le geste et le sourire, le geste pour le sourire, le geste ou le sourire, dans le chaos souverain des transports en commun ; retrouver l’humanité ici par détail, par accroche, par ouverture pariétaire ; rien de plus humaines alors que ces impressions qui arrachent de la stupeur ambiante, l’ingratitude qui finit par s’effondrer ; l’angélisme démasqué sur les visages mortifères qui se déclare de visage en visage et qui fait croire à un théâtre possible d’amour là où la peine vibre dans ce matin percé de gris au rythme du wagon qui fait trembler sa carcasse de ferrailles hurlantes ; l’angélisme qui vibre lorsque tout le repousse, lorsque tout le renie, qui aime prendre forme sur les colonnes de la douleur
EXPOSITION | Prédictions, les artistes face à l’avenir ➽ https://bit.ly/Exposition-Predictions-Artistes Qui n’a jamais rêvé de savoir de quoi demain sera fait ? À travers le monde et le temps, l'humanité tente de percer les mystères de son avenir. Individuelles ou collectives, rationnelles ou non, les prédictions sont multiples. Témoins du monde qui les entoure, les artistes se sont saisis de cette préoccupation de l’avenir
D'abord un sourire. Un franc et large sourire. A faire briller une nuit sans étoile. Puis des yeux rieurs. Pétillants même. Bleus lagon. Mais, bizarrement, ils ne clignent jamais. Alliés à une longue chevelure blonde, ils illuminent un visage bienveillant. Ajouté à cela, une voix douce qui calme les ardeurs des plus haineux. Pour faire bonne mesure, une empathie et une érudition qui réconcilient les insensibles et les revêches. Enfin, elle manie l'art du discours neutre à la perfection. Bref, un concentré d'humanité.
Son nom : Eva2023.
PS : Vendu et disponible à l'état neuf chez DroïdTech
Vous êtes trop nombreux sur terre, la plupart d'entre vous ne sert plus à rien, d'où la nécessité de réduire l'humanité. Objectif numéro 1 de l'état profond remplacer les humains par des cyborgs, des robots, et IA tel est le souhait de ces gens. Alors qu'allez vous faire ???
Le fait que les uns tiennent la catastrophe pour inconcevable ou surmontable et que les autres l'estiment au contraire inévitable ne change rien. Dans les deux cas, nous disons qu'il n'y a plus rien à faire. Le sort serait scellé dans le choix que l'humanité à fait à l'aube de la modernité. Elle court vers son destin à trop vive allure pour bifurquer dans une autre direction. Elle est engagé, pour le meilleur ou pour le pire. L'instant critique de la décision est passé.
Povilas Aleksandravičius Camille Riquier - Du bon usage de la fin du monde. Bergson ou l’humanité tenue à l’impossible
Qui a prétendu que seule l’humanité connaissait la musique ?
Seuls les humains écrivent la musique, oui. Ils ont eu cette idée étrange de passer par la vue pour transmettre le son. Pourquoi pas. D’ailleurs, ils ne le font pas tous, ni toujours, ni partout.
Mais ils ne sont absolument pas seuls à connaître la musique.
Tout le monde animal chante, bruisse et rythme sa vie de sons qui leurs sont propres et précieux, musiciens appréciés de leurs pairs, et parfois au-delà – surtout les oiseaux, sauf bien sûr les canards. Une musique de vie, de territoire, d’avertissement, de joie et de reproduction, une musique qui rythme les jours des musiciens.
Tout le monde végétal chante, aussi – discrets bruissements pour lesquels il faut tendre l’oreille, murmure des échanges chimiques entre les racines, pop léger des bourgeons et des fleurs qui éclosent, vibrations. Les musiciens de la chlorophylle ont un tempo lent, ça ne les empêche pas de diriger le monde, chefs d’orchestres discrets d’une vaste symphonie. Le monde entier, après tout, bat à leur rythme qui marque l’année.
Et le minéral, croyez-le ou non, joue aussi sa partition. Lente et grave, puissante et rocailleuse, égayée par le murmure d’un ruisseau et le tintement des gouttes de pluie, secoué par les grondements féroces de la terre et le claquement implacable du tonnerre – nul ne peut ignorer le plus puissant des musiciens, celui qui tient la vie de tous les autres dans le creux de sa paume.
Non, le talent propre à l’humanité, ce n’est pas la musique – c’est d’avoir su écouter celle des autres. Entendre ce que leurs oreilles ne pouvaient pas atteindre. Enregistrer chaque vibration, chaque rythme, et en jouer la musique secrète. Jusqu’au chant des étoiles qui parvient jusqu’à nous, y compris les étoiles mortes, musiciens fantomes dont nous reconstituons méticuleusement la voix.
“Water is the main constituent of the human body. The average amount of water contained in an adult organism is 65%, which corresponds to approximately 45 liters of water for a person weighing 70 kilograms“
We are some water (blood and other fluids), carbon, zinc, steel, gas, atoms, electricity, calcium for the plant branch of our skeleton, and, maybe, a soul.
« Toutes les civilisations qui nous ont précédés ont pensé, comme nous, s'être cramponnées au rocher du temps par leurs inoubliables découvertes. Toutes ont cru à leur immortalité. Les familles des Incas, dont les palanquins parcouraient avec rapidité ces admirables chaussées de cinq cents lieues de long qui unissent encore Cuzco à Quito, étaient convaincues certainement de l'éternité de leurs conquêtes. Les siècles, d'un coup d'aile, ont précipité leur empire, à côté de tant d'autres, dans le plus profond du néant. Ils avaient, eux aussi, ces souverains du Pérou, leurs sciences, leurs mécaniques, leurs puissantes machines dont nous admirons avec stupeur les œuvres sans pouvoir en deviner le secret, Ils connaissaient, eux aussi, le secret de transporter des masses énormes. Ils construisaient des forteresses où l'on entassait les uns sur les autres des blocs de pierre de trente-huit pieds de long sur dix-huit de large. Les ruines de Tihuanaco nous montrent un tel spectacle, et ces matériaux monstrueux étaient apportés de plusieurs lieues de distance. Savons-nous comment s'y prenaient les ingénieurs de ce peuple évanoui pour résoudre un tel problème ? Nous ne le savons pas plus que les moyens appliqués à la construction des gigantesques murailles cyclopéennes dont les débris résistent encore, sur tant de points de l'Europe méridionale, aux efforts du temps. Ainsi, ne prenons pas les résultats d'une civilisation pour ses causes. Les causes se perdent, les résultats s'oublient quand disparaît l'esprit qui les avait fait éclore, ou, s'ils persistent, c'est grâce à un nouvel esprit qui va s'en emparer, et souvent leur donner une portée différente de celle qu'ils avaient d'abord. »
Arthur de Gobineau - Essai sur l’inégalité des races humaines
L’humilité n’est pas un effacement de soi, bien au contraire, et ce n’est surtout pas une marque de faiblesse. À l’opposé, si nous nous laissons guider par notre ego et notre image publique, nous nous égarons ainsi que ceux qui nous suivent. L’humilité nous ramène à la juste place, car elle nous fait prendre conscience qu’il n’y a en réalité aucun moi à satisfaire, que le babillage de l’esprit…
À nos enfants il faut donc apprendre à parler juste, c’est à dire avec l’audace d’affirmer son pouvoir de parole, mais aussi l’infinie considération que l’on doit à l’Autre. Il nous faut leur apprendre à lire juste, c’est à dire avec le respect que l’on doit au texte d’un autre, mais aussi la volonté d’en donner une interprétation personnelle. Il nous faut leur apprendre à écrire juste en savourant le plaisir de chacun des mots choisis, mais en ayant le souci d’un lecteur que l’on veut exigeant. Il nous faut enfin leur transmettre que ce langage, cette écriture par lesquels ils s’imposeront et s’exposeront à la fois sont les plus beaux témoignages de leur humanité.
Alain Bentolila. Le propre de l’homme. Parler, lire, écrire. 2000