Je ne l’ai pas saisi et je me suis rendu coupable d’un second crime : l’absence.
Bien que douée d’une force peu commune pour une jeune fille de ton âge, tu as livré le tragique de ton intimité familiale à ma commisération. Dès lors, je ne n’avais aucun droit de te laisser seule mais, évidemment, je n’étais pas près de toi chaque fois qu’il eût fallu sécher une larme ou avoir un mot. Les vieilles cicatrices se rouvraient, trop peu soignées par celui que tu avais nommé, en quelque sorte, son médecin de campagne, dispensant comme il le pouvait ses prodigalités sous une tente éventrée avant de déserter lâchement. Je tentai de combler ton empire maléfique, terrestre, par les objets, les robes, les bijoux. Tu ne les as pas refusés parce que jeune fille, qui plus est ayant manqué de tout, mais tu ne les désirais pas comme la sincérité du cœur et la bienveillance des actes. Je ne l’ai pas compris, et l’ayant pourtant souhaité, j’ai cru bon pouvoir installer un équilibre qui profiterait à chacun. Le confort que je t’apportais justifiait ma part de liberté indigeste mais ne t’étant pas tout dévolu comme on dédicace une basilique, j’anéantissais le peu que je donnais. Je perdais mon temps et, plus grave, je te volais le tien. J’imaginais te convaincre par mes tours grotesques, j’avais commis un impair de plus en mésestimant ton intelligence. Ta pugnacité t’a toujours donnée raison et ma honte n’en a été que plus cuisante. Me voilà alors nu devant toi, désinhibé après une soûlerie trop grasse, le carillon dans le chapeau et la suprême crainte de ne jamais pouvoir me faire pardonner. Car si la souffrance t’a appartenu longtemps, à toi seule, sache qu’elle s’est faite mienne bien à mon insu. Le cœur plein de regrets pour seuls bagages.
A l’heure où je t’écris, ma petite poule, je n’ai que le souverain désir de racheter mes fautes et de t’aimer. Je te l’ai dit plusieurs fois, avec peut-être quelque accent outrancier : jamais amour n’eût plus de sens qu’avec toi et s’il existât autrefois de quelque manière, ce n’était qu’en forme de préfiguration d’un bien plus grand. Ainsi, la page qui suit la présente devra être écrite à deux. Elle ne peut souffrir d’encres qui ne seraient pas mêlées pour bâtir, ici-bas, ce foyer que tu désires, que je désire, que nous désirons tant. Quelle belle aventure quand tu y penses ! Oui, je nous souhaite une descendance profuse, un corps de ferme au bord de l’eau, les cloches de l’église sonnant les saisons, la foire aux oignons, les caves à vin, le marché à fromages. Rien que de très classique, et pourtant tu noteras que jamais je n’embrassai tout ceci aux heures que je pensais les plus exotiques de ma jeunesse. Ma maison et ma femme, voici les seuls horizons exotiques. Un jardin où me perdre avec les enfants, un potager pour faire comme si nous y connaissions quelque chose ; de la betterave raide à la carotte à moitié morte, nous ririons. Là, les herbes médicinales dont la plantation minutieuse aura été méditée par les conseils de sainte Hildegarde ; ta passion pour les bonnes plantes ! Et puis le whisky près de l’âtre, et puis les stères de bois à rentrer, et puis le tricot sur le dos de nos enfants, et puis les casseroles en cuivre au-dessus du four, et puis le parquet exhalant la cire d’abeille, et puis le linge aux senteurs plurielles ; lavande, coquelicot, et puis les tablées avec tous les nôtres, et puis toi au milieu de tout ce monde que nous aurons bâti, toujours avec la même bobine de perdreau de l’année, ta fraîcheur, ta volonté de faire. Aventure interminable ; le kir offert au curé, les obsèques de la poissonnière amie de longue date, la fête au village, la brocante où chiner les bondieuseries, les comices agricoles où taper le cul des vaches en lançant tout de go au brave laitier : « en voilà une belle bête ! », vivre, simplement… Quoi ? Nous n’y sommes pas et Dieu ! J’y suis comme en rêve.
Je ne sais pas bien ce qui te retiendra pour relever pareille gageure qui, venant de moi, paraîtrait tout à fait effrontée. Qu’importe, j’ai joué mon va-tout. Oh, nous aurons sûrement des moments, bien sûr, c’est le lot de tous les mariages. Et puis ? J’ai choisi ma petite poule. Je fais serment de l’aimer, j’en veux pour témoins les miens, ceux de la terre comme ceux qui sont au ciel. Je n’ai pas autre espérance que toutes images, toutes ces saveurs qui s’enracinent chez moi. Que tout cet amour qui, à l’image de l’arbre de Jessé, est digne du vitrail qui doit durer. Je souhaite, qu’au cœur de l’obscurité, nous aurons encore la chance de voir poindre çà et là ces quelques taches lumineuses. Comme quelques étoiles pour s’inspirer l’un à l’autre la victoire sur la ténèbre.
Je t’embrasse, pour toujours.
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Métamorphose
    Les souvenirs fanés n’ont pas d’odeur. Lorsque les bribes d’émotions persistantes des derniers instants s’envolent, il ne reste plus rien qu’un absolu néant. Nous restons pourtant obstinément là, à humer vainement le bouquet sec de notre vie avec d’amers regrets que l’on tente de cacher aux autres, et pire encore, à soi-même. Ces pétales décolorés jonchant la table de frêne, tels les morceaux épars d’une existence que l’on ne reconnait même plus, n’évoquent plus rien désormais.
    Une légère brise s’infiltre entre les battants d’une fenêtre entrouverte et déplace chaque élément ; semant le chaos, ou bien au contraire amenant un peu plus d’harmonie, nul ne saurait le dire. Que ne donnerai-je pour sentir ne serait-ce qu’une once de l’influence du passé ?
     Il arrive que, dans de très rares occasions, une fugace perception de notre histoire s’impose à nous, nous rendant alors esclave du moment. Trop heureux de sentir de nouveau, on ne peut qu’accueillir avec gratitude ces instants bénits, qu’il s’agisse d’un souvenir de bonheur ou du plus humiliant évènement que l’on ait connu. Je garde toujours sur moi ce carnet noir dans lequel je consigne ces inestimables moments de clairvoyance que je ne peux me permettre de perdre une seconde fois. Lors de cette heure particulière pourtant aussi bien le nom de « tard le soir » que celui de « tôt le matin », il m’arrive de me replonger dedans, fermant les yeux et effleurant du bout des doigts les courbes irrégulières de ma calligraphie dans l’espoir de capter un vestige de mon passé.
     Le 4 janvier 2011. Jour très particulier, ce fut la première fois qu’un souvenir fané se présentait à moi. Ce jour-là il avait neigé, ce qui n’étais pas arrivé depuis si longtemps que nous avions presque oublié ce à quoi la neige pouvait ressembler et l’effet que la vision du jardin recouvert de poudreuse pouvait nous procurer. Mécaniquement, je me levai avec les premières lueurs du jour, n’étant pas un être nocturne comme peut l’être le reste de ma famille. En déplaçant les battants de mes volets, j’aperçu de petits morceaux de coton tomber délicatement de l’azur et venir s’échouer au sol, déjà blanchit pendant la nuit. Malgré le froid glacial qui régnait à l’extérieur, j’ouvris la fenêtre et tendu ma main vers ce merveilleux spectacle. Le contact d’un flocon sur ma peau brûlante fut le déclencheur mémoriel qui m’a ramené des années en arrière ; mais cela ne dura, à mon grand regret, qu’une fraction de seconde.
Nous étions dans le jardin, mon frère et moi, munis de nos horribles combinaisons, rouge brillant pour lui et bleu électrique pour moi. Il avait eu la formidable idée de grimper au sommet de notre terrain avec sa luge et comptait bien descendre jusqu’au grillage séparant notre demeure de celle de nos voisins, environ une centaine de mètres plus bas. Je m’entends encore lui crier de ne pas le faire ; bien évidemment il ne m’a pas écoutée. Il a terminé sa course dans un tas de neige mais la luge n’ayant pas eu cette chance, elle est allée se briser contre les maillons de fer. Au lieu de le sermonner, je l’ai aidé à cacher les preuves de sa bêtise. Le méfait accomplis, nous avons enchaîné avec une bataille de boules de neige, la confection d’un bonhomme particulièrement effrayant ; on l’aurait cru tout droit sorti d’un film d’animation de Tim Burton ! Le temps d’un instant, j’ai entendu nos rires complices résonner en moi, j’ai senti la morsure du froid sur le bout de mon nez et le goût étrange de la neige sous ma langue. Lorsque je suis revenue à moi, je me suis empressée de tout consigner dans ces feuillets reliés de cuir noir, consciente de la chance que j’avais eu.
     Un autre jour de rétrospection fût le 6 juin 2016. C’était une douce soirée lors de laquelle nous étions tous les quatre dehors, essayant de profiter des derniers rayons du jour. La chanson « Perfect » de Pink est alors passée sur la station que nous écoutions, me renvoyant à ma tendre adolescence.
Il n’y avait que Maman et moi, nous étions en voiture et rentrions à la maison après une journée en ville. L’ambiance était glaciale dans l’étroit habitacle, nous n’avions cessé de nous disputer pour des idioties : elle fatiguée par une semaine de déplacement et moi stressée par l’approche des examens. Nous avons toutes deux des caractères forts et sommes rarement sur la même longueur d’ondes. J’observais les paysages de campagnes environnantes défiler en l’entendant souffler à côté sur le volant. Sans raison apparente, elle a monté le volume de la radio au maximum en ouvrant les fenêtres de la voiture, puis s’est mise à crier les paroles. Cachant mon sourire, je l’ai accompagnée, tentant de couvrir sa voix peu harmonieuse par respect pour les oreilles des piétons que nous croisions. Lorsque la mélodie prit fin, elle a baissé le son et nous avons ris comme deux fillettes, réconciliées par ce précieux instant de partage. C’est une chanson qui compte énormément, pour elle comme pour moi. Elle est un pacte silencieux entre nous, la promesse que nous parviendrons toujours à nous retrouver, quelque soit ce qui nous à éloignées. C’est ainsi avec les êtres que l’on aime profondément.
     Le 21 septembre 2017, j’avais promis à mon ami Thomas que je viendrai l’aider à préparer le gymnase pour les enfants participant à la colonie de vacances dont il s’occupait. A l’instant où mon pas discret franchit la ligne rouge délimitant le terrain de basket le passé me happa.
J’étais assise derrière le banc des remplaçants, la jambe endolorie recouverte de gel frigorifiant, les yeux écarlates baignés de larmes. Mes équipières se démenaient sur le parquet pour remporter le match, peut-être aussi pour venger le coup violent que j’avais reçu et qui m’empêcherait de jamais reprendre la balle orangée. Mon regard se posa sur les spectateurs, à la recherche de Papa. Je n’ai vu alors qu’une immense déception. Comment cet ancien champion universitaire avait-il pu engendrer un être si faible et si incompétent ? Le basket avait été toute sa vie de nombreuses années auparavant, voici pourquoi dès que j’ai su marcher il s’est autoproclamé mon coach et m’a fait enchaîner les séances d’entrainements. Des heures de travail supplémentaires, des remarques acerbes quant à mon jeu, toujours plus de pression sur mes épaules, tout ça pour une blessure qui, à terme, met fin à tous ces rêves d’avenir qu’il avait pour moi. Le genou a été touché, il n’y avait plus rien que nous ne puissions faire. Je suis un échec. Son échec. C’est ce que j’ai lu dans ses yeux à cet instant précis. J’ai toujours fait tout ce qu’il attendait de moi, mais ce n’est jamais suffisant. Je peux compter sur les doigts d’une seule main le nombre de fois où il m’a dit qu’il était satisfait de moi, je ne parle même pas de fierté ; je pense que ce terme n’a jamais fait partie de son vocabulaire, ou du moins pas depuis ma venue au monde.
Après ce match, j’ai subi une opération chirurgicale, des mois de rééducation, et je n’ai jamais remis les pieds dans un gymnase. Excepté aujourd’hui, pour aider Thomas. La sensation du parquet sous mes pieds et la vue des paniers m’avait manqué. Je n’ai pu empêcher une perle salée de rouler sur ma joue en pensant à tout ce que j’ai perdu ce jour-là, certainement l’un des plus éprouvants de ma jeune existence. J’ai cependant consigné ce souvenir dans mon carnet ; qu’il soit bienheureux ou teinté de douleur, il fait partie de moi. Comme chacun des précédents. Ils me permettent de savoir qui j’étais, qui je suis, qui je veux être. Pourquoi dois-je espérer un heureux hasard pour revivre ses moments et devoir les graver sur le papier afin de ne pas les perdre ?
      Je regarde tour à tour les feuilles noircies de ma vie et le bouquet de roses fanées présent sur mon bureau, en me demandant pourquoi les choses sont ce qu’elles sont. Et soudain je les imagine telles qu’elles pourraient être en me disant « pourquoi pas ? » Nos souvenirs sont ce que nous avons de plus précieux, ils nous forment et nous transforment, je ne veux plus en perdre aucun. Je repense à ces quelques mots écrits par Boris Cyrulnik : « Tout rêve d’avenir métamorphose la manière dont on éprouve le présent. » Aujourd’hui seulement je comprends l’importance qu’ils peuvent avoir sur chacun d’entre nous. Que se passerait-il si je changeais ma façon de voir l’avenir ? Que se passerait-il si je peignais le tableau de mon existence avec l’espoir et la confiance plutôt que les regrets et le mépris ? Peut-être alors mes souvenirs persisteraient et trouveraient leur sens. Après avoir lacé la couverture de cuir du carnet, je remplace donc ce bouquet séché par de jeunes bourgeons cueillis dans le jardin, attendant l’arrivée des souvenirs parfumés par cette métamorphose.
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yannsolol · 6 years
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Diamants bleus dans les cieux
J’ai toujours adoré sa couleur, bleue et profonde. Elle qui annonce la sérénité qui émanera de ses effluves empoisonnées. De mémoire, je l’ai toujours aimée, elle a su m’en remercier.
Elle est ma récompense, après chaque offense. J’aime la sentir venir, au fond de moi, tellement loin, toujours plus loin. Terriblement belle, miraculeusement douce ; aussi cruelle, sous sa frimousse. Forte dans mon sang, elle me manque souvent. On me dit qu’elle est mauvaise, insensible. Alors j’y pense quand je baise, j’ai des envies répréhensibles. Mais rien à foutre de ce calambredaines, car désormais c’est décidé, c’est bien elle que j’aime et je suis prêt à l’assumer. Si j’écris quelques vers, ce n’est pas par simple vanité, c’est pou clouer des becs, et aussi vous expliquer.
Elle ne ment jamais, ne laisse pas tomber. Elle est redoutée par le Monde dans sa rivalité. Monde qui n’a jamais accepté, qu’elle aime autant le colorier. Cette  couleur là fait peur, à la mauvaise humeur, à ceux qui réclament l’unicité. C’est la raison de vos malheurs, vous y voyez l’insanité
Ce qu’aujourd’hui je sais, ce que je répète ; C’est un fait, elle n’est, en réalité ; pas illusion comme vous le prétendez, mais représentation, un bel illustré, de votre austère contrition, et de vos tristes contrariétés.
Je me l’offre comme certains s”offrent une bonne pipe. Je n’en retire aucune honte, n’ayant en moi aucun principe. Deux, cinq ou plus dans une semaine, Elle m’emmène au ciel  loin d’ici-bas. De mon perchoir aérien, n’en doutez point. Je vous entend plutôt bien, même si ma tête fait mine de rien.
“Elle l’a conduit au fond, pauvre mineur encloisonné, rien que pour elle a tout donné. Dans le tunnel de sa fin, si on ne fait rien. de notre pauvre frère Sisyphe  dessous la Terre est condamné, et s’il persiste de creuser, il finira par en crever. La charité bien ordonnée, par ce gugusse doit commencer. Il nous incombe de l’aider, depuis sa tombe le décrocher. La bible nous a bien renseignés, c’est impossible de supporter, voir un homme sombrer”.
Ces mots  que vous vous susurrez,  je ne les entends qu’au passé. Les conseils des uns, n’est  pas secret, que nul autre n’aurait caché. Car une chose que vous oubliez, je l’ai choisi, trop tard pour changer. Changer de quoi et pourquoi ? De vie pas question, et pas d’avis. Le seul en qui j’ai foi, le seul truc qui vous laisse pantois, mais c’est mon choix, ce que je fais, c’est  sur ce bleu, que je vole désormais,
Ne me cherchez pas s’il vous plait, de bonne raison pour arrêter. Je suis seul, et c’est très bien. Qui peut s’en plaindre dans notre France ? Personne ici, sauf vo consciences. Alors, écoutez moi un peu, et retenez bien je le veux : vos petits jugements d’apparence, gardez-les pour vous, je m’en branle. De vos lois de ce chambranle Quoi qu’il arrive, moi j’ai choisi, autre chose de moins pourri. Je le refuse et ne m’en cache pas, je ne me tuerai pas, pour un patron qui me jettera. Je vis ma vie vie, quoi qu’il advienne, j’aime le changement, dans mon ADN. Bien insensible à grand regret, suis putrescible à vos rejets. Votre haine suppliante  se faisant, je me donne toujours à l’instant. Je m’abandonne au bien si j’en ai faim, et seulement s’envole le moment. Pourquoi remettre le possible de l’instant, ma vie se conjugue au présent ?
Nul ne peut me juger, j’ai décidé de me stopper. Vivre le passé ne a jamais fait avancer. S’attarder sur nos choix, s’inventer des regrets. Puis penser à cette fois, où je n’ai pas refusé, pour ensuite exploser en sanglots sur le plancher, pour repenser sans raison, à ce qui peut s’oublier. Ce qui aurait dû, ce que j’aurais pu, si j’avais su...  Je ne serais pas venu.
Certains vivent demain, réfrénant présent. Tout autant inhumain, négligent l’instant. Ils se promettent bonheur éternel, après labeur, travaillent à la peine. Puis il attendent tout le temps, le moment, ce moment, qui, ne viendra jamais. Celui qu’ils repoussent tout le temps. Ils cherchent toujours mieux demain, et oublient parfois, qu’un autre jour viendra, le dernier. Quand il viendra sans appeler, tous ces demains, tous ces projets ; sans cesse améliorés, ainsi donc ne viendront jamais. Ils en ont oublié la vie, ils en ont oublié la mort. Mais la mort n’est pas aussi folle, et les attend à ce tournant. Ils n’auront parlé qu’au futur, n’auront souri que dans leurs rêves. Mais une telle hypocrisie, ne pouvant rester impuni, les a conduit enfin à la fin. vivants pensant demain.
Alors, quand on me reproche de ne parler qu’au présent, je pense en moi-même, c’est le seul temps. Hier est parti, Youpi !. N’oubliant pas qu’il viendra le grand moment, cet instant. Ce jour fameux, on le comprendra, que demain ne viendra pas. Les gens, pas de remords, et pas d’espoirs. La vie pressée m’a expliqué, que rien de rien n’est jamais fait. Certains diront affamés, qu’il faut  remettre ouvrage sur le métier. C’est un peu con, j’ai préféré, etj’ai choisi, c’est Maintenant que vit ma vie. Regardez-moi, jugez-moi, enviez-moi ! Si un jour que le doute vous habille, Voyez, vos yeux vides, de souvenirs, que du possible. A chaque plaisir refusé, vous ne faîtes rien qu’empirer, ce qu’on appelle le devenir, cette masse qui me fait vomir, ce tas de merde, bon qu’à pourrir, et que vous appelez, sans gêne ni honte l’Humanité.
Je vous vois, je vous sens, du haut de mes cieux. Pour vous je suis seul, pourtant plus entouré. Que ce Monde qui juge, et croit condamner. Du bonheur, du plaisir, vous ne connaissez rien ! Je suis peut être isolé, mais au moins je connais. La sensation de bien-être, qui pénètre mon être, sentiment partagé,  que vous ne connaitrez jamais. Car un bon jour, votre morale hallucinée, a décidé, a décrété, que bien trop bien c’était mauvais. Souffrez donc si vous le voulez, mais pour moi c’est décidé. c’est dans ma lune que je vivrai avec le ciel juste à côté. Mes étoiles plein ma tête, chaque instant deviendra fête !
Dans le noir silence de minuit, je vous vois tous, ramassis de conneries. Du fond de mon hôtel bien planqué, Voie lactée. Je les sens bien fortement, tous ces gens. De regards assassins en propos malsains, pauvres sots mortifères, sans lumière. Je le sais bien, je suis jugé, toujours épié, et détesté. Je me suis peut-être mal exprimé ? Pourtant je ne vous ai même pas parlés.
Je pleure en riant,  et crie en me réfrénant, je vis en mourant, je le sais, je le sens. Nous ne sommes tous que des cadavres fiers et ignorants. Se sentant tellement vivants, simplement, car mouvants. Vivre, oui, mais pourquoi faire, dans quel sens vont nos vies ?
Je refuse de perdre la moitié de mon temps à raquer, juste pour avoir le droit d’exister. Existe t-elle l’autre moitié ? Vivre pour bosser, bosser pour vivre, expliquez moi donc intérêt ?
Je sens le Bien et le Mal en moi, car oui je suis et le Bien et le Mal que je fais, car oui, je suis et le Bien et le Mal qu'on me fait, car oui, je suis le Bien et le Mal que je sens. Je suis un et tout en même temps, une grenade d’un autre arbre fruitier, dégoupillée  allumée et chargée. Prête à exploser. Je suis multiple, nombreux et partout à la fois, en quête d'unicité pourtant quelquefois. Je suis toi, je suis lui, je suis elle, parfois même, je suis Moi, et tout ça à la fois.
Oh c'est violent crois moi...
Je suis proche de la frénésie, ressentant la folie, jusqu’au bout de mes nuits, prostré dans mon lit, insultant l’insomnie, dénigrant le paradis, et condamnant la vie.
De nuits éclatantes en nuits trop blanches qui me cafardent en idées noires, vient alors les envies, les pulsions puis la haine, universelle.
Je la rejette avec force, trop fatigué. Pour me combattre moi-même. Alors que simplement maintenant si je voulais. je serais tout à fait bien, suffisamment, pour tout calmer. Quelques grammes dans le sang, et quelques traces, au fond du nez.
C’est égoïste mais sinon, qu’en serait il ? j'ai autant peur d’homicide, que de commettre un nouveau suicide.
Les chats auraient neuf vies m’a dit Elsa. Lula elle n’y croit pas, mais elle n’a pas, vraiment de chat. Et tout au foi de moi, j’y crois, je sais pourquoi, Parce que je suis déjà mort huit fois.
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Vendredi 1er novembre 2019
Les cloches de l’église sonnent à toute volée. Ce détail m’aurait échappé si la Crapule n’avait pas commencé à grogner. Le bruit le gêne dans la poursuite de sa sieste. Je le caresse et lui intime le silence. Je suppose que les cloches appellent les croyants à une messe en hommage à nos morts, en ce vendredi premier novembre. Impie que je suis, je savoure mon bonheur d’être sous un plaid moelleux, Monsieur Poids Plume collé dans mon dos et la Crapule dans mes bras, plutôt qu’en route sous la pluie battante pour me rendre dans une église sombre et ouverte aux courants d’air.
Netflix interrompt notre épisode de Final Space pour diffuser un message. « La fin du monde, c’est pour demain. » parait-il. « Nous mourrons tous demain. Profitez du temps qu’il vous reste et dites adieu à vos proches. » conclut la séquence vidéo. Que vient-il de se passer ? Nous nous regardons, interloqués. Quel plaisantin au goût douteux a piraté Netflix ? Notre série recommence. Elle est de nouveau interrompue peu de temps après. Nous nous agitons dans le canapé, agacés, et la Crapule nous regarde d’un œil mauvais. A la troisième interruption en l’espace de quelques minutes, le visionnage de l’épisode devient trop pénible. Nous nous arrêtons là. Je jette un coup d’œil à mon téléphone. Maman : trente-six appels manqués. J’ai beau avoir vingt-sept ans, je réfléchis à toute vitesse : « Ai-je récemment fait une bourde susceptible de lui donner envie de me téléphoner jusqu’à ce que je décroche pour me passer le savon du siècle ? ». Non, pas que je sache. Je la rappelle.
« La fin du monde, c’est pour demain. » me dit-elle. L’information passe en boucle sur les chaînes de radio et de télévision. Je lance une recherche sur Internet pendant qu’elle parle. Des experts – qui, je l’espère, auraient choisi une autre tenue s’ils avaient su qu’ils passeraient à la télévision aujourd’hui – expliquent, le souffle court, qu’une pluie d’astéroïdes va s’abattre sur la Terre et la transformer en brasier. Ambiance. Monsieur Poids Plume fait le même travail de recherche que moi. Je croise son regard, il me sourit tristement. Lui aussi a-t-il pensé « Au moins, ça nous fera un peu de chaleur en ce mois de novembre pluvieux. » ? Je continue de naviguer de page web en page web. Je les lis en diagonale. Trump parle d’envoyer une mission spatiale désintégrer les astéroïdes, un scientifique pond un galimatias pour expliquer en quoi c’est impossible. Résumé de ses propos ? « Parce que c’est trop peu, trop tard. ». Sur Youtube, un adepte de la théorie du complot, surexcité, narre que les classes politiques embarquent en ce moment-même à bord de bolides de l’espace pour se préserver tandis que nous allons tous mourir sur Terre. Macron appelle les Français à l’unité dans ces moments de trouble. Je salue l’euphémisme.
Ma mère me demande si je compte rejoindre notre famille pour ces dernières heures. Je n’en sais rien. Péniblement, je raccroche et Monsieur Poids Plume et moi débriefons. La conclusion ne tarde pas à tomber : puisque nous n’avons pas le temps de nous organiser pour voir tous nos êtres aimés, autant les appeler et profiter de la soirée ensemble.
Je rappelle ma mère. Elle comprend ma décision. Les adieux n’en sont pas moins déchirants. Il en va de même avec ma grand-mère et d’une grande partie de ma famille. Ma sœur, terrifiée par la mort depuis toujours, réagit violemment. Elle et son mari rejoignent le reste de ma famille. Elle s’étonne que nous ne souhaitions pas faire de même. Elle me pardonne mon choix, du bout des lèvres, et nous nous abandonnons au destin.
Les appels terminés, j’envoie des messages à des collègues, des connaissances, des professionnels. Je veux les assurer de ma gratitude pour ce qu’ils ont apporté dans ma vie sans leur voler un temps précieux.
Je suis lessivée. Se pose la question de savoir ce que nous allons faire de cette dernière soirée. Monsieur Poids Plume a envie de grand air. J’hésite à rester à la maison. Les rues sont agitées. J’ai des craintes quant à l’état des routes. « La peur n’évite pas le danger. », me souffle l’homme. Il a raison. Surtout au point où nous en sommes.
Il est hors de question d’aller faire des courses dans ce contexte agité. Nous nous mettons d’accord pour composer avec ce que nous avons déjà à la maison. Nous remplissons une glacière – par habitude plus que par peur de l’intoxication alimentaire – et nous mettons en route.    
Nous n’avons aucune peine à choisir le conducteur. J’adore conduire, il ne le fait que dans un but fonctionnel. Ce n’est qu’une fois installée derrière le volant que je réalise combien, jusque-là, nous avons traité l’information rationnellement, sans affect. Pourtant, demain, nous ne serons plus. Il n’y aura pas d’après-demain. Quand nous avons préparé le panier-repas, j’ai fait attention à ce qu’il ne nous manque rien, bien consciente qu’il n’y aurait pas de retour en arrière. Pourtant, je n’ai pas réalisé, en fermant la maison à clef, combien cette précaution était inutile et que nous ne la reverrons pas. En emportant par automatisme les croquettes de la Crapule, je n’ai pas pensé qu’il allait manger ce qui lui dirait – même salé, même gras – parce que je n’ai plus à m’inquiéter de sa santé à long terme. Je n’avais pas encore compris qu’il n’y aurait plus de week-ends dans nos familles, plus de voyages, plus de journées en classe devant mes élèves.
Monsieur Poids Plume comprend mon trouble. Il me connait suffisamment pour ne pas me parler. Je pleure silencieusement et il presse ma cuisse d’une main compatissante. Je lui en suis reconnaissante. Après une heure de route, j’ai fini d’intellectualiser les événements et, soulagée, je sèche mes larmes. Nous branchons la clé USB sur l’autoradio. Elle se lance en mode aléatoire. Les enceintes diffusent les premières notes de « I’m on the highway to hell ». Nous échangeons un regard et nous éclatons de rire. La vie n’a de cesse d’être facétieuse. Sur la banquette arrière, la Crapule soupire. Son audition canine n’apprécie guère les basses. Les essuie-glaces qui grincent parce que la pluie s’est arrêtée et que j’ai oublié de les désactiver le convainquent définitivement que nous sommes des êtres bruyants, donc maléfiques.
Quand nous arrivons, nous nous assurons que les lieux sont vides. Nous avons choisi une plage de sable peu connue, dans le Nord de la France. Une bâche, un plaid, un feu dans un petit tonneau. Heureusement, nous sommes équipés. Je demande à l’homme : « Il y a des choses que tu voudrais que nous fassions, ce soir, que nous n’avons jamais fait ? ». Ses yeux s’allument et il y a des coins dans son sourire. Je pouffe de rire. Nous ne parlons pas du même type d’expérience, mais j’aime sa façon de penser. Je précise : 
-        « Je veux dire, par rapport au repas. Moi, par exemple, je me demande si je n’aimerais pas que l’on commence par le dessert. J’ai toujours eu envie de tester, à l’occasion, ces repas loufoques à l’américaine.
-        J’avais compris, ne t’en fais pas. Nous avons toute la soirée pour nos expériences en tous genres. »
Moelleux au chocolat, ce sera ! La Crapule a sa propre part. Il nous regarde, dubitatif. Que cache ce soudain accès de générosité ? Sous nos encouragements, il ne se fait pas prier et mange ce qui lui revient de droit.            
L’homme me lance :
-        « Tu sais ce que l’on devrait faire ? Manger avec les mains. Je ne comprends même pas que nous ayons emporté des couverts.
-        Mais je vais avoir les doigts tout sales !
-        Et alors ? »
Ça a du sens. Je saisis mon moelleux au chocolat dans mon assiette, du bout des doigts. Ma prise n’est pas assurée et je manque de le lâcher. Je ne veux pas finir ma vie en mangeant du sable ! Je l’attrape à pleines mains. J’ai l’impression d’être un australopithèque se saisissant d’une cuisse de mammouth. L’élégance n’est pas au rendez-vous mais l’amusement, lui, l’est. Nous sommes silencieux. Il y a tant de choses que j’ai envie de lui dire, sans oser. Il les sait déjà et je ne veux pas gaspiller notre temps. Je jette un coup d’œil à la Crapule et je capte son regard. Le seul doute dont lui s’embarrasse semble être : « Tu le finis, ton moelleux ? Parce que je peux le finir sinon ». Il m’arrache un éclat de rire et je ne résiste pas à l’envie de lui redonner une part.
J’aimerais toutefois bien que l’on se parle. Je ne souhaite pas que nous prenions notre dernier repas en silence. Monsieur Poids Plume m’arrache à mes réflexions :
-        « Qu’est-ce que tu veux manger ensuite ?
-        J’hésite. Et toi ?
-        De la tarte au maroilles ou de la salade de pâtes.
-        Même chose. Décide, je te suis. »
Il tranche pour la tarte au maroilles. J’en avais fait plusieurs pour les emmener au travail à l’occasion d’un repas « auberge espagnole » avec les collègues et, comme il en restait une, j’étais rentrée avec et nous l’avions congelée. Quelques instants plus tard, abruptement, l’homme sort de sa réserve :
-        « Tu sais, quand je t’ai épousée l’an dernier et que je t’ai promis de t’aimer jusqu’à ce que la mort nous sépare, je pensais que nous aurions davantage de temps devant nous.
-        Moi aussi. Tu as des regrets ? Il y a peut-être des choses pour lesquelles nous pouvons nous rattraper cette nuit ?
-        Je n’ai pas de regrets à proprement parler. Si notre vie avait continué, bien sûr, il y aurait eu pleins de choses que j’aurais aimé faire avec toi mais je ne les regrette pas. Ou plutôt, je regrette seulement de ne pas avoir plus de matins et de réveils à vivre à tes côtés. »
Je m’assombris. Je partage en tous points ses sentiments. J’affiche le plus beau sourire possible – un petit sourire vibrant et misérable – et je souffle : « Nous en avons bien profité, au moins. ». L’homme opine du chef. Nos regards se reportent vers la Crapule. Il sent qu’il ne s’agit pas d’une soirée normale mais il ne comprend pas pourquoi. Il nous regarde alternativement, comme s’il se demandait lequel de nous deux craquera le premier et lui révélera le mystère de cette soirée inusuelle.
Je tente de relancer la conversation. D’évoquer nos souvenirs. Nos bons souvenirs, surtout. Je sens l’homme peu réactif et j’en suis peinée. Je lui demande s’il préférerait que je me taise, si ma conversation l’ennuie. Il me répond que non mais que le temps lui semble trop compté pour que nous puissions espérer avoir une conversation qui nous satisfasse vraiment.
Il a raison. De quoi parler quand le passé est révolu et que l’avenir n’existe pas ? Du présent. Nous nous recentrons sur les êtres que nous sommes devenus plutôt que d’évoquer ceux que nous avons été. Nous prenons plaisir à manger. A la tarte au maroilles succède la salade de pâtes et les samoussas aux légumes. Nous continuons de manger avec les doigts. Mes doigts sont gras et salés et, en dépit de notre fin prochaine, cela me dérange. Je fausse compagnie à l’homme pour aller les rincer dans la mer. Le ressac des vagues masque le bruit de deux pieds et quatre pattes qui courent sur le sable mouillé juste derrière moi. Monsieur Poids Plume me saisit par la taille et me porte sur son épaule avec une simplicité déconcertante. J’émets un cri et je m’imagine qu’il va me jeter à la mer. Je me trompe. Le gentilhomme me dépose à quelques mètres de mon objectif, en riant. Tout son corps vibre de santé et d’énergie. Je retire mes collants pour ne pas les mouiller. Jambes nues, j’hésite. Puis je retire mon pull. Je regarde l’homme. Je retire mon haut. Je regarde l’homme. Je retire ma jupe. Je regarde l’homme. Je retire ma culotte. Je regarde l’homme. Je ne sens pas le froid. Pas autant que je ne l’aurais imaginé, du moins. Monsieur Poids Plume est interdit. Il me regarde avec la même intensité que la première fois qu’il m’a vue nue. Avant de le rencontrer, je ne comprenais pas les expressions « mon âme sœur » ou « ma moitié ». Puis il est venu me compléter. Il est venu me montrer combien son épaule était l’endroit idéal pour poser ma tête les jours de lassitude. Il est venu me faire rire et rêver tour à tour. Il est venu me faire pleurer, s’en est voulu et m’a tendu des mouchoirs. J’ai peine à croire qu’il existait une époque à laquelle je ne le connaissais pas. Il a transformé mon cœur de pierre en cœur de guimauve, pour le meilleur et pour le pire. 
Je frissonne. Je suis restée pensive, il est resté interdit. Je crie : « Je vais me débarbouiller les mains ! » et je me jette à l’eau sans réfléchir. Elle est gelée et m’arrache un nouveau cri : « Ah, je vais mourir d’hypothermie ! ». L’homme me répond : « Pas sans moi ! ». Il disparait sous l’eau quelques instants. J’ai de l’eau salée pleins les yeux, je les frotte. Ses grognements et ses jurons m’informent qu’il a sorti la tête de l’eau avant que je ne sois capable de le constater visuellement. A l’abri des vagues, la Crapule nous guette avec la digne et tendre résignation d’une mère de famille regardant ses enfants agir de manière stupide mais contrôlée.
Nous nous embrassons. Encore et encore. Jusqu’à ce que – et cela ne tarde pas – la température de l’eau nous encourage à retourner près du brasero improvisé et à nous sécher.
Il nous reste beaucoup de nourriture de disponible mais l’émotion nous noue l’estomac. Nous laissons le panier ouvert, à disposition, au cas où. Nous ouvrons une bouteille de champagne et nous buvons allègrement à même le goulot. Nous chantons des paillardes, des classiques de la variété française, des chansons historiques. Nous baragouinons des morceaux de rock. La Crapule se love contre le brasero et nous jette des œillades réprobatrices. Il est l’heure pour les braves gens de dormir.
Nous ignorons l’heure. Nous avons laissé téléphones et montres à la maison. Épuisés, nous sommes allongés et muets. Je ne veux pas briser cet instant d’harmonie mais j’ai peur de regretter de ne pas avoir posé la question alors je me lance : « Le temps file et nous n’avons presque rien mangé. Je ne sais pas combien de temps il nous reste. Tu reveux de quelque chose ? ». L’homme m’assure que non mais m’encourage à reprendre de ce qu’il me plaira, si j’en ai envie. Je n’ai pas faim. « A notre mariage non plus, nous n’avons pas eu l’occasion de manger grand-chose. » dis-je. J’ajoute : « Je te suis reconnaissante de m’avoir rendue heureuse. ». Il me remercie d’avoir été une épouse qui l’a comblé. Nous n’avons rien à ajouter, nous nous enlaçons simplement, tendrement. Puisque nous sommes enfin raisonnables, la Crapule nous fait l’honneur de se greffer dans l’équation.
Bientôt, nous mourrons heureux.
Sujet issu des “365 invitations à écrire” des rédacteurs de Wordpress.com : mangez, buvez et soyez heureux... car demain, nous mourrons tous. La fin du monde, c’est pour demain ! Racontez-nous votre dernier diner : les plats, les invités, le cadre et les conversations.
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noixdecitron · 6 years
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JOUR 5 - LE DERNIER
Dear friends,
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Et oui, ce jour sera le dernier de mon jeûne. La raison est simple, et je vais citer l’article d’hier pour commencer celui-ci :
Bien que moralement je soit au taquet pour continuer le jeûne, je suis contraint d’admettre que la migraine que j’ai eu la veille du départ et celle que j’ai eu il y a deux jours (+ le mal de tête que j’ai trimbalé toute la journée d’hier) ont vraiment tapés dans mes réserves. Sans ça j’aurais aisément continuer quelques jours de plus sans trop de problèmes mais le corps est épuisé pour le moment par le combat qu’il a mené contre mes céphalées. Mais je n’en éprouve aucun regret, j’ai tellement appris sur moi et sur mon environnement grâce à ça !
Comme promis, j’écoute mon corps. C’est la chose la plus importante à faire au quotidien, encore plus dans une épreuve comme celle-ci. Il faut du courage pour commencer, mais tout autant pour savoir quand s’arrêter Ce fût une grande aventure, et j’ai vraiment beaucoup appris. La faim est une des sensations les plus primaires de notre corps. Si vous arrivez à surpasser ça, alors je pense que vous pourrez réussir à atteindre tous les objectifs que vous vous fixerez dans la vie, car celui-ci est vraiment hardcore au début.
J’aimerais à présent revenir sur quelques points avec vous.
Vous savez, je ne prétends pas savoir d’avantages de choses ou d’être plus éclairés que certains. En revanche, j’ai passé suffisamment de temps à me renseigner en amont de cette épreuve, et à vivre cette épreuve, pour être bien placé pour avoir une opinion objective sur le sujet.
Chacun est libre de vivre sa vie comme il l’entends, de manger ce qu’il veux, comme il veux, quand il veux. Tous les exemples que j’ai donnés au travers de ces articles ne sont absolument pas des exemples de jugement. Jamais je ne me permettrais de vous juger, gardez bien ça à l’esprit, et ce quelque soit le ton ou la manière dont vous avez pu interpréter mes propos. Je respecterais toujours vos décisions à une seule condition : qu’on ne m’insulte pas sur mes propres choix. Je n’ai en effet aucun mal avec le mode de vie des gens, qui est très similaire au miens d’ailleurs. Mais critiquer pour critiquer, dire que c’est dangereux alors que des milliers d’études et 50 ans d’expériences diverses dans de nombreux pays démontres le contraire, je trouve ça un peu trop fermé.
N’oubliez pas que vous êtes Humains. L’Homme, notre espèce, notre corps aussi formidable soit-il et nos cellules étaient là bien avant l’ère industrielle, les 35h, les semaines de 7 jours, les frigos, les supermarchés, l���agriculture et j’en passe. Nos cellules ont des milliards d’années d’évolutions, et ce n’est pas à nous, selon moi, de nous adapter à cette société moderne, mais à la société de s’adapter aux individus qu’elle voit vivre en elle.
Comme je vous le disais, je ne suis pas plus éclairé ou plus ceci ou cela, mais j’ai le mérite de dire que j’ai du recule sur le sujet, car je suis dessus depuis longtemps déjà. La plupart des gens ont dit que je ne pourrais plus ni conduire, ni marcher, ni vivre normalement, voir même mourir d’après certains (oui oui).
Vous me croyez si je vous dis que j’ai fait une semaine de 40 heures au taf avec une pression assez forte, que j’ai conduit chaque jours 2x/jour, que j’ai continué de jouer, regarder des séries, faire du sport quotidiennement, vivre, écrire, parler sans le moindre problème ? C’est pourtant la réalité. Vos préjugés sont tenaces. Soit, si c’est ce que vous pensez, je ne vous l’enlèverais pas. Encore une fois, je ne suis pas là pour prêcher ma paroisse, je ne vous dis pas de faire un jeûne, mais gardez à l’esprit que bien des personnes avant moi on prouvés que c’était bénéfique et largement faisable avec une activité quotidienne régulière, et je l’ai fait aussi.
À présent je suis différent. Le Evan que je suis aujourd’hui est différent du Evan qui a ouvert ce Tumblr, aussi con que cela puisse paraitre, parce que j’ai remporté une grande victoire personnelle : la victoire d’avoir réussi mon jeûne, celle d'avoir réussi à me priver de nourriture, de ce besoin primaire, d’avoir su garder l’esprit lucide et sans impact sur ma vie personnelle et professionnelle et celle d’avoir atteint mon objectif.
Je me sent bien, très bien même. Comme vous avez pu le voir, chaque jour il y avait un suivi assez conséquent de ma santé avec en bas de chaque article un suivi de mon poids, de ma tension, rythme cardiaque etc. Et tout va bien. J’ai surtout perdu au début du jeûne, mais très vite les pertes quotidiennes se sont stabilisées. Au total j’ai perdu 4,3 kilos en 5 jours. C’est surtout le premier jour et le deuxième que j’ai fondu. Ma peau et mes cheveux sont devenus plus doux, le blanc de mes yeux est aussi d’avantage blanc j’ai remarqué, je n’ai plus tous les petits vaisseaux rouges que j’avais avant, mon rythme cardiaque est stable et le moral est solide. J’ai eu des phases de lucidité que je n’avais pas connu depuis longtemps où j’ai eu de nombreux grandes et bonnes idées pour le livre sur lequel je bosse depuis 3 ans (sur le néo-evhemerisme et la faisabilité du voyage spatiale avec tout ce que ça implique). Si vous souhaitez tenter vous aussi l’expérience, je vous invite à faire un jeûne intermittent. Par exemple un jour par semaine, ou deux jours à suivre pour commencer. Je vais vous donner un exemple, nous étions 3 au travail à faire ce jeûne, et un 4ème à essayer. Moi et le 1er collègue nous avons chacun perdu respectivement 4,3 et 6 kilos en 5 jours. Le second a moins perdu (3 kg) mais était habitué au jeûne. Le 3ème a stoppé au bout de 24 heures après de forts vertiges, maux de tête et mauvaises sensations très intenses.
Nous sommes tous différents, et selon notre morphologie, la quantité de choses que le corps a besoin de purifier, notre mode de vie, notre passé, notre environnement, nos activités et j’en passe, tout ceci en fonds des variables propres à chaque individus qui rendent donc l’équation du jeûne indéfinissable. 
Ne cherchez pas à battre des records de longévité, n’essayez pas d’atteindre 2 ou 3 semaines consécutives la première fois, ça n’a aucun intérêt. Effectivement ça se fait, ça se fait même beaucoup, mais dans des environnements encadrés dans les pays dont je parlais dans de précédents articles où le jeûne y est une science reconnu. Les individus sont suivis chaque jour par du personnel médical formé, ils ont des prises de sang régulières ainsi que des tests d’urines, des activités physiques en groupe, des bains chauds, des massages, et ils sont dans un environnement où ils n’ont pas de pression (pas de membre de la famille qui vont faire à manger quand vous vous ne mangez pas, pas de pression lié au boulot, pas de tracas du quotidien...), ce qui enlève une sacré épine du pied et permet de se concentrer sur soit-même.
Écoutez-vous, faites vous confiance, suivez votre instinct, et vivez heureux, c’est tout ce qui compte.
Demain, je reviendrais dans un autre article sur ce que j’ai ressentis après mon premier repas et les effets constatés.
Au matin, mes relevés étaient les suivants :
Poids : -200 grammes pendant la nuit.
Systole : 117
Diastole : 73 mmHg
Rythme cardiaque moyen : 52 bpm
Au soir :
Poids : -300 grammes pendant la journée.
Systole : 123
Diastole : 79 mmHg
Rythme cardiaque moyen : 65 bpm
POUR CONCLURE :
122 heures sans manger, (soit un peu plus de 5 jours) beaucoup d’eau bu au début mais ça c’est calmé :
Lundi : Environ 3L
Mardi : Environ 2,2L
Mercredi : Environ 1,5L
Jeudi : Environ 1L
Vendredi : Environ 750 mL
Sensation de faim : Plus aucune. Vivacité d’esprit : Au taquet. Qualité de sommeil : Bien mieux ! Bébé fait enfin ses nuits. Irritabilité : Aucune Effets indésirables : J’ai toujours froid : /
Oh, et mon petit chat vous dit bonjour !
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blogpresso · 7 years
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Un an après les JO, rencontre avec trois sportifs français passés par Rio
Aux Jeux olympiques de Rio, il y a un an, la France a décroché 42 breloques, un record depuis l’après-guerre. Parmi ces médaillés, on retrouve les grands noms du sport tricolore, comme Renaud Lavillenie (médaille d’argent en saut à la perche) ou Teddy Riner (champion olympique en judo), mais aussi des athlètes plus confidentiels qui ont profité de l’événement le plus suivi au monde pour sortir de l’anonymat, écumant les plateaux télé, les cérémonies communales et multipliant les coups d’envoi fictifs de leur club de football régional. La boxe avec le couple en or Yoka / Mossely (et ses quatre autres médailles) est l’exemple même de ce qu’ont apporté les Jeux à une discipline. A la rentrée 2016, les inscriptions dans les salles de boxe se sont démultipliées.
Enfin, il y a les autres : dès la fin septembre 2016, l’embellie médiatique est retombée. Qui se souvient du titre olympique de Jérémie Azou et Pierre Houin en aviron ou du bronze au tir d’Alexis Raynaud ? L’année post-JO a marqué pour beaucoup un retour à l’anonymat parfois compliqué tandis que certains, à l’image de Jean-Charles Valladont, ont réussi à ne pas se faire oublier. Nous sommes allés à la rencontre de trois d’entre eux.
à lire aussiNotre dossier consacré aux Jeux olympiques de Rio
«J’ai besoin de photos pour me rappeler que j’y étais»
Le Français Alexandre Camarasa à Rio, le 14 août 2016. Photo Laszlo Balogh. Reuters
Alexandre Camarasa était le capitaine de l’équipe de France de water-polo à Rio. Une équipe qui avait séduit du monde et trouvé un espace médiatique. Les hanches et l’adducteur fraîchement opérés, il ne se souvient presque plus de Rio : «Dès que la lumière des JO s’est éteinte, j’étais dans les ténèbres de la blessure. Trois opérations en un mois et demi. Toute l’excitation, tout le bruit qu’il y a autour des jeux, d’un coup, tout s’arrête, explique le poloïste marseillais. Je me souviens, je me suis mis sur mon canapé et je me suis dit : « Est ce que j’ai réellement participé aux JO ? » J’étais presque obligé de regarder des photos pour me rappeler tout ça.»
Et pourtant, au Brésil, malgré une élimination rapide dès la phase de poules, ce fut merveilleux, de son propre aveu. Une première participation aux JO depuis vingt-quatre ans pour l’équipe de France, une surmédiatisation qui a transformé les Bleus «en VRP» de leur sport, lesquels ont tout fait pour accrocher le grand public en interview. Après huit mois d’absence, Alexandre Camarasa, 30 ans, a retrouvé les bassins en mars. Il raconte le tiraillement, entre la fierté d’être allé au Brésil et la déception – «J’aurais tellement aimé que l’on soit les barjots [la première équipe de handball masculin français à remporter une médaille aux Jeux en 1992, ndlr] du water-polo.»
Spleen post-JO, qu’il compare à un séjour à Disney : «Ma famille, quelques amies m’ont entouré, après je comprends, chacun a sa vie. Le capitanat ? Qu’est ce que je m’en fous.» Il poursuit : «C’est l’aboutissement d’années de sacrifices. Des années sans vie sociale, à rentrer le soir au lieu d’aller boire des coups. C’est sport/étude/dodo. Même si ça avait été ma dernière compétition et que je m’étais vraiment blessé au point de ne pas pouvoir revenir, j’aurais signé. C’était tellement magique.»
«Tout se résume au bon client»
Jean-Charles Valladont posant avec sa médaille d’argent au retour de Rio, le 23 août 2016 à Paris. Photo Bertrand Guay. AFP
Jean-Charles Valladont, argenté au tir à l’arc, a réussi à garder une certaine cote auprès des médias. Il dit : «Si le lendemain [de sa médaille] sur France 2 j’avais dit « oui je m’entraîne à l’INSEP depuis dix ans, tout se passe bien, c’est dur mais il faut s’entraîner tous les jours et ne rien lâcher », l’interview aurait été sympa mais, trois semaines après, on n’entendait plus parler de moi ni du tir à l’arc.» Il est franc (-comtois) et surtout, lucide. Si l’Equipe lui consacrait encore un portrait en juillet, sa réussite sportive n’expliquait pas tout. Le natif de Besançon ne s’en est pas caché, et l’a même revendiqué : il est un homme à aimer la nature, la pêche et la chasse. En bref : son côté terroir plaît. Le week-end, c’est canne à pêche en main, les pieds dans l’eau, ou au milieu des champs à entretenir les cultures ravagées par les sangliers dont Valladont s’occupe : «C’est devenu délicat dans notre environnement avec certains régimes alimentaires [véganes, végétariens…]. Après j’ai réussi à modérer mon discours. On essaye d’expliquer. Si aujourd’hui il n’y avait pas la chasse, il n’y aurait pas de culture en France parce que le sanglier a un taux de reproduction de 300%.» 
JCV gère seul les contraintes médiatiques, en dépit d’un contrat d’image signé avec la fédération. Valladont s’est fait la main avec les médias : six mois à mesure de deux jours par semaine avec une journaliste qui l’a suivi avant les Jeux de Londres en 2012 et un peu de media training au contact des étoiles du sport. Des expériences qui lui ont appris «pourquoi, comment et à quel moment tu peux dire un truc». Le tout agrémenté de son vécu professionnel dans un magasin de tir à l’arc : «Je suis arrivé à m’adapter en tant que vendeur à tout type de public. Tu dois trouver le bon type de discours toujours positif, si tu veux réussir à placer tes produits.» Devenu numéro un mondial au mois de juin dernier, Jean-Charles Valladont a remporté une deuxième manche de coupe du monde. Récompense de cinq à huit heures de labeur quotidien. Mais ça, ça ne compte presque pas pour garder la cote : «Tout se résume au bon client.»
«L’eau libre, une petite famille»
Le nageur Marc-Antoine Olivier à Copacabana le 16 août 2016. Photo Yasuyoshi Chiba. AFP
Sans sa blessure au pied, Marc-Antoine Olivier aurait dû nager le 26 août prochain à Sarreguemines (Moselle), chez Aurélie Muller, native de la région. Il y a un an, les images de sa collègue d’entraînement en larmes avaient fait le tour des télés à Rio : la Française avait terminé deuxième sur 10 kilomètres nage libre mais les juges l’avaient disqualifiée, estimant que Muller avait gêné une concurrente. Le lendemain, «MAO», médaillé de bronze sur la distance, parlait de «vengeance» devant les caméras. Après les JO, Olivier a surfé sur sa médaille. A donné le coup d’envoi fictif, dans sa région, à Valenciennes pour un match de foot, puis à Orchies pour le basket. Ce n’est pas rien quand la médiatisation de son sport est l’affaire de quelques heures tous les quatre ans.
A l’échelle nationale, Marc-Antoine Olivier partage donc la tête d’affiche de sa discipline avec Aurélie Muller. Sans problème, assure-t-il : «Je suis super content qu’elle ait su rebondir comme ça. Niveau mental, ce n’est pas évident de travailler quatre ans et même huit pour elle. Alors arriver aux JO et se faire enlever une médaille… Elle est revenue, s’est mise des défis, donc être associé à elle ça ne me dérange pas du tout. L’eau libre, c’est comme une petite famille.» Son regret : «Les malheurs d’Aurélie Muller ont fait énormément parler de notre discipline. Ça aurait été mieux que l’on soit mis en avant pour nos deux médailles mais malheureusement ce sont les aléas de la vie.»
Le natif de Denain, dans le Nord, a bon espoir que le public finisse par reconnaître sa discipline à sa juste valeur. Il compte, entre autres, sur le contexte : «Les gens sont de plus en plus fans des épreuves style Iron Man, le fait de nager sur des longues distances, et la couverture médiatique est plus grande. Physiquement et mentalement, les distances sont épuisantes, donc c’est sûr qu’il faut jouer dessus.»
Nicolas Dhinaut
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