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#afrofuturisme
mollat-bordeaux · 2 years
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📣 Notre vitrine Black Infinity, L’art fantastique noir, @ekoweshun aux @editions_textuel #blackinfinity #afrofuturism #afrofuturisme #librairie #mollat #bordeaux (à librairie mollat) https://www.instagram.com/p/CjVNWPRDB3w/?igshid=NGJjMDIxMWI=
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timelessfineries · 7 months
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Collier africain contemporain ::: Timeless Fineries
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Binti T.01
Une couverture flamboyante qui nous promet un beau voyage et une atmosphĂšre singuliĂšre : vous n’allez pas ĂȘtre déçus ! Sur Amazon Le rĂ©sumĂ© MaĂźtresse harmonisatrice du peuple Himba, Binti est vouĂ©e Ă  reprendre la boutique d’astrolabes de son pĂšre
 Mais l’incroyable don pour les mathĂ©matiques de l’adolescente lui ouvre les portes de la prestigieuse universitĂ© interplanĂ©taire Oomza. Binti embarque

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kizaba · 2 years
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2 Ăšme Retour en image de la performance de @kizabalk au Festival @africaoye de Liverpool !! Grande cĂ©lĂ©bration d'anniversaire des 30 ans d'Africa OyĂ© !!! Grand merci Ă  #karen_Cowderoy pour tes belles photos !!! @conseilartscan @canada.council ❀ Team #Kizaba @abou_kone_music @akpossoul @happypill.mtl Booking @khalildebambara #Oye30 #africaoye #kizabatour #Afrofuturisme #afroelectro #afrobeat #soukous #poprock #music #africaoye #AfricaOyĂ© @afronation @expo2020dubai @igloofest_mtl @borningmann @rfi_musique @afropunk @coachella #artwork #festivals #festival #liverpool @womadfestival @itspetergabrie #sulftonparkLiverpool #RoyaumeUni #england #england🇬🇧 #newengland #angleterre #angleterre🇬🇧 #fest #españa #mapas #music #perfect (Ă  Liverpool Festival of Music At Sefton Park) https://www.instagram.com/p/CfU4Jn6Lpzi/?igshid=NGJjMDIxMWI=
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firebarzzz · 1 month
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Black Panther contre l’Atlantide noire | jef klak | đŸ“ƒâœ’ïž
Black Panther contre l’Atlantide noire | jef klak
CULTURE DE BASE / DÉ-COLONIALITÉS 19 mars 2018 BLACK PANTHER CONTRE L’ATLANTIDE NOIRE Afrofuturismes, Internationalisme rĂ©volutionnaire et Capitalisme Noir Par Asad Haider Traduit par Ferdinand Cazalis Texte original : « Black Atlantis », Viewpoint Magazine, 5 mars 2018. Clique sur le lien ci-dessous — https://www.jefklak.org/black-panther-contre-latlantide-noire/ Interagissez Avec Nous

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blogapart3bis · 1 year
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« TÚ Mawon », de Michael Roch
Aujourd'hui sur Blog Ă  part – « TĂš Mawon », de Michael Roch Une ville futuriste qui recouvre toutes les CaraĂŻbes, une quĂȘte pour la terre originelle. C’est TĂš Mawon, le pas banal roman cyberpunk de Michael Roch. #sf #cyberpunk #afrofuturisme #roman
Dans une ville futuriste qui recouvre toutes les CaraĂŻbes, une galerie de personnages se croisent dans une quĂȘte pour la terre originelle. C’est le rĂ©sumĂ© de TĂš Mawon, le pas banal roman cyberpunk de Michael Roch. Quand je dis « pas banal », je ne plaisante pas. DĂ©jĂ , si on part du contexte – Ă  savoir une ville tentaculaire bĂątie sur des Ăźles CaraĂŻbes rasĂ©es pour les besoins de sa construction –

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stanggubbels · 1 year
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Vanaf a.s. zaterdag in de Kunsthal Rotterdam, In the Black Fantastic, Elf hedendaagse kunstenaars geĂŻnspireerd door het afrofuturisme denken met een hoopvolle, bruisende energie na over mogelijke toekomsten. Op het affiche werk van Nick Cave, Soundsuit.
Schrijver en curator Ekow Eshun brengt twee generaties kunstenaars bijeen in de tentoonstelling: Nick Cave, Sedrick Chisom, Ellen Gallagher, Hew Locke, Wangechi Mutu, Rashaad Newsome, Chris Ofili, Tabita Rezaire, Cauleen Smith, Lina Iris Viktor en Kara Walker. 
The Guardian - ☆ ☆ ☆ ☆ ☆ “Eleven contemporary artists inspired by Afrofuturism consider possible futures with a hopeful, fizzing energy”
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thatsoundssobeautiful · 1 year
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"Destination" musique moderne et traditionnelle africaine avec Fatoumata Diawara
“Destination” musique moderne et traditionnelle africaine avec Fatoumata Diawara
« Nsera – Destination ». C’est le titre du nouveau single de Fatoumata Diawara qui l’interprĂšte en bambara, la langue officielle du Mali.  « Relations humaines, hospitalitĂ©Ì et gĂ©nĂ©rositĂ©Ì », telle est la devise de Nsera.  Voix incontournable de la musique du monde, Fatoumata Diawara reste inclassable : Afropop, Afrofolk, Afrofuturisme
 Entre tradition et modernitĂ©Ì, guitare en main, elle met

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the-sammy-things · 5 years
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Opdracht voor afrofuturisme
De bedoeling was om te baseren om muziek van een afrikaanse zanger, en die moet horen bij een beeld dat jij zelf maakte. Dus ik sloot mijn ogen en wat mijn aansprak bij de muziek, waren 2 grote handen. Deze foto heb ik gebruikt van een opdracht hiervoor en zo hard veranders dat het al bijna abstract is geworden.
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mode-s-street · 5 years
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🚹 đŸ’„ Tic Tac Tic Tac đŸ’„ 🚹 c’est la derniĂšre de saison et pour cette Fashion Week homme, LA CREOLE s'associe avec @thevoodooclub, supported by @asicsfrance, pour embraser Le Chinois une derniĂšre fois avant l'Ă©tĂ© ! @thevoodooclub, c'est une expĂ©rience unique de rave africaine contemporaine, basĂ©e Ă  Barcelone, qui se mĂȘle Ă  diffĂ©rentes influences musicales telles que la funk, le disco ou encore la house. Elle a Ă©tĂ© fondĂ©e par Jibril WekaforĂ©, le crĂ©ateur de la marque nigĂ©riane @wekafore, qui dĂ©montre que l'Afrique n'a rien Ă  envier Ă  l'Occident en terme de crĂ©ativitĂ© et qu'Ă  travers un socle culturel bien affirmĂ©, elle est ainsi capable de rester tournĂ©e vers l'avenir #afrofuturisme ________ La soirĂ©e se dĂ©roulera en deux parties: 20h - 22h PrĂ©sentation de la collection SS20 @wekafore (ÉvĂšnement presse - RSVP obligatoire) Line up: @dj.femo / Chinese Guy / @spiritdisco 22h - 6h Le club ouvrira ses portes au public pour enchainer sur LA CREOLE telle que vous la connaissez. @sylvere__ ouvrira le bal suivi par un b2b lĂ©gendaire entre @pote et @bamaoyende all night long ! Line up: @sylvere__ / @pote b2b @bamaoyende ________ EntrĂ©e sur place 7€ avant minuit, 12€ ensuite CASH ONLY Le Chinois 6 Place du MarchĂ©, 93100 Montreuil ________ Visuels DA: @fanny_viguier & @vincentfredericcolombo Photo: @fanny_viguier Stylisme: @vincentfredericcolombo Tshirt: @wekafore ModĂšle: @lediouck Special thanks to @studiomaurice #lacreole #thevoodooclub #asics (Ă  Le Chinois) https://www.instagram.com/p/BzAg8wGAMmM/?igshid=1b9enrmxb8pa0
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ash-and-ice · 5 years
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timelessfineries · 1 year
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Collier africain avec pendentif tribal Massai ::: Timeless Fineries
https://www.timeless-fineries.com/products/collier-ras-de-cou-avec-pendentif-ethnique
timelessfineries.etsy.com
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J'ai l'immense honneur d'avoir été interviewée par Revue Ataye avec l'artiste et activiste Po B. K. Lomami à la sortie de notre performance Black Médecine: a consultation (Montréal, juin 2018). Vous l'entendrez au son de ma voix, aprÚs deux heures de performance, la fatigue se faisait sentir.  La géniale Anna Tjé partage de nombreuses références bibliographiques que je vous encourage vraiment à consulter ou à vous procurer. Bonne écoute et bonnes lectures! 
(Futurs Talk Podcast)
DĂ©couvrez #FutursTalk le nouveau podcast de la Revue Ataye !
Futurs Talk est né d'un projet de recherche que j'ai entamé il y a 2 ans : 'Conversations pour le futur'. L'objectif de ces conversations ? Donner la parole à des femmes afrodescendantes et racisées, des fraiseuses, des militantes, des artistes, des guérisseuses, des chercheuses, afin de découvrir quel rapport elles entretiennent avec la notion de résilience et la maniÚre dont elles imaginent le futur de nos sociétés.
Pour ce 1er Ă©pisode, les artistes et militantes Po /Po B. K. Lomami et Claire/CL4IRE0BSCURE / La Toile d'Alma, Ă  prĂ©sent installĂ©es Ă  MontrĂ©al, rĂ©pondent Ă  mes questions, parlent de leur intervention-performance 'Black MĂ©decine : a consultation' et rĂ©clament le droit Ă  soi-mĂȘme !
Futurs Talk est disponible sur soundcoud et la transcription de l'épisode est disponible sur le site d'Atayé >> http://revue-ataye.com/
/futurs-talk-podcast-ep-1-avec-po-b

Merci Ă  toutes les personnes qui nous ont aidĂ© Ă  rendre le lancement de ce podcast et Ă©pisode possible ! Po & Claire, ValĂ©rie, Marine, Danielle, Diariatou, CĂ©lia, Celestial, Gabiame Mirielle ❀
'Black Médecine : a consultation' by Po B. K. Lomami & Claire Obscure 
© Val Bah
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kizaba · 2 years
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Retour en image de la performance de @kizabalk au Festival @africaoye de Liverpool !! Grande célébration d'anniversaire des 30 ans d'Africa Oyé !!! Grand merci à @roberttatephotography pour ses supers photos et a @folkiebooknerd Stevens !!! #Team #Kizaba @akpossoul @abou_kone_music @Maxime Archer fortin #Oye30 #africaoye #kizabatour #Afrofuturisme #afroelectro #afrobeat #soukous #music #canadien #photo #artwork #photographer #photoshoot #photoftheday #photos #performance #liverpool #afrofuturistic #afropunk #ibiza #england #instagood #photooftheday #perfect #artistsoninstagram #art (à Liverpool Festival of Music At Sefton Park) https://www.instagram.com/p/CfJrYmzrtDD/?igshid=NGJjMDIxMWI=
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navisseli · 6 years
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Kabu Kabu
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Auteurice : Nnedi Okorafor
Maison d’édition : Les Ă©ditions de l’instant
Date de publication : 2013 (US), 2018 (France)
Nombre de pages : 355
Genre : Nouvelles, afrofuturisme, science-fiction, fantasy
Ce qu’en pense Naviss : 
Kabu Kabu fait partie de ces livres avec lesquels j’ai fait connaissance aux Imaginales d’Epinal en 2018, dont j’ai dĂ©jĂ  parlĂ© lors de ma critique de Qui a peur de la mort ?, par la mĂȘme autrice. J’ai achetĂ© Kabu Kabu pour de mauvaises raisons : l’éditrice française de Nnedi Okorafor, dont j’ignore le nom, me l’avait prĂ©sentĂ© comme la suite de Qui a peur de la mort ?, comme un autre temps de la vie de l’hĂ©roĂŻne. Je viens de le finir, et je peux vous dire que c’est entiĂšrement faux. La nouvelle “La tache noire” se passe en effet dans le mĂȘme univers que Qui a peur de la mort ?, mais bien plus tĂŽt, puisqu’elle relate la crĂ©ation des premiers ewus, ces humains Ă  la peau de sable qui naissent de l’union des peuples en guerre Nurus et des Okekes, auxquels tout le monde prĂȘte des attributs malĂ©fiques. Ecrite comme un conte, cette nouvelle ne fait aucunement rĂ©fĂ©rence Ă  Qui a peur de la mort ? ni Ă  ses protagonistes. Si vous vous attendiez Ă  une suite, passez votre chemin, ça n’existe pas, arrĂȘtez de vous plaindre et apprenez comme moi Ă  vivre avec votre frustration, allez, zou !
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Moi lorsque j’ai rĂ©alisĂ© que Kabu Kabu ne m’apprendrait rien sur ce qu’il est advenu du Royaume des Sept riviĂšres.
Je vais continuer sur ma lancĂ©e et parler davantage de ce qui ne concerne pas directement l’autrice, mais l’édition. Tout d’abord, l’objet livre est magnifique. Le papier est agrĂ©able au toucher, et j’admets sans aucune honte avoir achetĂ© ce livre pour sa couverture - outre ce que je disais plus haut. Je ne sais pas qui est Katarzyna Wimanska, lĂŠ photographe, mais en tout cas iel fait du super boulot.
(ParenthĂšse : j’ai donc recherchĂ© qui Ă©tait cette personne, et il s’agit d’une dame dont je vous invite Ă  aller consulter les autres travaux, c’est trĂšs beau, allez donc voir sa page Facebook) (il faut cliquer sur la partie en gras ;) )
Quant Ă  l’intĂ©rieur de l’objet... C’est un bordel sans nom. Entendons-nous bien : je ne suis pas du genre Ă  relever pour rien les problĂšmes de typo dans un livre. Ce sont des choses qui arrivent, les correcteurices sont des gens comme les autres et parfois iels sont fatiguĂ©.es, iels font des erreurs, ça arrive, que celui qui n’a jamais fautĂ© lance la premiĂšre pierre, tout ça tout ça. Mais lĂ , on parle d’une typo toutes les quelques pages : fautes de grammaires (Ă©/er, ça/sa), parfois carrĂ©ment oubli de mots, problĂšmes de mise en page qu’on a modifiĂ© plus oubliĂ© de corriger, avec des tirets pour faire des liaisons lors d’un retour Ă  la ligne mais en plein milieu de la dite ligne... Page 136, c’est carrĂ©ment la numĂ©rotation qu’on a oubliĂ© d’enlever.
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Désolé pour la qualité toute cracra.
On compte Ă©galement quelques petits soucis de traduction un peu trop mot Ă  mot : par exemple, “dude” est systĂ©matiquement traduit en “mec” (ce qui donne des dialogues bizarres ou deux gamines s’appellent “mec” entre elles). 
Bref, quelques problĂšmes et erreurs, je veux bien, mais autant, c’est de la nĂ©gligence. Et en tant que gros radin, oui, payer 22.50€ dont l’autrice ne touchera que 5 Ă  20% car la maison d’édition touche le reste prĂ©cisĂ©ment pour Ă©viter ce genre de problĂšmes, eh bien oui, cela me tape un peu sur le systĂšme, voyez-vous. Je ne regrette pas d’avoir achetĂ© ce livre, je suis content d’avoir pu soutenir le travail de Nnedi Okorafor, mais je regrette sincĂšrement que le produit vendu par les Editions de l’instant soit aussi nĂ©gligĂ©.
VoilĂ  pour ce qui ne concerne pas directement l’autrice, mais l’édition française. Je vais maintenant parler de ce qui relĂšve vraiment des choix de l’autrice, et celleux qui ont dĂ©jĂ  lu ma chronique sur Qui a peur de la mort ? observeront des redondances et des similaritĂ©s dans les critiques que je vais faire de Kabu Kabu. 
Kabu Kabu est un recueil de nouvelles qui regroupe 22 histoires, dont certaines ont une continuitĂ© entre elles mais qui ne sont pas toutes liĂ©es. On notera que Nnedi Okorafor est une femme noire, qui Ă©crit des histoires dont les hĂ©roĂŻnes (car ce sont surtout des hĂ©roĂŻnes) et les quelques hĂ©ros sont tou.tes noir.es, ce qui est je pense assez rare pour ĂȘtre marquĂ©, notamment dans les milieux de la science fiction et de la fantasy. J’ai apprĂ©ciĂ© la multiplicitĂ© des genres littĂ©raires qui apparaissent dans ce recueil : comme on pourrait s’y attendre, Nnedi Okorafor utilise beaucoup les genres de la science-fiction, de la fantasy et du post-apocalyptique, mais aussi celui du conte, du fantastique au sens de Maupassant, de l’autobiographie... Ce recueil est trĂšs divers, et je pense que mĂȘme les monomaniaques de la littĂ©rature de l’imaginaire, celleux qui refusent de lire autre chose que tel genre ultra-prĂ©cis, peuvent y trouver leur compte. Rigolez si vous voulez mais j’en connais quelques uns !
Si on voulait vraiment classer ce recueil sous un seul genre littĂ©raire, je pense que je plus pertinent serait celui de l’afrofuturisme. Dans L’afro-futurisme est partout, Daja Henry écrit :
“ L’afro-futurisme explore le futur dans un contexte noir, associant technologie et fantastique pour fournir, Ă  travers la musique, les arts plastiques et la littĂ©rature, une Ă©chappatoire Ă  un passĂ© d’oppression et de malaises quotidiens. “
Et ces deux derniĂšres thĂ©matiques sont omniprĂ©sentes dans le recueil. Les personnages (fĂ©minins et noirs) sont toujours dans des situations d’oppression et d’altĂ©ritĂ© : par rapport aux Blancs dans “Le nĂšgre magique”, “Zula, de la cour de rĂ©crĂ© de quatriĂšme” ou “La fille qui court” ; par rapport Ă  l’Occident reprĂ©sentĂ© par les Etats-Unis noirs comme blancs, dans “IcĂŽne” ; par rapport aux autres Noir.es enfin, dans le triptyque des coureuses de vent “Comment Inyang obtint ses ailes”/”Les vents de l’harmattan”/”Les coureurs de vent”. 
Anticolonial, ce livre s’attaque Ă  la gangrĂšne des Ă©conomies africaines Ă  cause de la colonisation europĂ©enne, Ă  travers un exemple que l’autrice connait, celui du NigĂ©ria. Dans “L’artiste araignĂ©e”, l’autrice dĂ©nonce le vol des ressources par l’occident qui ne se prĂ©occupent pas des consĂ©quences Ă©cologiques ; dans “Popular mechanic”, elle s’attaque au fait que l’industrie pharmaceutique et paramĂ©dicale prenne les Africains comme cobayes ; elle pointe du doigt dans “Bakasi” la complicitĂ© des leaders politiques africains. Ce livre est trĂšs politique, mais s’inscrit Ă©galement dans une nostalgie panafricaine des traditions perdues et oubliĂ©es, de la nature et du panel de divinitĂ©s et esprits qui l’accompagnent et dont se sont coupĂ©s les ĂȘtres humains... tout en restant rĂ©solument afrofĂ©ministe, et en dĂ©nonçant la justification de pratiques misogynes au nom de la tradition, comme l’excision dans “Comment Inyang obtint ses ailes”, les accusations de sorcellerie dans “Les vents de l’harmattan”,  l’interdiction aux femmes de certaines pratiques dans “Le bandit des palmiers”... Parmi les sujets qui sont abordĂ©s, il y a Ă©galement la violence Ă©ducative contre les enfants, les violences conjugal et le viol conjugal - et je m’agaçais que celui-ci ne fut pas dĂ©noncĂ© dans Qui a peur de la mort ? - ainsi que les doubles standards concernant la sexualitĂ© qui dĂ©shonore les femmes tandis que personne n’y trouve Ă  redire quand il s’agit des hommes. L’autrice dĂ©nonce Ă©galement dans “Les vents de l’harmattan” le remplacement de personnages fĂ©minins par des personnages masculins pour des raisons d’identification dans la fiction... comme s’il Ă©tait impossible de s’identifier Ă  un personnage fĂ©minin. Dans “Sur la route”, elle pointe du doigt le sexisme de l’imagerie des “femmes sans tĂȘte”, ces publicitĂ©s oĂč les femmes sont rĂ©duites Ă  des corps au point qu’on leur coupe la tĂȘte pour ne garder que leur buste, souvent en mettant en avant les seins, avec Ă©ventuellement des jambes.
Malheureusement, ce livre ne va pas jusqu’au bout en ce qui concerne le fĂ©minisme. En terme d’intersectionnalitĂ©, il ne va pas plus loin que les femmes noires valides et cis hĂ©tĂ©rosexuelles. Toutes les autres femmes noires sont oubliĂ©es des perspectives de l’autrice. Je note Ă©galement que de nombreux ponts positifs sont trĂšs rapidement contrebalancĂ©s par des points nĂ©gatifs...
Tumaki (”Tumaki”), femme portant la burqa, est prĂ©sentĂ©e comme autonome, forte et compĂ©tente. Puis on rĂ©alise qu’elle ne porte le voile qu’à moitiĂ© par choix. Je crois que les femmes musulmanes aux Etats-Unis sont moins discriminĂ©es que celles en France, mais cette discrimination existe quand mĂȘme, et je trouve ça regrettable que l’intĂ©gralitĂ© des reprĂ©sentations qui existent Ă  leur sujet les prĂ©sentent comme des victimes.
Nnedi Okorafor parle de sexualitĂ© de maniĂšre trĂšs libĂ©ratrice, et c’est important de montrer que le sexe, pour les femmes, ce n’est pas sale. Le truc, c’est qu’elle parle aussi de la sexualitĂ© de gamines Ă  peine pubĂšres (genre Inyang, dans “Comment Inyang obtint ses ailes), qui n’a pas encore ses rĂšgles) en les faisant coucher avec des chefs de villages qui ont entre 30 et 40 ans alors qu’elles en ont moins de 15, et c’est montrĂ© comme libĂ©rateur.
La sexualitĂ© est montrĂ© comme positive, mais jamais si elle est monnayĂ©. “ProstituĂ©e” est une insulte frĂ©quente, et les travailleuses du sexe ne semblent pas vraiment inclues dans le fĂ©minisme de Nnedi Okorafor...
Dans “Commet Inyang obtint ses ailes”, on nous prĂ©sente une sociĂ©tĂ© oĂč les normes de beautĂ© ne sont pas celles occidentales. On nous explique que les femmes considĂ©rĂ©es comme belles sont les plus grosses, et les descriptions ne cherchent pas Ă  cacher cette graisse comme j’ai pu le voir ailleurs (genre elle est grosse mais aux seins et aux fesses...). Non, lĂ , on nous parle de graisse qui bouge, de bras gros, de grosses cuisses, de gros ventres, et cette graisse est montrĂ©e positivement, puisque dans la sociĂ©tĂ© de l’hĂ©roĂŻne, c’est comme ça qu’elle est vue. Et ça c’est vraiment bien, parce que de tĂȘte, je suis incapable de citer un roman qui parle de graisse de maniĂšre vraiment positive. Quand une personne grosse, dans un roman, est montrĂ©e comme belle, il est dit qu’elle n’est pas si grosse en fait, ou que ça se voit pas tant que ça. LĂ  non, ces femmes SONT grosses, elles sont mĂȘmes obĂšses, ce n’est pas cachĂ©, et elles sont grosses sans s’excuser. Sauf que l’hĂ©roĂŻne est mince. MalgrĂ© tout. Dans “Les vents de l’harmattan” qui se passe dans la mĂȘme sociĂ©tĂ©, l’hĂ©roĂŻne n’est toujours pas grosse mais curvy...
Cette minceur malgrĂ© tout est d’ailleurs importante dans le nouveau point que je veux relever : la compĂ©tition entre les femmes pour les hommes, basĂ©e sur leur capacitĂ© Ă  donner du plaisir. Quand Inyang couche avec le chef du village, on nous explique que comme elle est mince, elle est aussi plus souple et gracile, ce qui lui permet de sĂ©duire le chef grĂące Ă  sa danse, puis de le mettre dans son lit, et de lui faire connaĂźtre le coup de sa vie grĂące aux positions les plus acrobatiques. Et de l’autrice de conclure : 
“ Il Ă©tait perdu pour toute autre femme. “ 
Mh. Formidable message.
Dernier point sur Inyang : cette nouvelle est une ode Ă  la libertĂ©. On parle d’une jeune femme qui, du fait de son apparence et les pouvoirs que celle-ci implique, doit accepter d’ĂȘtre Ă©vacuĂ©e du circuit du mariage, et embrasse la libertĂ© que cela implique Ă  travers la sexualitĂ©, puis l’érudition, et on nous montre qu’elle trouve le bonheur comme ça. Mais lĂ , sa grand-mĂšre qui est comme elle lui dit : « Et tu dois trouver ton autre et fonder une famille avec lui. Ce n’est que de cette maniĂšre que tu trouveras le bonheur ». Et d’un coup tout ça n’a plus d’importance, l’hĂ©roĂŻne se languit sur son chi (ledit autre, son Ăąme soeur), et c’est finalement tout de mĂȘme Ă  cela qu’elle aspire.
La notion d’ñme soeur est trĂšs prĂ©sente dans les travaux de Nnedi Okorafor, et je n’aime pas du tout ce qu’elle en fait. Le chi, c'est “l’homme qui te complĂšte et fait mieux que toi”. Les personnages masculins ont toujours une forme d’ascendance sur leur Ăąme soeur fĂ©minine. Ils sont lĂ , mystĂ©rieux, ils ont beaucoup voyagĂ© et ont vu des choses, et c’est eux qui vont chercher leur Ăąme soeur. Les Ăąmes soeurs ne peuvent ĂȘtre que de genre binaire diffĂ©rents, dĂ©jĂ  parce que les autres genres n’existent pas, mais aussi parce que l’homosexualitĂ© non plus, elle n’est mĂȘme pas ne serait-ce qu’envisagĂ©e dans le domaine du possible. Cependant, Ă  ce sujet, “Les coureurs de vents” est une agrĂ©able surprise car le personnage principal renonce Ă  son Ăąme soeur par choix et par amour de sa libertĂ©. De plus, dans “SĂ©parĂ©s”, l’autrice casse l’idĂ©e que l’amour parfait signifie n’ĂȘtre plus qu’un monstre Ă  deux tĂȘte dĂ©possĂ©dĂ© de toute individualitĂ©, mais au contraire, ĂȘtre deux individus sĂ©parĂ©s mais qui chĂ©rissent cette distinction, en tant qu’il ne s’aime pas soi-mĂȘme, mais qu’il aime ce de quoi il est composĂ©.
Ce livre regorge de personnages fĂ©minins forts et combatifs (je pense notamment à l’hĂ©roĂŻne de “Zula, de la cour de rĂ©crĂ© de quatriĂšme”), mais l’autrice semble sans cesse douter de la force des femmes. Par exemple, dans “Sur la route”, j’ai Ă©tĂ© plutĂŽt contrariĂ© par le passage oĂč l’hĂ©roĂŻne subit une agression sexuelle. Celle-ci, pour justifier le fait qu’elle n’a rien pu faire, dit :
“ J’étais une femme plutĂŽt grande et plutĂŽt forte, mais une femme nĂ©anmoins. “
C’est-Ă -dire que son incapacitĂ© Ă  se dĂ©fendre est mise sur le compte du fait qu’elle est une femme et non pas de la sidĂ©ration, alors que cette derniĂšre est dĂ©crite immĂ©diatement aprĂšs...  Par ailleurs, la morale du conte “Homme au long juju” est particuliĂšrement ambigu. On nous prĂ©sente une hĂ©roĂŻne trĂšs fiĂšre, confiante en ses capacitĂ©s. “Je suis trĂšs intelligente”, dit-elle, lorsque ledit homme, un espĂšre de sorcier qui veut lui donner une leçon, l’accuse d’ĂȘtre stupide. Il essaye de lui prouver qu’elle est peu prudente, mais celle-ci rĂ©pond systĂ©matiquement Ă  ses accusations en signalant qu’elle a un bon sens de l’orientation, qu’elle sait faire telle ou telle chose... Elle ne sort pas l’apanage de ses capacitĂ©s dans le vide, elle le sort parce que ces capacitĂ©s sont remises en cause. Et la moralitĂ© du conte, c’est en gros “il ne faut pas ĂȘtre trop orgueilleux”. Donc une fille qui a confiance en ce qu’elle sait faire est orgueilleuse ?
L’autrice tombe dans les discriminations qui ne la concernent pas. Par exemple, le seul personnage asiatique qui apparait dans le livre a des vĂȘtements avec un dragon (”Sur la route”). Il n’est pas un personnage Ă  part entiĂšre, il performe sa race, qui est sa seule caractĂ©ristiques. Nnedi Okorafor semble avoir un rĂ©el problĂšme avec le validisme, les personnes Ă  qui il manque des membres Ă©tant qualifiĂ©es dans “La maison des difformitĂ©s” de “difforme{s}”, “monstrueu{se}”, “incomplet{e}”. Dans “Bakasi”, oĂč il est question d’un bossu, le personnage est complĂštement dĂ©shumanisĂ© et rĂ©duit Ă  une sorte de gobelin. Elle n’a pas l’air de rĂ©aliser que quand elle Ă©crit de cette maniĂšre, elle parle de vraies personnes, qui existent vraiment pour de vrai, et qui subissent des discriminations elles-mĂȘmes...
J’ai encore peu parlĂ© de ce qui concerne la qualitĂ© du rĂ©cit, de son intrigue, de ses personnages. Concernant le style, je dirai qu’il est meh. Mais je n’ai pas lu la version originale, il peut tout Ă  fait s’agir d’un problĂšme de traduction, donc je ne peux pas dire que le style de Nnedi Okorafor est meh. Celui de la version française de son livre, par contre, l’est. Il aurait pu dĂ©gager beaucoup, par son vocabulaire, par ses tournures, mais il sonne faux, et parfois mĂȘme un peu lame. Je pense notamment Ă  la nouvelle “Le nĂšgre magique”, qui traite pourtant du “syndrome” du white-savior, ce phĂ©nomĂšne qui fait que nous autres blanc.hes nous sentons indispensables pour sauver une situation, notamment lorsque les personnes concernĂ©es par ladite situation sont racisĂ©es. Dans cette nouvelle, on suit Lance, un espĂšce de chevalier martyr blanc aux yeux bleus et aux longs cheveux longs parfaitement imbu de lui-mĂȘme, qui se fait sauver les fesses par un homme noir, qui, Ă  ce stade, semble ĂȘtre “l’altĂ©ritĂ© qui vient en aide au hĂ©ros” (lequel perçoit cette aide comment remettant en cause son Ă©tat de martyr), avant de rĂ©aliser Ă  quel point notre hĂ©ros est nul et de, complĂštement lassĂ©, l’abandonner Ă  son sort en mode “fuck that shit I’m out of here”. Tout ça aurait pu ĂȘtre trĂšs drĂŽle (pour une fois qu’on rit des Blancs), mais le style sonne tellement faux que l’humour de la situation tombe un peu Ă  plat.
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Moi, lisant “Le nùgre magique”.
Par ailleurs, les dialogues (notamment ceux qui donnent la parole Ă  des enfants) sonnent souvent faux eux aussi, car on a l’impression qu’on a collĂ© des propos d’adultes dans leur bouche. Je pense ici Ă  Adoabi, dans “La maison des difformitĂ©s”, qui, pour dĂ©crire quelque chose Ă  sa soeur, parle (Ă  l’oral donc) de “monstres aux gros yeux bleus pĂ©donculĂ©s”, et dont l’intĂ©gralitĂ© des dialogues avec sa soeur semblent empruntĂ©s. Il s’agit peut-ĂȘtre ici d’un problĂšme de traduction.
Kabu Kabu a un cĂŽtĂ© trĂšs fouillis par certains cĂŽtĂ©s. On ne voit pas le but de la plupart des nouvelles, et il semble, dans certaines (je pense à “Tumaki), que pour comprendre l’univers, il faut avoir lu ses autres oeuvres pour vraiment saisir ce qu’il se passe. Certaines nouvelles ont des dĂ©nouements qui sont juste bizarres, comme par exemple “Biafra” ou “L’affreux oiseau”. Cependant, d’autres sont au contraire trĂšs bien rythmĂ©es (je pense notamment à “Kabu Kabu”, ma favorite) et ont une continuitĂ© entre elles, ce qui permet de mieux se plonger dans les univers qu’elles dĂ©peignent (la trilogie des coureuses de vent). Ngozi, de “Kabu Kabu”, se rencontre Ă  nouveau dans “La maison des difformitĂ©s”, et on rĂ©alise qu’il s’agit Ă©galement du prĂ©nom de la grande soeur de Nnedi Okorafor dans “La fille qui court”.
Je voulais Ă©crire sur les personnages de Kabu Kabu, et parler de Ngozi me permet justement de faire une transition. Les hĂ©roĂŻnes sont trĂšs peu dĂ©marquĂ©es les unes des autres, c'est un reproche qu'on peut faire aussi pour les personnages romançables masculins : toutes les hĂ©roĂŻnes ressemblent Ă  Inyang, et tous les personnages masculins Ă  Mwita de Qui a peur de la mort ?. Les personnages, en gĂ©nĂ©ral, ne sont pas trĂšs attachants... sauf pour Ngozi, et je peux avancer une thĂ©orie sur le pourquoi. Si Ngozi est la soeur de Nnedi Okorafor, il est possible qu’elle y ait mis du sien dedans, bien sĂ»r, mais peut-ĂȘtre qu’elle avait en tĂȘte sa soeur en la construisant, si bien que Ngozi est la seule qui se dĂ©marque des autres personnages de Kabu Kabu, lĂ  oĂč toutes les autres hĂ©roĂŻnes semblent interchangeables... parce qu’il s’agit peut-ĂȘtre davantage de personnages basĂ©s sur leur autrice. Bien entendu, tout cela n’est qu’une thĂ©orie et n’est pas Ă  prendre comme canon : ce n’est que mon interprĂ©tation !
Cependant, Nnedi Okorafor maĂźtrise ses ambiances. ma nouvelle prĂ©fĂ©rĂ©e est, comme je l’ai dit, “Kabu Kabu”. TrĂšs bien rythmĂ©e, surprenante et fantasque, elle m’a fait penser au Voyage de Chiriro, et si vous ne devez en lire qu’une, lisez celle-lĂ . “La maison des difformitĂ©s” a une ambiance un peu similaire dans le sens bizarre et fantastique, mais rajoute en plus de cela plein de dĂ©tails civilisationnels sur la vie au NigĂ©ria que j’ai trouvĂ© passionnants et qui m’ont donnĂ© envie de me renseigner davantage sur ce pays. La trilogie des coureuses de vents, mĂȘme si je rĂąle, est plutĂŽt sympa et construit vraiment l’univers oĂč se passe l’intrigue, et “La guerre des babouins” est originale, intriguante et loufoque.
Il reste quelques dĂ©tails dans mon bloc-notes, mais je pense que j’ai fait le tour de l’essentiel, et que ce qu’il reste Ă  dire serait redondant. Je pense qu’il est important de rappeler que mĂȘme si les oeuvres de Nnedi Okorafor ne sont pas parfaites, elle est l’une des seules qui proposent des hĂ©roĂŻnes de fantasy, de SF et de post-apo noires. A nouveau, oui, ses oeuvres ne sont pas parfaites. Je critique beaucoup, mais ses oeuvres sont infiniment moins sexistes que celles de 90% des bouquins de fantasy que je lis, Outlander compris, et j’adore Outlander. Je dirai que j’ai tendance Ă  ĂȘtre plus exigeants avec les bouquins dont j’attends une irrĂ©prochabilitĂ© militante, et qui du coup ne me satisfont pas autant que ce que j’aurais voulu, alors que quand je lis autre chose, comme je n’en attends rien, je prends ce qu’on me donne. Nnedi Okorafor est une autrice importante, car il y a trop peu de voix fĂ©minines noires dans la littĂ©rature de l’imaginaire, et je pense vraiment que leurs imaginaires devraient occuper beaucoup plus de place que le peu qu’on leur accorde aujourd’hui. Nnedi Okorafor a plein d’idĂ©es, dont plein de bonnes idĂ©es, et surtout, elle a des idĂ©es  à laquelle nous, qui sommes uniquement abreuvĂ©s en fantasy de narration blanche, ne sommes pas habituĂ©.es. Diversifer les voix de la littĂ©rature de l’imaginaire, c’est aussi s’assurer que cette imaginaire se renouvelle et pousse toujours plus loin les frontiĂšres de l’imagination en introduisant de nouveaux Ă©lĂ©ments, de nouveaux concepts, de nouveaux dĂ©cors. Et sortir de notre zone de confort, n’est-ce pas cela que l’on attend lorsque nous lisons ?
Ma note : 15/20
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La cause e(s)t la conséquence
Commentaire livrĂ© lors du webinaire sur le genre et l’équitĂ© sociale de la Fondation Pierre Elliott Trudeau, 30 juillet 2020.
Bonjour, je vous parle en ce moment de Tiohtiå:ke (Montréal en langue Kanien'kehå) qui est historiquement connu comme un lieu de rassemblement pour de nombreuses PremiÚres Nations, et aujourd'hui, une population autochtone diversifiée ainsi que d'autres peuples y résident.
Merci aux panĂ©listes qui ont prĂ©sentĂ© la maniĂšre dont le genre et l’équitĂ© sociale sont interreliĂ©s et comment nous pouvons dĂ©velopper de nouveaux modĂšles pour penser la pĂ©riode de l’aprĂšs crise.
La premiĂšre partie de mon commentaire consistera essentiellement Ă  mettre en lumiĂšre quelques Ă©lĂ©ments contextuels entourant cette crise que nous traversons. Je terminerai en proposant une rĂ©flexion sur la nĂ©cessitĂ© de puiser dans les courants marginaux comme l’Afrofuturisme pour penser le monde de demain.
Dans un premier temps, comme il a Ă©tĂ© question tout au long de cette discussion, il est dit que la crise sanitaire que nous traversons affectent de maniĂšre disproportionnĂ©e les populations les plus vulnĂ©rables et marginalisĂ©es, y compris les femmes. Une lecture plus attentive de la situation suggĂšre que les femmes ne vivent pas les impacts de la Covid-19 de la mĂȘme maniĂšre et que certaines y sont plus exposĂ©es que d’autres. Nous parlons ici des femmes autochtones, noires et racisĂ©es, mais aussi celles qui vivent avec un handicap, des femmes trans, queer et bispirituel·les.
Un exemple concret de ces disparitĂ©s au sein des femmes peut ĂȘtre la situation des femmes noires et racisĂ©es Ă  MontrĂ©al, une des villes canadiennes avec le plus haut taux d’infection Ă  la Covid-19. Dans les quartiers oĂč sont concentrĂ©s les communautĂ©s racisĂ©es, notamment MontrĂ©al-Nord, la crise sanitaire liĂ©e Ă  la Covid-19 a exacerbĂ© les inĂ©galitĂ©s socioĂ©conomiques dĂ©jĂ  prĂ©sentes.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas Montréal-Nord, ce quartier se caractérise par sa composition démographique, à savoir principalement des familles immigrantes et racisées, et la pauvreté qui y rÚgne. Plusieurs facteurs ont été avancé, notamment le taux de pauvreté élevé, la piÚtre qualité des logements et le fait que plusieurs travailleurs « essentiels » vivent dans ce quartier.
TrĂšs rarement il a Ă©tĂ© question de la race dans les discussions entourant cette surreprĂ©sentation. Pourtant, il ne faut pas croire que c’est un hasard si les quartiers oĂč vivent majoritairement des populations racisĂ©es soient davantage affectĂ©s par la Covid-19. Pour paraphraser Frantz Fanon « la cause est la consĂ©quence » : vous ĂȘtes en santĂ© parce que vous ĂȘtes blancs et vous ĂȘtes blancs parce que vous ĂȘtes en santĂ©. Autrement dit, le racisme, d’autant plus en contexte colonial comme c’est le cas sur l’üle de la Tortue, est la fondation sur laquelle se fait la dĂ©marcation entre la vie et la mort.
Pour les femmes noires et racisĂ©es, cela veut dire qu’elles sont davantage exposĂ©s au virus en raison de leur surreprĂ©sentation dans les mĂ©tiers de soin, notamment dans les hĂŽpitaux, les centres d’hĂ©bergement et les garderies, mais aussi dans d’autres secteurs comme la restauration et le commerce de dĂ©tail.
On aurait tendance Ă  croire, Ă  l’instar de ce qu’avancent certaines lectures nĂ©olibĂ©rales de la crise sanitaire, que l’ensemble de ces femmes se retrouvent dans ces secteurs d’emploi en raison des choix et de caractĂ©ristiques individuels comme leur parcours professionnel atypique, leur statut d’immigration ou encore parce qu’ils s’agit de secteurs d’emploi traditionnellement fĂ©minins. Or,  comme le mentionne Marlihan Lopez et Laity Fary Ndiaye dans une lettre ouverte publiĂ©e en mai, c’est plutĂŽt en raison des discriminations systĂ©miques, entre autres sur le marchĂ© de l’emploi et dans les politiques d’immigration, que les femmes noires et racisĂ©es occupent gĂ©nĂ©ralement des emplois prĂ©caires, sous-payĂ©s, dĂ©valorisĂ©s et dangereux pour leur santĂ©. Ainsi, en prĂ©fĂ©rant adopter et promouvoir une vision oĂč les femmes noires et racisĂ©es sont perçues comme « naturellement » prĂ©disposĂ©es au travail de soin (c’est-Ă -dire qu’elles y travaillent parce qu’elles « aiment » donner des soins), les gouvernements et les mĂ©dias renforcent les stĂ©rĂ©otypes et prĂ©jugĂ©s racistes et sexistes sur les femmes noires et racisĂ©es.
La discussion d’aujourd’hui nous amĂšne Ă©galement Ă  nous intĂ©resser aux potentialitĂ©s de la crise actuelle dans le dĂ©veloppement de nouveaux modĂšles de sociĂ©tĂ©. Pour les populations vulnĂ©rables et marginalisĂ©es, historiquement exclues des lieux de pouvoir oĂč se dĂ©cident qui peut vivre et qui peut mourir, qui est en libertĂ© et qui est en prison, qui peut circuler librement dans les rues et qui est victime de harcĂšlements et d’abus policiers, qui peut traverser les frontiĂšres et qui se voit mis en cage, la nĂ©cessitĂ© de s’imaginer en vie dans le futur est vitale. 
C’est dans cette optique que l’Afrofuturisme devient non seulement un projet politique pour l’émancipation des Noirs, mais qu’il ouvre la voie Ă  la construction de mondes alternatifs oĂč la famine, les Ă©pidĂ©mies, l’incarcĂ©ration de masse, les violences sexuelles, la brutalitĂ© policiĂšre et la dĂ©tention des migrants n’existeraient pas. En somme, il s’agit de prĂ©figurer et de vivre des futurs dans lesquels des projets politiques qui Ă©taient impossibles hier, tel que l’abolition de la police ou des frontiĂšres, sont non seulement viables, mais deviennent des expĂ©riences politiques agrĂ©ables et sources de plaisir – ce que andrienne marre brown nomme l’« activisme du plaisir » (pleasure activism).  
Autrement dit, l’obsession que nous avons avec la « fin » du monde, que ce soit sous la forme d’un cataclysme Ă©cologique ou alors d’une pandĂ©mie, doit nourrir notre imagination de maniĂšre Ă  ce que nous visionnons des mondes qui ne soient pas dominĂ©s par le capitalisme, le patriarcat et la suprĂ©matie blanche. Être pessimiste est un privilĂšge que les plus vulnĂ©rables ne peuvent se permettre et c’est pourquoi nous voyons, en ce moment, des mouvements dirigĂ©s par des femmes noires et racisĂ©es, que ce soit #BlackLivesMatter ou #metoo. 
En terminant, quel est notre rĂŽle dans tout ça ? Il me paraĂźt essentiel de rĂ©flĂ©chir Ă  la maniĂšre dont la science et la technologie ont longtemps servi Ă  protĂ©ger les intĂ©rĂȘts des plus puissants, et trĂšs rarement celles des femmes. Faut-il rappeler qu’il n’y a pas trĂšs longtemps, la science dĂ©fendait l’idĂ©e d’une hiĂ©rarchisation des races sous la forme de l’eugĂ©nisme ?  Il est donc faux de croire que nous sommes Ă  l’abris de l’influence de celles et ceux qui aspirent Ă  conserver leurs privilĂšges (de race, de classe, de genre, etc.), c’est pourquoi nous devons naviguer avec prudence et ancrer notre travail dans les projets innovants appelant Ă  une plus grande justice et une sociĂ©tĂ© plus Ă©quitable. 
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