Tumgik
#je préfère rester légère pour le moment
homomenhommes · 2 months
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saga: SOUMISSION / DOMINATION 98
Vendredi,
Je me réveille à 9h passé. Je vais être très en retard au travail !! Je préfère téléphoner à mon boss pour lui dire que je ne me sens pas bien et que je vais rester au lit toute la journée pour me soigner et être en pleine forme lundi. Il me dit de ne pas faire de bêtise et de bien rester au chaud, c'est un chic type.
Je repense à ma semaine, il ne faudrait pas que Marc s'absente trop souvent, ça me fatiguerait trop !!! (et puis c'est tellement bon que j'en viendrais à attendre ses absence). Enfin mon homme rentre ce soir et j'en suis déjà tout fou.
Je range la maison, ce n'est pas encore le domaine de Samir et Ammed, mais je pense que ça va bientôt le devenir. Nous avons pu juger de leur discrétion et de leur enthousiasme à vivre notre trip. De plus une femme de ménage " normale " pourrait s'offusquer des cadavres (Kpotes) trainant dans les cendriers, des trainées suspectes sur les sols et partout ailleurs. Et depuis que Marc les a autorisé à utiliser " mon " appart quand ils le veulent, ils nous en sont tellement reconnaissants que nous pouvons tout leur demander. Je crois que nous allons les salarier (pour les déductions d'impôts), mes revenus annexes peuvent le supporter et ma feuille d'impôt ne sera que plus légère. Il va falloir que j'en parle à mon banquier perso (le père de Ric).
Je glande donc toute la matinée, passage en salle de muscu sans trop de conviction. J'appelle Samir et lui dit que si ils le veulent ils peuvent arriver plus tôt pour se faire une séance de muscu avec moi, quand on est plusieurs, la motivation est plus importante. Il me dit que c'est Ok et qu'il passera chercher Ammed.
Ils arrivent dès 14 heures (ils étaient du matin dans leur taf). Je les regarde monter le perron, ils sont canons nos deux beurs, Marc les a vraiment bien choisi !
Une bise sur chaque joue en guise de bonjour et nous allons direct au sous sol. On se déshabille (ça va plus vite pour moi qui suis encore en peignoir), jocks sur les bites et nous voilà partis pour une bonne séance. Deux heures plus tard, les muscles gonflés par l'effort, nous procédons à une demi-heure d'étirements. Après une douche brûlante, Samir veut me faire voir les progrès d'Ammed (prétexte je crois pour une bonne baise).
Nous repassons donc à la salle de muscu et squattons les tatamis. Nous sommes déjà tout bandants. Ammed se met à nos genoux et nous suce alternativement Samir et moi. Il a vraiment pris le coup pour nous bouffer la queue jusqu'aux couilles. En plus il aime ça ! Samir collé à mon coté en profite pour me lécher l'oreille, jouer avec le lobe, le mordiller tout en pinçant mon téton gauche. Je suis raide au maximum et Ammed en tousse un peu quand je lui racle le fond de sa gorge. Samir veut me montrer la facilité avec laquelle, maintenant, Ammed s'auto-fellationne pendant qu'il l'encule.
Ammed roule sur lui en relevant les fesses, son poids se portant sur ses épaules et sa nuque, ses pieds reprenant contact avec le sol au delà de sa tête. Ses presque 20cm sont bien raides et penché sur son coté, nous le voyons se bouffer la tige. Samir, l'enjambe et place sa bite nue sur sa rondelle. Il crache dessus deux trois fois et s'enfonce. Je note au passage que l'anus d'Ammed supporte vaillamment l'assaut. Quand je dis " Kpote ", Samir me répond qu'ils ont fait le test et qu'ils sont négatifs tous les deux. Je regarde le niveau inférieur, sous les poussées de Samir, Ammed prend les 3/4 de sa bite en bouche. Je me couche à ses cotés et lui murmure à l'oreille. Je lui demande si c'est bon, meilleur qu'une pipe classique, plein de trucs auxquels il ne peut me répondre. Je me redresse et me plante devant Samir la queue plaquée aux abdos. Il comprend le message et se penche pour me sucer. Lui aussi a fait des progrès, il me mange entier. Je lui prends la tête entre mes mains et donne le rythme de la pipe. Doucement la cadence de pompage donne le La à celle de l'enculage.
Après un bon moment, il me propose le cul d'Ammed. Je ne peux pas dire non, ce n'est pas polit de refuser un cadeau !
Ammed s'est déplié, il commençait à fatiguer dans sa position et cela se ressentait au niveau de la raideur de sa bite qui justement commençait à en manquer sérieusement.
Je l'ai mis à 4 pattes en travers d'un banc et à genoux entre ses jambes je l'ai à mon tour enculé. Même recouvert d'une Kpote, j'ai pu sentir toute la topographie de son boyau. Son cul, bien que maintenant fréquemment utilisé par Samir, collait au plus près de ma queue. Le passage de son anus bien marqué par son élasticité toujours résistante, j'ai pris un grand plaisir à m'enfoncer doucement dans son intimité. Mes mains plaquées sur son dos en V, j'enculais là un beau spécimen de mec. Pas encore un " Ric beur " mais si Samir insiste un peu, il pourrait le devenir (coté physique musclé).
Samir s'est placé devant lui pour se faire pomper le dard. Pendant un bon moment nous n'avons plus entendu, que le bruits de mes couilles tapant sur les siennes, le slurp slurp de sa bouche sur la bite de Samir et nos " han " de bûcherons à chaque fois que nous nous enfoncions totalement en lui.
Il fut le premier à jouir, éclaboussant le sol de ses jets de sperme. Samir s'est vite retiré de sa gorge pour lui arroser le dos avec une telle pression qu'un bon nombre de jet a ricoché sur mes abdos. Je n'ai pu me retenir plus longtemps moi aussi et je me suis vite retiré de l'anus d'Ammed, j'ai jeté la kpote par terre et j'ai juté de long traits blanchâtres sur son dos bronzé.
Après avoir repris notre souffle (un bon 1/4 heure plus tard), un passage aux douches s'imposait. Ils se sont mis tous les deux à me savonner et me masser du cou jusqu'aux chevilles. Chaque muscle y a eu droit. Je n'avais encore jamais connu ce type de massage. Ammed m'a dit plus tard que c'était son frère ainé (Kiné / ostéo / masseur) qui lui avait appris pour bosser l'été au hammam quand il était plus jeune et qu'il avait montré à Samir comment faire. En attendant je leur dis que s'ils voulaient bien, j'aimerai en faire profiter Marc.
Pour lui, ils seraient prêts à tout je crois.
Je leur dit alors de vite faire le taf avant que Marc n'arrive et de se préparer à faire le massage de leur vie sur son corps fatigué par une semaine de taf.
Je leur laisse la maison et file vite en ville chercher des huiles de massage. Ammed m'a indiqué une boutique tenue par un vieil arabe et de me présenter de sa part pour avoir la meilleur huile du marché.
Quand je rentre, je passe au donjon avant de rentrer dans la maison. Comme d'habitude après leur passage, il est nickel (même si il n'a pas servi depuis quelques temps, la poussière s'accumule).
Je prépare un diner qui peut être mangé n'importe quand. Je ne connais pas l'heure exacte à laquelle Marc va rentrer, s'il veut me faire l'amour tout de suite ou pas...
Samir et Ammed remontent du sous sol et me disent que tout est propre. Ils restent quelques instants à discuter avec moi. Je leur demande comment ça va dans leurs citées. Ils me disent que tout va bien tant que personne ne sait pour eux. Car dès le premier jour où ça se saura, ils deviendront la " pute " mâle du quartier et même pire car une pute, elle se fait payer ! Là, ils se feront larver dans les caves sans possibilité de se défendre.
Quand je leur dis qu'ils exagèrent peut être un peu, Ammed renchéri en me disant que c'est déjà arrivé à un jeune de leur quartier qui n'a du son salut qu'à une fugue spectaculaire. Mais après ses parents ont été obligés de déménager dans une autre ville. Donc pour le moment ils font profils bas dans leurs quartiers respectifs. A leurs potes un peu curieux de ne plus les voir trainer le WE, chacun y a été d'une version différente. Ammed, lui a déclaré avoir trouvé un job de WE dans l'entretien général d'une propriété pour pouvoir changer sa caisse. Samir quand à lui s'est inventé une meuf dans une autre ville. Je comprends mieux leur intérêt à vouloir rester tout le WE chez nous, même quand il n'y a pas de touze à " servir ".
Nous entendons la voiture de Marc entrer dans la cour. Je leur dis d'aller à l'appart, que je les appellerais pour le massage. Ils croisent Marc sur le perron, salutations quelques mots et mon homme entre seul. Il a à peine le temps de lâcher sa valise et sa sacoche que je suis dans ses bras pour lui rouler une pelle.
Presque nu (j'ai mis sur mes fesses un des jeans coupé short ultra court et décousu au trou du cul) je me colle à lui. De son coté, il me serre dans ses bras à m'étouffer. Il m'a manqué !! (Même si j'ai été bien occupé tous les soirs). Je sens ses mains glisser sur mon dos, se poser sur mes fesses et les écartant écarter le tissus mettant à l'air libre mon petit trou. Je bande depuis que j'ai entendu la voiture arriver. Collé contre lui je sens sa bite bander et déformer le pantalon de son costume. Il me glisse à l'oreille, tout bas, que je lui ai manqué. Nous nous décollons et je lui fais remarquer que dans l'hôtel où il résidait, ça ne devait pas manquer les jeunes serveurs homos prêts à se faire défoncer par un beau mec.
Il prend ma tête entre ses mains pour embrasser mes lèvres et me dit que certains lui avaient proposé leurs " services " plus ou moins ouvertement, mais qu'il n'avait pensé qu'à moi et à ces cons de plans qu'il m'avait organisé. Jusqu'au jeudi soir où il n'a plus tenu et s'est fait un des apprentis et son référent (guère plus âgé). Peut être le fait que c'était le soir d'Emma ?!
Quand je lui ai demandé si il avait faim, il m'a répondu " oui, de toi ". Le costume a pâti de mon déshabillage express. Mais il est entré dans le salon nu comme un ver. Je l'ai poussé dans un canapé et sans lui laisser d'initiative, agenouillé entre ses cuisses, j'ai embouché sa bite, son manche, l'objet de mon plaisir.
Je l'ai entendu gémir et ses mains sont venues se poser sur ma tête pour maitriser, ralentir mon rythme de pompage. Qu'elle est bonne sa queue. Juste assez longue pour me défoncer la gorge sans m'étrangler outre mesure juste assez large pour... enfin parfaite quoi ! La laissant bien luisante de ma salive, je me suis redressé et face à face, mes yeux rivés dans les siens, je me suis assis dessus. Un genou de chaque coté de ses cuisses, mes mains écartent le jeans juste ce qu'il faut pour découvrir mon anus. Ma queue me fait mal, contrainte dans le jeans non déboutonné. Ça me rappelle les fois où il m'enculait dans le jardin alors que je travaillais !
Je ne veux que sa propre jouissance, elle ne sortira pas de sa " cage ". Mes mains sur ses épaules, je monte et descend sur son manche. A chaque descente, je serre mon anus, il apprécie. Il me prend la tête et me met sa langue dans ma bouche. Mes mouvements en sont un peu moins réguliers mais l'excitation monte plus vite. Sa queue n'est pas la plus longue ni la plus large qui m'ait prise, mais c'est quand même la meilleur car elle est fixée sur l'homme que j'aime ! Alors que je ralenti pour faire durer le plaisir, il me prend les fesses et s'assure qu'à chaque descente je sois bien assis, je le prends le plus possible dans le cul.
C'est trop bon. Il ne tient plus et jute dans mon trou. J'en ressens la pression supplémentaire dans mon boyau. Il n'a pas fini d'éjaculer que je gicle dans mon jeans. Une tache humide va s'élargissant puis un peu de sperme coule entre les boutons tirés à l'extrême par ma bite bandée à mort. Nous restons sans bouger jusqu'à ce que sa bite glisse hors de mon trou. Je serre les fesses histoire de ne pas saloper le cuir du canapé. Je me lève tout en lui interdisant de bouger. J'appelle nos deux beurs et en attendant leur venue, dégage la table basse et dépose dessus un drap de bain. La table fait dans les 1m70 x 70cm de large.
Samir et Ammed arrivent en shorty cuir. Ils sont encore tout gonflés de notre séance de muscu,. Je demande à Marc de se coucher sur le drap de bain sur le ventre. Aussitôt, Samir à sa droite et Ammed à sa gauche commencent à l'enduire d'huile. Rien que pour le dos ils en ont eu pour une bonne demi-heure à deux. Marc apprécie le traitement. J'ai mis une musique orientalisante en fond sonore (ça fait cliché mais j'm bien). Quand ils lui demandent de se tourner, on peut admirer sa virilité dans toute sa splendeur. Pour le moment c'est massage. Les quatre mains reprennent leur ballet massant chaque muscle. Après s'être occupé chacun d'un bras, Samir s'attaque aux épaules et au torse quand Ammed s'occupe des pieds puis remonte les jambes.
La remontée, mollets puis cuisses fait tressauter le sexe de Marc sur ses abdos. Ammed s'empare de la seule partie du corps de Marc exempt d'huile et alors que ce dernier est dans un état second, les yeux fermés à savourer la détente musculaire issue du massage il l'avale d'un seul coup jusqu'aux couilles et se verrouille dessus au moins 30 secondes. Marc a voulu se redresser mais Samir en appuyant sur les épaules lui dit de se laisser faire.
Doucement, lentement, ils l'ont amené au point de non retour. Je me suis alors approché et c'est ma bouche qui a recueilli le sperme qui est sorti de sa bite. Bien qu'obligé d'en avaler une partie, j'en ai gardé le plus possible en bouche et une fois sûr qu'il était bien vidé, je me suis couché sur lui et nous nous sommes roulés une pelle spéciale, ne nous arrêtant que quand plus une goutte de sperme ne subsistait entre nos langues.
Nous avons retrouvé un peu plus tard nos deux beurs qui s'étaient exilés dans la cuisine pour nous laisser seul.
JARDINIER
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les voleurs d'Amour
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azenta · 3 years
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Si jamais tu lis bel et bien ce blog ;
#hewwo uwu#i hope you're doing better#j'aurais tant à dire pour dire pourtant peu#mais j'aurais aussi tout autant à dire qui est plus sérieux et qui me rendrait beaucoup plus vulnérable#je préfère rester légère pour le moment#ive found back that gamer side and have been playing guild wars 2 almost every day#which makes a poor excuse to procrastinate that damn questionnaire i need to fill to apply to the social work master#tho i do feel i am getting ready to make it. which is a bit hard to explain as a feeling#je ressens toujours un mélange d'anxiété et de pure frustration à l'idée de devoir m'obstiner pour un foutu divan#j'attend deux semaines avant le déménagement pour l'acculer au pied du mur et lui donner l'impression qu'il n'as 'pas le choix'#en souhaitant que ça réduise la partie obstinage inutile...#en juin mon horaire est presque toujours à 4 jours sem. je vais même me tapper 3/4 fds. mais ça me dérange pas vrm#j'aime travailler. un peu trop même lol. Les constructions s'entament aussi finalement d'ailleurs. pour au moins une durée de un an#j'ai déjà hâte de voir les résultats. mais on va devoir se faire chier un criss de bout avant lmao#je vais voir mon amie demain. ça fait un bout. j'étais trop occupée à gamer lmao#sinon... eh bien je cacherai pas que si j'écris comme si je m'adressais à toi c'est parce que j'ai une pensée pour toi#or well... i think quite often about you if im being honest. j'ai hâte d'avoir de tes nouvelles#but i am assuming you're still in a rough patch and so i prefer that you continue focusing on yourself. as i believe you do now#ive written you 1 week ago and i assumed your lack of answer equated 'im not feeling very well. because of the addiction'#since that's what you told me it kinda meant some months ago. so yeah. this is also why im not coming forward much#and tbh id rather wait for you to write me back. even if it still takes a while.#but usually the uncertainty kills me and i know ill write you at some point. since well im not sure you read this. i have my doubts tho#because of one thing you did last time we met... 🙃 i havent told you that i had stopped the pill. the only place i mentioned it is here lol#anyway xD#im still not sure. but writing 'as if' kinda relieve me anyway#last thing ; quand les résidents font une mise en situation je peux pas m'empêcher de mentionner en exemple#la fois où t'as eu un mega craving. et comme de fait ils aiment bjen l'exemple de la craie eux aussi lmao#Et ça continue de donner des méchants cravings au monde. ce qui est parfait xD#mais ptêtre pas aussi intense que ce que t'as eus :p so yeah... reaching the last tag i can write#id have more to say but it wouldnt be as lightweight as i want. so... Take care! Ill also take care of myself of course. See you around~ uwu
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claudehenrion · 3 years
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Bonne et heureuse année - ( II ): retour sur des images insupportables
NB  un grave problème d’ordinateur me pose un problème au dessus de mes compétences Ne sachant pas très bien o j’en suis je préfère envoyer deux ‘’billets’’ presque identiques plutôt que pas du tout Pardon amis lecteurs pour le cas o celui-ci doublonnerait l’’officiel’’ 
Si les sujets évoqués ces jours derniers (et l'idée qui les sous-tend, qui est d'élargir et de prolonger sine die l'état de mort cérébrale où nos nuls sont en train de plonger la France) étaient seuls en cause, il n'y aurait que “demi-mal” et on pourrait conserver une lueur d'espoir ! Mais les casseroles qui menacent ce début d'année risquent d'en faire un millésime encore pire que celui –pourtant si peu regretté– que nous venons de quitter… Nos vœux de “Bonne et heureuse année” ont dû manquer de conviction, pour que nous en soyons réduits, déjà, à démarrer avec de tels déficits initiaux (et pas que ceux relatifs à “la dette”, qui a largement dépassé les limites de ce qui peut être compréhensible à un esprit humain!).
   J'avais commencé à dresser une liste des points qui me paraissent  susceptibles de devenir des sources d'échecs et de “cassages de gueule” probables en 2021: société du ‘’tout interdit’’, restaurants menés à la faillite, expositions censurées, théâtres assassinés, bonne littérature interdite ou ré-écrite en volapûk “woke” –mensonger et insane–, lois liberticides en tout genre, relance massive des radars vicieux sur nos routes, surveillance d'internet, procès et lynchages médiatiques, “dé-zemmourisation” et “ernottisation” du PAF… au point que la vraie liberté d'expression se retrouve frappée d'interdit. Vaste projet !
  Heureusement pour moi, j'ai eu la chance de tomber (c'est l'expression consacrée) sur un livre qui vient de “sortir” (Ed Ring). C'estun “retour sur images” de beaucoup supérieur à ce que j'aurais pu faire. Cette authentique “pépite”, “Endoctrinement”, est signée par une Marie Limès, que je n'ai pas la chance de connaître, mais dont le Web m'apprend qu'elle est née en 1982 à Dijon, qu'elle est professeur d'histoire et de géographie dans un collège de ZEPet que, pour des raisons de sécurité physique, (car dans notre ex-démocratie, les citoyens qui ne suivent pas le mortifère “main Stream” de la pensée officielle ou du “woke” ont à craindre pour leurs jours et leur intégrité physique), elle préfère rester dans l'ombre. Ce serait-là, disent les biographes, son premier livre. C'est un coup de maître.
  Ce n'est pas vraiment un livre, car il contient très peu de texte, mais est surtout fait de captures d'écran que Marie Limès a intelligemment commentées, parfois même avec une pointe d'humour fort bien venue (et en se recommandant d'auteurs fort fréquentables). L'ouvrage foisonne donc d'articles tirés de la presse main-stream, de publications empruntées à Facebook, de tweets, de publicités et, en gros, de tout ce qui défile sur votre portable et sur vos écrans,tout ce que la média-sphère nous enfourne dans le crâne à longueur de journée, jusqu'à façonner à notre insu notre pensée et celle de nos semblables, plus ou moins lentement, mais très sûrement. C’est ce qu’on appelle “l’endoctrinement”. (NDLR : j'ai eu la curiosité de rechercher la définition de ce mot, et j'ai trouvé l'item suivant : ’‘Les synonymes de ’'endoctrinement’’ sont : catéchisation, intoxication et (tenez-vous bien) “instruction” –ce qui permet de comprendre enfin le triste sort réservé à nos chers petits par des générations de faux pédagogues marqués à Gauche).
  Mais revenons à notre sujet: Marie Limès ose décrire la manipulation de masse en cours,qui fait passer pour “minimalistes” les horreurs comparables de la Propagandastaffel ou de la Guépéou et de la Loubianka. Cette manipulation est permanente, brutale, et hypnotique, dans sa dangereuse perversité. “Née dans une famille votant à gauche”, elle a ouvert les yeux, explique-t-elle, “lors du mandat de François Hollande, devant les déclarations de Taubira et Vallaud-Belkacem.  J’ai été prise de vertige devant la malhonnêteté intellectuelle de ces gens, leur haine de notre histoire, leur critique biaisée de la civilisation occidentale, ou leur promotion continuelle de l’Afrique et de l’islam. Mes études d’histoire m’ont permis de conserver une certaine lucidité, et j’ai compris l’énormité de l'enjeu : la mort de la civilisation occidentale et pas seulement son déclin. L'inventaire est complet et net.
  Seul motif d’espoir : les gens s’en rendent compte, désormais, comme on le constate sur les réseaux sociaux. Le peuple a plus de bon sens que nos élites politiques et médiatiques, totalement soumises à l'idéologie dite post-moderne, qui n'est qu'outrancièrement ’'correcte”. Par exemple les délires de la pensée soi-disant décoloniale et la théorie du genre, qu'on pensait réservées aux seuls militants névrosés des campus américains, ont profondément imprégné la mentalité des hommes politiques français, et les organes de presse qui étaient autrefois “de référence”, comme le journal Le Monde ou la radio publique France Culture, ont abandonné toute objectivité, toute distance critique, toute rigueur, toute mise en perspectives historiques et toute ressemblance avec la vérité’’. Marie Limès précise même : “la presse, prise dans la marée de la propagande du progressisme, est devenue un agent d’endoctrinement et de propagation de cette idéologie”.
  Quelques exemples: que France Culture programme une émission à la gloire de l’islam passe encore. Mais quand c’est en permanence que la religion historique de notre pays est dénigrée par principe, on change de registre. Ou encore la présence d'hommes noirs (on doit dire, paraît-il, “black”. Pourquoi ?) dans la publicité : qu’il y en ait un de temps en temps, c’est normal, et ça ne pose de problème à personne, et pas à moi. Mais la sur-représentativité de “noirs-blacks” est devenue systémique. C'est un matraquage racial (raciste ?), qui tend à faire croire à une disparition de l’homme blanc (sauf s’il est homosexuel), et ce à travers un perpétuel éloge du métissage..  comme si le seul mal, en ce moment, était un racisme ré-inventé… et alors que le tabou du racisme derrière lequel se cachent les endoctrineurs, comme derrière une armure exclusive et indiscutable, est infiniment plus annonciateur de tempêtes à venir. Si vous critiquez une publicité avec un noir ou une émission louangeuse de l’Islam sur France Culture, vous vous retrouvez aussitôt affublés de l’accusation suprême : le racisme. C'est faux, c'est idiot, et c'est très dangereux.
  Bien sûr, ce n'est pas la présence d'un noir-black sur une ou des publicité(s) qui pose problème, ni même une émission partiale sur l’islam à France Culture, mais c'est le flot continuel d'une propagande exagérée à en devenir contre-productive : leurs excès desservent la cause qu'ils disent vouloir défendre.  Mais il y a plus tragique encore, c’est l’absence de solution politique : à dix-huit mois des présidentielles, aucune personnalité n’émerge, et c’est catastrophique car si aucune évolution n'a lieu dans de très brefs délais, c'est d'un Grand effondrement de la civilisation occidentale qu'il faudra parler, et plus de son “Endoctrinement”.
  Et puisque nous évoquons une réelle prise de conscience de cet “état d'excès”, signalons aussi quelques livres, lus récemment : “L’imposture décoloniale : science imaginaire et pseudo-antiracisme” (oct 2020), de Pierre-André Taguieff, qui cite “les clameurs de la haine d’une part et les plaidoyers de la mauvaise conscience d’autre part” de Camus … et “Liberté d’inexpression : des formes contemporaines de la censure” (sept 2020), de Anne-Sophie Chazaud, excellents antidotes à un monde devenu fou. (NDLR : au passage, et sur un autre thème, aussi récurrent –le coronavirus–  citons “L'Incident” de Nicolas Levine (encore un pseudonyme), magistralement non-conformiste (Extrait :“les institutions internationales ont failli, les gouvernements ont paniqué et les peuples ont été abreuvés de mensonges puis couverts de reproches” !). C’est une complotiste !    
  Pourtant, tout bien réfléchi, et malgré toutes les menaces qui se précisent,je maintiens et je réitère tous mes vœux de bonne santé pour vous et les vôtres, en 2021. Si ce seul vœu se réalise, l'année entière vous sera douce et légère. Plus que 358 jours, et on saura qui a gagné, du pire, du meilleur, ou du néant.
H-Cl
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daucle · 3 years
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Bonne et heureuse année - ( II ): retour sur des images insupportables
  Si les sujets évoqués ces jours derniers (et l'idée qui les sous-tend, qui est d'élargir et de prolonger sine die l'état de mort cérébrale où nos nuls sont en train de plonger la France) étaient seuls en cause, il n'y aurait que “demi-mal” et on pourrait conserver une lueur d'espoir ! Mais les casseroles qui menacent ce début d'année risquent d'en faire un millésime encore pire que celui –pourtant si peu regretté– que nous venons de quitter… Nos vœux de “Bonne année” ont dû manquer de conviction, pour que nous en soyons réduits, déjà, à de tels déficits initiaux (et pas que ceux relatifs à “la dette”, qui sont déjà bien au-delà des limites de ce qui peut être compréhensible !).
   J'avais commencé à dresser une liste des points qui me paraissent  susceptibles de devenir des sources d'échecs et de “cassages de gueule” probables en 2021 : société du ‘’tout interdit’’, restaurants menés à la faillite, expositions interdites, théâtres assassinés, bonne littérature censurée ou ré-écrite en volapûk “woke” –mensonger et insane–, lois liberticides en tout genre, relance massive des radars vicieux sur nos routes, surveillance d'internet, procès et lynchages médiatiques, “dé-zemmourisation” et “ernottisation” du PAF… au point que la vraie liberté d'expression se retrouve frappée d'interdit. Vaste projet !
  Heureusement pour moi, j'ai eu la chance de tomber (c'est l'expression consacrée) sur un livre qui vient de “sortir” (Ed Ring). C'est un “retour sur images” de beaucoup supérieur à ce que j'aurais pu faire. Cette authentique “pépite”, “Endoctrinement”, est signée par une Marie Limès, que je n'ai pas la chance de connaître, mais dont le Web m'apprend qu'elle est née en 1982 à Dijon, qu'elle est professeur d'histoire et de géographie dans un collège de ZEP et que, pour des raisons de sécurité physique, (car dans notre ex-démocratie, les citoyens qui ne suivent pas le mortifère “main Stream” de la pensée officielle ou du “woke” ont à craindre pour leurs jours et leur intégrité physique), elle préfère rester dans l'ombre. Pour un premier livre, c’est un coup de maître.
   En fait, ce n'est pas vraiment un livre, car il contient très peu de texte, mais est surtout fait de captures d'écran que Marie Limès a intelligemment commentées, parfois même avec une pointe d'humour fort bien venue (et en se recommandant d'auteurs fort fréquentables). L'ouvrage foisonne donc d'articles tirés de la presse main-stream, de publications empruntées à Facebook, de tweets, de publicités et, en gros, de tout ce qui défile sur votre portable et sur vos écrans,tout ce que la média-sphère nous enfourne dans le crâne à longueur de journée, jusqu'à façonner à notre insu notre pensée et celle de nos semblables, lentement, mais très sûrement. C’est ça, un endoctrinement. (NDLR : j'ai eu la curiosité de rechercher la définition de ce mot, et j'ai trouvé l'item suivant : ’‘Les synonymes de ’'endoctrinement’’ sont : catéchisation, intoxication et (tenez-vous bien) “instruction” –ce qui permet de comprendre enfin le triste sort réservé à nos chers petits par des générations de faux pédagogues, tous marqués à Gauche).
  Mais revenons à notre sujet: Marie Limès ose décrire la manipulation de masse en cours, qui fait passer pour “minimalistes” les horreurs comparables de la Propagandastaffel ou de la Guépéou et de la Loubianka. Cette manipulation est permanente, brutale, et hypnotique, dans sa dangereuse perversité. “Née dans une famille votant à gauche”, elle a ouvert les yeux, explique-t-elle, “lors du mandat de François Hollande, devant les déclarations de Taubira et Vallaud-Belkacem.  J’ai été prise de vertige devant la malhonnêteté intellectuelle de ces gens, leur haine de notre histoire, leur critique biaisée de la civilisation occidentale, ou leur promotion continuelle de l’Afrique et de l’islam. Mes études d’histoire m’ont alors permis de conserver une certaine lucidité, et j’ai compris l’énormité de l'enjeu : la mort de la civilisation occidentale. Pas seulement son déclin’’.
  Seul motif d’espoir : nos contemporains s’en sont enfin rendu compte,  comme on le constate désormais sur tous les réseaux sociaux. Le peuple a plus de bon sens que nos élites politiques et médiatiques, totalement soumises à l'idéologie dite post-moderne, qui n'est qu'outrancièrement ’'correcte”. Par exemple les délires de la pensée soi-disant décoloniale et la théorie du genre, qu'on pensait réservées aux seuls militants névrosés des campus américains, ont profondément imprégné la mentalité des hommes politiques français, et les organes de presse qui étaient autrefois “de référence”, comme le journal Le Monde ou comme la radio publique France Culture, ont abandonné toute objectivité, toute distance critique, toute rigueur, toute mise en perspectives historiques et toute ressemblance avec la vérité’’. Marie Limès précise même : “la presse, prise dans la marée de la propagande du progressisme, est devenue un agent d’endoctrinement et de propagation de cette idéologie”.
  Quelques exemples : que France Culture programme une émission à la gloire de l’islam passe encore. Mais quand c’est en permanence que la religion historique de notre pays est dénigrée par principe, on change de registre. Ou encore la présence d'hommes noirs (on doit dire, paraît-il, “black”. Pourquoi ?) dans la publicité : qu’il y en ait un de temps en temps, c’est normal, et ça ne pose de problème à personne, et pas à moi. Mais la sur-représentativité de “noirs-blacks” est devenue systémique. C'est un matraquage racial (raciste ?), qui tend à faire croire à une disparition de l’homme blanc (sauf s’il est homosexuel), et ce à travers un perpétuel éloge du métissage..  comme si le seul mal, en ce moment, était un racisme ré-inventé… et alors que le tabou du racisme derrière lequel se cachent les endoctrineurs, comme derrière une armure exclusive et indiscutable, est infiniment plus annonciateur de tempêtes à venir. Si vous critiquez soit une publicité avec un noir soit quelque émission louangeuse de l’Islam sur France Culture, vous vous retrouvez aussitôt affublés de l’accusation suprême : le racisme. C'est faux, c'est idiot, et c'est surtout très dangereux pour notre futur à tous.
  Bien sûr, ce n'est pas la présence d'un noir-black sur une ou des publicité(s) qui pose problème, ni même une émission partiale sur l’islam à France Culture, mais c'est le flot presque continuel d'une propagande exagérée à en devenir contre-productive : leurs excès desservent la cause qu'ils disent vouloir défendre.  Mais il y a plus tragique encore, c’est l’absence de solution politique : à quinze mois des présidentielles, aucune personnalité n’émerge, et cela est catastrophique car si aucune évolution n'a lieu dans de très brefs délais, c'est d'un Grand effondrement de la civilisation occidentale qu'il faudra parler, et plus de son “Endoctrinement” et du nôtre.
  Et puisque nous évoquons une réelle prise de conscience de cet “état d'excès”, signalons aussi quelques livres, lus récemment : “L’imposture décoloniale : science imaginaire et pseudo-antiracisme” (oct 2020), de Pierre-André Taguieff, qui cite “les clameurs de la haine d’une part et les plaidoyers de la mauvaise conscience d’autre part” de Camus … et “Liberté d’inexpression : des formes contemporaines de la censure” (sept 2020), de Anne-Sophie Chazaud, excellents antidotes à un monde qui est devenu fou. (NDLR : au passage, et sur un autre thème, aussi récurrent –le coronavirus–  citons “L'Incident” de Nicolas Levine (encore un pseudonyme), magistralement non-conformiste (Extrait : “les institutions internationales ont failli, les gouvernements ont paniqué et les peuples ont été abreuvés de mensonges puis couverts de reproches” !). Seule explication : ça doit être un complotiste !    
  Pourtant, tout bien réfléchi, et malgré toutes les menaces qui se précisent, je maintiens et je réitère tous mes vœux de bonne santé pour vous et les vôtres, en 2021. Si ce seul vœu se réalise, l'année entière vous sera douce et légère. Plus que 358 jours, et on saura qui a gagné, du pire, du meilleur, ou du néant.
H-Cl
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shermann-isaak · 5 years
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dead inside || connor&isaak
Personnages» Connor et Isaak Shermann.
Où» Chez eux.
Quand» Ce soir.
Notes» Je pleure très fort.
Connor : Un large sac en cuir noir à la main, Connor verrouille les portes de sa voiture sans regarder. Ses jambes continuent de le rapprocher de la porte d’entrée de la maison. C’est l’heure du retour à la réalité pour le loup-garou, après un moment passé à déserter les quelques murs en face de lui et ignorer les personnes qui vivaient à l’intérieur. Heureusement, pour l’aider à le faire, Ephram avait été là. Probablement qu’il n’aurait jamais réussi à calmer son angoisse intérieure sans lui – probablement qu’il n’avait pas réussi à la calmer complètement non plus. Juste à l’atténuer, en s’enfermant dans une bulle, protégé du mauvais temps. En revenant ici, il avait le droit à une forme originale de tempête. Connor termine son arrivée jusqu’à la porte avec la sensation que chaque pas double son appréhension. C’est rentrer chez lui pour retrouver quoi au final ? Un rappel de l’existence d’une personne qui souhaite sa mort à deux rues plus loin, des parents tranquillement ignorants et un frère désorienté au possible. Pauvre Isaak. Et merde. Comment il est censé l’aider dans tout ça ? Rien n’apparaît comme la bonne solution. Son ventre se retourne à chaque nouvelle pensée qui vient cogner son cerveau. On se détend, Connor. Une pause, une inspiration. Et puis merde. Finalement le loup-garou fait tourner sa clé dans la serrure. Olko aboie depuis le salon pour annoncer l’entrée de son maître, avant de venir l’accueillir avec des sauts et des coups de queue dans tous les sens. Le jeune homme lui offre un sourire, avant de fermer la porte derrière lui et passer le couloir pour retrouver des yeux le visage qu’il s’attendait à voir. « Salut gros con. » balance alors Connor avec un léger rictus, ni désagréable ni parfaitement en joie de se retrouver face à Isaak. Quand il pourrait en être heureux, en réalité, si il n’était pas en panique à l’idée d’un possible basculement dans la conversation. Tout pourrait bien se passer si ils s’asseyaient simplement autour d’une bouteille de whisky, et qu’ils se racontaient leurs vies. Connor pourrait lui parler de ses retrouvailles avec Ephram, et peut-être que Isaak lui raconterait comment il avait dragué la nouvelle et qu’ils finiraient ensemble par se plaindre du nettoyage de la soirée du Nouvel An. Oui, ça pourrait bien se passer. Le loup décide de s’accrocher à cet espoir, pas prêt encore à laisser s’évanouir la joie de cette dernière vingtaine de jour. Son sourire s’élargit, une part de l’angoisse fond, alors qu’il pose ses clés sur le comptoir et qu’il vient donner une tape un peu brusque sur l’épaule de l’aîné en guise de bonjour. « Où est l’alcool qui devrait m’accueillir ? » ajoute-t’il alors en guise de plaisanterie, abandonnant son sac au sol et sa veste en cuir sur le porte manteau pour officiellement arriver chez lui et planter ses fesses dans son canapé.
Isaak : Les yeux d’Isaak se ferment une nouvelle fois tandis qu’il s’enfonce un peu plus sur le fauteuil du salon des Shermann. La nuit n’a pas été assez longue. Comme toutes les nuits depuis plusieurs jours, quand on y réfléchit. Ou plusieurs semaines ? C’est pas comme si il avait été très productif dernièrement. Une longue inspiration vient tenter de le réveiller mais ça n’a d’effet que d’éveiller ses courbatures, situées un peu partout dans son corps. Il est sorti hier soir, et le soir d’avant. Et surement le soir encore d’avant. Il a du mal à déterminer si c’était une très bonne idée de sortir autant ces derniers temps. Mais il a tendance à faire des cauchemars quand il s’endort sans alcool. Et au moins il sait pourquoi il a mal à la tête quand il boit. Ça diminue un peu l’angoisse qui attend sagement au creux de son ventre le bon moment pour exploser. Olko à ses pieds commence à grogner alors que le bruit d’une voiture dans l’allée se fait entendre. Leurs parents étant partis en voyage, ça ne peut être que Connor. Peut être qu’il restera un peu plus longtemps cette fois. A cette pensée, Isaak reprend un peu plus conscience de son environnement et ses doigts viennent frotter sans aucune délicatesse ses yeux pour les convaincre de rester ouverts. Le retour de Connor le soulage plus que de raison. Mais il a manqué d’une épaule où s’appuyer ces derniers temps et il sait qu’il pourra la trouver chez son frère. L’aboiement du chien achève son petit retour à la réalité et il sourit un peu en apercevant le brun dans le couloir. Il a l’air en forme, assez pour l’insulter avec le sourire. Il s’en veut presque de l’attendre pour lui parler de tout ce qui ne va pas chez lui. Mais l’option de tout garder dans un coin de sa tête en attendant que ça passe ne semble plus vivable sur le long terme. Et considérant l’état de son cerveau actuellement... Isaak lâche un sourire à la tape de son frère et le suit des yeux pendant qu’il pose son manteau. « J’ai tout fini pendant que t’étais pas là. » Il accompagne sa réponse d’un léger haussement d’épaule. Il reste un peu d’alcool par ailleurs, mais il n’est pas sur que son organisme soit prêt à l’accepter. Il se contente alors de se pencher en avant, les coudes sur les cuisses, sans quitter Connor des yeux. « Tes petites escapades étaient bien ? »
Connor : Le loup-garou examine du regard le visage de son frère. Mauvaise mine, yeux fatigués, et traits tirés. Chouette. Exactement tout ce qui peut inquiéter Connor d’avantage. Il tente cependant de ne pas s’en formaliser, parce que son frère lui offre un sourire. Le plus jeune n’a pas envie de laisser sa bonne humeur se tirer tout de suite. Il s’installe sur le canapé, écartant ses jambes en prenant tout son confort mais aussi toute la place – typique Connor. Le chien vient lui donner sa tête, en réclamation de caresses, et le loup lui donne son dû avec un air tranquille qui tente de rester installé dans son comportement. Isaak a fini l’alcool sans lui. Ah. C’est moyennement bon signe. Peut-être qu’il s’était servi de l’alcool comme exutoire, et cette perspective n’enchante que moyennement le loup-garou qui ne veut même pas imaginer la détresse intérieure de son frère. Si seulement il pouvait être dans sa tête pour comprendre comment ça marche et ce qu’il est supposé faire. Ça y est, le loup a de nouveau mal au ventre. Mais non, Connor, on se reprend. « Alors comme ça tu fais la fête sans moi ? » articule-t’il avec un sourcil levé. Il tente une légère taquinerie plutôt que d’essayer d’avoir des explications de la part de Isaak. Parce qu’à moins que celles-ci soient rassurantes, il préfère ne pas les entendre. Son frère se renseigne sur son séjour, puis les souvenirs de ses moments avec Ephram reviennent comme pour faire pansement sur le reste de la situation. Ses lèvres se tendent dans un rictus tendre. Voilà que la conversation tourne vers un sujet agréable. L’appréhension descend encore d’un cran. Ce n’est pas qu’il a particulièrement envie de raconter sa vie, mais si la discussion peut rester sur les mêmes lignes directrices au moins pour ce soir, ça lui faciliterait les choses. « Magnifiquement bien, si tu veux tout savoir. Et rien que pour la réaction par rapport à son cadeau – ça valait le coup de devenir pauvre. » réplique Connor avec ce même sourire doux, mais aussi un peu amusé.
Isaak : La scène tranquille qui se joue devant Isaak amène une vague de calme dans son esprit. Les choses paraissent simples sur le moment. Il en oublierait presque sa migraine qui elle ne se laisse pas attendrir par le spectacle. Sa main vient masser brusquement sa tempe tandis que Connor le sonde avec son air taquin habituel. Pour le coup il n’est pas sur qu’il aurait vraiment voulu le suivre dans ses sorties. « Disons ça comme ça. » Heureusement que la maison avait été vide ces dernières semaines, ça a au moins évité au brun de devoir expliquer pourquoi il finissait souvent par s’endormir dans le couloir en rentrant le soir. Olko gardera le secret. Rangeant ce détail pour un autre jour, Isaak se racle rapidement la gorge pour se replonger dans la discussion. Connor a l’air heureux. C’est presque étrange de le voir dans cet état mais il ne peut pas dire que c’est une mauvaise chose. Ce type de sourire n’est pas des plus communs chez son frère. Mais ça éveille d’autres genres de sentiments chez l’aîné, une certaine culpabilité. Une part de lui veut le laisser parler de son voyage et d’Ephram autant qu’il veut ou simplement supporter ses blagues pour lui faire plaisir. Mais la majorité de son être attend juste un signal pour pouvoir déverser toutes ses angoisses devant lui. A l’instant présent il a presque l’impression que c’est la solution miracle. Sûrement parce que c’est pratiquement le seul repère de confiance qu’il trouve dans son environnement actuel. Le reste a peu d’importance dans l’état de flou dans lequel il avance. Ses muscles se contractent tous encore un petit plus à ces pensées. C’est comme si il était incapable de se concentrer sur quelque chose de positif plus de trente secondes. Un faible sourire accueille les propos de Connor mais le brun ne se sent déjà plus vraiment présent. Alors il saute sur ses pieds brusquement, comme si bouger son corps allait être suffisant pour masquer le problème. Le sport l’a bien aidé dans le passé mais il sait déjà que ça ne suffira pas. « On a qu’à aller acheter une nouvelle bouteille pour fêter ça. C’est ma tournée puisque t’es pauvre. » Son ventre émet un léger bruit de protestation à l’idée de devoir gérer une nouvelle dose d’alcool. Mais c’est pas comme si il lui demandait son avis. Isaak ne lâche pas son frère des yeux, mi-épuisés mi-survolté, ce qui doit donner un mélange assez étrange au vu de l’expression de Connor.
Connor : Isaak exerce une tentative de massage de tempes assez brutale, attirant de nouveau l’attention de son frère sur le mal-être du plus vieux, qui se fait de plus en plus apparent. Grâce à son odorat de loup-garou, Connor peut capter l’odeur d’alcool et de fête bloquée sur l’humain en face de lui. Il doit probablement avoir une sacrée gueule de bois. La réponse de Isaak elle non plus n’aidait pas à rassurer Connor. Mais il n’est pas sûr de vouloir savoir ce qu’il a fait exactement pendant son absence, ça allait forcément accroître son inquiétude. Encore un sujet à éviter, donc. Le plus jeune fronce un peu les sourcils, comme si il essayait à nouveau de sonder le comportement de son frère, qui lui paraît de plus en plus fébrile à mesure que les secondes s’égrainent entre eux. Comme si il n’était qu’à moitié-là. Il a de nouveau mal au ventre quand il y pense, mais c’est quelque chose de nouveau qui s’installe en lui. De la culpabilité. Parce que probablement que son frère doit avoir besoin de réponses et d’une épaule sur laquelle se reposer, et Connor ne se sent pas capable de lui donner quoi que ce soit. Si il n’avait pas si peur de ce que ça allait produire, et si il n’était pas lui aussi dans le déni de la situation merdique dans laquelle ils se trouvent tous les deux, peut-être que lui parler serait plus facile. Ou pas. Quoi qu’il en soit, les choses que Isaak a oublié sont bien mieux enfouies. Elles sont trop dures à exprimer, trop dures à se souvenir, et encore plus dures à remettre sur les épaules de Isaak alors que ce dernier s’était ôté de ce poids tout seul, seulement grâce à son cerveau. Alors oui, Connor est coupable. C’est son égoïsme qui laisse son frère dans cet état. Sauf qu’en attendant, est-ce-qu’avoir cette discussion avec lui est une bonne idée ? Elle est en tout cas peut-être mieux que celle que propose maintenant Isaak. Connor est toujours partant pour boire, mais son métabolisme peut tenir largement mieux que celui de son frère, visiblement en train de flancher. Le loup-garou toise l’aîné des yeux, de plus en plus perturbé par les signes qui trahissent sa faiblesse. Non, il ne pas le laisser comme ça. Mais il ne peut pas lui parler non plus. Alors il fait seulement un premier pas, en décidant de lui ouvrir la porte. « Je pense que ce serait mieux qu’on reste là. T’as pas l’air en forme du tout, honnêtement. » amorce Connor avec un rire un peu nerveux, comme si il cherchait à rendre la situation moins dramatique. Ce qu’elle n’est pas encore pour l’instant, mais ce qu’elle pourrait très probablement devenir si Isaak prend la perche qu’il vient de lui tendre.
Isaak : Il n’a pas l’air en forme ? Probablement parce qu’il ne l’est pas. Du tout. Mais ce serait trop simple que Isaak arrive à l’avouer directement. Il en a envie pourtant. Il a envie de laisser tout exploser, quelque soit la nature réelle de ses angoisses. Il sait qu’il y a quelque chose au fond de lui qui ne fonctionne pas comme il faudrait. Sinon il n’aurait pas l’impression de nager dans le vide en permanence. Pourquoi est-ce-que les autres personnes ne vivent-elles pas dans le même vide que lu i? Pourquoi Connor en face de lui lui donne l’impression d’avoir un coup d’avance sur lui et sur cette discussion ? Putain pourquoi est-ce-que ses pensées n’ont aucun putain de sens ? Isaak est parcouru d’un vif frisson, comme si la température de la pièce avait brusquement chuté. Haussant alors faiblement les épaules, il se rassoit sur le fauteuil. « Tant pis pour toi, je serai pas aussi généreux la prochaine fois. » Pourquoi est-ce-qu’il essaye de prendre cet air détaché alors que son corps même trahit son état ? C’est ridicule. Des jours à attendre de retrouver son frère pour finalement ne rien vouloir lui dire une fois qu’il est là. Son raisonnement n’a aucune logique, c’est l’une des seules choses dont il est sur à ce moment. La douleur dans son crâne le relance une nouvelle fois et peut être que oui, il n’a pas envie de garder ça pour lui. Tout ça n’a aucun sens. « J’ai pas beaucoup dormi ces derniers jours. J’ai pas mal réfléchi à... des trucs. »  L’aîné baisse la tête quelques secondes, passant ses mains dans ses cheveux nerveusement. « Tu vas trouver ça bizarre. Mais j’ai fait des rêves. Ça paraissait... Enfin je sais pas. J’y ai pas mal pensé. »  Ça paraissait réel. Et pourtant il n’a aucune image nette de ses rêves. Il a juste la conviction que c’est important. Est-ce-qu’il est en train de devenir fou ? Parce qu’il a aussi la conviction d’être dingue. Le regard du brun s’oriente vers le visage de Connor, sondant sa réaction. Il va surement faire une blague. Ou hocher la tête. Qu’est-ce-qu’il pourrait faire d’autre ? Lui construire un attrape-rêve ? Il ne sait même pas vraiment à quoi il s’attendait en parlant à Connor. Son frère n’est ni magicien ni psychologue. Mais maintenant que les choses ont commencé à sortir il est trop tard pour faire demi-tour. Alors Isaak prend une grande inspiration ; Tout va bien se passer.
Connor : Les lèvres de Connor articulent un maigre sourire à la réponse de son frère. Plus pour lui faire plaisir, pour l’apaiser, parce qu’à côté de ça, Isaak est visiblement de plus en plus fragile. C’est sérieusement pénible de le voir comme ça, tentant de sauver les apparences quand Connor peut deviner que l’intérieur se décompose. Les mots qu’il prononce pour décrire son malaise ensuite font grandir la boule dans le ventre du loup-garou. Il ne peut pas avoir une idée précise de l’état de trouble dans lequel il doit se trouver, mais les images qui se dessinent dans son esprit sont déjà assez inquiétantes. Isaak, la nuit, en train de revoir Athéa, dans un état... Il ne sait pas. Est-ce-que son cerveau est déjà en train de trahir les informations qu’il avait caché ? « Ça semblait... réel, c’est ça ? » Il prononce avec l’incertitude perceptible dans sa voix. Qu’est-ce-qu’il se passe dans sa tête la nuit? Qu’est-ce-qu’il se passe dans sa tête tout court? Qu’est-ce-qu’il voit ? « C’est à dire... qu’est-ce-qu’il y a dans tes rêves ? » Connor demande encore avec les sourcils froncés. Son cœur se met à battre plus fort dans sa poitrine, comme un coup brutal d’adrénaline, peut-être à cause de ce qu’il s’apprête à dire. « Est-ce-que tu voyais... Athéa ? » Il rajoute dans un souffle un peu faible, comme si il n’osait pas vraiment prononcer son nom, comme si il n’assumait pas de poser cette question. Parce que c’est un peu ça. Il n’assume pas, il n’est pas prêt. Mais pourtant la bombe est lancée. Plus moyen de reculer. Il va devoir répondre aux questions. Il va devoir lui dire la vérité. Comme Matthew et Ephram lui ont conseillé. Il va les écouter. Pense à la libération qui va venir ensuite. Ou plutôt à la destruction mentale de Isaak... Non. OK. On ne recule pas Connor, et on ne panique pas. Pourtant, la main un peu tremblante qu’il passe dans ses cheveux trahit son angoisse. Son regard sonde celui de son frère, essayant de présager ses réactions, essayant de trouver d’avance comment il va pouvoir réagir selon les réponses qu’il reçoit. 
Isaak : Connor vient compléter sa phrase dans un souffle et la respiration du joueur se coupe pendant quelques instants. Oui, c’est bien ça. C’est réel. Il se réveille avec la sensation d’avoir vécu ce moment. Puis le jour reprend ses droits et tous les éléments de la nuit se brouillent pour ne devenir qu’une vision floue. Isaak exhale un long soupir. Il n’y comprend rien. Ses coudes se calent sur ses genoux tandis qu’il frotte ses yeux durement. Peut être qu’il est toujours en train de rêver, après tout. Il n’en serait même pas étonné. L’inquiétude de Connor vient dessiner un nouveau point noir dans sa poitrine et il n’arrive même plus à le regarder. D’accord, il ne lui a pas rigolé au nez. Mais comment est-ce-qu’il pouvait comprendre ce que lui même était incapable de conceptualiser.  « Je... Je sais pas. C’est flou quand j’y repense, c’est... Bizarre. » C’est bien l’euphémisme du siècle. Carrément terrifiant pourrait être plus adapté. Déclencheur de crises de panique, comme celles qu’il faisait lorsqu’il avait cinq ans aussi. Le même genre de crise que celle qu’il manque de faire en entendant de nouveau la voix de son frère. Athéa. Pourquoi Athéa. « Non ! » Le simple bruit gronde en sortant de sa gorge et vient se fracasser contre les murs à l’intérieur de son esprit. Non. Pas Athéa. Il n’aime pas en parler, encore moins ces derniers temps alors qu’il n’a fait qu’entendre son répondeur. Ça le fait la détester encore plus. « J’ai pas envie de parler d’elle. » Et il n’a aucune envie d’écouter la petite voix qui lui chuchote que c’est exactement d’elle qu’il devrait parler. Peut être qu’elle est bien dans ses rêves après tout. Peut être qu’aborder ce sujet là à défaut de lui parler à elle serait une bonne étape pour commencer. Mais l’idée s’est à peine formée dans son cerveau que Isaak la rejette déjà en bloc. C’est ridicule. Il aurait du avancer depuis le temps. Une pique de douleur le relance au milieu de son crane et il se lève brusquement de son fauteuil. Ses pieds traçant automatiquement des pas ne menant nul part. Si Connor ne le prenait pas déjà pour un fou, cette fois-ci c’est sur. Et si le joueur n’évitait pas son regard il y verrait toute son inquiétude et sa panique qui s’y reflètent.
Connor : Connor remarque directement que l’élément qu’il vient de rajouter à la phrase de Isaak est le bon. Les rêves de son frère sont probablement simplement l’émergence de ses souvenirs. C’est pour ça qu’ils doivent paraître réel. Mais est-ce-que Isaak s’en souvient ? Est-ce-que la journée, des images viennent le hanter ? Et lesquelles ? La réponse à cette dernière question semble évidente. Celles d’Athéa, de sa mort plus précisément. Et c’est quand le grand frère réagit aussi brutalement à l’atterrissage de ce prénom dans la conversation que le loup-garou comprend bien qu’il a visé juste. Trop juste. Trop fort. Trop. La réaction de Isaak est trop qu’il ne puisse supporter. Ses entrailles se tournent dans tous les sens. Il s’apprête à lui arracher le cœur une nouvelle fois avec la vérité, il le sait, et c’est pour ça qu’il aimerait reculer. Il sent poindre une émotion étrangère en lui, comme quelque chose qui lui donnerait presque envie de pleurer. Pleurer, lui, Connor Shermann. Non, ça ne lui ressemble pas. La dernière fois date de la mort d’Athéa justement, et il a l’impression de se la reprendre lui aussi de plein fouet dans la face. Mine de rien, lui aussi il avait souffert dans cette affaire. Il avait perdu une amie, un guide. Une personne qu’il appréciait sincèrement sans jamais comprendre tout le calme et la bonté qui émanait d’elle. Vraiment, il a mal au ventre. Mais ça ne doit rien être comparé à ce que Isaak ressent, et dans la forme que prend sa réponse, Connor se sent replongé dans son enfance et il a l’impression que son frère pourrait repartir dans une ces crises qu’il faisait quand il était petit là tout de suite. L’inquiétude est croissante. « On en parle pas si tu veux. » Connor articule avec l’angoisse palpable dans sa voix. « Mais… je crois qu’il faudrait. Ce que tu vois… Faut que tu me le dises. » La bombe qui avait été lancée vient à l’instant de lancer son compte à rebours dans la maison des Shermann, et c’est comme si Connor pouvait entendre les secondes s’écouler pour lui signaler l’explosion imminente. « Je vois bien que ça va pas. Il faut que tu m’en parles. » C’est probablement ce dont Isaak a besoin aussi, du courage, pour affronter ces souvenirs refoulés. Et Connor se dit que c’est le moment qu’il en fasse preuve aussi.
Isaak : Les mots de son frère retentissent de manière lointaine aux oreilles d’Isaak, son esprit déjà perdu dans ses hallucinations. Parce que c’est bien ce que ses rêves doivent être, après tout. Des créations. Aussi il ne voit pas pourquoi est-ce-qu’il devrait s’épancher dessus. Les souvenirs qu’il en a ne sont pas clairs, c’est bien qu’il doit les oublier, non? Sa respiration se fait de plus en plus saccadée à mesure qu’il dialogue avec lui même. Connor ne doit rien comprendre à son état. Tout cela n’a aucun sens. Le garçon continue ses aller retours dans la pièce, sans regarder vers ailleurs que le sol. Des images lui viennent, des images qu’il n’a pas envie de voir. Et son frère ne fait que l’encourager à s’y confronter et non, il ne veut pas, c’est n’importe quoi, qu’est-ce-qui se passe bordel. « J’ai pas envie de te raconter ça, Connor. » Il ne s’attendait pas à ce que sa voix tremble en la libérant mais c’est pourtant le cas. Le contrôle qu’il exerce sur son corps diminue de plus en plus et c’est totalement effrayant. C’est pas comme ça que les choses sont censées se passer, c’est lui qui doit décider de comment sa respiration va et à quoi il pense. Son corps n’est pas censé le lâcher comme il le fait depuis ces derniers mois. « Je me souviens même pas de ce que je suis censé te raconter. C’est pas net. » Il a envie de partir en courant de cette maison, et à vrai dire il le ferait si il faisait suffisamment confiance à ses jambes pour le porter. Mais à cet instant ce n’est pas le cas, alors il va s’appuyer contre le premier mur qu’il trouve. Comme si il tentait de s’appuyer à la moindre chose solide et réelle. Son cerveau commence à faire tourner en boucle des images sombres, et puis Athéa et puis plus rien et il n’y comprend rien. Comment est-ce-qu’il en est arrivé là. Ses yeux tentent désespérément de trouver un soutien en remontant vers son frère. Dans un mélange de peur et de colère. « Y a rien qui va, Connor. Pourquoi est-ce-que ça va pas ? »
Connor : Connor sent l’envie de s’avancer plus en avant s’évader à mesure qu’il voit la décomposition de son frère progresser. C’est presque une torture. Il aurait envie de tout lui balancer d’un coup, lui hurler dessus la vérité, le ventre totalement retourné par la douleur. Sans qu’il s’en rende compte, sa respiration prend le même rythme que celle d’Isaak. Il reste bloqué sur place, à bout de souffle. Il doit encourager le plus vieux, il le sait. Il doit se montrer plus fort, et l’aider à se confronter à tout ça sans faillir à son tour. Alors il tente de prendre plus d’assurance, la gorge pourtant enrobée de mal-être. « Il faut qu’on en parle Isaak… » Puis le timbre de sa voix se fait plus imposant ensuite, il va peut-être y arriver. « Parce que je sais ce que tu vois. » Connor fait encore un pas en plus vers l’effrayant moment où les faits vont réapparaître sous leurs yeux à tous les deux. Ce qui semblait poindre au bord de ses yeux, fait encore un peu plus son chemin dans ses canaux lacrymaux. C’est maintenant quelques larmes qui coulent sans plus de pudeur des yeux du fier loup-garou. Plus moyen de cacher le poids qu’il porte devant son frère. Plus moyen d’essayer. Plus envie d’essayer. La bombe va exploser. Les yeux du plus vieux remontent vers Connor, en quête d’une aide, et découvrent seulement son frère sans face, les paupières humides. Connor plante ses yeux dans les siens et s’avance vers lui, attrapant son bras dans un geste ferme, s’imposant maintenant absolument. « Je sais que ça va pas Isaak, et ça peut pas aller tant que tu sauras pas. » Un temps, Connor inspire. « Ce que tu vois, c’est la vérité. C’est arrivé. Alors tu dois t’en souvenir. »
Isaak : Le mur contre son dos semble instable, ou peut être que c’est seulement son propre corps qui tremble. Isaak a envie de sortir de là, de cette maison, de cette ville et même de cette peau. Il ne veut plus de cette migraine qui semble lui ronger le cerveau. Et toutes ces images floues qui dansent devant ses yeux, il ne veut pas les voir. Il rêve peut être encore. Mais les larmes dans les yeux de Connor semblent bien réelles et le force à considérer la vérité. Ils en sont vraiment là. La poigne de son frère l’ancre encore un peu plus dans la réalité et il le voit à la fois comme un sauveur et comme effrayant. Pourquoi est-ce-qu’il a l’air de savoir ce que Isaak ignore ? Est-ce-qu’il lui cache quelque chose ? « Connor... » Le son sort rauque et presque inaudible et n’empêche pas le plus jeune de continuer. Mais le brun n’a pas envie d’entendre ses prochains mots, il n’a aucune idée de ce que ça peut être mais il sent déjà qu’il va les détester. Un trou semble se créer dans sa poitrine. Et Connor parle. Et il n’y comprend rien. Qu’est-ce-qui est arrivé. Des contours d’images reviennent se peindre dans son regard, semblables à tous les cauchemars de ces dernières nuits. Auxquelles s’ajoutent des cauchemars qu’il avait jusque là oublié. C’était il y a plusieurs mois. De longs mois, quand il n’avait plus revu Athéa. Quand leur relation s’était arrêtée brutalement. Isaak secoue faiblement la tête, dans l’espoir de réussir à contredire son frère. « Je sais pas de quoi tu parles, Connor. Arrête. » Il n’y a plus aucune prestance chez le garçon, aucune fierté, aucune force. Rien qui ne ressemble au Isaak de tous les jours. Ses mains viennent s’accrocher aux épaules de son frère, autant pour repousser ce qu’il peut vouloir dire que pour réussir à tenir debout. « Rien ne s’est passé. Rien. »
Connor : Connor pourrait être sur le point de reculer. Son frère le presse à faire des pas en arrière dans sa démarche pour lui parler. Ses mots sont comme des supplications pour lui demander de ne pas en rajouter – et pourtant. Le loup-garou sait que la vérité doit sortir d’entre ses lèvres. Il ne retient plus ni les larmes qui tombent sur ses joues, ni l’accélération audible de sa respiration. Il ne retient plus rien, et avec ça il ne retiendra pas non plus les mots. Il commence enfin à comprendre que le poids sur ses épaules peut se lâcher, et surtout qu’il doit briser une bonne fois pour toute le mental de son frère pour le voir se réparer plus tard. Un flot d’images remonte dans son esprit, et il ne sait pas quelle vérité va sortir en premier, si il doit donner tous les détails à Isaak, même les plus cruels. Ou si il doit se contenter de la brutale évidence. Et c’est d’abord elle qui fait sa sortie de sa bouche, avec une voix embuée de larmes, Connor peine à articuler ces quelques syllabes : « Athéa est morte, Isaak. » Et la bombe vient de retentir. La maison des Shermann pourrait bien exploser là tout de suite. Ou tout au moins, ce qui faisait qu’il tenait tous les deux debout pourrait s’effondrer. Les jambes du plus jeune tiennent mal, mais il se doit de supporter plus que son frère, qui vient après plus d’un an de déni d’entendre la pire version qu’on pouvait lui donner du départ d’Athéa. Une version qui est pourtant la bonne, la réelle. Connor place à son tour ses mains sur les épaules d’Isaak, comme pour le maintenir, et pour le forcer à le regarder, à affronter le tableau horrible que le benjamin lui dépeint. « Je suis désolé. Mais elle est morte Isaak. Elle est morte dans tes bras. »
Isaak : Le regard suppliant que Isaak pose sur son frère lui permet de percevoir les larmes que ce dernier laisse échapper. Il ne comprend pas pourquoi est-ce-qu’il pleure. Et il ne cherche pas à comprendre, plutôt à faire arrêter tout ça. Ses paupières viennent se refermer devant ses pupilles comme une dernière tentative d’ignorer son environnement. Peut être qu’il est encore temps de se réveiller de ce cauchemar, de disparaître. « Arrête de pleurer, Connor. Arrête! » Le dernier mot est martelé avec puissance, ses dernières forces se rejoignant dans un dernier combat. Refusant de voir que la bataille était déjà perdue. Sa voix se perd dans un souffle alors que celle de son frère s’élève à son tour. Son cerveau est comme déconnecté. Les mots l’atteignent et se fondent en lui, transperçant l’armure que son esprit avait jusque là mise en place. Athéa est morte. Athéa est morte. Athéa est morte ? Ces trois mots n’ont rien à faire dans la même phrase. Une voix dans sa tête les répètent en boucle, sous tous les angles et avec tous les tons. Ça échoue pourtant à les rendre plus acceptables. Isaak déteste son frère pour les prononcer et il se déteste encore plus de les croire. Athéa ne peut pas être morte. Pas elle. Une nouvelle prise de parole vient enfoncer le clou dans sa poitrine, laissant un trou béant dans l’espace où est censé se situer son cœur. Un murmure inaudible finit par répondre au benjamin. Des gouttes salés envahissent désormais ses joues et ses neurones semblent trop occupées pour lui faire réaliser que ce sont des larmes. Il n’y a plus rien qui semble répondre chez le jeune homme. Pas même ses jambes qui se déverrouillent brutalement, le laissant rejoindre le sol comme un vulgaire chiffon. 
Connor : Les supplications de Isaak se font plus insistantes. Arrête de pleurer, Connor. Oui mais comment ? Le loup-garou n’a pas l’impression de contrôler quoi que ce soit, ni même les mots qu’il a pensé cent fois avant de les laisser dépasser ses lèvres : Athéa est morte. La vérité est glaçante et destructrice quand bien même il la connaît depuis un an. Qu’est-ce-que c’est alors pour Isaak ? Le loup-garou a l’impression d’entendre le cœur de son frère se briser en fracas violents pour s’échouer sur le sol, quand en vérité c’est le corps de l’humain qui vient s’y écraser comme si il avait été abattu par le poids de ses paroles. Les larmes de l’aîné viennent rejoindre le tableau d’horreur qui se peint sous le regard impuissant de Connor. Ça ne fait qu’amplifier le goût salé qu’il sent au bord de sa bouche. Les frères Shermann pleurent ensemble. Dans deux échos distincts. Connor laisse panser sa plaie quelques secondes pendant qu’Isaak semble ne pouvoir rien faire d’autre qu’embrasser sa douleur. Le loup-garou déteste tout de cette situation. Sa peine, celle de son frère, celle qu’il vient de provoquer, lui, parce qu’Isaak était dans sa bulle et qu’il avait tout oublié. Et merde, putain. Comme à chaque fois que ses sentiments viennent cogner dans tous les sens, c’est la colère qui prend le dessus pour tenter de lui refaire prendre le dessus. Alors Connor déteste, Connor est en colère et se met à crier comme si il cherchait à se convaincre lui-même plutôt qu’Isaak qui en avait en réalité plus besoin que lui. « Elle est morte Isaak, bordel ! Elle est morte ! » Ses entrailles sont brûlantes comme elles ne l’ont jamais été. Il envoie valser un meuble qui se promène à côté de lui, sans aucune idée de ce que ça va pouvoir changer. Rien. En soit, rien. Mais ça fait du bien. De balancer. Alors il balance, et cette fois c’est des mots. Et après plus rien. Après il ne cachera plus rien à Isaak, et ça en sera fini de cette histoire de merde. « Elle est morte parce qu’Alexis l’a tuée, Isaak ! Parce qu’Athéa était un loup-garou, comme moi. »
Isaak : Les romans raconteraient que le monde d’Isaak venait de s’écrouler autour de lui. Mais ce n’est pas l’impression que les mots de son frère lui laissent, au contraire. Les murs de la maison sont toujours là, Connor est toujours là et lui aussi il est là, son cœur bat toujours. Putain, il bat toujours. La douleur bruyante qu’il lui fait ressentir est insoutenable. Le jeune homme voudrait avoir encore assez de force pour se l’arracher à cet instant et tout envoyer valser. Il voudrait éteindre son cerveau, crever toutes les neurones qui lui permettent de faire les liens entre les mots et les souvenirs. Tout fait sens et c’est insupportable. Morte. Morte. Morte. Elle. Non putain, pas elle. Mais aucun mensonge ne serait assez puissant pour maintenir l’illusion, la vérité est criante et semble le narguer. Des piques d’eaux salées continuent de creuser leur chemins sur son visage, toujours plus profondément. Et si il s’extirpait de cette peau aussi ? La voix de Connor le sonne de plus en plus et lui reste prostré au sol. Indifférent au fracas d’un meuble pas si loin et aux syllabes qui planent dans l’air. Il semblerait que les informations ne soient plus transmises finalement. Il y a certainement une partie de son crâne qui enregistre les paroles de son frère pour lui redistribuer mais elle n’est plus relié qu’à une coquille vide. Alexis. Athéa. Morte. Les images restent infusées devant ses yeux, il est incapable de dire quoique ce soit. Il sait. Sa souffrance n’est qu’un écho de celle qu’il avait ressenti il y a un an, celle qui avait déréglé son cerveau. Et les mots de Connor qui se répètent ne sont que l’infime secousse qui déclenche l’avalanche. Peut être que lui aussi est mort emporté ce soir là. Ses joues le tiraillent toujours mais c’est la seule réponse de son corps qu’il perçoit encore. Son esprit fige ses lèvres, ses paupières, ses muscles. Athéa est morte.
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stylo-l · 3 years
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Danse et Changement
Guarry part chercher sa sœur. Elle est verte, les épinards lui sont monter à la tête. Elle danse avec Guarry qui se laisse emporter jusqu’à ce que la nuit tombe. Lorsqu’elle se lève, son corps continue de bouger, et ne s’arrêtera pas. Sa sœur elle, est partie, elle est sur un bateau sans destination. En face d’elle se trouve la lune, celle-ci grandit jusqu’à être à portée de doigt. Elle est sur la lune, mais il n’y a pas d’air, ne pouvant respirer elle se transforme, au lieu de mourir. Elle ne s’éteint pas mais s’allume, elle danse sur la lune, tandis que Guarry danse toujours sur la terre. Et ensemble ils font tourner le monde.
Une créature ni homme ni femme, mi-homme mi-femme, émerge de l’obscurité d’une forêt humide. Elle s’approche de la vie, elle est la vie elle-même. Les morts la rejettent. Se rapprochant de plus en plus de la vie, d’elle-même, elle ne fait qu’un avec le vivant. Il n’y a maintenant plus rien d’autre que son existence, ce qui est mort n’est plus. La vie seule reste, plus de forêt sombre et humide, uniquement une lumière douce et légère. F est impatiente, elle attend que S revienne à celui qu’il était. Elle sait mais ignore que S ne peut pas. Il a à jamais changé, et danser il ne peut plus. F attend toujours, elle se raccroche à des souvenirs irréels et cherche le moindre signe du passé révolu en S. Elle ne fait rien qu’attendre, elle n’aide pas, ne demande pas, n’agit pas, elle attend. Dans l’attente elle s’oublie, qui est-elle ? Elle n’est plus que ses souvenirs avec S, qui lui n’est plus, il est parti.
Une rencontre violente dans une chambre sombre. La violence n’est pas visible dans l’obscurité. Le temps d’un flash on peut l’observer, sur un visage, dans un reflet. Dans la violence se cache l’espoir, c’est lui qui la nourrit, si il se montrait, si il partait, la violence en ferait de même. Personne n’allume la chambre, l’espoir reste caché, et la violence ne s’arrête pas.
Je lève les yeux au ciel, et je me vois en tomber. La chute au ralenti ne me blesse pas. En face de moi, je suis, mais différente, je sais mais je ne sais pas. Nos regards se croisent et je disparais dans mon regard. Je veux remonter, mais ça y’est ,je suis piégée au sol. J’ai beau me débattre, je ne peux plus bouger. Les autres qui ne sont pas moi, qui ne sont pas tombés, peuvent bouger, ils se déplacent et avancent, ils changent ou ne changent pas mais ils ne sont pas piégés. Le monde lui avance, me montre toute son étendue, mais je ne bouge pas, parfois j’entrevois des pièges enfermant mes semblables. Je me retourne mais je ne suis plus là, où suis-je ? Soudain l’euphorie me prend et je sais que même si je reste ici, je suis ailleurs.
Frank vient d’avoir 7 ans, au moment où il souffla les bougies de son gâteau d’anniversaire, il l’a senti, ça y’est, il grandit. Il a 7 ans. Ses amis autour de lui semblent tous différent après cet instant. Pour lui il y’a un avant avoir souffler les bougies et un après. Mais cet avant est déjà en train de disparaître, qu’est ce que c’était d’avoir 6 ans ? Il ne sait plus. Tout ce qu’il voulait hier, il ne le veut plus aujourd’hui. Il a grandi, il a changé.
Je sais que c’est fini, la porte est ouverte en face de moi, il suffit que je la traverse et que je la ferme. En effet nous ne pouvons pas revenir en arrière, l’homme doit vivre dans la linéarité du temps. JE me lève et avance vers la porte, je le sens, je sens mon monde changer, je sens ma perception s’élever, lorsque j’aurai traversé la porte, je verrais de nouvelles choses en moi et en eux, suis-je prête ? Le froid à l’extérieur de la porte m’incite à rester là où je suis, bien au chaud. Mais je dois la traverser, j’en ai besoin pour voir, pour me voir, je ne puis rester aveugle dans la lumière je préfère voir dans l’obscurité. J’y suis, la porte se ferme, et j’ai froid, mais une chaleur émane de moi, elle s’étend doucement vers mon épiderme, et je deviens ma propre maison. Le dernier au revoir est déjà passé, et je suis seule, personne ne m’appelle, mais je suis là.
Le vent souffle dans mes cheveux, ça n’est pas agréable. It feels like dirt. Ce vent sent mauvais, je me sens sale, la pluie commence à tomber par petites gouttes, puis elle devient lourde. Lourde et sombre. Avancer devient de plus en plus difficile, j’étais en train de sauter, et maintenant impossible de lever ma jambe. Elle est engloutie par la vase qui se forme autour de moi.
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fallenrazziel · 4 years
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Les Chroniques de Livaï #451 ~ TIMIDES RETROUVAILLES (février 846) Nadja Rosewitha
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes. 
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Je ressors des sanitaires, la tête plus légère. J'ai coupé de nouveau mes cheveux afin de ne pas être gênée en volant. Je pensais me faire une autre coupe, mais sans m'en rendre compte, j'ai reproduis presque exactement celle que le caporal m'avait infligée. Il faut croire que j'ai pris l'habitude de ce nouveau visage...
Depuis Yule, je vois mon rôle au sein du bataillon d'une autre façon. La gravité de tout ce qui nous arrive m'a réellement assommée l'autre jour, quand nous étions à la soupe populaire. Tous ces gens sans toit ni nourriture, c'était un constat amer... En tant qu'exploratrice, je ne peux pas faire grand chose à part tuer des titans, c'est frustrant. Je crois qu'Erd et Gunther le prennent plus sérieusement aussi maintenant.
Cela ne nous a pas empêchés de nous amuser durant le moins de décembre ; ma mère a accueilli tout le monde à la maison et nous nous sommes presque retrouvés en famille. Comme il n'est encore que le fiancé de Mariele, Erd est allé dormir dans la même chambre que Gunther, et moi avec ma soeur. On s'est tous un peu serrés, mais c'était agréable. Pouvoir voir Gunther tous les jours, c'était le paradis. Il est très serviable quand il veut et s'est montré prévenant avec maman afin de ne pas gêner.
Un moment, je me suis demandée quel genre de mari il pourrait être... Il faut que j'arrête de penser à de telles choses qui ont si peu de chance de se produire... Mais quand je vois la complicité d'Erd et Mariele, les regards tendres mais chastes qu'ils partagent souvent, je dois bien dire que je me sens un peu jalouse... Pas de façon méchante, je lui souhaite tout le bonheur, et je ne changerai de vie pour rien au monde, mais... l'idée d'avoir un compagnon un jour ne me sort pas tout à fait de la tête.
Un soir, Gunther et moi nous sommes retrouvés devant la maison, à la nuit tombée. Je ne sais plus ce que faisaient les autres mais la chance de l'avoir un peu pour moi m'a rendue heureuse. Il était en train de tailler un bout de bois avec un couteau. Je me suis juste assise à côté de lui, sans parler, et nous sommes restés ainsi pendant un moment. Je me sentais pleine de joie, comme si être là à côté de lui était en vérité la meilleure chose qui puisse m'arriver. Il n'est pas bavard mais il est honnête. Il m'a dit alors que si le Mur Maria devait être repris de son vivant, s'il survivait au bataillon et avait la chance de mener une seconde vie après, il ne saurait pas vraiment quoi en faire. Je l'ai laissé parler, je voulais en savoir plus. Quand il a évoqué la possibilité de devenir éleveur de chevaux ou instructeur, je lui ai répondu que quoi qu'il fasse, il pourrait toujours compter sur moi, que je le soutiendrais.
Sur le moment, je n'ai pas réalisé ce que cela pouvait signifier, mais je pense m'être sentie un peu gênée après. Lui n'a rien relevé et s'est contenté de me dire qu'il n'en doutait pas, que depuis notre enfance, j'étais toujours près de lui. C'est vrai... Mais que moi aussi je devais aspirer à un avenir alternatif. Je lui ai répondu que devenir un vrai médecin serait dans mes cordes, mais que là tout de suite, je n'avais envie de rien en particulier ; juste qu'il me laisse rester là...
Je me suis sentie incroyablement forte ce soir-là...
Il n'a rien deviné des sentiments qui me bousculaient et c'était tant mieux. Je ne sais pas comment je réagirais s'il devait s'en rendre compte... Cela pourrait entraver le travail d'équipe...
Après cette discussion, ma façon de le considérer a encore évolué. Je ne sais pas réellement si je l'aime comme une fille peut aimer un garçon. Je crois que c'est plus compliqué... La seule chose que je sais c'est que je veux être avec lui quoi qu'il arrive, tant qu'il accepte ma présence. J'ai l'impression... qu'il a toujours eu besoin de moi d'une certaine façon.
Alors je ne vais plus cacher mes capacités. Je l'ai fait pendant des années afin de me fondre dans la masse, qu'on ne me pose pas de question... Mais cette fois, ma force sera utile. Elle pourra sauver des vies. Il n'est plus temps de me restreindre, je dois montrer tout ce que j'ai dans le ventre, même si les autres risquent de trouver ça effrayant. Même moi ça me fait peur, je dois dire...
Je chasse mes cheveux en arrière et regarde le soleil au-dessus du QGR. Il doit être midi, les autres sont sûrement au mess. Je m'y dirige pour les rejoindre et me prend en plein visage le brouhaha des conversations et l'odeur des repas militaires. J'aperçois les trois garçons, attablés ensemble, et me saisis d'un plateau afin de me servir. J'ai une faim de titan, comme dirait chef Hanji ! Comme d'habitude ce n'est pas très appétissant mais ces repas nous apporte les élément essentiels de notre régime de soldat. En parlant de régime, je me demande ce qu'a pris Claus... Il essaie de le cacher mais tout le monde a bien vu qu'il a gonflé...
J'ai trouvé ça plutôt mignon... Au moins il nous démontre que sous ses airs bravaches, il n'est qu'un être humain avec ses travers, haha !
Je vais m'assoir avec eux ; Claus se pousse pour me faire de la place - Erd et Gunther sont inséparables comme toujours. Ils étaient apparemment en train de discuter du dernier cours sur les titans de chef Hanji. C'était intéressant, non ? On va découvrir de nouvelles manières de les affronter avec ces armes dernier cri. Vous êtes déjà allés voir la captureuse ? Claus répond par l'affirmative mais Erd et Gunther secouent la tête. J'irais tout à l'heure, moi. Mon voisin est le seul à noter mon changement de coiffure. En fait, son regard me détaille avec insistance et assez peu de subtilité... J'ai toujours vu Claus comme un type un peu vantard et macho, mais j'ai l'impression qu'il a changé d'attitude envers moi depuis l'année dernière.
...
Si ce sont ses hormones qui le travaillent, je préfère qu'il les laisse en dehors du boulot de groupe, ça pourrait tout gâcher. Et puis je me rappelle soudainement que je suis la seule fille au milieu de cette équipe de garçons à peine plus jeunes que moi... Dans le bataillon ce type de détail n'a guère d'importance, mais quand on en revient à l'humain, il faut bien avouer ce que cela entre en compte, nous ne sommes pas des machines. Mais je sais que Claus est assez pro maintenant pour ne pas se laisser aller à des gestes ou des mots déplacés, qui iraient trop loin... Enfin je l'espère.
Le sourire qu'il me donne me laisse penser que ce qui lui trotte dans la tête passe bien au-dessus de celles des titans...
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evybogado · 5 years
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Je ne serai jamais une femme qui rentre dans la norme.
Je préfère me retrouver en plein air, me promener sur une route non revêtue, porter mon regard sur la pleine lune avec une bouteille de vin rouge dans mes mains.
Je préfère avoir des enfants quand bon me semble, et non parce que la société l’attend davantage ou l’exige.
Je préfère me retirer dans un hamac sur la plage pendant six mois, et tremper ma plume au service de mon âme.
Je préfère être extrêmement fauchée par moments, plutôt que d’être mariée à un travail dont je n’arrive plus à payer l’hypothèque, et qui s’accroche à moi comme un hameçon.
Je préfère posséder des moments, que des investissements.
Je préfère manger seule, plutôt que d’être assise avec des femmes futiles.
Je boirais plutôt une bouteille de rhum de sept ans remplie de sable, sentir une légère odeur de fumée et de cendres que de rester assise lors d’une cérémonie religieuse pesante.
Je préfère apprendre de la vie que d’accumuler une montagne de dettes, dans un bureau.
Je boirais l’océan, encore et encore, afin de célébrer le fait d’être vivante.
Je préfère que mon amour soit défini par l’amour lui-même, ni plus ni moins.
Je n’ai pas besoin d’un anneau à mon doigt pour prouver que je suis amoureuse.
Si nous devons établir des jalons,
le mien sera mesuré par la quantité de joie que j’ai recueillie à la fin de chaque journée et le nombre de fois dans cette vie où j’ai vraiment, et profondément, ouvert mon cœur…
Que j’ai cherché, que j’ai vu, que j’ai aimé, et que je me suis réalisée.
Janne Robinson
Le Carré du Temps
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luckybide · 5 years
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FanFic Splinter Cell Dust Storm - Chapitre 1
Bonjour,
Dans cet article vous trouverez le premier chapitre d’une fanfiction que j’avais commencé à écrire et imaginer quelques années plus tôt.
C’est une histoire reprenant l’univers de Splinter Cell crée par Ubisoft et Tom Clancy au début des années 2000. Mon récit se place chronologiquement entre les scénarios des jeux Chaos Theory et Double Agent. Il a pour titre “Dust Storm” et prend place durant l’année 2007. Par contre je préfère prévenir toute personne qui aura le courage et le temps de lire ce premier chapitre qu’il y a peu de chances que j’écrive une suite. L’écriture étant un exercice difficile, chronophage et dont je n’ai pas du tout l’expérience ni toutes les connaissances nécessaires.
Malgré tout si vous arrivez jusqu’à la fin de ce chapitre et que vous appréciez, n’hésitez pas à me le faire savoir. Bonne lecture :)
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CHAPITRE I - INTRODUCTION
PARTIE 1 / 4 - DÉPOUSSIÉRAGE
Towson, Maryland, Etats-Unis
21 juillet 2007
Ensoleillée. Telle est la météo en cette après-midi d'été dans la ville de Towson où les épisodes de fortes chaleurs se multiplient depuis le début du mois. Et même si une légère brise qui est la bienvenue aide un peu à supporter ce temps estival, il en est tout autre dans le grenier de la résidence de Samuel Fisher où une tempête de poussière fait rage depuis une bonne heure. Sam, de son diminutif, profite de quelques jours de repos pour faire du rangement et du nettoyage dans ce grenier abandonné à son sort depuis maintenant plusieurs années. Les cartons et divers objets qu'il s'efforce de déplacer avec tact et légèreté laissent cependant voler une quantité de poussière suffisante pour le gêner dans sa tâche. Ce n'est pas quelque chose qu'il ferait tous les jours mais néanmoins il apprécie ce moment qui lui change les idées et qui est à bien des égards aux antipodes de sa carrière professionnelle.
Ancien agent de la CIA posté en Europe de l'Est puis en Afghanistan, il avait par la suite opéré chez les Navy Seals, forces spéciales de la marine américaine, où il atteignit le grade de capitaine de corvette grâce à de très bons états de service et à un dévouement sans failles avant de retourner travailler à la CIA en tant qu’employé de bureau lorsqu’il eut la garde complète de sa fille au début des années 2000. Son emploi actuel, qu'il effectue depuis 2004, exige un professionnalisme tout aussi élevé, si ce n'est plus. Engagé par Echelon 3, une branche secrète de la National Security Agency plus communément appelée NSA, il est agent d'élite au sein du programme "Splinter Cell" spécialisé dans la guerre de l'information et les nouvelles technologies. Officiant partout à travers le monde, il est généralement envoyé seul sur le terrain et le plus souvent de nuit pour s'infiltrer dans des territoires hostiles, récolter des informations, pirater des terminaux hautement sécurisés ou encore tuer des cibles présentant une menace pour la sécurité ou les intérêts des Etats-Unis. On pourrait le voir comme une sorte d’agent secret ultra high-tech, le tout mélangé à un ninja des temps modernes. Et ce métier, Sam l'apprécie pleinement malgré sa dangerosité et il est prêt à le continuer jusqu'à ce que ses capacités physiques ou mentales ne suivent plus. Ce qui l'inquiète réellement le plus, c'est d'être tué en mission et de laisser la personne qu'il aime le plus au monde, sa fille Sarah âgée de 22 ans, seule et sans famille. Et pour s’éviter cette malheureuse fin, il s'est habitué depuis le début de sa carrière à une discipline de fer, mêlant sport quasi-quotidien et entraînements au tir réguliers afin de conserver ses capacités physiques à leur maximum, tout en adoptant et développant en parallèle un humour noir et sarcastique afin de pouvoir supporter les moments difficiles et éviter de sombrer mentalement comme certains de ses anciens collègues qui ont souffert ou souffrent encore de dépressions ou de syndromes post-traumatique.
Sarah, quant à elle, est devant la télévision du salon, situé au rez-de-chaussée de la maison familiale, quand le téléphone de la ligne sécurisée se met soudain à sonner. Ce téléphone, relié directement au quartier général d'Echelon 3, sert à joindre Sam lorsqu'une situation d'urgence nécessite sa présence. Son père étant trop éloigné pour entendre la sonnerie, Sarah se lève pour aller répondre. Sam lui avait longtemps interdit de toucher à ce téléphone mais maintenant qu'elle est assez grande et mature, il sait qu'il peut lui faire confiance mais la très haute confidentialité de son travail ne permet pas à Sarah d'aller au-delà du cadre de la simple salutation avec son interlocuteur. Et si Sarah ignore encore le véritable métier de son père, elle sait qu'il travaille pour le gouvernement et que son poste est à haut risques.
Pendant ce temps dans le grenier, Sam, assit sur un petit tabouret en bois, est en train de trier de vieilles photos. Les dépoussiérant une par une au fur et à mesure qu'il les sort du carton, il s'arrête un moment sur un cliché le montrant en compagnie de Regan, son ex-femme, décédée il y a maintenant sept ans. Cette photographie datant de la fin de l'année 1984 les représente à la base de Francfort en Allemagne le jour de leur mariage, organisé peu après que Regan eut appris qu'elle était enceinte. Préparés à la hâte, ils n'avaient pas pu obtenir de tenues traditionnelles et s'étaient dit oui en uniformes militaires. Et même s'ils divorcèrent trois ans plus tard et que la garde de Sarah fut un sujet houleux entre eux et qui l’affecta profondément en tant que père, il en garde encore un magnifique souvenir car Regan fut pour lui l'unique femme qu'il aima au point d'accepter de se marier. Continuant à fixer la photo, une nostalgie profonde commence à l'envoûter, au point de ne pas entendre Sarah gravir les marches bruyantes de l'escalier en bois qui mène au grenier. Elle arrive près de lui et tend le combiné à son père mais ce dernier, toujours absorbé par l'image qu'il tient dans les mains, ne la remarque pas.
-Sarah: "Papa !", s'exclama-t-elle.
Sam, comme réveillé en sursaut, se tourne immédiatement vers elle puis remarque le combiné qu’elle tend dans sa main avant de le prendre. Pendant qu'elle redescend les escaliers, il jette un dernier regard à la photo et lance un soupir avant de porter le combiné à son oreille.
-Sam: "Ça faisait longtemps Colonel, qu'est-ce que je peux faire pour vous?"
Il est en communication avec le colonel Irving Lambert. Au delà d'être l'un de ses amis les plus proches, il est surtout son supérieur et le dirigeant de l'unité Echelon 3. Ancien colonel de l’US Army et spécialisé dans les opérations de collecte et d’analyse de renseignement d'origine électromagnétique, c'est lui qui fit appel à Sam trois années plus tôt pour devenir le premier agent de terrain de la cellule "Splinter Cell".
-Lambert: "Désolé d'écourter vos vacances aussi rapidement Sam mais nous avons besoin de vous."
-Sam: "Comme c'est original."
-Lambert: "Un convoi de l'armée a été attaqué il y a moins de deux heures en Bulgarie, huit de nos soldats y ont laissé la vie."
Tout en continuant à écouter Lambert, Sam se lève et se dirige vers l'unique fenêtre du grenier.
-Lambert: "Mais ce qui les intéressait clairement, c'était le contenu du convoi: deux prototypes d'un tout nouveau dispositif de reconnaissance."
-Sam: "On sait qui a fait ça?", demande-t-il d’un ton grave.
-Lambert: "Les autorités bulgare penchent pour l'un des groupes indépendantistes qui occupe le centre du pays. Mais étant donné l'aversion qu'ils leur portent depuis des décennies, je préfère que l'on se fasse notre propre opinion et que l’on enquête nous-mêmes en allant sur le terrain."
-Sam: "Une simple question : pourquoi ne pas envoyer un autre agent?"
-Lambert: "Je sais ce que vous pensez Sam, ça ne fait que dix jours que vous êtes revenu du Japon et vous auriez aimé passer plus de temps avec Sarah. Mais étant donné que le Président a personnellement fait appel à nous pour résoudre ce problème, je préfère envoyer mon meilleur homme."
Sam soupire à nouveau et répond : "Entendu. A quelle heure je décolle?"
-Lambert: "Dans une heure. Anna et William sont déjà là-bas, ils vous attendent."
Lambert met un terme à la conversation car même si la ligne est sécurisée, il est toujours préférable d'éviter de rester trop longtemps au téléphone et de partager trop d'informations, telles sont les instructions assez strictes de la NSA.
Sam raccroche et, en voyant l'heure qui affiche 14h52 sur l'écran du combiné, comprend directement que le décollage est prévu pour seize heures. Cela lui laisse largement le temps d'aller prendre une douche, de préparer quelques affaires et de se rendre à Fort Meade ou ses collègues l'attendent.
Moins d'une demi-heure plus tard, il est fin prêt et s'adresse à sa fille avant de sortir de la maison.
-Sam: "Euh, je..."
Sarah, sans détourner les yeux de la télévision, l'interrompt:
-Sarah: "Plus la peine de t'excuser pour ça papa, c'est pas comme si c'était la première fois..."
-Sam: "Oui...j'ai presque terminé de ranger le grenier, il reste encore quelques cartons à trier et...euh...un peu de nettoyage à faire" dit-il un peu gêné.
-Sarah: "Ok, je le ferai"
-Sam: "Merci...je t'aime."
Sam sort sans même avoir une réponse, il faut dire qu'il s'y est habitué depuis ces deux dernières années. Il n'avait pas passé beaucoup de temps avec elle, lui étant souvent prit par son boulot et elle faisant ses études en relations internationales dans la ville d'Evanston, à plus de mille kilomètres d'ici. Mais le fait qu'elle ait terminé ses études le mois dernier et qu'elle soit définitivement retourné au domicile familial depuis lui avait laissé penser que l'été serait une bonne occasion de rattraper le temps perdu et de retisser des liens avec elle. Malheureusement ce n'est pas aussi simple qu'il l'imaginait, le dialogue étant difficile à instaurer, et il ne sait plus vraiment comment agir pour améliorer la situation.
Une fois à l’extérieur il se dirige vers son véhicule, un SUV de couleur gris foncé, puis commence à rouler en direction de Fort Meade, lieu où se situent le quartier général d'Echelon 3 ainsi que le siège de la NSA. Après quelques minutes de route l'écran du tableau de bord, relié à son téléphone portable, lui indique un appel entrant de Victor Coste. Vic, de son surnom, est l'un de ses anciens frères d'arme. Il avait combattu à ses côtés dans les Navy Seals durant la Guerre du Golfe et sur d'autres terrains d'opération avant d'aller fonder sa propre SMP, société militaire privée, nommée Paladin 9 durant les années 90. Sam décroche.
-Sam: "Hey Vic, comment tu vas?"
-Vic: "La forme, je profite de l'été sur ma terrasse. Comment vous allez toi et Sarah?"
-Sam: "Plutôt bien... Paladin 9 a déjà fait faillite pour que tu prennes des vacances?"
-Vic: "Pas encore. Ça fait quatre ans que je bosse sans relâche, j'avais juste besoin de souffler un peu. Mais le carnet de commandes tourne à plein régime, d'ailleurs si ça te dit on recherche du monde."
-Sam: "Comme je te l'avais dit, j'ai déjà un employeur et il me paie très bien."
-Vic: "Tant pis, je continuerai d'essayer."
-Sam: "C'est pour ça que tu m'appelles?" demande-t-il avec un sourire en coin.
-Vic: "Non. Je voulais savoir si tu comptais aller aux funérailles de Doug demain."
-Sam: "Doug? Shetland?!" dit-il, surprit.
-Vic: "Tu n'étais pas au courant?"
Sam est parfaitement au courant que Douglas Shetland était mort, l'ayant lui-même tué lors d'un face-à-face dans un sauna de Tokyo une dizaine de jours auparavant. Mais secret professionnel oblige, il ne peut évoquer ce fait à personne sous peine de lourdes sanctions. Et même si Vic est un très bon ami en qui il a pleinement confiance, il préfère garder l’esprit professionnel à cent pour cent. Il lui avouera certainement un jour mais pour le moment cette histoire est encore trop récente et il préfère ne prendre aucun risque.
Par conséquent il doit donc mentir à son ami, il déteste faire cela mais il n'a pas vraiment le choix.
-Sam: "Euh...non." dit-il en prenant un air surpris afin de ne pas lui mettre la puce à l'oreille.
-Vic: "Il a été tué au Japon il y a quelques jours, ils ont rapatrié son corps hier."
-Sam: "Qui ça "ils"?"
-Vic: "L'armée il me semble."
-Sam: "L'armée? Il va avoir des funérailles militaires?"
-Vic: "On dirait que ça te surprend."
-Sam: "Faut dire qu'il ne faisait pas dans la dentelle avec sa SMP."
-Vic: "Je ne me suis jamais intéressé de près à son business, tout ce que je sais c'est que c'était un gars carré et qui allait au bout des choses."
-Sam: "Ouais, on peut dire ça comme ça…"
-Vic: "Avec tout ce que tu me dis là, j'imagine que tu ne vas pas y aller."
-Sam: "Non...et de toute manière je dois me rendre à l'étranger pour le boulot."
-Vic: "Il aurait aimé que tu sois là."
-Sam: "Ça je n'en suis pas si sûr... Je dois te laisser Vic, à plus."
-Vic: "A la prochaine."
Il appuie sur son écran de bord pour mettre fin à l'appel téléphonique. Approchant de Fort Meade, il baisse entièrement la vitre côté conducteur de son véhicule puis montre son badge au soldat posté au barrage de sécurité. Une fois cela fait, la barrière se lève et il continue sa route jusqu'à l'aérodrome militaire où se situe le V-22 Osprey.
L'Osprey, un avion de l'armée de l'air américaine, est utilisé par le programme "Splinter Cell" pour ses opérations. Disposant d'une hélice rotative sur chaque aile lui permettant de passer de l’état d’avion à celui d’hélicoptère, il peut ainsi décoller verticalement ou faire du vol stationnaire. Il est aussi équipé d'un mode silencieux, ce qui le rend idéal pour les incursions en territoire ennemi.
Il fait également office de véritable centre de commande aérien en étant relié par satellite au quartier général d’Echelon 3 et permet d’éviter l’interception des transmissions en les sécurisant lorsque Sam ou un autre agent opère loin du territoire américain. Souvent utilisé comme véhicule d’insertion et d’extraction pour les agents, il leur fournit aussi un support technique ainsi que tout l'équipement et l'armement dont ils ont besoin pour mener à bien leurs missions.
Sam rejoint l'Osprey et monte à bord. Après avoir salué les pilotes et déposé ses affaires, il retrouve deux de ses collègues de travail, William Redding et Anna Grímsdóttir, qu'il surnomme respectivement Will et Grim. Après avoir échangé quelques mots et rapidement discuté de leurs courtes vacances, ils sont coupés par l'un des pilotes leur signalant que la phase de décollage est imminente.
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PARTIE 2 / 4 - DEUX PROTOTYPES, DEUX MÉTHODES
L'Osprey décolle et entame son long trajet en direction de la Bulgarie. Une bonne quinzaine d'heures de vol attend l'équipe d'Echelon 3 et les pilotes mais rien de bien décourageant pour eux, c'est un exercice dont ils ont depuis longtemps l'habitude. Puis à l'inverse d'un vol commercial, les occupants de l'Osprey peuvent se mouvoir à l'intérieur de l'appareil et ne pas rester constamment assit, ce qui aide beaucoup à supporter la longueur des trajets.
Après quelques minutes de vol et une fois l'altitude de croisière atteinte, un signal lumineux indique à Sam et à ses collègues qu'ils peuvent détacher leurs ceintures et se lever de leurs sièges en toute sécurité. Grim se met à son poste de travail constitué de deux ordinateurs et de six écrans. Présente dans le programme "Splinter Cell" depuis le premier jour, elle est responsable des communications au sein d’Echelon 3. Spécialisée dans la programmation informatique et la cryptographie, elle a pour rôles de fournir un soutien technique et informatique aux agents sur le terrain ainsi que de réussir à établir des communications sécurisées avec ces derniers, où qu’ils soient envoyés à travers le monde.
Elle commence à détailler la situation à Sam.
-Grim: "On a reçu le rapport de l'attaque juste avant le décollage."
Elle ouvre le fichier et plusieurs données s'affichent sur les différents écrans, dont un montrant les photos de ce qu'il reste du convoi.
-Grim: "Le convoi a été attaqué hier au soir, aux alentours de 19h heure locale. Le véhicule d'escorte à l'avant a été détruit par un explosif, les trois soldats à l'intérieur sont morts sur le coup. Les autres soldats à bord du camion juste derrière n'ont visiblement pas eu le temps de riposter, ils avaient encore leurs armes sur eux quand les renforts sont arrivés et leurs chargeurs étaient presque pleins. Sur le camion on a relevé peu d'impacts de balles mais ceux-ci étaient précis et ont fait mouche presque à chaque fois. C'est clairement du travail de pro."
-Sam: "Aucun témoin de la scène? "
-Grim: "Non, ils ont tous été tués. L'un des soldats a quand même eu le temps d'envoyer un appel au secours à la base la plus proche. Mais l'enregistrement ne dure que quelques secondes et on l'entend seulement demander de l'aide avec des bruits de tirs en fond, rien d'exploitable en somme."
-Sam: "Alors on a aucun indice?"
-Grim: "Ce que l'on sait, c'est que les assaillants ont utilisé des armes de chez nous. Balles de calibre 5.56 vraisemblablement tirées par des fusils M4 ou M16 et des explosifs de type C4 utilisés là aussi par la belle armée de l'oncle Sam. On attend le rapport de la balistique pour avoir plus de détails mais ça va prendre du temps."
-Sam: "Le butin de précédentes attaques de convois, j'imagine."
-Grim: "Oui, les attaques se sont intensifiées depuis le début de l'année mais celle-ci a été rapide et très bien organisée. Ceux qui ont fait ça savent exactement comment procéder à une attaque de convoi."
-Sam: "Voilà qui va réduire notre champ de recherche. Les autorités bulgare soupçonnent les indépendantistes mais Lambert a des doutes. Tu sais pourquoi ?"
-Grim: "Ça ne ressemble pas à leurs méthodes. La plupart d’entre eux ne sont que de simples civils qui ont apprit à se servir d’un fusil sur le tas. Leurs attaques ne sont pas aussi préparées et ils préfèrent faire des prisonniers plutôt que de tuer, ils veulent garder une bonne image auprès du peuple. Mais si c'est bien eux qui sont derrière tout ça alors ils ont été aidés, et on devra trouver comment et par qui."
Grim affiche une image satellite de la Bulgarie sur l'un des écrans et effectue un zoom sur la partie centre-est du pays. Elle marque ensuite un repère sur une route.
-Grim: "C'est ici que l'attaque a eu lieue, près de la ville de Karnobat. Sur la route qui relie les bases de Aytos et de Novo Selo, toutes deux situées à moins de trente kilomètres."
-Sam: "Attends…ils ont agit près de deux bases militaires et ils se sont évaporés sans que personne ne les remarque?"
-Grim: "La zone occupée par les indépendantistes est assez proche de la frontière mais aussi du lieu de l'attaque, à environ cinquante kilomètres. Mais oui, c'est plutôt surprenant que personne n'ait réagit plus rapidement. En tout cas étant donné que la partie sud du pays est entièrement sous contrôle de l'armée bulgare, ils n'ont pu fuir que vers le nord."
-Sam: " Finalement on a plus d'indices qu'il n'y parait... Et d'où était parti le convoi?"
-Grim: "Du port de Bourgas sur la côte est. Il devait se rendre à la base de Bezmer dans le centre du pays, là où nous nous rendons."
-Sam: "Lambert m'a dit que le convoi contenait un nouveau dispositif de reconnaissance, on a des infos là-dessus?"
-Grim: "J'ai réussi à obtenir quelques maigres infos de la part du Pentagone. Ils présentent ça comme un prototype d'un nouveau système de reconnaissance utilisant la technologie RFID. Le convoi transportait des fioles de SDT et une cinquantaine de tenues expérimentales."
-Sam: "Des fioles de SDT ?"
-Grim: "Un acronyme pour Smart Dust Technology. D'après les quelques infos que j'ai, il s'agit d'une poussière invisible à l'œil nu."
-Sam: "Donc tu es en train de me dire que ces fioles qui contiennent de la poussière sont en fait des systèmes de reconnaissance?"
-Grim: "Je sais, ça semble tiré par les cheveux mais je n'ai pas plus de détails pour le moment. Le Pentagone met surtout l'accent sur l'urgence de les récupérer ou de les détruire avant que nos petits voleurs ne puissent en comprendre le fonctionnement."
-Sam: "Ils ont toujours le don pour raconter des banalités ceux là."
-Grim: "La bureaucratie militaire..."
-Sam: "Ma partie préférée dans ce boulot…" dit-il ironiquement avant de demander à Grim si le convoi comportait ou non un système de traçage GPS.
-Grim: "Il en avait un... mais il a été désactivé quelques minutes après la fin de l'assaut..."
Soudain un signal indiquant une communication provenant du quartier général d'Echelon 3 s'affiche sur l'écran principal, Grim l'accepte et Lambert apparaît sur l'écran principal. Resté à Fort Meade, il s'adresse à son équipe un court instant pour leur signaler qu'une vidéoconférence est prévue dans quelques heures avec les états-majors américain et bulgare afin de faire un point sur la situation et coordonner leurs actions. D'ici là, Sam, Grim et William vaquent à leurs occupations, discutent de tout et de rien et en profitent pour se reposer un peu avant d'aborder une longue soirée de travail.
Plus tard aux alentours de 20 heures, heure de Washington, toutes les transmissions sont établies et la vidéoconférence peut commencer. Les différents écrans en face de Grim et Sam affichent les intervenants, rapidement présentés par Lambert. Sur l'écran de gauche est présent le général Jonathan Lloyd de l'US Army, cheveux gris et regard sévère, et sur celui de droite le commandant Evgeni Hristov de l'armée bulgare, crâne dégarni, moustache bien taillée et béret posé sur la tête.
William Redding, quant à lui, visionne également la vidéoconférence mais via son poste de travail, l'étroitesse de la carlingue de l'avion l'empêchant d'être aux côtés de ses collègues.
Le général Lloyd entame la discussion.
-Général Lloyd: "Bien, nous avons reçu un nouveau rapport de l'état-major bulgare concernant les indépendantistes. Commandant Hristov, c'est à vous."
-Commandant Hristov: "Un rapport émanant de notre base d'Aytos fait état de manœuvres suspectes ces dernières quarante-huit heures autour du village de Lovsko, situé à environ quatre-vingt kilomètres au nord du lieu de l'attaque. Nous savons que les indépendantistes font régulièrement transiter leurs stocks d'armes et d'équipement de village en village pour éviter qu'on les saisisse et tout laisse à croire qu'en ce moment Lovsko abrite une bonne partie de ces stocks, dont très probablement le butin du convoi qui a été attaqué hier."
-Général Lloyd: "Voilà pourquoi il nous faut agir vite car ils ne tarderont pas à déplacer de nouveau leurs stocks et nous risquerions de perdre leur trace."
-Lambert: "Et comment être sûr que nous ne sommes pas en train de faire fausse route? Le rapport de l'attaque indique clairement une autre signature, les indépendantistes n'ont pas l'habitude d'agir de cette manière."
-Commandant Hristov: "Nous avons récemment apprit que les indépendantistes commencent à collaborer avec certains groupes de mercenaires. Nous pensons qu'ils bénéficient d'entrainements et de formations, notamment dans les techniques de guérilla urbaine, leur nouvelle stratégie étant dorénavant de s'attaquer à des villes de plus grande taille. Mais vous n’avez pas tort, c'est la première fois que nous recensons une attaque aussi sophistiquée et visant directement vos soldats. Bien évidemment nous n'épargnons pas l'idée d'une opération sous fausse bannière mais la proximité des zones contrôlées par les indépendantistes avec le lieu de l'attaque ne nous laisse que peu de doutes."
-Sam: "J'ai une question. Pourquoi ne pas avoir affrété le convoi par voie aérienne?"
-Général Lloyd: "Le caractère hautement confidentiel de ce convoi exigeait que l'on passe par des voies inhabituelles, plus discrètes. Moins de personnes étaient au courant et mieux c'était pour nous. C'est pour cela que nous avions opté pour des véhicules banalisés et un effectif réduit."
-Grim: "Pourtant ils ont su et ont même eu l'audace d'attaquer près de deux bases sans qu'ils ne soient inquiétés..."
-Général Lloyd: "Ce qui prouve que ces hommes sont dangereux."
-Sam: "Ou très bien informés."
-Commandant Hristov: "Où voulez-vous en venir?"
-Lambert: "Ce que l'agent Fisher sous-entend, c'est que ça ne ressemble en rien à une attaque aléatoire. Quelqu'un leur a forcément vendu la mèche concernant le contenu du convoi."
-Général Lloyd: "Colonel, si vous insinuez que l'information a fuité de notre côté ou de celui de l'armée bulgare, vous faites fausse route. Les soldats ayant approché le convoi en ignoraient le contenu. Les seules personnes mis au courant ont été triées sur le volet et ont toute ma confiance. Jamais aucun de mes hommes ou ceux du commandant Hristov n'aurait mit en péril la vie de huit de nos soldats", dit-il en haussant légèrement le ton.
-Lambert: "Nous envisageons seulement toutes les pistes possibles mon général, c'est ainsi que nous avons l'habitude de travailler. N'y voyez là aucune volonté de mettre en doute vos paroles ou celle de vos hommes."
-Général Lloyd: " Et bien si cela s'avère être le cas alors vous aurez tout mon soutien. Mais pour le moment, permettez-moi d'en douter très fortement colonel."
-Lambert: "Je l'entends bien et je respecte votre avis mon général…"
-Commandant Hristov: "Pardonnez-moi de vous interrompre mais je dois vous quitter, une réunion de la plus haute urgence exige ma présence. Colonel Lambert, je vous recontacte dans quelques heures pour vous donner plus de précisions sur l'organisation de la mission. Messieurs."
Le commandant Hristov met un terme à sa transmission et pendant que Lambert et le général Lloyd continuent de discuter, Grim coupe les micros de l'Osprey pour émettre un commentaire.
-Grim: "Charmant..."
-Sam: "C'est juste pour ça que tu coupes les micros? Parce que le commandant a oublié de te saluer?" demande-t-il en souriant ironiquement.
-Grim: "Ça fait bien longtemps que la misogynie dans le monde militaire ne m'atteint plus. Mais ce commandant Hristov a l'air d'en tenir une sacrée couche, il s'en va alors que la conférence ne fait que débuter et il a l'air déterminé à accuser de facto les indépendantistes pour cette attaque. Je ne serai pas surprise que cette précipitation ait pour but de cacher quelque chose."
-Sam: " Ne sois pas si parano, c'est pas la première fois qu'on a à faire à ce genre de militaires qui foncent tête baissée. On prendra le temps d'analyser toutes les pistes, comme à notre habitude."
-Grim: " Certes. Mais de voir ces haut gradés être constamment sûr d'eux et ne pas oser imaginer une seule fois qu'il pourrait y avoir une fuite de leur côté ne cessera jamais de m'agacer...à croire que les assaillants du convoi ont trouvé l'info dans une boule de cristal..."
-Sam: "J'ai vu pas mal d'officiers fonctionner ainsi, ils suppriment la notion de doute de leur mode de pensée car ils croient que c'est ce qui leur permettra de bien diriger leurs hommes. Mais si la fuite provient bien de leur côté alors il vaudrait mieux pour nous qu'il garde sa confiance aveugle en lui et ses hommes, ça pourrait pousser ceux que l'on recherche à baisser leur garde et à commettre une erreur."
-Grim: " Parfois je me dis que les officiers devraient subir des tests psychologiques tous les jours, ils prendraient moins de décisions débiles et peut-être même qu'ils apprendront à s'excuser."
-Sam: "Tu as déjà vu des officiers se remettre en cause?", dit-il en étant amusé par les propos de Grim.
-Grim: "Oui, toi."
-Sam: " Je n'ai jamais été un haut gradé. Et quand bien même ça fait longtemps que je ne suis plus capitaine, et encore moins un militaire."
Une fois cet aparté terminé, Grim réactive les micros et l'équipe d'Echelon 3 intègre à nouveau la vidéoconférence, pendant une intervention du général.
-Général Lloyd: "...nous jugeons la situation critique et le temps ne joue malheureusement pas en notre faveur. Cette technologie étant classée secret-défense, nous devons agir en urgence avant qu'ils ne comprennent l’importance de cette technologie et qu'ils aient l'idée de la revendre à une nation étrangère ou à un groupe terroriste."
-Sam: "C'est peut-être déjà le cas..."
-Général Lloyd: "Alors dans ce cas cela constituerait une grave menace pour notre armée et la sécurité de notre pays. Au delà d'avoir coûté des millions de dollars, ces prototypes constituent la première étape d'intégration de la nanotechnologie dans nos systèmes de défense. Ce serait une catastrophe si nous ne les récupérons pas au plus vite."
-Lambert: "A ce propos, mon équipe a besoin d'en savoir plus sur cette technologie. Plus nous en saurons dessus et mieux nous pourrons cibler nos recherches sur les potentiels groupes et pays capables de l'exploiter."
-Général Lloyd: "Je vous ferai envoyer tout ce que vous devez savoir dessus. Bien évidemment j'exige de votre part une confidentialité sans failles. Et je demande également à ce que vous nous tenez informé de vos avancées et de nous envoyer toutes les informations que vous trouverez sur le terrain."
-Sam: "Ce ne sont pas nos habitudes de travail. Vous avez fait appel à nos services alors laissez-nous faire les choses à notre manière.” -Général Lloyd: " Le Président nous a mandaté pour gérer cette affaire, par conséquent vous suivrez nos directives. Et c'est seulement parce qu'il nous a exigé de faire appel à vous que nous avons cette discussion, sinon vous pensez bien que j'aurai préféré gérer ce problème en interne, capitaine Fisher." -Sam: "Si le Président a fait appel à nous, c’est parce qu’il sait que nous sommes efficaces. Et même si je suis toujours un soldat, je reçois mes ordres du Colonel Lambert et de personne d’autre. Et cela fait bien longtemps que j’ai quitté la Navy donc pour vous mon général ce sera agent Fisher." -Lambert: "Fisher, il suffit !"
Dans la volonté de changer de sujet, Grim demande au général jusqu'à quel degré les autorités bulgare collaboreront avec eux sur cette affaire.
-Général Lloyd: "Pour l'armée bulgare vous opérez officiellement pour retrouver un convoi de la plus haute importance, vous n'échangerez aucun détail avec eux concernant les prototypes."
-Grim: " Concernant les prototypes, cela n'aurait pas été moins risqué de les envoyer séparément?"
-Général Lloyd: "Nous étions conscient du risque mais avec la hausse croissante des attaques ces derniers mois, deux convois présentaient deux fois plus de risques. Nous avons donc pris le pari mais nous avons eu tort."
-Lambert: "Et qu'avons nous à craindre si l'ennemi utilise cette technologie contre les forces américaines présentes en Bulgarie ?"
-Général Lloyd: "Absolument rien, elle est inutilisable sans son système d'exploitation."
-Grim: "Elle dispose donc d'un programme informatique autonome ?"
-Général Lloyd: "Oui et nous devions l'envoyer à la base de Bezmer une fois le convoi arrivé, mais pour le moment l'accès au système d'exploitation a été mit en lieu sûr et les opérations autour du SDT ont totalement été suspendues en attendant que ce problème soit résolu. Malgré tout des pays disposant de scientifiques compétents pourraient étudier cette technologie et tenter d'en reproduire le principe de fonctionnement. C'est pourquoi nous exigeons que vous fassiez tout ce qui est en votre pouvoir pour éliminer toutes les personnes liées à ce vol."
-Sam: "Avec tout le respect que je vous dois général, nous avons nos propres méthodes et l'élimination de masse n'en fait pas parti."
-Général Lloyd: "Je sais bien qu'à la NSA vous êtes plus spécialisés dans la surveillance de masse mais mettons directement les choses au clair entre nous, le Président vous a confié cette mission mais cela ne veut pas dire que vous ayez votre mot à dire sur le déroulement des opérations. Si cela ne vous convient pas alors nous pouvons facilement trouver un autre agent pour vous remplacer...capitaine."
Avant que Sam ne puisse répondre, Lambert intervient.
-Lambert: "Mon général je vous prie d'excuser le tempérament de l'agent Fisher, je pense qu'il ne s'est pas levé du bon pied ce matin. Mais en tout cas je peux vous assurer qu'il est notre meilleur élément et j'ai entièrement confiance en lui pour mener à bien cette mission."
-Général Lloyd: "J'espère que vous dites vrai, colonel. Je concède que nos méthodes divergent mais nous ne pouvons nous permettre de nous quereller tant que nous avons ce problème sur les bras. Ceci étant dit, je dois vous laisser. Je vous ferai suivre toutes les informations nécessaires et je reviendrai vers vous, en espérant que vous aurez apprit à vos agents à obéir aux ordres d'ici là."
La transmission satellite avec le Pentagone prend fin et les membres d'Echelon 3 se retrouvent à nouveau entre eux.
-Lambert: "Bon sang Fisher, mais qu'est-ce qui vous a prit? Vous avez oublié que vous vous adressiez à un général?"
-Sam: "Depuis quand est-ce que le Pentagone nous dicte notre manière d'agir? Je pensais que le Président nous avait confié cette mission."
-Lambert: "La situation est plus compliquée qu'il n'y parait. Le Président a demandé notre aide mais nous ne sommes pas en charge de l'affaire, elle reste sous l'autorité du Pentagone."
-Sam: "Et est-ce que le Pentagone nous dira également comment nous comporter pour rendre hommage à des pourritures?"
-Lambert: "De quoi est-ce que vous voulez parler ?"
-Sam: "Oh trois fois rien, il parait juste que Shetland va avoir droit à des funérailles militaires."
-Redding: "Quoi?!"
-Lambert: "Je comprends mieux votre réaction avec le général tout à coup..."
-Sam: "Vous étiez au courant Lambert?"
-Lambert: "J'en ai entendu parler mais je n'ai pas plus d'informations pour le moment."
-Sam: "Donc, en plus de décorer un assassin, on lui offre un meilleur traitement que nos vétérans et nos hommes morts au combat..." dit-il, avec un ton sévère.
-Lambert: "Je savais que l'information sur Shetland vous aurait mit en rogne. Je comptais vous l'annoncer plus tard. Mais dans l'immédiat j'ai besoin de vous à cent pour cent, la priorité concerne les prototypes."
-Sam: "Je sais faire la part des choses colonel et je serai pleinement opérationnel pour la mission. Par contre ne me cachez plus jamais d'informations de ce genre."
-Lambert: " J'en prends note. Mais cela ne justifie en aucun cas le comportement que vous venez d'avoir alors à l'avenir essayez de vous contrôler et de ne plus contredire les officiels."
-Sam: "Je n'ai jamais été bon diplomate, et vous le savez bien colonel."
Grim intervient dans la discussion afin de revenir au sujet principal.
-Grim: "Je pense que l'on devrait également faire des recherches sur l'origine de la fuite, je doute qu'ils décident un jour de réellement enquêter sur leurs hommes..."
-Lambert: "Ce n'est pas du ressort de notre mission, en tout cas pas pour le moment. Nous devons concentrer tous nos efforts pour retrouver ces prototypes. Mais je suis de votre avis, il est en effet possible que d'un côté ou de l'autre on nous cache des choses sur cette affaire."
-Sam: "Voire même des deux..."
-Lambert: "L'armée n'a jamais aimé voir des agences extérieures s'occuper de leurs affaires, ce n'est pas à vous que je l'apprends. Mais nous avons la confiance et le soutien du Président, ça nous donne plus de poids et je compte bien jouer là-dessus."
-Sam: "Je commence à me dire que je n'aurai jamais du accepter cette mission, je me sentais si bien dans mon grenier à ranger mes vieux cartons plein de poussière", dit-il sur le ton de l'humour.
-Lambert: " Et vous n'avez encore rien vu. Je compte bien vous faire visiter du pays si votre petite entrevue de demain avec vos amis indépendantistes s’avère fructueuse."
-Sam: "J'ai hâte."
-Lambert: "Je vous recontacte dans quelques heures pour vous donner le briefing. Oh et Fisher..."
-Sam: "Oui colonel?"
-Lambert: "Je partage ce que vous avez dit au général. Nous collaborons de manière officielle avec le Pentagone mais nous continuerons de travailler selon nos méthodes, n'ayez aucune crainte là-dessus. Et concernant Shetland, je me renseignerai pour savoir comment cela a pu se produire."
-Sam: "Bien."
Lambert coupe la communication, mettant ainsi fin à la vidéoconférence.
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PARTIE 3 / 4 - POUR LE PEUPLE
Quelques heures plus tard un silence règne dans la carlingue de l'Osprey, seuls les bruits des moteurs et de quelques turbulences passagères se font entendre. Ce ne sont d'ailleurs pas ces turbulences qui viendraient gêner le sommeil de Sam, couché sur son siège modulable. Pourtant il existe toutes sortes de pilules et de médicaments qui pourraient l'aider à mieux dormir et à ne plus être gêné par les diverses secousses que subit l'avion mais Sam n'aime pas les prendre et n'en a jamais eu vraiment besoin. Cela fait tellement d'années qu'il effectue des vols de longue durée et qu'il est secoué dans tous les sens que dorénavant son métabolisme s'y est habitué. Et ses phases de repos, aussi imperturbables qu'elles soient, sont toujours planifiées en fonction du jet lag et de la durée du vol afin qu'il puisse être au meilleur de sa forme physique lorsqu'il commence une mission.
Et il fait bien d'habituer son corps au rythme bulgare car même si la mission de la nuit prochaine sera la première qu'il fera en Bulgarie en tant qu'agent d'Echelon 3, il sait à peu près à quoi s'attendre. La situation économique alarmante et le climat social tendu et teinté de nationalisme qui y régnaient lorsqu’il y avait opéré la première fois durant la fin de la Guerre Froide semble faire écho et se répéter actuellement dans ce territoire composé d’un peu plus de 7 millions d’âmes.
Avec un pays plongé dans une guerre civile depuis presque dix-huit mois, le gouvernement bulgare doit faire face à de nombreux groupes armés dans toute la partie nord du pays, la partie sud étant pour le moment épargnée et sous contrôle de l'armée. Tout commença lorsque plusieurs groupes séparatistes et indépendantistes ont décidé d’unir leurs forces et de prendre les armes pour, disent-ils, lutter pour le bien et la souveraineté de la Bulgarie qu’ils ont peur de voir tomber sous influence étrangère et notamment celle de l'Union Européenne, que le pays a intégré quelques mois plus tôt. Ils occupent aujourd'hui une grande partie du nord de la Bulgarie, s'étendant de la ville de Montana à celle de Targovitché, et sont à moins d'une cinquantaine de kilomètres de la capitale, Sofia. Et bien que le gouvernement ait essayé à multiples reprises de briser leur mouvement en emprisonnant leurs leaders, en tentant de les manipuler de l'intérieur ou de les diviser en créant de fausses tensions entre eux, ils tiennent bon et continuent à se renforcer.
Toutefois une trêve des combats signée le mois dernier a permit d'apaiser un peu la situation mais la plus grande menace pour la stabilité de cette trêve provient d'une large zone au nord-est du pays où de nombreux groupes de mercenaires et de brigands profitent du chaos ambiant, générant ainsi les combats les plus virulents depuis le début de la crise. L'armée bulgare a cependant réussi ces derniers mois à sécuriser l'ensemble de la côte est qui borde la Mer Noire, permettant ainsi de limiter l'arrivage d'armes et de mercenaires étrangers par cette voie. Cependant cela n’a fait qu’accentuer les trafics d’armes et les arrivages de combattants via la frontière avec la Roumanie, pays voisin du nord.
Enfin les services de renseignement bulgare doivent aussi faire face depuis peu à des attaques informatiques de plus en plus sophistiquées envers des institutions du gouvernement et autres infrastructures énergétiques vitales pour le pays mais à ce jour, ils n'ont réussi à en déterminer ni la provenance, ni les auteurs.
Les membres d'Echelon 3 sont, de par la rigueur et l'exigence que demandent leurs métiers, au courant de la géopolitique bulgare et des pays alentours, tout comme ils le sont d'ailleurs pour la plupart des autres régions majeures à travers le monde. Et si Sam n'a pas une grande affection envers la politique, il trouve en revanche en la géopolitique des raisons aux missions qu'il effectue et certaines réponses aux questions qu'il se pose en tant que citoyen très engagé pour la défense de sa patrie. Comprendre pourquoi il accomplit certains objectifs l'aide à ne pas se considérer comme un robot à qui l'on programmerait des ordres à la chaîne et qui ne se remettrait jamais en cause. Et tant qu'il estimera que les missions qu'on lui confie sont légitimes et qu'elles permettent d'œuvrer pour la sécurité et la paix, il continuera à faire ce travail.
Après cinq heures de sommeil, un rythme dont il s'est accommodé depuis le début de sa carrière, Sam se réveille tandis que Redding est toujours sur son poste de travail, en train de lire et de décortiquer de longs textes sur son écran. Au sein d'Echelon 3, il est ce que l'on appelle un agent Field Runner. Son rôle est de s'occuper de l'équipement des agents ainsi que de l'infiltration et de l'exfiltration de ceux-ci en amont et en aval de leurs missions. Il peut aussi opérer à distance durant les missions afin d'assister les agents sur la recherche d'informations ou encore l'installation d'appareils ou de programmes d'espionnage.
Sam le rejoint après avoir fait un brin de toilette dans la pièce destinée à cela à l’avant de l’Osprey. Elle n'est certes pas aussi confortable qu'une vraie salle de bains mais elle est déjà plus spacieuse et fournie que celle que l’on pourrait trouver dans un avion de ligne classique.
-Sam: "Tu n'as pas dormi?"
-Redding: "Non. Je continue de consulter les fichiers que le Pentagone nous a transmis."
-Sam: "Ils ont envoyé tant d'infos que ça?"
-Redding: "Il y a beaucoup de documents mais la plupart des données sont incomplètes car top secrètes, même pour nous...et je perds pas mal de temps à croiser les infos pour tenter de comprendre de quoi il en retourne."
-Sam: "Grim ne t'a pas filé de coup de main?" demande-t-il en se tournant vers Grim, en train de dormir sur son siège.
-Redding: "Elle s'est endormie juste quelques minutes avant qu'on ne les reçoive."
-Sam: "Je te parie qu'elle l'a fait exprès" dit-il avec un sourire en coin.
-Redding: "En tout cas je suis plutôt intrigué par cette technologie, j’en avais déjà entendu parler mais je ne la pensais pas aussi avancée."
-Sam: "Explique donc."
-Redding: "SDT… Il s'agit d'une poussière intelligente composée de milliers de toutes petites puces RFID complètement invisibles à l’œil nu, elles sont composées de fibres optiques micro..."
-Sam: " Euh excuse moi mais c'est pas vraiment des explications scientifiques que je voulais."
-Redding: "Ah oui, j'oubliais que notre super-agent spécial n'aimait pas la science" dit-il en plaisantant.
-Sam: "Je n'appellerai pas ça un désamour mais plutôt un...désintérêt...ouais, c'est le bon terme."
-Redding: "C'est dommage, tu rates des choses vraiment passionnantes... Bref pour en revenir à ce que je disais, on pourrait comparer la SDT à des millions de minuscules balises GPS. Admettons qu'on la largue par voie aérienne sur un terrain ennemi. Chaque puce enverra à un ordinateur des informations sur sa position exacte. L'ordinateur ensuite reproduit toute la zone recouverte de ces puces sur un écran de commande. L'avantage c'est que les personnes ou les véhicules recouverts de cette poussière donnent leurs positions en continu, même s'ils entrent par la suite dans un bâtiment."
-Sam: "Donc on peut suivre les mouvements ennemis. Mais quelle différence avec une surveillance par satellite ou par drone?"
-Redding: "Nos soldats qui seraient reliés à ce système pourront voir les forces ennemis en temps réel sur leurs visières, grâce à un affichage en réalité augmentée. C’est donc bien plus fiable et efficace que par des moyens aériens et  en plus c’est une technologie passive, donc totalement indétectable. Et en plus elle n'a même pas besoin de couvrir directement l'ennemi."
-Sam: "Comment ça?"
-Redding: "Il est marqué ici que les particules au sol peuvent également enregistrer la pression exercée par des individus ou des véhicules, sans même qu'ils aient été exposés antérieurement à la poussière intelligente" dit-il en lisant sur son écran avant d’ajouter "Figure toi que l’on peut même mélanger cette poussière à de la peinture pour créer des murs intelligents. Et ces murs seraient capables de détecter des bruits ou même de reconnaitre un individu au bruit de ses pas. Donc on peut non seulement faire de la reconnaissance mais aussi de la surveillance à grande échelle."
-Sam: "Impressionnant… et flippant à la fois."
-Redding: "Ouais. Et cette technologie est tellement minuscule et peu chère à produire qu’on pourrait asperger une ville de la taille de New-York avec seulement quelques fioles. Aucun risque de dispersion à cause du vent !"
-Sam: "Mais pourquoi l’avoir volé si c’est peu cher à produire ?"
-Redding: "Comme dans beaucoup d’autres domaines c’est l’analyse et le traitement des données récoltées qui est le plus complexe à faire."
-Sam: "D’où le système d’exploitation dont parlait le général…"
-Redding: "Exact. Il contient toutes les procédures et tous les programmes nécessaires au fonctionnement du SDT."
-Sam: "J’imagine que le Pentagone n’a pas fait appel à nous pour de la vulgaire poussière. Ils veulent qu’on se concentre sur les tenues ?"
-Redding: "Les deux ! La poussière reste malgré tout une technologie militaire et il est tout aussi vital de la retrouver."
-Sam: "Okay. Mais les tenues, qu'est-ce qu'elles ont de particulier?"
-Redding: "Elles sont encore expérimentales et ne disposent pas encore de toutes les fonctionnalités. Mais la liste est assez longue: tissu hydrophobe, communication de la position en temps réel au centre de commandement, régulation de la température du porteur, affichage des informations transmises par la poussière intelligente directement sur la visière, ce dont je te parlais… et j'en passe. Bref une tenue ultra high-tech."
-Sam: "En quoi elles sont faites ?"
-Redding: "Leur tissu est constitué de nano-fibres, elles sont conçues pour chasser toutes les autres particules qui se poseraient sur la tenue. Comme ça aucun risque que l'ennemi ne puisse les localiser s’il développe une technologie similaire à la SDT. Et de notre côté ça nous permet d’éviter au maximum les tirs alliés."
-Sam: "Ingénieux..."
-Redding: "On comprend mieux l'intérêt de récupérer ces prototypes au plus vite maintenant. Sans compter les années de recherches et les investissements financiers que ça pourrait réduire à néant si on ne les retrouve pas."
-Sam: "Il y avait combien de tenues au total?"
-Redding: "Cinquante. Réparties en deux caisses mais les..."
Redding est interrompu par le pilote de l'Osprey annonçant à tout l'équipage qu'un ravitaillement de carburant va débuter sous peu. Grim, réveillée par l'annonce, ouvre les yeux et met quelques secondes avant de réaliser où elle se trouve.
-Sam: "Bien dormi?" lui demande-t-il.
-Grim: "Les deux meilleures heures de sommeil de ma vie..." répond-t-elle après avoir jeté un œil à sa montre.
Tandis qu'un Boeing KC-135 de l'US Air Force commence le ravitaillement de l'Osprey en plein vol, Grim se lève pour aller se passer un peu d'eau sur le visage et Redding revient sur le sujet des tenues expérimentales.
-Redding: "Je disais donc qu'elles sont réparties en deux caisses mais ça ne m'étonnerait pas que les assaillants les aient déjà éparpillé pour qu'on ne retrouve pas leur trace."
-Sam: "Et on ne peut pas les localiser avec le système d'exploitation?"
-Redding: " Si seulement c'était si facile, on aurait même pas eu besoin d'écourter nos vacances... Il y a toute une procédure pour activer les tenues et ce n'est pas faisable sans le système d'exploitation."
-Sam: "Génial..."
-Grim: "Si ça peut vous rassurer, j'ai fait quelques recherches sur ce fameux village de Lovsko et sur les indépendantistes...pendant que quelques uns dormaient paisiblement" dit-elle en revenant vers ses collègues.
-Sam: "Il faut bien que certains travaillent."
-Grim: "Dommage que ce soient toujours les mêmes..." ajoute-t-elle avec un sourire.
-Redding: "Dois-je rappeler que je suis le seul à ne pas encore avoir dormi?"
-Sam: "Il a raison, un point pour lui."
-Redding: "Merci Sam !"
-Grim: "Parfois je me demande vraiment si je suis bien à Echelon 3... Quoiqu'il en soit, il est temps de contacter Lambert. Il doit avoir des infos à nous donner sur l'organisation de la mission."
-Redding: "Je m'en occupe."
Moins de deux minutes après avoir lancé la connexion avec Fort Meade, Lambert apparait à l'écran et est fin prêt à communiquer avec son équipe. Grim tape quelques commandes sur son clavier et diverses données et photographies s'affichent sur les écrans.
-Grim: "J'ai consulté les informations dont dispose Echelon 3 sur Lovsko. C'est un petit village d'une centaine d'habitants tenu par une branche indépendantiste du nom de Za Naroda qu'on pourrait traduire par le slogan "Pour le peuple". Ils disent vouloir libérer la Bulgarie de toute influence étrangère et par la même occasion virer tous les politiciens à la tête du pays qu'ils considèrent comme corrompus. Leur leader, Ioan Nikolov, est un politicien qui était à la tête de l'un des partis d'opposition. Il a décidé de prendre les armes et de transformer son parti en milice après s'être allié avec les séparatistes de la région de Montana. Enfin il l'a surtout fait une fois qu'il a remarqué qu'ils gagnaient du terrain et qu'ils pouvaient potentiellement renverser le gouvernement..."
-Sam: "Et quels liens pourrait-il avoir avec notre problème?"
-Lambert: "Pour le moment uniquement la proximité avec le lieu de l'attaque. Ils ne semblent pas avoir la logistique nécessaire pour mené une attaque d'une telle efficacité. Ils se sont déjà attaqué à des convois de l'armée bulgare ainsi qu'à plusieurs de leurs structures mais ils avaient toujours évité de s'attaquer à l'armée américaine jusque là."
-Redding: "Mais pourquoi diable envoyer une technologie aussi sophistiquée en un seul convoi et avec une escorte aussi peu nombreuse ?!"
-Sam: "Je suis d’accord, c’est louche. Et est-ce qu’on sait au moins pourquoi ce nouveau système de reconnaissance, ou Dieu sait ce que c’est, a été envoyé en Bulgarie ?"
-Lambert: "Nous l’ignorons. Je suis aussi dans le flou, et je partage tout autant que vous vos inquiétudes et vos questionnements. Malheureusement nous devons faire avec les directives du Pentagone pour le moment."
-Sam: "Un convoi d’une haute importance avec une sécurité au rabais, aucun témoin de l’attaque, ni aucune piste exploitable d’ailleurs, des autorités bulgare qui semblent déjà avoir désigné un coupable et une opération pour laquelle on n’a même pas accès à des informations élémentaires… Dites-moi Lambert, on veut se servir de nous pour cacher quelque chose ou bien je délire ? Parce que là cette histoire ressemble juste à une grossière machination digne de l’ère soviétique."
-Lambert: "J’en ai conscience. Mais comme je vous l’ai dit nous travaillerons à notre manière, et nous partagerons uniquement les informations que nous voudrons. Echelon 3 a toujours la pleine confiance du Président et le Pentagone ne viendra pas interférer entre nous, même si ils sont en charge de l’opération."
-Redding: "Et si on se focalisait plutôt sur le système d'exploitation ?"
-Lambert: "Expliquez-vous.
-Redding: "Le SDT présent dans le convoi n’est fonctionnel qu’avec le système d'exploitation, qui permet de l’activer. Ceux qui ont attaqué le convoi avaient l’air de bien savoir de quoi il en retournait donc ça m’étonnerait qu’ils ne soient pas aussi au courant pour le système d'exploitation…"
-Sam: "Et qu’ils veulent également l’obtenir."
-Lambert: "C’est une piste intéressante, je vais mettre quelques uns de nos hommes là-dessus."
-Sam: "Will si grâce à toi on résout cette affaire en moins de 3 jours, je te paie une bière."
-Redding: "Seulement une bière ?"
-Sam: "Tu sais combien je gagne, je peux pas faire plus."
-Redding: "Quoi ?!..."
Grim interrompt les gamineries de Sam et William pour recentrer la discussion sur l’opération :
-Grim: "Et si on utilisait le système d'exploitation comme un appât ? Je pourrais certainement le trafiquer et y mettre un dispositif de pistage pour ensuite remonter jusqu’à ceux qui ont fait ça."
-Lambert: "Ça impliquerait que l’on mette au parfum le Pentagone. Et pour l’instant je préfère éviter ça, surtout que nous n’avons que des hypothèses. On va juste se limiter à surveiller discrètement le système d'exploitation, sans que le Pentagone ne soit au courant."
-Grim: "Entendu."
-Sam: "Quelles sont les capacités armées des indépendantistes ? "
-Grim: "Za Naroda dispose de quelques centaines de combattants, principalement peu aguerris au combat. Ils ont le contrôle de quelques villages et petites villes dans la région. Et bien que tous ces petits groupes armés veulent acquérir l'indépendance de leur pays pour ne dépendre d'aucune grande puissance, ça m'étonnerait beaucoup qu'ils ne bénéficient pas eux-mêmes de soutiens de la part de puissances étrangères."
-Sam: "Donc je m'infiltre et j'essaie de savoir qui les fournit ?"
-Lambert: "Seulement si nous avons confirmation qu'ils ont nos prototypes. Sinon ce sera une simple mission d'observation."
-Sam: "Sérieusement Lambert ? Vous annulez mes vacances et me faites aller à l'autre bout du monde pour une simple mission d'observation ?! "
-Lambert: "Si c'est le cas je vous paierai une bière pour vous consoler."
Sam esquisse un léger sourire puis demande à Lambert ce que le commandant Hristov et lui ont convenu pour la mission qui l'attend.
-Lambert: "Pour cette mission nous allons devoir collaborer avec les forces locales, vous serez conduit sur place par voie terrestre. Grim et Redding stationneront à la base de Bezmer et vous épauleront depuis l'Osprey."
-Sam: "Attendez, vous voulez dire que l'Osprey va rester clouer au sol?"
-Lambert: "Nous n'avons pas le choix, exigence de l'état-major bulgare."
-Sam: "Ah les ronds-de-cuir, leurs décisions sont toujours un plaisir pour ceux qui sont sur le terrain."
-Lambert: "Vous vous en remettrez, vous avez connu bien pire."
-Sam dit "Mais dites-moi, je pensais que le programme Splinter Cell était censé être secret."
-Lambert répondra "Il l'est toujours, voilà pourquoi aux yeux des bulgares vous faites officiellement parti d'un commando de l'armée américaine et que par conséquent vous opérerez avec un équipement classique."
-Sam: "Un équipement classique?" demande-t-il avec un soupçon d'inquiétude.
-Lambert: "Vous ne prendrez que votre Five-Seven et votre montre-terminal, mais pas votre SC-20K. Et vous porterez des lunettes de vision nocturne standard."
Sam: "Et mon couteau ?"
-Lambert: "Vous l’aurez, évidemment."
-Sam: "Si ce n’est que ça je vais m’y faire, mais mon SC-20K va quand même me manquer..."
-Lambert: "Rassurez-vous, vous aurez aussi votre câble optique."
-Sam: "Vous trouvez toujours les bons mots pour me rassurer, colonel."
-Lambert: " Je suis aussi là pour ça" dit-il sur le ton de l'humour avant de poursuivre. "Et si cela peut vous réconforter, l'agent Coen vous rejoindra bientôt. Elle est actuellement au Japon et arrivera en Europe dans les 48 heures. J’espère que ça ne restera que préventif mais plus on mettra de gros moyens rapidement et plus on aura de chances de résoudre ce problème."
-Sam: "Enfin une bonne nouvelle."
-Lambert: "On se recontacte une fois que vous serez prêt."
La transmission avec Fort Meade se coupe mais l'équipe continue la réunion improvisée. Après quelques minutes de discussion restée toute aussi professionnelle et saupoudrée de bonne humeur, chacun dans l'avion se charge de se trouver une occupation pour combler les neuf heures de vol restantes avant l'atterrissage. Pendant que Grim s'attelle à faire des recherches sur son ordinateur, Redding va se poser sur son siège pour dormir et Sam en profite pour occuper son poste de travail laissé vaquant pour se brancher par satellite à la chaîne de télévision WNM sur laquelle le bulletin d'informations commence à être diffusé. Après l’évocation des titres, le présentateur du journal Morris Odell lance le premier reportage qui évoque la mort des huit soldats américains.
-présentateur du JT: "C'est donc avec effroi que le Pentagone nous apprend ce matin que huit de nos militaires ont été tués lors de l'attaque d'un convoi samedi au soir dans la province de Karnobat en Bulgarie. L'attaque n'a pas encore été revendiquée mais l'état-major de l'armée américaine dit mettre tout en œuvre pour retrouver et châtier les auteurs de cette agression. L'enquête n'en est qu'à ses balbutiements mais le Pentagone a annoncé que la vérité ne sera pas facile à dénouer au vu de la situation complexe dans laquelle se trouve la Bulgarie. Actuellement frappé par une guerre civile, le pays est coupé en deux et malgré une récente trêve entre les différents groupes armés et le gouvernement pro-européen et allié des Etats-Unis, les combats continuent de façon sporadique, essentiellement dans le nord-est du pays. La Maison Blanche a annoncé une conférence de presse dans les heures à venir durant laquelle nous devrions avoir plus d'informations sur ce qui s'est passé ainsi que sur le rapatriement des dépouilles des huit soldats..."
Sam appuie sur un bouton près de l'écran et change de chaîne.
-Sam: "Eux au moins ils ont mérité leurs funérailles militaires..."
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PARTIE 4 / 4 - PRÉPARATION ET DÉPART
Base militaire de Bezmer, Bulgarie
22 juillet 2007
15h17. L'Osprey atterrit sous un ciel nuageux et une température de 23 degrés Celsius, des conditions agréables qui changent des fortes chaleurs que Sam a connu chez lui ces derniers jours. En sortant de l'appareil, l'équipe d'Echelon 3 découvre une base militaire tout ce qu'il y a de plus banal avec des soldats vaquant à leurs occupations par-ci par-là mais avec toutefois une petite particularité. La caserne militaire de Bezmer est l'une des quatre bases bulgaro-américaine du pays et accueille en son sein des soldats bulgares et américains participant à des opérations communes dans le cadre d'un accord bilatéral entre leurs pays respectifs.
Sam, Grim et Redding débarquent leurs affaires personnelles et sont accueillis à la sortie de l'appareil par une soldate américaine au petit gabarit, yeux bleus et aux cheveux bruns attachés en chignon à l'arrière du béret.
-Fawkes: "Je suis le second lieutenant Jodie Fawkes, bienvenue à la base de Bezmer. Suivez moi, je vais vous montrer vos quartiers."
Elle conduit les trois membres d'Echelon 3 dans un baraquement inoccupé avant de les laisser et de repartir.
-Fawkes: "Je vous laisse prendre vos aises, à tout à l'heure."
Grim, Sam et Redding la remercient et investissent chacun une partie du baraquement en déposant leurs affaires, Grim ayant prit la zone et le lit protégés derrière un long paravent dépliable, probablement installé là par le second lieutenant Fawkes dès qu’elle eut connaissance de la présence d’une femme dans l’équipe. Ils ne pouvaient certainement pas se payer le luxe de proposer un baraquement entier pour Grim mais cela n’était pas bien grave car de toute manière l’équipe d’Echelon 3 ne comptait pas passer plusieurs jours dans cette base ni même y dormir durant la nuit prochaine car beaucoup de travail les attendait.
Le départ de la mission n'étant prévu qu'à 19h00, ils en profitent pour se reposer et tenter de s'acclimater en faisant fi du côté rudimentaire qu'ont les lits et le mobilier d'une caserne militaire. Si Sam a connu de nombreuses bases militaires durant sa carrière et qu’il est donc habitué à ce type de confort , ce n'est pas vraiment le cas de Grim et Redding qui ont besoin de temps pour prendre leurs marques. Et c'est sans doute pour cela qu'ils commencent par rester timidement dans le baraquement alors que Sam sort rapidement prendre l’air et commence à se balader dans la base. Il retrouve un peu plus loin le second lieutenant Fawkes.
-Fawkes: "Vous vous êtes bien installé?" demande-t-elle en le voyant venir.
-Sam: "Aussi confortablement que dans un hôtel quatre étoiles...avec le service et la vue en moins."
-Fawkes: "C'est sûr, j'ai aussi vu mieux. Pour les lits nous partageons tous l'équipement bulgare, tout le monde à la même enseigne."
-Sam: "J'ai bien connu ça."
-Fawkes: "Dans quelle unité?"
-Sam: "Les Navy Seals. Oh je ne me suis pas présenté, agent Fisher mais vous pouvez m'appeler Sam."
-Fawkes: "Enchanté. Jodie."
-Sam: "Vous connaissiez les hommes qui sont morts dans l'attaque?"
-Fawkes: "J'avais fait une opération avec deux d'entre eux, Hugues et Breslin. C'était de bons gars."
-Sam: "Qui est derrière le coup d'après vous?"
-Fawkes: "Difficile de le dire. Mais à l'inverse de l'état-major bulgare, j'ai du mal à croire en la culpabilité des indépendantistes. Changer de stratégie aussi radicalement n'est pas dans leur intérêt."
-Sam: "Mon supérieur pense la même chose que vous. Ça fait longtemps que vous êtes en Bulgarie?"
-Fawkes: "Bientôt trois ans !"
-Sam: "Vous avez vu naître le conflit alors..."
-Fawkes: "Et je l'ai aussi vu s'embourber...et à mon avis il n'est pas prêt de se résoudre."
-Sam: "Quel optimisme" dit-il ironiquement.
-Fawkes: "Cette guerre mute trop rapidement. On faisait d'abord face à une simple guerre civile mais elle a vite dégénéré en guérilla. Et depuis quelques mois elle commence à s'étendre vers une guerre de l'information. Apparemment ils appellent ça la guerre hybride."
-Sam: " Si certains ont du temps et de l’argent à perdre pour inventer des nouveaux termes alors tant mieux pour eux…" dit-il avant de poursuivre en demandant ce qu’elle pense de l’état des forces bulgare.
-Fawkes: "Les armées bulgare n'ont pas les moyens pour s'adapter et faire face. On leur apporte un soutien quasiment vital mais notre rôle décisionnel ici est beaucoup trop limité. La Maison Blanche veut à tout prix éviter de s'impliquer pleinement dans ce conflit, les élections approchent... "
-Sam: "À la grande joie des russes ! On leur livre le pays sur un plateau en argent et nos hommes sur le terrain doivent lutter avec des moyens misérables. J'ai déjà connu des situations similaires..."
-Fawkes: "L’influence russe grandit de jour en jour, le temps joue en leur faveur. Déstabilisations, manipulations politiques, menaces de couper l’approvisionnement en gaz naturel, forte présence navale dans la Mer Noire,… ils ont assez de leviers pour influer et faire peur aux politiciens locaux. Le gouvernement actuel a beau résister et adhérer à l’Union Européenne, je crains que le prochain vienne tout foutre en l’air."
-Sam: "Au final on joue tous au même jeu. Chacun continue de défendre ses intérêts, rien n’a changé."
-Fawkes: "Vous étiez déjà venu ici ?"
-Sam: "Durant la fin de la Guerre Froide, pour le compte de la CIA" répond-t-il avant de lui demander combien d'hommes sont stationnés dans la base de Bezmer, base dans laquelle ils sont actuellement.
-Fawkes: "750 côté US. Et presque autant côté bulgare."
-Sam: "Vous fournissez un soutien aérien?"
-Fawkes: "Reconnaissance aérienne, transport de troupes et logistique. Mon unité est spécialisée dans la collecte de renseignements."
-Sam: "A propos de renseignements, vous connaissez un dénommé Roy Devry ?"
-Fawkes: "Mmm ça ne me dit rien, désolé."
-Sam: "C'était un ancien collègue, du temps où on m'envoyait en Europe de l'Est pour espionner les Soviétiques."
-Fawkes: "Oh il doit certainement être à la retraite maintenant."
-Sam: "Etant donné que j’ai le même âge que lui, c'est une remarque qui me blesse beaucoup" dit-il en souriant.
Elle rit et lui répond: "Sans vouloir vous manquer de respect, je m'attendais à ce qu'on nous envoie quelqu'un de plus jeune."
-Sam: "Il n'y a aucun manque de respect, vous avez raison. J'aurai du arrêter il y a bien longtemps..."
-Fawkes: "Qu'est-ce qui vous motive à continuer alors?"
-Sam: "Le salaire bien sûr" dit-il en plaisantant.
Le second lieutenant Fawkes sourit et lui demande si il n'a pas peur d'aller en mission, de craindre qu'un jour ses réflexes finissent par le lâcher. Après un silence, Sam répond:
-Sam: "Je n'ai peur que pour ma fille..."
-Fawkes: "Je ne suis pas encore mère mais je peux comprendre."
-Sam: "Si un jour vous voulez devenir mère, je vous conseille de prendre un petit job tranquille au pays."
-Fawkes: "Avec mon fiancé nous avons déjà évoqué le sujet mais je préfère attendre encore quelques temps. Mais je prends le conseil, j’imagine que c’est votre expérience qui parle."
Sam acquiesce et explique qu’il n’avait pas prit conscience de son devoir de père après la naissance de sa fille, de la façon dont il avait continué son boulot comme si de rien n'était en passant plus de temps à l’étranger qu’avec sa famille et comment tout cela l’affecte aujourd’hui. Car malgré qu’il ait eu la garde complète de Sarah après la disparition tragique de son ex-femme suite à un cancer, il a réellement apprit à connaitre sa fille qu’à partir de ce moment-là et aujourd’hui il le regrette amèrement car il a également finit par comprendre qu’il n’est pas aisé de devenir père et de tisser des liens avec son enfant une fois que celui-ci est déjà au stade de l’adolescence.
-Sam: "Donc je ne sais pas réellement ce qui me motive à continuer ce boulot, tout ce que je sais c’est que Sarah est tout ce qu’il me reste dorénavant. Peut-être que je continue ce boulot juste pour fuir mes responsabilités envers elle, pour ne pas avoir à affronter mes erreurs du passé, j’en sais trop rien…"
-Fawkes: "Je vois. Et quel âge elle a ?"
-Sam: "22 ans déjà."
-Fawkes: "Ah… Je pensais qu’elle était encore ado."
-Sam: "Ça aurait été bien plus facile si elle l’était encore."
-Fawkes: "Au contraire. Je ne la connais pas mais je pense que tout ce qu’attend une fille de son âge c’est une bonne discussion entre adultes avec son père. A mon avis elle veut que vous arrêtiez de vous torturer pour elle."
Sam, un peu gêné par cette réponse qui ne lui avait jamais traversé l’esprit auparavant, répond avec humour :
-Sam: "Si on m’avait dit que j’allais venir ici pour voir un psy…"
-Fawkes: "Avec mes parents on a toujours beaucoup communiqué à la maison, et en parlant avec d’autres personnes qui n’ont pas eu cette chance je me rends compte qu’ils ont eu raison de m’éduquer de cette manière."
-Sam: "Vous en savez plus que moi sur le sujet on dirait… En tout cas merci du conseil, et désolé pour tout ce blabla, c’est pas vraiment mon genre de me confier de la sorte mais…"
-Fawkes: "Ne vous en faites pas pour ça" dit-elle en l’interrompant. Puis elle ajoute "Les soldats les plus aguerris ont aussi  leurs petits soucis, même si ils les cachent sous leur carapace en kevlar."
-Sam: "Ouais... Vous ferez une bonne mère, j’en suis sûr."
-Fawkes: "Merci."
-Sam: "Pourquoi vous vous êtes engagé dans l’armée ? Vous êtes bien trop intelligente pour avoir accepté ce boulot de votre plein gré."
Elle rit et répond :
-Fawkes: "Je me suis engagé après le 11 septembre, comme beaucoup de monde. On est loin de l’Afghanistan mais malgré tout j'aime être ici, je me sens utile."
-Sam: "Se sentir utile. C'est ce qui nous a tous motivé à entrer dans l'armée, enfin c'est ce que je croyais au départ..."
-Fawkes: "J'imagine que l'armée ne peut pas satisfaire tout le monde. Mais personnellement j'espère la servir dignement le plus longtemps possible."
-Sam: "Je vous le souhaite. Votre fiancé est aussi militaire?"
La discussion est soudainement interrompue par un soldat venant prévenir le second lieutenant Fawkes que son officier supérieur, le major Pearl, la demande. Avant de s'y rendre, Fawkes se tourne vers Sam:
-Fawkes:"C'était un plaisir de discuter avec vous, à plus tard."
-Sam: "De même."
Pendant que Fawkes s'éloigne, Redding, qui était à une dizaine de mètres de là, arrive vers Sam.
-Redding: "Alors ? T'as conclu ?"
-Sam: "Détrompe-toi, je ne la draguais pas" répond-t-il en souriant.
-Redding: "Tu l'as faite rire, je vous ai vu."
-Sam: "Une simple discussion amicale. Et de toute manière elle est déjà fiancée... et bien trop jeune pour moi !"
-Redding: "Ouais, c'est ce qu'on dit ça."
-Sam: "J'ai déjà fait l'erreur de tomber amoureux sur une base militaire et même de me marier. Crois-moi, ça ne m'arrivera plus jamais."
-Redding: "Ça c'est parce que tu n'es pas doué avec les femmes."
-Sam: "Ah parce que maintenant tu es un grand séducteur ? Toi ?!" dit-il en haussant les sourcils.
-Redding: "Tu ne me connais pas en dehors du boulot, tu serais surpris."
-Sam: "Ah oui ? Et comment s'appelle le dernier ordinateur que tu as séduit ?"
-Redding: "Ça c'est bas."
Ils continuent de discuter et commencent à marcher jusqu'à l'Osprey où ils en viennent à parler de l'équipement que Sam aura durant la mission.
"J'ai l'impression de retourner vingt ans en arrière avec ça !" s'exclame Sam lorsque Redding lui tend les lunettes de vision nocturne qu'il va devoir porter. Il faut dire qu'elles font pâle figure face aux lunettes trifocales ultrasophistiquées qu'il porte habituellement et qui possèdent plusieurs modes de visions. Cependant Sam peut compter sur d'autres atouts dans son arsenal et notamment sur son arme de poing Five-Seven possédant un silencieux et un outil nommée OCP, Optically Channeled Potentiator de son nom complet, et permettant de désactiver temporairement tous les appareils électriques qu'il trouve sur son chemin.
-Redding: "Nos ingénieurs à Fort Meade ont réussi à améliorer l'OCP, il dispose de deux charges maintenant."
-Sam: "Cool."
-Redding: "Ah et toujours à propos d'OCP, ils en ont aussi rajouté un au câble optique. Fini les ouvertures de porte au grand jour."
-Sam: "Ils savent comment me faire plaisir, tu les remercieras pour moi !"
Redding termine en évoquant le SC-20K, un fusil d'assaut équipé d'un silencieux, étudié spécialement pour les agents "Splinter Cell" et capable de lancer des gadgets et munitions non létales. Il indique à Sam que les ingénieurs travaillent actuellement sur l'arme après qu'elle fut quelque peu endommagée par la forte pression de l'eau de la baie de Tokyo dans laquelle Sam, une dizaine de jours auparavant, avait du remonter à la nage pour s'extraire d'un bunker sous-marin. Sam aurait évidemment préféré l'avoir mais heureusement, il n'aura pas besoin d'une grande puissance de feu pour mener à bien la mission de ce soir.
Une fois le passage en revue de l'équipement terminé, ils rejoignent Grim et décident d'aller se restaurer puis de se poser en patientant jusqu'à l'heure de la mission. Sam aurait bien téléphoné à Sarah mais avec le décalage horaire, il ne veut pas risquer de gêner les grasses matinées qu'elle a inscrites en tête de son programme de vacances. Il se résigne donc à lui envoyer un mail pour lui dire qu'il va bien, qu'il pense à elle et qu'il reviendra vite pour espérer profiter de l'été ensemble.
Une bonne heure avant le départ, Sam se rend dans ses quartiers et se prépare. Il enfile sa tenue moulante Mk V, connue également sous le nom de Upper Echelon. De couleur noire et absorbant les rayons lumineux, elle est idéale pour les phases d'infiltration de nuit. Développé par le DARPA, cette tenue high-tech permet à Sam de se mouvoir sans faire de bruit et de disposer d'une protection pare-balles. Et comme avant tout départ en mission, Sam vérifie ses armes, gadgets et autres équipements électronique. Le hasard n'a pas sa place dans son métier, une défaillance matérielle en pleine mission peut présenter un grand danger voire lui couter la vie.
Pour finir, Redding lui injecte deux implants sous-cutanés, un à l'arrière de l'oreille droite et le second près des cordes vocales. Ces implants, directement reliés par communication satellite, permettent à Sam de communiquer avec Echelon 3 en parlant à voix faible sans que les ennemis aux alentours ne puissent l'entendre. Après un rapide essai pour vérifier la transmission, Sam est fin prêt et se rend à l'Osprey pour le briefing complet et avoir les dernières informations sur le village de Lovsko.
A l'intérieur de l'avion, il retrouve Grim en plein travail devant son ordinateur. Elle le briefe, le met au courant des détails de tous les objectifs qu'il aura à accomplir et envoie toutes les informations dont il aura besoin sur son OPSAT. Cependant et avec la situation sur le terrain qui évolue très régulièrement, il leur faudra attendre une heure pour que les services de renseignements de l'armée américaine leur envoient les dernières images satellite de la région. Ces images, une fois étudiées avec minutie, permettront à Grim d'évaluer le nombre de forces hostiles en présence et de proposer à Sam plusieurs points d'infiltration dans le village.
Une dizaine de minutes plus tard, Redding et Sam discutent sur le tarmac près de l'Osprey quand un 4x4 de couleur noire et aux vitres teintées s'approche. Sam comprend qu'il s'agit là du véhicule qui le conduira sur le lieu de la mission.
-Sam: "Pas de doute, on va passer incognito avec ça..." dit-il d’un air dépité.
Trois hommes descendent du véhicule, un officier ainsi que deux soldats armés et équipés de la tête aux pieds pour une mission nocturne. L’officier s'approche de Sam et Redding, les salue et se présente:
"Sergent Todorov, je suis chargé de vous escorter jusqu'au village de Lovsko" dit-il sans aucun accent.
-Sam: "Agent Fisher. Pardonnez-moi sergent mais vous avez dit "escorter"?"
-Sergent Todorov: "Affirmatif. Et mes deux hommes ici présents vous serviront de soutien pendant votre mission."
-Sam: "Désolé sergent mais je travaille seul, je n'ai pas besoin d'être tenu par la main."
-Sergent Todorov: "Ordre direct du commandant Hristov, je n'ai pas le choix."
Sam, agacé par la réponse du sergent, se tourne vers Redding et lui demande de le mettre en communication avec Lambert. Moins de deux minutes après, Sam entend la voix de Lambert dans son implant.
-Lambert: "Sam ? Ici Lambert."
-Sam: "Colonel. J'ai un petit problème avec le transport."
-Lambert: "Je vous écoute."
-Sam: "Au delà de voyager dans un véhicule qui semble suspect à des kilomètres à la ronde, pourquoi est-ce que je suis accompagné de deux nounous ?"
-Lambert: "Deux nounous ?"
-Sam: "Deux soldats bulgare sont censés m'escorter jusqu'aux portes de Lovsko, apparemment c'est une exigence de leur bien-aimé commandant..."
-Lambert: "Je n'en ai pas été informé. Je contacte immédiatement le commandant Hristov et je vous tiens au courant."
La communication avec Lambert se termine et Sam revient vers les soldats bulgare. Le sergent Todorov déplie une carte sur le capot du 4x4 et explique en détails le trajet qu'ils emprunteront et les routes qu'ils éviteront afin de ne pas tomber sur des patrouilles rebelles. Il ajoute enfin que le trajet durera presque deux heures, la longueur étant expliquée par certains chemins détournés qu'ils devront prendre et la prudence avec laquelle ils vont devoir progresser.
A cinq minutes du départ en mission, Lambert recontacte Sam pour l'avertir qu'il n'a rien pu faire pour le véhicule. Cependant il a pu obtenir de l'état-major bulgare qu'il soit lâché à 500 mètres de Lovsko et qu'il progresse seul. Sam est soulagé par cette nouvelle, lui aimant travailler seul et n'ayant pas l'habitude d'avoir constamment quelqu'un sur le terrain en train d'observer ses faits et gestes.
A 19h00 précises, le véhicule quitte la caserne militaire de Bezmer et se met en route. Grim et Redding, restés à la base, superviseront l’opération depuis l'Osprey et établiront la connexion avec Lambert au quartier général d'Echelon 3 à Fort Meade. Malgré le fait qu’il reste cloué au sol durant cette mission, l’Osprey possède tous les systèmes de communication et outils informatiques nécessaires pour seconder et guider Sam à travers ses missions.
Après plus d'une heure et vingt minutes de route, Sam, assit au siège arrière droit, consulte sa montre-terminal pour déterminer l'endroit où ils se trouvent. La montre-terminal , aussi appelée OPSAT pour OPerational SATellite Uplink, est un appareil électronique que Sam porte à son avant-bras gauche. Disposant d'un large écran, il lui permet de pirater des terminaux, de recevoir et transmettre des informations à Echelon 3 tels que des documents texte, photo, vidéo et audio et aussi d’obtenir un suivi de ses objectifs. Equipé d'un suivi GPS et d’une carte satellite du lieu de la mission, il permet également à Sam d'avoir directement le visuel de ses gadgets utilisant une caméra tel que le câble optique. Outil indispensable au bon déroulement de ses missions, Sam aurait aujourd'hui du mal à se passer de ce bijou de technologie.
Soudain, il est interpellé par quelque chose sur le bord de la route. Il continue à observer au loin et voit tous les poteaux électriques coupés et mis à terre. Le soldat assit à sa gauche remarque sa curiosité.
-Le soldat bulgare: "Nous leur avons coupé l'accès à l'électricité il y a environ deux semaines."
-Sam: "J'imagine qu'ils n'avaient pas payé leurs factures...Quelles sont leurs sources d'éclairage une fois la nuit tombée?"
-Le soldat bulgare: "Ils ont bricolé des trucs, ils ont branché quelques générateurs à des lampadaires et à quelques projecteurs de fortune. Mais ils utilisent surtout des bidons enflammés, ils n'ont pas assez de générateurs pour couvrir toute la zone qu'ils contrôlent."
-Sam: "Parfait."
Sam éteint son OPSAT puis vérifie une seconde fois son équipement et ses armes par mesure de précaution. Il était sûr de lui lors de la première vérification mais deux fois valent mieux qu'une. Car bien qu'il œuvre pour le compte des Etats-Unis, son travail est totalement officieux. Si il est capturé ou tué en mission, le gouvernement américain niera tout lien et il sera abandonné à son sort. Et il ne compte certainement pas risquer sa vie sur un problème technique ou matériel. Surtout pas aujourd'hui pour sa première mission en Bulgarie en tant qu'agent pour la cellule "Splinter Cell".
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FIN DU CHAPITRE 1.
Merci à vous de m’avoir lu !
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Salut! Comment tu fais pour combiner un job et l'écriture? Parce que je commence un nouveau taf mercredi et j'ai l'impression que ma vie va s'arrêter et que toute ma créativité va disparaître
Hey! SAPERLIPOPETTE ON VA POUVOIR PARLER LE FRENCH SUR CE BLOG! ALORS! Je sais pas comment je fais tbh. Parce que MEUF (je t’appelle meuf, hein, parce que c’est mon mode d’interpellation des gens par défaut mais j’ai peur de te mégenrer alors feel free de me le dire) je te jure, y’a des jours je suis tellement vannée et soulée par les gens qui appellent toute la journée avec des questions cons et des demandes de médailles (limite) parce qu’ils payent leur factures que quand je rentre chez moi (20h40 cette semaine, yay!) j’ai plus la force de rien. J’arrive, je me pose et pis c’est tout. Genre mon cerveau se met en veille prolongée. Pour être honnête, je voulais pas bosser (en tt cas, cet été) mais j’ai besoin de thune, alors…. J’aurais pu passe mes vacances à écrire mais souvent j’écris mieux quand j’ai quelque chose à côté. En fait en ce moment j’écris le matin ou le week-end (d’ailleurs je me suis fait un petit 6,000 mots ce week-end, ça faisait plaiz! - mais aussi pleurer comme une hystérique). Donc finalement ça me convient, même si ça me soule de bosser et de pas avancer sur mon bouquin. Je comprends tout à fait cette angoisse comme quoi tu vas te vider de ton énergie créatrice, parce que c’est ce qui m’arrive de temps en temps.
Après mon cerveau il est pas con tu vois (DES FOIS! TRÈS RAREMENT!), juste ultra paresseux, quand je m’ennuie, je pense à mes histoires et j’imagine des scènes que je note vite fait. Et puis je lis beaucoup, ce qui me facilite les choses. Quand je lis, je m’inspire de ouf et c’est cool, parce qu’après, j’ai l’écriture plus facile et légère avec des tournures de phrases que j’ai ingéré. Finalement j’écris toujours autant, peut-être plus que je n’écrivais à la fac et même si j’avale pas des milliers de mots en une journée, je préfère que mes phrases soient fluides et prendre mon temps pour que l’histoire reste organique.
T’inquiète pour ta créativité. Je suis sure qu’elle va rester et exploser d’un coup. Là elle est en train de bouillir et de fermenter comme une bonne bière (c’est la saison) mais une fois que tu trouvera le temps elle va jaillir comme un geyser. L’important c’est d’écrire par plaisir.
PS: BONNE CHANCE ET FÉLICITATIONS POUR LE NOUVEAU TAF!!!! TU VA GÉRER!!!
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furiousjp01 · 3 years
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(2)Les humains sont étranges : la vision en couleurs
J'apprends donc la perception des couleurs dans l'un de mes cours, et il s'avère que la capacité de voir et de comprendre les couleurs est plus complexe qu'on ne le pense souvent malgré la portée limitée du spectre électromagnétique entre 400 et 700 nanomètres. Alors, j'ai pensé écrire une petite histoire sur la façon dont la vision humaine des couleurs est étrange.
La guerre contre les Gnar'lack avait atteint un tournant critique. Le conseil finnerien était à bout de nerfs. Ils perdaient la guerre, et mal. L'Assemblée Galactique Unifiée avait envoyé de l'aide sous la forme de troupes supplémentaires pour compléter les leurs, mais tous les efforts avaient été vains, et les soldats assistants avaient été retirés chez eux sur ordre de leurs mondes d'origine.
              Les Finnari étaient seuls sans aucune chance d'aide dans la galaxie et leurs esprits brisés. Bientôt, le dernier navire de transport serait envoyé hors du monde avec leurs enfants dans le but de préserver leur espèce.
La probabilité que ça arrive semblait mince.
              Le général Lin-Ar campait avec ce qui restait de ses hommes le long de la frontière polaire sud en attendant, ce qui était susceptible d'être, leur dernière et dernière bataille.
              Si ce dernier plan de fossé ne fonctionnait pas, ils étaient voués à l'extinction aux mains de leur plus grand ennemi. Le monde serait envahi par les Gnar'lak et ils ne deviendraient plus qu'un souvenir dans des histoires lointaines.
              "Général?" Le signal radio l'intercepta sur ses récepteurs postérieurs, et il se tourna pour faire face à l'orateur. Des capteurs infrarouges et thermiques dans ses yeux ont détecté l'endroit comme une balise de chaleur rayonnante.
              "Commandant."
              "Sommes-nous prêts?"
              "Nous devons l’être."
              Les deux se sont tournés vers la dernière tour de communication interstellaire du commandement et ont commencé le processus.
              « Que se passe-t-il si personne ne répond ? »
              « Alors, nous abandonnons notre dernier espoir. » Il y eut un long silence pendant que les deux contemplaient ces mots avant
              « Comment savons-nous que les histoires sont vraies ? »
              Le général Lin-Ar s'arrêta pour y réfléchir un instant. À vrai dire, il n'était pas vraiment sûr que les histoires étaient vraies. Si loin à la frontière de la galaxie, les histoires d'humains étaient encore plus un mythe qu'une réalité, mais quel autre choix avait-il. S'il devait choisir entre un tir lointain et abandonner, il n'y avait qu'une seule option.
              "Envoyer la transmission."
              Le commandant fit un signe de tête en s'avançant vers la tour pour saisir le message, et là, ils attendirent en retenant leur souffle. Le moniteur infrarouge sur le mur du fond resta silencieux pendant un moment horrible avant d'exploser en une intensité aveuglante.
              La forme assise-là était si aveuglante que les caméras avaient du mal à s'adapter au signal.
              « Capitain Vir de l'USS Stabby répondant à un SOS urgent de la planète…. Euh…. Gnf…. Je ne peux pas prononcer ça. »
              Le soulagement envahit le général alors qu'il se dirigeait vers l'écran. Le traducteur travaillait.
              « Donc, les histoires sont vraies. » Est venue la réponse statique.
              « Vrai et grave comme une crise cardiaque, général…. De toute façon, qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
              L'humain parlait bizarrement. D'après ce qu'il avait entendu, ils étaient censés être une race barbare et guerrière, mais pour autant qu'il puisse en juger, l'humain était de l'autre côté de la menace, même un peu spatial. Ses espoirs commencèrent à s'amenuiser.
              « Nous sommes les Finnari, et nous sommes proches de l'extinction. Depuis des millions d'années, nous sommes en guerre contre les Gnar'lak. Malgré tous nos efforts, nous n'avons pas réussi à les retenir. Je représente ce qui reste de ma race en vous suppliant de m'aider. Vous êtes notre dernier espoir.
              « Eh bien merde, ça sonne mal. Je vous préviens, général. Je ne représente qu'un seul navire. Je ne sais pas si nous pouvons faire grand-chose.
              "Si toutes les histoires que j'ai entendues sont correctes, alors je préfère saisir cette chance."
              « Hum…. Eh bien, comment pourrais-je dire non à ça ? Donnez-nous une journée.¨ La com est mourue
              Le général Lin-ar marqua une pause, confus, Il s'attendait à une certaine résistance. N'importe quelle race l'aurait fait. Aider un peuple au bord de la destruction contre toute attente était une raison de s'inquiéter, mais l'humain avait accepté presque d'emblée d'accepter imprudemment une mission suicide sans rien savoir de la situation.
              Pourquoi quelqu'un ferait-il ça ?
              Dans quoi se sont-ils embarqués ?
              Peut-être que l'accord rapide n'était qu'une construction culturelle. Peut-être que les humains ne se présenteraient jamais, mais une discussion personnelle exigeait qu'ils soient d'accord afin d'éviter d'offenser. Seul le temps le dira.
***
              Le vaisseau est apparu tôt au cours du prochain cycle solaire descendant du ciel sur une masse de feu et de fumée. Malgré ses espoirs décroissants, le général Lin-Ar ne pouvait s'empêcher de regarder avec émerveillement l'affichage aveuglant. Il ne pouvait rien y avoir de plus guerrier que cela.
              En descendant du navire, les humains eux-mêmes étaient des phares de rayonnement permettant à la chaleur de se déverser sur leur peau et dans l'atmosphère. C'était un miracle qu'ils puissent continuer à courir en perdant autant d'énergie qu'ils l'étaient.
              La première silhouette s'arrêta devant lui. Sa signature thermique indiquait qu'il manquait un membre à l'humain. Métal froid sombre contre l'éclat qui l'entoure.
              Il pouvait à peine y croire.
              « Général », a commencé l'humain, « Est-ce que tout va bien ? »
              Le général a abaissé son troisième membre de ses infra-récepteurs, "Mes excuses, vous êtes très lumineux."
              « Euh… merci… ? »
              Une plus petite silhouette plus fraîche se pencha sur le capitaine depuis le côté. Les quatre membres et le sac d'hélium indiquaient une espèce autre qu'humaine.
              « Ils ont une vision infrarouge, capitaine. Votre chaleur les aveugle probablement.
              "Oh pardon. Je ne peux pas y faire grand-chose. Alors, quel semble être le problème ? »
              Le général passa les quelques cycles suivants à expliquer aux étranges créatures la guerre et leur inévitable disparition. L'humain était étrangement réceptif à ses malheurs, et à la fin il semblait indigné.
              Le général ne savait pas pourquoi, ce n'est pas comme s'ils étaient de son peuple. Lorsqu'on lui a demandé, l'humain a répondu avec un regard confus : « Eh bien, ça fait chier, et je suis en colère pour vous. Une action de trou-d-cul, tuer une espèce entière. Je veux dire que mon peuple n'est pas vraiment doué pour s'entendre, mais nous n'avons jamais rien exterminer complètement par exprès… sans provocation en tout cas… »
              Malgré le commentaire inquiétant, le général a été stupéfait lorsque le capitain a appelé sa classe de combat, chacune plus grande et plus brillante que la précédente. Dans un groupe, ils étaient impossibles à manquer.
              Le général se demanda combien de temps ils dureraient comme ça. Les Gnar'lak étaient des maîtres de la tromperie, capable de masquer leur signature infrarouge. Sur un fond, ils étaient impossibles à détecter.
              Il a partagé certaines de ses inquiétudes avec la créature qui prétendait être leur médecin militaire, et il a fait part de ces inquiétudes au capitaine.
              Il entendit leur conversation à quelque distance.
              « Je viens de parler avec le général, il dit que les Gnar'la sont des experts pour se camoufler. Nous devons être prudents ; l'infrarouge ne fonctionnera pas.
              Le capitain humain haussa les épaules, "D'accord, nous utilisons des viseurs mécaniques alors."
***
              Le général Lin-Ar s'attendait à un massacre. Il s'attendait à la mort de toute son espèce alors qu'ils s'éloignaient du camp et se dirigeaient vers la frontière, trop conscients des humains et de leurs signatures aveuglantes alors qu'ils marchaient.
              "Tant de marrons." L'un des humains a marmonné sur le côté
              Il ne savait pas ce que le mot voulait dire.
              "Ouais, gah, mes yeux me tuent." Un autre a répondu.
              Le général regarda ses gens se déplacer vers le haut dans une longue file de positions décalées. Les humains se sont regroupés en un motif pointu se déplaçant dans une synchronisation surprenante.
              …
              Il a ressenti la première mort quelques instants après que cela s'est produit. Un cri et puis plus rien.
              Il eut à peine le temps de réagir alors que les humains hurlaient à l'unisson, « CONTACT ! »
              L'éclat de leurs armes était éblouissant. Il était presque aveuglé et ne pouvait rien voir alors que les humains chargeaient en avant en tirant leurs armes dans le néant, il ne pouvait rien voir et sa vision était submergée. Il se tenait là comme un enfant confus alors que la guerre faisait rage autour de lui.
              Des corps ont commencé à apparaître sur le sol. Des corps tordus de Gnar'Lak saignant le reste de leur chaleur dans la saleté.
              Il y avait plus de corps ici qu'il n'en avait jamais vu de sa vie.
              Les combats ont duré quelques minutes. Les Gnar-Lak ont tenté de battre en retraite, mais les humains les ont coupés en les pourchassant dans la forêt.
              Les créatures étaient implacables, prédatrices.
              Leur lumière était aveuglante.
              Il gisait sur le sol, la tête légère. Il ne pouvait pas savoir depuis combien de temps.
              Comment faisaient-ils ?
***
              Rose, ROSE VIF tabarnac !
              C'était quoi tout ça à propos du camouflage ? Sur le fond rouge, ils suppliaient pratiquement d'être fusillés.
              Le premier que le capitaine a rencontré a tenté de rester immobile contre le tronc d'une sorte de plante, restant immobile comme s'il essayait de rester invisible. Et cela aurait peut-être fonctionné s'il n'avait pas la couleur d’une gomme-balloon rejeté. Le capitaine imagina que la créature avait un air surpris lorsqu'il la frappa au-dessus de la tête avec la crosse de son arme. C'était plus facile que de tirer sur des poissons dans un tonneau.
              De retour de la forêt quelques heures plus tard, ils trouvèrent le général qui les attendait avec ses troupes débraillées les regardant avec admiration.
              Le général s'avança : « Comment ? C'était la seule question qu'il a posée.
              Même leur médecin avait l'air surpris de voir à quel point cela avait été facile.
               « Général, saviez-vous que vos ennemis sont rose vif ? »
               La créature a jeté un regard confus, "J'ai peur de ne pas comprendre."
               Leur infirmier cligna des yeux oh, « Un système visuel différent. Ils ne peuvent pas voir l'infrarouge, ils voient la lumière visible entre 400 et 700 manomètres. Je crains même que je sois limité dans ces cas. Je ne pouvais que vous dire de quelle couleur générale il s'agissait en fonction de la longueur. Je ne peux pas voir l'intensité ou la saturation. Le rose est une couleur que seuls les humains, pour autant que je sache, peuvent voir.
               Le général inclina la tête pour lever les yeux avec émerveillement, « Donc, les histoires sont vraies
               Les humains étaient vraiment une merveille de la nature.
               Sa planète a été sauvée.
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hopeforbetterdays9 · 3 years
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Premières turbulences
Durant ce mois d’août 2018, nous passons pas mal de soirées ensemble. Nous faisons aussi beaucoup l’amour. Tu es même l’une des premières filles depuis un bon moment à me donner des surnoms affectueux pendant nos ébats. Je me souviens d’un « t’es mon bébé » lancé en plein milieu de la nuit alors que j’étais au-dessus de toi.
Je ne sais pas tellement comment gérer autant d’affection de ta part. J’en ai peur. Tu sors de 6 ans de relation avec un autre homme, qu’est-ce qui me garantis que tu ne penses pas toujours à lui ? Comment savoir si tu ne te réfugies pas dans ce que nous vivons pour ne pas affronter le fantôme de cet ex ? Surtout que tu me parles de lui et du fait qu’il t’envoie des messages fréquemment pour te récupérer.
J’ai bien trop souffert du rejet avec mon ex-copine deux ans auparavant. Je ne veux pas ressentir à nouveau ce que j’ai vécu après ma rupture qui m’a mis plus bas que terre et dont je porte encore les stigmates. À vrai dire, j’ai rejeté un paquet de filles depuis elle. Peur de l’engagement, peur de l’attachement, peur d’avoir mal encore une fois, peur de devoir encore une fois me relever. Je ne laisse personne entrer dans ma vie plus de deux-trois semaines. Je me suis transformé en quelqu’un de froid, qui ne laisse rien transparaître et complètement détaché à l’égard des femmes.
Et cela se passe de la même façon avec toi. Je te précise à plusieurs reprises que je n’ai pas tellement envie de m’attacher, que je préfère laisser les choses se faire « step by step ». Et j’ai bien l’impression que ça t’énerve. Tu me lances souvent des ultimatums en me prévenant qu’on arrêtait de se voir si ça devait continuer ainsi. Je te réponds à chaque fois que tu es une « drama queen » et que tu exagères.
Avec le recul, tu avais toutes les raisons du monde de ne pas accepter la situation. Je savais ce qu’il y avait au fond de moi et je te le cachais volontairement. Ma blessure de rejet revenait en permanence. Je suis incapable de penser qu’une fille peut m’apprécier pour ce que je suis et veuille rester avec moi. Je préfère ne rien dire, ne rien montrer. Et puis après tout mon expérience de célibataire endurci m’a prouvé que moins j’en donnais, plus les filles me voulaient. Alors je continue de suivre ce même schéma idiot. Avec toutes celles que je rencontre.
Mais malgré tout ça, je sens une légère différence avec toi. La manière que tu as de me caresser, ton affection, la façon dont nous faisons l’amour comme si on se connaissait depuis toujours me perturbe. Je me rappelle de cette fois où tu m’avais envoyé par message le lendemain « Was it real ? ». Tout cela me trouble, j’aime passer du temps avec toi mais je n’ose jamais te le dire. Puis je suis à nouveau rattrapé par mes démons.
J’arrive à me rappeler à peu près des raisons qui m’ont poussé à stopper notre relation la première fois. Ma blessure de rejet entre en compte bien sûr, mais il n’y avait pas que cela. Comme je l’ai dit précédemment, je traversais une période assez rude dans ma vie. Absolument aucun projet professionnel, même pas de quoi me payer un restaurant avec mes potes ou de nouveaux habits. Je me souviens de ce moment où tu me caresses la cuisse et remarques que mon pantalon était troué, j’avais tellement honte. Me vient alors cette question à l’esprit : mais qu���est-ce qu’une fille aussi sophistiquée, belle et intelligente foutrait avec un minable fauché et sans emploi comme moi ? Lorsqu’on fait l’amour c’est magique, mais une fois l’euphorie passée ne va-t-elle pas me jeter comme elles l’ont toutes fait dans ma vie ?
Pour éviter d’avoir la réponse à cette question, je fais ce que je sais faire de mieux à l’époque : prendre la fuite. Je suis très dur dans mes mots. Je te dis que je n’ai plus envie de te voir et que je n’en peux plus de tes scandales en permanence. Je mens, je me cache, comme d’habitude. La vérité est juste que je ne me sens pas à la hauteur pour toi et je crains que tu m’éjectes de ta vie.
Ce premier chapitre aura duré un mois et demi, jusqu’à mi-septembre. L’attachement n’a pas été très fort de mon côté, cela me permet de passer plus vite à autre chose. Mais je continue de penser à toi et ce beau mois d’août que nous avons vécu ensemble.
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Indochine au Zénith d'Auvergne ce vendredi : les confidences de Nicola Sirkis
Dernier membre fondateur d’Indochine, Nicola Sirkis évoque le nouvel album du groupe, sa tournée en cours, ses secrets de longévité et son avenir. Indochine est en concert ce vendredi 6 avril au Zénith d'Auvergne
Vous êtes plus présent dans les médias, est ce parce que vous êtes réconciliés avec ceux qui à une époque n’ont pas été tendres avec vous ou parce que c’est quelque chose d’incontournable ?
On est pas si présent que ça non plus. Il y a plus de demande qu’à un certain moment. On doit y faire face. Par rapport à la popularité de ce groupe et à son importance, on est en dessous en terme de présence médiatique. Ce qui a changé peut-être aussi c’est la présence des réseaux sociaux. Il n’y a pas eu de « fachage », de réconciliation. C’est toujours compliqué les rapports entre les artistes et les journalistes. En 36 ans j’ai tout vécu, j’ai tout vu. On ne va pas aller chercher des interviews avec des gens dont on sait pertinemment que ça sert à rien de les convaincre.
Est-ce que votre album 13 a été facile à accoucher ?
Ça s’est passé très curieusement. Après la tournée de 2014, il y a eu beaucoup de réflexion, avec la conscience de pouvoir faire un treizième album, ce qui est un exploit aujourd’hui. On a une chance énorme que chaque album n’est pas un album de plus et qui génère une tournée best of. Chaque album est une signature et une sorte de conceptualisation de la future tournée. Il y a beaucoup de recherches. Le monde a changé entre 2014 et 2017, l’année où il est sorti. Le monde est beaucoup plus violent, nos territoires ont été frappés, c’est plus compliqué. Donc effectivement la position de l’artiste est aussi beaucoup plus complexe par rapport à ça.
Avec la chanson Un été français vous vous engagez politiquement contre le froid national dont les initiales rappellent celles d’un parti d’extrême droite…
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Et la montée du populisme avec la chanson Trump (le monde). Ces gens là ne surfent que sur le mauvais côté de l’être humain, la jalousie, l’égoïsme… Les « gens qui viennent manger le pain des français » ça fait quand même juste 90 ans que ça existe malheureusement. Ce populisme là ne fait qu’accentuer ça. Ça a été encore plus flagrant au moment de la conception de l’album puisque c’était les élections où on entendait tout et n’importe quoi. C’est quand même le marché des bonimenteurs les élections. Après les gens tombent dedans ou pas. C’était une sorte de métaphore de ça.
Est ce que vous y croyez à cet Eté français dont vous rêvez ?
Oui, regardez la France était à majorité pour Pétain pendant la deuxième guerre mondiale, ça a changé en quelques mois donc il faut être optimiste. Là ce qui se passe en Italie… L’Italie qui était pro-Mussolini pendant la guerre. Je reste un éternel optimiste, vigilant. Je reste très confiant par rapport à la réflexion des gens.
Votre album est également en plein dans l’actualité avec des textes qui défendent la condition féminine, comme Suffragettes BB ou la présence d’Asia Argento pour le duo Gloria et le clip de La Vie est belle…
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C’est fou, c’est dingue. Les crises (N.D.L.R. : balance ton porc, me too) sont arrivées après. Au départ c’est une photo qui m’a fait réagir. Il y a eu l’avènement de Donald Trump et le premier décret qu’il a signé, entouré d’hommes, était un décret limitant le droit à l’avortement aux Etats-Unis. Quand on voit cette photo qui décide de l’avenir de la femme et que ce sont des hommes qui décident de ça. De tous temps, on a essayé de rendre la femme coupable de tout. L’homme était considéré comme l’idiot du village mais la femme, soit on la brûlait soit on la mettait au couvent. Sans tomber dans le féminisme à l’excès, je préfère faire une chanson comme Suffragettes BB que Femmes je vous aime. Le mouvement, c’est très curieux, a éclaté quelques jours après la sortie de cet album sans qu’on y soit pour grand-chose.
"Je préfère faire une chanson comme Suffragettes BB que Femmes je vous aime."
Dans la chanson Station 13, vous dites que tous vos héros sont morts. Avez-vous conscience d’être vous même un héros pour des milliers de personnes ? Est-ce que cela vous confère une responsabilité ?
J’essaie de ne jamais avoir cette conscience là, ça me perturberait. Je sais tous les jours la chance que j’ai d’avoir un public pareil. Ce que je représente pour eux, j’essaie de le minimiser même si effectivement il y a une importance flagrante énorme que je constate tous les jours, soit par des lettres, soit par des messages sur les réseaux… Une responsabilité, c’est compliqué je peux pas dire ça, si on commence à choisir notre public ça va pas, c’est le public qui m’a choisi. Après, il aime ou pas ce que je fais, il y a juste le respect à avoir par rapport aux conditions de vente, de prix des places… Sur le choix de mes morceaux, il y a certainement des gens qui votent Front national qui nous écoutent mais je ne vais pas me censurer par rapport à ça.
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Vous expliquiez que chaque album définit la tonalité de la tournée qui suit, ce qui est encore plus frappant avec le 13 tour…
Oui. c’est magique ce qui se passe, c’est assez incroyable. Ça fait plus de 36 ans que je fais des tournées, plusieurs fois je regardais le toit je dis mais il faut trouver quelque chose de nouveau pour éviter que les gens ne soient mis que sur un seul axe en regardant la scène mais que ça se passe un peu partout dans la salle. Sur la tournée précédente on avait fait ce système d’écran qui circulait dans toute la fosse. Là de le mettre au dessus de la fosse, comme si on avait cette sensation que tout d’un coup on était plus dans une salle de concert mais qu’on était parti ailleurs c’est une volonté de fabriquer des sensations nouvelles. Un concert ça passe par plein d’émotions.
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Par contre c’est un dispositif assez lourd à installer...
Les techniciens arrivent 24 heures avant le concert pour installer tout le dispositif. C’est une tournée très lourde au niveau de la production. La priorité est que ça se passe bien. On s’adapte à chaque salle. Tout a été préparé en amont dans chaque salle pour le positionnement des écrans, l’accueil du public, il fallait que personne ne soit lésé entre Clermont-Ferrand, Montpellier ou Lille.
Malgré cela vous arrivez à proposer des tarifs attractifs…
C’est très simple, on a décidé de ne pas s’enrichir en faisant des spectacles au contraire de beaucoup d’autres artistes qui eux considèrent ça comme un moyen d’enrichissement, moi c’est un moyen d’enrichissement culturel mais pas financier. A partir du moment où on décide que c’est pas là où on va gagner notre vie, du moment que tout le monde soit payé et tout le monde soit content, c’est parfait. C’est pas le but de s’acheter un bateau ou une maison de plus en Suisse ou à Saint-Barthélémy. Ça n’a jamais été le but d’Indochine. Mais c’est pas facile. Lors des réunions j’entends « si c’était plus cher tu aurais pu avoir plus ».
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Est-ce qu’il vous arrive de penser à la fin de votre carrière ?
Il n’y a pas une journée où je n’y pense pas parce que c’est tellement incroyable d’avoir plus de trente-six ans, d’arriver à bientôt quarante ans. Il y a des exemples qui me touchent comme les Stones, ils ont 75 ans, vingt ans de plus que moi et ils sont en pleine forme et ce qu’ils présentent n’est pas trop dégueu. Pour l’instant je suis encore dans la création. Je ne suis pas dans l’exécution de ma carrière, de répéter sans arrêt. Ce n’est pas calculé. Je laisse voir.
Le fait d’avoir créé votre label est-il un moyen de transmettre le flambeau ?
C’est de s’apercevoir qu’il y a un nombre d’albums qui sortent chaque année de groupes de talent et qui passent totalement inaperçus parce qu’ils n’ont pas eu l’opportunité de tomber au bon moment et je trouve ça du gâchis. Par exemple Requin chagrin (N.DL.R. : l’un des deux groupes qui font les premières parties d’Indochine) ils ont des morceaux qui sont vraiment bien et je trouve ça dommage qu’ils n’aient pas accès à un plus large public.
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Quels sont vos coups de cœur musicaux du moment ?
Il y a un musicien que j’ai découvert, un type qui s’appelle Kevin Morby qui est extraordinaire. Sinon j’écoute toujours beaucoup d’électro, le nouveau Jon Hopkins par exemple. Et de la musique classique.
Pour finir, une question plus légère, sur un sujet qui a beaucoup fait parler depuis le début de la tournée, pourquoi vous êtes vous teint en blond ?
Ça vient d’un coup de tête mais qui était mûrement réfléchi, ça faisait longtemps que j’avais envie de bouger de ce côté là et puis il y a une évolution aussi à avoir, ça ne veut pas dire que je resterai éternellement comme ça, ça m’intéresse ce côté là de changer un peu d’aspect, ne pas rester figé mais si ça ne change pas grand-chose en fait. Ça adoucit le visage apparemment.
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Indochine au Zénith d'Auvergne ce vendredi : les confidences de Nicola Sirkis
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rouelibre · 3 years
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Le voleur de couleurs 1.
Tout commence par une balade dans la ville la nuit. Il cherche un coin dans l'ombre où passer la nuit, pas besoin d'un grand morceau de toit, juste de quoi subsister dans cette grande ville toute noire de suie. La pluie ne va pas tarder à tomber et le mouiller. Les  et les cartons sont ses draps depuis des années, il le sait, chaque soirée recommence comme la précédente, par une errance labile et flottante et avec lui, assommé des heures chaudes de la journée, des trépidations occasionnées au-dessus de sa cave de la cordonnerie. le cordonnier le laisse s'y mettre à sa guise, au moins cela lui fait de la compagnie. Il ya juste le fait que le soir venu, par peur des cambriolages peut-être ou par crainte de voir quelque insagesse produite, il le somme de sortir, et le revoilà devenu vagabond du pavé.
Ce recoin de ruelle a l'air malheureusement habité par un type de compagnie peu attirante. Il préfère passer son chemin.Pourquoi ne pas prendre de la hauteur ? Il avise dans un coin un muret qui lui permettrait de gagner  quelques mètres - inabrités, certes, mais au moins il y verrait plus clair. Au premier étage, il y a une vieille dame qui somnole sur son canapé. Elle a l'air désséchée par la vie, ses yeux mornes regardent la pluie qui s'annonce au loin, on l'entendrait presque d'ici pousser un soupir. Son salon pourtant a l'air douillet, de beaux meubles vernis sont visibles depuis la grande fenêtre, et un papier peint couleur anis fait ressembler le tout à un sachet de dragées. Il décide de monter encore davantage. L'escalier de service en fer branlant semble prêt à céder sous son poids à chaque marche, mais finalement tient bon. Il accède finalement au deuxième étage, où la fenêtre est plus large tandis qu'une goutte de pluie arrose le bout de son nez. plus de temps à perdre, il faudrait se faufiler et vite trouver un abri. Malheureusement , à part passer par le balcon, il n'y a pas trop le choix, alors il s'avance à pas de loup, en tentant maladroitement de passer sous les vitres du second étage. Pas de bol, la fenêtre est ouverte, et c'est alors qu'il se reçoit un seau d'eau sur la tête !
Le choc le fait déguerpir à la vitesse de l'éclair. Le voilà arrivé au bout du bâtiment trempé et sentant le croupi, l'eau de cuisson des pommes de terre. Un tout petit repli de balcon parvient à lui offrir une auguste demeure pour la nuit. Il reprend doucement son souffle en jetant un oeil sur la vue imprenable qui s'offre à lui. Un boulevard immense aux traits tordus par la pluie se déroule jusqu'à une grande arche de pierre dorée à l'entrée de la ville. Quand il était petit il avait l'habitude d'y passer avec sa mère, c'était souvent là que ceux sans abri se regroupaient, collés les uns aux autres pour se tenir chaud. En plissant les yeux, il aperçoit au pied de l'immense bâtisse une petite forme rouge repliée, qui tressaute par moments comme pour fuir les gouttes. Intrigué, il hésite entre descendre de son perchoir durement gagné et aller s'enquérir de ce qui se trame là-bas, sous cette arche illuminée, et rester tranquillement sur place mais malgré tout encore exposé à un vent qui pourrait se lever.
Et puis zut. D'un pas habile, il contourne le balcon et une gouttière qui pleure avant de redescendre au niveau de la rue. les caniveaux engorgés lui donnent l'impression d'être dans une rivière, une rivière boueuse et noire comme de l'encre. Quelques passants encore affairés sur les trottoirs ne lui facilitent pas la tâche. Difficile de se faufiler sans se faire copieusement bousculer, il est obligé de jongler entre les poubelles qui n'ont pas encore été ramassées et les sacs de shopping. La pluie tombe de plus en plus dru, une vraie mitraillette aquatique qui crépite à même le macadam. Lorsqu'il arrive près de l'arche, la petite forme rouge a pris du volume, on dirait même une colline de velours carmin qui remue avec force, et des petits pieds aux chaussettes trouées en dépassent. Interloqué, il monte dessus - mais voilà que la butte de tissu s'agite, se met même à rire ! -"Arrête le chat ! tu me chatouilles !" Une tête rousse bouclée coiffée d'une vieille casquette s'ébroue hors de la montagne , le manteau de velours coule à terre, une des manches part visiter le caniveau et son eau grise sale. Un jeune garçon d'environ 10 ans allongé sur des cartons s'époussette et lui adresse un sourire. -"Ben d'où tu sors toi ? tu as pas l'air trop mouillé, ni trop maigrichon , on dirait que tu manges à ta faim au moins ! pas comme moi..." Il s'avance vers le garçon, les pupilles emplies de curiosité. -"Tu veux dormir avec moi le chat ?" -" Je ne m'appelle pas "le chat" !  je suis Gino, et j'ai 8 ans !" -" Heiiiiin un chat qui parle !" - " Moins fort le mioche ! on voudrait dormir nous !" Gino regarde une deuxième montagne derrière le garçon. Un petit groupe d'hommes tassés sous l'arche s'est recroquevillé en un amoncellement de manteaux et de toiles de tente. -" Mais... C'est un chat qui parle !" - "c'est ça ! et nous on sirote des mojitos sous un cocotier ! Allez lache nous Léon avec tes bobards ! Si t'es pas fichu de te taire t'as plus qu'à te trouver un autre coin pour la nuit ! Et vu la flotte tu risques de ramer fort !" La chaîne de montagnes duveteuses s'esclaffe. L'un d'eux attrappe une boite de conserve qu'il lance dans leur direction, et qui rebondit dans un fracas contre le pavé. Effrayé, Gino bondit sous le manteau rouge, la queue hérissée. Léon l'enroule à la hâte dans le vêtement et attrape son balluchon de vieillle toile, puis détale vers une devanture de restaurant encore dépliée. Prenant le temps de regarder vers où aller, il pique un sprint vers une ruelle entre deux grands immeubles particuliers, puis traverse un square avec le chat sous le bras. Au bout de quelques minutes, la pluie qui faisait un rideau s'apaise et ne laisse que le son enrobé des gouttes qui glissent sur les feuilles des arbres. Léon avise un banc libre sous un lampadaire et s'y installe, déballe son paquet pour laisser Gino en sortir. -"Tu peux sortir !" - "Merci, tes compagnons de camp sont décidément des chiffoniers !" - "Je n'ai pas vraiment le choix, les places à l'abri se font rares dans cette ville, tu sais" - "Où sont tes parents jeune petit d'homme ?" - "Malheureusement si je le savais, je pense que je ne serais pas en train de dormir dehors." - " Bon... on dirait que nous sommes deux âmes dehors, il faudrait que l'on trouve un toit pour la nuit !" - "Eh mais attends ! dis moi d'abord comment ça se fait que tu parles ! " - "Nous avons toujours parlé, nous les chats. C'est juste que vous ne nous comprenez pas." - "Et les autres, avec moi, ils ne t'ont pas compris pourtant !" - "Vu le lancer de boîte de conserve, j'en doute fort" - "C'est dingue ça ! Alors je suis le seul à te comprendre ?" - "Je ne sais pas, c'est la première fois que l'on me répond en tout cas !" - " Mais d'où tu viens ?" - "Je suis né ici. J'ai grandi près de l'arche, avec ma mère et mes deux frères." - "Ils ne sont pas avec toi ?" Il ferme les yeux un instant. L'espace de quelques secondes, il revoit les grands hommes fous, le camion, la fourche, le crâne de ses frères perforé par des yeux fous, jeté dans la benne à ordures. Sa mère, chassée puis lancée dans le fleuve. Sous son pelage, son coeur se serre. -"Je suis seul depuis longtemps." - "Attends Gino... Si tu veux on peut rester ensemble !" - " Je ne sais pas trop.... Les humains ne sont pas l'espèce en qui j'ai le plus confiance. Qu'est ce qui me dit que tu ne me feras pas de mal ?" - "Cest bien toi qui est venu me trouver non ?"" Gino se pose sur son arrière train, entreprend une légère toilette pour enlever les résidus pelucheux du manteau. Il hésite, mais Léon a l'air aussi perdu qu'un poisson rouge dans un cours d'eau. Il ne connaît pas la ville, le laisser seul serait l'abandonner à la merci des chiens errants, des montagnes de bâche lanceuses de boîtes, ou pire encore ! du marchand d'enfants ! - "Soit. Je t'accompagne jusqu'à ce que tu aies retrouvé tes parents." Un sourire fend le visage du jeune garçon. Il a une jolie figure pâle et de grands yeux bleus qui brillent comme de petits cailloux, noyés sous les boucles rousses. - "Allons-y ! profitons que la pluie se soit calmée !" Léon se met alors en route avec le balluchon en bandouillère, Gino sur ses talons. Ils prennent une avenue qui monte un peu en hauteur, puis traversent un marché de nuit sur le point de fermer, où les commerçants balayent déjà devant leurs échoppes. Ils s'arrêtent devant un étal de poissons où un vieil homme finit de ranger des filets dans des caisses de bois épaisses. -"Bonjour Eugène." - "Léon ? ça alors ! je t'avais pas vu depuis un moment ! Comment va ton père ?" - "Je ne sais pas. Ils ont disparu" -" Comment ça ? disparus ?" -"Depuis deux jours. Maman m'a laissé au parc en me disant qu'elle devait aller acheter à manger. Papa était parti faire un congrès depuis plusieurs jours." - "Attends mon garçon, je ne peux pas te laisser comme ça ! il faut qu'on aille au poste de police !" - "Non Eugène s'il te plaît ! pitié !" - "Tatata pas d'histoires ! tu vas venir avec moi, on va faire un signalement ! Tes parents doivent être quelque part morts d'inquiétude !" - "Mais je ..." - "Stop, Léon ! Tiens, je te passe la clé de la maison , va voir Hermine, elle te préparera un plat chaud avant que j'aie fini ici. Je vous rejoins." Léon attrappe une grosse clé rouillée que lui tend Eugène. Il pousse un soupir, puis se met en marche. Gino près de lui n'ose trop rien dire, s'il peut passer une nuit au chaud au pied du lit ce sera déjà très bien. Après quelques minutes de marche dans les ruelles pavées, ils atteignent une maison de pierre grise aux volets bleus. Une douce lumière filtre à travers la petite fenêtre, et une certaine chaleur émane de cette bâtisse. Léon serre la clé dans sa main un instant. -"Tu n'ouvres pas ?" - " Gino, tu ne vas pas me croire, mais...je ne pense pas que mes parents ont juste disparu. Il s'est passé quelque chose. Si je vais au poste de police, personne ne me croira et on me fera enfermer !" - " Mais pourquoi voudrait t-on t'enfermer, Léon ? Viens, allons déjà manger quelque chose et dormir un peu, tu vas me raconter tout ça" - "Gino, je suis sérieux. La nuit où mes parents ont disparu, il y avait quelque chose d'étrange dans l'air. Comme si...Comme si une voix me parlait." - "Je te crois." Le chat est maintenant monté sur l'épaule de son nouvel ami. Léon regarde la clé au creux de sa main. -"Tu as peut-être raison, on ne gagne pas les guerres avec le ventre vide ! entrons." La clé tourne puis la porte s'ouvre dans un claquement sec. A l'intérieur, le mobilier est sommaire mais confortable. Une marmite bout à grosses bulles sur la cuisinière, remontant des effluves de râgout qui font se pourlécher Gino. - "Au moins en te rencontrant, j'ai trouvé de quoi manger ce soir !" -"Attends, il y a quelque chose qui cloche... Pourquoi m'a t-il donné une clé si il pensait que sa femme serait là ?" - "Peut être au cas où elle ferait des courses ?" - "Non, c'est bizarre... Puis il voulait m'emmener au poste de police alors que finalement il m'a donné la clé de chez lui ?" - "J'étais sûr que tu préfèrerais esquiver le poste, Léon" Ils se retournent. Eugène, campé sur ses deux pieds  leur bloque le passage de l'entrée de la maison. Il les toise de toute sa hauteur. - " Ils ont besoin d'énergie, Léon ... C'est la seule solution, je suis désolé. J'aimais bien tes parents pourtant...." -"Que leur est-il arrivé ? qu'est ce que tu leur as fait ?" - "Je suis désolé, Léon." Sur ces mots, il sort un petit boitier semblable à un appareil photo, remonte un bouton et appuye d'un coup sec. Gino, perché sur le jeune garçon, a à peine le temps de sortir ses griffes. Le monde autour d'eux devient subitement flouté en nuances de gris, dépeint et noyé dans un noir et blanc. Les boucles de Léon se diluent, les taches de Gino sont absorbées par un nuage poussiéreux, il sent ses membres se raidir. - "Ils ont besoin de couleurs, de beaucoup de couleurs." Gino sent son ami se dérober sous ses pattes. Ils basculent alors dans un gouffre noir. Noir et sans fond.
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ailleurs-l4s · 4 years
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Confinement JOUR 16 (JOUR 24) - Lou
La musique adoucit les confinés Dvořák m’accompagne. Symphonie n°9 en mi mineur, dite du Nouveau Monde. Je n’ai pas cherché le symbole – d’autant que son Nouveau Monde était l’Amérique de la fin du 19e siècle, New York précisément où il vécut 3 ans pour en diriger le Conservatoire –, juste un air si familier que je le siffle en parallèle. Le fait est qu’elle m’emporte tellement que je peine à me concentrer sur mes propres mots (même si je n’en suis qu’au début). Je découvre à l’occasion d’une vérification chronologique qu’il a composé les thèmes de cette fantastique symphonie en « leur donnant les particularités de la musique des Noirs et des Peaux Rouges » (1), aveu qui avait choqué l’Ancien Monde à l’époque. Dvořák s’est notamment inspiré d’un poème, Le Chant de Hiawatha, de Henry Longfellow, évoquant la vie de Hiawatha, un Indien de la tribu des Ojibwés. Je résiste à creuser plus la piste de ses origines de peur de ne jamais remonter à la surface. A ce propos, Armstrong – Neil pas Louis – en avait emporté un enregistrement lorsqu’il a, pour la première et unique fois, marché sur la Lune (personne, ou plutôt, aucune personne n’y étant allé deux fois). Quoi qu’il en soit, retour à Wellington dont l’atmosphère n’est pas si éloignée de la Mer de la Tranquillité. Enfin, on se comprend... Dans un autre registre, notre voisin, musicien, plus jazzy a priori, nous disait l’autre jour, de loin rassurez-vous, avoir l’impression d’être dans « Groundhog Day », traduit littéralement par nos amis québécois, qui ne font jamais de réinterprétation en la matière, par « Le jour de la marmotte ». Un titre peu évocateur pour nous autres Français. Je lui préfère « Un jour sans fin », nettement moins énigmatique, beaucoup plus direct. Curieusement, depuis le confinement, alors même que clairement, mes journées se ressemblent, à quelques folies près sur la rue empruntée pour rejoindre la forêt ou le New World (pas celui de Dvořák, celui de mon estomac), je n’ai pas du tout éprouvé ce sentiment. En fait, la dernière fois que j’ai eu la sensation de glisser dans la peau de Phil Connors, le personnage principal du film magistralement campé par Bill Murray, c’était il y a quelques années, à l’occasion de vacances estivales avec mes neveux et nièce, que j’adore bien sûr et qui ont grandi depuis, et pendant lesquelles j’avais eu l’impression de revivre 23 fois la même journée. Jour après jour, les mêmes événements se produisaient dans le même ordre, aux mêmes heures, pendant la même durée ; jour après jour, la répétition des mêmes sentences que la veille, sans fléchir mais en espérant, comme lui, qu’un jour, prochain, cela finirait par rentrer et que je pourrais enfin passer à une autre journée ! Au lendemain finalement, où, comme sur une page blanche, tout deviendrait à nouveau possible, tout serait à écrire... Et là, je réalise que, peut-être, je suis malgré tout dans « Un jour sans fin » sans m’en apercevoir. Car même si tout se passe bien pour moi dans le pas-meilleur des mondes, même si je ne manque de rien – hormis de ma famille et de mes amis, dont l’absence réelle est compensée par leur présence numérique –, même si je pourrais rester là des mois sans m’ennuyer une seconde, pour le moment, comme beaucoup, je ne peux toujours pas passer à demain. J’entends, le « vrai » demain. C’est comme s’il avait littéralement disparu, que le temps de l’anticipation, des projections était révolu. De fait, quand j’essaye de penser à demain, le vrai, dans quelques semaines, dans quelques mois, peut-être même dans quelques années, je n’y arrive pas. Il n’y a rien auquel mon esprit se raccroche. Ou si peu. Je l’écris d’autant plus facilement que je traverse ce brouillard parfaitement bien, sans angoisse aucune. Et pouvoir écrire, a fortiori penser cela, me prouve, je le savais déjà, à quel point je suis une personne heureuse (encore plus depuis que je sais que je suis la personne idéale pour partager un confinement, sic). Simplement, c’est inédit, c’est étrange, c’est extra-ordinaire. Et d’une certaine manière, reposant. C’est évidemment très personnel, corrélé à mon propre vécu de cet événement qui nous touche tous différemment. Je me garderais bien de faire des généralités en ce moment, pour lesquelles je confie d’ailleurs une légère aversion… Bien sûr, la question est posée partout : et après – car cette situation ne va pas durer éternellement –, ce sera comment après ? Qu’aurons-nous appris ? Changer, est-ce devenir quelqu’un d’autre ? Serons-nous toujours libres ? L’avons-nous été un jour ? Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ? Faut-il vivre comme si nous devions mourir demain ? Choisissons nous notre existence ? L’homme doit-il travailler pour être humain ? Pouvons-nous échapper au temps ? Exister, est-ce vivre au présent ? Est-ce une fonction de l’art que d’embellir la vie ? L’art nous réconcilie-t-il avec le monde ? Que nous apprend l’histoire ? L’étude de l’histoire nous conduit-elle à désespérer de l’homme ? La recherche du profit est-elle le but de tout échange ? Y a-t-il une raison à tout ? Les lois peuvent-elles faire notre bonheur ? Peut-on concevoir une société sans Etat ? Le mensonge est-il une vertu politique ? Une société juste peut-elle s’accommoder d’inégalités ? Qui peut me dire ce que je dois faire ? Faut-il se soucier de l’avenir ? (2) Chaque jour, j’ai l’impression que cette pandémie nous fait repasser notre bac philo ! Pas vous ? (1) https://www.francemusique.fr/…/la-symphonie-ndeg9-dite-du-n… (2) Sujets réels de bac philo de ces dernières années Christchurch, South Island, NZ Oeuvre photographiée (elle mériterait d'être un peu nettoyée...) : Diminish and Ascend de David McCracken
© Lou Camino | Hans Lucas
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fallenrazziel · 5 years
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Les Aventures d’Erwin & Livaï #4
Recueil d'OS EruRi, constitué de petites scénettes qui me trottent dans la tête et que j'écris quand l'envie est trop forte^^ Ils seront donc écrits et publiés selon mes émotions du moment. Bien que je place ces OS dans un contexte canon, ils ne font pas partie des Chroniques de Livaï, mais de mon headcanon. Ils ne sont pas non plus publiés dans l'ordre chronologique. Certains épisodes peuvent se suivre mais tous peuvent être lus séparément. Ces OS peuvent être tour à tour romantiques, comiques, tristes, émouvants, coquins ou drôles (pas de sexe explicite).
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La dernière expédition avait conduit nombre d'explorateurs à la mort. Même si de précieuses informations avaient été obtenues, les pertes demeuraient considérables. L'escouade d'opération tactique avait été décimée, et le caporal Livaï lui-même était rentré blessé, avec une fracture du pied.
L'ambiance était tendue et les discussions entièrement tournées vers l'identité du titan féminin. Erwin Smith avait réuni son état-major afin de faire le point sur les avancées et mettre en place une contre-attaque pour démasquer l'espion. Il avait invité dans ce but les membres de la 104ème afin qu'ils puissent donner leurs impressions et partager des indices glanés durant l'expédition. Armin Arlert s'était montré particulièrement brillant, et avait produit des preuves suffisantes pour incriminer une de leurs anciennes camarades des brigades d'entraînement, une certaine Annie Leonhart.
La réunion commençait à s'éterniser. Le caporal Livaï remua sur sa chaise, espérant que le discours du major finirait bientôt, car la douleur dans son pied, sourde et diffuse, remontait petit à petit le long de sa jambe. Il regarda Erwin, dont l'attention était tout à fait concentrée sur Arlert, et il ne douta pas une seconde qu'il appuierait les doutes du garçon. Il était plutôt convaincant...
Livaï écoutait d'une oreille distraite. Il pensait bien davantage aux pertes qu'il venait de subir. Cela repoussa la douleur de sa jambe plus loin, tandis qu'une autre prenait sa place. Erd, Gunther, Petra et Auruo étaient tous morts... Ses camarades... Il ne mesurait pas encore l'ampleur de la perte ; comme à chaque fois, la conscience de ce qu'il avait perdu le percuterait bien plus tard, quand il serait seul et ne pourrait penser à rien d'autre. Devant une tasse de thé solitaire par exemple...
Il étaient encore là quarante-huit heures auparavant...
Enfin, le major ajourna la réunion. Tous se levèrent de leurs sièges et Livaï capta le regard désolé et honteux de la jeune Ackerman. Elle se sentait coupable de son état ; il ne pouvait lui en vouloir, mais il était le seul responsable de cela. S'il n'avait pas fait en sorte de prendre le coup à sa place, elle serait blessée ou morte. C'était son rôle en tant que vétéran de veiller sur les jeunes.
Alors pourquoi n'y arrivait-il jamais ?
Il s'appuya un moment sur le mur avant de sortir de la salle de réunion, le souffle soudain court. Sa main se crispa sur sa cuisse. Ce n'était pas seulement sa jambe, tout son corps lui faisait mal. Il essaya de se traîner vers la sortie quand une main légère se posa sur son épaule.
- "Tu as mal, Livaï ?"
Le caporal regarda par-dessus son épaule et vit le visage d'Erwin, soucieux et troublé, tout près du sien. Il se força à arborer une expression impertinente et blasée, mais ses efforts n'échappèrent pas à son supérieur.
- "Non, ça va, ça arrive des fois, mais ça repart aussi vite."
- "Permets-moi d'en douter. Je t'ai vu boiter toute la journée. Les médecins t'ont dit d'utiliser une béquille afin de soulager ta..."
- "Une béquille ?!" explosa Livaï. "Tu m'as pris pour un vieux ou quoi ?! Je peux marcher ! Je suis sûr que je peux même utiliser le dispositif mais tu me l'as interdit !"
- "Je ne veux pas prendre de risque, tu dois te ménager."
- "Tu essaies plutôt de me faire enrager, oui !"
Livaï vivait mal d'avoir été mis à pied. Même s'il comprenait la finalité de cet ordre, il ne supportait pas de devoir rester à terre tandis que ses camarades pouvaient continuer à voler.
Il remarqua que les jeunes étaient restés à la porte à les regarder et n'avaient rien perdu de leur échange. Livaï sentit le sang lui monter au visage. De quoi avaient-ils l'air, tous les deux ? D'un vieux couple en train de se disputer ! "Ouais, c'est pas faux", jugea le caporal.
Il les chassa du revers de la main et ils vidèrent les lieux au pas de course. Mais Erwin resta près de lui, attendant manifestement qu'il se redresse et sorte de la pièce. Mais quand Livaï se déplia, un autre déchirement fulgurant traversa sa cheville et son mollet et il s'écroula presque dans les bras de son supérieur. Erwin le fit rasseoir et souleva doucement la jambe de son pantalon. Sa cheville avait été bandée et une attelle mise en place tout autour. Elle n'était pas très encombrante mais il se sentait mal à l'aise avec des chaussures. Et elle l'empêchait de poser le pied totalement sur le sol, ce qui s'expliquait par le fait que, comme Erwin le lui avait rappelé, il devait normalement utiliser une béquille pour se déplacer.
Le major gronda :
- "Je t'ai laissé venir ici sans béquille, je n'aurai pas dû. C'est de ma faute, je serais plus ferme la prochaine fois."
- "Arrête de toujours tout prendre sur toi. Je suis un grand garçon, je sais ce qui est bon pour moi."
- "Les médecins le savent aussi. S'ils te voyaient parcourir le QG dans ces conditions, ils seraient mécontents."
- "Je te dis que ça va.
- "Ta cheville est enflée."
- "Mais non, elle a toujours été comme ça."
- "Je t'ai déjà massé plusieurs fois et je sais que non."
Son supérieur adorait avoir le dernier mot, et Livaï ne trouva rien à répondre. Il se contenta de détourner le regard et de laisser le major lui tâter le pied avec intérêt.
Erwin continua à palper la peau fine et blanche avec précaution, trouvant un plaisir inattendu à leur position respective ; Livaï assis sagement sur sa chaise et lui-même, agenouillé devant son subordonné, prenant le temps de rouler sous ses doigts chaque petite veine palpitante... Il laissa sa main remonter vers le mollet et caresser les muscles au repos, s'attarda un peu dans le creux du genou, à la peau si douce... Il entendit Livaï pousser un petit soupir et il se sentit très content de lui. Mais cela ne pouvait pas durer évidemment.
- "Eeeh, tu fais quoi, là ?!" s'exclama le caporal décontenancé, en essayant de cacher sa jambe nue sous son pantalon.
- "J'essaie de faire partir la douleur, de te détendre. Tu n'aimes pas ?"
- "C'est pas la question ! N'importe qui peut arriver !"
- "C'est vrai, où avais-je la tête ? Cela serait fâcheux..."
Erwin se releva et il eut la plaisante surprise de constater que Livaï, malgré ses protestations, en paraissait chagriné. Il décida que c'était son rôle de prendre les choses en main et de donner la charge. Il se pencha, passa un bras autour des épaules de Livaï et un autre sous ses jambes et le souleva de la chaise sans difficulté. Le caporal se mit à gigoter.
- "Ca va pas la tête !? Pose-moi !"
- "Si tu avais pris une béquille, je ne serais pas obligé de faire ça", répondit Erwin.
- "Mais je peux marcheeeerrr ! Arrête !" s'écria Livaï en s'accrochant à ses épaules.
- "Tu risques d'aggraver ton état. Et ta chambre est loin, je vais t'y amener."
- "Mais y a du monde dans le couloir ! C'est encore pire que..."
- "Ca ne me dérange pas qu'on me voit prendre soin de mes subordonnés !" dit Erwin en riant.
Il attendit que Livaï se calme et accepte son sort, puis s'engagea dans le corridor avec son précieux fardeau.
Comme on pouvait s'y attendre, le QG du bataillon était loin d'être désert à cette heure et les regards éberlués les suivirent tout le long du trajet. Livaï avait du mal à les supporter alors il fourra son visage dans le cou du major ; une bonne chose qu'on ne puisse pas voir à quel point il rougissait ! Il se sentait très faible et minable, mais une partie de lui ne pouvait s'empêcher de remercier Erwin de sa prévenance. Car de fait, il aurait eu bien du mal à regagner ses quartiers en gardant sa dignité tant sa jambe lui faisait mal. "Entre claudiquer comme un infirme et me laisser porter par Erwin, le choix est vite fait...", pensa-t-il.
Finalement, cela l'indifférait qu'on pense certaines choses sur eux. A bien y réfléchir, cela lui plaisait par moment... Il ne perdrait pas son temps à expliquer à qui que ce soit ce qu'il ressentait pour son supérieur, personne ne comprendrait de toute façon. Le comprenait-il lui-même ? Il n'en était pas certain. Ce qu'il comprenait là maintenant, c'était qu'Erwin le portait dans ses bras, et qu'il s'y sentait bien. Il fourra son visage tout contre son cou et oublia totalement les explorateurs autour d'eux. Rien ne comptait plus que le bleu de ses yeux, et... ses sourcils si épais et magnifiques.
En un rien de temps, ils se retrouvèrent devant la chambre de Livaï. Le caporal sortit sa clef de sa poche et ouvrit la serrure. C'était une petite chambre fonctionnelle, pas très personnelle. Il y avait un lit, une armoire, une table et une chaise devant la fenêtre. Livaï s'était aménagé une petite salle de bain en dégotant une baignoire. C'était tout ce dont il avait besoin au quotidien.
Ca et les attentions d'Erwin.
Le major le posa doucement sur le lit et Livaï se détacha de lui à contrecoeur. Il aurait voulu l'avoir un peu plus longtemps pour lui, mais il ne faisait aucun doute qu'Erwin avait plus important à s'occuper. Cependant, son supérieur s'attardait dans la pièce, et il commença à se demander ce qu'il attendait. Des fourmillements loin d'être désagréables revinrent titiller sa patte folle.
- "Tu veux que je te prépare du thé ? Je peux aller chercher ça dans mon bureau...", proposa Erwin, les mains dans le dos.
- "Non, reste !"
Livaï avait répondu avec empressement. Il s'étonna lui-même de ne pas vouloir de thé. Erwin se baissa vers lui et la caporal se mit à transpirer.
- "Tu préfères que nous reprenions où nous nous étions arrêtés ?" demanda malicieusement le major.
- "Ooooh, t'as sûrement des tas de trucs à faire...", soupira le caporal au bord de la syncope.
- "J'ai toujours le temps pour toi."
- "Si tu insistes..."
Erwin sourit, de ce sourire qu'il gardait toujours en réserve pour Livaï. Il enleva sa veste et s'assit sur le lit à côté du caporal blessé. Celui-ci se mit à plat dos sur le matelas et attendit la suite des évènements.
Le major aimait les moments où il réussissait à troubler l'apparence flegmatique de son subordonné. Il aimait voir ses yeux s'agrandirent, ses joues s'empourprer, son souffle s'accélérer... Il aimait surtout se dire qu'il était le seul à y arriver. Il pouvait apprécier dans ces moments-là que Livaï ne soit qu'à lui.
Il souleva de nouveau le bas du pantalon, enleva l'attelle avec délicatesse, et reprit ses soins experts là où il les avait stoppés. La jambe de Livaï bien calée sur sa cuisse, il recommença à caresser sa cheville douloureuse avec précaution, pressant des points sensibles, ce qui arrachait au blessé des râles de protestation et de plaisir mêlés.
- "Aaaah... ouh ! Un peu plus haut... voilà... Aïe, trop haut ! Oui, comme ça... aaahh..."
Erwin retint une énorme envie de rire. La vision de Livaï, étendu sur son lit, un bras sur le visage, les orteils au garde-à-vous, poussant des gémissements à peine compréhensibles, le mettait en joie. Mais il ne voulait pas s'arrêter là.
- "Ton pantalon est un peu gênant, je ne peux pas te masser comme il faut. Si tu l'enlevais ?"
Livaï se redressa, comme sonné, et obéit sans discuter. Erwin l'aida à le faire, tout en faisant attention à sa cheville. Quand le soldat le plus fort de l'humanité se retrouva en slip et chemise devant lui, il ne put contenir le sang qui lui monta au cerveau. "Reste calme, Erwin, ce n'est pas la première fois."
Il contempla un moment le corps de son subordonné, marqué par les sangles et les courroies du dispositif de manoeuvre, et se rappela alors qu'il portait les mêmes traces. Leur travail imposait à leur organisme des traumatismes quotidiens, et laissait sur leur peau des souvenirs douloureux. Cette vue ramena Erwin à des sentiments plus pénibles. Il repensa à l'escouade de Livaï, et à l'expression dévastée de son caporal ; à la culpabilité qu'il avait ressentie, une fois de plus ; mais aussi au soulagement d'avoir réussi à garder son ami en vie.
- "Mets-toi sur le ventre, je vais te masser", annonça Erwin.
- "Euh... t'es sûr ?
- "Oui, cela va ma détendre, moi aussi."
Livaï enleva sa chemise, roula sur lui-même et offrit son dos zébré de stigmates sombres à la vue de son supérieur. Erwin les effleura de la main d'abord, puis commença à palper les épaules aux muscles noueux du caporal. Il pouvait presque sentir les aspérités du cuir imprimées dans la chair, et Livaï tressaillait à chaque fois qu'il touchait un point sensible.
- "Ca va, je ne te fais pas mal ?"
- "C'est une bonne douleur", répondit Livaï, la voix étouffée par son oreiller. "Elle me dit que je suis vivant."
- "Bonne philosophie."
Erwin laissa ses mains s'égarer sur les flancs de Livaï et il se mit à califourchon sur lui pour avoir un meilleur angle. Il appuya un peu et le caporal tapa des pieds en protestant qu'il y allait un peu fort. Il adopta alors un mouvement plus doux et Livaï se mit à ronronner comme un chat content sans plus dire un mot ; à part quelques "ouille" intempestifs de temps en temps.
Le major continua son massage pendant un moment, puis s'aperçut que Livaï avait dû s'endormir. Ses bras gisaient de chaque côté de son oreiller, son visage était tourné sur le côté et sa respiration régulière et paisible. Il avait également cessé de tressaillir et ses muscles semblaient tout à fait détendus à présent.
Erwin se pencha vers lui, écarta ses cheveux de son cou, et y déposa un baiser furtif. Aucune réaction. Il descendit vers son épaule et l'effleura aussi de ses lèvres ; toujours rien. N'en revenant pas de son audace, il se dirigea encore plus bas, et ses mains se refermèrent sur la cuisse nue de son ami endormi. C'est alors qu'un grincement alarmant se fit entendre :
- "Erwiiiiiin... Qu'est-ce que tu fais, là ?"
Le major rajusta tout de suite sa mise tandis que Livaï, furibond et les cheveux en bataille, se retournait pour le fusiller du regard.
- "Je testais juste tes centres nerveux !" se justifia Erwin.
- "C'est ça, ouais, mon oeil. Tu me prends pour une bille, ou quoi ?"
Erwin se mit à rire et se laissa tomber sur le lit à côté de Livaï. Ils se fixèrent sans parler pendant un moment, face à face dans le silence, et la main du caporal vint frôler sa joue avec tendresse. Il la saisit et en embrassa la paume. Il avait envie de l'enlacer, de sentir encore la vie courir sous sa peau, de lui dire des choses... Il devait lui dire...
- "Livaï, je ne voudrais pas que tu interprètes mal ce que je vais te dire..."
- "Pas de souci, vas-y."
- "Je suis... navré pour ton escouade. Ils étaient tous de braves coeurs, et je ne veux pas minimiser leur perte..."
Erwin se rapprocha et attrapa Livaï par les épaules pour le serrer contre lui. Le caporal se laissa faire.
- "... mais je suis si heureux que tu sois vivant. Je sais que c'est malvenu d'être heureux dans un moment pareil, mais... c'est ce que je ressens."
- Tu as des sentiments humains, finalement, c'est rassurant", souffla Livaï dans le creux de son oreille.
Il ne lui tenait pas rigueur de sa déclaration, il le comprenait. Erwin en fut soulagé. Il le relâcha et Livaï se cala sur l'oreiller, un sourire triste sur les lèvres.
- "Je dois bien avouer que je suis pas fâché d'être vivant moi aussi. Je ne peux pas mourir, pas encore. Et toi non plus. On a encore trop de choses à faire."
- "Oui...", soupira le major.
- "Relève la tête et va de l'avant. C'est ce que je ferais aussi. C'est tout ce qu'on peut faire, à part se laisser mourir."
Erwin se laissa glisser le long du lit et se remit sur ses pieds. Livaï suivit le mouvement mais au lieu de se lever, il lui plaqua son pied blessé sur la poitrine en le toisant de façon impertinente.
- "Eh ! Tu sais quoi ? J'ai presque plus mal, c'est fou, hein ?"
Erwin attrapa sa fine cheville et porta le pied bandé à sa bouche.
- "Tant mieux. Tu pourras bientôt récupérer tes ailes."
Il reposa la jambe de Livaï, récupéra sa veste et sortit de la pièce, le coeur plus léger.
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