Tumgik
#litérature
spacecovvgirl · 5 months
Text
Tumblr media
Girl in a Fur Skirt (No. 89), 2008, Mark Ryden
30 notes · View notes
prosedumonde · 2 years
Quote
« Fear is a foreign land I shall never visit and a language that will never cross my tongue. »
Alexandra Bracken, Lore 
9 notes · View notes
leblogdejennifer-fr · 4 months
Text
Tumblr media
"Malheureux celui qui a eu peur de prendre des risques. Car celui-là ne sera peut-être jamais déçu, ne connaîtra peut-être pas la désillusion, ne souffrira pas comme ceux qui ont un rêve à poursuivre. Mais uand il regardera derrière lui (car nous en venons toujours à regarder en arrière), il entendra son coeur lui dire: "Qu'as-tu fait des miracles que Dieu a semé sur tes jours? Qu' as-tu fait des talents que le Maître t'a confiés? Tu les as enterrés tout au fond d'un trou parce que tu avais peur de les perdre. Alors, c'est là ce qui te reste maintenant: la certitude d'avoir perdu ta vie."
Sur le bord de la rivière Piedra je me suis assise et j'ai pleuré
0 notes
light20sblog · 1 year
Text
Elle aurait voulu le savoir plongé dans la passion comme dans une mer : que l’eau palpite sourdement à ses oreilles, que ses yeux se ferment, que les mouvements de son corps soient instinctifs, désespérés, inconscients.
La ville aux acacias, Mihail Sebastian
Tumblr media
0 notes
whathehe11-writes · 2 months
Text
So, weird thing I learned in my French literature class is that books were sometimes published more like fanfic back in the 1800s.
So this wasnt the case for all books that were published at the time but some of the biggest ones were published differently from how we publish them now.
One of the authors who did this the most was Alexandre Dumas (the one who wrote the three muskateers, le compte de monte Cristo, and over a hundred books (including the 5000 pages for the muskateers trilogy))
He would write for multiple different newspapers and publish a section of one of his stories in each.
So one would be the 3 muskateers, one would have the compte de monte cristo, one would have another, etc… (not to count the plays this absolute unit of a man wrote (he was the 1600s version of James Patterson I swear))
As an aside, apparently among academics it’s considered controversial to say that he wrote with others but we do know that some of his works were at least partially co-written.
Anywho, he would write an instalment that would be published each week and the newspapers would take comments and feedback from the public and that would affect how the stories would turn out.
Ppl would also often have someone reading the instalments out loud to the family (or coworkers) and they would all talk about the stories, kinda like having an audiobook.
It’s fascinating that they did much of what we do today but in a completely different context
13 notes · View notes
Tumblr media
8 notes · View notes
ibonoco · 11 months
Text
My soul has fallen asleep...
“Tant qu’on a pas aimé un animal, une partie de notre âme reste endormie” Pour Titi… 2 juin 2010 – 21 avril 2023 Track : David Bowie – Where Are We Now?  Anatole France était un écrivain et poète français né le 16 avril 1844 à Paris et décédé le 12 octobre 1924 à Tours. De son vrai nom Jacques Anatole Thibault, il est principalement connu pour son œuvre littéraire qui lui a valu le Prix Nobel…
Tumblr media
View On WordPress
2 notes · View notes
fashionbooksmilano · 1 month
Text
Tumblr media Tumblr media Tumblr media Tumblr media Tumblr media Tumblr media Tumblr media Tumblr media Tumblr media Tumblr media Tumblr media
Espagne
Marc Bernard, Bernard Rouget
Ed.Claire Fontaine, Lausanne 1958, 96 pages, 51 b/n photos, 22x28cm
euro 40,00
La recueil de photographies de Bernard Rouget nous offre des aspects extremements divers de l'Espagne, et ses images ne sont entachées d'aucune litérature; celui qui les a prises ne c'est pas soucié de retrouver les impresions des écrivains qui ont publié des récits de voyage sur ce pays; la patine littéraire, dont certains ont recouvert la réalité espagnole, n'est jamais interposée entre lui et ce qu'il regardait.
Et l'Espagne de Bernard Rouget a une autre qualité : elle n'est pas pittoresque, ou plutot ce qui dans cet album est d'irréduciblement pittoresque vient aux traits profonds du pays.
25/02/24
20 notes · View notes
outlying-hyppocrate · 2 months
Text
Tumblr media
litérature trop esthétique
1 note · View note
lifextime · 6 months
Text
DDLC : un alibi parfait (partie 1)
Tumblr media
Aujourd’hui nous allons aborder la première partie d’une triste histoire, celle ou un jeu serait responsable du suicide de deux jeunes mineures. Bien que ces affaires aient été dévoilées en Juin 2018, en réalité les faits remontent à une date ultérieure. Le seul point commun entre les deux affaires : un visual noval répondant au doux nom de Doki Doki Litérature Club , que nous allons abréger par DDLC..
J’ai appris cet affaire quand je faisais des recherches pour mon article sur DDLC, j’ai vu que le journal “The Sun” avait titré un de ses articles : “KID KILLER Inside twisted Doki Doki Literature Club game which parents say caused ‘suicide’ of their children – and it’s horrifyingly easy to get hold of “ autrement dit “ KID KILLER Dans le jeu tordu du Doki Doki Literature Club dont les parents disent qu’il a causé le « suicide » de leurs enfants – et il est horriblement facile de s’en emparer “ . Un titre assez évocateur, sachant que le jeu est sorti en 2017. 
Mais avant de parler de l’affaire, il faut vous donner l’idée de à ce à quoi ressemble le jeu. Personnellement, j’ai joué au jeu l’année dernière et j’ai eu une expérience assez étrange. Comment vous dire que le jeu m'a bouleversé pendant quelques jours et j’avais l’impression d’être surveillé pendant que je jouais. Mon test et mon LP sont toujours disponibles. Donc voilà une léger résumé du jeu :
"Doki Doki Literature Club!" est un jeu vidéo de simulation de date développé par Team Salvato. Il se présente comme un jeu de visual novel où le joueur interagit avec des personnages de l'école secondaire et rejoint un club de littérature. Cependant, le jeu prend un tournant sombre et psychologique au fur et à mesure que l'histoire progresse. Le jeu commence de manière innocente, avec le joueur rejoignant le club de littérature et interagissant avec les quatre membres du club : Sayori, Natsuki, Yuri et Monika. Au fil de l'histoire, des éléments perturbants commencent à se produire, y compris des changements de personnalité inquiétants chez les membres du club et des événements surnaturels. Il devient rapidement évident que le jeu n'est pas ce qu'il semble être. Sans révéler de spoilers majeurs, l'intrigue de "Doki Doki Literature Club!" se développe de manière à défier les attentes du joueur, en explorant des thèmes de la santé mentale, de l'intelligence artificielle et de la nature des jeux vidéo eux-mêmes. Le jeu utilise des éléments de métanarration pour créer une expérience mémorable et inquiétante pour les joueurs. Il est important de noter que le jeu contient des contenus susceptibles de déclencher des émotions fortes et peut ne pas convenir à tous les publics en raison de son contenu psychologique et horrifique.
Maintenant que vous avez le contexte du jeu nous allons pouvoir aborder l’affaire de Ben Walmsley.
C’est le 28 Juin 2018 que l’affaire est rendue publique. Un adolescent sans histoire est retrouvé décédé par un membre de sa famille*. 
L’adolescent âgé de 15 ans répond au nom de Ben Walmsley originaire de Radcliffe se trouvant dans le comté de Grand Manchester aux Royaume-Uni. 
D'entrée de jeu, son père, Darren affirme que le visual novel à influencé son fils avec ses thèmes sombres. L’adolescent de nature réfléchis, méthodique, qui a tendance à tenir des propos assez matures pour son âge, il aime jouer aux jeux vidéo. Un adolescent normal en apparence. 
Un adolescent sans histoire, qui visiblement n’a aucun problème à l’école ni même avec ses parents. Jusqu’au jour où il entend parler du jeu de Doki Doki Literature, inconsciemment le jeune adolescent se met à jouer plusieurs heures après l’école.
Le jeu lui semble ordinaire, lorsque ses parents lui demandent à ce qu’il joue il répond à un jeu ou il faut lire et comprendre la psychologie des personnages. Ses parents ne sont pas choqués de ses propos puisqu’il parle souvent de cette façon. Puis rien d’anormal, il planifie avec ses parents les futures vacances  et continue de mener une vie normale.
Cependant un jour, il rentre en premier à la maison, on ignore ce qui se passe derrière cette porte fermée. Pourtant son frère veut rentrer à son tour et trouve la porte verrouillée, pour lui c’est bizarre et il décide d'appeler son père. Son père arrive quelques minutes plus tard et ouvre la porte avec ses clés et découvre son fils pendu dans le salon, son frère trouve près du corps une note avec des mots prêtant à confusion (?)*.
C’est un choc pour la ville, comment un adolescent sans histoire s’est retrouvé à se suicidé ? Il y eut beaucoup de commérages, mais son père aveuglé par le chagrin affirma que le jeu DDLC était responsable de la perte tragique de son fils.
Cependant ce n’était pas l’idée des autorités. Pendant plusieurs mois les autorités de Grand Manchester menèrent l’enquête auprès de ses camarades de classes et de ses amis. l'école va même sensibiliser les élèves sur ce genre de jeu et insistera sur le fait de respecter les restriction d'âge, et que si il y avait la moindre preuve ou témoin qui tenterait de se suicider, il faudrait contacter les autorités. Et malheureusement, lors d'une énième sensibilisation au cas par cas , ses derniers vont dépeindre un autre portrait de l’adolescent, en effet Ben était loin d'être un adolescent joyeux et qui respirait la joie de vivre. Un de ses camarades de classe mentionnera une certaine Ruby…
Qui est Ruby ? Telle est la question que les autorités se sont posés, le même camarade affirmer qu’elle était la petite amie de Ben, mais personne ne la connaît, mais son profil était inclu dans les conversations de groupe comme sur Whatt’s App & Instagram, et elle tenait des propos obsessionnelle sur Ben et elle parlait souvent de automutilation avec des photos et vidéos à l’appuie.
Mais après quelques semaines d’enquête, les autorités découvrirent que le profil de Ruby était créé et géré par Ben lui-même. Les psychologues pensent que le profil de Ruby servait de refuge, ou il exprimait son mal être, ou dans le cas de Ruby et si on fait le lien avec le jeu, elle serait représentée par le personnage de Monika.
Un jour, un de ses amis affirma que Ben lui avait dit que le jeu était “trop cool”, un personnage s’était poignardé elle-même pour lui et une autre s’était suicidée. Il avait l’air euphorique, son ami avoua qu’il avait l’impression qu’il était dans un état second en tenant ses propos qui lui faisaient froid dans le dos. Et que cela devait être une expérience à vivre.
* Sur plusieurs articles on dit que c'est frère qui retrouvé le corp et sur un autre que cela serait son père.
*Le mot à côté du corp, fait une référence direct au décès du personnage qui laisse la note “ sors de ma tête “ en boucle, un évènement majeur du jeu.
Le jeu à l’époque avait atteint les 2 millions de téléchargement. Il était accessible à tous et depuis ce fait dramatique les ventes numériques ont augmenté. Le Royaume Uni demanda l’autorisation de bloquer les serveurs du jeu afin que personne ne puisse plus y avoir accès, cela n’aura duré que trois mois avant la levée de l’interdiction. Un message de prévention à été ajouté par les développeurs (malgré les nombreuses mise en garde qu’ils avaient déjà émis à ce sujet) affirmant que le jeu était destiné à un publique mature (16+) et que le jeu abordait des thèmes tels que la violence, l’automutilation, le suicide etc …
Cependant, sur les forums des internautes n’étaient pas d’accord avec le fait que l’adolescent se soit suicidé à cause du jeu. Le jeu pouvait provoquer des angoisses, des impressions étranges, mais ne pouvait en aucun cas provoquer un suicide et encore moins l’inciter. 
Pourtant son père continue de tenir le même discours “ Doki Doki Literature Club a tué mon fils “.
Un ami proche de Ben avouera entre temps, que Ben semblait angoissé et différent. Bien avant de jouer au jeu, pour lui il faisait comme une dépression. Et qu’il avait surpris en train de faire des recherches sur le suicide. Un fait avéré lorsque les autorités vérifièrent le contenu de ses messages et des recherches qu'il avait entrepris dans le CDI de l'école.
Il ajouta également : « Il y avait des preuves sur le téléphone de Ben qu'il était déprimé et qu'il ne voulait plus vivre. »
Le médecin légiste a déterminé que Ben était mort par pendaison.
La coroner de Manchester North, Joanne Kearsley , a déclaré que Ben s'était suicidé, expliquant : "Ben n'était pas un individu que quiconque, y compris sa famille, reconnaissait comme présentant un risque d'automutilation. Il ne parlait pas constamment de suicide ou d'automutilation. Les témoignages que nous avons entendus indiquent, avec le recul, que Ben était un jeune homme potentiellement confronté à un certain nombre de complexités. Il avait, de manière très subtile, l'intention de potentiellement mettre fin à ses jours, par exemple en effectuant des recherches sur Internet. Tout ce processus semble s'être intensifié dans les mois qui ont précédé sa mort."
Le 21 Novembre 2018, son décès est officiellement classé comme un suicide
N'ayant trouvé aucun lien direct entre l'influence du jeu et son suicide, le médecin légiste n'a pas tenu en compte les propos du père.
Source : Article The Sun 1 / 2 , Bolton News , certificat de décès , Manchester Evening News , Daily Mail , BBC (video BBC)
Voir aussi : Partie 1 | Partie 2 | Partie 3 | Partie 4
1 note · View note
coisadeantonio · 8 months
Text
"Escrever não é narrar as recordações, as viagens, os amores e o luto, os sonhos e os fantasmas. É o mesmo pecar por excesso de realidade ou de imaginação: nos dois casos é o eterno papá-mamã, estrutura edipiana que projetamos no real ou que injetamos no imaginário" (p. 3)
DELEUZE, Gilles. La Litérature et la Vie. Critique et Clinique. Minuit, Paris. 1993. pp. 11-17.
0 notes
spacecovvgirl · 5 months
Text
If you find from your own experience that something is a fact and it contradicts what some authority has written down, then you must abandon the authority and base your reasoning on your own findings.
Leonardo da Vinci
4 notes · View notes
wqueens7 · 1 year
Photo
Tumblr media
Please write a 600 word essay on The work of litérature assigned This is to prove that you did not me con (& that class is teaching skills as designed) To the college’s professoriate The Written exams in English Classes Can in “student success” luxuriate (Although it may make us, to them, asses) I know, however, that to some students Essays & exams are all just tortures Their comfort in class, it clearly prevents (Thus school’s explorers make their departures) Your exam is a dear john letter Explaining to teachers you’ve found better #FinalSonnet #SelfieSonnet (at 48Th Avenue Stairs) https://www.instagram.com/p/Cl03kB8O2F3/?igshid=NGJjMDIxMWI=
0 notes
geqoxasuwate · 2 years
Text
Guide pédagogique password terminale pdf
ycle terminal (BO du 30 septembre
New Password Litérature 1re Tle série L - Guide pédagogique - version papier. Juliette Ban-Larrosa. Acheter. Acheter l'ebook. Ajouter à ma pile à lire
[PDF] Password Literature, Cycle Terminal, Didier 2012 guide pedagogique pdf livre password english tle 2 cd classe isabelle livre de l lve password
Password English 1re Coordination pédagogique Juliette Ban-Larrosa aux élèves anglais terminale password english tle manuel cd mp3 2 mai 2012 de. PDF
Compréh examples you may know. examp barème dans le guide pédagogique Study a se CCompréhension omp de l'écrit age p 1 Study a set of documents Your tePassword English Terminale - Guide pédagogique PDF - Télécharger, Lire TÉLÉCHARGER LIRE ENGLISH VERSION DOWNLOAD READ Description Le guide fournit de
Password Literature : guide pédagogique : cycle terminal, 1re, Tle, série L, B1-B2 / Laurence Manfrini, Carine Vayer,.
</p><br>https://geqoxasuwate.tumblr.com/post/693260837341790208/mobil-emploi-74, https://geqoxasuwate.tumblr.com/post/693260837341790208/mobil-emploi-74, https://dagugoval.tumblr.com/post/693260496209657856/luxman-l3-manual, https://dagugoval.tumblr.com/post/693260496209657856/luxman-l3-manual, https://dagugoval.tumblr.com/post/693260496209657856/luxman-l3-manual.
0 notes
light20sblog · 1 year
Text
leurs mains demeuraient fraîches, ils parlaient de tout gaiement, ils se disputaient parfois, en amis certains de ne jamais se fâcher. Seulement cette amitié devenait si vive qu'ils ne pouvaient plus vivre l'un sans l'autre.
Émile Zola, L'oeuvre
0 notes
nunc2020 · 2 years
Text
Cours d’histoire de la litérature française / fiches
Les Temps Modernes
Tendances générales
En politique : la monarchie française, absolue et centralisée, acquiert un rôle dominant en Europe.
Sur le plan idéologique, l'Église et l'État sont dissociés, mais solidaires ; la censure d'État va progressivement s'ajouter à la religieuse. Nulle pensée ne peut s'élaborer sans se situer par rapport à la religion. Le sentiment national se renforce.
Au point de vue culturel, l'imprimé suscite une intense circulation des informations, le public s'accroît. Si, d'une part, on assiste au développement d'une réflexion individuelle ; d'autre part, les Universités sont supplantées par des Collèges qui s'adressent aux adolescents et leur proposent une culture générale (standardisée ?). Le modèle culturel dominant reste l'Antiquité, l'imitation domine. En littérature, le mécénat reste de règle, mais de plus en plus les auteurs acquièrent une certaine indépendance grâce à la vente de leurs livres.
Humanistes et poètes de la Renaissance (1530-1570)
Les thèmes et les sources philosophiques de l'Humanisme sont déjà bien établis dans le milieu intellectuel quand s'affirment deux groupes de poètes dont l'idéal est d'unir les vérités nouvelles à des formes « modernes » françaises. Le groupe lyonnais et le groupe angevin-parisien de la Pléiade sont ainsi en rupture volontaire avec l'internationalisme des intellectuels, pour promouvoir l'esthétique et les valeurs nationales.
La production littéraire s'offre désormais et espère des récompenses. Les auteurs, qui dépendent du mécénat, soutiennent la politique monarchique et l'ordre.
Après 1550, il s'écrit plus de livres en français qu'en latin.
La recherche formelle s'oppose à la spontanéité qui semble indigne de l'art. En outre, l'utilisation d'un langage peu courant donne du prestige à une classe sociale inférieure. Influence marquée de l'Italie (Pétrarque) et de l'Antiquité gréco-latine.
Importance croissante des œuvres historiques, politiques, philosophiques.
En poésie : Le mouvement appelé La Pléiade vise à faire reconnaître la langue française au même titre que le latin. (« Défense et Illustration de la langue française »). Le sonnet a la faveur des poètes.
Humanisme : on donne ce nom au grand élan qui porte les hommes de la Renaissance vers l'étude des œuvres de l'Antiquité (le mot humanités désignant, en latin, la culture). Les premiers humanistes sont des érudits : l'helléniste Guillaume Budé (1468-1540), le philosophe Érasme. Mais bientôt le terme se charge de significations nouvelles : il souligne la grandeur de l'homme délivré de l'emprise religieuse d'un Moyen Âge entièrement consacré à la gloire de Dieu. La Renaissance célèbre la gloire de la personne humaine : on construit des châteaux propices aux fêtes, tandis que les artistes (Michel-Ange, Le Titien, Jean Goujon) exaltent la beauté du corps humain. L'homme du XVIe siècle jouit de la nature et des charmes de l'existence terrestre. POTELET
1544 M. Scève 1549 J. Du Bellay 1552 P. de Ronsard 1555 L. Labé
1558 J. Du Bellay
Délie
Défense et Illustration de la langue française Les Amours de Cassandre
Poésies
Antiquités de Rome et Regrets
Pléiade : groupe de sept poètes réunis autour de Ronsard et de Du Bellay, animés d'un même amour de l'Antiquité et décidés à instaurer une grande poésie de langue française. En 1549, Joachim Du Bellay fut chargé de rédiger le manifeste de cette jeune école, intitulé Défense et Illustration de la langue française. Il s'agissait de rompre avec les traditions littéraires du Moyen Âge, et de développer les grands genres issus de l'Antiquité (épigrammes, odes, élégies, épîtres,
comédie, tragédie) ou de l'Italie moderne (en lui empruntant le sonnet). Il fallait enrichir la langue française, étouffée par la tutelle du latin et en même temps s'inspirer des grandes œuvres gréco- latines que l'on devait chercher à imiter. POTELET
L'essor de la prose narrative (1530-1570)
Rabelais
Cette oeuvre est une des affirmations les plus triomphantes de l'optimisme et des thèmes politiques ou moraux de la Renaissance ; mais elle constitue en même temps une critique permanente de cet optimisme, en ayant recours à des procédés littéraires médiévaux : parodies, recherche de l'absurde, agressivité burlesque héritées des traditions du Carnaval. Toutes les traditions populaires y coexistent avec les formes de la culture nouvelle. (M.-M. Fragonard)
L'utilisation de la nouvelle, empruntée aux Italiens (Boccace) est un essai pour créer une littérature de formes et de thèmes plus communément accessibles.
Les romans d'aventure (Amadis de Gaule, Les quatre fils Aymon, Mélusine... cfr Don Quichotte) restent cependant les best-sellers de l'époque.
Les livres religieux et moraux continuent à être au centre des préoccupations du siècle et à être le lien culturel principal entre les diverses classes sociales.
La sensibilité baroque (1570-1650)
Le mot baroque vient du portugais « barroco », qui signifie : perle irrégulière. Il s'applique d'abord aux arts plastiques de la fin du XVIe siècle, pour traduire un jugement péjoratif porté sur une esthétique de l'irrégularité, du mouvement, de l'ostentation. Peu violent en France, le Baroque dominera l'Europe durant le XVIIe siècle. En France, le courant baroque en littérature comporte une multitude de tendances contradictoires dans leurs visées et leurs modes d'expression, mais peut se centrer autour de quelques principes communs : goût de la sensualité, des extrêmes, de l'ornementation, du langage à effets.
1533 F. Rabelais Pantagruel
1534 F. Rabelais Gargantua
Baroque : C'est un mouvement artistique qui s'est développé en Europe durant la période 1580- 1660 et s'est étendu à tous les domaines (architecture, peinture, sculpture).
À l'origine, le mot avait des résonances péjoratives (« baroque » se disait d'une perle irrégulière) ; il caractérisait un art très orné, voire surchargé, où se donnaient libre cours la fantaisie et
l'imagination ; par son exubérance, il s'écartait d'une certaine norme jugée « de bon goût » par les Classiques.
Plus tard, le terme a désigné un style original où prédominent les équilibres instables, les lignes courbes, les trompe-l'œil et l'illusion. En littérature, il privilégie le mélange des genres, les situations romanesques, les images brillantes et recherchées :
Ses yeux jetaient un feu dans l'eau [...]
Et l'eau trouve ce feu si beau
Qu'elle ne l'oserait éteindre. (Théophile de Viau)
Le baroque n'est pas seulement une esthétique, il répond à une certaine conception de l'homme et du monde considérés comme étant soumis à un mouvement perpétuel : tout se modifie, se transforme, tout change ; l'homme dispose d'une large liberté et peut prétendre agir sur ce monde. Conception qui s'oppose à l'idéal classique, selon lequel l'univers est permanent, figé. Le baroque se manifeste aussi bien dans l'écriture burlesque*, fondée sur le jeu des oppositions, que dans la manière précieuse caractérisée par un langage recherché.
POTELET
1580 Montaigne 1616 A. d'Aubigné 1636 P. Corneille 1651 P. Scarron
Essais
Les Tragiques L'Illusion Comique Le Roman Comique
Grave conflit religieux et politique d'où surveillance par le pouvoir politique de la production littéraire et dogmatisme.
L'impact des découvertes laisse l'impression d'une grande instabilité des connaissances, c'est le scepticisme (Montaigne, les Essais)
Contradictions du baroque, genèse du classicisme (1610-60)
Le baroque, par son irrégularité même, était voué à susciter des formes de pensée non conformiste. Le retour à l'ordre politique s'accompagne de mutations dans les mentalités et les pratiques culturelles. L'instruction se développe et fait naître un nouveau public mondain. L’« honnête homme » se distingue par sa politesse, son goût, sa sociabilité, sa galanterie. Prééminence de Paris. La tradition savante côtoie le divertissement mondain. L'héroïsme s'oppose au désir de mesure et d'intégration.
L'honnête homme : le siècle classique voit apparaître un idéal humain, celui de l'« honnête homme ». Il réunit toutes les qualités qui assurent le succès dans un salon : culture générale, délicatesse de goût, sûreté du jugement, bonne éducation, galanterie, politesse, courtoisie. Évitant toute affectation, tout pédantisme, toute érudition, il « ne se pique de rien », selon la célèbre formule de La Rochefoucauld. Le duc de Nemours de La Princesse de Clèves, le Cléante de Tartuffe, le Clitandre des Femmes Savantes incarnent assez exactement cet idéal.
Préciosité : elle se développe dans les hôtels aristocratiques (tel que l'hôtel de Rambouillet) et les salons (celui de Mlle de Scudéry, par exemple). Elle procède d'un désir de s'élever au-dessus du vulgaire et se traduit par une recherche affectée de la distinction dans les manières (le costume se complique, s'orne de plumes et de dentelles), dans les sentiments (apparition d'un code de l'amour précieux, qui, né de l'estime, ne peut unir que des âmes nobles), enfin dans le langage (langue châtiée, mépris des mots bas, respect de la grammaire, usage abondant de la périphrase : la perruque devient « la jeunesse des vieillards »).
Face à la préciosité de bon aloi, qui consiste à rechercher la distinction, il existe une préciosité qui se rend ridicule par son exubérance : c'est celle dont se moque Molière. Malgré ses excès, la préciosité a contribué à forger la langue classique, dans sa volonté d'épurer le langage ; elle a orienté la littérature vers l'analyse du coeur humain, ouvrant ainsi la voie à la psychologie classique.
POTELET
1605 F. de Malherbe 1610 H. D'Urfé
1635
1636 T. Corneille
1637 R. Descartes
1645 Voiture 1656 B. Pascal
poète officiel du roi
L'Astrée
Instauration de l'Académie Française
Mlle de Scudéry 1657 C. De Bergerac
1670 B. Pascal (Ý)
Le Cid
Le Discours de la Méthode
Sonnets
Les Provinciales
Clélie
Histoire comique ou Voyage à la lune Pensées
Dans la pensée religieuse apparaissent des contradictions. L'athéisme est puni de mort, cela n'empêche pas le libertinage (assimilable à la libre-pensée) : Cyrano de Bergerac.
Cartésianisme : méthode et doctrine de Descartes ayant ouvert la voie à la pensée moderne et selon laquelle la raison est la faculté infaillible, seule capable de conduire à la vérité. POTELET
La littérature religieuse est florissante : François de Sales (I. de Loyola, T. d'Avila, J. de la Croix). Le Jansénisme propose une doctrine plus austère.
L'esthétique littéraire :
• réalisme grotesque (Scarron)
• courant héroïque et pastoral (d'Urfé, Scudéry, Voiture) • préciosité
Identification du langage et de la littérature : Richelieu crée l'Académie Française en 1635. Vaugelas établit les règles de la syntaxe.
Des théories sont élaborées (pour le théâtre surtout) soit qu'on privilégie le spectacle, soit qu'on privilégie le respect des règles.
L'esthétique est dominée par l'imitation des Anciens, surtout des Romains.
Le Classicisme (1650-1700)
L'élaboration du classicisme s'amorce en France (pays le moins marqué par l'esthétique baroque) dès 1630. Caractérisé par l'exercice de la Raison dans les règles établies, il recherche la pureté et la clarté dans la langue et la rhétorique, la simplicité, la juste mesure, l'équilibre et l'harmonie. Imitation des chefs-d'œuvre de l'Antiquité, souci du vraisemblable, des règles de l'art, considérées comme génératrices de beauté par leurs contraintes mêmes, moyens pour l'auteur et son public de s'assurer un langage commun. Le Classicisme atteint son apogée dans la première partie du règne personnel de Louis XIV. Spécifiquement français, et même parisien, il se répand peu à peu en province et en Europe et sera le modèle du Beau au XVIIIe siècle.
Jansénisme : doctrine du théologien hollandais Jansénius, exposée dans L'Augustinus (1640) qui s'est développée en France dans le couvent de Port-Royal, et selon laquelle l'homme, dès sa naissance, est prédestiné au salut ou à la damnation, quels que soient ses mérites ou ses fautes. Pascal et Racine ont subi l'influence janséniste. POTELET
Burlesque : d'inspiration baroque, le burlesque désigne une mode d'écriture très en vogue à l'époque de la régence d'Anne d'Autriche et de la Fronde (1643-1660). Il cultive l'art de la discordance et joue sur les effets d'opposition : tantôt, il met en scène un grand personnage auquel il prête un langage vulgaire ; tantôt, à l'inverse, il prête à de petites gens le langage des héros (l'exemple le plus célèbre est Le Lutrin de Boileau). POTELET
Classicisme : doctrine littéraire des écrivains du XVIIe siècle, prônant, à l'exemple des auteurs grecs et latins, un idéal d'équilibre, d'ordre et de mesure. Le classicisme obéit à des règles strictes fondées sur la raison, faculté maîtresse qui permet d'éviter toute faute contre le bon goût et de contrôler les débordements de l'imagination ou de la sensibilité. L'écrivain classique doit respecter la vraisemblance et demeurer impersonnel : il s'efface derrière son oeuvre et s'attache à l'étude de l'homme, car il croit en une nature humaine indépendante des lieux et des temps. Il s'exprime en une langue pure, sobre et élégante.
Cette esthétique correspond à une certaine conception du monde et de l'homme : celui-ci évolue dans un univers parfaitement immuable et achevé ; malgré ses efforts, il demeure soumis à la fatalité et aux lois inéluctables qui pèsent sur sa nature (cf. les personnages de Racine). Le classicisme est un art de rigueur fondé sur des principes de beauté éternels. En architecture, il privilégie les lignes droites et les constructions symétriques au mépris du décoratif. Le classicisme s'oppose au baroque et au romantisme. POTELET
1659-73 Molière
1661 J.B. Bossuet
1665 La Rochefoucauld
1664-91 J. Racine
1666 Création de l'Académie des Sciences 1668-78 J. de la Fontaine
1671-96 Mme de Sévigné
1674 N. Boileau
1678 Mme de La Fayette
1688 J. de la Bruyère
1690 Richelet
1691 Furetière
1694 Académie 1697 C. Perrault
Dom Juan, Le Misanthrope, Tartuffe... Sermons de Carême
Maximes
Andromaque, Britannicus, Phèdre, Bérénice
Fables
Lettres
Art Poétique
La Princesse de Clèves Les Caractères Dictionnaire Dictionnaire Dictionnaire
Contes
La petite bourgeoisie fournit les érudits, la bonne bourgeoisie et la noblesse modeste, les écrivains d'agrément et d'art. La littérature se vend davantage, mais les intellectuels doivent servir les Grands qui les aident à vivre. Toute publication est soumise au privilège royal et la littérature contestataire sera clandestine ou publiée à l'étranger. La presse naissante diffuse vers la province et l'étranger les idées et le goût parisien.
La littérature constate le déclin de l'idéologie et des ambitions aristocratiques, et la prépondérance de la monarchie, dont elle justifie les progrès. Elle met en forme des réflexions sur les obligations et la nature du pouvoir (Corneille, Racine). L'analyse des problèmes sociaux est plus restreinte que l'étude critique des moeurs et des caractères. En matière religieuse, l'adhésion profonde (Bossuet) voisine avec des conflits dissimulés libertinage (La Fontaine) ; jansénisme (Racine), hypocrisie (Tartuffe).
Un code (règle des trois unités, par exemple, unités de lieu, d'intrigue, de temps. S'y ajoutent aussi l'unité de ton, et l'exigence de bienséance, de vraisemblance et de raison.) tend à se constituer selon lequel la connaissance ne peut se fonder que sur le général, le beau sur le durable, le bienséant sur le non-original. Soumission à la norme établie, donc.
Cet effort d'ordre et de rationalisation du Classicisme va de pair avec la diffusion de la pensée de Descartes et de la Logique du groupe de Port-Royal.
Les formes les plus en vogue sont concentrées : nouvelle et roman psychologique, poésie narrative brève (fable), maximes et portraits, poèmes mondains et lettres. Le théâtre est à son apogée sous forme de comédies ou de tragédies.
Littérature de colportage (XVIIe-XIXe)
La littérature des « grands auteurs » est celle d'un public restreint : tirer à 1.500 exemplaires est déjà un succès. À côté d'elle, la littérature pour le grand nombre évolue peu et lentement, les colporteurs la diffusent en particulier en milieu rural. Née avec l'imprimerie, cette forme de diffusion littéraire disparaîtra après 1850. Elle n'est pas la seule forme culturelle populaire : les chansons et les contes appartiennent à une tradition orale, dont nous ne possédons aujourd'hui que des fragments. On est sûr de l'abondance de cette production (plus d'une centaine d'imprimeurs). Les plus célèbres : Nicolas Oudot (Troyes) imprime les brochures de la Bibliothèque bleue ; Pellerin publie des almanachs à Épinal où se fabriquent les fameuses images d'Épinal.
Le répertoire est à la fois varié (piété, calendriers, recueils de recettes médicales, proverbes, légendes, romans d'aventure, plaisanteries, récits de bizarreries... mais aussi assez pauvre : il répète les principes essentiels de la société : morale, famille, traditions. Les thèmes sont stables et en
nombre limité comme ceux des cultures orales traditionnelles. Les auteurs se pillent mutuellement et les mêmes textes se publient du XVIe au XIXe.
Le poids des colporteurs est énorme dans la diffusion des nouvelles. Les conservateurs du XIXe siècle ont accusé le colportage d'avoir perverti les campagnes avec la pensée révolutionnaire des philosophes : en fait, si cette pensée fut effectivement diffusée, c'est surtout par extraits isolés. Et, dans l'explosion révolutionnaire, les informations que faisaient circuler les colporteurs, ces journaux ambulants, et la situation économique furent assurément d'un plus grand poids que la littérature de colportage elle-même, d'ailleurs largement conservatrice. (M.-M. Fragonard)
La crise de la conscience européenne (1680-1720)
Paradoxalement, alors que la France occupe un rang prépondérant en Europe, que le français devient la langue internationale de l'élite, et que se produit une intense réflexion sur l'art et sa nature, la création littéraire apparaît moins dynamique.
Les bases politiques et culturelles du XVIIe siècle classique se trouvent remises en question par des mutations d'ampleur européenne :
• La crise des monarchies absolues fait progresser la pensée politique et sociale (Locke, Fénélon). Les échecs de la fin du règne de Louis XIV font prendre conscience des faiblesses de l'absolutisme (Saint-Simon).
• La crise est aussi religieuse : division dans l'Église catholique sur les pouvoirs respectifs du Pape et du Roi, conflit entre le pouvoir et les Jansénistes (Port-Royal), Révocation de l'Édit de Nantes.
• Naissance de grands systèmes philosophiques non-chrétiens (Leibniz, Spinoza, Berkeley, Locke). La philosophie se sépare de plus en plus nettement de la théologie ; la critique historique des textes sacrés attaque aussi les certitudes de la foi.
• Les scientifiques, affranchis des a priori théologiques font progresser l'astronomie, la physique, les mathématiques (Newton, Halley, Leibniz, Huygens). D'où, un début de curiosité critique fondée sur l'expérience et la liberté. Les voyageurs de plus en plus nombreux incitent à la comparaison des différentes civilisations. Des valeurs nouvelles font leur apparition : la Nature, le Bonheur terrestre, le progrès, telles sont les tendances du nouvel esprit « philosophique » qui se forme alors.
• La Querelle des Anciens et des Modernes (1670-1690) oppose aux tenants des règles et du respect absolu de la perfection de l'Antiquité (Boileau, La Fontaine, Racine, Molière, La Bruyère) ceux qui croient au progrès de la littérature (Perrault, Fénélon, Fontenelle). Tandis que se maintient l'esthétique classique, se font jour des conceptions qui rendent la beauté relative à la pensée ou à la sensibilité du sujet qui perçoit. La littérature reste moins novatrice que la peinture (Watteau). Après la vogue brève, mais intense du conte de fées, la seule tendance littéraire en progrès est un retour au comique excentrique, critique et réaliste tout à la fois, influencé notamment par la verve picaresque. Romans et comédies sont peu classiques dans leur forme et surtout significatifs par les milieux qu'ils dépeignent, de la revanche des gens d'affaire sur l'aristocratie (Figaro).
1688-97 C. Perrault 1691-1752 Saint-Simon(Ý) 1699 Fénelon 1707-37 Lesage
1708 Regnard 1714 Fénelon
Parallèles des Anciens et des Modernes
Mémoires
Télémaque
Le Diable boiteux, Turcaret, Gil Blas de Santillane Le légataire universel
Lettre à l'Académie
La littérature des « Philosophes » (1720-1770)
La littérature vulgarise les principaux thèmes scientifiques et moraux de la « Philosophie des Lumières ». Il ne s'agit pas à proprement parler de philosophie, et encore moins de système rigoureux : c'est une attitude d'esprit inspirée de la méthode scientifique, cherchant à découvrir la vérité derrière les ténèbres des préjugés, à l'aide de la Raison illuminatrice. Ruinant les dogmes, la pensée s'établit dans l'utile et le concret. L'extension du public, moins érudit, fait qu'on est plus soucieux d'application pratique que de théorie, et d'actualité que d'éternel. L'essentiel est d'être utile à la collectivité, en organisant une nouvelle vision de l'univers : le centre n'en est plus la religion, mais l'homme, être libre et raisonnant. L'essentiel du mouvement scientifique n'est pas français, mais la prééminence intellectuelle et littéraire de la France est telle qu'on parle alors d'« Europe française ».
Philosophes : désigne au XVIIIe siècle les écrivains qui, usant de leur esprit, se sont donné pour tâche de détruire les idées préconçues. Ébranlant ainsi les fondements de l'édifice social, moral et religieux, ils ont tenté d'instaurer un nouvel art de vivre fondé sur la liberté, la raison et la justice (dénonciation de la guerre, de l'esclavage, du racisme, lutte contre le fanatisme religieux). Ils ont favorisé le développement de l'esprit critique, préparant ainsi la Révolution de 1789.
Siècle des Lumières : nom donné au XVIIIe siècle, dans la mesure où les philosophes ont contribué à éclairer les esprits trop souvent aveuglés par les préjugés et les croyances trompeuses. La « philosophie des Lumières » se fonde sur la Raison pour juger de toute chose ; elle rejette les explications d'origine surnaturelle (ainsi, l'on ne peut croire que la foudre soit un effet de la colère divine) ; elle s'appuie sur l'expérience, et non sur la tradition, pour atteindre la vérité ; enfin, elle prône avant tout le respect absolu de la personne humaine (esprit de tolérance).
POTELET
1721 Montesquieu
1747 Voltaire
1748 Montesquieu
1749 Buffon
Condillac
1751-80 Diderot, d'Alembert, et...
1755 J.-J. Rousseau 1759 Voltaire
1762 J.-J. Rousseau 1770 D'Holbach 1772 Diderot
Lettres Persanes
Zadig
L'Esprit des lois
Histoire naturelle
Essai sur l'origine des connaissances humaines L'Encyclopédie
Discours sur l'origine de l'inégalité Candide
Le Contrat social, Émile
Le Système de la nature
Supplément au voyage de Bougainville
Le groupe des gens de lettres reflète les tensions du monde social, mais une même aspiration crée son unité : le désir de la liberté de penser. Peu d'écrivains vivent de leur plume sauf ceux qui, comme Voltaire, cumulent la fortune personnelle, les pensions et les affaires commerciales.
La censure est toujours très sévère à l'égard des livres subversifs. Montesquieu lui-même sera imprimé à l'étranger. Les salons parisiens et les académies provinciales jouent un grand rôle dans la diffusion de la culture. L'influence dominante est anglaise (Swift, Locke, Hume).
Soutenant une idéologie de progrès, de tolérance et de bonheur matériel, contre toutes les contraintes de la monarchie ou de la religion, les philosophes trouvent une large audience auprès de la bourgeoisie. L'Encyclopédie est condamnée pour son matérialisme (1759), mais le déisme est une attitude de plus en plus fréquente.
Les principes de l'art classique sont maintenus alors que la notion de relativité s'impose en philosophie.
L'influence des récits de voyageurs incite à s'interroger sur l'anthropologie, les notions de « sauvage » et de « civilisé », le bien-fondé de l'esclavage.
La poésie est assez froide, les « bergeries » sont en vogue. La prose domine, variée, usant volontiers de l'ironie là où le didactisme choquerait sans convaincre. Correspondance intense à travers l'Europe. Les trois tendances majeures du mouvement : normatif, polémique, mondain. Le conte philosophique (Voltaire) est la forme littéraire la plus originale qui puisse les exprimer toutes trois.
La littérature « du coeur et de l'esprit » (1730-1789)
Cette littérature propage une morale nouvelle à base de sensibilité et de sensualisme, dégagée tout à fait des impératifs et dogmes religieux. Son non-conformisme devient aussitôt suspect d'immoralité. La vie privée devient un sujet littéraire fréquent, ainsi que la description assez désenchantée du cadre de vie contemporain. Ces œuvres gardent un souci moralisateur, au moins apparent : si elles détaillent volontiers avec humour les « Égarements du coeur et de l'esprit », et si elles abondent en scènes lestes, elles y adjoignent des commentaires souvent amers sur la corruption de la vie sociale et morale.
Le public s'est considérablement élargi : l'alphabétisation est très avancée, surtout dans les villes, même chez les femmes. La création de cabinets de lecture où on peut louer des livres (1760) multiplie la facilité de lire et profite surtout aux journaux et aux romans.
Littérature qui montre crûment le rôle dominant de l'argent et les luttes pour la promotion sociale : la liberté est sans emploi dans un monde dur, et la sincérité amoureuse constamment brimée par l'immoralité et les contraintes sociales. Le terme « libertinage » désigne maintenant la liberté des moeurs.
Le roman est méprisé, mais inévitable on écrit donc des contes, nouvelles, lettres, des histoires pour masquer le romanesque. Le roman épistolaire connaît un franc succès. Un thème fréquent est celui de la découverte par un être jeune et plein d'élan de la difficulté à s'accomplir pleinement dans un monde répressif et des accommodements et tricheries dont il faut payer son insertion sociale. La révolte se résout en rêverie, en libertinage, ou se fait marginalisation sociale.
Le goût pour le sentiment (1760-1800)
Diderot et surtout Rousseau (qui influencera beaucoup les Romantiques, (cfr 3.1) sont les symboles d'une modification radicale des sensibilités, en se réclamant d'une vérité des passions et en assignant à l'œuvre d'art le but principal d'émouvoir. L'émotion devient centrale, déterminant tous les actes humains, les liens sociaux, mais aussi les liens entre l'homme et la nature. Elle est un moyen de connaissance supérieur et toujours juste puisque domine l'idée que la Nature est bonne. Ce mouvement est un des premiers mouvements littéraires du rêve et de la tristesse qu'on a parfois appelé « préromantisme ».
1730 Marivaux
1731 Abbé Prévost
1746-74 Diderot
1775 Beaumarchais
1782 Choderlos de Laclos 1784 Beaumarchais
Le Jeu de l'amour et du hasard
Manon Lescaut
La Religieuse, Le Neveu de Rameau, Jacques le Fataliste Le Barbier de Séville
Les Liaisons dangereuses
Le Mariage de Figaro
Libertin : (du latin libertinus : affranchi) : alors qu'au XVIIe siècle, le libertin était plutôt un libre penseur sceptique et méfiant à l'égard de tous les dogmes, au XVIIIe siècle, le mot désigne davantage un personnage aux moeurs dissolues, affranchi de toute contrainte morale ou sociale.
POTELET
1757 Diderot Le Fils naturel
1761-82 J.-J. Rousseau
La Nouvelle Héloïse, Les Rêveries du promeneur solitaire, Confessions
Le Poète malheureux
Le Diable amoureux
La Vie de mon père, Les Nuits de Paris Les Jardins
1772 Gilbert
1772 Cazotte
1779-94 Restif de la Bretonne
1782 Delille
1787 Bernardin de St-PierrePaul et Virginie
À partir des années 1770, l'auteur qui vend son manuscrit garde un droit sur les réimpressions et on lui reconnaît la propriété de son oeuvre. C'est le début du vedettariat littéraire. Celui qui a du succès peut vivre, et bien, de sa plume.
La société apparaît comme fondamentalement opposée à la morale, à la nature, à la bonté primordiale de l'homme ; aussi les auteurs seront-ils plus révolutionnaires que la philosophie libérale. La religiosité côtoie la volonté de réforme sociale. Succès de l'occultisme et du mysticisme.
L'esthétique du Sublime repose sur le dépassement dans l'émotion artistique des normes communes. La notion de Génie, désormais appliquée à l'écrivain créateur et liée aux notions de nature et d'enthousiasme, privilégie l'improvisation sous la dictée des passions plutôt que la composition réfléchie. En rapport avec la traduction d'oeuvres anglaises, ce sont les thèmes (jardins, clairs de lune,...) qui évoluent plus que la forme qui reste néoclassique.
L'autobiographie avouée ou voilée donne naissance à un style nouveau. La description des paysages recherche le pittoresque et l'exotique sous l'influence des récits de voyage. Les techniques de la description sont mises au point ainsi qu'une sorte de répertoire des paysages types, associés à certaines émotions.
Le XIXe siècle Tendances générales :
À partir de la Révolution de 1789, un siècle durant, des bouleversements profonds, générateurs de crises, de révolutions et de coups d'État (1789, 1848, 1851, 1871), remodèlent la société : fin des privilèges d'Ancien Régime, accession de la bourgeoisie au pouvoir, naissance du prolétariat ouvrier. Ils transforment les pratiques politiques et l'économie. Les modifications sociales suscitent des modifications idéologiques : la domination de la noblesse est remplacée par celle des notables, l'idéologie aristocratique n'est plus qu'une nostalgie, remplacée par une idéologie bourgeoise fondée sur la croyance au progrès, au profit, à la morale.
Extension massive de l'instruction
Le XIXe siècle est le temps de l'alphabétisation généralisée des Français (création des lycées par l'Empire, réglementation scolaires de 1833 et 1849, loi Jules Ferry de 1883 qui institue l'École primaire, laïque, gratuite et obligatoire).
L'éducation dispensée dans les lycées privilégie l'enseignement littéraire ; mais le XIXe voit une expansion générale de la notion même de sciences. Toutes les disciplines progressent et chaque branche du savoir tend à se constituer en une science autonome. Une connaissance de type encyclopédique n'est plus possible pour un individu. Le développement des sciences exactes influe sur la pensée philosophique, où les systèmes matérialistes et scientifiques se renforcent.
Nouveau public, nouveaux moyens de diffusion
L'institution littéraire va s'adapter dans une société nouvelle à un public grandissant alors qu'elle s'est écrite, jusque-là, dans et pour un milieu de privilégiés. Ce nouveau public, néanmoins, n'est pas sans culture, mais n'a ni les loisirs, ni les moyens financiers, ni la formation poussée qui permettent un accès direct à la culture savante.
Ses besoins seront comblés par une diffusion massive, notamment de romans de grande série, et par la presse qui devient un moyen culturel incomparable. Son emprise sur le public peut se voir, par exemple, au fait que les penseurs ou hommes politiques issus du journalisme sont de plus en plus nombreux au cours du siècle.
En 1835, Émile de Girardin crée La Presse, premier journal à grande diffusion à un prix très modeste ; il y fait une part à la littérature avec le roman-feuilleton. C'est par le journal que des romanciers aussi variés et aussi prestigieux que Balzac, Dumas, Sue ou Flaubert diffusent nombre de leurs œuvres. À partir de 1870 les innovations techniques permettent un tirage massif (300.000 ex.), les revues et les magazines se multiplient en direction de publics spécifiques.
Après avoir favorisé le roman réaliste, le journal pousse à une séparation des fonctions : l'information sur le monde devient le fait proprement journalistique, tandis que la partie littéraire du journal donne dans la fiction d'évasion et l'idéalisation stéréotypée. L'authentique création littéraire n'y a alors plus sa place.
Un nouveau statut pour l'écrivain.
Avec l'Ancien Régime disparaît le mécénat : en conquérant la reconnaissance des droits d'auteur et la possibilité de vivre de leur plume, les écrivains ne sont plus contraints de confondre leur pensée et les aspirations de la classe dominante. Mais ils tombent alors dans la nécessité de traduire les aspirations collectives, ou de se rattacher à un public particulier, et se soumettent par là aux lois du
marché commercial qui les cote comme des valeurs en bourse. Ce système consacre le triomphe du roman, et pousse à la marginalisation les poètes les moins adaptables.
La place des écrivains dans la société est néanmoins loin d'être négligeable : qu'ils soient considérés comme des faiseurs d'opinion, des leaders politiques (Lamartine), voire des symboles vivants comme Hugo, une collectivité se reconnaît en eux. L'école d'ailleurs contribue à forger dans les mentalités l'image de l'« écrivain grand homme ».
Une époque difficile à vivre.
La situation des écrivains et des artistes est cependant paradoxale : ils sont admirés, mais en même temps tenus pour suspects par une bourgeoisie qui recherche d'abord le divertissement et l'ordre moral. Ainsi, lorsqu'ils prennent la défense d'idéaux politiques ou humanitaires, les auteurs constatent le clivage entre leurs aspirations et la réalité observée, leur désir d'action efficace et l'impuissance à laquelle ils sont réduits, la générosité individuelle et l'égoïsme des classes au pouvoir. Cette contradiction est violemment ressentie par ceux qui refusent de se conformer à l'idéologie bourgeoise établie, et leurs œuvres s'imprègnent de pessimisme. Ils ont le sentiment d'être incompris, se sentent isolés, et tendent à former entre eux un milieu clos. Ils privilégient l'expression de leur angoisse devant la vie, ce qui constitue un lien profond entre des mouvements divers et complexes, que leurs principes esthétiques semblent séparer.
Ce mal de vivre ou mal du siècle, en germe dans le rousseauisme, trouve sa pleine expansion chez les Romantiques (Musset, Nerval), se prolonge avec le spleen de Baudelaire et, à la fin du siècle, dans les attitudes décadentes ou symbolistes. Même les récits réalistes en portent l'empreinte.
Ainsi le XIXe siècle est marqué par des contradictions qui s'affrontent parfois dans la conscience d'un même individu. On y a le sentiment de vivre une époque de bouleversements sociaux, riche d'espoir en un progrès collectif (technique, économique, politique...). Mais les déceptions et l'ennui devant la platitude de la réalité quotidienne poussent les artistes et une partie du public à se tourner vers le passé historique ou individuel, l'idéal, la religion ou les tréfonds du psychisme. Cette quête des valeurs où l'individualité puisse trouver son épanouissement et ces inquiétudes sont perceptibles tout au long du siècle et se feront encore sentir au XXe.
Goût pour l'antique et genèse du Romantisme (1780-1820)
La Révolution qui éclate en 1789 après dix ans de crise économique et politique est largement liée du point de vue idéologique au mouvement philosophique et à un versant du Rousseauisme (instinct guidé par la raison, vertu, déisme, bonheur, justice), qui trouve son aboutissement dans La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Tout en affirmant le succès des vues et aspirations de la bourgeoisie, elle porte à son apogée une expression artistique nommée de nos jours néo- classicisme. L'art est alors marqué par le goût du beau à l'antique, et la recherche d'une plus grande mesure et d'une simplification tant dans la peinture et l'architecture que dans le costume féminin. La
Mal du siècle : toute une génération, déçue dans ses rêves de grandeur après la chute de l'Empire, se reconnaît dans le René de Chateaubriand. Le mal de René deviendra le mal du siècle. L'âme, avide d'infini, assoiffée d'absolu, souffre des limites que lui impose la destinée terrestre. Le coeur est empli de passions violentes que rien sur cette terre ne saurait combler. C'est le « vague des passions », tel que le décrit Chateaubriand : « L'imagination est riche, abondante et merveilleuse, l'existence pauvre, sèche, désenchantée. On habite avec un coeur plein un monde vide. » L'humeur est sombre et cultive volontiers la mélancolie. POTELET
1793 Condorcet
1802-1809 Chateaubriand
1807 Mme de Staël 1810 Mme de Staël 1816 B. Constant
Tableau historique des progrès de l'esprit humain
Le Génie du Christianisme, René, Les Martyrs, Atala, Mémoires d'Outre-Tombe
Corinne
De l'Allemagne
Adolphe
Grèce et Rome sont à la mode, mais on veut affirmer, à travers ces formes du passé, des valeurs très modernes dont on croit trouver l'origine dans l'Antiquité : simplicité, héroïsme, État, grandeur, Patrie. La littérature elle-même est peu créatrice : André Chénier, guillotiné en 1794, est le seul poète illustre de cette période. Mais les discours des grands orateurs de la Révolution (Desmoulins, Danton, Robespierre, Saint-Just), nourris de rhétorique et d'histoire romaine, sont une forme où le didactisme politique retrouve violence et passion. Parallèlement naissent des journaux plus passionnés encore, et plus populaires comme L'Ami du Peuple de Marat ou Le Père Duchesne de Hébert.
L'Empire (1804-1815) hérite du mouvement néo-classique où il trouve un appui et les guerres napoléoniennes le répandent en Europe avec les idées libérales du XVIIIe.
Le néo-classicisme s'est allié temporairement à ce qui était, en fait, la nouveauté radicale de la fin du XVIIIe : l'esthétique du sublime héritée de Diderot, et l'autre versant du rousseauisme : le sentiment, l'inquiétude, l'étude du Moi. L'influence allemande (Sturm und Drang : Goethe, Schiller) et anglaise, puis le retour en force du catholicisme sous l'Empire, enfin une réaction violente contre tout ce qui rappelle la Révolution, vont aider à cultiver et à transformer en esthétique la violence, le « vague des passions », le surnaturel. Avant le triomphe du Romantisme, diverses recherches en ce sens apparaissent.
* La littérature s'imprègne de violence (Sade), de mélodrame souvent adapté de romans, en particulier du Roman Noir (Lewis, Mary Shelley).
* Le retour aux valeurs nationales et religieuses se traduit par la redécouverte des littératures nationales anciennes surtout celtiques et des mythologies. Par elles s'amorce aussi un retour à l'épopée et un engouement pour toutes les sources nordiques. De nombreuses formes de religiosité se développent assorties quelquefois de mystère et de mysticisme (Swedenborg).
* Une réflexion sur les forces historiques met en valeur l'étude des groupes humains (Volney, Condorcet, Bonald, de Maistre).
* L'expression du mal de vivre est particulièrement nette chez Senancour, Mme de Staël, B. Constant et Chateaubriand.
Le mouvement romantique (1820-1850)
Le mot « Romantisme » indique une conception de la vie digne du roman, faisant de l'homme un héros dont la sensibilité règne sur le monde. Trait important des mentalités à cette époque, affectant toutes les formes de l'expression artistique, il affirme la primauté de l'émotion sur l'intellectualité, et la profonde poésie de la vie. Il porte son attention sur l'individu (le Moi), recherche le dépaysement spatial (goût pour l'exotisme), temporel (goût pour l'histoire), social (intérêt pour le peuple, que ces auteurs connaissent mal d'ailleurs et mythifient souvent), religieux (goût pour le mysticisme, pour le sacré qui offrent une alternative à la médiocrité sociale).
Romantisme : mouvement littéraire et artistique qui s'est étendu à toute l'Europe à partir de la fin du XVIIIe siècle. Il atteint son apogée en France dans les années 1810-1835 et se caractérise par l'apparition d'une sensibilité nouvelle, favorisée après 1815 par le déséquilibre que la chute de l'Empire provoqua dans l'âme de la jeunesse. Les consciences désenchantées ont le sentiment de ne pas avoir leur place en ce monde : tantôt, se complaisant dans la tristesse, le rêve ou la solitude, elles épanchent leur mélancolie ; tantôt, animées par l'énergie de la révolte ou de l'ambition, elles s'engagent dans l'action. Cet état de sensibilité s'accompagne d'un profond renouvellement des formes littéraires. Le Romantisme se dégage des contraintes imposées par l'esthétique classique : au théâtre, suppression de la règle des unités, libération du langage, mélange des genres ; en poésie, explosion du lyrisme* ; quant au roman, il devient le cadre de l'expression personnelle et un instrument d'exploration du monde extérieur. Le Romantisme s'épuise au milieu du siècle : le triomphe de l'esprit bourgeois (sens des réalités concrètes, importance donnée à l'argent) apporte aux débordements lyriques de sévères limites. Les nouvelles générations littéraires sont en effet
« positives », privilégiant le réalisme et le naturalisme. POTELET
Lyrisme : à l'origine, forme de poésie destinée à être chantée avec accompagnement de la lyre. Par la suite, est appelée lyrique toute poésie qui exprime l'émotion et les sentiments de l'écrivain : joies ou déceptions amoureuses, nostalgie du souvenir et d'un passé trop vite enfui, beauté apaisante de la nature dans laquelle on se réfugie, douleur d'avoir perdu un être cher, méditation sur le destin de l'homme, élan religieux, expression d'un engagement politique. POTELET
1820 A. de Lamartine 1822 V.Hugo
A. de Vigny 1822-44 Ch. Nodier
1830 V. Hugo
1831 V. Hugo
1833-46 Michelet 1835 A. de Musset
A. de Vigny 1851 G. de Nerval 1854 G. de Nerval
1856 V.Hugo 1859-83 V.Hugo 1862 V.Hugo
Méditations poétiques Odes
Poèmes
Contes
Hernani
Notre-Dame de Paris Histoire de France
Nuits, Lorenzaccio Chatterton
Voyage en Orient
Les Filles du Feu, Aurélia Les Contemplations
La Légende des siècles Les Misérables
Le Romantisme est un mouvement de jeunes gens qui, sauf exception, n'ont pas connu l'Ancien Régime. Certains vivent de leur plume, d'autres sont fonctionnaires. Le Romantisme tient ses propres salons autour de ses chefs (Nodier, Hugo).
Hugo obtient une audience populaire et durable, c'est une exception.
Au libéralisme de la Monarchie de Juillet, les Romantiques opposent la légitimité du peuple et glissent vers la gauche : idéalistes humanitaires et populaires, ils sont sensibles au malaise social et aux révolutions européennes. L'échec de la Révolution de 1848 signifie la fin de ces espérances. Lamartine et Hugo sont les seuls à s'être engagés énergiquement dans la politique.
Influencés par les auteurs allemands (Novalis, Hoffmann, Schiller) et anglais (Byron, Shelley), les Romantiques se font une idée très haute de l'art et du génie. Le « je » des textes est de plus en plus souvent autobiographique. De plus en plus d'auteurs refusent les règles, les formes et les convenances classiques et désirent transposer dans l'art ce qui est dans la nature même : le laid, l'horrible. Le vocabulaire s'élargit, les jeux de sonorités prennent de l'importance en poésie. La sensibilité fonde une esthétique (Delacroix, Berlioz, Chopin, Lizt).
Les formes littéraires majeures sont le théâtre où les pièces romantiques côtoient les classiques, et la poésie. La littérature fantastique éclôt.
Le Romantisme, quatre tendances
* Les utopies sociales.
La pensée politique développe un socialisme utopique qui prône le progrès et la rénovation de l'humanité (Saint-Simon, Fourier, Proudhon). Assez proche, le catholicisme social (Lamennais).
* Le Romantisme noir ou gothique
Répertoire de situations violentes et stéréotypées. Dans ces œuvres souvent brèves, la morbidité et l'inquiétude sont exacerbées. Tous les auteurs cèdent à sa fascination (Hugo, Balzac, Gautier). Citons plus particulièrement Ch. Nodier et Aloysius Bertrand, dont le Gaspard de la nuit (1842) ouvre la voie au poème en prose.
* Le roman historique
Les romanciers empruntent au cadre historique contemporain ou passé. Le succès de l'écossais Walter Scott sera continué en France par Alexandre Dumas avec Les Trois Mousquetaires (1844).
* Le roman-feuilleton
Ce sont les romans qui ont le plus de succès, ils construisent un univers manichéen où le lecteur se retrouve facilement malgré des intrigues foisonnantes : méchants bruns, beaux et cruels, aussi solitaires que leurs ennemis, sauveurs magnanimes et charitables, héroïnes blondes et pures. Sous ces signes simples, le message est véhément et les sujets abordés graves : villes pourries par la misère sociale qui engendre le crime, abandon moral et matériel où se débattent l'enfance et la vieillesse, brutalité des moeurs, asservissement de la femme. Le roman-feuilleton propose des remèdes : charité, justice, amour, révolution sociale, voire socialisme, en se montrant confiant dans la solidarité et le progrès.
Réalismes et Naturalisme (1830-1900)
Par le roman, le XIXe siècle tente une description encyclopédique du réel. Lier écriture et réalité montre l'importance nouvelle accordée aux forces matérielles : leur analyse paraît essentielle pour atteindre la vérité psychologique et comprendre l'être social. Désormais les fictions ont des cadres spatiaux et temporels proches de ceux du lecteur (ou historiquement exacts) et se déroulent dans tous les milieux sociaux. Ces auteurs estiment qu'aucune exclusion esthétique ou morale ne doit empêcher de traiter un sujet vrai. L'école naturaliste, après 1870, ne fera qu'ajouter des visées scientifiques à ces principes, et affirmer sa croyance en une littérature capable d'apporter une connaissance positive du réel.
1842 E. Sue
1844 P. Féval
1859 Ponson du Terrail
Les Mystères de Paris Les Mystères de Londres Rocambole
1830 Stendhal
1834 H. de Balzac
1842 H. de Balzac
1857 G. Flaubert
1865 E. & J. de Goncourt 1869 G. Flaubert 1871-93 E. Zola
1873 A. Daudet
1880-90 G. de Maupassant 1881 J. Vallès
1894 J. Renard
1900 O. Mirbeau
Le Rouge et le Noir
Le Père Goriot
La Comédie humaine Madame Bovary Germinie Lacerteux L'Éducation sentimentale Les Rougon-Macquart Contes du Lundi
contes, nouvelles et romans (Une Vie) L'Enfant
Poil de Carotte
Le Journal d'une femme de chambre
Positivisme : courant de pensée dominé par la personnalité d'Auguste Comte selon lequel la seule connaissance possible est fondée sur l'expérience et l'étude des faits. Le positivisme a exercé une importante influence dans la seconde moitié du XIXe siècle, à la fois dans le roman (réalisme et naturalisme) et la poésie (Parnasse).
Réalisme : à partir du Second Empire (1852), certains écrivains (notamment Flaubert et Maupassant), par réaction contre le Romantisme, fondent leur esthétique sur une observation et une représentation minutieuse de la réalité. Le Réalisme se caractérise par la recherche des histoires vraies, par une approche juste et précise des personnages et du milieu social, enfin par une écriture impersonnelle et objective.
Naturalisme : mouvement littéraire de la fin du XIXe siècle dominé par la personnalité d'Émile Zola
qui se propose d'appliquer à la littérature une méthode d'expérimentation scientifique. Le romancier naturaliste est convaincu que les comportements humains, les traits de caractère, les sentiments sont conditionnés par l'hérédité, le milieu social et l'état physiologique du corps. Il prétend laisser agir ses personnages, selon des lois mécaniques : ainsi, telle passion, agissant dans tel milieu et dans telles circonstances, produira tel effet.
POTELET
Les auteurs bourgeois vivent maintenant de leur plume. Le mouvement réaliste supplante progressivement le romantisme dans la fabrication d'auteurs vedettes ou de points de référence pour la conscience politique (Affaire Dreyfus).
Le livre est de plus en plus une marchandise, le roman est celle qui se diffuse le plus, faisant le succès de grandes maisons d'édition (Hachette, Larousse).
Comme les romantiques, certains réalistes évoluent vers le progressisme. Faut-il parler de la misère et de ses causes ? Évoquer tous les aspects des moeurs, même ce qui choque les convenances ? Quel jugement exprimer ? Le choix des sujets sert à soutenir une thèse et souvent à accuser les structures sociales au nom des opprimés ou de l'individu. Les auteurs sont fascinés par les forces de progrès (capitalisme : Balzac, Zola) et par la décomposition des classes dirigeantes dont ils dénoncent l'égoïsme et l'hypocrisie (Flaubert, Maupassant). Soucieux au départ de représenter objectivement le réel, ils veulent ensuite, sous l'influence des doctrines économiques et politiques, mettre au jour les mécanismes sociaux et les rapports de classe. Les écrivains des années 1830 associent le réalisme du cadre au romantisme des caractères (Stendhal, Balzac). Pour l'écrivain naturaliste, les passions humaines et les moeurs sont déterminées par le milieu social et l'hérédité, et leur description minutieuse est une contribution à l'analyse scientifique.
Idéologie bourgeoise et sécession des artistes (1850-80)
L'échec de la Révolution de 1848, puis le coup d'État de Napoléon III (1851) mettent fin au rêve romantique de transformer la société en une République généreuse, plus égalitaire, guidée par ses intellectuels.
L'idéologie bourgeoise reprend volontiers des thèmes du XVIIIe siècle libéral, ceux de Voltaire surtout : confiance dans le progrès, liberté de pensée, anticléricalisme. Elle s'exprime dans la philosophie positive (Auguste Comte, Renan et Taine). Son rationalisme très modéré prône comme valeurs la science, l'esprit, le bon sens, mais en les associant à un souci d'ordre moral et social qui fait accepter l'Église, cette force de tradition, et refuser toute évolution dès qu'il s'agit de questions sociales. Les critiques littéraires font l'histoire de la littérature en évaluant les « grands classiques » (Nisard, Sainte-Beuve). Une grande partie de la production s'oriente vers un réalisme de bon ton (A. Dumas fils). Le divertissement brillant (Offenbach, Labiche) côtoie une littérature de large consommation. Le « succès du siècle » c'est Le Maître des Forges (1882) de Georges Ohnet (250 éditions).
L'isolement des artistes s'accentue face à l'uniformisation triomphante que l'École contribue à ancrer dans les consciences. Contre le conformisme, contre l'engagement politique et même le réalisme qui soumet l'art au social, l'Art pour l'Art défend l'idée d'une aristocratie de l'esprit : on n'écrit plus que pour ses égaux, le groupe producteur devient son propre consommateur privilégié. L'artiste se replie sur son milieu et sa solitude et refuse une place dans un monde jugé répugnant. On affirme la valeur des techniques d'écriture contraignantes ; l'auteur est créateur non par son inspiration, mais par son art d'utilisation du langage, qui crée alors un objet autonome original. C'est, dans l'art littéraire, une révolution. Le monde artiste glisse alors progressivement vers la marginalité. Le premier volume du Parnasse contemporain (1866) rassemble notamment des poèmes de T. Gautier, Banville, Leconte de Lisle, Coppée, Sully-Prudhomme, Baudelaire, Verlaine et Mallarmé. Cette école (les Parnassiens) finira par constituer à son tour une forme de l'art officiel.
Parnasse : au milieu du siècle, se constitue autour de Leconte de Lisle un groupe de poètes dits « parnassiens », unis par le besoin de réagir contre les épanchements romantiques, qu'ils considèrent excessifs. Ils prônent une poésie descriptive, aux lignes pures, à la plastique impeccable et dont la seule raison d'être est la beauté (théorie de l'art pour l'art). POTELET
D'autres œuvres, en revanche, mettent en jeu une esthétique neuve, explorent l'imaginaire et proposent des visions du monde irrecevables par l'idéologie officielle ; ces poètes maudits dont certains passent alors inaperçus, ont surtout un succès de scandale, mais ils créent les moyens d'une mutation radicale de la poésie.
CH. BAUDELAIRE, dont le recueil Les Fleurs du Mal (1857) est condamné pour immoralité, fait de la poésie une quête de soi, par les correspondances qu'elle dévoile entre le monde sensible et des vérités cachées. Dandysme, sensualité, angoisse du mal se retrouvent aussi dans ses Petits poèmes en prose (1865).
P. VERLAINE Poèmes Saturniens (1866), Sagesse (1880), Jadis et Naguère (1884) donne au langage poétique une musicalité neuve : recherches approfondies qui tentent à la fois de traduire et de compenser une conscience amère de la fragilité du moi et du monde.
A. RIMBAUD Une saison en enfer (1873), Illuminations (1872-73) progresse vers la connaissance des pouvoirs cachés du langage, mais rompt très jeune avec la pratique de la poésie.
LAUTRÉAMONT Les Chants du Maldoror (1868).
Des personnalités originales, quoique moins puissantes : Cros, Corbière, Nouveau visent des objectifs semblables. Cet état d'esprit affecte aussi des romanciers comme Flaubert, Maupassant ou Barbey d'Aurevilly qui affirment leur rupture avec la société du temps.
La crise des valeurs morales et littéraires (1870-1914)
Après la défaite de la Commune, la République est rétablie, mais elle est peu conforme aux espoirs de beaucoup de ceux qui l'attendaient ; il s'ensuit une crise des valeurs et un sentiment de décadence révélé par les remous de l'Affaire Dreyfus. L'idéologie bourgeoise ne se renouvelle plus, sinon par le colonialisme et le nationalisme.
L'écrivain et la société
Les écrivains sont mal à l'aise dans la société du temps. La contestation ou le compromis sont les deux voies possibles pour ceux qui mettent l'écriture au service de convictions politiques explicites, en se donnant la mission de décrire les luttes du monde social contemporain : naissance du mouvement ouvrier, de l'anarchisme, du socialisme (Jaurès).
Anatole France se montrera plutôt partisan du compromis. Même des auteurs plus réservés à l'égard des questions politiques affirment malgré tout le rôle de l'écrivain comme celui d'une conscience qui doit éclairer ses contemporains (R. Rolland, Ch. Péguy).
Positivisme et irrationalisme
Alors même que le positivisme donne ses productions les plus achevées, la contestation du positivisme est souvent l'œuvre de la science elle-même. Ruine du scientisme (Einstein, Freud, Bergson). On perd un peu de la confiance absolue que l'on avait pu placer dans la stabilité et la sûreté des découvertes scientifiques. On assiste alors à un mouvement général de retour au
1886 J. Vallès 1893 A. France 1897 M. Barrès 1900 Ch. Péguy 1915 R. Rolland
L'insurgé
Les Opinions de Jérôme Coignard Les Déracinés
Les Cahiers de la Quinzaine Au-dessus de la mêlée
catholicisme (Huysmans, Claudel, Péguy, Maritain). Les para-religions et le syncrétisme passionnent les milieux intellectuels. L'influence du roman russe (Tolstoï, Dostoïevsky), de la
pensée allemande (Nietzche) et du théâtre scandinave (Ibsen, Strindberg) renforce l'héritage romantique.
Les spéculations sur les pouvoirs du langage et des symboles comme révélateurs de vérités cachées inspirent une poésie de plus en plus difficile, comme celle des groupes appelés décadents puis symbolistes : Moréas, Corbière, Laforgue et surtout Mallarmé. Huysmans et Bloy passent du naturalisme au symbolisme. Cela marque dans les jeunes générations un désir de rompre avec une société trop rigide, c'est ce qu'expriment les premières œuvres de Gide qui devait avoir une grande influence plusieurs années plus tard. En Belgique le mouvement La Jeune Belgique en est proche (C. Lemonnier, G. Rodenbach, E. Verhaeren, Ch. Van Lerberghe, M. Elskamp, M. Maeterlinck).
Des formes nouvelles
Rejetant avec les valeurs bourgeoises tous les principes esthétiques du passé, des artistes élaborent des doctrines où l'art devient sa propre finalité (cf. l'Art pour l'Art). Ces auteurs considèrent que le langage artistique peut aussi permettre une nouvelle perception du monde. La découverte des arts non occidentaux montre qu'on peut inventer des structures et des formes autres que celles sur lesquelles a vécu l'Occident.
Ambiguïtés de la « Belle Époque »
Pour une large partie du public, les inquiétudes et recherches littéraires sont ignorées ou rejetées, de même d'ailleurs que les revendications politiques souvent violentes de l'anarchisme, du socialisme ou des mouvements syndicalistes. À l'aube du XXe siècle, la société bourgeoise vit sa « Belle Époque » et célèbre la gloire d'écrivains moralistes, garants de l'ordre (Bourget), savoure un théâtre de stéréotypes et de divertissement brillant (E. Rostand), et l'humour plus ou moins grinçant d'auteurs tenus pour des amuseurs (G. Feydeau, A. Allais, G. Courteline). Ce sont aussi les stéréotypes intimistes de P. Géraldy qui ont les faveurs du public (Toi et Moi, 1913), est vendu à un million d'exemplaires.
1883 Villiers de L'Isle-Adam
1884 C. Huysmans
1886 L. Bloy
1887 S. Mallarmé
1890 Villiers de L'Isle-Adam 1892 M. Maeterlinck
1895 A. Gide
Contes cruels
À Rebours
Le Désespéré Poésies complètes Axel
Pelléas et Mélisande
Les Nourritures terrestres
Symbolisme : pendant la seconde moitié du XIXe siècle, en réaction contre les descriptions parnassiennes qui dévoilent trop clairement le monde, se dessine à la suite de Baudelaire et autour de Verlaine, Rimbaud et Mallarmé, un idéal poétique célébrant le rêve, le mystère et le sens caché des choses : il ne s'agit plus pour le poète de décrire le réel, car nommer un objet, c'est l'appauvrir, mais de le suggérer au moyen du symbole qui établit des correspondances secrètes entre le visible et l'invisible. Ainsi, un paysage peut-il refléter un état d'âme (l'automne évoque la tristesse, la pluie, les larmes, etc.). Le poète symboliste cultive la musicalité pour mieux parler à l'âme et atteindre la sensibilité du lecteur. POTELET
1885 J. Laforgue 1893 E. Verhaeren 1896 A. Jarry
1913 B. Cendrars 1913 G. Apollinaire 1918 G. Apollinaire
Les complaintes
Les campagnes hallucinées Ubu Roi
La prose du Transsibérien Alcools
Calligrammes
Culture populaire (1830-1920)
À partir du XIXe siècle, le développement de l'urbanisme entraîne une littérature populaire qui s'adresse au public coupé de la civilisation rurale traditionnelle des petits-bourgeois et des ouvriers sachant lire, mais peu instruits.
* Jusque 1860, cette littérature comprend surtout la chanson (Béranger), elle supplante petit à petit la littérature de colportage traquée par la censure officielle.
* De 1860 à 1914, la multiplication des journaux permet d'atteindre plusieurs types de public. L'image devient une composante usuelle de la culture, la photographie devient plus familière. La littérature qui se développe est une littérature d'évasion (Delly ; G. Leroux et les Rouletabille ; M. Leblanc et les Arsène Lupin ; Allain & Souvestre, Fantômas)
Sous leur apparente frivolité, la culture et surtout la littérature sont choses politiques, la chanson, en particulier, se révèle efficace moyen de propagande (J.-B. Clément, le Temps des Cerises ; E. Pottier, L'Internationale (1871)...
On retrouve dans la littérature populaire les doctrines politiques en expansion : colonialisme (P. Loti) ; nationalisme (Erckmann-Châtrian, Déroulède). La littérature populaire reste donc destinée à adapter ses lecteurs à la culture dominante en leur délayant les modèles de l'idéologie bourgeoise en y ajoutant, par prudence, une forte dose de moralisme, de pathétisme, et encourage plus la docilité et le passéisme que la promotion sociale et le goût des revendications.
On retrouve ces préoccupations dans la littérature pour enfants qui encourage la docilité et la soumission (Comtesse de Ségur).
Celle qui est destinée aux adolescents (J. Verne, Cinq semaines en ballon [1865]) incite davantage à la découverte du monde, le voyage est son thème dominant et elle intègre volontiers des éléments de découvertes scientifiques récentes en se tournant soit vers la science-fiction, soit vers le passé lointain (Rosny, La Guerre du feu, 1911).
En voulant donner à tous la même instruction de base, l'école laïque, gratuite et obligatoire (loi J. Ferry de 1883) va effacer les spécificités locales et régionales. Les cultures locales vont régresser malgré des mouvements de résistance (Bretagne, Provence). Les cultures rurales traditionnelles seront remplacées par la lecture de la bonne presse : Veillée des Chaumières, Le Pèlerin.
Ce que vont apprendre des millions de Français, c'est par exemple, le plus célèbre des livres de classe : Le Tour de la France par deux enfants de Bruno (1877). Dans un tableau complet des provinces françaises, on célèbre le sentiment national, la famille, la terre et la pureté campagnarde, mais on approuve en même temps le progrès industriel, l'effort individuel, la hiérarchie et l'obéissance sociales.
Le XXe siècle
Données nouvelles de la littérature au XXe siècle
La Littérature du XXe siècle donne l'impression d'être abondante et inclassable. Cette complexité vient certes du nombre de livres édités, mais surtout des bouleversements historiques et sociologiques qui ont marqué le siècle et posé des questions auxquelles aucune réponse univoque n'a été donnée.
Modification des liens entre l'auteur et le public.
Le renouvellement est assuré par des groupes restreints, les « avant-gardes » coupées du grand public. Cela ne doit pas faire illusion, la plupart des auteurs continuent à écrire selon l'esthétique du roman réaliste du XIXe siècle.
On peut supposer que tous les Français sont un public potentiel, mais ce public n'est plus homogène : l'impression d'abondance que donne la littérature n'est donc que la multiplication du nombre des auteurs destinés à satisfaire les goûts de ce public diversifié, et non le symptôme d'une richesse d'invention. Ce qui s'accroît surtout, c'est une littérature de divertissement pour un public de culture moyenne, littérature dont l'importance sociologique est peut-être plus grande que les préoccupations esthétiques.
La littérature est de plus en plus un commerce. La pauvreté créatrice est souvent dissimulée par la fabrication d'« événements littéraires » : publicité, vedettariat, multiplication des Prix, exploitation rapide des succès, etc.
Culture et littérature en question
La notion de culture apparaît comme relative aux goûts et aux définitions de la classe dominante qui tend à en faire un dogme figé ; l'enseignement la propage comme une vérité immuable (tradition, inutilité, humanisme), alors que le monde social évolue et manifeste des goûts et des désirs différents. L'écrivain prend une conscience plus aiguë de son isolement et de sa compromission avec la société bourgeoise, il devra choisir une attitude :
• — écrire ce qui se vend ;
• — écrire pour écrire, réfléchir sur soi et sur l'acte d'écrire ;
• — écrire pour changer le monde : s'engager ;
• — contester la place et la fonction de la culture au profit d'une culture authentiquement
populaire.
La littérature, elle aussi, est l'objet d'une profonde interrogation pour plusieurs raisons :
1. Les novateurs qui influencent la littérature française sont étrangers (Kafka, Joyce, Faulkner, Brecht)
2. On réfléchit sur l'héritage littéraire, cela donne lieu à des relectures, des réécritures. Redécouvertes passionnantes qui font éclater les critères selon lesquels une oeuvre était dite
« bonne » ou « mauvaise », mais si amples que ce sont les normes et la définition même du littéraire qui sont remises en cause, et qui présentent le danger parfois de confondre les curiosités avec ce qui a vraiment une importance historique ou esthétique.
3. En marge de la littérature, « officielle » se développe une para-littérature (roman policier, bande dessinée...) et des moyens d'expression nouveaux (cinéma, radio, télévision, disques...)
Il est désormais matériellement impossible de citer tous les auteurs et il est très difficile de leur trouver assez de points communs justifiant qu'on les réunisse sans quelque arbitraire. La difficulté s'accroît d'ailleurs du fait que les historiens sont trop proches de ces phénomènes culturels et littéraires, pour en dégager avec certitude l'importance réelle.
Le goût pour la littérature (1914-1940)
La société française est bouleversée en profondeur par la guerre de 1914-18. Mais les tendances du XIXe siècle continuent à marquer un grand nombre d'oeuvres. Beaucoup d'écrivains en effet, ne sont séduits ni par les expériences d'avant-garde, ni par l'engagement politique explicite. Ils ne forment pas une école ou un mouvement précis, mais à travers la diversité de leurs attitudes, quelques préoccupations communes les unissent solidement. Tous tombent d'accord pour affirmer la grandeur de la création littéraire. Tous font aussi de la psychologie du sujet le centre de leur analyse. Cette célébration de la littérature et de l'individu est en fait une défense contre un sentiment de malaise, plus ou moins avoué, dans une société où la guerre et ses suites font naître des interrogations multiples. À partir des années '30, la plupart de ces écrivains devront opter pour une attitude socio-politique explicite, ou se cantonner dans un refus hautain de s'engager.
1913 Alain-Fournier 1913-27 M. Proust 1922 P. Valéry
1924 P. Claudel
1925 A. Gide
1927 F. Mauriac 1930 Colette 1930 J. Giono 1932-46 J. Romains
1934 M. Aymé
1935 J. Giraudoux
1936 G. Bernanos
H. De Montherlant
1938 J.-P. Sartre
1939 A. de Saint-Exupéry
1942 A. Camus
Le Grand Meaulnes
À la recherche du temps perdu Charmes
Le Soulier de satin
Les Faux-monnayeurs
Thérèse Desqueyroux
Sido
Regain
Les Hommes de bonne volonté Contes du Chat perché
La Guerre de Troie n'aura pas lieu Journal d'un curé de campagne La Reine Morte
La Nausée
Terre des hommes
L'Étranger
Deux grands éditeurs dominent le marché : Gallimard et Grasset. Plusieurs revues se créent notamment la Nouvelle Revue Française. Nombre d'écrivains, sans prendre explicitement de positions politiques, entendent dénoncer la médiocrité de la société et de la morale officielle. Certaines visions idéalistes du monde (J. Romains) et le recours aux « grandes valeurs » sont un antidote contre l'idéologie de la classe au pouvoir, mais aussi contre la poussée de la pensée révolutionnaire
Un classement : les écrivains de la guerre (Barbusse, Céline) ; l’écrivain du divertissement des années folles : J. Cocteau ; les écrivains de la critique sociale et morale : J. Romains, F. Mauriac, G. Bernanos ; les écrivains voués à la création littéraire : M. Jacob, J. Giono, Supervielle, R. Roussel, Alain-Fournier, Colette ; les écrivains voués à l'action : A. Malraux, A. de Saint-Exupéry.
Les poètes, héritiers de Rimbaud et de Mallarmé, pratiquent une poésie affranchie des conventions classiques (vers libres). Le roman prolifère. La biographie et l'essai sont plus fréquents. Dans le théâtre, le texte a plus d'importance que la mise en scène (P. Claudel, H. de Montherlant, J. Giraudoux). À citer, toutefois, parmi les metteurs en scène : Copeau, Dullin et Jouvet.
Le mouvement Dada et le Surréalisme (1916-1940)
De la Première Guerre mondiale naît un refus devant l'ancien monde, l'idéologie et la culture anciennes qui ont cautionné les massacres. Émergence du mouvement Dada (1916-20) puis du Surréalisme, qui partagent le goût d'expérimenter l'inconnu, de découvrir une manière d'écrire et surtout de vivre poétiques. Sur lui, rayonne et pèse la personnalité d'André Breton. Groupe fermé, volontiers sectaire, il a exploré avec passion les voies de la révolution, de l'amour, du rêve et de la poésie, pour bouleverser les modes de la pensée et de l'écriture, et fonder une nouvelle conception de l'homme.
1918 T. Tzara 1924 A. Breton 1926 L. Aragon
P. Eluard 1930 R. Desnos
1932 A. Artaud 1934 R. Char
Manifeste Dada Manifeste du Surréalisme Le Paysan de Paris Capitale de la douleur Corps et biens
Le Théâtre et son double Le Marteau sans maître
Les auteurs, issus de la bourgeoisie s'adresseront à un public d'artistes et d'intellectuels sensibles à leur désir révolutionnaire.
Ils pratiquent la relecture d'auteurs connus, inconnus, marginaux, sans exclure l'« infra-littérature ». Ils sont influencés par les penseurs socialistes du XIXe siècle et par la psychanalyse freudienne. Ils sont séduits par la Révolution Bolchevique (1917) et se situent à un carrefour entre socialisme utopique, socialisme marxiste et anarchisme. Ils s'opposent au fascisme et aux religions bourgeoises.
Ils contestent radicalement l'art et ses langages. Ainsi, la poésie sera considérée comme mode de connaissance du surréel, magie de l'Univers inaccessible par la seule raison. La peinture (Ernst, Dali, Magritte), la photo (Man Ray), le cinéma (Buñuel) se montreront très proches de ce courant.
Les techniques utilisées sont nouvelles : collage, écriture automatique, jeux de langage... Le mouvement affirme la primauté de l'image, produit de rencontres aussi imprévisibles que possible pour placer le lecteur ou le spectateur dans un état d'émerveillement et de découverte (Picasso, Magritte, Dali). Ces théories sont toutefois exprimées dans des textes très rationnels.
Dadaïsme : en 1916, un jeune poète roumain, Tristan Tzara, fonde un mouvement littéraire de type anarchiste qu'il baptise Dada. Ce mouvement qui vise à la destruction de toutes les valeurs et à la désagrégation du langage a largement préparé le terrain au Surréalisme.
Surréalisme : en 1924, se constitue autour d'André Breton et de ses amis un mouvement poétique qui s'étendra très vite à tous les arts. Son ambition est de libérer l'artiste de toutes les contraintes imposées par le goût et la raison. La poésie sera désormais une plongée dans l'inconscient dont elle transcrira les messages les plus insolites et les plus imagés en l'absence de tout contrôle et de toute préoccupation esthétique ou morale. Pour atteindre ce but, les Surréalistes ont pratiqué en particulier l'écriture automatique qui consiste à écrire spontanément tout ce qui se présente à l'esprit sans aucune intervention de la volonté. Les cadavres deviennent exquis, les revolvers ont des cheveux blancs. On atteint alors un monde surréel.
POTELET
Littérature et engagements politiques (1930-1960)
Les guerres accumulées (14-18, Guerre d'Espagne, 40-45, guerres coloniales), les marques de la crise mondiale de 1929, le Front Populaire, le développement des fascismes et du communisme, les profondes mutations sociologiques de la France après la Grande Guerre, tout cela semble interdire aux écrivains de rester neutres : certains jugeant qu'un message social généreux ne suffit plus, placent alors leur oeuvre dans la voie d'un engagement politique et d'une remise en cause des fonctions de la littérature.
Les voies en sont multiples : Dada et le Surréalisme sont un cas particulier ; d'autres s'engagent physiquement dans l'action, et deviennent militants des partis ; d'autres enfin produisent des œuvres où se mêlent littérature, philosophie et politique, pratiquant ainsi une « littérature engagée ».
1932 L.-F. Céline 1934 L. Aragon
1937 A. Malraux
1938 G. Bernanos
1943 Vercors
J. Anouilh
1947 A. Camus
1948 J.-P. Sartre
1951 A. Camus
Voyage au bout de la nuit
Hourra l'Oural
L'Espoir
Les grands cimetières sous la lune Le Silence de la mer
Antigone
La Peste
Les Mains sales L'Homme révolté
L'origine sociale compte désormais moins que l'appartenance politique. Le texte est mis au service d'une idéologie. Certains tentent de créer une « littérature prolétarienne » (C. Malva).
J. Vilar veut ouvrir le théâtre au public populaire (1951 : T. N. P.). Continuateur du théâtre de tradition, J. Anouilh développe le thème de la pureté juvénile se heurtant au néant et à la corruption.
Il s'agit de la dernière génération d'écrivains maîtres à penser. En écriture, réalisme et conception marxiste du style (R. Barthes) : la préoccupation esthétique est taxée de « bourgeoisie ». Succès de l'existentialisme
Le genre dominant est le roman à thèse (Sartre, Malraux).
Culture de masse (1918-1960)
La culture est désormais produite en masse et consommée par les masses, mais non créée par elles et elle ne vise pas à leur émancipation éthique ou politique.
De 1918 à 1940
L'accès à la culture se fait par la presse à grand tirage, le music-hall, le cinéma parlant (1928), la radio prennent de plus en plus d'importance au détriment de l'école et de la lecture. Quelques vedettes sont très populaires : Fernandel, Gabin, Piaf, Mistinguett, M. Chevalier, T. Rossi, Carné, Renoir.
Au théâtre du boulevard, on applaudit Sacha Guitry. La comédie de moeurs est illustrée par M. Pagnol maître de l'exotisme provincial. La bande dessinée américaine se répand à côté des productions européennes : Tintin, les Pieds Nickelés, Bibi Fricotin, Bécassine.
De 1940 à 1960
Les médias se développent de façon extraordinaire (disque microsillon) la culture s'américanise : jazz, comics, western, polars, espionnage, « Série Noire » (1945), A. Christie.
La production française est assurée par : Trenet, Mouloudji, Montand, Prévert, Brassens, Simenon. La presse du coeur se développe : roman-photo (Del Duca, Nous Deux). En BD où la censure est très active, Spirou (Franquin, Morris, Goscinny), Pif, Pilote...
Multiplication des courants littéraires (1945-1960)
La Guerre Froide et la menace atomique provoquent inquiétude et désillusion, redistribution des valeurs, production éclectique, peu renouvelée.
Engagement : à partir des années 1930, l'écrivain ne conçoit pas de rester indifférent aux événements de son temps ; il se doit de prendre des positions politiques ou idéologiques. Sartre met à l'honneur le terme, estimant qu'aucune écriture ne peut être innocente : l'écrivain « sait que les mots, comme dit Brice Parain, sont des pistolets chargés ». (Qu'est-ce que la littérature ?, 1947). Il ajoute que tout homme, qu'il le veuille ou non, se trouve engagé, car ne pas choisir est encore une manière de choisir. POTELET
1942 F. Ponge
1947 B. Vian
J. Genet
R. Queneau
1948 H. Bazin
J. Prévert
1949 S. de Beauvoir
1950 E. Ionesco
1953 S. Beckett 1957 M. Butor
A. Robbe-Grillet
Le parti-pris des choses L'écume des jours
Les Bonnes
Exercices de style Vipère au poing Paroles
Le deuxième sexe
La cantatrice chauve, le Roi se meurt En attendant Godot
La Modification
La Jalousie
Certaines innovations sont intégrées
• surréalisme (Prévert, Vian)
• engagement politique (Sartre, Malraux, De Gaulle, R.Vaillant)
• retour aux valeurs traditionnelles « Nouveau classicisme » (Gide, Bernanos, Aragon, Eluard,
Giono, Césaire, Senghor).
Né de la philosophie sartrienne, l'existentialisme joue dans l'immédiat après-guerre un rôle considérable dans le développement des lettres françaises. Novateur dans sa vision du monde, ce mouvement ne suscite pourtant pas de poétique originale. Il est, de plus, divers dans les options personnelles des auteurs qui y participent. Sympathies marxistes et engagement politique chez Jean- Paul Sartre, engagement plus modéré et humanisme moderne pour Albert Camus. Simone de Beauvoir ouvre la voie à une réflexion sur la recherche de l'identité et de la liberté féminine. Un peu en marge des affrontements d'idées entre existentialistes, marxistes et humanistes chrétiens, Boris Vian, superficiellement influencé par la pensée de Sartre et des éléments du surréalisme, résume l'état d'esprit d'une fraction de la jeunesse (Saint-Germain des Prés) ; en outre, il popularise en France la bande dessinée américaine, la science-fiction, le jazz.
Existentialisme : système philosophique qui trouve son origine chez le philosophe danois Kierkegaard (1813-1855) et le philosophe allemand Heidegger (1889-1976). En France, le terme prévaut dans les années 1945 et trouve une expression privilégiée dans les œuvres littéraires de Sartre et Camus. L'idée fondamentale de cette philosophie est que l'homme ne se définit que par la somme de ses actes et ne trouve son identité qu'à travers son existence. Aucune divinité ne donnera de sens à sa vie. Jeté dans un monde absurde, il découvre avec angoisse qu'il est responsable de ce qu'il fait ; il est « condamné à être libre » et à se choisir à tous les instants.
Absurde : sentiment que notre existence et la marche du monde n'ont pas de sens. Notion présente essentiellement dans la littérature des années 1940-1950.
POTELET
Une nouvelle réflexion sur l'écriture :
Nouveau Roman : Butor, Sarraute, Robbe-Grillet, C. Simon, M. Duras
Nouveau théâtre ou théâtre de l'absurde : S. Beckett, E. Ionesco, R. de Obaldia, J. Genet. Interrogation poétique : Ponge, Queneau, Michaux
Permanence du réalisme au sein d'une énorme production surtout romanesque dont il faut distinguer H. Bazin, B. Cendrars
Nouveau Roman : nouvelle forme de création romanesque qui prévaut dans les années 1950 et qui se caractérise par l'absence d'intrigue, le refus de tout support chronologique, la dissolution des personnages et la présence obsédante des objets. Le nouveau roman substitue à la notion de
« style » la notion d'« écriture », conçue comme la pure transcription du monde. Selon la formule de Ricardou, théoricien du nouveau roman, il est « l'aventure d'une écriture », plutôt que « l'écriture d'une aventure ». POTELET
Culture et littérature en question (1960-1985)
Le foisonnement extraordinaire de la littérature laisse apparaître des clivages :
• diffusion des auteurs classiques dans les filières presque exclusivement scolaires et universitaires ;
• avant-gardes ambitieuses lues par un public restreint d'intellectuels ;
• masse de la production littéraire pour classes moyennes produite selon les canons du XIXe
siècle (réalisme) ;
• paralittérature abondante, diverse et inégale, très fréquentée par les jeunes.
Entre les deux premières catégories qui se veulent Littérature et les deux dernières réellement consommées par le grand public, les liens sont presque nuls.
Place de la littérature
Les grandes idéologies laissent un vide, la poursuite d'idéaux généreux est souvent suivie de rudes désillusions.
Le public change, une classe d'adolescents adopte la culture anglo-saxonne, surtout musicale. L'enseignement des lettres et des sciences humaines a perdu une part de son prestige, celui des arts reste proche de zéro. Dans le monde, la langue française recule tandis que l'anglais, déformé, s'étend.
Le marché du livre constitue l'enjeu d'intérêts importants et les médias accentuent la transformation du livre en objet de consommation.
Subsistance des innovations d'après-guerre
R. Queneau (OULIPO) se consacre à la recherche poétique avec G. Pérec. Autres poètes : Guillevic, Cayrol, Norge
Les romanciers ont toujours la cote : Lanoux, Sabatier, B. Clavel, H. Troyat, R. Merle, M. Tournier, R. Gary, M. Yourcenar. La littérature de masse vit de l'exploitation systématique de procédés éculés (Delly, G. des Cars, S.A.S., Harlequin...)
Éléments d'évolution
Quelques auteurs utilisent les canaux populaires pour offrir :
• la chanson à texte : Brel, Barbara, Ferré
• les jeux de langage : B. Lapointe, R. Devos, F. Dard (San Antonio)
• des BD engagées : Brétecher, Comès...
La littérature s'ouvre aux problèmes du temps : C. Etcherelli, C. Rochefort, S. de Beauvoir, M. Duras, R. Barthes, G. Perrault.
Les sciences humaines fournissent quelques maîtres à penser (Lacan, Lévi-Strauss, Foucault, Baudrillard) tandis que la recherche se développe grâce aux apports du structuralisme, de la psychanalyse, de la sociologie, de la linguistique, de la sémiologie (R. Barthes, J. Kristeva, Revue Tel Quel).
Le théâtre connaît une intense activité (Mnouchkine, Chereau, Vitez, Planchon)
https://books-library.net/files/books-library.online-01171048Rk5S4.pdf
0 notes