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#la fièvre au corps
orageusealizarine · 4 months
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étalant des jaunes d’œuf sur mes seins, je pense obsessionnellement et indifféremment à Simone et Van Gogh. pour l'une, je crève des œufs. je casse des yeux. jusqu'aux couilles, aux globes, aux corridas, aux sacrifices. couille, fouille, mouille... la liste demande à être creusée (à être fouillée - et le corps, excavations brutales, totales). je démembre tranquillement le réel en cherchant la jouissance immédiate que je sais à portée de mots et de mains. c'est pourquoi je suis la Reine des Bois. fertilité atroce. je choisis la dépense inutile. la perte qui m'est faite et que je fais faire à la consommation, à la procréation m'éjouit. et me terrasse - radicalement.
à Nemi, j'égorge le prêtre qui célèbre Diane. mais je ne suis pas une meurtrière, je fais l'expérience d'une mort. je fais l'expérience de l'amour, dans les bois, dans le sang, dans le miel et les jaunes d’œuf. mais la chasteté de l'astre a des odeurs de sang. le soir où... le ciel est constellé de sève et l'horreur se dissout dans la verdeur de mes yeux.
lucus, bois sacré où je me perds. à force de fièvre. à force de sensualité. je règne dans ces bois où la cruauté du soleil ne perce pas. allongée, j'attends l'assaut. et le crime qui délivre. puisque le roi est dans le bois, la seule personne que l'on peut tuer impunément. le sommeil ne ternit plus la nuit. je lance les dés, concrétions du destin que l'on tient dans la main.
pour l'autre, c'était la peinture vivante du bonheur. j'étalais du soleil sur ma peau. lui, dans l’obscurité de son esprit, ingérait la joie. chaude et crémeuse coulure jaune qui laisse à la chair sa transparence. profondeur de l'Inconnu. dans laquelle se vautrer, puisque la réjouissance est généreuse. et sans restriction. j'ai perdu toute limite.
mais je veux boire votre sang à votre bouche. au nombre de douze, les tournesols rendent ivres et sont des émanations d'enfantement. sur un plateau, nous coupons toutes leurs têtes. et les bouquets dégorgent entre mes doigts. nectar ému d'être perdu pour la germination.
je suis nue dans les blés et les parfums ocres. des gouttes d'ambre sur les joues et des anneaux d'or à tous les doigts, ils versent la lumière sur mon corps. pour quel sacrifice ? dans les bois, j'ai aimé. l'odeur crue menait au fin fond du rêve. et les œufs sont restés sur ma peau.
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Une personne en fin de vie présente de nombreux signes. Tout d’abord, sa condition physique se dégrade de façon progressive ou rapide. La personne malade perd du poids, car elle perd toute envie de manger et de boire. Lorsque la fin est proche, elle cesse de s’alimenter et de s’hydrater. Les signes sont aussi observés au niveau de la respiration. En effet, le rythme respiratoire change et la personne en fin de vie fait de l’apnée, c’est-à-dire qu’elle ne respire pas pendant un moment. Certains patients sont confus et agités, tandis que d’autres perdent connaissance ou conscience de son entourage. Lorsque la mort est proche, la majorité des malades deviennent calmes, notamment à cause de la fatigue et parfois se perdent dans leurs pensées et communiquent moins. Dans les dernières heures de la fin, ils délirent beaucoup. L’agonie, quant à elle, ne dépasse pas généralement les 24 heures. Elle se caractérise par un coma relatif où le patient a du mal à être éveillé. La personne devient moins agitée durant le sommeil, sa respiration ralentit et devient plus calme avec notamment des pauses au fur et à mesure que la mort approche. Elle présente le râle agonique, un bruit causé par les sécrétions au niveau des voies respiratoires. Le corps refroidit progressivement, en commençant par les pieds, les mains et le nez. Des marbrures apparaissent au niveau des genoux, des convulsions et des secousses musculaires, de la fièvre ou encore des troubles de la déglutition se manifestent
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ladyniniane · 5 months
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Aaaand I did it and completed NaNoWriMo for the 6th time🎉🥳! It has been a eventful month between leaving work and moving homes, but I did it.
During this NaNo I:
-Finished my Fire Emblem fanfic after one year and 10 month spent on it.
-Wrote two chapters for my Shadow and Bone fanfic.
-Began another WIP (a sort of sequel of my FE fanfic).
Unlike last year, I won't try writing everyday until November 30th. I need to proofread some new chapters and to do some brainstorming for my future stories.
To celebrate this, here is some (quickly edited, and in French, as usual) mother and daughter fluff (featuring: adoption, a fallen woman finding a new purpose, a child who isn't exactly human and a dying ancient civilisation) from my newest WIP.
La pluie s’écrasait furieusement sur les murs, dégoulinait si fort sur les vitres que l'on ce serait cru sous l’eau. L’orage rendait Ismène fébrile. Ses doigts agrippaient sa jupe, ses yeux sombres contemplaient le déluge avec un mélange de peur et de fascination.
-Tu peux rester avec moi si tu veux, décida Anselma en tapotant la place à ses côtés.
Ismène lorgna le lit mais hésita.
-Tu es sûre ? Je ne suis pas un peu vieille pour ça ? 
Les autres ne lui avaient jamais proposé une chose pareille et elle aurait de toute façon refusé. Mais avec Anselma, c’était différent. 
-Bien sûr que non et j'ai moi aussi besoin d'être rassurée, rétorqua cette dernière avec une pointe d'espiéglerie. 
Cette petite semblait porter le poids du monde sur ses épaules mais était-ce vraiment surprenant ? 
Ismène retira ses souliers et se glissa à ses côtés. Le lit était suffisamment grand pour qu’elles ne se touchent pas. L’odeur des sachets aromatiques glissés sous l’oreiller leur emplit les narines. 
Anselma s’apprêta à souffler la chandelle mais Ismène tressaillit lorsqu’un éclair tomba tout proche. Le grondement parut ébranler les fondations de la maison. Ses doigts suivirent la courbe de la joue de l’enfant.
-Petite pomme…, murmura-t-elle. 
Un petit soleil s’alluma dans les yeux d’Ismène. La comparaison était venue spontanément à sa mère. Peut-être la rondeur, la douceur, le côté sucré lui rappelaient le fruit qui les avait rapprochées. 
Lorsqu’elle l’avait vue pour la première fois, Anselma avait cru à un mirage de la fièvre. Une enfant de onze ou douze ans, dans son beau costume étranger, qui l’observait depuis l’entrée de la porte. Avec son teint pâle et ses grands yeux sombres, elle ressemblait à un petit esprit. 
La jeune fille l’avait observée en silence, à moitié dissimulée et sans oser s’approcher. Anselma lui avait fait signe de s'approcher, craignant néanmoins que son visage à moitié mangé par les bandages ne l'effraie,y…mais l’enfant était venue. Elles n’avaient guère échangé de mots, si ce n’était des prénoms et des gestes. 
La maison était si calme qu’elle avait pensé que seuls les savants y vivaient. Lorsqu’elle avait demandé à Télésille : “y a-t-il d’autres enfants pour jouer avec elle ?”, la réponse de la mathématicienne était tombée en un couperet funeste : “il n’y a pas beaucoup d’enfants chez nous.”
Ismène était ensuite revenue et lui avait tendu telle une offrande une pomme coupée en quartiers fins. Anselma n’avait pendant un temps pu avaler que des soupes. L’idée de se laisser mourir de faim lui était venue. Sentir son corps fondre et de se dissoudre jusqu’à n’être plus rien était une fin appropriée pour elle.
Ses sauveurs veillaient cependant au grain et le potage nourrissait sa faim. Aussi avait-elle dévoré la pomme fraîche et croquante, à la fois pour plaire à Ismène et par envie. 
L'enfant était revenue tous les matins avec ses fruits méthodiquement coupés. Anselma en avait profité pour gagner doucement sa confiance. Et puisqu’elle avait mangé le bouillon et les pommes, elle avala ensuite leurs feuilletés aux amandes, leurs beignets au miel, leurs brioches ainsi que leurs pommes et leurs coings au four. 
-Pourquoi est-ce que tu es dans cet état ? questionna-t-elle 
-Ça me fait penser au déluge. Et ça me terrifie. 
Ismène se recroquevilla sur elle-même, une réaction surprenante pour une personne si grave. Ce mot était en lui seul une condamnation à mort. C’était là toute la particularité de la chose : Anselma prenait soin d’une descendante d’une ancienne civilisation anéantie par un cataclysme. D’une enfant humaine mais pas tout et fait et qui avait grandi au milieu de gens hantés, recevant leur terreur par procuration. 
Stephanos lui avait rapidement racontés les jours funestes. Ismène savait que c'était à cause de cela que leur monde avait volé en éclat et qu’ils étaient condamnés à la dissimulation et à l’errance.
-Le ciel est en colère, oui, mais il ne nous arrivera rien. Ce lit est un îlot de sécurité. 
Anselma ébourriffa les cheveux de sa fille. 
-Je sais, c’est du passé, admit cette dernière. 
-Maintenant dors, petite pomme. Tu verras qu’il fera beau demain. 
*
La pluie ne montrait aucun signe de s’arrêter. Anselma était drapée dans plusieurs châles. Une alléchante odeur lui parvint et elle mit de côté ses travaux d’aiguille. La fièvre avait reflué, lui permettant de continuer un peu. Elle haïssait ces jours de vacuité, clouée au lit, mais avait appris à s’en contenter. 
-Surprise !
Ismène apparut avec une assiette contenant une délicieuse pomme cuite avec quelques noix dessus. Elle la posa sur le support en bois qu’elles avaient fabriqué afin que sa mère puisse manger au lit.
-Oh, le soleil est revenu ! plaisanta la plus âgée. 
Les deux femmes mangèrent avec appétit, plongeant leurs cuillères dans la chair fondante. 
-Je crois que j’ai passé tant de temps dans ce lit qu’il est devenu une partie de moi.
“Il faudrait presque m’enterrer avec”. Anselma garda cependant cette réflexion morbide pour elle.
La guérisseuse posa sa main fraîche sur le front de sa mère. Au dehors, l’orage grondait toujours.
-Je pense que tu devrais aller mieux demain. Ta fièvre a un petit peu baissé. 
Anselma la remercia et but sa décoction. Le doux goût de la pomme restait sur ses lèvres. 
-Tu veux que je reste avec toi ? offrit la plus jeune, en souvenir de son enfance.
Anselma repoussa la courtepointe. Ce serait une bonne chose, ça les rassurerait toutes les deux. Mère et fille s’allongèrent, complice et rieuse, côté à côte. 
-Qu’’est-ce que c’est agréable d’être au chaud alors qu’il fait aussi mauvais ! s’exclama Anselma.
-Naí*, ce lit est un îlot de sécurité, compléta Ismène avec un sourire joyeux. 
*"Oui" en grec.
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sporcafaccenda · 7 months
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Simon ARBELLOT "Les hallucinés des Gobelins" Le Masque 554, LCE 1956
》》(….)Allons, allons, il n'était tout de même plus un enfant et une ou deux lampes allumées ne signifiaient pas la fin du monde. Et en mettant les choses au pire, le cambrioleur était sûrement parti. Y avait-il même un cambrioleur ? Il allait en avoir le cœur net, que diable! Et bravement, la canne à la main, il traversa le vestibule, arriva au salon et, d'un geste décidé, ouvrit la porte vitrée. Il recula, effrayé : là, au milieu de la pièce, un homme immobile était assis dans un fauteuil, le regard dur fixé sur lui. C'était un être sinistre: vêtu, coiffé, ganté de noir, le visage glabre et maigre avec deux yeux brillants de fièvre et qui s'était levé d'un bond au moment où la porte s'ouvrait, sa haute silhouette sembla vaciller et, tout d'une pièce, le corps raidi,la face en avant, sans proférer le moindre son , il tomba sur le tapis. Tout ceci se passa en moins d'une seconde, avant même que M.Barfleur ait pu ouvrir la bouche pour lui crier: "Qui êtes-vous ? Que faites-vous chez moi?" Les mots s'étaient arrêtés dans sa gorge. Il se tenait là maintenant, stupide et sans voix, devant ce long corps noir étendu sur le tapis d'Aubusson. En rentrant, au matin, dans l'appartement, les domestiques trouvèrent leur maître prostré et hagard dans un coin du salon, les yeux fixés sur le visiteur nocturne. L'émotion avait été trop forte. Deux jours après, M.Barfleur mourait de trouble nerveux, à la maison de Santé où il avait été transporté d'urgence, sans avoir pu expliquer aux enquêteurs la présence chez lui, en cette nuit de janvier, de l'Homme en Noir.》》
Brrrr. Quelle frousse dès le début….😱 Une enquête où nous retrouvons Picot, passé commissaire, et Jacques Boivin, son ami des Beaux-Arts; les enquêteurs du "Mystère du Dragon d'Or" sont à nouveau à pied d'oeuvre.
Une bien étrange affaire, en vérité, où plusieurs victimes de chantage ou d'extorsion finissent par se suicider ou décéder de curieuse façon. Toujours, un personnage différent, insaisissable, inconnu de la Justice, semble avoir été mêlé aux événements, peut-être guidé par une main invisible, hypnotisé ? Mesmerisé?😬 Les victimes, quant à elles, semblent avoir un passé qui n'a pas toujours été exempt de tous reproches. Seraient-elles les cibles d'une vengeance? Picot et Boivin prennent la piste d'une oeuvre de Charité et de Bienfaisance - "Les Amis de la Vérité " - installée aux Gobelins. Que se passe-t-il derrière la façade de cette organisation marrainée par la richissime et alcoolique Lady Graham? Etc…
Comme dans "Le Mystère du Dragon d'Or", l'action est censée se passer en 1950, mais tout fleure bon les années 1920/30 - les conceptions, les protagonistes, les descriptions… En ce qui me concerne, cela redouble plutôt l'intérêt du roman.
Art: La façade occidentale des Gobelins Aquarelle anonyme, 1823
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#Simon Arbellot #Le Masque #Mystery
#romans policiers
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lefeusacre-editions · 2 months
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"REAR WINDOW", LE COMPLOT DU STYLITE, par Warren Lambert
Avec sa réputation devenue vite ronflante de film méta sur le cinéma, on en serait presque à oublier que "Rear Window"/"Fenêtre sur Cour" est un grand film d'amour sérieux, un de ceux de la filmographie d'Hitchcock, avec plus tard "Vertigo"/"Sueurs Froides", au sous-texte le plus audacieux, tordu et un tantinet tragique. Avant que ce ne soit une image qu'il faille reproduire pour s'aimer (comme dans "Vertigo"), c'est une image qu'il faut halluciner ensemble pour tomber amoureux. Séance de rattrapage, donc.
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Trois panoramas de la cour à trois moments de la journée, réalisés à partir de photogrammes du film.
La caméra happée par ces volets ouverts, ce mouvement circulaire étourdissant qui survole la cour jusqu’à ce front perlé en gros plan de son personnage assoupi, le thermomètre qui dépasse les 90 degrés Fahrenheit... Peut-être Rear Window est parvenu toutes ces années, malgré sa mise en scène toute en lignes claires, à dissimuler le vrai postulat de son incipit : celui d'être la transcription, à l’échelle d’une résidence, d’une poussée de fièvre. Contre la léthargie des corps va s'arbitrer la véracité des images. Les photographies de Jefferies (James Stewart) disposées sur sa table le promettent par le tour d’horizon de morbidité et d’interdit qu’elles opèrent (accident, incendie, essai nucléaire) ; collection d’événements extrêmes dont le meurtre serait la pièce manquante de cet impressionnant tableau de chasse.
Mais cette image, il ne lui suffira pas seulement de la vouloir, il faudra avant tout que les autres y croient, qu’ils croient eux aussi l’avoir vue, en croyant le seul homme dans toute cette affaire qui veuille si suspicieusement avoir raison. C’est selon cette unique modalité, celle de la persuasion, que l’action trouvera – Jefferies étant momentanément infirme – les moyens physiques d’avancer, et avec elle l'histoire d’amour entre lui et Lisa (Grace Kelly). Pour la belle jeune femme, il se jouera effectivement autre chose dans la scrutation des faits et gestes de cet énigmatique Lars Thorwald, dont le prénom épelé par elle à Jefferies au téléphone marquera le point de départ incantatoire de leur romance, cette dernière culminant lors de l'épisode où Lisa se faufilera de l’autre côté de l’écran (enjambant la fenêtre du dit-coupable) pour se passer elle-même la bague au doigt (celle de l’épouse disparue). Que Thorwald découvre cette intruse chez lui et qu'il mime alors maladroitement sur cette pauvre Lisa le meurtre auquel Jefferies aurait rêvé d’assister, voilà le prix à payer envers celui qu’elle aime. La reconstitution supplante la preuve, et l’interprétation l’image. Peu importe l'intervention de la police, pour celle qui, téméraire et obstinée, cherchera le film durant à électriser son homme, les vagissements d’impuissance de Jefferies la regardant crier et se débattre évoqueront bien à s’y méprendre les spasmes du plaisir.
La cour et ses lucarnes agissant telle une caisse de résonance des ambitions comme des craintes des deux personnages vis-à-vis du couple et du mariage, un chantage tacite s’installe peu à peu entre eux sur la base d’un échange de bon procédé : Lisa accréditant le crime spéculé par Jefferies, et Jefferies soumettant à Lisa les épreuves qui s'assureront de ses sentiments envers lui, offrant ainsi à leur idylle, grâce à ce pacte, les meilleures chances d’aboutir. Il n’existe d'ailleurs pas, dans tout l’érotisme latent contenu dans Rear Window, de moment plus jouissif transpirant sur le visage d’ordinaire patibulaire de Stewart que ce reaction shot, dans lequel il s’illumine de l’amour naissant ressenti pour Lisa, à l’écoute de l’excitation que procure chez elle l'adhésion à sa théorie meurtrière. Par son timide sourire benêt, tout s’éclaire en effet : le meurtre promet bien d’incarner la caution de cette union, son facteur déterminant autant que sa condition sine qua non. Rear Window est un drôle de sitcom au sein duquel, en dépit de son happy end, réside cette équation pétrie d’un malaise sourd : l’assassinat vu comme une heuristique sentimentale ; la nécessité du meurtre pour que puisse éclore l'amour.
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L'instant où Jefferies tombe amoureux de Lisa.
Malicieusement, du reste, par touches discrètes, le film insinue que le crime pourrait aussi bien se dérouler ailleurs que chez les Thorwald, et cela parmi beaucoup d’autres recoins laissés inexplicablement vierges de toutes projections : un couple occupé la quasi-totalité du film à batifoler le store baissé (ou quelque chose de plus « sinistre », suggère même Lisa) ; une voisine étendue sur un transat, inerte, un journal ouvert recouvrant son visage. Dans ce hammam de visions potentiellement morbides, ce n'est pas un hasard que l’œil de Jefferies s'attarde sur ce couple à la femme alitée et au mari effectuant les cent pas entre le salon et la chambre à coucher. Un couple qui peine à se séparer comme Lisa et lui peinent à se mettre ensemble. Mieux qu’un écran : un miroir, et élu par son regard. Car il y a un alignement dans les destins qui lient aussi bien Lisa et Jefferies à Mr et Mme Thorwald que, par exemple, Miss Lonely Heart – la dépressive du rez-de-chaussée – à ce pianiste niché au dernier étage de l’immeuble d’en face, dont la mélodie envoûtante arrêtera miraculeusement le geste suicidaire.
La vie des autres fonctionne à la manière d’un decorum sentimental de ce que Jefferies est heureux de voir uniquement hors de chez lui, détaché de sa vie pareil à un album photo dont chaque vignette serait ce à quoi il a échappé : célibat douloureux, dénigrement artistique, sollicitude sexuelle. Il devine que la vie du couple Thorwald s'apprête à devenir son présent le plus imminent. C'est pourquoi lorsque ce mari se délectera dans son canapé d’un cigare qu’il n’a sans doute, par le passé, jamais eu la chance de savourer, cette paix retrouvée est bien ce qui alarmera le reporter. En proie aux hésitations de sa propre vie, la quiétude qu’il observe est la rupture la plus insupportable de ce jeu de reflets duquel Jeff pensait, la veille encore, se tenir du bon côté. Privé de ce rassurant et cathartique coup d’avance quant au devenir de son couple, ou pire de sa résolution lugubre, la ténacité dont il devra faire preuve aura pour but de rétablir l’ordre du cadastre amoureux dans lequel s'inscrivait son statut de célibataire endurci.
Dans l'écologie de cette alcôve new-yorkaise, toutes et tous se voient sans se regarder, jouissent sans se toucher, savent sans connaître, mettent à mort sans cadavre, et ce alors que chacun se plaît à rêver d’étreinte ou de liberté, de succès, de répit ou de tranquillité. Le chien inanimé des voisins posé au milieu de la cour figure cet élément sacrificiel, ce pavé dans la mare jeté aux visages des divers locataires, de leurs situations et de leurs aspirations muettes. Leur bref sursaut coïncide alors avec cette seule mort visible de l’intégralité du film, et acculant davantage Thorwald, non en raison de sa simple implication subodorée dans la mort de l’animal, mais parce qu’il n’aura aucunement pris la peine de feindre, avec l’ensemble de la cour, l’affectation polie qu’il était censé témoigner. De ce fait, le cri primal que pousse la propriétaire de la malheureuse bête est l’expression de cette défaillance qui règne dans ce cul-de-sac des passions ; l’indice de son moment de bascule. Il rappelle que les vocalises résonnant sur le visage endormi de Jefferies, et qui annonçaient la première apparition diaphane de Lisa dans la trame de Rear Window, en étaient la version préliminaire : un chant de sirène déjà synonyme de danger.
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Jefferies et Little Nemo, deux rêveurs et deux éveillés.
Les nuits, pour Jefferies, sont propices aux écarts et aux divagations ; elles sont une voûte urbaine faite pour nourrir ses oracles, cherchant à travers la loupe grossissante de son téléobjectif des réponses dans ce catastérisme tantôt attendrissant, tantôt effrayant. Telle son aide-soignante, Stella (qui clame dans l’une des premières séquences avoir prédit le krach boursier de 1929 sur la base de l’auscultation d’un directeur de General Motors), Miss Torso, Miss Lonely Heart, The Songwriter, tous ces noms affublés par Jefferies lui-même aux visages anonymes peuplant sa résidence, sont le dédale de son grand dessin astral privatif à l’égard de la crise affective qu’il traverse. Il lui aura fallu inventer un monstre (Thorwald) qui incarnerait donc cette crise, qui la séculariserait par un nom civil pour lui prêter les contours de ses accusations, inculpant plus lâche et détestable que lui – gage vivant de l’échec marital qu'il cherche tout du long à démontrer. Sous les pressions répétées de Lisa à venir partager sa vie de globe-trotter, cet opportun assassinat lui permettra un temps de remettre sa décision et son jugement entre les mains d’un autre.
Le duel final avec Thorwald, Jeffries le provoquera en ébranlant d’abord l’insouciance de celui qui lui ressemble le plus ; celui qu’il choisit de réveiller en dernier recours pour effrayer celle qui ne connaît rien du monde hormis les cocktails littéraires et les réceptions mondaines. Celle à qui il jure, s’il devait l’épouser, une aventure sans illusions et sans mensonges, crue de ce qu’elle contient de laborieux et de répugnant. Ce croque-mitaine aux cheveux blancs, invité à traverser à son tour ce méridien invisible qui le sépare de ses spectateurs, à briser le quatrième mur, est cette hallucination collective venue in fine réclamer son brevet d’existence spolié. Le regard-caméra lancé par Thorwald, à la découverte de celui qui intrigue depuis le début contre lui, reste glaçant et pathétique car il marque la perte brutale de cette innocence du mal qui le caractérisait jusqu’ici, averti désormais de cet autre homme qui en sait autant que lui sur la vie qu’il mène. Son regard suit le geste de Lisa qui s'est passée à l'annulaire gauche la bague de l'épouse disparue. Sans mot dire, c'est le meurtrier qui vient de bénir leur union.
Venu bientôt prier un peu de clémence auprès du responsable de cette rencontre interdite, Thorwald poussera Jefferies par la rambarde de sa fenêtre panoramique pour que s’interrompe l'inavouable, l'inimaginable qu'ils vivent alors tous les deux. À l’instar d'un Little Nemo dans les bandes dessinées de Winsor McCay, la chute est la clé de sortie pour Jefferies, en même temps qu'il sonne le glas de cette image que symbolisait Thorwald, cette image délogée de son cadre. Une fois ce dernier enfin arrêté par la police, soudain les lois de la gravitation se reconfigurent : les jeunes voisins tout juste fiancés ont la gueule de bois de leur serment ; la température redevient raisonnable ; une gynécée s’implante au cœur de la chambre d’un rêveur. Ses photographies les plus réussies, Jeff confessa à Doyle, son ami détective, les avoir à chaque fois prises durant ses jours de congés. Celle qui lui aura donné le plus de mal ne requit finalement aucune pellicule. Mais, après tout, ainsi sont peut-être toujours faites les vraies images.
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Les idées maîtresses de ce texte sont nées au cours d'une discussion avec Aurélien Lemant, Pierre Pigot et Steven Lambert suite à une projection du film dans le cadre des séances "Les Voyeurs" au cinéma Le Petit Casino de Saint-Aignan, en décembre 2015.
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James Brown, la fièvre au corps
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aforcedelire · 9 months
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Anatomy : Love story, Dana Schwartz
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À Édimbourg en 1817, Hazel n’a qu’un rêve : devenir chirurgienne. Mais sa riche famille ne l’entend pas de cette oreille, et si elle veut étudier l’anatomie, elle doit se cacher. Jack, quant à lui, déterre des cadavres pour les revendre à des scientifiques pour glaner quelques pièces et survivre dans cette ville peu accueillante et cruelle avec ses pauvres. Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer, pourtant quand Hazel lui demande de lui procurer des corps pour étudier, il accepte.
J’en ai entendu parler en long, en large et en travers, alors je me suis dit « Bon ok ma pal de l’été est plus grande que moi mais tant pis je peux bien en ajouter un autre… » et c’était parti. Eh ben en deux jours de lecture : j’ai adoré ! On est dans une ambiance sombre, un peu poisseuse quand on arrive dans la vieille ville d’Édimbourg, gothique et macabre, et j’ai adoré. Un peu comme avec Sous les étoiles de Bloomstone Manor, on rencontre une jeune femme de sciences, qui refuse son destin (tu te maries ou rien, trop bien d’être une meuf à cette époque), qui veut se libérer de son carcan et prendre sa vie en mains. J’ai vraiment beaucoup aimé ! En plus, on est en Écosse ET au XIXe siècle, là on sait comment me parler.
La relation entre Hazel et Jack est toute mignonne, j’ai vraiment apprécié ce côté (même si en vrai, le livre était si bon que limite on n’avait pas besoin de ça en plus). Arrivé vers la moitié du roman, une sorte de complot étrange se révèle : des morts inexpliquées dans les quartiers les plus défavorisés, qui auraient (ou pas ?) un lien avec la réapparition d’une fièvre mortelle… J’ai bien aimé le plot twist final, même si bon c’est un peu tiré par les cheveux et ça arrive un peu au détour d’une page comme un cheveu sur la soupe. Mais ça m’a bien donné envie de lire le deuxième tome, et de savoir exactement ce qu’il va bien pouvoir se passer !
Un roman que j’ai trouvé hyper réussi, pour les ados mais aussi carrément lisible par les adultes. Une ambiance macabre et gothique, avec une héroïne forte, le tout sur le thème de l’anatomie et la chirurgie. Foncez !
27/07/2023 - 28/07/2023
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gaelle-kashiira · 2 years
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Non, je n'ai pas abandonné...
Le chapitre 8 est terminé !
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Part 7 - Part 8 - Part 9
8
On leur a tiré dessus ! Et cet imbécile de Phinks qui a stoppé le projectile avec son bras ! Machi va les dépecer vivants s'ils retournent chez elle avec un blessé si tôt après l'avoir visitée ! Shalnark cherche du regard le tireur. Il n'y a qu'un utilisateur de Nen qui puisse charger un tir de cette façon et…
Une décharge de puissance dans son dos, sèche brève et…
Feitan tombe.
/Quoi ? Mais… non !/
Le jeune homme fait volte-face mais il n'y a plus personne. Feitan a atterri sur un genou, les yeux agrandis de surprise. Ses sourcils se froncent et Shalnark ne sait pas si c'est de douleur ou de fureur. L'odeur cuivrée du sang s'élève.
— Fei ?
Il ne répond pas. Seuls ses yeux sont visibles sous ses longues mèches noires. La peau entre ses yeux est livide. Pincée et tellement pâle. Il n'a pas émis le moindre son. Il tient Rose près du corps, il… il la couvre. Lorsqu'il a vu l'attaque sur Phinks, il a rassemblé son ko autour du bébé, certain que sa vitesse naturelle lui permettrait d'esquiver. Sauf que… qui que soit leur assaillant, le manipulateur n'a rien senti avant l'attaque.
Et à présent…
Il ne voit personne non plus. Qui que soit leur assaillant, il a disparu.
Ou il se cache.
— Fei !
Phinks se précipite à leurs côtés sans aucune pensée pour la discrétion. Shalnark roule des yeux.
— Tu ne peux pas crier un peu plus fort ? Je crois qu'il y a un petit vieux au bout du parc qui ne t'a pas encore entendu.
Il ne met pas autant de mordant qu'il ne le voudrait dans sa réponse. Feitan ne s'est pas encore relevé. Ce n'est pas normal, ça. Son corps tremble, frissonne. Il a posé une main à terre, le bébé tenu dans son autre bras, en appui sur un genou. Phinks ignore les paroles de Shalnark et s’agenouille devant son partenaire. A nouveau, le jeune homme sent la colère monter en lui.
Quel idiot !
Comme si Feitan pouvait lui rendre ses sentiments. Ce n’était pas comme si leur interrogateur était seulement humain.
Une bête fauve, cruelle et…
Et qui protége un bébé après avoir été blessé.
Crétins ! Aussi bien Phinks et Feitan.
Shalnark se compte dans le lot lorsqu’il se voit s’agenouiller aux côtés de leur petit compagnon, tout en surveillant ses arrières.
Uvogin doit se tordre de rire de là où il les regarde !
Le projectile de nen irradie toujours d’énergie dans le corps du petit homme, dans le dos, au niveau des reins. Ça ne doit pas faire du bien et… Shalnark sait comment son compagnon réagit à la douleur.
Mal.
— Fei… Laisse-moi prendre le contrôle, murmure-t-il sans réussir à masquer sa nervosité.
L’aura du jeune homme a déjà un peu changé et Phinks le regarde avec un air buté, de la sueur brillant sur son front.
De la sueur ?
Ou de la fièvre.
— Fei ! répète-t-il d’une voix urgente.
Il a déjà son aiguille dans la main, il n’attend plus que l’assentiment de l’intéressé. Les yeux gris s’écarquillent.
/Merde ! Pas bon, ça !/
À ses côtés, Phinks gronde et… Le grand blond la lui prend des mains pour la planter dans la nuque de la minuscule araignée… avant qu’elle ne puisse refuser ou même réagir. Son Black Voices s’active et Feitan s’affaisse et Shalnark a juste le temps de l’attraper par les épaules tandis que le guerrier récupère la petite Rose.
— Porte-le. Je ne pourrai utiliser qu’un bras mais… Il suffira à vous protéger, gronde Phinks.
Shalnark n’envisage même pas de manipuler le corps de Feitan comme une marionnette, il le soulève prudemment. Le petit homme est aussi léger qu’il semble minuscule. Sa tête roule en arrière et le blondinet le réarrange plus confortablement avant de se redresser et de suivre Phinks. Ce dernier n’utilise pas son Nen. Pas avec le projectile toujours fiché dans son bras et qui irradie d’énergie. Ils ont deviné qu’il était prévu pour réagir à la moindre décharge d’aura.
Ils ne rejoignent pas Machi.
Pas question de compromettre une autre araignée.
La planque où les emmène Phinks se trouve dans un quartier industriel miteux, un hangar en ruine parmi tant d’autres. Au moins, la couverture réseau est décente et Shalnark prévient les autres membres de la troupe après avoir installé Feitan sur une couche improvisée.
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orageusealizarine · 7 days
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mais ton être ! jusqu'à la nausée - m'offrir au Ciel - et non pas sacrifice mais don pur - pour quel dieu, quel démon qui te visite encore en mon Absence pas d'illumination - le Sacre - à reculons, et pourtant plus que l'aumône, et dans l'honneur retrouver mes supplications pour en finir - adressées - à qui ? et plus suave que l'horreur, plus rouge, plus éblouissant - (aveuglement) - que tes rites, tes adorations - à la Nuit - je me rends, je m'abolis : pour quelle explosion ? et plus loin encore - si dans cet acte tu sentais ma fièvre - amoureuse, divine - un plaisir insoluble dont ni toi ni moi n'avons la clé - seulement des fragments qui te troublent, t'hallucinent, te… - seulement ces morceaux et ces écarts et cette folie que tu poursuis, avide, de tes baisers, tes étreintes - insaisissable fuite (insaisissable faute) - jouissance dérobée, chausse-trappe, éternité qui recommence et recommence et - pour quelle fin ? et pourtant, moi, je reste. sans contrepartie, sans violence, sans dérobade, une générosité que j'aurais voulu incroyable, interminable. intenable ? que tu retiennes encore dans tes mains crispées le Mystère entrouvert, à demi révélé, à demi résolu - et, quand, nos doigts écarquillés, nous ne retrouvons plus l'aurore, ce corps qu'on a serré dans la dissolution, qu'on ne reconnaît plus nos raisons évaporées Fulgurations - mais, non ! je ne manque rien et ta chair se souvient - si tu me laissais faire - anamnèse - du bout des lèvres aux tréfonds de ma voix. je ne te disparaitrais pas.
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ernestinee · 2 years
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L'ado a le covid. Cette fois, il est bouillant et reste bouillant malgré le paracétamol. Ce n'est pas grave en soi, la fièvre est la réponse normale d'un corps sain qui lutte.
Je veille, parce que depuis toujours je suis incapable de dormir sereinement quand il avoisine les 40. Dans une demi-heure, il peut reprendre du paracétamol, qui lui sera peut-être moins inutile que le précédent.
Cette petite pointe d'espoir que je connais bien, qui me rappelle les longues heures de veille, des années en arrière, pour les bronchiolites, l'infection urinaire (j'avais enlevé le thermomètre à 42,3!), et d'autres trucs désagréables qui nous avaient parfois amenés aux urgences, lui et moi en mère stressée. Pourquoi le corps monte t'il si haut alors que c'est suffisant de faire un petit 38,5, hein ? Bon il a 14 ans dans deux semaines, je suis moins stressée.
Je baille, je regarde l'heure toutes les 5 minutes, je touche son front du bout de mes lèvres, dans l'espoir que subitement ce soit plutôt tiède-chaud.
Et non, c'est toujours plutôt bouillant.
Plus que 18 minutes à attendre.
Pff en même temps, il dort calmement, je pourrais aussi le laisser dormir.
Je me rends compte qu'il a tellement fait de fièvre quand il était petit, que j'ai développé deux super-pouvoirs :
- Le thermomètre intégré : je sais donner sa température au dixième près rien qu'en touchant son front avec ma bouche. Ça fonctionne à tous les coups mais uniquement avec lui.
- Et une sorte de vibration dans le bras que je ressens en mettant ma main sur son épaule. Si on est vers la fin des effets de l'antipyrétique et que la fièvre remonte déjà un peu trop vite, il y a un mouvement à peine perceptible qui parcourt mon bras quand je pose la paume de ma main d'une certaine façon sur son épaule. Ça fonctionne à tous les coups aussi.
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tournelavie · 2 years
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Il y a des jours comme ça.
Je ne crains pas la fin de la route. Au revoir…Bonsoir…Au revoir…Ces mots amers…comme une mort…je ne crains pas l’adieu du soir.
Dans son film « Salo », Pasolini montre à quel point la société de consommation assujettit les corps de la manière la plus atroce. C’est une invocation à la jouissance. Il y a une scène où un des sadiques crie aux prisonniers : « Mangez ! Pourquoi vous ne riez pas ? Riez, riez ! ». C’est le plus terrible des esclavages.
A cela, rajoutez, entretenez une anxiété permanente et dégradante (ce sentiment d’être impuissant), et vous aurez le fascisme d’aujourd’hui. « La fièvre de la consommation est une fièvre d’obéissance à un ordre non énoncé. » Etre heureux et apeuré (infantilisme), se dire « libre », tel est l’ordre que chacun a inconsciemment reçu, et auquel il doit obéir s’il se sent différent.
Pasolini se pose cette question : « Le fascisme d’antan n’est plus. On peut alors se demander si l’antifascisme d’aujourd’hui n’est pas devenu une arme de distraction massive dont la classe dominante use envers les étudiants et les travailleurs pour provoquer la discorde. Inciter les masses à combattre un ennemi inexistant (dont la bourgeoisie n’a plus besoin) pendant que le consumérisme moderne rampe, s’insinue et ruine une société déjà moribonde. »
Et puis il y a ces faux révoltés qui apparaissent comme des soupapes de la cocotte-minute sur les plateaux de télé, et qui semblent prendre la défense des plus pauvres alors qu’ils ne font que prendre la place des plus pauvres dans les médias pour parler à leur place. Comme si les pauvres ne pouvaient se défendre et avaient besoin d’une délégation de parole. Pasolini disait de ces faux révoltés : « J’ai passé ma vie à haïr les vieux bourgeois moralistes…je dois aussi haïr précocement leurs enfants. Les fils à papa qui se révoltent contre leurs papas.
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lupitovi · 2 years
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Oui je reviens ce soir pour un assassinat de mes mains toujours douces d'un doux velours noir je viens poser l'adieu comme un voile de deuil sur vous du meme geste que l'amour faisait je m'en viens déchirer leur caresse profonde arracher aux racines les soupirs de joie qui plongeaient dans ma chair au seuil de la douleur je viens du bout des doigts effacer la profonde trace de nos corps sur ce lit qui respire encore tes parfums, l'odeur, comme un encens qui brûlait dans la nuit non, je ne tremble pas, je viens du bout des lèvres déchirer d'un mot les paroles de nuit et nos balbutiements lorsque montait la fièvre
Marie-Claude Grail
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alexar60 · 2 years
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Transylvanie express (26)
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Épisodes précédents
Le hall du palace était rempli de monde. Les clients discutaient en formant différents groupes. Certains étaient assis dans le grand salon, attendant d’être servis par un domestique qui n’arrivaient pas. Ils parlaient créant un énorme brouhaha. Pourtant, aucun ne bougeait. Ils ne remuaient même pas les lèvres. Seuls leurs yeux me suivaient du regard. Je marchai, complètement trempé, au milieu de ces mini-attroupements de pantins. Je cherchai à rentrer au plus vite. J’allai grimper les escaliers lorsque le concierge du moment m’interpela. Dès lors je le rejoignis en passant près d’une banquette sur laquelle un homme à la peau cirée était assis. Il ne leva pas la tête, gardant les bras le long de son corps. Toutefois, son veston remua, laissant penser qu’il protégeait un petit animal.
- Votre diligence est arrivée, annonça le domestique. Elle sera prête à partir demain matin.
- Très bien, répondis-je.
- Vous allez bien ?
Il était le seul à ne pas ressembler à une statue de cire. Il m’observa vivement, inquiet par la pâleur de mon visage. En fait, je me sentais fatigué. J’avais chaud et voulais me changer pour me reposer. Le ventre du client assis remua de plus en plus. L’animal domestique sembla long et rond. Je répondis au domestique par un sourire et un hochement de tête.
- Madame Jezikova est partie, il y a une petite demi-heure avec ses bagages, ajouta-t-il.
Mes tripes répondirent silencieusement ; Comme si un couteau venait de les transpercer. Cependant, je n’étais pas surpris. C’était mieux ainsi.
En passant devant l’homme assis dans le canapé, je remarquai son ventre gigoter. Quelque-chose sorti doucement de sa chemise. Cela avait la forme d’un tentacule. Le brouhaha continua mêlant paroles et rires. Mais en observant le hall, j’avais la sensation d’entendre un enregistrement au milieu d’un tableau composé de poupées.
Je ne rencontrai personne dans les couloirs. Aussi, avant d’atteindre la porte de ma chambre, je m’inquiétai de ce qui pouvait arriver. Était-elle réellement déserte ? Les hommes de main de son mari, sont-ils aussi partis ? Avait-elle laissé un mot ? Je marchai, divaguant et sentis la fièvre envahir mon esprit. J’avais de plus en plus chaud. Par ailleurs, ma vision devint floue.
Afin de ne pas tomber, j’atteignis la porte en me retenant aux murs. Je pris la clé et l’enfonça dans la serrure. A ce moment, j’inspirai un grand coup avant d’ouvrir la porte lentement. Elle ne grinça pas et laissa apparaitre une pièce entièrement propre et silencieuse. Il n’y avait plus de trace de cette scène de baise entre Ludmilla et les quatre hommes. Il n’y avait plus rien si ce n’est les meubles, ma valise près du bureau ainsi qu’une veste posée sur dossier d’une chaise. C’était une veste de Ludmilla. En entrant, je reconnus le parfum de vanille et de fleur d’oranger que laissait la jeune femme sur son passage.
Je retirai mes fringues encore trempées avant de m’essuyer avec une serviette. Puis, les poumons pressés par l’épuisement, les yeux fatigués par la fièvre, la sueur commença à perler sur mon visage. Alors, je m’allongeai sur le lit et m’endormis immédiatement. J’avais besoin de faire un somme réparateur qui se transforma en un rêve étrange.
J’étais étendu sur le dos. Je pouvais distinguer la chambre qui n’était plus la même. Elle était blanche. Une femme entra et resta quelques instants près de moi. Je reconnus le visage de Ludmilla. Elle ouvrit les lèvres offrant un joli sourire. Elle dit quelques mots indistinguables avant de ressortir et me laisser seul. Puis je me levai. Il n’y avait que mon lit dans la pièce sans fenêtre. Toutefois, une lumière éclairait la chambre comme au grand jour. Je marchai pieds nus, je me dirigeai vers la sortie. La porte s’ouvrit puis je me retrouvai en pleine forêt. Devant moi, de vieux rails marquaient une route. Alors, curieux, sans peur, je suivis la voie ferrée. Je marchai sans avoir mal aux pieds, malgré les cailloux, les ronces ou les lame de bois pourri clouées aux rails. Plus, je m’enfonçai dans la forêt, plus la nuit commença à apparaitre. Je marchai dans un silence total avant d’arriver à un immense château aux murs infranchissables et aux toits noirs. Un croassement me réveilla.
Le corbeau vivait seulement dans mon songe. J’étais de nouveau dans ma suite. Il faisait déjà nuit et j’étais encore fatigué. Bien que je fusse nu, les draps collaient à ma peau à cause de la sueur. Mais qui m’avait mis sous les draps ? Je ne me souvenais pas l’avoir fait. Le parquet vibra soudainement. Trop fatigué, je ne bougeai pas. Quelqu’un s’approcha du lit, je distinguai vaguement une silhouette dans l’obscurité. Une odeur de vanille et de fleur d’oranger rassura mon esprit. Dès lors, je fermai les paupière et essayai de me rendormir. J’avais froid mais j’étais en sueur.
Soudain, les couvertures se levèrent ; le matelas s’enfonça. J’étais pris de vertige tellement les murs bougeaient. Je me sentis partir, m’envoler hors de mon corps mais j’étais encore endormi, prisonnier du lit. Tout autours parut remuer : les meubles, l’armoire, la fenêtre, la chaise sur laquelle mes habits reposaient… Je ressentis le besoin de vomir, mais rien ne voulait sortir. Je frémis lorsqu’une main froide caressa ma joue chaude. Il y avait quelqu’un à côté de moi, mais je ne pouvais pas bouger. Alors, du coin de l’œil, j’essayai de reconnaitre cette personne. Elle n’était qu’une ombre dans le noir. Elle sentait bon la vanille et la fleur d’oranger. J’entendis un long « chut ». Dès lors, je me rendormis de nouveau.
C’était le même rêve. Celui de Ludmilla habillée de blanc qui traversait une chambre aux murs blanc. J’étais encore allongé sur le lit, attendant qu’elle approche. Je ne pouvais faire que ça, car je me sentais paralysé. J’écoutais ses pas résonner dans la salle. Elle posa quelque-chose près de mon bras, prononça quelques mots rassurant puis elle repartit en disant : « A tout à l’heure ». A ce moment, je me levai et me dirigeai hors de la pièce pour la rejoindre. Seulement, en ouvrant la porte, j’entrai dans une forêt où des rails à moitié usés par le temps m’invitaient à prendre le seul et l’unique chemin. Habillé en sous-vêtements, je traversai la forêt encore plus sinistre que la première fois. Je me doutai de ce que je verrai au bout du chemin, et j’avais raison : le château aux murs immenses s’imposa devant moi brusquement, comme s’il venait de surgir des profondeurs de la terre. Cette fois-ci, le corbeau s’envola du sommet d’un toit noir avant de lancer un long et terrible croassement.
J’étais toujours en sueur, sous les draps lorsque j’ouvris les yeux. Sa voix mélodieuse apaisa mon angoisse soudaine. Elle posa une main sur mon front, je compris qu’elle était aussi allongée. Elle dormait à ma gauche. Cependant, l’obscurité de la nuit m’empêchait de la voir. Et sans ce parfum de vanille et de fleur d’oranger, je n’aurais jamais su que c’était Ludmilla.
- Tu es revenue ? demandai-je.
- Je ne suis jamais partie, répondit-elle.
Sa voix était douce et calme. Si calme qu’elle me rassurât. Je fermai les paupières, la sueur coulait toujours sur mon corps, les draps se collaient à ma peau trempée. Sa main glacée caressa une seconde fois mon front bouillant. Elle me faisait du bien. Je me rendormis.
Lorsque le jour apparut, un jeune homme assis à côté du lit m’effraya. Confus, il se leva immédiatement avant de se présenter. Il avait un léger accent allemand. Johann Textor était l’élève de Klaus Möller, l’historien que je devais rencontrer à Brasov.
- Vous êtes arrivé avec la diligence d’hier soir ? questionnai-je.
- Heu… Non… je suis arrivé, il y a quatre jours, répondit-il.
- Pourquoi n’êtes-vous pas venu avant ? intervins-je un peu étonné.
Il me dévisagea de ses yeux gris. Il semblait désorienté ou timide en découvrant que j’étais entièrement dévêtu. Il tourna la tête pendant que je me couvrais d’une robe de chambre appartenant à l’hôtel.
- C’est que vous étiez malade, dit-il.
- Je ne l’ai été que cette nuit.
Il garda le silence attendant d’être sûr que je sois rétabli. Puis il inspira une grande bouffée d’air.
- Cela fait cinq jours qu’on vous a trouvé délirant dans cette chambre. Vous êtes resté couché depuis ce temps.
Alex@r60 – mai 2022
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eilosyne · 1 year
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béguin, feu, et grâce
écrire à l'encre bleue toutes les lettres de ton prénom. dans la nuit, j’entends murmurer  mon adoration pour la septième lettre de l’alphabet mais ce sont les draps qui ramassent le cœur ivre d’aimer et mes mains qui réclament, et tirent,  tirent, tirent jusqu’au plafond - ton visage y est comme gravé.
lorsque je ferme les yeux rougis par tes rêves, je te pense, les cheveux au vent, l’écume, collée au visage, ton cou, au goût iodé, puis m’endors ton image scellée dans ma poitrine quelle chaleur !
vagues de caresses et de tristesses... une fois la lettre terminée je scelle, émue, d'un baiser tout de toi : formes cicatrices cœur esseulé fièvres de l'hiver les sons repassent en boucle et enterrent les ombres et l'idée qu'un jour tout cela sera passé... d'ici les souvenirs de Paris se glacent l’amour est si tendre le feu est si doux reflets de carreaux,  ton corps en mosaïque  dans la grâce d’un réveil matin où chaque baiser sur tes lèvres apaisées comblera les jours sans et les fleuves sans amour
amour amour amour sans fin
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mi-angemi-damo · 2 years
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Sans toi, sur toi, ineffable loi,
Désir insurmontable, désir coupable
Ce besoin de ta peau
Envoie le tempo
De nos corps à corps
Qui vibrent si fort .
Besoin de tendresse
Revivre la conquête
De ce qui était nous
De ce qui nous rendait fous,
Au gré de tes caresses
Connaître de nouveau la fièvre .
Tu vois, chaque fois,
Mes nuits sont vides de toi !
Pourtant, en fermant les yeux,
Je revis nos jeux,
Lorsque nos corps exultent
La passion, le tumulte,
Quand il ne restait que de nous
Nos âmes ivrent de tout leur soul .
Encore une illusion en perfusion
Les bienfaits de mon imagination,
Encore ces envies qui m’entraînent
Vers des rives incertaines …
Ce soir, dans ce pays lointain,
Je m’endormirai dans tes bras
Re-goûterai ta peau,
De nouveau réunis,
Notre faim, enfin assouvis,
Nous nous endormirons conquis
Conscients que cette absence
Nous a meurtri, affaibli
Quelques jours de liesse,
Loin de toute tristesse,
Je te sais, là à deux pas de moi
Je te vois, comme la première fois,
Ton sourire m’inonde
De nouveau, je succombe .
Merci d’être là !
LaPanthère59
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akawen · 2 years
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Hollow rain
Par la fenêtre, le ciel est gris. Dans celle-ci, le reflet d'un visage aigri. Je ne puis contenir encore les émotions au-dedans alors je sors. L'air traversant mes pores. Dans ce corps creux, les émotions et pensées sont à l'étroit. "Qu'est-ce que je signifie pour toi ?" Je vois flou, plus que d'habitude, les lunettes embuées, la respiration qui s'accélère, en mon sein je bous. De la même manière que je suis tombé pour toi, je rejoins le sol avec fracas…
La chaleur s'échappe en longeant mes lèvres, absorbé par la beauté de ce ciel si neutre j'en oublie ma fièvre… Pendant un instant, je vois les voitures au ralenti, les passants qui court vers moi sans un bruit… Le monde tourne autour de moi comme ces questionnements que j'me pose à chaque fois que je te vois.
Le ciel est devenu si noir, si intense. Je l'aimais bien, aussi neutre soit-il quand il faisait sa petite danse. Malgré l'absence, je sens encore la pluie effleurer ma conscience. Les émotions précédemment si débordantes sont désormais si attrayantes… Voilà les peurs… devenues dérisoires quand la fin sonne l'heure. Voilà la joie… oubliée bien des fois. Me voilà, encore une fois las. Je m'approche de ma propre personne pour constater que même là je m'étonne. J'ai préféré m'envelopper de toute ma tristesse et mes doutes pour éviter que le vide ne revienne m'enlacer. Oh le vide… le vide… vide…
Mes poumons se remplissent, mes pensées se redéfinissent. Je pense à ceux qui comptent, je pense à moi et réalise mon sourire comateux. Face à ces personnes inconnues, je me relève avec mes émotions à nues. Mes larmes se confondent avec la pluie, là je vois enfin la vie. Tout est limpide, au fond se sont enfuies les idées qui m'invalident. Le crâne douloureux je réalise néanmoins que le ciel devient bleu.
Je retourne lentement devant ma fenêtre. Le ciel aussi troublé que mon être. Je suis heureux pour autant, mon reflet me donne ce sourire si franc. Ca faisait longtemps que je n'avais pas décidé de vivre franchement.
J'abandonne les pensées invalidantes, j'inspire les sensations qui autour de moi sont présentes. Je ressens enfin la gravité, l'air, ces choses au cœur de la normalité. Tout cet anodin me fait plaisir, les larmes sèches sur ma joue sont même un bon souvenir.
Je plonge dans mon lit… dans ma tête la mémoire que je garde d'hier et d'aujourd'hui. Je réalise que depuis 20 ans, je n'ai jamais vécu au présent. Je contemple ma tristesse, mes peurs, mes doutes, mes faiblesses, Les enlace avec mes passions, mes envies, l'ensemble de mes émotions. Une voix naît pour me rappeler qu'avec tout cela je me plais. Dans ce corps à l'étroit vit une personne qui de ce jour s'en rappellera : Vivre chaque jour pour ce qu'il est, c'est un peu ça, vivre sans regret.
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