Tumgik
#Yves Duteil - chanteur français
suis-nous · 7 months
Link
0 notes
Video
youtube
Prendre un enfant, Yves Duteil, par #danielgarcia#musicvidéoclavier ABON...
MUSIC VIDEO CLAVIER, La Chaîne You Tube Dans ma chaine tous les styles et tous les genres de Musique sont représenté Bonjours les amis(es) Qui n’a pas un jour fredonné « Prendre un enfant par la main » Aujourd’hui je vous présente,  Yves DUTEIL  chanteur, auteur-compositeur-interprète et homme politique français,               I Sa chanson Prendre un enfant a été élue meilleure chanson française du XXe siècle,   Voici , avec des arrangements spéciaux, de voix, de cœur, de tierces et de quinte, " Prendre Un Enfant"                                                                                                      j’espère que vous allez aimer Abonnez-vous à votre chaîne préférée pour être informé de la publication de nouvelles vidéos c’est tout gratuit Merci pour votre fidélité Musicalement Votre ♫
Mon Site Internet : https://videomusiquepourtous.com/  
0 notes
cequilaimait · 7 years
Text
Akémi - 3. L’équipe des chercheurs d’or
« Crois-moi, Akito-kun, je suis sûr que le trésor est caché dans un château. C’est marqué noir sur blanc, « sur l’île des châteaux de pierre ». En plus, le mon doré doit sans doute faire référence à l’emblème des Tokugawas. Ça colle parfaitement ! La triple rose trémière est inscrite dans un cercle, et ce sont les Tokugawas qui ont soumis Edo. « Soumise et rattachée à Edo », c’est clairement une référence à eux ! Donc il ne reste plus qu’à trouver le château, et ça sera dans la poche ! »
La tête plongée entre ses paumes, Akito soupira lourdement. Akémi était bien gentil, mais il était un peu chiant sur les bords avec son stupide poème ! Depuis la fin des vacances d’été, il n’avait que le texte d’Aaron à la bouche, le récitant à tue-tête jusqu’à l’overdose. Même là, alors que l’automne et ses feuilles jaunes et rouges avaient laissé leur place à quelques flocons de neige, et alors que tous les couples se préparaient à fêter Noël en amoureux, il radotait comme un perroquet. Des mois que cela durait ! Mais malgré ses certitudes, il n’avait pas avancé d’un pouce.
Akito ne voulait pas en parler. Tout ce qui faisait référence à Aaron lui provoquait des frissons d’angoisse. Et puis, Akémi ne choisissait jamais le bon moment. Par exemple, le cours de Physique de Madame Legrand, professeure principale de leur troisième et expatriée depuis son coup de foudre pour un Japonais de dix ans son cadet, c’était clairement être à contre-temps. Surtout quand l’enseignante souffrait d’une migraine et exigeait du calme de la part de ses jeunes apprenants s’ils en voulaient pas se retrouver avec une interrogation écrite surprise sur le dos.
« Akémi, Akito, vous viendrez me voir à la fin du cours. J’en ai assez de vos bavardages incessants ! Et toi aussi, Ydaï. À force de te pencher sur ta chaise pour écouter tes petits camarades, tu vas finir par te casser la figure ! Collés tous les trois ! »
Aux rires nourris de la classe, Akito répondit par un grincement de dents. Et voilà, grâce à ce couillon d’Aké-chan, il était bon pour une retenue ! Protester en public ne servait à rien, en plus. Madame Legrand était plutôt du genre psychorigide. Lui faire remarquer qu’elle était injuste ne pouvait que la rendre encore plus sévère. Forcément, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, un élève ne put s’empêcher de se gausser. Jean. Il n’était même pas loin de jubiler. Et pour cause, Madame Legrand avait l’habitude d’imposer ses heures de colle sur les horaires réservés aux activités sportives.
Entre Jean et Akito, la rivalité dépassait très clairement le cadre du base-ball. En compétition pour le poste de lanceur titulaire et de capitaine dans leur club, ils se faisaient la guerre aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du terrain. Cette année était leur dernière du collège. Ils voulaient briller. Tous deux n’avaient qu’un seul objectif : le tournoi d’été.
Alors forcément, quand un adversaire de taille se retrouvait privé d’entrainement, l’occasion pour l’autre de s’affirmer et de lui chopper la place était trop belle. Le coach avait été clair : au bout de trois absences hors maladie, les sanctions tomberaient et les fautifs verraient leur position dans l’équipe remise en cause. Avec la punition de Madame Legrand, Akito en était à sa deuxième faute. La première, cela avait été quand Elsa l’avait plaqué. Parce qu’elle avait succombé aux charmes de son rival. Jean. Ce jour-là, Akito avait sécher l’entrainement pour pleurer seul sur le toit du collège.
Après qu’Akémi eut rompu l’année dernière, le jeune vietnamo-japonais avait fréquenté et charmé l’adolescent jusqu’à lui demander de sortir avec lui à la fin de l’été. L’idylle avait duré plusieurs semaines. De l’avis des autres élèves, ce couple était plutôt mignon. Mais il n’était malheureusement qu’un couple de cours de récréation. À quatorze ans, les sentiments sont volages. Les garçons cherchent les meilleures filles pour assurer devant leurs potes, les filles cherchent les meilleurs garçons pour rendre jalouse leurs copines. Un simple brin d’herbe peut tout faire voler en éclat.
Jean n’était même pas amoureux d’elle. S’il l’avait draguée et s’il avait réussi à la pousser à le choisir, c’était uniquement pour causer du tort à un adversaire qu’il ne pouvait même pas voir en peinture. Cela avait parfaitement fonctionné. Akito avait vu sa fierté mouchée et avait mis un certain temps à s’en remettre. Le plus blessant, peut-être, avait été de constater qu’un seul de ses camarades avait essayé de le réconforter. Le pire de tous dans une telle situation, Akémi. Akito n’avait pas du tout compris pourquoi le frêle adolescent à la douceur exacerbée avait fait le choix de sécher l’entrainement pour le rejoindre sur le toit du collège. Cela lui avait peut-être fait plus de mal que de bien. En tous cas, il l’avait très copieusement engueulé et lui avait intimé de garder ses distances. Ils n’étaient pas amis et ne l’avaient jamais été, tout juste pouvaient-ils se considérer comme des partenaires avec le même objectif sportif.
Malheureusement pour le lanceur, son receveur ne partageait pas vraiment cette opinion. Akémi était du genre « câlin ». Il avait besoin de quelqu’un à coller, quelqu’un avec une forte personnalité qui pouvait le protéger des « méchants ». Depuis qu’Aaron était rentré en France, il avait un vide à combler. Quoi de mieux qu’une terreur repentie pour jouer ce rôle ? Cette attitude était la deuxième chose qu’Akito détestait le plus chez son camarade, après son sourire craquant. Il ne supportait pas cette impression de n’être qu’un simple palliatif. D’où la distance qu’il cherchait toujours à mettre entre eux. Distance dont Akémi, obsédé par le poème du brunet, n’avait rien à faire. D’où les discussions en cours de physique. D’où l’engueulade de Madame Legrand.
« J’en ai vraiment assez de vos bavardages ! La prochaine fois, je vous fais changer de place ! »
« Faites, faites ! », supplia presque Akito avant de soupirer à nouveau en levant les yeux au ciel devant l’air triste d’Akémi.
Le pauvre garçon, rouge de honte, serrait des poings en baissant la tête. Sa gorge était prise d’un hoquet et ses yeux de quelques larmes. On aurait presque dit un ourson en sucre en train de fondre. Son air triste et culpabilisateur était surtout sa meilleure arme pour faire craquer ses professeurs. Prise au dépourvu, Madame Legrand se passa la main dans ses cheveux grisonnant et renvoya les élèves à leurs occupations.
« Bon, passons pour le changement de plan de classe, mais vous resterez tous les trois en retenus jeudi pendant deux heures ! »
Tous les trois… Il y avait bien un autre puni dans le lot. Ydaï… De son vrai nom, Yves-Daisuke. Akito l’avait presque oublié, celui-là. Quelle idée il avait eu, aussi, de faire le zouave sur sa chaise ! Ce camarade avait tout de la bonne poire. Japonais pur souche, il avait eu la « chance » de naitre dans une famille de fêlés. Sa mère, fanatique jusquauboutiste de la France, était une grande admiratrice d’un certain Yves Duteil, chanteur et acteur Français, ainsi que de Daisuke Asakura, compositeur et pianiste Japonais célèbre pour son style inimitable. D’où ce prénom composé aussi étrange qu’improbable qu’elle avait attribué à la chair de sa chair. Tous ses camarades et même ses professeurs avaient préféré le diminutif Ydaï, bien plus court à prononcer et moins grotesque. L’adolescent était un ovni aux cheveux noirs hirsutes et à l’air toujours plus rêveur. Souvent seul dans son monde, il n’avait pas beaucoup d’amis dans sa classe. Personne ne l’appréciait vraiment, mais nul ne le détestait pour autant. Il était juste placé de fait dans la catégorie « bizarre », du genre à venir cosplayé en geisha en cours, à lire des mangas cochons devant tout le monde, à dépenser tout son argent de poche en jeux vidéo et à se passionner pour des thématiques aussi étranges que le théâtre kabuki ou la pratique du shamisen, instrument à corde traditionnel nippon. De par sa personnalité haute en couleur, Ydaï faisait la fierté de sa mère, ce qui le réjouissait. Pour tout son entourage, c’était une preuve de plus qu’il était complétement taré. Au collège, seul Akémi ne le jugeait pas trop. Lui aussi, à sa manière, était désigné comme une sorte d’extra-terrestre par les autres. Du coup, même s’ils ne venaient pas de la même « planète », il ne pouvait que le respecter. Cela énervait passablement Akito, qui avait bien du mal à supporter l’hurluberlu de service. Déjà que se retrouver coller à cause d’Akémi l’insupportait, alors devoir en plus partager cette punition avec Ydaï, c’était plus qu’il n’en fallait pour provoquer sa grogne.
Le jeudi, donc, les trois élèves se retrouvèrent ensemble consignés dans une salle de classe, au plus grand désarroi d’Akito. Non seulement, Akémi remit le couvert avec son foutu poème d’Aaron, mais en plus, Ydaï y alla de ses petits commentaires personnels. Après tout, s’il s’était fait lui aussi chopper par Legrand, c’était bien parce qu’il avait eu l’oreille un peu trop baladeuse. Cette histoire d’énigme poétique avait très clairement cueilli son intérêt.
« Par rapport à ce que vous vous disiez, la dernière fois, il n’est pas noir, le mon des Tokugawas ? Le doré, ça ne serait pas plutôt le chrysanthème impérial ? »
Ravis d’avoir trouvé un compagnon de discussion qui s’intéressait à sa quête, Akémi afficha sur son visage un large et sincère sourire. Ses yeux s’illuminèrent d’une lueur éclatante qui mit mal à l’aise Akito et qui le poussa, à contrecœur, de se rapprocher de ses camarades pour suivre la conversation.
« Je ne pense pas… », répondit le franco-japonais d’un air enjoué. « Pour moi, Edo, ça fait référence à l’ère Edo, donc au shogunat. L’empereur, c’était du folklore à l’époque. Et le mon des Tokugawa est très souvent représenté en doré. Suffit de trouver un endroit où il est de cette manière et ça sera gagné ! »
« Ouais, pas bête… », poursuivit Ydaï en se frottant le menton. « Du coup, si on parle d’un château de pierre, c’est peut-être le château d’Osaka… Il est blanc et son toit est vert, comme une émeraude ! »
« Ridicule ! », coupa Akito en se balançant sur sa chaise, son téléphone entre les mains. « Le château d’Osaka est le siège de la famille Toyotomi, les ennemis des Tokugawa ! Ça n’a strictement aucun sens. »
« Ouais, mais là, on parle justement d’un château soumis à Edo ! », s’enflamma son camarade aux cheveux en pétard. « Donc justement, ça colle ! Et en plus, le fils d’Ieyasu Tokugawa, Hidetada, le deuxième shogun du clan a reconstruit le château, et ce sont encore ces fondations en pierre qui existent aujourd’hui ! »
Devant un tel argumentaire, Akito grogna. Forcément, si Ydaï était aussi passionné par l’histoire du Japon qu’il ne l’était du théâtre traditionnel, le débat était foutu d’avance. Cela ne l’empêcha pas de mettre Akémi en garde :
« En attendant, ça ne résout pas ton énigme à la con. Si j’en crois le poème de cet imbécile d’Aaron qui, entre nous, aurait pu te filler directement les coordonnés GPS de son truc, on se serait bien moins fait chier, il faut y aller au printemps regarder les fleurs de cerisier et revenir en été. Ce qui ne veut rien dire du tout ! Et encore, là, c’est la partie la plus claire de son texte ! Moi, j’te dis, laisse-tomber. C’est un con qui se fout de ta gueule depuis le début. On va pas fuguer à Osaka pour chercher un logo et des pierres précieuses ! »
Se mordillant le bout du pouce pour ne pas rire, Akémi dévisagea de joie son camarade. Il avait dit « on ». Donc il se sentait impliqué. Akito se sentait impliqué dans sa quête, c’était déjà une victoire.
« Arrête de râler Aki, et aide-nous à piger le truc… Je suis sûr que tous les trois, on pourrait faire une super équipe de chercheur d’or… »
Grinçant des dents, Akito se replongea sur son téléphone pour surfer sur le web, écouteur sur les oreilles. Lui, faire équipe avec les deux mecs les plus tordus du collège ? Et puis quoi, encore ! Déjà qu’il était collé par leur faute… Non, il n’avait aucune envie de participer à cette aventure. Il ne voulait même pas les écouter parler ! Cela ne l’empêcha pas, cependant, de les entendre. Après tout, il était dans la même pièce qu’eux, et aucune musique ne lui faisait envie. Pendant plus d’une heure, Akémi et Ydaï échangèrent des théories loufoques et improbables sur le poème d’Aaron, sans vraiment avancer. À la fin de la punition, ils convinrent de continuer ensemble leur réflexion. Le plus fou des deux avait une bonne idée :
« Jeudi prochain, on se rend au CDI et on fouille tous les bouquins sur le château d’Osaka ! »
La proposition était alléchante. Mais il y avait un mais. Akémi avait un entrainement de base-ball à ne surtout pas louper. C’était sa place de receveur dans l’équipe qui était en jeu s’il en manquait encore un. Ydaï le rassura et lui promit que tout se passerait bien : le CDI fermait à cinq heures et il n’était attendu sur le terrain qu’à cinq heures trente. Cela lui laissait tout juste le temps de se pointer, s’il courrait assez vite.
Ainsi, la semaine suivante, les deux compères passèrent toute une partie de l’après-midi à fouiller ensemble dans des manuels et des livres d’images à la recherche de trace du mon des Tokugawa dans le château d’Osaka. Isolés derrière un mur et complétement absorbés par leur investigation, ils ne virent pas les autres élèves s’en aller un à un, ni même la responsable du CDI, en retard pour en rendez-vous médical, quitter précipitamment les lieux en verrouillant la porte derrière elle. D’ordinaire, elle vérifiait toujours que la salle était vide. D’habitude, elle ne devait pas se rendre de toute urgence chez son dentiste pour soigner une couronne qui se faisait la malle. Quand Akémi vérifia l’heure sur son téléphone, il était déjà dix-sept heures dix. Quand il essaya de sortir en toute hâte, la serrure resta tristement bloquée.
« Merde… »
Complétement pris au dépourvu, l’adolescent essaya de contacter au plus vite amis, famille et accueil du lycée. Peine perdue. Pour s’assurer qu’aucune sonnerie ne vienne perturber le travail dans la bibliothèque, l’administration avait eu la judicieuse idée d’installer un brouilleur, comme ceux qu’on trouve parfois dans certaines salles de cinéma. Akémi et Ydaï étaient bel et bien enfermés. Et nul ne semblait en mesure de venir les libérer de leur prison scolaire.
« Merde, merde, merde ! Kuso ! J’vais rater l’entrainement… Fait chier ! »
Devant l’air de nervosité absolu de son camarade de classe, Ydaï lui posa la main sur l’épaule. Il n’y avait rien de dramatique. Au pire, il suffisait d’attendre la nuit, et il avait du soda au melon dans son sac pour tenir. Face à cet argumentaire, Akémi laissa éclater sa frustration. Il n’était pas loin de pleurer. Seule la colère qui avait fait se teinter ses joues de rouge bloquait ses larmes à la surface de ses yeux. Après avoir tambouriné des poings plusieurs secondes, il les écrasa ainsi que son front sur la porte.
« URUSAI ! Ferme-là ! Putain, nan… »
Estomaqué, Ydaï resta pantois un long moment. Akémi était tellement connu pour sa douceur qu’il était presque choquant de le voir s’énerver de la sorte. C’était comme si la peluche de la classe avait été remplacée en secret par une boule de nerfs. Une telle réaction nécessitait des explications. Le jeune adolescent accepta d’en donner quelques-unes après s’être complétement affaissé le dos contre un mur. Ses mains le brulaient jusqu’au bout des doigts, sa gorge le piquait et sa poitrine lui faisait mal. Son désarroi avait fini par irriter son visage.
« Akito-kun comptait sur moi… Si je me fais virer de l’équipe, il ne pourra plus me lancer des balles. Il va me détester… »
Pendant une demi-heure, laissant leurs recherches de côté, les deux prisonniers discutèrent. Là où Ydaï expliqua rapidement pourquoi il s’en fichait qu’on le prenne pour plus cinglé qu’il ne l’était car cela l’amusait, Akémi parla bien plus. Après avoir récité une nouvelle fois le poème d’Aaron à voix basse, il révéla à son camarade toute l’histoire. Comment il était tombé amoureux du brun entre la sixième et la cinquième. Comment son départ lui avait fait plus mal encore qu’un coup de pied dans les précieuses. Comment Akito, qui était méchant avec lui au tout début, était devenu au fil du temps plus gentil, même s’il continuait à grogner tout le temps. Comme leur relation particulièrement ambiguë pour l’un comme pour l’autre lui était importante. Comment il lui faisait peur, aussi, quand il se mettait en colère, et comment il allait être furieux contre lui. C’était obligé, Akémi le savait. Il était bon pour une soufflante des plus violentes. Au moment-même où il le murmura, la porte s’ouvrit comme par magie. Il était dix-huit heures quinze. Derrière elle, le concierge du collège rigola et tapa de la main sur l’épaule d’un jeune adolescent qui l’accompagnait. Ce dernier soupira lourdement et lâcha un râle s’échapper de sa gorge. Il avait entendu la toute fin de la discussion. S’accroupissant devant Akémi, il lui passa tendrement la main dans les cheveux et lui caressa le front. Enfin, alors que le Franco-japonais écarquillait les yeux en baragouinant un charabia incompréhensible, il éleva la voix :
« BAKA ! Comme si j’allais t’engueuler ! Enfin… Oui, j’vais t’engueuler, tu le mérites, mais ça va, j’vais pas te bouffer ! Tu m’as fait peur, couillon ! Quand j’ai vu que tu n’étais pas à l’entrainement, j’ai eu envie de te tuer ! Alors je t’ai appelé, mais ton téléphone ne répondait pas. Heureusement que je savais que tu avais prévu de venir ici, j’ai tout de suite pigé que t’avais dû te retrouver enfermé par accident ! Mais franchement, Aké-chan, faudrait que t’arrête d’être bête un jour, ça finira par te causer du tort ! Heureusement que Monsieur Nikata est sympa et m’a cru, sinon, t’étais bon pour passer la nuit ici, et là, tu te serais vraiment fait engueuler, mais par le directeur, pas par moi ! Ah, et toi aussi, Ydaï… Mais je ne suis même pas sûr qu’on puisse t’en vouloir, toi. Bon, on y va Aké ? J’te paye un Ramen sur la route si tu veux… »
Complétement sous le choc de ce sauvetage imprévu, Akémi hocha doucement la tête. Il tremblait comme un agneau apprenant à peine à marcher. Même en y réfléchissant, il n’arrivait pas à y croire. Après avoir salué Ydaï qui se confondit en excuse en se frottant l’arrière du crâne, le petit adolescent attrapa Akito par le bras et ne le lâcha pas jusqu’à l’échoppe la plus proche. Là, devant son camarade qui le regardait en soupirant, le coude sur la table et son menton posé sur sa paume, il commanda un plat de nouilles avec du bœuf et de l’œuf, qu’il dévora en un instant, comme si rien d’autre n’avait d’importance. La chaleur du bouillon irrita les yeux d’Akémi. En tout cas, ce fut de cette manière qu’il expliqua pourquoi ils étaient aussi humides. Il avait honte. Il y avait une chose qu’il n’arrivait pas à comprendre. Après avoir descendu cul-sec un verre d’eau glacée, il murmura enfin la question qui lui brulait les lèvres.
« Du coup… Pour venir me chercher, t’as aussi séché l’entrainement ? Ça fait trois fois ? On va se faire virer tu crois ? »
Passablement agacé, Akito ferma les yeux, souffla par le nez et crispa la mâchoire. En effet, certaines choses s’étaient plutôt mal passées, même si la situation n’était pas à ce point désespérée.
« Ça va, le coach n’est pas con à ce point, il sait qu’on peut être utile à l’équipe, surtout qu’on forme un bon duo. Par contre, faudra pas espérer jouer les trois prochains matchs, ça, il me l’a très clairement fait comprendre. Quand je lui ai dit que je m’en foutais, que j’allais te chercher, il s’est énervé et m’a dit que si je faisais ça, il confierait le capitanat à Jean à la place de moi. L’abruti ! J’lui ai répondu qu’un bon capitaine ne laisserait jamais les membres de son équipe dans la merde et je me suis cassé. Il peut se le mettre où je pense, son capitanat ! »
Le visage crispé par la culpabilité, Akémi replongea dans sa soupe de nouilles. Il s’en voulait. Bêtement, il chercha à se justifier en évoquant une nouvelle fois Aaron et la mission que ce dernier lui avait confiée, comme quoi il se devait de trouver ce trésor pour se libérer une bonne fois pour toute de ses sentiments et que cela comptait plus que tout pour lui. Furieux, Akito tapa du poing sur la table. Rien ne pouvait l’énerver plus que ce genre d’excuses. Sans même s’en rendre compte, il laissa exploser sa frustration et lâcha même quelques vérités qu’il n’avait jamais dites auparavant.
« Mais tu me fais chier avec ton Aaron ! Il est où ton Aaron, là ? Franchement ? Parce que moi, j’le vois pas ! Il s’est cassé. S’il t’aimait, il ne t’aurait jamais abandonné ! Alors que moi… Moi, j’suis toujours là pour ta gueule ! Alors arrête de me casser les couilles avec lui et fini tes ramens. »
Autant sa voix tremblotante que son mouvement du bras sur ses yeux indiquaient sa sincérité. Une sincérité qui laissa Akémi immobile la bouche béate. Le petit franco-japonais en laissa même tomber ses baguettes sur le comptoir. Jusqu’à présent, il avait toujours cru qu’Akito détestait Aaron car ils étaient trop différents. Là, même si ni l’un ni l’autre ne voulurent le dire et l’admettre de cette manière, il découvrait que son camarade était tout bonnement jaloux. C’était, de loin, la plus mémorable gifle qu’il s’était prise depuis des années, mais elle n’était pas désagréable. Admirer cette tête qui bouillait de rage et de frustration toucha Akémi au point qu’il laissa son plus beau, naturel et naïf sourire envahir ses lèvres. Puis avec douceur, il s’en servit pour effleurer la joue de son camarade. Surpris, Akito, grimaça, se recula de quelques centimètres et laissa son sang colorer son épiderme. D’un geste ferme de la main, il repoussa Akémi, puis détourna le regard vers le fond de l’échoppe. Un simple petit mot murmuré s’échappa de sa gorge :
« Okama… »
Plongeant ses yeux dans son bol, l’adolescent aux yeux de chat en amande répondit simplement « Wakatteru… » puis, le visage toujours souriant, termina silencieusement sa pitance.
Sur le chemin, du retour, les deux collégiens parlèrent surtout de séries animées et de jeux vidéo. Tout juste, au moment de se dire au revoir après avoir déjà tourné le dos à son camarade et juste avant de franchir le porche de son immeuble, Akémi déclama une nouvelle fois un passage du poème d’Aaron :
« Un simple râle te guidera… »
Le ciel était couvert. La lune paraissait à peine visible entre les buildings. Le sol était recouvert d’une sorte de neige boueuse marronâtre. Un léger courant d’air se glissa dans le cou d’Akito et le fit frissonner.
« Pourquoi tu me dis ça, encore ? »
Se retournant une dernière fois, Akémi se passa la langue sur la lèvre. Son visage était à la fois calme et radieux, comme s’il avait compris quelque chose. De sa voix claire et encore un peu enfantine, il révéla ce qu’il avait en tête :
« Vu que depuis qu’on se connait, t’as jamais cessé de râler, j’me demande si Aaron ne parlait pas de toi… Comme s’il voulait que ça soit toi qui me guide… Non, oublie, c’est complétement stupide en fait ! Merci Aki, à demain… »
Les pieds et les mains gelés, l’adolescent resta plusieurs minutes seuls dans la rue et le froid, la bouche entrouverte. Connaissant Aaron, il avait la certitude que ce passage n’était pas une référence à sa personne. C’était forcément beaucoup plus terre à terre, et c’était sans doute bien pour cela que personne dans leur groupe haut perché n’arrivait à comprendre. Ce qui l’avait laissé complétement muet, c’était tout simplement Akémi, sa candeur, et la manière dont, gêné, il s’était précipité dans l’entrée de son immeuble et avait disparu. Une dernière fois, Akito murmura…
« Baka… »
Le lendemain, en cours de Physique, Madame Legrand annonça une excellente nouvelle à ses élèves. Le collège avait débloqué des fonds pour une visite extra-scolaire de plusieurs jours pendant la Golden week pour que les jeunes puissent visiter un peu le Japon, et ce en limitant les frais pour les familles. Naturellement, elle pensait amener sa classe en priorité à Kyoto et à Nara, mais elle cherchait une dernière ville dans la région du Kansaï à visiter avant de rentrer à Tokyo. Une main, dans l’assistance se leva.
« Oui, Akito ? Une suggestion ? »
Se raclant la gorge, l’adolescent toussota quelques instants avant de prendre la parole d’un air assuré.
« On pourrait aller à Osaka, non ? C’est pas loin de Kyoto, et il y a des Shinkansens en pagaille, donc ça serait pratique pour rentrer. C’est quand même la ville rivale de Tokyo et celle avec le château le plus célèbre de tout le Japon… »
1 note · View note
suis-nous · 9 months
Link
0 notes