Tumgik
#party cochon
Text
19 / 04 / 2023
đŸ‡šđŸ‡” FRANÇAIS / FRENCH đŸ‡šđŸ‡”
HISTOIRE FICTIVE PERSONNELLE Ă©crite en collaboration avec mon ami @tidodore2
- UNE HISTOIRE D'EURABIE -
LES VACANCES DU COUPLE ALGÉRIEN
PARTIE PAR submissivegayfrenchboy
Michel, gros Français blanc de 60 ans, vĂ©nĂ©re les Arabes depuis toujours. Mais personne n'a jamais voulu de lui, mĂȘme comme esclave. Maintenant que les vrais hommes forts en France sont des mĂąles arabes, les gros blancs moches comme lui ont enfin une utilitĂ©.
AprÚs avoir payé pour les vacances d'un couple de mùles arabes, Michel a été invité par eux pour leur servir de larbin. Riyad et Khader, les deux homos barbus et musclés, aiment parader dans les rues d'Alger avec leurs lourdes affaires portés par un vieux gros blanc.
Dans la piscine de l'hĂŽtel de luxe qu'il avait payĂ© avec sa maigre retraite, le gros blanc vit les deux mĂąles amoureux sortir leurs longs pieds de l'eau. Si appĂ©tissants. LĂ©cher des dĂ©licieux pieds arabes valait bien d'ĂȘtre un serviteur.
Michel servit deux boissons aux deux amoureux qui étaient occupés à s'embrasser en se caressant leurs sexy pectoraux musclés.
Lorsqu'ils virent le larbin, ils n'eurent qu'une réaction : lui designer leurs pieds afin qu'il se prosterne pour les leur lécher.
PARTIE PAR tidodore2
KHADER : "Ça c'est la vraie vie de roi que l'on mĂ©rite ! Être servi et vĂ©nĂ©rer comme des dieux ! N'est ce pas, chien de Français !?"
PARTIE PAR submissivegayfrenchboy
RIYAD : "Ouais chien de céfran, les boissons sont assez fraßches ! Maintenant rafraßchis nous en léchant nos pieds !"
MICHEL : "Oui Maitre Riyad, il n'y a rien de meilleur pour un garçon cefran qu'ĂȘtre le lĂ©cheur des pieds d'un beau couple arabe ! Merci, maĂźtres !"
Tumblr media
PARTIE PAR tidodore2
KHADER : "On t'as déjà dit de nous appeler "Seigneur Riyad" et "Seigneur Khader" quand on est au bled, sale soumis de cefran !!! Sort de la piscine à poil et exibe ta petite bite à tous les mùles alpha de l'hÎtel ! Puis tu te mettra à genoux devant nous en suppliant pour qu'on te pardonne et que tu puisses revenir nous lécher les pieds aux yeux de tous !"
PARTIE PAR submissivegayfrenchboy
Étonnamment, il n'Ă©tait pas interdit pour les hommes de se dĂ©nuder publiquement, car les bites arabes Ă©taient considĂ©rĂ©s comme dignes d'ĂȘtre admirĂ©s et les bites blanches Ă©taient divertissantes Ă  voir. Le gros Michel fit un tour sur lui-mĂȘme pour que les beaux clients arabes puissent rire de sa microbite. Les mĂąles arabes sucĂ©s par des petits garçons blancs ou petites filles blanches admiraient de loin le couple gay arabe humilier leur larbin blanc.
Le couple d'amoureux algĂ©riens aimait s'embrasser devant le malheureux esclave blanc, qui Ă©tait occupĂ© Ă  souffrir au soleil d'AlgĂ©rie Ă  porter les lourds sacs de shopping de ses maitres ou Ă  lĂ©cher leurs pieds oĂč qu'ils soient. Devoir lĂ©cher les longs pieds de mĂąles algĂ©riens homosexuels et plus jeunes que lui Ă©tait humiliant pour le vieil homme gros, et mĂȘme des français blancs se moquaient de lui lorsqu'ils le voyaient.
En Algérie, des petits garçons blancs étaient traßnés en laisse par des hommes Arabes dont ils étaient les propriétés, mais Khader et Riyad préféraient avoir un vieil homme gros, afin que le contraste soit plus fort, mais de maniÚre inversé.
Leur musculature rappelait Ă  Michel sa faiblesse, son gros ventre lui valait d'ĂȘtre considĂ©rĂ© comme leur cochon de compagnie et il arrivait aux amoureux de poser leurs longs pieds sur le ventre moelleux de Michel. Plus petit qu'eux alors que plus ĂągĂ©, il s'effondrait sous le poids des sacs qu'il avait Ă  porter. Les deux grands AlgĂ©riens d'une trentaine d'annĂ©es aimaient se promener main dans la main, l'un des deux tenant dans l'autre main la laisse reliĂ© au collier de leur soumis.
Et bien sĂ»r, il ne se passait pas une soirĂ©e, qu'ils soient Ă  table en traĂźner de dĂźner, dans le salon Ă  regarder la tĂ©lĂ© dans les bras l'un de l'autre, ou au lit Ă  s'embrasser et faire l'amour, oĂč Riyad et Khader ne se faisaient pas lĂ©cher les pieds.
MĂȘme s'il Ă©tait humiliĂ© le gros français blanc aimait chaque seconde passĂ© Ă  lĂ©cher des pieds et prendre des coups de ces amoureux sublimes.
FIN DE L'HISTOIRE
đŸč🍾đŸč🍾đŸč🍾đŸč🍾đŸč🍾đŸč🍾đŸč🍾đŸč🍾
+++++++++++++++++++++++++++++++++++
đŸ‡șđŸ‡Č🇬🇧 ENGLISH / ANGLAIS 🇬🇧đŸ‡șđŸ‡Č
PERSONAL FICTIONAL STORY written in collaboration with my friend @tidodore2
- AN EURABIA STORY -
THE ALGERIAN GAY COUPLE'S VACATIONS
PART BY submissivegayfrenchboy
Michel, a fat 60-year-old white Frenchman, has always revered Arabs. But no one ever wanted him, even as a slave. Now that the real strong men in France are Arab males, fat, ugly white men like him finally have a use.
After paying for the holidays of a couple of Arab males, Michel was invited by them to serve as their servant. Riyad and Khader, the two bearded and muscular homosexuals, like to parade in the streets of Algiers with their heavy belongings carried by a fat old white man.
In the swimming pool of the luxury hotel that he had paid for with his meager pension, the big white man saw the two males in love taking their long feet out of the water. So appetizing. Licking delicious Arab feet was well worth being a servant.
He served two drinks to the two lovers who were busy kissing while stroking their sexy muscular pecs.
When they saw the lackey, they had only one reaction: to designate their feet to him so that he bows down to lick them.
PART BY tidodore2
KHADER: "That's the real king's life that we deserve! To be served and worshiped like gods! Isn't it, French dog!?"
PART BY submissivegayfrenchboy
RIYAD : "Yeah French dog, the drinks are cool enough ! Now refresh us by licking our feet!"
MICHEL: "Yes Master Riyad, there is nothing better for a Cefran boy than to be the licker of the feet of a beautiful Arab couple! Thank you, masters!"
Tumblr media
PART BY tidodore2
KHADER: "We've already told you to call us "Lord Riyad" and "Lord Khader" when we're in town, filthy cefran submissive!!! Get out of the swimming pool naked and show off your little cock to all the alpha males in the world hotel! Then you'll kneel down in front of us, begging us to forgive you and come back and lick our feet for all to see!"
PART BY submissivegayfrenchboy
Surprisingly, it was not forbidden for men to publicly strip naked, as Arab cocks were considered worthy of admiration and white cocks were entertaining to behold. Fat Michel turned around so that the handsome Arab customers could laugh at his microbite. Arab males sucked by small white boys or small white girls admired from afar the Arab gay couple humiliating their old white slave.
The loving Algerian couple loved to kiss in front of the unfortunate white slave, who was busy suffering in the Algerian sun carrying his masters' heavy shopping bags or licking their feet wherever they were. Having to lick the long feet of gay, younger Algerian males was humiliating for the fat old man, and even white French people laughed at him when they saw him.
In Algeria, little white boys were dragged on a leash by Arab men whose property they were, but Khader and Riyad preferred to have a fat old man, so that the contrast was stronger, but inverted.
Their muscles reminded Michel of his weakness, his big belly earned him to be considered their pet pig and it happened that lovers put their long feet on Michel's soft belly. Smaller than them while older, he collapsed under the weight of the bags he had to carry. The two tall Algerians in their thirties liked to walk hand in hand, one of them holding in the other hand the leash attached to the collar of their submissive.
And of course, not a single evening was going on, whether they were at the table hanging out over dinner, in the living room watching TV in each other's arms, or in bed kissing and making out. love, where Riyad and Khader didn't get their feet licked.
Even though he was humiliated, the fat white Frenchman loved every second spent licking feet and taking kicks from these sublime lovers.
END OF THE STORY
🍾đŸč🍾đŸč🍾đŸč🍾đŸč🍾đŸč🍾đŸč🍾đŸč🍾đŸč
===============================
@feeterotica @mehdi-maitre-algerien @arabmanrebeu @arabmature @torinya @delicateaestheticwritingmug @innerpiratefun @feetmakesmehard @alphacouplesslave @alphamalesuperiority @awesomecrowdcontrol1 @arabmenfan @arabmenarethebest @muslimfeet @muslimworship @cefrankahba @pigeon-strasbourg @soumispourdomi @bat-woodfeet-us @fartfagoutlet @leftprogrammingroadtripdean @smells2205 @fartsandotherstink2 @footsockboy @whiteslavetoblack @algerianculture @eurabiansub2 @eurabiafuture2023 @maitrerebeu @maitresrebeux @arabslavemasters @gayhopefullove @lovefanfiction01
35 notes · View notes
francaistoutsimplement · 3 months
Text
L’effondrement sous la complexitĂ©. La preuve par les agriculteurs ». L’édito de Charles SANNAT
Ce que je voulais partager avec vous c’est la cause de la colùre.
Une colùre normative. Une colùre administrative. Cette colùre, c’est celle de tous ceux, qui, dans leur vie, veulent faire quelque chose.
Quoi que vous vouliez faire, ce pays est devenu un enfer sur terre.
Il faut des permis, des autorisations, des dossiers, des validations, des formulaires, des accords, des refus, des dispenses, des dĂ©rogations aux obligations intenables et des temps interminables Ă  remplir des documents pour satisfaire l’appĂ©tit insatiable d’une administration devenue totalement folle et hors de contrĂŽle. Nos technocrates, de Paris Ă  Bruxelles, de Berlin Ă  Madrid, ont crĂ©Ă© un monde imaginaire parfait mais qui ne fonctionne plus.
En plus d’ĂȘtre surveillĂ©e par les satellites de la Commission EuropĂ©enne tous les trois jours en attendant les survols de drones de l’administration fiscale ou de la police de l’environnement, chaque tĂąche autrefois simple est devenue compliquĂ©e comme le fait de tailler une haie, de couper une haie ou de dĂ©placer une haie.
Plus rien n’est possible dans une complexitĂ© Ă©touffante.
Le rĂ©sultat c’est Ă©videmment l’effondrement de la productivitĂ© dans les pays europĂ©ens et occidentaux qui sont tous partis dans le mĂȘme dĂ©lire de contrĂŽle normatif. Cette volontĂ© de contrĂŽle est trĂšs facilement « datable ». Tout a commencĂ© Ă  partir du 11 septembre au nom de la lutte contre le terrorisme, puis aprĂšs au nom de la lutte contre le financement du terrorisme, puis aprĂšs au nom de la lutte contre le blanchiment d’argent sale, puis aprĂšs au nom de la lutte contre la fraude fiscale.
Bref, chaque année nous empilons de nouvelles normes.
Puis aprĂšs sont apparus de nouveaux besoins comme la mise en accessibilitĂ©, comme la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique, comme encore, la protection des donnĂ©es. Nous avons de la RGPD, ou des DPO, des types occupĂ©s Ă  nous couper les cheveux d’abord en 4. Puis en 8. Puis en 16. Maintenant ils nous cassent tous les pieds puissance infinie.
Que l’on soit dans le BTP avec la gestion des DIB, que l’on soit pĂȘcheur avec une sardine trop longue, Ă©leveurs de porcs ou de cochons ce qui est la mĂȘme chose, que l’on soit dans une boulangerie ou dans une poissonnerie il faut du contrĂŽle, de la traçabilitĂ© tout doit ĂȘtre enregistrĂ©, consignĂ©, surveillĂ©, contrĂŽlĂ©.
Dans son dĂ©lire toujours plus total, il faudra bientĂŽt envoyer toutes les factures de toutes les entreprises directement Ă  Bercy via une plateforme dĂ©matĂ©rialisĂ©e. Votre facture adressĂ©e Ă  Bercy sera alors validĂ©e par l’administration fiscale puis envoyĂ©e Ă  votre client qui pourra payer
. ainsi le systĂšme gĂ©nial pensĂ© par nos psychopathes de la technocratie europĂ©enne pourront tout surveiller en temps rĂ©el, tout taxer et rien ne leur Ă©chappera plus.
Ces abrutis pensent qu’ils vont payer les dettes comme ça.
Mais quelle bande d’imbĂ©ciles en costards slim et aux chaussures pointues de consultants de chez McKinsey.
Vous savez ce qu’il va se passer ? L’effondrement des ressources fiscales.
Vous savez pourquoi ? Parce que tout est tellement compliquĂ© qu’il arrive un moment oĂč mieux vaut rester couchĂ©. C’est ainsi que l’URSS s’est effondrĂ©e.
Quand on passe plus de temps à faire des plans quinquennaux et à contrÎler avec le KGB et les commissaires politiques, la productivité tend vers 0. Nous en sommes exactement là.
(Source : https://insolentiae.com/leffondrement-sous-la-complexite-la-preuve-par-les-agriculteurs-ledito-de-charles-sannat)
6 notes · View notes
trashlord-watson · 5 months
Note
Wait, wait, wait...I'm sorry, but you've SEEN MOR LIVE IN 2009?!! Je veux tout savoir, comment c'était, tous les détails (si tu as envie de le partager, bien sûr :D)
KRKRKRKRK oui !! à amnéville, en mars 2009 je crois (je dois encore avoir le billet quelque part dans une pochette paumée lmao)
pour ĂȘtre honnĂȘte, j'ai pas eu une super expĂ©rience parce que :
1. on est arrivé en retard
2. on était placé à moitié derriÚre un gros poteau
3. bah....... j'aime pas la version spectacle de MLOR ? autant je trouve qu'en Ă©coutant juste l'album, chaque chanson est un banger, autant j'aime vraiment pas l'enchaĂźnement en live (en plus le contexte du spectacle dĂ©nature complĂštement quelques chansons imo), j'aime pas le jeu des comĂ©diens dans les parties parlĂ©es, et comme j'suis pas fan du style 17/18Ăšme bah mĂȘme les costumes m'ont laissĂ© de marbre. (en plus j'avais 13 ans et Ă  l'Ă©poque je m'en foutais un peu de cette CM paske j'Ă©tais not like the other girls, et que populaire = forcĂ©ment nul, donc me payer le spectacle c'Ă©tait vraiment donner de la confiture aux cochons lmao)
MAIS anyway j'adore toutes les chansons individuellemnt, vraiment banger sur banger.
6 notes · View notes
argentinechili2024 · 1 month
Text
Arrivée à Santiago au Chili
Il nous fallait quitter la chambre Ă  7 h 30 ce matin. Le rĂ©veil a Ă©tĂ© dur, car je n’ai pas trĂšs bien dormi. Je suis encore malade, mal de gorge, toux, nez qui coule et ça perdure malgrĂ© les Tylenol extra-fort que je prends.
AprĂšs un dĂ©barquement sans anicroche, nous avons tentĂ© de commander un Uber avec le cellulaire de Susan. Le premier chauffeur a refusĂ© la course, et lors de la deuxiĂšme tentative, la transaction a Ă©chouĂ©, car le systĂšme pensait que quelqu’un faisait de la fraude avec la carte de crĂ©dit, car on avait encore changĂ© de pays. Baire est arrivĂ© Ă  la rescousse, et pour la premiĂšre fois de sa vie, il a commandĂ© un Uber. On a fait l’aller-retour entre le derriĂšre du bureau de douane et le devant avant de localiser l’auto. Ça a pris 1 h 30 pour arriver Ă  Santiago.
Nos amis sont venus dĂ©poser leurs valises Ă  notre appartement, puis nous sommes allĂ©s manger dans un restaurant vĂ©nĂ©zuĂ©lien oĂč on sert toutes sortes de viandes grillĂ©es. Poulet, bƓuf, porc, c’était une assiette de cochon, mais vraiment trĂšs trĂšs bon. Il Ă©tait 15 h quand nous sommes sortis de l’endroit oĂč il n’y avait que des gens du coin, un trĂšs bon signe.
Revenus Ă  l’appartement, j’ai fait une sieste et Susan et Daniel sont partis explorer la ville. Robert est allĂ© acheter du pain, du cafĂ©, des confitures et du lait pour le dĂ©jeuner.
Vers 19 h, nous sommes allĂ©s prendre un verre dans un quartier trĂšs chouette, entourĂ© d’arbres, de restaurants et de vendeurs de babioles. Nous y retournerons souper, c’est certain.
Nos amis sont partis Ă  l’aĂ©roport vers 21 h, car ils ont un premier vol de Santiago Ă  Bogota, Ă  1 h 30 du matin. En fait, nous partirons comme eux Ă  la mĂȘme heure dimanche.
Demain, nous avons prévu de visiter plein de choses. Espérons que je serai en meilleure forme.
Tumblr media
Lever de soleil Ă  Valpairaiso Ă  8 h ce matin.
Tumblr media
Les petites maisons colorées de Valparaiso, du pont du bateau.
Tumblr media
Tous les drapeaux des pays d’oĂč proviennent le personnel du navire. Ils ont Ă©tĂ© hissĂ©s sur le pont du bateau pour une premiĂšre fois aujourd’hui.
Tumblr media
Assiette de viande rĂŽties ce midi, ou plutĂŽt cet aprĂšs-midi. On a pas eu besoin de souper.
Tumblr media
Dernier verre avant que nos amis repartent en direction de San Diego, aux États -Unis.
Tumblr media
Nous, Ă  Santiago.
Tumblr media
Au coin de la rue oĂč se trouve l’appartement. On est en plein centre-ville.
3 notes · View notes
lilias42 · 6 months
Text
Acte 5 de “Tout ce que je veux, c'est te revoir
”
Bon, retour Ă  l'histoire des Fraldarius avec la suite de cette histoire... et retour du running gag "j'avais dis dans le dernier billet que le prochain serait le dernier mais en fait non", il va encore avoir un autre billet car cette histoire fait maintenant 600 pages alors qu'elle Ă©tait censĂ©e ĂȘtre courte. Je sais, moi aussi.
Enfin bon ! On reprend juste aprÚs les derniers évÚnements du dernier billet : Lambert est de plus en plus isolé avec Gautier qui s'allie à Sreng et fait sécession, Ivy et Oswald qui prennent les choses en main de leur cÎté tout comme Ludovic et les habitants de Fhirdiad, Lambert qui a ce qu'il mérite, et Félix qui a enfin retrouvé Rodrigue et Alix.
Comme toujours avec cette histoire, fans de Lambert, Rufus et Gustave, ou ceux qui voient le Royaume comme un gros bloc monolithique avec tout le monde qui suit le roi sans réfléchir, passez votre chemin. Ils sont trÚs clairement antagonistes dans cette histoire, et Lambert va tomber encore plus bas dans la partie 6 alors, ne vous faites pas de mal en lisant cette histoire. Il y en a plein d'autres qui vous correspondront surement mieux ailleurs sur Tumblr et AO3.
Et comme toujours, coucou à @ladyniniane ! J'espÚre que ça te plaira !
LachĂ©sis fit craquer sa nuque sur sa monture, Ă©puisĂ©e alors que le soleil se couchait derriĂšre Fhirdiad. Sa sƓur et elle avaient passĂ© des semaines Ă  courir dans tout le domaine royal pour rĂ©cupĂ©rer les ordinaires, et elles avaient dĂ» arracher les sommes rĂ©clamĂ©es piĂšce de cuivre par piĂšce de cuivre !
« DĂ©esse ! Quelle plaie ! Heureusement que nous Ă©tions en mission pour les Blaiddyd sinon, le nom de notre famille aurait Ă©tĂ© terni Ă  jamais
 encore plus chez les nobles qui ne veulent mĂȘme pas mettre la main Ă  la bourse
 rĂąla ThĂšcle, Ă©puisĂ©e. Et DĂ©esse ! Quelle mauvaise gestion !
– Nous sommes d’accord, nos petits gĂšrent mieux leur argent de poche, marmonna LachĂ©sis. Pour les baillis qui ont Ă©tĂ© nommĂ© par Sa MajestĂ© Ludovic ou quand Nitsa Ă©tait encore lĂ  pour Ă©viter les catastrophes, pas de problĂšme, c’était propre, mais pour ceux nommĂ©s par Lambert, je prĂ©fĂšre Ă©viter de commenter de peur d’ĂȘtre impolie.
– C’était gĂ©rer avec les pieds oui
 Nitsa serait morte de honte
 comment elle a pu tomber amoureuse d’un homme pareil ? Maman n’avait pas tort quand elle disait qu’avoir donnĂ© HĂ©lĂ©na en mariage Ă  Lambert, c’était comme donner de la confiture Ă  un cochon, sauf que le cochon Ă  l’excuse d’ĂȘtre un cochon pour mettre ce qui est bon pour lui partout, pas Lambert.
– Fallait surtout demander Ă  Myrina vu qu’elles ne se cachaient rien toutes les deux mais, si j’ai bien compris de mon cĂŽtĂ©, c’était surtout grĂące Ă  l’annĂ©e Ă  Garreg Mach oĂč ils se sont beaucoup rapprochĂ©s
 et puis, sur la fin, ça sentait mauvais leur mariage, mĂȘme elle commençait Ă  se dĂ©tacher
 elle lui a mĂȘme interdit d’entrer dans sa chambre alors qu’elle accouchait, c’est Myrina qui lui a tenu les mains avec Effrosyni alors qu’elle mettait son fils au monde, ça veut tout dire

– Ça aurait Ă©tĂ© mieux si Sa MajestĂ© Ludovic avait pu mettre en Ɠuvre son idĂ©e de monarchie Ă©lective
 et si Nitsa avait eu le temps d’envoyer les papiers du divorce dans sa tĂȘte d’ahuri

– Tout ce qu’il mĂ©ritait si tu veux mon avis. Il l’a Ă©puisĂ©e jusqu’à l’os, » gronda l’ainĂ©e, les mauvais souvenirs et la peur pour sa sƓur refaisant surface, la voyant perdre des forces de jour en jour, comme une chandelle n’ayant plus ni cire ni mĂšche. « Nitsa avait toujours eu la santĂ© de maman
 je m’en souviens, elle n’était jamais tombĂ©e malade
 pas une seule fois
 mais quand elle s’est mariĂ©e
 je ne sais pas, c’était comme si Lambert Ă©tait un vampire et lui aspirait la moindre goutte de sang et de vitalité  elle Ă©tait Ă©puisĂ©e et affaiblie tout le temps
 enfin, normal quand elle avait son travail et celui de son mari Ă  faire car, elle devait toujours passĂ© derriĂšre lui

– Quand on sait ça, ce n’est pas Ă©tonnant qu’elle ait eu autant de mal Ă  mettre le petit prince au monde
 elle qui voulait tant avoir un enfant

– Et encore, il ne serait peut-ĂȘtre jamais nĂ© si Dame FĂ©licia n’avait pas Ă©tĂ© aussi prĂ©venante avec elle et Sa MajestĂ© Ludovic aussi soucieux d’elle
 enfin, on en reparlera plus tard, on doit retourner supporter « l’ahuri en chef » directement Ă  Fhirdiad
 les ramena Ă  la rĂ©alitĂ© LachĂ©sis.
– Je m’étais contentĂ© de l’appeler « l’ahuri » mais, ça lui va bien aussi. En tout cas, je plains Rodrigue qui a dĂ» le supporter tout ce temps ! Surtout qu’on ne peut pas l’ouvrir avec Rufus ! RĂąla ThĂšcle.
– S’il croit que je vais la boucler sur la gestion de leurs comptes, il se met le doigt dans l’Ɠil jusqu’au coude et continue Ă  s’enfoncer, grogna l’ainĂ©e de la fratrie. C’est un gosse immature et irresponsable mais, il va falloir le faire grandir Ă  coup de pied au cul Ă  ce stade. Autant l’un que l’autre.
– Si toi, tu commences Ă  devenir grossiĂšre, c’est qu’ils sont fichus. Enfin bon, je propose qu’on passe Ă  la taverne avant d’aller au palais, histoire de voir comment les choses ont Ă©voluĂ©es Ă  la capitale. En plus, il est tard, les enfants se couchent tĂŽt.
– Hum
 tu as raison, faisons ça, » accepta LachĂ©sis. « Les citoyens de Fhirdiad seront surement plus bavards loin des larbins de Rufus. »
Les deux sƓurs se turent en entrant Ă  la capitale, se faisant discrĂštes, mĂȘme si les gardes des portes les reconnurent tout de suite. Cependant, ils acceptĂšrent trĂšs vite de ne pas les annoncer – mĂȘme trop vite – et les encouragĂšrent plutĂŽt Ă  aller Ă  la taverne dit du pĂšre Mercier ce soir.
« On vous jure ! Si vous voulez avoir l’avis de la personne la plus lucide de tout Fhirdiad sur la situation du Royaume, il faut aller lĂ -bas ! Lui assura le soldat avec un gros accent de Dominic, surement un qui avait Ă©tĂ© levĂ© en masse par Rufus. Vous ne serez pas déçues, croyez-nous ! Et il faut que vous entendiez tout ce qui s’est passĂ© ici ! C’est juste Ă  peine croyable ! »
Les deux sƓurs esquivĂšrent son insistance en jurant qu’elles allaient y rĂ©flĂ©chir, mĂȘme si elles se mĂ©fiaient de cette proposition. Vu les antĂ©cĂ©dents de Rufus, cela pouvait ĂȘtre un guet-apens
 mais d’un autre cĂŽtĂ©, cette taverne Ă©tait trĂšs frĂ©quentĂ©e par des soldats de Fraldarius et de Charon, et le propriĂ©taire serait fiable alors, peut-ĂȘtre
 elles iraient peut-ĂȘtre avec quelques gardes
 surtout qu’elles savaient se dĂ©fendre, en particulier dans des espaces confinĂ©s
 et quand elles virent l’état de la capitale, elles se dirent qu’elles n’avaient rien Ă  perdre Ă  connaitre l’avis des habitants

Les rues Ă©taient sombres et mal entretenues, avec des ordures qui bouchaient les Ă©gouts et transformaient la chaussĂ©e en mare de boue putride. Les seules personnes bien nourries Ă©taient les rats festoyant au milieu des immondices, et les ratiers chargĂ©s de les chasser, mĂȘme s’ils manquaient trĂšs clairement de chat pour tous les exterminer. Sinon, les faces Ă©taient Ă©maciĂ©es, creusĂ©es par la faim et la fatigue, les yeux vides d’usure aprĂšs tout ce qui s’était passĂ© ces derniĂšres semaines
 le terrain parfait pour le dĂ©veloppement d’une Ă©pidĂ©mie

« Un seul malade
 un seul
 et la peste est de retour
 c’est pas vrai ! Enragea LachĂ©sis. On avait dit et rĂ©pĂ©tĂ© que la somme qu’on laissait Ă  l’entretien des Ă©gouts ne devaient pas ĂȘtre utiliser pour autre chose ! On court Ă  la catastrophe ! »
Les deux sƓurs passĂšrent sur la place principale pour voir si rien n’y Ă©tait placardĂ©, n’espĂ©rant mĂȘme plus que Rufus n’y fasse pas Ă©talage de sa cruautĂ© et de son incompĂ©tence. Une grande affiche s’y trouvait bien, juste Ă  cĂŽtĂ© du gibet oĂč se balançait un corps ballotĂ© par le vent, se dĂ©composant dĂ©jĂ . Il aurait dĂ» ĂȘtre dans une fosse commune depuis longtemps
 mĂȘme pas par compassion envers un criminel (et les Charon seraient curieuses de savoir si ce crime en Ă©tait un aux yeux de la loi ou de ceux de Rufus), juste par mesure de salubritĂ© public histoire que la pourriture ne contamine par l’eau ou les personnes qui passaient Ă  cĂŽté  et Ă  la lecture du placard, cela les Ă©tonna presque qu’il n’y ait pas plus de monde pendu au gibet
 DĂ©esse, Rufus Ă©tait allĂ© jusqu’à ressortir la rĂ©glementation de Clovis ! Heureusement que les juges ne devaient pas la respecter sinon, ce serait une vĂ©ritable boucherie ! Comment Rodrigue avait pu laisser passer ça ?! Enfin, connaissant Rufus
 et si

« On y va ce soir ? Proposa ThÚcle.
– Ça me semble plus que nĂ©cessaire  » marmonna LachĂ©sis.
S’équipant tout de mĂȘme d’une armure sous leur manteau et leurs habits de fonctionnaires, ainsi que de gantelets rapides Ă  mettre, les deux sƓurs se rendirent Ă  la taverne du pĂšre Mercier en compagnie de quelques gardes de confiance. L’établissement Ă©tait plein Ă  craquer, toutes les tables discutant vivement entre elles, mĂȘme si le ton se fit plus bas quand leur groupe passaient Ă  portĂ©e de voix. Le soldat de la porte les vit passer depuis sa table, sauta de sa chaise et les conduisit au bar oĂč se trouvait le patron de l’établissement, le hĂ©lant sans hĂ©siter.
« Eh ! Mercier ! Elles sont là !
– Ah ! Bonsoir mes dames. Je vous sers un verre d’eau ? Leur proposa-t-il simplement. Je n’ai plus rien d’autre.
– Bonsoir, et ne vous en faites pas pour cela, lui assura LachĂ©sis. On aimerait surtout vous poser des questions sur ce qui a bien pu se passer Ă  Fhirdiad, et ce n’est surement pas Rufus qui nous dira la vĂ©ritĂ© alors, on aimerait avoir la version des citoyens de la ville.
– Elle pourrait parler à l’albinois, il sait de quoi il parle. Et c’est les Charon, elles crachaient aussi sur le Lambert et le connard.
– Hum
 je sais pas, il a pas mal toussé  et imagine si

– Non, c’est bon, ne t’en fais pas, ça ira. C’est juste mes poumons qui sont fragiles
 et l’air ambiant en ville ne m’aide pas

Un jeune homme d’un peu moins de vingt ans sortit de l’arriĂšre-boutique, enveloppĂ© dans une couverture mais, la main qui la tenait Ă©tait couverte d’encre. Au nom de la DĂ©esse
 c’était fou Ă  quel point il pouvait ressembler Ă  Sa MajestĂ© Ludovic dans sa jeunesse ! LachĂ©sis Ă©tait petite Ă  l’époque du coup d’État contre le roi Clovis mais, elle Ă©tait sĂ»r que ce jeune albinois aurait pu se faire passer pour le roi Ă  cette Ă©poque
 le pĂšre Mercier se tourna vers lui, le soutenant doucement, prĂ©venant avec inquiĂ©tude.
– Fait tout de mĂȘme attention Ludovic, l’air de Fhirdiad semble ĂȘtre encore plus mauvais pour toi que pour nous autres
 ça doit te changer de celui d’AlbinĂ©a

– Oui, il est bien meilleur lĂ  oĂč je vivais avant mais, ne t’en fais pas, je peux tenir. On m’a prĂ©venu de votre arrivĂ©e, j’imagine que vous ĂȘtes les filles de la matriarche Catherine Charon, LachĂ©sis et ThĂšcle, les salua-t-il. Ludovic Hange, albinois et scribe au palais, on m’a beaucoup parlĂ© de vous.
– EnchantĂ© Citoyen Hange, le salua LachĂ©sis Ă  la maniĂšre charonis. Nous aurions des questions Ă  vous poser sur l’état de la capitale. Que s’est-il passĂ© pendant notre absence ? On se croirait de retour Ă  l’époque de Clovis ou d’avant les grands travaux d’assainissement.
– Une dĂ©cision de Rufus, les sommes allouĂ©es Ă  l’entretien des canalisations et des Ă©gouts ont Ă©tĂ© redirigĂ©s vers le maintien de l’unitĂ© du Royaume, et la future expĂ©dition punitive contre Gautier
 dĂ©clara-t-il en s’asseyant face aux deux sƓurs, ajoutant en les voyant Ă©carquiller les yeux, elles n’avaient pas dĂ» avoir de nouvelles de la capitale pendant plusieurs semaines. Enfin, commençons par le commencement avec ce qui s’est passĂ© aprĂšs votre dĂ©part

Ludovic et les fhirdiadais rĂ©sumĂšrent les derniers Ă©vĂšnements aux charonis, dĂ©taillant seulement les Ă©lĂ©ments les plus importants. À la fin de leur histoire, ThĂšcle passa sa main sur son visage, fatiguĂ©e rien qu’à entendre tout ceci

– DĂ©esse
 quelle honte pour Faerghus
 il est tellement incompĂ©tent qu’il vaut mieux ĂȘtre transformĂ© en loup que de le subir ! Et pauvre FĂ©lix quand il va voir son pĂšre et son oncle arrivĂ©s devant lui en Ă©tant des loups ! Et ces mĂ©thodes de gouvernement
 c’est pas le fils de son pĂšre, mais de son grand-pĂšre
 autant pour Rufus que pour Lambert
 c’est une honte d’aussi mal gĂ©rĂ© ses caisses et son Royaume
 qu’est-ce que je dis, il ne doit mĂȘme pas savoir ce qu’il se passe dans son propre palais alors, dans tout Faerghus, n’y pensons mĂȘme pas ! Tu m’étonnes que les Gautier se soient barrĂ©s chez les srengs ! Et bien en plus si le nouveau margrave a acceptĂ© d’espionner le roi pour que leurs Ă©missaires puissent mesurer Ă  quel point il est incompĂ©tent ! Et pour qu’il admette nous avoir espionner, il ne doit plus en avoir rien Ă  cirer de Faerghus ! On se retrouve avec le garde-frontiĂšre du cĂŽtĂ© ennemi Ă  cause des conneries de Lambert et Rufus !
– Nous sommes bien d’accord
 dĂ©clara Ludovic en hochant la tĂȘte. J’imagine que la situation dans le domaine royal n’est guĂšre plus reluisante.
– Non
 pour rĂ©sumer rapidement, il n’a plus un sou en caisse dans une bonne partie du domaine royal et on a dĂ» arracher la moindre piĂšce de cuivre Ă  tous les commerçants et bourgeois vu que Rufus veut des espĂšces sonnantes et trĂ©buchantes, pas des paiements en nature, sauf si c’est des fournitures militaires. Au moins, on a pu Ă©pargner les paysans les plus pauvres qui n’ont pratiquement jamais vu une piĂšce de monnaie de leur vie mais sinon, on a fait raquer tout le monde, du bailli au commerçant en passant par le curĂ©. Autant vous dire que cela a encore plus sali l’image du roi

– Et encore LachĂ©sis, ça, c’est pour les ordinaires, image ce que cela aurait Ă©tĂ© si on avait dĂ» rĂ©colter les extraordinaires dans tout le Royaume, lui rappela sa sƓur. LĂ , c’est bon, tout le monde ressortait encore plus les fourches qu’ils ne le font dĂ©jĂ  avec les levĂ©es en masses d’hommes et de vivres, et on reviendrait Ă  l’époque des Grandes Jacqueries d’avant l’indĂ©pendance. On se dirige vers ça de toute maniĂšre
 enfin, on devait dĂ©jĂ  engueuler Lambert mais, on va encore plus lui arracher le crĂąne

– Il invoque HĂ©lĂ©na pour nous dire de nous calmer comme il l’aurait fait avec Sylvain, je ne rĂ©ponds plus de rien
 ajouta l’ainĂ©e. Tenter de le convaincre de parler en invoquant son ami FĂ©lix, alors que c’est Lambert lui-mĂȘme qui a mis la famille de ce gosse en miettes. On va avoir du boulot pour relever le niveau de la capitale
 au moins pour Ă©viter que notre sƓur soit la femme de l’homme qui a menĂ© Faerghus Ă  sa perte, il a dĂ©jĂ  assez souillĂ© sa tombe comme ça

– Hum
 si je puis me permettre, je crois que ce n’est pas la peine de vous dĂ©menez pour cette raison

Les deux sƓurs se tournĂšrent vers une femme de l’ñge de LachĂ©sis, proche de la cinquantaine, accoudĂ©e au bar alors qu’elle serrait son verre dans ses mains. Un jeune bucheron blessĂ© Ă  la tĂȘte s’approcha d’elle, posant sa main sur ses Ă©paules.
– Que veux-tu dire maman ? Tu sais quelque chose en rapport avec la reine ?
– La question, c’est plutĂŽt quelle reine
 la femme tourna la tĂȘte vers les sƓurs et Ludovic, l’air sombre et blasĂ© quand elle annonça. Le roi s’est remariĂ©, ça fait dĂ©jĂ  des annĂ©es Ă  prĂ©sent. Le petit prince avait trois ans quand c’est arrivé 
LachĂ©sis et ThĂšcle n’en crurent pas leurs oreilles quand cette femme leur annonça une nouvelle pareille. Non
 c’était pas possible
 leur famille gĂ©rait tous les papiers et l’administration du Royaume, ils Ă©taient les gratte-papiers de la couronne depuis des gĂ©nĂ©rations ! Ils auraient forcĂ©ment dĂ» voir les papiers d’un maudit mariage ! MĂȘme morganatique !
– Quoi
 ne put s’empĂȘcher de lĂącher la cadette avant de demander. Comment pourriez-vous ĂȘtre au courant ? Nous n’avons jamais rien vu qui allait dans ce sens ! Avez-vous une preuve de ce que vous avancez ?
– C’est parce que la Dame numĂ©ro deux vivait en recluse, mĂȘme si elle apparaissait parfois officiellement. C’était Patricia Arnim, la « sƓur » de CornĂ©lia Arnim, marmonna-t-elle en faisant des guillemets autour du mot sƓur. Hein
 connerie, elles sont aussi sƓurs que vous et moi. Tout ce qui existe dans le Royaume sur cette femme est faux. Je suis bien placĂ© pour le savoir, j’étais une de ses servantes, et croyez-moi que si la paye Ă©tait suffisamment gĂ©nĂ©reuse pour que je ne rĂ©vĂšle jamais son secret, vu le tempĂ©rament de chien de cette femme et comment le roi mĂšne sa barque en ce moment, j’en ai plus rien Ă  cirer. Et comme preuve, je dirais simplement qu’une nourrice normale n’a pas un carrosse attitrĂ© pour un voyage dans un autre pays, alors que toutes les autres s’entassent avec les autres domestiques. Elle avait eu le droit Ă  une voiture pour elle toute seule car, elle a tannĂ© le roi pour en avoir une afin de voyager avec plus de confort, et en privĂ©, elle disait que c’était Ă©galement pour donner plus de travail aux ducs de Fraldarius. Sa MajestĂ© les avait mis dans la confidence pour avoir leur avis apparemment. Ils Ă©taient contre mais, Lambert ne les a pas Ă©coutĂ©s, Ă©videmment
 Patricia et eux ne s’apprĂ©ciaient pas de base d’ailleurs, avant que cela tourne Ă  la guerre ouverte aprĂšs ce qui est arrivĂ© au louveteau de la famille, quand il a failli ĂȘtre brĂ»lĂ© vif par Volkhard von Arundel.
– Patricia Arnim
 marmonna LachĂ©sis, pesant les arguments et informations qui arrivaient en essayant de ne pas se laisser influencer par son propre ressenti envers Lambert. Je voie de qui il s’agit et certes, le mariage avec une adrestienne de rang aussi modeste aurait pu ĂȘtre l’objet de contestation. Nous n’ignorons pas que nombre de grandes familles ont voulu succĂ©der Ă  notre sƓur mais, malgrĂ© cette diffĂ©rence de rang, le mariage avec une roturiĂšre n’est pas interdit pour le roi. Cela aurait Ă©tĂ© d’un ridicule consommĂ© quand le roi Loog lui-mĂȘme Ă©tait un fils bĂątard ayant passĂ© tout le dĂ©but de sa vie Ă  gagner sa pitance comme laboureur, et quand la quasi-totalitĂ© de ses proches alliĂ©s Ă©taient Ă©galement des enfants illĂ©gitimes ayant vĂ©cu comme des roturiers et Ă©taient mariĂ©s Ă  des roturiers. MĂȘme si nos relations avec l’Empire sont tendues, si cette Patricia Arnim a coupĂ© tous les liens avec Adrestia et qu’elle a Ă©pousĂ© tous les intĂ©rĂȘts de Faerghus, il n’y aurait eu aucun problĂšme Ă  ce qu’elle convole avec le roi, surtout si elle est roturiĂšre, ce n’est pas la haute noblesse adrestienne, et CornĂ©lia a rendu de grands services Ă  la capitale et a une position considĂ©rable. Ils se seraient mariĂ©s de maniĂšre morganatique, certes, au moins pour Ă©viter des problĂšmes de succession avec notre neveu mais, Dimitri restera toujours le premier-nĂ© du roi, avec un emblĂšme et sa mĂšre est la fille de la quatriĂšme famille du Royaume en importance, et Ă  octante-quatorze voix prĂšs, ça aurait Ă©tĂ© notre ancĂȘtre Sybille qui aurait Ă©tĂ© Ă©lu reine Ă  l’indĂ©pendance. Sa position d’hĂ©ritier est donc complĂštement inattaquable, sauf si la nouvelle reine Ă©tait une fille d’empereur, de roi ou de shah, ce qui ne semble pas ĂȘtre le cas, et qu’elle aurait eu un enfant avec un emblĂšme majeur, ce qui n’est jamais arrivĂ©, la DĂ©esse soit louĂ©e. Quel intĂ©rĂȘt a autant cachĂ© cette union ? Nous l’aurions certes mal pris sur le coup dans notre famille mais, la pĂ©riode de deuil Ă©tait passĂ© et si elle Ă©tait digne de succĂ©der Ă  HĂ©lĂ©na, nous l’aurions acceptĂ©, mĂȘme si je doute qu’elle le soit si mĂȘme les ducs de Fraldarius ne l’apprĂ©ciaient guĂšre. Et vous avez Ă©galement dit qu’elle n’était pas vraiment la sƓur de CornĂ©lia Arnim, c’est exact ?
– Oui Dame Charon, elle prĂ©tend ĂȘtre sa sƓur pour se cacher, et c’est justement lĂ  le problĂšme, c’est qu’elle est une membre de la famille impĂ©riale d’Adrestia mais, pas par le sang, par alliance. C’était une ancienne concubine de l’empereur Ionius, Anselma von Arundel, ainsi que la mĂšre d’une de ses hĂ©ritiĂšres, la princesse Eldegard qui a l’emblĂšme de Seiros. Cependant, Anselma a fui l’Empire suite Ă  une crise et des tensions au sein du harem et elle est venue se rĂ©fugier auprĂšs du roi. Ils se sont rapprochĂ©s et sont tombĂ©s amoureux l’un de l’autre, ce qui les a amenĂ©s Ă  convoler ensemble. C’est pour ça qu’elle a dĂ©fendu Arundel bec et ongle alors qu’il a failli brĂ»lĂ© vif un gosse, d’un parce que c’était son grand frĂšre, et de deux parce qu’il avait ramenĂ© dans ses bagages la fille d’Anselma, Eldegard, pour la protĂ©ger d’une autre pĂ©riode de crise Ă  Embarr et la ramener Ă  sa mĂšre. Sans cette sombre affaire, Sa MajestĂ© aurait mĂȘme souhaitĂ© qu’Eldegard reste indĂ©finiment Ă  Fhirdiad pour faire plaisir Ă  sa femme.
– Attendez
 la coupa ThĂšcle. Vous voulez dire que non seulement, Lambert est mariĂ© Ă  une Ă©pouse de l’empereur et donc, c’est de la bigamie vue que ses concubines sont attachĂ©es Ă  lui Ă  vie, qui est aussi la mĂšre d’une potentielle future impĂ©ratrice
 cinquiĂšme dans l’ordre de succession mais quand mĂȘme, c’est tout Ă  fait possible qu’elle le devienne Ă©tant donnĂ© que les empoisonnement sont monnaie courante dans le harem
 qu’elle est la sƓur d’un noble frontalier qui a Ă©tĂ© exilĂ© Ă  vie de Faerghus aprĂšs une tentative d’homicide sur mineur avec circonstances aggravantes
 qu’elle est ici sous un faux nom et avec de faux papiers, ce qui est complĂštement illĂ©gal
 le tout pour la cacher de son premier mari, ce qui est comprĂ©hensible aux demeurants vu ce qu’elle a dĂ» vivre mais, on n’aurait jamais pu nier ĂȘtre au courant de sa situation si sa vĂ©ritable identitĂ© Ă©tait dĂ©couverte un jour, ce qui aurait Ă©tĂ© un casus belli de premier choix pour Ionius, encore plus si Lambert refusait de la renvoyer de l’autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre
 et en plus, il voulait garder la propre fille d’Ionius, qui a les dents longues comme pas possible, qui ne nous a pas attaquĂ© Ă  son arrivĂ©e sur le trĂŽne uniquement parce qu’il avait peur de Sa MajestĂ© Ludovic mĂȘme s’il avait la tuberculose et a dĂ» trĂšs vite faire face Ă  de grandes oppositions en interne, dans le Royaume ? Dans son propre palais auprĂšs de son fils qui plus est alors, si Ionius dĂ©cide dans sa grande mansuĂ©tude de ne pas nous attaquer pour retenir sa fille en otage, il se contente de l’enlever, il pourrait enlever le fils de notre sƓur au passage ? C’est bien ce que vous venez de nous dire ?!
– Oui, mĂȘme si tout est au passĂ©, elle est morte dans la TragĂ©die de Duscur
 enfin, c’était bien mĂ©ritĂ©, elle poussait le roi Ă  y aller
 elle s’était Ă©loignĂ©e de lui aprĂšs qu’il ait exilĂ© son frĂšre pour tentative de meurtre

– 
AprĂšs qu’on lui ait mis la dĂ©cision de justice dans les mains pour le forcer Ă  prendre une dĂ©cision vous voulez dire, la corrigea LachĂ©sis en maugrĂ©ant, comprenant mieux le bourbier oĂč c’était enfoncĂ© Lambert quatre ans auparavant. On ne l’aurait pas forcĂ© Ă  se dĂ©cider, il serait encore en train de rĂ©flĂ©chir si oui ou non, il fallait exiler un homme qui a tentĂ© de tuer un gosse de neuf ans sans raison. Enfin, si c’était le frĂšre de sa
 de sa femme
 pas Ă©tonnant qu’il ait autant hĂ©sitĂ© Ă  le bannir, mĂȘme si c’était une sentence extrĂȘmement clĂ©mente pour son cas
 nous qui croyons que c’était Ă  cause de son habitude de dĂ©tester mettre les mains dans la boue et se les salir, c’est encore plus pathĂ©tique qu’on ne le pensait
 il dĂ©lĂšgue toujours ce genre de jugement, que ce soit aux Fraldarius ou nous
 DĂ©esse, Nitsa doit se retourner dans sa tombe ! Arundel mettait mĂȘme son fils en danger ! Il aurait trĂšs bien pu recommencer et brĂ»ler vif Dimitri aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă  deux doigts de tuer FĂ©lix ! Tout ça pour les beaux yeux de cette femme ?! Et c’était quoi son rapport avec Duscur qu’on en finisse ?
– Et bien, elle a dit qu’elle voulait le suivre en Duscur, et que ce serait l’occasion de renouer ensemble pendant ce voyage
 si j’ai bien compris, le seigneur Alix est venu lui voler dans les plumes Ă  ce sujet et le seigneur Rodrigue a aussi tentĂ© de le faire revenir Ă  la raison concernant Son Altesse mais, rien Ă  faire, le roi n’écoutait que Patricia et son frĂšre
 alors

Le bruit du poing de ThĂšcle qui s’abattit sur le comptoir la fit taire, son visage furieux Ă©clairĂ© par son emblĂšme. Elle Ă©tait hors d’elle
 tout
 tout

– Tous ces morts
 ma grande sƓur
 mon petit frĂšre
 ma propre fille
 mes neveux et niĂšces, mes beaux-frĂšres et belles-sƓurs
 nos citoyens
 tous ces gens
 tous ces gens sont morts parce que cet abruti voulait absolument renouer avec sa femme, femme qui est un risque pour la sĂ©curitĂ© nationale au passage, qui a eu le culot de le pousser dans cette direction parce qu’elle n’était pas contente car pour une fois, Lambert a agi en roi et banni quelqu’un de dangereux et encore, uniquement parce que notre famille Ă©tait sur ces talons avec une Myrina furieuse derriĂšre l’épaule ! C’est ce que vous ĂȘtes en train de nous dire ?!
La servante hocha la tĂȘte, provoquant encore plus l’ire des deux sƓurs. Se reprenant un peu, LachĂ©sis demanda, mĂȘme si elle ne se faisait guĂšre d’illusion lĂ -dessus, histoire de voir Ă  quel point Lambert avait crachĂ© sur tout, autant son rĂŽle de roi, de pĂšre et de mari.
– Au moins
 est-ce qu’au moins, elle Ă©tait digne d’HĂ©lĂ©na ? Lambert, je n’en parle pas, seule une truie est digne de lui, et se serait insultĂ© la truie de lui imposer un mari pareil mais, est-ce qu’au moins humainement, cette Patricia ou Anselma Ă©tait digne de la grande reine qu’était ma sƓur ? Est-ce qu’elle Ă©tait digne d’ĂȘtre la belle-mĂšre du fils d’HĂ©lĂ©na et a Ă©tĂ© une aussi bonne mĂšre pour lui que notre Nitsa l’aurait Ă©té ?
– HĂ©las non
 au dĂ©but, ça allait mais, je pense qu’elle Ă©tait un peu intimidĂ©e et encore choquĂ©e par ce qu’elle avait fui, elle tentait mĂȘme de se lier d’amitiĂ© avec les Fraldarius. Mais assez vite, sa vraie nature est ressortie
 elle Ă©tait capricieuse, il fallait sans cesse que tout ce qu’on faisait corresponde exactement Ă  ce qu’elle voulait, mĂȘme si c’était impossible Ă  rĂ©aliser. Ça devait ĂȘtre pile ce Ă  quoi elle pensait et ce qu’elle voulait sinon, elle n’acceptait rien, que ce soit sa nourriture, ses vĂȘtements, la dĂ©coration de ses appartements ou mĂȘme la rĂ©alitĂ©. Les Fraldarius lui disaient souvent non et la ramenaient sur le sol de Fodlan alors, elle ne les aimait pas, point. Et elle Ă©tait aussi extrĂȘmement jalouse, mĂȘme des gens qui ne peuvent plus rien lui prendre
 je pense que c’est une habitude qu’elle a pris au harem impĂ©rial mais, elle ne supportait pas que Lambert parle de sa premiĂšre femme devant elle, mĂȘme si c’était au prince, alors que Sa MajestĂ© HĂ©lĂ©na est sa mĂšre. Un autre point de friction avec les Fraldarius d’ailleurs, ils ne se gĂȘnaient pas pour parler de Dame HĂ©lĂ©na devant elle. Donc non, elle n’était pas digne de lui succĂ©der Ă  la place d’épouse de roi
 c’est pour ça que j’en ai plus rien Ă  secouer de balancer tout ça, j’ai Ă©tĂ© chassĂ© sans salaire maintenant qu’elle est morte, c’était une patronne horrible et Lambert fait n’importe quoi, il ne mĂ©rite pas que je me taise !
– Cette femme est jalouse au point d’envier une morte ? Et au point d’interdire Ă  son mari de parler Ă  son enfant de sa mĂšre qui ne l’a jamais connu ? Mais achevez-nous Ă  ce stade d’indignité !
– J’ignorais Ă©galement tout cela, marmonna Ludovic aprĂšs ThĂšcle, attentif sans rien laisser transparaitre. Enfin, en cherchant un peu, on devrait retrouver ce qui est liĂ© Ă  cette Patricia, Anselma ou peu importe. En tout cas, Lambert prouve une fois de plus qu’il pense plus Ă  ce qu’il veut lui et son entourage proche, qu’à ce dont le Royaume a besoin. Il y a eu un conflit avec l’Empire autour du plateau de Brionnic, n’est-ce pas ? Alors, autant Ă©viter un maximum de donner plus d’argument Ă  Ionius pour convaincre son ministre des armĂ©es de nous attaquer, encore moins pour « sauver » une personne ou deux au dĂ©triment de milliers d’autres.
– Dans les deux cas, il aura de nos nouvelles dĂšs demain, croyez-nous sur parole, menacĂšrent les deux sƓurs, furieuses et humiliĂ©es.
Elles descendirent d’une traite leur verre qu’avait rerempli le pĂšre Mercier pour se calmer, puis les remerciĂšrent pour ses informations et de repartirent, elles avaient une longue nuit qui les attendaient, surtout qu’elles avaient bien l’intention de prendre Lambert au saut du lit. L’élĂ©ment crucial d’une embuscade Ă©tait l’effet de surprise qui empĂȘchait de s’organiser correctement et de se dĂ©fendre, faute de renseignement ou de prĂ©paration insuffisante.
Cette caricature de roi avait envoyĂ© leur famille Ă  la mort dans une embuscade Ă  cause de sa stupiditĂ©, il mĂ©ritait de se prendre un retour de bĂąton ïżœïżœquivalent.
De son cĂŽtĂ©, le pĂšre Mercier regarda Ludovic poser encore quelques questions Ă  la femme, tout en prenant des nouvelles du bucheron avec qui il avait combattu au marchĂ© noir, Tristan, mĂȘme s’il lui passa une tisane avec un peu de menthe forte trouvĂ©e Ă  l’orĂ©e de la forĂȘt. L’odeur fraiche lui dĂ©bouchait bien les bronches, mĂȘme si c’était mettre un bandage sur une jambe de bois. L’air mĂȘme de la ville attaquait ses poumons sans pitiĂ©, comme s’il les pourrissait Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme de son corps
 ça devait le faire souffrir horriblement mais, Ludovic ne montrait rien et gardait la tĂȘte haute malgrĂ© tout

« Le drame de Ludovic, c’est d’avoir un corps aussi fragile et d’ĂȘtre mal-nĂ© malgrĂ© son emblĂšme
 songea-t-il en lui donnant le breuvage tout chaud. Il serait nĂ© dans une grande famille, il aurait fait un excellent seigneur, mĂȘme s’il aurait eu un rĂšgne court si sa santĂ© ne suivait pas  »
Le jeune homme prit le verre en le remerciant, le tavernier décryptant son sourire si discret mais reconnaissant.
« Je vous rendrais votre gentillesse, je vous le promets, » souffla Ludovic une fois ses bronches dégagées.
Le connaissant, le pùre Mercier n’en doutait pas une seconde.
*
Quand il ouvrit les yeux, Lambert mit un peu de temps Ă  comprendre oĂč et quand il Ă©tait. Il faisait sombre, la nuit ne devrait pas tarder Ă  tomber et des nuages recouvraient le soleil, plongeant le ciel dans l’obscuritĂ© profonde et dans un torrent de pluie dĂ©mentielle
 on se croirait en plein milieu de la nuit

Une petite flamme s’alluma dans le coin de ses yeux, Ă©clairant tout son monde alors qu’il se rendait compte qu’il Ă©tait dans la grande salle de Garreg Mach
 HĂ©lĂ©na la tenait dans sa main, illuminant une table oĂč Ă©tait assis Rodrigue et Alix cĂŽte Ă  cĂŽte en se partageant un livre, faisant face Ă  sa premiĂšre Ă©pouse et FĂ©licia ainsi qu’Ivy qui Ă©tait assis Ă  l’envers sur une chaise, les bras croisĂ© sur le dossier et la tĂȘte dessus
 c’était Ă  la fois si proche et si lointain
 Ă  peine vingt ans pourtant et tant de chose avait changé  Lambert se souvient alors de ce jour-lĂ , Ă  l’acadĂ©mie des officiers
 un orage de tous les diables les avaient obligĂ©s Ă  passer leur dimanche Ă  l’intĂ©rieur alors, en se perdant dans la bibliothĂšque en cherchant de quoi lire pour passer le temps, les jumeaux Ă©taient tombĂ©s sur un recueil de chant de Faerghus. Ils s’étaient donc amusĂ©s Ă  chanter les diffĂ©rents airs du recueil une bonne partie de l’aprĂšs-midi pour tout le monde, une petite troupe finissant par se former autour d’eux pour les Ă©couter. Leur voix avait toujours Ă©tĂ© magnifique

La lumiĂšre de la flamme Ă©claira le visage halĂ© d’HĂ©lĂ©na, faisant revivre ses yeux d’aigue-marine et sa longue chevelure blonde tressĂ©e, notant avec nostalgie et regret qu’elle partageait sa criniĂšre indomptable avec leur fils
 son visage Ă©tait Ă  la fois si semblable et si diffĂ©rent de celui de Patricia
 comme Ă©clairĂ© par une chandelle, on ne pouvait que voir son calme, son sĂ©rieux et son doux sourire Ă  la fois si rare et si prĂ©cieux
 elle rayonnait force et de santĂ© dans chaque morceau de son ĂȘtre

« HĂ©lĂ©na  »
Le veuf leva la main, la tendit vers sa premiÚre épouse, cherchant à se rapprocher de sa douce chandelle qui lui avait réchauffé les mains tant de fois, le guidant sur le bon chemin avec sa lumiÚre rassurante

Les jumeaux changĂšrent alors d’air, se mettant Ă  entamer la « Supplique de Fraldarius », mĂȘme si aucun des deux n’aimaient les hypothĂšses autour de cette chanson. Ils apprĂ©ciaient la chanter pour toutes les Ă©motions Ă  l’intĂ©rieur mais, trouvait que l’interprĂ©tation des Ă©rudits autour ne collait vraiment pas Ă  ce qu’ils ressentaient dans les paroles

« Dans la nuit sans étoile, le vent mugit dans le noir,
Les ronces m’écorchent et m’enserrent en riant,
Les chaines cruelles boivent sans soif mon sang,
Ô dieux, Ă  la lune je ne peux que hurler mon dĂ©sespoir, »
La voix des jumeaux s’immisça dans ses pensĂ©es, les parasitant avec leurs paroles Ă©tranges et inquiĂ©tantes alors que la flamme dans les mains d’HĂ©lĂ©na faiblissait

Deux yeux bleus d’eau percĂšrent la pĂ©nombre, avant qu’en n’émerge une silhouette longiligne, forte et presque invisible dans l’obscuritĂ©, avant qu’il ouvre une gueule Ă©carlate, remplie de longs crocs comme d’immenses croissants de lune, coupants comme des sabres
 Lambert s’écria alors, mĂȘme s’il le reconnut tout de suite, mort de peur pour son Ă©pouse.
« Héléna ! Attention ! »
« Dans le froid de l’hiver, la bise se moque de moi,
Tous mes os se figent un par un,
Ils se pĂ©trifient jusqu’à la fin,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon effroi,
Cependant, le loup se contenta de lui donner un petit coup de truffe Ă  la jeune femme, attirant son attention avant de lui montrer un chemin. Sans hĂ©siter malgrĂ© sa mĂ©fiance naturelle, peut-ĂȘtre parce qu’elle reconnaissait ses yeux d’eau, HĂ©lĂ©na le suivit sans hĂ©siter, s’enfonçant dans un couloir sombre avec lui.
Fou d’inquiĂ©tude et de peur que ça dĂ©gĂ©nĂšre aprĂšs sa crise de colĂšre, Lambert les suivit en courant, essayant de les rattraper mais, quand il sortit du boyau, il n’était plus Ă  Garreg Mach
 non
 non
 il Ă©tait de nouveau entourĂ© des corps Duscur

HĂ©lĂ©na portait Ă  prĂ©sent sa longue robe blanche et bordeaux, brodĂ© de son emblĂšme et de l’astre cĂ©rulĂ©en, ses longs cheveux dĂ©nouĂ©s battant en silence dans le vent Ă  la fois brĂ»lant et glaciale, portant ses mots Ă©tranglĂ©s alors qu’elle se baissait vers les morts

« Nia
 Momon  »
Elle se releva, ses gestes saccadĂ©s faisant penser Ă  ceux d’une poupĂ©e dĂ©sarticulĂ©e, choquĂ©e en dĂ©couvrant d’autres corps portant leur emblĂšme, des visages d’adultes qu’elle n’avait connu que pendant leur enfance, des gardes et des fidĂšles de sa famille

« Tous
 tout le monde  »
Sa voix s’étrangla d’un coup alors qu’elle s’élançait vers la derniĂšre personne que Lambert aurait voulu qu’elle voie, n’arrivant pas Ă  la rejoindre avant qu’elle ne trouve la tĂąche bleu roi dans cet ocĂ©an de blanc et de brun-rouge

« Oh non ! Dimitri ! »
HĂ©lĂ©na se prĂ©cipita vers lui en enjambant les corps comme elle pouvait, le prenant tout de suite dans ses bras en utilisant la magie de soin, murmurant Ă  leur fils, mĂȘme s’il ne pouvait pas l’entendre, brĂ»lĂ© et Ă©tranglĂ© de fumĂ©e

« Dimitri
 tient bon
 tient bon
 je vais te soigner
 Mitsos  »
« Dans le noir des tĂ©nĂšbres, mĂȘme le soleil cruel est ennemi,
Mes yeux déjà asséchés de larmes brûlent,
À sa vue dont ils ne supportent plus la fĂ©rule,
Ô dieux, Ă  la belle lune j’hurle, elle est ici ma seule amie. »
Le loup rĂ©apparut, s’asseyant Ă  ses cĂŽtĂ©s en passant sa truffe sur les cheveux calcinĂ©s du blessé  HĂ©lĂ©na se tourna vers lui, le fixant droit dans les yeux, telle qu’elle Ă©tait avant sa mort. Sa peau semblait livide malgrĂ© son teint halĂ©, des cernes sombres et profondes balafrant son visage, ses longs cheveux hirsutes et cassants comme de la paille
 tel que la peste l’avait laissé 
« Tel que toi, tu l’as Ă©puisĂ©e
 susurra le loup sans qu’HĂ©lĂ©na semble l’entendre, cette derniĂšre lui demandant sans hĂ©siter.
– Qui
 qui a fait ça à mon fils ?
Sans un mot, le loup tourna alors son regard vers Lambert, retroussant ses babines dans un sourire satisfait quand HĂ©lĂ©na se redressa, fixant son mari alors que son visage choquĂ© changeait, s’enflammait de colĂšre, le criblant du regard avec fureur.
« Ô Lune, grande lune si belle qui m’écoute toujours chaque nuit,
Ce soir, malgrĂ© les ronces qui m’étranglent et toujours me lacĂšrent,
Je te hurle mon désespoir, je te hurle ma rage, je te hurle ma priÚre,
Ô Lune, entend mon sort hurler au fond de cette prison de suie ! »
– Lambert
 comment as-tu pu
 comment as-tu pu emmener notre fils ici
 comment as-tu pu emmener mon fils dans une expĂ©dition aussi dangereuse ?! Tu aurais dĂ» le laisser au palais en sĂ©curité ! Il n’avait rien Ă  faire dans une expĂ©dition pareille !
– HĂ©lĂ©na
 je
 je te jure que je ne pensais pas que ce serait aussi dangereux pour lui
 lui promit-il en essayant de s’approcher d’elle, ouvrant ses bras. J’aurais su, jamais je ne l’aurais

– Tout le monde t’a prĂ©venu, le coupa-t-elle en se fermant, se mettant entre Lambert et Dimitri, comme pour le protĂ©ger. Myrina t’a dit et rĂ©pĂ©tĂ© que ce passage Ă©tait trĂšs dangereux et qu’il ne fallait surtout pas t’attarder dans ce piĂšge Ă  rat. Kimon t’a dit que tes lettres Ă©taient mal faites et tes promesses irrĂ©alistes alors, il fallait travailler Ă  nouveau avec les ambassadeurs pour trouver des accords plus rĂ©alistes mais que dans tous les cas, cela allait abimer nos relations avec Duscur, ce qui incitait Ă  encore plus de vigilance. LachĂ©sis t’a dit plusieurs fois qu’il fallait faire arrĂȘter Kleiman et le mettre sous les verrous afin d’éviter qu’il n’aggrave encore plus la situation, et ThĂšcle qu’elle avait besoin de plus de temps pour examiner son cas pour le juger. Tu as refusĂ© et rĂ©sultat, il continue Ă  massacrer d’autres ĂȘtres humains sur la frontiĂšre sans que tu ne remarques rien et avec l’accord de Rufus. Rodrigue t’a rĂ©pĂ©tĂ© plusieurs fois Ă  quel point c’était dangereux pour Dimitri de l’emmener, et Ă  quel point ils n’avaient pas le temps de tout prĂ©parer correctement pour assurer au maximum la sĂ©curitĂ© de tout le convoi, Alix aussi te l’a encore rĂ©pĂ©tĂ© avec force. Mais tu n’as Ă©coutĂ© personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains !
– HĂ©lĂ©na
 je
 je

« MĂȘme si je suis prisonnier, je m’évaderai !
MĂȘme si je ne suis plus que mon dĂ©sespoir, je m’en servirai !
MĂȘme couvert de chaines, jusqu’à la derniĂšre je les lacĂ©rerai !
Ô lune ! Au pire des malĂ©fices je me sacrifierai ! »
Il tenta encore de s’approcher malgrĂ© tout mais, sa premiĂšre Ă©pouse enflamma ses mains avant de les serrer en poing, prĂȘte Ă  frapper pour dĂ©fendre Dimitri derriĂšre elle, tout semblable Ă  plusieurs reprĂ©sentations de la Flamme PassionnĂ©e, protĂ©geant les siens en s’enflammant elle-mĂȘme. La douce chandelle semblait ĂȘtre tombĂ© dans l’huile, se propageant partout autour d’eux pour plonger la vallĂ©e Ă©troite dans des flammes bleues, embrasant un grand bĂ»cher funĂ©raire pour les morts et un cocon protecteur pour Dimitri.
Lambert paniqua, sentit ses doigts fondre dans cette fournaise de plus en plus infernal, emportant HĂ©lĂ©na Ă  qui Dimitri s’accrochait Ă  prĂ©sent, le laissant seul. Il crut entendre la voix de Patricia au loin, l’appelant vers elle mais, ses appels ne firent que rendre les flammes encore plus fortes, plus cruelles, creusant sa peau alors qu’il tentait en vain de trouver une issue, un passage, une Ă©chappatoire
 n’importe quoi qui pouvait le faire sortir d’ici !
« Que les dieux qui m’abandonnent me haĂŻssent aujourd’hui,
Car moi la pauvre créature enfermée sort ses crocs acérés,
MĂȘme si devenir une bĂȘte est le pire des sorts Ă  redouter,
Je suis prĂȘt Ă  en ĂȘtre une pour sortir de cette prison honnie ! »
En levant les yeux, suivant l’origine du chant qui rĂ©sonnait tout autour de lui, l’homme vit Ă  nouveau le loup le fixer depuis le sommet des ravins, la tĂȘte sur ses pattes, souriant toujours Ă  pleines dents en le voyant se dĂ©battre, se tortiller dans les flammes en essayant en vain de s’échapper.
« Toi
 ! »
EmportĂ© par sa propre colĂšre de la farce grotesque que lui imposait le loup qui avait remplacĂ© son ami, Lambert arriva Ă  trouver assez d’élan pour sauter, attraper le rebord de la falaise et Ă  se hisser lĂ  oĂč Ă©tait la bĂȘte cruelle, rien que pour lui faire ravaler son sourire aprĂšs avoir montĂ© HĂ©lĂ©na contre lui. C’était sa faute s’il cauchemardait Ă  ce point ! C’était sa faute si elle Ă©tait aussi en colĂšre et fatiguĂ©e !
Cependant, quand il arriva Ă  se hisser au sommet battu par le blizzard, le loup s’était un peu Ă©loignĂ©, riant toujours Ă  la maniĂšre de Foa alors qu’il se relevait, un rire saccadĂ© et malade, comme s’il se moquait de lui, le trouvait pathĂ©tique de tenter de l’attraper.
« Reviens ! Reviens et rends sa place à

– Seulement si tu arrives Ă  me rattraper ! Ghia ! Ghihi ! Ghihihi ! Que la Lune voie qui gagne ! »
Il repartit en riant, tĂąchant la blancheur Ă©clatante des lieux avec sa noirceur de tĂ©nĂšbres, le forçant Ă  s’enfoncer dans le blizzard. Lambert le suivit comme il pouvait mais, il Ă©tait bien plus lourd que lui, ses pas s’enfonçant dans la neige Ă©paisse, le noyant presque dans la poudreuse tranchante, alors que le loup courrait Ă  vive allure sur le manteau neigeux et craquant, seules de lĂ©gĂšres traces de pattes vite recouvertes par le blizzard marquant son passage alors qu’il chantait Ă  nouveau.
« La roue du destin tourne et tourne,
Les routes se mĂȘlent et s’entremĂȘlent,
Les saisons passent et vite trépassent,
On ne reconnait plus rien du tout !
Je cherche mon chemin ! S’écria le pauvre fol,
De quel chemin parles-tu ? Répondit la Lune
Le glorieux chemin que m’a destinĂ© la fortune !
Qu’il est orgueilleux ! Ce pauvre fol est frivole !
Car notre chemin n’est jamais par un autre tracĂ©,
Il est toujours fait de milles et milliers de pas bien décidés,
Il est toujours soigneusement pavé par notre seule volonté,
Tu as toi-mĂȘme dĂ©cidĂ© par tes choix de te blesser !
Mon pauvre fol orgueilleux ! Ta pitoyable errance


n’est que le rĂ©sultat de ta propre ignorance ! »
« Tais-toi ! C’est faux et tu le sais ! Je n’ai jamais dĂ©cidĂ© que tout tournerait ainsi ! Jamais je ne voulais que

– Mais tu as tout de mĂȘme dĂ©cidĂ© que tu mĂšnerais le Royaume Ă  sa perte.
Lambert s’arrĂȘta net, figĂ© en dĂ©couvrant son pĂšre au sommet de la montagne, Areadbhar luisant dans ses mains, en grand habit de monarque, la couronne d’or de Loog ceignant son front, illuminĂ© par la Lune
 aprĂšs avoir rencontrĂ© Blaiddyd en personne, Lambert ne pouvait que voir que Ludovic avait exactement les mĂȘmes yeux que leur ancĂȘtre
 le loup Ă©tait lĂ  aussi, allongĂ© aux cĂŽtĂ©s de l’ancien roi, toujours aussi satisfait de lui-mĂȘme, le narguant toujours
 c’était encore plus cruel de sa part en sachant ce que son pĂšre allait lui faire remarquer

– Regarde Lambert, lui ordonna son pĂšre en montrant la vallĂ©e en contrebas. Regarde le rĂ©sultat de ton indĂ©cision et de tes dĂ©cisions. Regarde les consĂ©quences de tes actes.
Bien obligĂ© d’avancer, l’homme obĂ©it et regarda au bas de la colline. Tout Ă©tait sombre, tout Ă©tait plongĂ© dans le noir sans aucun soleil Ă  l’horizon
 comme sans lendemain
 il n’y avait personne aux alentours, juste des ombres indĂ©finis, comme vidĂ© de toute vie

– Non
 il y a encore de la vie en Faerghus
 on arrivera à se relever
 on

– Tu rĂ©pares ce que tu as brisĂ© toi-mĂȘme, rĂ©pliqua Ludovic avec sa voix froide, serrant Areadbhar entre ses mains. J’avais laissĂ© derriĂšre moi un Royaume sain, prospĂšre aprĂšs tant d’annĂ©e de guerre et de terreur
 toute ma vie, j’ai travaillĂ© afin que le rĂšgne de mon pĂšre ne se rĂ©pĂšte pas
 que tant de personnes ne subissent pas Ă  nouveau de telles atrocitĂ©s

– Mais je n’ai jamais voulu faire le moindre mal Ă  mes sujets ! Je ne les ai jamais entrainĂ©s dans des guerres sanglantes !
– Non, en effet. Mais tu mĂ©prises leurs vies tout autant que lui, bien que ce soit de maniĂšre diffĂ©rente. Clovis se moquait Ă©perdument de la vie des autres, seule la sienne comptait, et il les envoyait Ă  l’abattoir sans hĂ©siter ou remord. Toi, Ă  cause de ton inconscience et de ta naĂŻvetĂ©, tu agis sans prendre en considĂ©ration les risques qu’encours tout le monde, car tu es persuadĂ© que tout se passera bien et que sinon, ce sera possible de rĂ©parer ce que tu as brisĂ©, alors que rien ne peut rendre une vie perdue ou rĂ©parer cette absence
 le tout en Ă©coutant de moins en moins les voix qui s’élevaient contre toi et te conseillaient d’ĂȘtre plus prudent, et en n’écoutant que les personnes qui ne cherchaient qu’à profiter de la situation
 souffla-t-il en passant sa main sur la tĂȘte du loup, avant de le fixer droit dans les yeux. Et vois oĂč tout ceci t’a mené  mon plus grand regret est d’ĂȘtre mort aussi tĂŽt, trop vite pour t’empĂȘcher d’accĂ©der au pouvoir. Tu n’as pas les Ă©paules pour ĂȘtre roi, tu n’es pas fait ni digne d’une telle tĂąche, » sanctionna-t-il alors que du sang tuberculeux coulait de sa bouche, comme quand il retenait ses toux avant de mourir, mais il restait malgrĂ© tout droit et ferme, seuls ses poings tremblant de colĂšre. « À cause de ma propre faiblesse, j’ai laissĂ© le Royaume entre les mains d’un inconscient qui a tout dĂ©truit sur son passage en Ă©tant persuadĂ© de bien agir, et cela l’a conduit Ă  sa ruine. Le Royaume est meurtri par le deuil, la colĂšre et le ressentiment, la faim le gangrĂšne, la maladie guette dans la pĂ©nombre, attend son heure pour tourmenter encore plus notre peuple
 il se dĂ©lite mĂȘme, Gautier est dĂ©jĂ  en train de faire sĂ©cession vers Sreng oĂč ils ne seront plus obligĂ©s d’obĂ©ir Ă  tes ordres lunaires, et que crois-tu qui se passera quand Fraldarius apprendra ce que tu as fait Ă  ses ducs ? Quand ils verront Rodrigue et Alix revenir sous la forme de loups tourmentĂ©s par le dĂ©sespoir ? Que pensera GalatĂ©a en voyant que Rufus les a dĂ©jĂ  abandonnĂ©s ? Charon en voyant ta mauvaise gestion et quand ils apprendront l’affront que tu as fait Ă  leur sƓur ? Que penses-tu ce qui va arriver Ă  Faerghus aprĂšs tout ce que tu as fait et laissĂ© faire ?
Lambert ne rĂ©pondit pas, regardant son pĂšre sans savoir quoi dire
 Ă  part pour le fait que les Charon n’apprendront jamais pour Patricia, encore plus maintenant que
 il avala sa salive en repoussant tout ce qui avait pu lui arriver

– Et elle, elle est partie volontairement dans un voyage qu’elle a voulu. Elle n’a pas Ă©tĂ© arrachĂ© de force Ă  ses proches.
L’homme jeta un regard au loup, Ă  prĂ©sent debout en regardant au loin, semblant chercher quelque chose dans les flammes. De prĂšs, on voyait ses cĂŽtes saillantes, des blessures sanguinolentes tachant sa fourrure de nuit, que ses grands yeux de chat Ă©taient rougis de larmes
 Ludovic se baissa vers le loup pour passer ses mains sur la tĂȘte du loup, doux et calme, moins froid avec lui qu’il ne l’avait jamais Ă©tĂ© avec presque personne d’autre
 mĂȘme si Lambert savait en son for intĂ©rieur que son pĂšre avait Ă©tĂ© chaleureux avec lui, souvent mĂȘme avant que la politique et la question de la succession n’envenime leur relation, il ne put empĂȘcher la jalousie de ronger son cƓur, sachant Ă  quel point Ludovic aurait prĂ©fĂ©rĂ© que ce soit ce loup son hĂ©ritier plutĂŽt que lui

– Que de vies perdues et ruinĂ©es Ă  cause de ton inconscience et de ma propre faiblesse

Le loup passa un coup de langue sur la joue de Ludovic, avant que l’ancien roi ne se relùve et le regarde dans les yeux, sa colùre gelant Lambert sur place.
– Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ?
Lambert n’eut pas le temps de rĂ©pondre, Ludovic disparut dans un tourbillon de neige, le lacĂ©rant de toute part alors que tout devenait de plus en plus sombre tout autour de lui
 le plongeant dans les tĂ©nĂšbres les plus froides et terrifiantes

Un fredonnement incomprĂ©hensible grouilla dans l’obscuritĂ© humide, le glaçant malgrĂ© sa familiarité 
Les tĂ©nĂšbres se dissipĂšrent Ă  peine, alors que Lambert Ă©chouait dans une forĂȘt noueuse et sombre
 il faisait tellement humide, on se serait cru dans l’eau tellement l’air en Ă©tait saturé  ces bois n’étaient pas Ă©clairĂ©s par le soleil, seule la lune, l’Astre CĂ©rulĂ©en et les Ă©toiles tĂąchaient la nuit, Ă©claboussant les branches noires et emmĂȘlĂ©es les unes les autres de leur lueur blafarde
 ce n’était mĂȘme pas ce qui illuminait vraiment sa vision, mais une forme blanche au fond du chemin, appelant encore et encore quelque chose mais, Lambert ne comprenait pas un seul mot de ce que disait la silhouette, floue comme un reflet dans une flaque
 il s’approcha, hĂ©sitant avant de vraiment de retrouver le loup qui reprenait forme humaine en chantant toujours

« Au clair de la lune, le vent chante,
Tu pleures dans cette forĂȘt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante.
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils s’approchent de tes blessures,
Ils t’entourent, te rĂ©chauffent avec leur fourrure,
Cette protection si douce te rassure.
Au clair de la lune, la forĂȘt te protĂšgera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte,
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante Ă©treinte, enfin tu t’endors guĂ©ri. »
Rodrigue Ă©tait apparu face Ă  lui, tout diffĂ©rent de celui qu’il Ă©tait avant de se transformer. Ses joues Ă©taient de nouveau pleines, ses gestes plus assurĂ©s et prĂ©cis, ses pas bien plus stables, son dos bien droit, son maintien fier et royal
 il semblait Ă  nouveau en pleine santĂ©, comme avant
 une grande peau du loup recouvrait ses Ă©paules comme une grande cape, cachant un peu son habit sarcelle et blanc pur, le rendant presque lumineux au milieu des tĂ©nĂšbres. Son chapelet Ă©tait autour de son cou plutĂŽt que sur son poignet droit, l’emblĂšme de Fraldarius reposant sur son cƓur, de nouveau en bon Ă©tat alors qu’avec le temps, l’homme l’avait tout abimĂ© Ă  force de faire rouler les perles et de serrer les breloques dans ses priĂšres
 Un cercle d’argent ornĂ© de pierres de lune ceignait ses boucles noires, vibrant presque avec sa peau si pale
 il avait l’air d’un meneur de loup, comme un ĂȘtre de lĂ©gende sorti tout droit d’une chanson de geste
 le roi de la forĂȘt et de la nuit venant voir en personne qui avait osĂ© franchir la frontiĂšre de son Royaume

Ses yeux de chat se posĂšrent sur Lambert, profond comme le lac, illisibles
 ce n’est qu’à ce moment-lĂ  que l’homme se rendit compte que le loup
 l’homme face Ă  lui
 Rodrigue
 peut-ĂȘtre
 avait un foulard autour de lui, fait pour porter un enfant, vide, ainsi qu’une besace surement remplie de quoi soigner
 il devait encore le chercher partout

« Que
 que veux-tu ? Demanda Lambert. C’est toi qui as provoquĂ© tout ceci, n’est-ce pas
 ?
– Quoi donc ?
– Tout ce qui vient de se passer ! HĂ©lĂ©na ! Ludovic ! Duscur ! Dimitri ! MĂȘme la voix de Patricia ! C’est toi qui me les as montrĂ©s ! C’est toi qui les as amenĂ©s ici et les monter contre moi !
– Toi ou moi ?
– Qu’est-ce que tu veux dire ? Explique-toi à la fin ! Et pourquoi tu te riais de moi tout à l’heure ?!
– Est-ce tes actions ou les miennes qui les ont rendus furieux ? Personnellement, j’ai ma rĂ©ponse, se moqua-t-il avec un sourire qu’il n’avait jamais vu sur le visage de Rodrigue. Dans tous les cas, c’est bien mĂ©ritĂ©. Ce mĂ©pris et ce rejet sont tout ce que tu mĂ©rites.
Lambert eut un mouvement de recul face Ă  son ami. MĂȘme s’il Ă©tait redevenu humain, tout son comportement ressemblait Ă  celui d’un loup tournant autour de sa proie, l’épuisant avant de sauter sur elle et lui rompre le cou pour la dĂ©vorer

Rodrigue voulait le dĂ©vorer
 il attendait le moindre signe de faiblesse pour lui sauter dessus et finir de le dĂ©capiter, il en Ă©tait sĂ»r
 !
– Comment as-tu pu changer comme ça
 osa demander Lambert. Nous
 nous Ă©tions amis

– Amis
 rĂ©pĂ©ta-t-il en posant sa main sur son menton, l’étudiant avec un mĂ©lange de mĂ©pris et de sarcasme, jouant encore avec lui en le faisant attendre. Amis ou outils
 tu n’as fait que m’utiliser pour faire ton travail Ă  ta place, tout comme Rufus
 m’épuiser jusqu’à la derniĂšre goutte de force et d’espoir
 comme tu l’as fait pour HĂ©lĂ©na
 puis tu m’as tout pris
 tout
 tu m’as pris tout ce qui comptait pour moi, le tout en souriant tout le temps et en Ă©tant persuadĂ© de le faire pour le bien de tous, alors que tu ne faisais que satisfaire tes propres dĂ©sirs et ton Ă©gocentrisme

– Tu sais bien que je ne pensais pas Ă  mal
 marmonna encore Lambert en dĂ©tournant le regard, ne pouvant pas supporter de voir ce qu’était devenu son ami, ce regard froid et cruel sur son visage d’habitude si gentil et chaleureux. Je ne pensais pas que je te faisais souffrir au point de te
 !
– Allons, relĂšve la tĂȘte, lui ordonna-t-il sur un ton amical et enjouĂ©, encore plus terrifiant que tout le reste ici, comme si tout ceci n’était qu’un jeu pour lui. Ait au moins le courage de regarder tes victimes en face quand elle vienne te demander des comptes. Et tu ne savais pas que tu me faisais souffrir ? RĂ©pĂ©ta-t-il. Tu ne savais pas qu’emmener mon enfant et mon compĂšre de force dans un voyage aussi dangereux me faisait souffrir ?
Il fit un premier pas de loup dans sa direction.
– Tu ne savais pas que nous forcer à tous la main d’envoyer nos sujets et nos proches à la mort nous faisait souffrir ?
Un autre pas.
– Tu ne savais pas Ă  quel point ĂȘtre obligĂ© de te laisser autant de pouvoir sur Glenn me faisait souffrir ?
Encore un autre pas.
– Tu ne savais pas qu’agir comme si la mort de son pĂšre n’était pas importante pour Dimitri, que tu traites la mort aussi Ă  la lĂ©gĂšre me faisait souffrir ?
MalgrĂ© la menace, Lambert Ă©tait incapable de bouger, happĂ© par le tourbillon de question de l’entitĂ© face Ă  lui, harponnĂ© par ses yeux si bleu posĂ©s sur lui.
– Tu ne savais pas que devoir tout faire pour encore rĂ©parer tes erreurs Ă  ta place me faisait souffrir ?
Rodrigue était maintenant face à lui, posant encore et encore des questions avec ce sourire de loup, de plus en plus sombre et menaçant, semblant immense malgré sa plus petite taille.
– Tu ne savais pas que travailler pour l’homme qui a tuĂ© mon fils et mon compĂšre me faisait souffrir ?
Rodrigue leva ses mains, armées de longs ongles semblables à des griffes, souriant toujours, la lune se reflétant sur ses crocs blancs.
– Tu ne savais pas que m’arracher mon louveteau et mon frùre me faisait souffrir ?
Il enroula ses doigts griffus autour de sa gorge, le tirant jusqu’à ce qu’il soit front contre front en crachant la derniùre question.
– Tu ne savais pas Ă  quel point je te hais pour m’avoir tout prit ? À quel point je te hais de toute mon Ăąme depuis ce jour oĂč tu es rentrĂ© sans eux ? Que tu es naĂŻf
 c’est Ă  vomir

Il serra en grognant, son sourire et son masque abandonnĂ©, ne laissant qu’une Ă©motion brute de haine, de dĂ©gout et de dĂ©testation gravĂ© au plus profond de sa voix et de son ĂȘtre.
– Rends-les-moi
 rends-les-moi ! Rends-moi tout ce que tu m’as volé !
– Rodrigue ! » Protesta Lambert en tentant de se libĂ©rer, accrochant ses propres mains Ă  celles de l’homme en Ă©chouant Ă  le faire lĂącher prise malgrĂ© sa force
 est-ce qu’il Ă©tait vraiment devenu un ĂȘtre surnaturel pendant qu’il s’était transformé ?! Il semblait sortir d’un autre monde ! « Je t’en supplie ! Calme-toi !
– Rends-les-moi ! Je veux mes enfants ! Je veux ma famille ! » S’écria-t-il, tout croc dehors, en serrant encore plus fort, assez pour le griffer
 du sang coulait le long de sa gorge
 il Ă©tait sur le point de l’égorger ! « Tu as rĂ©pandu le sang de Glenn et de Nicola pour survivre comme le vampire que tu es ! C’est Ă  cause de toi qu’ils sont morts ! Rends-les-moi tous les deux !
– Je ne peux pas ramener les morts !
– Il fallait y penser avant ! Tu nous demandes l’impossible alors, fait-le aussi ! C’est leur sang qui te permet de vivre aujourd’hui ! Rends-le-leur ! Rends-leurs tout le sang que tu leur as volé !
– Rodrigue
 tu m’étrangles !
– Rends-moi Glenn ! Rends-moi Nicola ! Et surtout, rends-moi FĂ©lix ! Rends-moi mon louveteau ! Tu es allĂ© jusqu’à me prendre mon seul enfant qui me restait ! La derniĂšre personne que FĂ©licia a rencontrĂ©e et aimĂ©e plus que sa vie avec Glenn ! Tu nous as pris notre dernier petit ! La personne que j’aime le plus au monde ! Tu as mĂȘme osĂ© m’arracher FĂ©lix par caprice aprĂšs avoir tuĂ© Glenn par inconscience ! Je veux retrouver mon louveteau ! Rends-le-moi !
– Rodrigue ! Je
 Lambert haleta, ayant du mal Ă  parler, perdant de plus en plus d’air. Je ne peux pas le rĂ©cupĂ©rer comme ça
 Dimitri doit vou

– Rends-moi mes fils ! Rends-moi le seul fils qui t’a Ă©chappé ! Rends-moi FĂ©lix ! ArrĂȘte de te comporter comme un enfant gĂątĂ© et rends-moi FĂ©lix ! Je veux ma famille ! Lui, tu ne pourras pas me le voler ! Pas lui aussi ! Je ferais tout pour rĂ©cupĂ©rer mon enfant ! Tout ! » Lui jura-t-il en serrant encore plus fort ! Il allait finir par faire sauter sa tĂȘte en dĂ©chirant son cou ! « Alors, rends-le-moi ! Maintenant !
– Rodrigue ! Par pitié ! ArrĂȘte ! »
Lambert se rĂ©veilla d’un coup en hurlant, reprenant son souffle Ă  grandes bouffĂ©es sans pouvoir s’empĂȘcher de presser ses mains contre sa gorge, s’attendant pratiquement Ă  sentir du sang et des entailles profondes sous ses doigts
 il sentait encore les mains de son ami la saisir et serrer
 lui hurler de lui rendre sa famille
 lui hurler sa haine
 non
 ce n’était pas possible
 Rodrigue ne pouvait pas le considĂ©rer ainsi
 le haĂŻr avec autant de force
 ce n’était qu’un cauchemar
 rien qu’un cauchemar
 rien de plus

Pourtant, il entendait encore le cri, le hurlement du loup rĂ©sonnĂ© dans la nuit alors qu’il s’échappait enfin de ce rĂȘve Ă©trange

« Je te hais ! »
L’homme fit tout pour repousser ce mensonge
 c’était un mensonge, c’était forcé  Rodrigue ne pouvait pas

MalgrĂ© tout, le rĂȘve continua Ă  le hanter une bonne partie de la matinĂ©e, tellement qu’il finit par se rĂ©soudre par aller voir Rufus pour en parler malgrĂ© tout
 il avait beau jurer qu’il n’avait rien Ă  voir avec les exactions de Kleiman, que c’était juste un appui de circonstance pour une situation trĂšs tendue qui demandait tous les bras disponibles pour s’en sortir, Lambert ne pouvait s’empĂȘcher de ressentir une certaine apprĂ©hension avec lui
 comme si quelque chose dans ses mots sonnaient faux
 cependant, Rufus restait son grand frĂšre
 son grand frĂšre Ă  qui il pouvait tout dire et tout partager, mĂȘme les choses les plus inavouables ou gĂȘnantes
 son grand frĂšre qui l’avait toujours mis en confiance, pour le meilleur comme pour le pire mais, c’était dĂ©jĂ  beaucoup quand on passait derriĂšre un roi de la stature de Ludovic
 il ne pouvait pas s’empĂȘcher de lui faire confiance pour quelque chose d’aussi Ă©trange qu’un rĂȘve pareil
 mĂȘme si ça concernait Rodrigue et qu’il n’ignorait pas leur antipathie rĂ©ciproque

Lambert alla dans le bureau de son frĂšre mais, en voyant qu’il n’était pas lĂ , il dĂ©cida de l’attendre, il ne devrait pas s’absenter bien longtemps
 Rufus travaillait bien plus qu’avant la TragĂ©die, il avait aussi droit de prendre une pause de temps en temps

« MĂȘme s’il aurait pu en accorder aussi Ă  Rodrigue
 enfin, c’est fait maintenant  »
Une petite cassette dans un coin du bureau attira l’attention de l’homme. Elle Ă©tait tout simple, dĂ©corĂ© de quelques vrilles vĂ©gĂ©tales mais, il la reconnaitrait entre mille
 Rufus y tenait beaucoup
 la seule fois oĂč il avait disputĂ© Dimitri, c’était quand il avait voulu la rĂ©cupĂ©rer pour qu’elle soit le coffre au trĂ©sor d’un roi malĂ©fique dans un de ses jeux
 mĂȘme Lambert n’avait jamais vu ce qui avait Ă  l’intĂ©rieur
 il s’était toujours imaginĂ© qu’il s’agissait de la correspondance intime de son frĂšre, d’oĂč son angoisse que qui que ce soit voit le contenu de cette cassette
 mĂȘme si Rufus avait aussi promis avec aplomb de lui montrer son contenu quand il reviendrait triomphant de Duscur
 bon, pour le triomphant, c’était ratĂ© mais

« Non
 c’est Ă  lui
 c’est sa vie privĂ©e
 il me le montrera quand il voudra  »
Mais c’était si tentant
 et Rufus lui avait dit qu’il lui montrerait en plus

Il ne perdait rien à juste la manipuler un peu

La premiĂšre chose qui Ă©tonna Lambert en la prenant dans ses mains Ă©tait le poids de la boite. Elle semblait pleine Ă  ras bord s’il se fiait Ă  son poids, alors qu’elle semblait plus lĂ©gĂšre quand Rufus lui avait montrĂ© la derniĂšre fois

« Qu’est-ce qui a bien pu  »
Il ne put rĂ©sister et força la boite, l’ouvrant sans souci avec sa force.
La cassette ne contenait que du papier, des lettres mĂȘmes Ă  premiĂšre vue mais, ce qui Ă©tonna Lambert, c’était qu’il ne s’agissait pas de l’écriture soignĂ©e de Rufus
 non
 elle Ă©tait bien plus biscornu, comme Ă©crite par quelqu’un de plus jeune ou un gaucher Ă©talant l’encre avec sa main en rĂ©digeant
 et il y avait plusieurs scriptes

MĂȘme s’il se força Ă  penser qu’il s’agissait des lettres de ses amants, des soupçons empoisonnĂšrent le cƓur de Lambert alors qu’il dĂ©pliait une missive au sceau dĂ©jĂ  cassé 
« Papa, pourquoi tu ne m’écris plus ?! J’ai plus de nouvelles de toi depuis des semaines ! Qu’est-ce qui se passe ?! »
« C’est l’écriture de FĂ©lix ! Mais qu’est-ce qu’une de ses lettres pour son pĂšre fait là ?! »
Lambert en sortit une autre, reconnaissant l’écriture d’Alix, le dĂ©but de la lettre Ă©tant dans le mĂȘme ton que la prĂ©cĂ©dente.
« Rodrigue, je sais que tu ne vas pas bien, je le sens, je sens que tu es mal et que ça ne s’amĂ©liore pas
 je ne sais pas pourquoi je n’ai plus de lettre de toi, est-ce que c’est Ă  cause de ça ? »
Son sang se gelant de plus en plus, Lambert en sortit deux autres, portant cette fois l’écriture de Rodrigue, destinĂ©es Ă  son fils et Ă  son frĂšre, Ă©galement dĂ©cachetĂ©es comme si elles avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© lues. Son ami parlait de ses mĂȘmes inquiĂ©tudes, des lettres qui n’arrivaient pas et de son inquiĂ©tude
 MĂȘme demande, mĂȘme inquiĂ©tude
 DĂ©esse ! Qu’est-ce qu’elles faisaient là ?!
« Non ! On m’a volĂ© mes lettres ! Alix a demandĂ© Ă  Ivy de lui faire passer une lettre de sa part oĂč il disait qu’il n’en recevait plus de ma part, alors que je lui Ă©cris tous les jours et lui aussi ! Quelqu’un vole les siennes et celles de FĂ©lix ! C’est pour ça que je n’ai plus de nouvelles ! »
Il entendait encore le gĂ©missement paniquĂ© de Rodrigue, tout le dĂ©sespoir qu’il n’avait pas perçu au dĂ©part dans sa voix, toute l’inquiĂ©tude et la peur qui se mĂȘlaient ensemble Ă  l’intĂ©rieur

« Rufus ne peut tout de mĂȘme pas ĂȘtre  »
Cependant, malgrĂ© tous ses efforts pour trouver des excuses Ă  son frĂšre, Lambert dut se rendre Ă  l’évidence en se rendant compte que toute la correspondance volĂ©e de Rodrigue Ă©tait là
 les lettres qu’il avait envoyĂ©es, celles qu’il avait reçu
 tout
 tout Ă©tait là ! Tout Ă©tait ouvert ! Rufus n’avait tout de mĂȘme pas tout lu ?!
Aucun doute, c’était lui le voleur de leur correspondance
 mais
 mais pourquoi ? Pourquoi faire ça ? Pourquoi faire quelque chose d’aussi cruel ?! Rufus dĂ©testait Rodrigue et Alix de toute son Ăąme Ă  cause de Ludovic mais, pas Ă  ce point tout de mĂȘme !
Lambert pensait ne pas pouvoir ĂȘtre plus horrifiĂ© mais, quand il vit des papiers roulĂ©s tout au fond de la cassette, semblant plus anciens et usĂ©s, mĂȘme tĂąchĂ©s de sang pour certains, un doute noir lui dĂ©vora le cƓur
 non
 non
 non

Il attrapa un rouleau et le déroula en tremblant

« À mon Royaume, que j’ai toujours dĂ©sirĂ© servir au mieux  »
L’homme ne put que reconnaitre l’écriture de son pĂšre, la plume tremblante de Ludovic
 le parchemin Ă©tait mĂȘme tĂąchĂ© de ses crachats de sang Ă  cause de sa tuberculose

Comme happĂ© par le rouleau, Lambert ne put s’empĂȘcher de continuer Ă  lire les mots, mĂȘme s’il se doutait du contenu
 voir mĂȘme le redoutait plus encore que les fantĂŽmes et les cauchemars

« MalgrĂ© l’horreur, je n’ai jamais oubliĂ© le rĂšgne de mon pĂšre. Toute ma vie durant, je n’ai jamais oubliĂ© ces rues couvertes de sang, la terreur et la faim mais, ce qui me marqua le plus Ă©tait son aplomb. Clovis Ă©tait persuadĂ© d’ĂȘtre dans son bon droit et ne le cachait pas. MĂȘme si ces actes Ă©taient immoraux, il s’appuyait sur la loi en la dĂ©tournant Ă  son profit, devenant inarrĂȘtable dans sa position de roi pour commettre toutes ses exactions. DĂšs lors, mon seul objectif fut de mettre Faerghus Ă  l’abri d’un autre souverain tel que lui. « ProtĂ©ger et servir le peuple du Saint-Royaume de Faerghus », tel a Ă©tĂ© la devise qui a guidĂ© chacun de mes pas avec l’aide de mes proches pour que jamais, je n’en dĂ©vie un seul instant

Lambert sentir son cƓur battre Ă  toute vitesse dans sa poitrine. Ce
 ce parchemin
 c’était le testament de son pĂšre
 c’était le testament de Ludovic ! C’était Rufus qui l’avait pendant toutes ses annĂ©es ?!
Cependant, une grande crainte demeurait : comment empĂȘcher un autre Clovis d’arriver ? Comment empĂȘcher qu’un autre souverain tel que lui ne monte sur le trĂŽne ? Ne soit imposer par le hasard cruel de la naissance ? Clovis Ă©tait le fils ainĂ© de sa mĂšre et malheureusement pour l’orgueil de notre lignĂ©e, elle n’était guĂšre plus recommandable que son fils. Elle Ă©tait seulement qu’un peu plus discrĂšte que lui mais, possĂ©dait les mĂȘmes torts, centrant de plus en plus de pouvoir sur elle-mĂȘme au dĂ©triment de ses contradicteurs mais, par ce geste, elle dĂ©truisait de prĂ©cieux garde-fous qui pouvaient endiguer les exactions du pouvoir royal, soigneusement construit par Loog le Lion et sa fille Sophie la Sage. Ces deux souverains ont Ă©tĂ© Ă©lus avec peu d’avance, savaient qu’ils devaient composer avec l’ensemble de leur royaume et de leur peuple pour faire grandir Faerghus sans plus de violence aprĂšs la guerre, que des contradicteurs n’étaient point des ennemis Ă  anĂ©antir mais, des personnes nĂ©cessaires Ă  toute remise en question de chaque action, afin de peser le pour et le contre puis, changer d’avis ou camper sur ses positions une fois que nous ayons entendu tous les arguments.
Le passage Ă  la succession filiale nous a assenĂ© un coup majeur, nous avons commencĂ© Ă  nous croire tel les Hresvelg, choisis par la DĂ©esse pour rĂ©gner et le pouvoir nous ait montĂ© Ă  la tĂȘte. Notre objectif n’était plus de servir notre peuple comme l’avait voulu le roi Loog, mais que notre peuple nous serve afin de gagner de plus en plus de pouvoir, centralisant toujours plus les fonctions de commandement sur notre propre personne et dĂ©pouillant nos adversaires des armes qui leur permettait de nous arrĂȘter quand nos actions devenaient dangereuses pour notre peuple. Au comble de notre hubris, nous avons mĂȘme commencĂ© Ă  traiter toute une lignĂ©e comme des objets jetables, des boucliers qui ne servent qu’à prendre les coups Ă  notre place pour que nous puissions survivre, pendant que cette famille portait perpĂ©tuellement le deuil de tous ses membres sacrifiĂ©s aux Blaiddyd
 Nos ancĂȘtres doivent rougir de honte devant notre dĂ©cadence

J’aimerais dire que tout ceci s’est arrĂȘtĂ© avec la mort de mon pĂšre mais, je ne me fais guĂšre d’illusion. Le hasard fait qu’à chaque fois, Ă  chaque naissance, Ă  chaque gĂ©nĂ©ration, il y aura toujours un risque qu’à nouveau, un autre Clovis naisse. Je n’ai Ă©chappĂ© Ă  la dĂ©cadence de ma famille que grĂące Ă  mon corps faible malgrĂ© mon emblĂšme, inapte Ă  la guerre et facilement malade, ce qui m’a permis de vivre au sein d’une famille aimante et normale, pour qui je ne ressent que de l’affection, et que je ne remercierais jamais assez pour leur accueil et leur amour, mĂȘme si je les ai Ă  mon tour meurtri d’un deuil dont je porte la responsabilitĂ© et la culpabilitĂ© chaque jour.
J’ai tout fait pour bien Ă©duquer mes enfants, pour les emmener au plus loin des conceptions de leur grand-pĂšre et leur inculquer que ce n’est pas le peuple qui doit servir le roi, mais le roi qui doit toujours servir son peuple en premier lieu. Cependant, je me suis rendu compte que cela ne faisait pas tout
 Mon fils Lambert est un homme au grand cƓur, gentil et chaleureux, ainsi qu’un guerrier accompli Ă  la force extraordinaire. Je suis fier de ses prouesses au combat et heureux d’ĂȘtre son pĂšre malgrĂ© notre relation compliquĂ©e. Il reste mon fils et je l’aime de tout mon cƓur mais, cette amour ne peut masquer l’ampleur de ses dĂ©fauts moraux.
Il est chaleureux mais, Ă©galement nĂ©gligent et naĂŻf. MalgrĂ© tous mes efforts, jamais je ne suis arrivĂ© Ă  lui faire comprendre qu’on ne peut aider tout le monde, qu’il fallait choisir qui aider car, tout le monde n’a pas besoin d’aide de la mĂȘme maniĂšre et qu’il fallait concentrer le soutien au plus faible mais, dans une vision naĂŻve de l’égalitĂ©, il reste persuadĂ© que le mieux Ă  faire est d’aider tout le monde Ă  part Ă©gale, sans se soucier du contexte de dĂ©part, ce qui le rend trĂšs inefficace et indĂ©cis dans des situations oĂč il doit justement trancher un conflit sans pouvoir satisfaire tout le monde. Sa nĂ©gligence envers ses proches combinĂ©e Ă  cette naĂŻvetĂ© et son entĂȘtement pousse ces derniers Ă  devoir ajuster tout ce qu’il fait, rattrapant avec les quelques pouvoirs que nous leurs avons laissĂ©s ou rendus ce qu’ils peuvent pour Ă©viter de lĂ©ser le Royaume.
La premiĂšre victime de cette situation est malheureusement ma belle-fille, HĂ©lĂ©na. C’est une femme brillante, avec un grand avenir devant elle, sachant convaincre mĂȘme les plus entĂȘtĂ©s comme son mari mais, cela est se fait au prix de grands efforts et de longues nĂ©gociations qui ont malheureusement eu raison de sa santĂ©. Puisse-t-elle me pardonner un jour de lui avoir imposer un tel Ă©poux, elle qui mĂ©ritait de pouvoir monter bien plus haut que de se contenter d’ĂȘtre l’ombre balayant derriĂšre le roi. Elle attend Ă  prĂ©sent leur enfant, et j’espĂšre pouvoir vivre assez longtemps pour pouvoir rencontrer ce petit ĂȘtre que mon cƓur sait dĂ©jĂ  ĂȘtre exceptionnel, que j’aimerais de tout l’amour qu’il reste dans ma carcasse rongĂ©e par la tuberculose, mais mon esprit ne cesse de me rappeler Ă  l’ordre, de me demander s’il ne risquerait pas d’avoir hĂ©ritĂ© des dĂ©fauts de son pĂšre plutĂŽt que des qualitĂ©s de sa mĂšre
 et dans le mĂȘme souffle, m’excuser envers lui et sa mĂšre de leur imposer un pĂšre que je sais ĂȘtre aussi nĂ©gligent. Je prie pour que la paternitĂ© le rende au moins responsable et prudent avec la santĂ© de son enfant pour que jamais, il ne le mette en danger.
Au fil du temps, il s’est imposĂ© Ă  moi une chose : jamais mon fils ne doit monter sur le trĂŽne. Cette nouvelle position peut autant le rendre plus responsable, enfin lui faire prendre conscience des choses mais, je sais que cet optimisme n’est nourri que par mon affection, et je ne puis m’appuyer uniquement sur elle pour confier le destin de Faerghus Ă  qui que ce soit. Ma raison ne peut que me rappeler Ă  quel point le risque qu’il prenne encore plus confiance en lui ne le mĂšne sur une pente glissante, une pente oĂč il n’écoutera plus personne, mĂȘme ses amis les plus chers Ă  son cƓur et ne se fassent manipuler par des ennemis qui sauront profiter de ses failles. HĂ©lĂ©na s’épuise bien assez chaque jour pour Ă©viter que cela arrive, je ne veux pas lui causer encore plus de tort.
Aussi trouverez-vous dans les papiers accompagnant ce testament la procĂ©dure complĂšte Ă  suivre pour que le prochain souverain soit Ă©lu, Ă  la maniĂšre de Loog le Lion et de sa fille Sophie. C’est un projet qui me tient Ă  cƓur depuis des annĂ©es et que je voulais mettre en place depuis mon accession au trĂŽne mais, mon corps me trahit avant que je ne puit l’organiser moi-mĂȘme. Il est Ă  peine fini mais, mes poumons me tuent lentement, rongent ma vie et l’absorbent pour nourrir la tuberculose qu’ils abritent. Je vous prie de pardonner mon inconscience et mon retard, tout le temps que j’ai mis avec mes proches Ă  conclure ce systĂšme et de ne pouvoir le mettre en place moi-mĂȘme. Ainsi, ce sera aux citoyens de Faerghus de choisir eux-mĂȘmes le souverain qui leur convient, et ainsi, ils Ă©chapperont aux cruels hasards de la naissance, ainsi que de nouveaux garde-fous pour Ă©viter tout dĂ©bordement tel que le pays en a connu sous trop de mes ancĂȘtres.
Ainsi, en mon Ăąme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour Ă©lire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix PersĂ©e Fraldarius. Selon mon expĂ©rience, mon esprit et ma propre rĂ©flexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et dĂ©cisions antĂ©rieurs, ils sont les plus Ă  mĂȘme de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur.
Quant Ă  mes fils, je me doute que Rufus ne me pardonnera surement jamais de refuser le trĂŽne Ă  son frĂšre. Lambert est de loin la personne qu’il aime le plus au monde, et je remercie la DĂ©esse que mes fils s’entendent si bien mais, la raison doit l’emporter sur l’affection. Bien que je ne puisse pas arracher notre domaine Ă  son contrĂŽle, il sera au moins entourĂ© par des conseillers et des baillis dont la fidĂ©litĂ© est acquise Ă  notre peuple et non Ă  notre famille, et je ne doute point que les Charon sauront fournir des personnes compĂ©tentes et fidĂšles Ă  HĂ©lĂ©na. Je ne puis qu’espĂ©rer qu’elle trouvera quelqu’un qui l’aidera Ă  Ă©chapper Ă  tout ceci et si la situation s’empirerait encore, la force de quitter une personne ne lui apportant rien d’autre que de l’épuisement malgrĂ© ses sentiments pour Lambert.
Beaucoup diront sans doute que ces lignes ne sont que folies, nourries par la tuberculose qui me rongerait l’esprit mais, je jure devant la DĂ©esse avoir encore toute ma tĂȘte. Toute ma vie, j’ai travaillĂ© pour ĂȘtre digne des habitants du Saint-Royaume de Faerghus, digne de ce peuple fort et courageux qui s’est rĂ©voltĂ© contre l’injustice et la cruautĂ© de l’empereur pour faire nation et vivre selon ses propres aspiration, digne de ce hasard qui m’avait Ă©lu roi d’un si grand peuple. Je suis conscient que l’élection du roi ne rĂšglera pas tous les problĂšmes de notre pays, beaucoup de travail doit encore ĂȘtre fait avant que les sujets
 que dis-je, les citoyens de Faerghus vivent dans un pays sain et absout des difficultĂ©s que nous connaissons Ă  prĂ©sent. J’ai commencĂ© Ă  tracer cette voie tout en reconstruisant le Royaume Ă  partir des dĂ©combres qu’a laissĂ© Clovis dans son sillage, je regrette de ne pouvoir plus avancer alors que mon corps me trahit. Je garde cependant l’espoir que les prochains souverains qui me suivront sauront tous avancer dans cette direction. Si tel que je l’espĂšre, Rodrigue Achille et Alix PersĂ©e Fraldarius, sont Ă©lus, j’ai peu de doute sur le fait qu’ils sauront ĂȘtre dignes de cette mission.
Je vous souhaite une vie longue, heureuse et en sĂ©curitĂ© Ă  tous. J’espĂšre de tout mon cƓur que mes fils continueront Ă  grandir et s’amĂ©lioreront avec le temps, bien malgrĂ© tous mes doutes. On dirait bien que ma raison ne peut pas complĂštement prendre le pas sur mon affection, et me pousse Ă  croire Ă  un avenir radieux pour eux. Je prie Ă©galement pour que mon successeur connaisse un long rĂšgne de paix, une paix que mĂ©rite ce Royaume si rĂ©silient malgrĂ© toutes les difficultĂ©s qu’il a vĂ©cues.
En mon Ăąme et conscience.
Ludovic le TroisiÚme Clodomir Blaiddyd, dit le Prudent. »
Lambert se laissa tomber sur la chaise au fur et Ă  mesure de la lecture, ne pouvant s’empĂȘcher de relire plusieurs fois tout le rouleau. L’écriture Ă©tait tremblante, saccadĂ© comme si Ludovic s’était arrĂȘtĂ© plusieurs fois Ă  cause de ses toux, le parchemin tĂąchĂ© de sang tĂ©moignant qu’il avait encore dĂ» en cracher, rendant la fin pratiquement illisible sous le sang, les tĂąches et l’encre baveuse, comme si on avait roulĂ© le testament avant qu’elle n’ait fini de sĂ©cher

« Ainsi, en mon Ăąme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour Ă©lire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix PersĂ©e Fraldarius. Selon mon expĂ©rience, mon esprit et ma propre rĂ©flexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et dĂ©cisions antĂ©rieurs, ils sont les plus Ă  mĂȘme de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur. »
L’homme ne pouvait s’empĂȘcher de relire ce passage encore et encore. Les noms Ă©taient recouverts d’une Ă©norme tĂąche de sang assez Ă©paisse, ce serait surement illisible dans quelques annĂ©es quand le parchemin aura encore vieilli mais, malgrĂ© tout, Lambert ne pouvait que les dĂ©crypter, les relisant encore et encore.
Son pĂšre l’avait complĂštement dĂ©shĂ©ritĂ© au profit de Rodrigue et Alix.
Des souvenirs parasites refaisaient surface, rappelant des sĂ©ances de travail les rĂ©unissant tous, autant HĂ©lĂ©na que les jumeaux. Lambert parlait beaucoup mais, se faisait souvent rappeler Ă  l’ordre et rĂ©expliquer les choses. Face Ă  lui, Rodrigue analysait les situations en a rien de temps, devinant facilement l’origine des tensions, pendant qu’Alix proposait des solutions et HĂ©lĂ©na le cadre pour les mettre en place. L’impression d’ĂȘtre Ă  la traine malgrĂ© toutes les explications
 le regard fier de son pĂšre qui couvait les jumeaux en disant qu’ils ressemblaient Ă  leurs parents
 mĂȘme si Lambert n’avait jamais voulu ressembler Ă  Ludovic Ă  cause de leurs diffĂ©rences de caractĂšre, encore moins Ă  sa mĂšre assoiffĂ©e de sang, il ne put s’empĂȘcher de les envier
 de vouloir entendre le mĂȘme compliment sur son travail
 comme eux deux
 voir son pĂšre ĂȘtre fier de lui ainsi

Ludovic lui faisait si peu confiance qu’il aurait prĂ©fĂ©rĂ© confier aux jumeaux de Fraldarius son prĂ©cieux royaume, ce Ă  quoi il tenait le plus au monde et pour lequel il s’était battu comme un lion depuis toujours
 disait mĂȘme qu’il s’excusait envers HĂ©lĂ©na de l’avoir mariĂ© Ă  lui
 qu’elle aurait mĂ©ritĂ© mieux que balayer derriĂšre lui

À cette lecture, plusieurs souvenirs prirent une teinte diffĂ©rente, mĂȘme les plus anodins. MĂȘme si Ludovic l’avait enlacĂ© plusieurs fois pendant son mariage, Lambert ne put que noter qu’il l’avait aussi fait une fois avec Rodrigue et FĂ©licia, leur souhaitant quelque chose qu’il n’avait pas entendu, mĂȘme si le sourire de Rodrigue trahissait que c’était des vƓux plutĂŽt que des recommandations
 sa proximitĂ© bien plus calme avec les jumeaux, ainsi qu’avec HĂ©lĂ©na, les longues heures oĂč ils pouvaient discuter tous les deux, alors que Lambert avait du mal Ă  lui parler longtemps, cela finissait souvent en dialogue de sourd des deux cĂŽtĂ©s
 mĂȘme des souvenirs d’enfance prenaient un gout amer, les fois oĂč son pĂšre se penchait vers eux pour leur parler, son regard attentionné 
Est-ce que
 est-ce que Ludovic
 est-ce que son propre pùre

« Non
 faut que je me reprenne
 c’est la tuberculose
 elle lui a fait perdre tous ses sens
 Ludovic m’aimait aussi
 il le dit dans son testament alors qu’il n’a aucun sens
 et quand nous Ă©tions petit, c’était surtout de la culpabilitĂ© pour les jumeaux
 Ludovic ne s’est jamais pardonnĂ© la mort de Guillaume. Il en a toujours pris la responsabilité  mĂȘme ici, il le dit
 ce qu’il ressentait, c’était surement de l’affection, mais aussi de la pitiĂ© et de la culpabilité  il s’en voulait pour la mort de leur pĂšre  »
« C’est ma faute
 j’aurais dĂ» ĂȘtre plus prudent et mieux anticipĂ© les risques
 Guillaume aurait survĂ©cu et les Fraldarius n’auraient pas Ă©tĂ© encore endeuillĂ© par notre faute
 Ă  cause de mon inconscience, Guillaume est mort
 lui avait dĂ©jĂ  dit Ludovic sur la fin de sa vie, le visage encore plus sombre que d’habitude, son deuil ressortant encore vingt ans plus tard. J’espĂšre que tu n’auras jamais Ă  porter une telle responsabilité  autant ce deuil que la mort d’un de tes sujets. »
« Porter une telle responsabilité  le deuil d’un Fraldarius et d’un de mes sujets
 si tu savais pĂšre
 si tu savais ce que j’ai fait  »
Lambert relisait encore et encore le testament, ainsi que les autres travaux cachĂ©s dans cette cassette, presque compulsivement pour tenter de comprendre son pĂšre, l’entendre peut-ĂȘtre le sermonner pour ce qu’il avait fait, vouloir le faire parler mĂȘme depuis sa tombe pour savoir quoi faire de ce testament dans une situation pareille, s’il devait le rĂ©vĂ©ler et l’appliquer dĂšs maintenant mĂȘme si c’était Ă©vident que tout avait Ă©tĂ© Ă©crit sous la dictĂ© de la tuberculose mais, est-ce que cela ne ferait pas exploser le Royaume Ă  un moment pareil ?! Enfer ! Il ne savait mĂȘme pas s’il voulait que Rodrigue, Alix ou HĂ©lĂ©na soient lĂ  pour en discuter vu comment Ludovic parlait d’eux ! Mais il avait tellement besoin de leurs bons conseils !
Cependant, la seule personne qui passa la porte n’était ni le Rodrigue qu’il connaissait qui saurait gĂ©rer la situation, ni Alix prĂȘt Ă  lui remettre les pendules Ă  l’heure, ou HĂ©lĂ©na lui prĂ©senter les diffĂ©rents chemins possibles en le conseillant pour le pousser vers le bon, mais c’était Rufus. Rufus qui avait

RĂ©cupĂ©rant plus d’énergie que jamais depuis la TragĂ©die, Lambert se redressa d’un coup en montrant les lettres et le testament, fou de rage et de trahison.
« Rufus ! Tu peux m’expliquer ?! Qu’est-ce que ça faisait dans ta cassette ?!
– Tu l’as ouverte ?! Couina pratiquement son frĂšre, pris au dĂ©pourvu par la question furieuse.
– Tu m’avais dit que tu me la montrerais aprĂšs le voyage ! Et n’essaye pas d’esquiver la question ! Qu’est-ce que la correspondance de Rodrigue, Alix et FĂ©lix fait dans ta cassette ?! Et pourquoi le testament de notre pĂšre et ses travaux sur la monarchie Ă©lective y sont aussi ?! C’est toi qui as appelĂ© les secours quand Ludovic s’est effondrĂ© Ă  cause de sa tuberculose ! Est-ce que tu en as profitĂ© pour voler son testament et ses travaux ?!
– Calme-toi Lambert, je peux t’expliquer. Ludovic ne m’a pas laissĂ© le choix
 il ne savait plus ce qu’il faisait

– Comment ça ? En quoi ? Et ça ne me dit pas pourquoi tu as cette correspondance ! Rodrigue l’a cherchĂ© partout !
– Ludovic allait te dĂ©shĂ©riter pour donner le pouvoir aux fils de Guillaume ! Il allait dĂ©truire notre famille pour prĂ©fĂ©rer celle de son soi-disant grand frĂšre ! Il n’avait aucun respect pour toi ! Il ne pensait qu’à ces foutus jumeaux qu’ils mettaient sur un piĂ©destal en te dĂ©nigrant, car il aurait voulu qu’ils soient Ă  ta place ! C’était pour te protĂ©ger !
Rufus l’avait pratiquement crachĂ© avec tout le venin, toute la haine qu’il ressentait pour Ludovic et pour les jumeaux. Il continua, incontrĂŽlable.
– Ludovic te dĂ©testait ! Tu viens de le lire non ?! Il n’avait aucune confiance en toi ! Il te crache dessus dans tout ce foutu papier ! Tu es roi ! C’est toi qui devais devenir roi ! C’est ton hĂ©ritage ! ça nous appartient ! Notre famille est la famille royale de Faerghus depuis le dĂ©but du Royaume ! C’est Loog qui a menĂ© la rĂ©volte des BĂątards et en a fait la guerre du Lion et de l’Aigle ! C’est lui qui a gagné ! C’est lui qui a Ă©tĂ© acclamĂ© vainqueur ! Personne d’autre ! Et lui, parce qu’il a rencontrĂ© un mauvais roi dans toute sa vie, il en fait une gĂ©nĂ©ralitĂ© et il a voulu tout dĂ©truire sur son passage ! Et il a voulu donner le pouvoir Ă  ces foutus jumeaux car c’était les fils de Guillaume ! Il se cachait derriĂšre son petit doigt en disant qu’ils Ă©taient plus compĂ©tents que toi mais, c’est de la connerie ! Il ne voyait que les fils de Guillaume en eux ! Rien d’autre ! C’était les fils de son grand frĂšre alors, tout devait leur revenir ! Il ose mĂȘme cracher sur ton mariage ! Soi-disant que tu avais Ă©puisĂ© HĂ©lĂ©na et fait perdre la santé ! Il Ă©tait malade et il a perdu l’esprit ! Tu n’as jamais fait ça ! Tu y tenais Ă  HĂ©lĂ©na mĂȘme si elle Ă©tait trop bien pour toi ! C’était juste la petite crĂ©ature de Ludovic et de la matriarche Catherine lĂ  pour te faire faire ce qu’eux voulaient ! Et mĂȘme si c’était sa crĂ©ature, tu ne lui aurais jamais fait de mal ! Il dĂ©lirait ! Et il a osĂ© me dire de faire ce qui est bon pour le Royaume et pas pour moi-mĂȘme ! C’était lui qui faisait tout avoir ce que lui voulait au dĂ©pend du Royaume ! Tout ce que j’ai fait, c’était pour te protĂ©ger ! 

Lambert le fit taire en posant ses mains sur les Ă©paules, le regardant droit dans les yeux en lui demandant.
– D’accord pour le testament. Je veux bien comprendre ton raisonnement, mĂȘme s’il est complĂštement faux. Notre pĂšre apprĂ©ciait les jumeaux mais, pas plus que nous. On Ă©tait ses fils et il nous aimait tous les deux, je le sais. Pour les jumeaux
 c’était compliqué  tu sais bien qu’il s’est toujours senti coupable de la mort de Guillaume alors, il tentait de compenser envers eux mais, ce n’était pas de l’affection
 juste de la culpabilité  rien de plus, j’en suis sĂ»r
 tout comme HĂ©lĂ©na, il pensait juste qu’elle ferait une bonne reine pour Faerghus et il a vu juste, pas la peine d’en faire sa crĂ©ature
 mais, je te comprends aussi. Tu es mon grand frĂšre, tu pensais que Ludovic voulait me faire du mal en me dĂ©shĂ©ritant, mĂȘme s’il avait sans doute ses raisons Ă  lui et que tu n’avais pas Ă  voler son testament. J’aurais voulu le lire honnĂȘtement, mĂȘme si ça m’a fait trĂšs mal de voir Ă  quel point il ne me faisait pas confiance vis-Ă -vis du Royaume, encore plus maintenant
 je ne sais mĂȘme pas si je l’aurais appliquĂ©, c’est Ă©vident que c’est la tuberculose qui lui a fait Ă©crire tout ça
 je veux dire, regarde un peu l’état du parchemin ! Il est couvert de crachat de sang ! Il ne savait plus du tout ce qu’il faisait ! ça aurait Ă©tĂ© facile de le faire casser
 Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu as volĂ© la correspondance de Rodrigue, Alix et FĂ©lix ? Pourquoi tu as fait ça ? Elle est mĂȘme ouverte alors, tu l’as surement lu
 pourquoi ? C’était inutile et cruel

Le visage de Rufus s’assombrit, essayant d’éviter le regard de Lambert alors qu’il marmonnait.
– Il te conseillait mal et te poussait Ă  prendre de mauvaises dĂ©cisions, comme quand tu as envoyĂ© Dimitri Ă  Charon. Il aurait dĂ» rester ici. Je pensais qu’il finirait par partir si je le fatiguais assez alors, je lui ai pris ces lettres, pour le motiver encore plus Ă  rentrer chez lui.
– C’était mon idĂ©e d’envoyer Dimitri Ă  Charon, et on a bien fait, il guĂ©rit bien mieux avec le bon air de la montagne qu’ici. Et si tu voulais le faire partir, pourquoi tu as dit que c’était une bonne idĂ©e qu’il se soigne ici ? Tu aurais plutĂŽt dĂ» l’encourager Ă  partir, non ? Rufus
 il soupira, n’en pouvant plus de tout ceci, trop de question tournant dans sa tĂȘte et voulant juste une rĂ©ponse. Écoute
 je t’ai toujours fait confiance et ta parole est vraiment trĂšs importante pour moi. Tu es mon grand frĂšre et je sais que je peux toujours compter sur toi. C’est pour ça que je suis trĂšs souvent ce que tu me conseilles de faire, car je sais que je peux te faire confiance mais
 mais en ce moment, j’ai l’impression que
 que c’est plus compliquĂ©. D’abord, il y a la maniĂšre dont tu as traitĂ© Rodrigue, puis tu as remis des peines de Clovis pour la justice, puis il y a Kleiman qui arrive au palais et prend part Ă  tout alors que c’est lui qui a commencĂ© toute cette histoire, puis on retrouve un sac rempli de tĂȘtes humaines dans leurs appartements et ils repartent en trombe, et maintenant, je retrouve la correspondance volĂ©e de mon meilleur ami et le testament de notre pĂšre dans ta cassette. Par pitiĂ© Rufus, dit moi la vĂ©ritĂ©, qu’est-ce qui se passe dans ta tĂȘte ? L’implora-t-il en redoutant le pire. J’aimerais te faire confiance mais, ça devient trĂšs difficile avec tout ça !
– Tu ne voyais pas le vrai visage Rodrigue
 marmonna-t-il.
– C’est-à-dire ? Explique-toi à la fin !
– C’était un enragĂ© lui aussi ! Toujours Ă  faire ce qu’il voulait et Ă  avantager son fief, toujours Ă  te dire non, toujours Ă  nous mettre des bĂątons dans les roues, toujours Ă  ĂȘtre apprĂ©ciĂ© de tous et de Ludovic le premier ! Je ne sais pas par quel malĂ©fice il rĂ©ussissait, autant lui qu’Alix mais, ils ont toujours eu la faveur de tous, ils ont toujours rĂ©ussi partout et charmĂ© tout le monde Ă  tes dĂ©pends ! Alors qu’ils ont toujours Ă©tĂ© plus faible que toi et ce ne sont que des ducs ! Ce ne sont que des ducs et que fait cet imbĂ©cile de Jacque quand il leur demande de les prendre Ă  leur service, pour rĂ©parer sa « faute » d’avoir laissĂ© FĂ©lix seul avec Arundel sans imaginer qu’il pourrait l’attaquer ? Il s’agenouille devant eux en leur demandant Ă  rentrer dans leur garde pour rattraper son erreur, alors qu’il est Ă  ton service ! Ils se comportaient quasiment comme des rois ! C’est pas qu’ils sont devenus des loups, c’est que leur apparence ressemble enfin Ă  ce qu’ils sont vraiment ! C’était tout ce qu’il mĂ©ritait !
Lambert eu alors un mouvement de recul, comme si son grand frĂšre c’était transformĂ© d’un coup en monstre, comprenant d’un coup tout ce qui Ă©tait arrivĂ© Ă  son ami et pourquoi il avait dĂ» subir tout ceci, tout son corps fondant d’un coup comme neige au soleil.
– Tu leur as volĂ© leurs lettres par haine
 tu voulais le faire souffrir
 c’est ça ? Tout ce que tu voulais, c’est faire souffrir Rodrigue
 tout ça car
 car

Sans attendre de rĂ©ponse et un nouveau mensonge de la part de Rufus, Lambert partit sans se retourner, ne voulant pas en entendre plus, serrant la cassette et son contenu contre lui, s’y accrochant presque comme Ă  une ancre, mĂȘme si elle le noyait par sa simple existence. Comment
 comment son frĂšre avait-il pu
 comment avait-il pu ĂȘtre aussi ignoble juste parce que
 parce que leur pĂšre apprĂ©ciait beaucoup les jumeaux ? Tout ça pour ça ?! Pour un ressentiment envers quelqu’un de mort depuis quatorze ans et alors le Royaume Ă©tait au plus mal ?! Toute cette souffrance pour ça ? Par haine ?! Qu’il ait vu ça comme une petite mesquinerie ne l’étonnerait mĂȘme plus Ă  ce stade !
« Alors, mĂȘme mon propre frĂšre peut me trahir
 Rufus
 alors qui
 qui est encore  »
« Est
 ta
 faute
 ! »
« Tu n’as Ă©coutĂ© personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains ! »
« Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ? »
« Je te hais ! »
Seuls les cris et le jugement lui rĂ©pondirent
 les doigts des fantĂŽmes finissant le travail de cette hache en l’étranglant encore et encore

En arrivant dans son bureau avec l’espoir de pouvoir se poser une seconde et rĂ©flĂ©chir Ă  tout ce qui c’était passĂ©, il trouva LachĂ©sis et ThĂšcle, visiblement furieuses malgrĂ© la façade de froideur.
L’homme avait l’impression d’observer la scĂšne de loin, comme s’il n’en faisait pas partie, spectateur de cette farce qu’il avait Ă©crit lui-mĂȘme.
Les deux sƓurs l’informĂšrent que l’état des comptes Ă©tait catastrophique et que les baillis qu’il avait choisis lui-mĂȘme Ă©taient des incompĂ©tents.
« Je comprends
 je ferais plus attention

– Il fallait le faire avant  »
LachĂ©sis lui apprit qu’elles savaient tout ce qui s’était passĂ© Ă  la capitale pendant leur absence, Ă  quel point c’était une honte pour tout Faerghus et qu’elles avaient donc dĂ©cidĂ© de retourner dans leur famille.
« Ce serait prĂ©fĂ©rable pour le Royaume que vous restiez

– Pour finir transformer en loup nous aussi et user jusqu’à la corde par votre incompĂ©tence ? Il en est hors de question. »
ThÚcle ajouta que comme le voulait la coutume pour les magistrats en fin de carriÚre, elles rapporteraient à Charon tous leurs documents, leurs notes et leurs archives de la capitale, ainsi que leurs hommes et une grande partie de leur vivre selon le précédent instauré par Sylvain le Renard.
« Les Gautier en ont eu le droit, je me voie mal vous le refuser

– Bien. »
Et enfin, elles enfoncĂšrent un dernier clou dans son cercueil en lui crachant au visage qu’elles savaient pour Patricia, qu’elles savaient ce qu’il avait osĂ© donner comme belle-mĂšre Ă  leur neveu, tous les dangers auxquels il avait exposĂ© le Royaume en l’épousant, et que les Charon n’oublieraient pas cette insulte envers deux d’entre eux.
« Pourquoi ? Finit par demander ThĂšcle, essayant de comprendre. Pourquoi avoir exposĂ© le Royaume Ă  de tels danger pour une seule femme indigne de succĂ©der Ă  notre sƓur ?
– Je l’aimais
 rĂ©pondit l’homme dans un souffle sans Ă©nergie.
– Si vous l’avez traitĂ© comme HĂ©lĂ©na, pauvre femme, cracha LachĂ©sis. Et ce n’est guĂšre une raison suffisante pour faire planer un risque d’invasion sur la tĂȘte de tous vos sujets. Notre sƓur rougirait de honte en voyant votre dĂ©chĂ©ance. »
Et qu’est-ce qu’il pouvait bien rĂ©pondre Ă  ça ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien rĂ©pondre d’autre ? Comment il pouvait se justifier ? Toutes ses dĂ©cisions lui semblaient faciles, bancales et inutiles maintenant qu’on lui demandait des comptes sur chacune d’entre elles

Devant son silence, les deux sƓurs lui jetĂšrent Ă  nouveau un regard mauvais avant de se dĂ©tourner, partant en claquant la porte.
Lambert leva les yeux vers la chaise face Ă  lui, mĂȘme s’il savait qu’elle Ă©tait complĂštement vide, espĂ©rant trouver quelqu’un, une Ăąme bienveillante, un peu d’aide comme il en avait toujours trouvĂ© Ă  ses cĂŽtĂ©s.
Seul le Rodrigue de son cauchemar répondit à sa supplique, le toisant de haut avant de lui grogner au visage, le lacérant de ses griffes, gravant ses mots dans sa peau avec ses crocs à chaque souffle, chaque morsure

« Il fallait y penser avant. »
Pour la premiùre fois de sa vie, Lambert se sentit terriblement seul

*
Rodrigue passa sa main sur sa fourrure, l’approchant pour la premiĂšre fois depuis qu’ils s’étaient retransformĂ©s quelques jours auparavant. Alix et lui s’étaient reposĂ© et avaient recommencĂ© Ă  prendre en main le duchĂ©, reconnaissant envers l’excellent travail de LorĂ©a qui avait su le maintenir et rĂ©sister aux insistances de Rufus. Mais depuis cette nuit, il ne l’avait toujours pas touchĂ© Ă  nouveau, contrairement Ă  son frĂšre
 ni mĂȘme se regarder dans un miroir sans col, son cou Ă  prĂ©sent recouvert d’une grande marque sarcelle, l’entourant tout entier comme un collier
 il n’avait pas trop de sĂ©quelle Ă  part ses sens plus forts, surtout sa vue de nuit, son gout pour la viande encore plus prononcĂ©, et il Ă©tait encore plus dans la tĂȘte de son jumeau, plus souvent, mĂȘme s’ils n’étaient pas sĂ»r que c’était Ă  cause de leur Ă©tat d’esprit actuel ou si ce serait permanent
 pour ce qui Ă©tait positif

La fourrure Ă©tait douce sous ses doigts, Ă©paisse et moelleuse, comme pour accueillir un petit voulant faire sa sieste dans un endroit chaud oĂč il serait en sĂ©curité  bien plus rassurante que ce collier gravĂ© dans son cou, apparut un jour aprĂšs qu’il ait retrouvĂ© sa forme humaine
 en regardant au niveau de la gorge de sa fourrure, il arrivait Ă  distinguer le mĂȘme motif que sur sa propre peau

« Tu peux attendre encore un peu si tu ne te sens pas prĂšs, lui assura Alix, comme toujours Ă  ses cĂŽtĂ©s. Ça n’a eu aucun effet sur moi mais, c’est toi le magicien et la source de la transformation. Tu es restĂ© en loup bien plus longtemps que moi. On ne sait pas comment tu vas rĂ©agir avec ta magie

– 
je ne prĂ©fĂšre pas
 j’ai peur de la fuir si je repousse trop
 les semaines qui ont passĂ© sont dĂ©jĂ  flous, je ne veux pas avoir l’impression que l’avenir le sera aussi Ă  cause de cette fourrure
 au moins, on sait comment me ramener si je me transforme Ă  nouveau en l’ayant sur les Ă©paules

– Dans tous les cas, on va mettre un moment avant de se remettre complùtement de tout ça mais, si c’est ce que tu veux, c’est toi qui te sens.
Le pĂšre lui serra la main en rĂ©ponse, comme quand ils Ă©taient petits pour ne pas se sĂ©parer, cherchant de la force dans sa prĂ©sence avant de draper la fourrure noire sur ses Ă©paules. Elle n’était pas trĂšs lourde malgrĂ© son ampleur, l’enveloppant complĂštement des pieds Ă  la tĂȘte
 malgrĂ© ses craintes, il y avait un cĂŽté  apaisant Ă  ce poids, comme un bouclier qui le protĂ©geait
 mais, rien ne se passait, rien d’étrange, il restait bien humain
 au moins, cela confirmait que cela ne ferait pas comme avec celle des selkies, il ne se transformerait pas dĂšs qu’il mettait cette peau

– Il n’y a rien
 souffla-t-il de soulagement. Il n’y a rien

– C’est dĂ©jĂ  un bon dĂ©but, lui assura Alix.
Voulant en finir aussi avec cette crainte, Rodrigue fit craquer un Ă©clair dans sa main, faisant un exercice simple en le passant d’une paume Ă  l’autre, avant de le faire disparaitre et de le remplacer par un sort de foi, le nosferatu brillant entre ses doigts avant qu’il ne l’étouffe. Rien non plus pour la magie de base
 et il ne pourrait pas tester la magie de plus haut niveau aujourd’hui, Pierrick lui interdisait encore et son corps sortait d’une rude Ă©preuve, il ne devait pas le maltraiter encore plus

Ses Ă©paules retombant de soulagement, l’homme s’autorisa un instant de rĂ©pit, se laissant tomber sur son lit avec la fourrure. Alix mit aussi la sienne sur ses Ă©paules, avant d’en mettre un pan sur celle de son frĂšre, ce dernier faisant exactement la mĂȘme chose avant de se laisser tomber Ă©paule contre Ă©paule cĂŽte Ă  cĂŽte.
– Il ne s’est rien passé  la DĂ©esse soit louĂ©e
 il ne s’est rien passé 
– Ouais, on va rester humains pendant un bon moment on dirait
 tant qu’on est tous les trois, on le restera

– Oui
 arriva Ă  sourire une seconde l’ainĂ© avant d’avouer, redevenant plus sombre. Je ne me souviens presque rien de ces derniĂšres semaines
 juste de quand je t’ai retrouvĂ©, quand on a retrouvĂ© FĂ©lix et mon envie de le revoir
 de tous vous revoir
 tous
 souffla-t-il, le cadet comprenant que trop bien le « tous ». Le reste
 impossible de le voir correctement

– 
Comme si c’était baignĂ© de brume
 complĂ©ta Alix. C’est pas bien plus net de mon cĂŽté  aucune idĂ©e si c’est une bonne ou une mauvaise chose
 d’un cĂŽtĂ©, j’aimais courir partout avec toi mais, je n’ai pas envie de me souvenir de tout ce que j’ai dĂ©chirĂ© avec les dents
 bon, baffer Rufus, c’est pas mal comme souvenir mais, d’avoir le gout de son sang dans la bouche quand je lui dĂ©chiquetais le bras, moins 
 ni de quand je t’entendais pleurer et chanter tous les soirs en suppliant car, tu Ă©tais seul et qu’on voulait se revoir

– Ça, c’est difficile Ă  oublier
 surtout tout ce qui s’est passĂ© avant qu’on se transforme
 Rodrigue se recroquevilla dans sa fourrure, comme si elle le protĂ©gerait Ă  nouveau de cet homme. Ô DĂ©esse et Lune
 cela faisait si mal
 je
 c’était comme si cela les amusait tous de me dĂ©chiqueter le cƓur
 je n’en pouvais plus
 cette transformation
 c’était plus une cachette et un Ă©chappatoire qu’une vraie solution
 juste pour ne plus souffrir

– C’est normal
 tout depuis des mois
 c’était juste un cauchemar Ă©veillĂ©, autant en tant qu’humain que loup
 enfin, c’est fini maintenant
 on ne les reverra pas de sitĂŽt
 je ne les laisserais plus te faire plus de mal, c’est promis, lui jura Alix sans hĂ©siter.
– Moi aussi, je te protĂ©gerais
 d’eux tous et de leurs ordres absurdes
 autant toi que FĂ©lix
 plus rien ne vous arrivera
 pas tant que je serais là

Ils restĂšrent encore quelques instants l’un contre l’autre, quand ils flairĂšrent l’odeur du louveteau, arrivant Ă  grands pas, une bonne odeur de groseilles fraiches avec lui
 c’était la saison aprĂšs tout et ils aimaient tous ces fruits dans la famille

« Papa ? Alix ? Vous ĂȘtes là ? Demanda FĂ©lix en passant la tĂȘte dans la chambre de son pĂšre.
– Oui, entre FĂ©lix, » l’autorisa en souriant Rodrigue, toujours soulagĂ© de le voir, son instinct lui rĂ©pĂ©tant encore et encore de le garder auprĂšs de lui, lui rappelant Ă  quel point il avait Ă©tĂ© proche de le perdre, encore plus renforcĂ© par la perte de Glenn si peu de temps auparavant
 leur famille avait subi trop de chose en trop peu de temps

« Il y a encore plein de groseilles dans la forĂȘt, mĂȘme si vous avez surement dĂ©jĂ  devinĂ©, anticipa-t-il, avant de se refermer un peu en voyant les jumeaux dans leur fourrure. Tu l’as mise ?
– Oui
 je devais le faire
 pour savoir
 et pour le moment, rien n’a changĂ© et cela n’a aucun effet sur moi, mĂȘme quand j’utilise de la magie faible, ne t’en fais pas, lui jura-t-il. Pour le moment, je la contrĂŽle

– D’accord
 mais fait attention quand mĂȘme. »
Il les rejoignit et Rodrigue ne put s’empĂȘcher de le tirer sur ses genoux, voulant juste rester au plus prĂšs de son fils
 mĂȘme s’il faisait tout pour ne pas devenir envahissant, il Ă©tait devenu trĂšs collant une fois redevenu humain, cherchant toujours une trace rĂ©cente du passage de ses proches, le simple fait de les savoir prĂšs de lui, qu’il pourrait arriver rapidement pour les aider et les protĂ©ger
 heureusement que ses sens Ă©taient devenus aussi aiguisĂ©s que ceux des loups, cela aidait dans ce genre de situation
 pas plus tard que la semaine derniĂšre, il n’avait pas vu FĂ©lix de toute la matinĂ©e alors, le pĂšre s’était mis Ă  paniquer en l’appelant de toutes ses forces et Ă  retourner toute la piĂšce oĂč il Ă©tait afin de trouver une trace de son petit
 heureusement que LorĂ©a avait pu vite lui remettre les idĂ©es en place, Rodrigue priant pour que FĂ©lix n’ait pas vent de ce qui s’était passé  il avait trop peur que son petit culpabilise comme quand il l’avait retrouvé  mais FĂ©lix avait senti que quelque chose n’allait pas et avait fait si attention au moindre de ses faits et gestes que Rodrigue lui avait avoué  tout le monde portait des pommes de senteurs avec un parfum spĂ©cifique Ă  prĂ©sent, histoire que l’odeur soit plus prĂ©sente et que les jumeaux ne fassent pas une autre crise
 c’était presque une obsession Ă  ce stade, encore plus que pour Alix
 d’aprĂšs Pierrick, c’était Ă  cause de la sĂ©paration trop violente avec sa famille, surtout aussi peu de temps aprĂšs la mort de Glenn
 il les avait dĂ©jĂ  perdu une fois alors, son esprit refusait et craignait plus que tout que cela recommence

« LĂ  aussi, seul le temps vous permettra Ă  tous les deux de guĂ©rir  »
Rodrigue priait pour que le mĂ©decin dise vrai
 au moins, les pommes de senteur les avait un peu aidĂ©s, c’était un dĂ©but

Pour oublier son angoisse et plus profiter de la prĂ©sence de son fils, le pĂšre croqua dans une des baies fraichement cueillies et passĂ© Ă  l’eau du lac, souriant en retrouvant le gout acide qu’ils aimaient tous.
« Elles sont trÚs bonnes, merci beaucoup Félix.
– Avec tout ça, on avait manquĂ© le dĂ©but des fruits rouges ! On a du retard Ă  rattraper ! En plus, depuis qu’on envoie plus rien Ă  Fhridiad, Ă©trangement, on a des rations plus grosses pour manger, qui l’eut cru ? Se moqua un peu Alix.
– Tout le monde, et tout le monde mange mieux maintenant, c’est mieux, rĂ©pliqua FĂ©lix en avalant une baie. On est allĂ© en chercher avec Cassandra avant qu’elle n’aille aider la patrouille aĂ©rienne

Cependant, malgrĂ© tout, Rodrigue ne pouvait que voir l’air sombre sur le visage de son fils, un peu ailleurs.
– Il y a quelque chose qui ne va pas FĂ©lix ? Lui demanda-t-il alors, sachant que le laisser tout seul avec des pensĂ©es sombres n’apporterait rien de bon.
– C’est rien
 c’est juste que
 d’habitude
 il fit une pause, cherchant ses mots avant de dire, ces mots si simples qui Ă©taient aussi les plus difficiles. C’est avec Glenn

Les jumeaux ne comprirent que trop bien, entendant presque l’ainĂ© des deux louveteaux dire Ă  quel point son petit frĂšre Ă©tait adorable de leur apporter des baies, juste pour le voir s’énerver Ă  cause des taquineries, puis de le remercier en apprĂ©ciant les fruits avec eux, mĂȘme tous les jours
 encore plus une fois revenu alors que du cĂŽtĂ© de Fraldarius, les choses commençaient Ă  se tasser aprĂšs la TragĂ©die, les gens Ă©taient surtout remontĂ© contre les derniĂšres exactions de la capitale et tournaient toute leur rage contre la famille royale rendu responsable de tous les deuils, et mĂȘme s’ils Ă©taient dans une situation pĂ©rilleuse de quasi rĂ©volte contre le pouvoir royal, les choses allaient mieux en interne. La disette s’éloignait de plus en plus de leurs foyers mais, les fantĂŽmes demeuraient, plus prĂ©sent que jamais aprĂšs le choc et les semaines mouvementĂ©s pour survivre
 il devait encore plus hantĂ© FĂ©lix
 c’était la premiĂšre fois qu’il vivait le deuil de quelqu’un d’aussi proche de lui
 il Ă©tait trop petit pour celui de FĂ©licia
 il l’était encore
 la mort arrivait toujours trop tĂŽt

Rodrigue posa alors sa main dans son dos, protecteur, alors qu’il murmurait.
– Oui
 il devrait y avoir Glenn

– C’est pas juste
 il devrait ĂȘtre là
 pourquoi c’est sa chambre Ă  lui qui est vide ?
– C’est toujours injuste, encore plus dans une situation comme celle-ci, souffla-t-il en lui frottant le dos, sentant que ses larmes n’étaient pas loin. C’est toujours dur et ça fait mal
 il n’y a que le temps et le soutien qui peuvent guĂ©rir ce genre de plaie, mĂȘme si elle reste toujours

– Combien de temps ?
– Cela dĂ©pends des gens
 et tu n’as pas besoin de ne plus avoir mal tout de suite
 il faut que tu prennes le temps qu’il te faut pour guĂ©rir
 pour ne pas ĂȘtre obsĂ©dĂ© par la mort de la personne, et arriver Ă  se raccrocher aux bons souvenirs

– Mais ça fait mal
 je veux Glenn
 je veux qu’il revienne
 mais je ne veux pas avoir mal
 marmonna FĂ©lix en se serrant un peu plus contre son pĂšre, se cachant dans son Ă©treinte, comme si la tristesse et le deuil ne le trouveraient pas Ă  l’intĂ©rieur.
– Mais si tu bouches tes Ă©motions ou fait tout pour ne pas ĂȘtre triste, ça va exploser un jour ou l’autre, ajouta Alix en passant sa main sur la tĂȘte de son neveu. On a mis un an avant d’accepter que notre pĂšre ne reviendrait pas, ça pourrait prendre plus de temps, et c’est pas grave. Le tout, c’est que tu ne te noies pas tout seul dedans, et que tu ne t’isoles pas sinon, ça va te dĂ©vorer aussi. Le tout, c’est que ton deuil ne te tire pas vers le bas et que tu arrives Ă  aller mieux.
– Le principal, c’est de ne pas rester seul avec sa propre souffrance et sa tristesse, c’est le meilleur moyen pour sombrer. Tant que nous restons tous ensemble, nous arriverons Ă  surmonter cette Ă©preuve
 qu’en penses-tu louveteau ?
– D’accord
 moi aussi, je resterais avec toi papa
 et avec toi aussi Alix
 leur jura FĂ©lix, restant encore dans l’étreinte rassurante. « La meute est forte ensemble »  c’est ce que disait Glenn

– Il avait bien raison, » sourit un peu Rodrigue malgrĂ© la tristesse, essayant de s’accrocher aux souvenirs de son fils ainĂ© souriant alors qu’ils Ă©taient en famille.
Ils passĂšrent un peu de temps ensemble, les jumeaux n’ayant pas encore retrouver assez de force pour travailler toute la journĂ©e, mĂȘme s’ils avaient repris. Ils ne pouvaient pas laisser tout le travail de gestion du duchĂ© uniquement Ă  LorĂ©a, ils devaient le reprendre en main mais, Pierrick les mettait en garde contre le risque de rechute. Mieux valait Ă©viter de trop forcer pour le moment.
FĂ©lix continuait de leur montrer les leçons qu’il avait pu faire pendant ces derniĂšres semaines. Rodrigue sourit en voyant tout le travail de son fils, fier de voir qu’il s’était accrochĂ© malgrĂ© tout pour continuer Ă  ĂȘtre assidu dans ses Ă©tudes. Tout ceci lui serait trĂšs utile quand il serait grand

Ils entendirent tous un grondement sortir de sa poitrine.
Sur le coup, l’homme ne comprit pas trop, commençant Ă  s’inquiĂ©ter de ce que cela voulait dire qu’il pouvait faire ce bruit et comment il avait pu le faire physiquement, jusqu’à ce qu’aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© comme eux, son louveteau se mette Ă  sourire en dĂ©clarant.
« Tu ronronnes comme un chat !
Il sourit alors, passant sa main sur la tĂȘte de son petit en soufflant, moins anxieux que tout Ă  l’heure Ă  cause de ce grondement.
– C’est parce que je suis trĂšs fier de toi  »
*
Quand les cĂŽtes de Kleiman sortirent de l’horizon, Ivy regarda tout autour d’elle, tentant d’évaluer encore une fois les forces en prĂ©sence. Il y avait son navire autant fait pour le commerce que pour les combats maritimes, mais aussi tout un tas d’embarcations diverses et variĂ©es, autant de pĂȘche en haute mer que de cabotage, de grands commerces ou fluviales qui avaient osĂ© les suivre sur des eaux bien plus houleuses. Tout le monde savait que Kleiman Ă©tait dangereux, c’était Ă©vident, et plus personne ne pouvait entrer dans sa ville sans que plusieurs marins ne disparaissent alors, entre ça, la colĂšre gĂ©nĂ©rale contre l’inaction du pouvoir royal, et les talents d’orateur d’Oswald, les marins de toute la cĂŽte nord-ouest de Faerghus les avaient rejoints. Plusieurs langskips srengs glissaient Ă  toutes vitesses devant eux, ayant mĂȘme eu le temps de se rendre en Duscur pour rendre les tĂȘtes des morts Ă  leurs frĂšres afin qu’ils puissent avoir les hommages funĂ©raires, mais aussi les informer de l’objectif de cet escadron de marine hĂ©tĂ©roclite, autant pour avoir des renforts que pour Ă©viter qu’ils ne croient Ă  une autre invasion. Bon, officiellement, les duscuriens n’avaient rien rĂ©pondu pour ne pas encore plus compliquĂ© leurs relations avec Faerghus mais, plusieurs navires de grandes guildes commerçantes avaient pris la mer avec des cargaisons diverses pour les rejoindre, avec la complaisance discrĂšte d’un chef local.
MĂȘme aprĂšs une vie entiĂšre Ă  parcourir toutes les mers, Ivy avait rarement vu une compagnie aussi hĂ©tĂ©rogĂšne, une bonne partie parlant mal la langue des autres mais, le langage des ports permettait de se comprendre entre eux afin de manƓuvrer efficacement tous ensemble.
Tout ce monde acceptait de coopĂ©rer dans un seul but : arrĂȘter Kleiman et sa soif de sang, autant duscurien que des simples passants dans sa ville.
« Qui aurait pu croire que tout ceci pourrait arriver et qu’on serait entrainĂ© dans une histoire pareille
 marmonna Ivy.
– Recommencer est un meilleur mot qu’arriver

Elle regarda Oswald, son regard sombre braquĂ© vers la cĂŽte. Il Ă©tait en habit simple d’archer, bien protĂ©ger par son armure, son carquois rempli de flĂšche, comme un soldat ordinaire, Ă  l’exception de la capuche tout autour de sa tĂȘte pour Ă©viter qu’on le reconnaisse. Elle ne l’avait jamais vu aussi renfermĂ© sur lui-mĂȘme, mĂȘme si ses yeux restaient dĂ©terminĂ©s.
– Les cinq messagers ne sont pas revenus. Ils auraient dĂ» revenir depuis au moins trois jours alors qu’on demandait juste Ă  Kleiman de s’expliquer sur la disparition de vingt-sept personnes. Ma main au feu, nous retrouverons leur tĂȘte sur une pique au-dessus des portes du port
 ou alors, il va nous les renvoyer couper en morceaux
 c’était dans les « bonnes » habitudes de Clovis
 j’espĂ©rais que tout ceci se serait terminĂ© une fois que Clovis a Ă©tĂ© dĂ©capitĂ© et envoyĂ© dans le caveau des criminels
 Justine aussi disait que c’était terminé  qu’on aurait pu se dire que nos enfants ne vivraient jamais des choses pareilles, mais tout recommence encore
 il serra le poing sur son carquois. Ludovic doit se retourner dans sa tombe en voyant la dĂ©chĂ©ance de son sang.
Ivy hocha la tĂȘte, comprenant le tourment qui l’habitait. Oswald avait surement vu plus de choses dans sa vie que bien des gens avec qui il avait grandi, leur avait mĂȘme survĂ©cu pour la plupart, et il avait survĂ©cu au rĂšgne de Clovis sans que l’Alliance ne soit envahi avec Justine von Daphnel. Il aurait surement prĂ©fĂ©rĂ© finir sa longue vie sans devoir affronter tout ça.
– On a ça maintenant alors, mieux vaut le rĂ©gler maintenant avant que ça n’empire et tant qu’on le peut encore. En plus, les espions srengs ne se sont pas fait repĂ©rer depuis qu’ils sont infiltrĂ©s et ils ont pu saboter les chaines qui protĂšgent l’entrĂ©e du port. On est aussi arrivĂ© Ă  avoir une bonne idĂ©e d’à quoi ressemble l’intĂ©rieur des murailles avec les corbeaux des srengs, et comme vous l’avez dit, on voit d’ici que Kleiman est un seigneur mineur avec juste une grosse maison qui n’est pas construite comme une forteresse, ça devrait nous simplifier la tĂąche, mĂȘme si on doit faire attention Ă  ce qu’il nous rĂ©serve.
Oswald hocha la tĂȘte, arrivant Ă  fendre un lĂ©ger sourire.
– Vous avez raison. Si les messagers ne reviennent pas, raison de plus pour se dĂ©pĂȘcher avant que les espions n’y passent aussi. Nous devons arrĂȘter tout ceci, au moins en coupant la tĂȘte du pire, et je fais confiance aux faerghiens pour finir d’arracher les racines du mal. Pour le moment, concentrons-nous sur la bataille qui nous attend. Merci capitaine.
– C’est normal.
– Eh ! Les leicesters !
Oswald baissa la tĂȘte vers le navire duscurien juste en-dessous de lui, la capitaine leur hurlant que c’était l’heure. Ivy rĂ©pondit qu’ils Ă©taient prĂȘts.
Les navires se mirent alors en ordre de bataille comme ils pouvaient malgrĂ© leurs diffĂ©rences de structures et d’expĂ©rience, celui d’Ivy et des quelques corsaires expĂ©rimentĂ©s menant les autres afin de les protĂ©ger, leur coque Ă©tant faite pour rĂ©sister Ă  des assauts. Entre eux, les navires srengs avaient rangĂ© leurs voiles afin d’ĂȘtre plus discrets, se cachant pour que les dĂ©fenseurs ne les voient pas foncer vers les chaines sabotĂ©es. DerriĂšre, en seconde ligne, les navires plus fragiles se tenaient prĂȘts. DotĂ©s de rames, ils seraient chargĂ©s de tous les emmener dans le port, plus rapide et maniable que les grosses caravelles Ă  voiles. Leur objectif Ă©tait au moins d’atteindre le port, puis s’enfoncer en ville jusqu’à la maison seigneuriale. Une fois lĂ -bas, il faudrait capturer Kleiman et ses hommes de confiances au plus vite et le mettre aux arrĂȘts avant qu’ils ne puissent s’enfuir.
Ils devaient ĂȘtre rapide, prĂ©cis et tout faire pour Ă©viter de trop grosses pertes Ă  cause de leurs forces limitĂ©es et trĂšs diverses. Il n’aurait droit qu’à un seul essai sinon, la corde tendue qui les tenait tous ensemble cĂšderait et ils se disperseraient surement sur le champ

« Comme quand on a une proie qui ne nous a pas repĂ©rĂ©s dans notre ligne de mire  »
Oswald empoigna plus fermement son arc, faisant une priĂšre aux Braves et Ă  sa bonne amie Justine. Il ne louperait pas sa cible.
Les navires s’étaient approchĂ©s Ă  portĂ©e de voix quand un homme leur hurla depuis le haut des remparts.
« Halte-là navires ! Que faites-vous ici !
– Nous sommes de la corporation des marchands de Faerghus et des navigateurs venus d’autres horizons ! S’écria la capitaine qui avait Ă©tĂ© Ă©lue pour les reprĂ©senter, une pure faerghienne, afin de mettre les gardes plus en confiance que si c’était des Ă©trangers qui arrivaient en masse sans aucun reprĂ©sentant faerghien. Nous avons envoyĂ© cinq messagers auprĂšs de votre seigneur afin de lui demander pourquoi des matelots et des civils disparaissaient aussi souvent dans ce port ! Etant donnĂ© qu’ils ne sont pas revenus depuis trois jours, nous sommes venus en masse lui demander de rĂ©pondre Ă  nos questions et de faire en sorte que ces disparitions cessent !
– Et notre seigneur les a envoyĂ©s paitre ! Nous n’avons Ă  rĂ©pondre que devant son seigneur Mateus et le roi !
– Mais un seigneur, aussi petit soit-il, se doit aussi d’assurer la sĂ©curitĂ© sur ses terres ! S’il ne remplit pas ce devoir, nous pouvons venir directement lui demander des comptes ! En vertu de ce droit, nous voulons lui parler tous autant que nous sommes ! Et s’il les a repoussĂ©s, oĂč sont passĂ©es ces cinq personnes ?!
– Ce n’est pas notre problĂšme ! Foutez le camp maintenant ! Ou nous emploieront la force contre vous ! Que vous soyez faerghiens, leicesters, ou des meurtriers de duscuriens ! Nous sommes dĂ©jĂ  trĂšs clĂ©ments de ne pas avoir incendiĂ© les navires qui transportent les assassins de nos frĂšres !
Il eut quelques minutes de concertations entre les bateaux, autant pour vĂ©rifier que tous Ă©taient prĂȘt discrĂštement, que pour Ă©viter que les dĂ©fenseurs se mĂ©fient, ainsi que pour donner un peu plus de temps aux espions Ă  l’intĂ©rieur de finir leur travail. La femme finit par hurler, en cƓur avec tous les autres navires qui hurlĂšrent dans leur langue respective.
– Nous refusons !!! Nous rentrerons !!! Et nous libĂ©rerons nos camarades !!!
– Vous choisissez donc de finir par le fond ! ArbalĂ©triers ! En position !
– Navigateurs du Midgard ! Cria Oswald en sreng. À vous !
– On a vu ! Que Thor combatte Ă  nos cĂŽtĂ©s ! RAMEZ !!!
Tous les capitaines srengs abattirent le dos de leurs armes sur le tambour des rameurs, donnant le signal de départ.
Les navires cachĂ©s filĂšrent tout de suite vers les portes, glissant Ă  toutes vitesses sur les eaux vers les dessous de la porte, s’attaquant tout de suite Ă  la chaine qui le fermait. Normalement, des assommoirs Ă©taient placĂ©s juste au-dessus des chaines pour contrer ce genre d’attaque sans devoir passer la tĂȘte au-dessus des crĂ©neaux mais

– Les assommoirs ont Ă©tĂ© bouchĂ©s ! On a Ă©tĂ© saboté !
« Les espions srengs n’ont pas volĂ© leur rĂ©putation d’ĂȘtre plus redoutables Ă  dix qu’une armĂ©e de dix mille soldats ! »
Un Ă©norme trait passa tout prĂšs d’eux, endommageant le bastingage. Le prochain tir atteindrait leur coque, c’était sĂ»r ! Oswald repĂ©ra aussi vite qu’il put la meurtriĂšre oĂč devait ĂȘtre cachĂ© une arbalĂšte de tour, prĂȘte Ă  enfoncer leur pont. Il leva tout de suite son arc, se concentra sur la trajectoire qu’avait empruntĂ© le trait, et tira sans hĂ©siter. La flĂšche arriva Ă  passer la meurtriĂšre et Ă©tant donnĂ© qu’aucun carreau d’arbalĂšte ne suivit le premier, il avait dĂ» toucher le responsable de l’arme. Kleiman Ă©tait officiellement un seigneur sans beaucoup de ressource, il ne devait pas avoir les moyens d’avoir plusieurs engins de guerre aussi puissant et couteux qu’une arbalĂšte de tour, ni beaucoup d’homme aptes Ă  la manier. Les assaillants devraient ĂȘtre tranquilles un moment avant que les dĂ©fenseurs n’arrivent Ă  trouver quelqu’un d’autre pour la rĂ©armer et l’utiliser.
Au bout de quelques minutes, le cri rauque d’un cor se fit entendre.
– Le signal ! Aux navires Ă  rames ! S’époumonna Ivy en quittant son poste en rassemblant ses hommes, Noce rĂ©pĂ©tant ses ordres en volant de partout.
Oswald obĂ©it, sautant lui-mĂȘme dans le premier navire qui arriva avec la capitaine. Une fois la chaloupe pleine, les marins se mirent tous sur les rames, ramant au rythme du tambour pour s’harmoniser entre eux. Les minutes sans pouvoir rien faire d’autres qu’attendre paraissaient interminables, Ă  la fois dans l’attente d’arriver et prĂȘt Ă  contre-attaquer dĂšs qu’un ennemi Ă©tait Ă  portĂ©e de flĂšche.
Une fois les portes et les chaines passĂ©es, l’archer put mieux voir l’aspect de la ville. Effectivement, petite ville sans trop de moyens et avec des voisins pas trop agressifs
 il n’y avait mĂȘme pas de quais pour dĂ©barquer, seulement une jetĂ©e oĂč s’échouaient les bateaux de pĂȘche mais, ça les arrangeait.
Les marins attendirent à peine que la coque des chaloupes soient à terre, sautant sans hésiter au sol pour continuer à avancer vers la maison seigneuriale.
« Navires srengs ! Navires duscuriens ! Occupez-vous de tenir les rues ! » Leur rappela Oswald avant de descendre à terre. Les habitants sortiraient moins pour se défendre en voyant des ennemis occuper le terrain, ce qui éviteraient des heurts avec la population de la cité.
Suivant Ivy qu’il couvrait avec ses flĂšches et remerciant son emblĂšme de l’empĂȘcher d’ĂȘtre trop fatiguĂ© malgrĂ© ses os qui vieillissaient, Oswald et les autres fodlans s’élancĂšrent dans la rue principale avant d’entrer dans la maison seigneuriale, peu empĂȘcher par la garde dĂ©jĂ  occupĂ©e sur le port, et la quelque vingtaine d’hommes restant n’était guĂšre suffisante pour arrĂȘter une grosse centaine de marins dĂ©terminĂ©s.
Une odeur de cadavre et de corruption piqua les narines des assaillants dùs qu’ils rentrùrent dans la cour.
« Cette odeur
 Attention ! Les mages noirs sont ici ! Restez sur vos gardes ! Rappela le grand-duc alors que son emblĂšme se calmait une seconde, ayant dĂ©jĂ  prĂ©venu tous les navires que Kleiman pourrait utiliser une magie interdite.
– Oswald ! Là-haut !
L’archer regarda dans la direction qu’Ivy lui disait, rĂ©agit au quart de tour quand il vit un Ă©clat de magie noire se former et dĂ©cocha une flĂšche dessus, la faisant exploser au-dessus d’eux avant que le sort ne touche qui que ce soit. Dans le mĂȘme temps, Ivy passa sur le cĂŽtĂ© de l’archer, embrochant un ennemi fonçant sur lui sur le fil de son Ă©pĂ©e, surveillant derriĂšre son Ă©paule pendant qu’Oswald surveillait le ciel en ordonnant.
– Par ici ! Vite ! Ils sont surement Ă  l’intĂ©rieur !
AprĂšs avoir enfoncĂ© la porte, les marins entrĂšrent en trombe dans la grande salle oĂč ils trouvĂšrent Kleiman, entourĂ© de ses conseillers et de plusieurs mages Ă©tranges, avec des motifs qui disaient quelque chose Ă  Oswald

« Les mages noirs de l’époque de la guerre du Lion et de l’Aigle ! Ils portaient ses motifs-là ! MĂ©fiez-vous des gens en noir ! C’est les plus dangereux ! »
Comme pour souligner ce qu’il venait de dire, une magicienne commença Ă  charger un sort et le lança en vitesse, balayant un marin en un instant, puis un autre qui tentait de l’attaquer par derriĂšre. Le sort ne toucha qu’eux mais, il ne laissa que des sortes de momie complĂštement dessĂ©chĂ©es, comme vidĂ©es d’eau, de sang et d’énergie vitale, tombant au sol dans un fracas d’os morbide, provoquant la panique et la fuite d’une partie d’entre eux pour Ă©viter d’ĂȘtre le suivant.
Ivy tira Oswald derriĂšre un escalier pour se protĂ©ger des sorts, l’aidant alors que la fatigue retenue par l’emblĂšme commençait Ă  l’engourdir et brĂ»ler ses muscles vieillissants
 C’était pas vrai ! Pile au pire moment ! Sans l’Infaillible pour continuer Ă  le stimuler mĂȘme pendant un temps calme de la bataille, il disparaissait de plus en plus vite ! Il ne devait pas lĂącher maintenant ! La magicienne noire s’approcha comme si elle ne craignait pas de se prendre une flĂšche ou un projectile, observant tout autour d’elle avec un petit sourire vicieux, les provoquant sans vergogne. Elle empestait la magie noire

« Les insectes tentent de se dĂ©battre Ă  ce que je voie
 susurra-t-elle avant d’ajouter en regardant dans leur direction. Enfin, on a aussi un insecte plutĂŽt rare
 ça fait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion d’attraper un emblĂšme majeur
 allons petit emblĂšme majeur
 montre toi  »
« Merde ! C’est quoi cette femme ?! Enragea Ă  mi-mot Ivy. Votre emblĂšme a disparu avant qu’on entre ! Et elle a fait quoi Ă  ces gars ?! C’est ça les effets de la magie noire ?!
– Elle porte les mĂȘmes motifs que ceux du bataillon puant
 haleta Oswald. Et c’est bien elle qui sent la magie noire

– Ah ça pour puer, elle pue
 elle comme tous les autres qui ont ce motif d’Ɠil  »
« Allons
 lequel d’entre vous est l’emblĂšme majeur ? HonnĂȘtement, il m’intĂ©resse plus que vous tous rĂ©unis alors, on peut faire deux choses. Soit, je vous attrape un par un et je vous transforme tous comme les deux insectes qui tombent en poussiĂšre sur le plancher pour faire le tri, l’emblĂšme majeur rĂ©sistera mieux Ă  mes sorts, soit vous me livrez et je vous laisse tous partir en vie.
Un silence retentissant tomba dans la piĂšce, juste occupĂ©e par Kleiman et ses hommes en train de se dĂ©battre contre la porte de la trappe qui devait leur servir Ă  s’enfuir, bloquĂ©e par une hache qui avait volĂ© quand les assaillants Ă©taient entrĂ©s. Ivy et Oswald Ă©changĂšrent un regard lourd alors que la femme continua, s’échangeant la mĂȘme question ainsi que la mĂȘme rĂ©ponse.
– Cela me semble un marchĂ© correct. De toute façon, de misĂ©rables insectes tel que vous ne pourrez jamais battre un ĂȘtre qui vous est aussi supĂ©rieur tel que moi, vous venez de le voir par vous-mĂȘmes alors, saisissez donc votre chance de survivre et de continuer votre pitoyable existence. Il suffit juste de me donner l’emblĂšme majeur. Vous avez la parole de Bias, la Meneuse Érudite

Elle fut exaucĂ©e quand Ivy poussa aussi violemment qu’elle put Oswald hors de leur cachette, le plus loin possible d’elle. Le vieil homme se recroquevilla sur lui-mĂȘme, la face tournĂ©e vers le sol, sa capuche dĂ©faite laissant voir ses cheveux gris et sa fatigue rendant le moindre de ses mouvements tremblants et incertains, se tenant la poitrine comme si son cƓur Ă©tait sur le point de lĂącher Ă  cause de toutes ses Ă©motions.
La femme eut un sourire carnassier, s’approchant du vieillard en dĂ©clarant.
– Évidemment, vous prĂ©fĂ©rez vivre, c’est bien. Vous avez un minimum d’instinct de survie mais bon, c’est la base pour les bĂȘtes. Et dommage, l’emblĂšme majeur est dĂ©crĂ©pit et ancien, il ne va plus survivre longtemps et n’a sans doute plus la force de sa jeunesse
 les bĂȘtes de votre genre vieillisse si vite
 marmonna-t-elle en se baissant vers lui. Enfin, c’est devenu si rare les majeurs Ă  prĂ©sent, on fera avec
 vient donc

Avant qu’elle n’ait pu finir sa phrase, Oswald se retourna d’un coup et lui envoya le pot minuscule autour de son cou en plein visage, libĂ©rant toute la poudre urticante qu’elle contenait, puis l’homme enfonça la pointe d’une de ses flĂšches en plein dans l’Ɠil, lui transperçant surement le crĂąne. Bias siffla de douleur en se redressant mais, avant qu’elle n’ait pu s’en dĂ©barrasser ou attaquer Ă  nouveau, une Ă©pĂ©e lui traversa tout le dos pour ressortir de sa poitrine.
– Pour un ĂȘtre supĂ©rieur, t’es aussi fragile que les « insectes » qu’on est, marmonna Ivy.
Elle serra le manche de son Ă©pĂ©e puis, la ressortit d’un coup du corps de la magicienne, laissa un sang rouge trĂšs sombre, presque noir s’écouler sur le sol alors que Bias s’effondrait, morte comme tout le monde le serait aprĂšs une blessure pareille. Les autres mages avec les mĂȘmes motifs qu’elles se mirent tous Ă  paniquer, laissant le temps aux autres assaillants de les maitriser avec Kleiman et le reste de ses sbires.
Reprenant son souffle, Ivy s’approcha Oswald en lui demandant.
« Tout va bien ?
– Oui, ça va, mĂȘme si ce genre de cabriole n’est plus de mon Ăąge, rĂ©pondit-il en cherchant un peu son Ă©quilibre Ă  cause de la fatigue.
– Bah, pour un gars de quatre-vingts balais, vous vous en sortez plutĂŽt bien, lui assura-t-elle en l’aidant Ă  se rester debout avant d’avouer, mĂȘme si j’ai eu peur que vous ne vous repreniez pas assez vite.
– J’ai encore quelques ressources on dirait
 il eut un sourire en voyant Kleiman ligotĂ© avec ses sous-fifres, alignĂ©s le long du mur et dĂ©sarmĂ©s. Au moins, nous les avons attrapé  J’ai bien fait de vous faire confiance. »
*
Une fois Kleiman capturĂ©, la plupart des gardes s’étaient rendus sans trop de difficultĂ©s, Ă©puisĂ©s par les derniers Ă©vĂšnements, mĂȘme si une partie s’était battue jusqu’au bout en visant particuliĂšrement les duscuriens ou toutes personnes avec une peau un peu sombre, soit Ă  peu prĂšs n’importe qui qui passait son temps dehors. Ceux-lĂ  avaient refusĂ© de se rendre et avaient prĂ©fĂ©rĂ© se faire tuer plutĂŽt que capturer. Bon, au moins, c’était dĂ©jĂ  un problĂšme de rĂ©gler pour le coup, aussi sordide la conclusion pouvait l’ĂȘtre. Leur patron Ă©tait tout aussi loquace qu’eux, refusant de dire quoi que ce soit quand Oswald, Ivy et tous les autres le pressĂšrent de question, se murant dans le silence. On le menacerait de lui arracher la langue qu’il ne parlerait pas, mĂȘme au sujet de cette Bias.
Et enfin, il restait le groupe de mages Ă©tranges avec ce motif d’Ɠil sur eux, rendus inoffensif grĂące Ă  des menottes duscuriennes bloquant leur magie. Au dĂ©but, Ivy crut qu’il faisait partie d’un peuple vivant Ă  Morfis Ă  cause de leur peau extrĂȘmement pale, pratiquement cadavĂ©rique, combinĂ©e Ă  leur couleur d’yeux et de cheveux trĂšs rares mais, ils ne parlaient pas la mĂȘme langue qu’eux. Enfin, ils semblaient comprendre le fodlan mais, pas moyen de les faire parler eux aussi.
« Rrrrhhhaaaa
 ! Pas moyen de les faire passer Ă  table ! Enragea Ivy aprĂšs une nouvelle tentative de les interroger. Soit ils restent muets comme des carpes, soit ils nous insultent en nous traitant d’insecte !
– C’est vrai qu’ils n’ont pas l’air de vouloir parler mais, restons patient, une partie semble plus se taire par peur que par dĂ©fi. Ils sont tout maigre et dĂšs qu’on les approche ou Ă©lĂšve un peu la voix, ils se recroquevillent sur eux-mĂȘmes quand on arrive comme des personnes battues, fit remarquer Oswald. Les deux qui nous insultent constamment semblent ĂȘtre les sous-chefs aprĂšs cette Bias et encadrer les autres. Tant qu’ils seront lĂ , ils ne diront rien.
– Hum
 alors, autant les sĂ©parer et tous les sĂ©parer, au moins les chefs de file. Les langues devraient se dĂ©lier un peu sans eux.
– Oui, et il faut Ă©galement bien les traiter, cela les mettra en confiance pour qu’ils nous expliquent ce qui se passe ici et nous ouvrent les portes qui nous rĂ©sistent encore
 avec ce genre de personne, un bon repas et de l’attention est le meilleur moyen de les faire parler  »
Sans hĂ©siter, ils isolĂšrent les chefs de file, puis firent attendre un peu les autres en leur donnant un repas maigre pour le midi. Ce temps seuls avec eux-mĂȘmes et sans nouvelle les angoisseraient sans doute, ils se demanderaient ce qui allait arriver Ă  leurs chefs d’un cĂŽtĂ© et Ă  eux de l’autre, ce qui rendraient tout geste bienveillant Ă  leur Ă©gard plus fort.
Le soir, Oswald leur fit apporter une miche de pain chacun, un grand bol de soupe et une pomme, tout en prĂ©cisant Ă  ceux qui leur donnerait d’ĂȘtre agrĂ©ables avec eux. Le petit groupe de sept personnes se tenaient recroquevillĂ©s dans un coin, Ă©vitant la lumiĂšre du soleil couchant, fuyant mĂȘme la lumiĂšre de la bougie en mettant leurs mains sur leurs yeux. AprĂšs tout ce qu’il avait vu ces derniĂšres semaines, Oswald devait avouer qu’il serait presque prĂȘt Ă  croire qu’ils Ă©taient comme les vampires des lĂ©gendes craignant la lumiĂšre mais, s’il se fiait Ă  leur rĂ©action quand ils avaient Ă©tĂ© emmenĂ©s ici, c’était plus qu’ils Ă©taient trĂšs sensibles Ă  la lumiĂšre, comme des crĂ©atures des cavernes.
« Veuillez m’excuser, je ne voulais pas vous faire mal, s’excusa-t-il en soufflant sa chandelle, la remplaçant par une petite boule lumineuse plus tamisĂ©e. Cela vous convient mieux ?
– 
 oui
 c’est pour nous ? Demanda un homme en montrant les plateaux avec mĂ©fiance.
– Oui, c’est votre repas pour ce soir. Vous pouvez manger Ă  votre saoul, leur assura-t-il, ne vous gĂȘner pas.
– De la nourriture d’infĂ©rieur, marmonna une femme, le nez retroussĂ© de dĂ©gout.
– C’est ça ou vous sautez Ă  la corde alors, fait pas la fine bouche, grogna Ivy, son poignard et son Ă©pĂ©e Ă  sa hanche afin de dissuader le moindre soupçon d’attaque sur Oswald.
– Une bĂȘte qui n’a mĂȘme pas d’emblĂšme n’est qu’un insecte, rĂ©torqua-t-elle avec bravache.
Cependant, Ă  part ses deux-lĂ , les autres prirent leur propre assiette, tremblant un peu d’apprĂ©hension avant de gouter leur soupe. Une d’entre elle eut l’air Ă©tonnĂ©, regardant son simple bol de brouet comme si elle tenait le plus grand festin de tout Fodlan entre ses mains, avant d’en reprendre une cuillĂšre sans hĂ©siter.
– Vous apprĂ©ciez on dirait, lui sourit Oswald, affable. C’est encore meilleur si vous mettez du pain avec.
Elle le regarda avec des yeux ronds, se recroquevillant Ă  nouveau quand il lui adressa la parole mais, elle l’écouta, plongeant sa miche dans sa soupe avant de le croquer, ayant Ă  son tour un grand sourire en disant quelque chose dans sa langue qui devait se traduire par « c’est bon », avant de dĂ©clarer en fodlan.
– C’est bon.
Elle se fit cependant tout de suite reprendre par la femme qui avait traitĂ© Ivy d’insecte, la rĂ©primandant sĂ©vĂšrement Ă  son ton mais, l’homme Ă  cĂŽtĂ© de celle qui apprĂ©ciait son repas dĂ» la dĂ©fendre car, l’orgueilleuse se tut et se rĂ©signa Ă  manger son propre repas en ronchonnant. Ils parlaient entre eux une langue Ă©trange
 ça ne ressemblait ni au fodlan, ni Ă  l’almyrois, ni au sreng, ni au duscurien, ni Ă  aucune langue qu’Oswald avait entendu pendant sa vie. Soit ils venaient vraiment de contrĂ©es reculĂ©es, soit ils avaient dĂ©veloppĂ© leur propre langage pour communiquer discrĂštement ensemble.
Celle qui les avait remerciĂ©s finit la premiĂšre en savourant sa pomme aprĂšs avoir demandĂ© ce que c’était, puis dĂ©clara.
– Merci pour ce repas. C’était trĂšs bon

– C’est normal. Je suis content que cela vous ait plu
 est-ce que je peux vous demander votre nom ?
– 
 matricule 456.
– Un matricule ? Vous n’avez pas de prĂ©nom Ă  vous ?
– Non, l’Agastya et les grands Meneurs nous interdisent de dire notre nom.
– Ah ? Et pourquoi donc ?
– C’est ainsi, ils nous l’interdisent. Ils sont les seuls Ă  avoir le privilĂšge d’en porter un. Les ouvriers comme nous ne portent qu’un matricule. C’est dĂ©jĂ  un grand honneur pour des infĂ©rieurs tel que nous d’avoir un numĂ©ro attribuĂ© par le Grand Agastya

– C’est dĂ©bile, ça vous rĂ©duit Ă  un numĂ©ro alors que vous ĂȘtes des humains, comme eux, marmonna la capitaine. Y a que les bagnards et les criminels qui ont des matricules, et c’est pour bien leur rappeler que leurs actes sont tellement horribles qu’ils sont Ă  peine humains.
– Un insecte ne peut pas comprendre que l’on doit le respect aux esprits supĂ©rieurs tel que les grands Meneurs et surtout envers l’Agastya, grogna l’orgueilleuse en faisant mine de les regarder de haut, mĂȘme si Ivy la reprit Ă  nouveau.
– Alors, si nous, on vous appelle par votre matricule, on vous est supĂ©rieur Ă©tant donnĂ© que c’est les « esprits supĂ©rieurs » qui vous appelle par des numĂ©ros et on est leur ait supĂ©rieur car en plus d’avoir un prĂ©nom avec un titre, on a en plus un nom de famille alors qu’eux n’en ont pas. Si on est des insectes Ă  ce point, on peut vous appeler par un prĂ©nom, et c’est plus agrĂ©able pour tout le monde.
– De plus, chez nous, c’est trĂšs impoli d’appeler quelqu’un par un numĂ©ro, c’est comme ça qu’on parle des criminels comme vient de le dire le capitaine Drake. Par exemple, je m’appelle Oswald, enchantĂ© de faire votre connaissance, dĂ©clara-t-il en levant sa main droite. Et vous ?
L’orgueilleuse foudroya la plus bavarde du regard, lui interdisant de parler mais, au bout de quelques secondes et hĂ©sitations, elle leva Ă  son tour sa main pour la poser sur son front en dĂ©clarant, avant de serrer celle de l’homme.
– Alors
 Pomme
 ou Soupe
 c’est bon
 enchantĂ© de faire votre connaissance Oswald.
– Moi de mĂȘme. Et Pomme est un joli prĂ©nom.
L’homme qui l’avait dĂ©fendu Ă©carquilla les yeux en la voyant serrer la main d’Oswald, lui demandant quelque chose dans leur langue en paniquant, mĂȘme si Pomme rĂ©pondit en lui montrant sa paume.
– Bah non
 y a rien, tu voies ?
Il eut l’air Ă©tonnĂ©, puis demanda, visiblement sans voix par cette simple poignĂ©e de main.
– Je
 je peux aussi ?
– Bien sĂ»r. Enchanté  ?
– Je ne sais pas
 Ivy ? C’est joli
 si deux personnes ont le droit de porter le mĂȘme prĂ©nom

– Bien sĂ»r, on ne s’en sortirait plus sinon mais, c’est plus un prĂ©nom de femme mais, tu pourrais t’appeler Vivian ? Lui proposa la capitaine. On reste dans les mĂȘmes sonoritĂ©s comme ça.
Il hocha la tĂȘte avant de serrer Ă  son tour la main d’Oswald avec apprĂ©hension, avant de la retirer avec Ă©tonnement en voyant qu’elle Ă©tait toujours comme avant. Les trois qui n’avaient rien dit suivirent aussi en se prĂ©sentant en utilisant apparemment des mots de leur langue, qui eurent la mĂȘme rĂ©action.
– On
 on nous avait toujours dit que pour des ouvriers tels que nous, toucher une bĂȘte avec un emblĂšme majeur nous brĂ»lerait
 surtout les tarĂ©s comme moi et matri
 Vivian
 avoua Pomme en regardant leurs mains Ă  tous. Que le sang des enfants de la Noyeuse nous dĂ©vorerait les mains si on le faisait
 quand c’est l’emblĂšme mineur, ça piquerait comme du salpĂȘtre mais, que les emblĂšmes majeurs brĂ»leraient comme le soleil
 que seuls les esprits supĂ©rieurs comme les grands Meneurs et l’Agastya Ă©taient assez forts pour rĂ©sister

– Et bien, je dois avouer que c’est la premiĂšre fois que j’entends une telle histoire ! Je vous rassure, je n’ai jamais brĂ»lĂ© personne en leur serrant la main ! » S’esclaffa Oswald, riant Ă  moitiĂ© noir. Ces personnes avaient Ă©tĂ© maintenus dans l’ignorance, surement pendant des annĂ©es afin de mieux les contrĂŽler, comme dans les sectes les plus dangereuses. Qu’ils ne se rendent mĂȘme pas compte de ce qu’ils faisaient ne l’étonnerait mĂȘme pas vu ce qu’il avait devant le nez. Enfin, ça les rendrait plus facile Ă  manipuler maintenant qu’ils voyaient de leurs yeux des preuves de ces mensonges.
Ils finirent tous de manger, le remerciant dans leur langue et en fodlan, avant que le grand-duc ne leur avoue, l’air sombre.
« Merci pour votre confiance. Je dois ĂȘtre honnĂȘte avec vous, l’heure en ville est trĂšs grave. ÉnormĂ©ment de marins ont disparus dans ce port et nous avons des raisons de penser que votre employeur, Kleiman, est Ă  l’origine de ses disparitions. À l’origine, nous sommes venus ici pour retrouver ces disparus et Ă©viter qu’il y en ait d’autres. AprĂšs la dĂ©monstration de force de cette femme, Bias, nous sommes tous trĂšs inquiets pour eux. Étant donnĂ© que vous Ă©tiez en train de vous enfuir avec lui, nous avons toutes les raisons de penser que vous ĂȘtes leurs complices, et vous risquez d’ĂȘtre punis de la mĂȘme façon qu’eux, mĂȘme si vous n’étiez que des exĂ©cutants
 leur apprit-il, voyant leurs joues blĂȘmir de plus en plus au fil de ses mots. Cependant, si vous acceptez de nous aider, on pourra s’arranger pour vous Ă©viter de finir comme lui. Par contre, il va falloir nous aider Ă  retrouver les disparus et nous dire tout ce que vous savez.
Oswald les observa, voyant toute l’hĂ©sitation se peindre sur leurs visages anxieux. Pomme finit par ouvrir la bouche, tremblante comme une feuille.
– D’acc

– Non !!! 

Celle qui les avait traitĂ©s d’insecte s’énerva, reprenant violemment la jeune fille qui se dĂ©composa, morte de peur mais, Oswald intervient, alors qu’Ivy faisait reculer la femme en colĂšre.
– Cause correct aux tiens, c’est pas des chiens.
– La capitaine Drake a raison, on ne parle pas comme ça aux autres. Écoutez, je voie que vous avez peur et qu’elle vient de vous menacer mais, si vous nous aider et nous avouez tout ce qui s’est passĂ© ici, nous vous aiderons et vous ne serez pas en danger, vous avez ma parole.
Pomme le dévisagea, demandant en tremblant, Vivian se tenant à elle en serrant leurs mains ensemble.
– MĂȘme contre l’Agastya ? MĂȘme contre l’ĂȘtre le plus puissant ? L’Agastya est l’Agastya, l’incarnation de la connaissance et de la puissance sur terre, le chef suprĂȘme des terres de la Grande Sphygi qu’il dirige
 per
 personne ne doit lui dĂ©sobĂ©ir, le questionner ou lui rĂ©sister

– Oui, mĂȘme contre lui s’il veut vous faire du mal ou vous forcer Ă  faire des choses que vous ne voulez pas. C’est lui qui vous a racontĂ© l’histoire que si vous touchiez quelqu’un avec un emblĂšme mineur, vous serez brĂ»lé ?
Pomme se mordit la lĂšvre avant d’hocher la tĂȘte.
– Pour quelqu’un qui sait tout, il vous a dit de sacrĂ©s mensonges, leur fit remarquer Ivy avec un air narquois aprĂšs Oswald. Et s’il est aussi fort que cette Bias, on devrait s’en sortir, on a eu qu’à lui balancer de la poudre urticante dans la gueule et Ă  l’embrocher avec une Ă©pĂ©e pour la battre. MĂȘme si votre Agastya est plus fort, on devrait arriver Ă  le battre en faisant fonctionner nos neurones. Alors, faites ce que vous pensez ĂȘtre juste selon vous, pas selon votre Grand Con si gĂ©nial qu’il est obligĂ© de mentir en permanence pour se faire obĂ©ir car, un peuple qui rĂ©flĂ©chit, c’est chiant Ă  gĂ©rer.
– Agastya
 crrrrĂ©tin
 marmonna Noce sur son Ă©paule.
La jeune femme finit par craquer, hochant la tĂȘte alors qu’elle prenait peut-ĂȘtre une des premiĂšres dĂ©cisions de sa vie.
– Je vous montrerais et vous dirais tout
 maintenant que la Meneuse Érudite est morte, sa magie ne devrait plus rien verrouiller
 Juste
 juste je ne veux pas retourner à Shambhala.
– Moi aussi, je veux bien vous aider, ajouta Vivian. Mais par pitiĂ©, ne nous renvoyez pas lĂ -bas
 ils nous tueront pour vous avoir parlĂ©s

– Cela devrait pouvoir se faire, leur assura Oswald.
Les deux mages se levĂšrent, sous le regard effrayĂ© des trois qui avaient serrĂ© la main du descendant de Riegan, et celui dĂ©sapprobateur des deux derniers mais, ils restĂšrent fermes sur leur dĂ©cision et les suivirent hors de la piĂšce. Les deux amis – peut-ĂȘtre
 ça ressemblait Ă  de l’amitiĂ© selon le grand-duc mais, il n’était pas sĂ»r qu’ils sachent mĂȘme ce que c’était
 – les ramenĂšrent dans la grande piĂšce centrale, leur disant que leur « laboratoire » Ă©tait sous la grosse dalle par oĂč Kleiman et eux-mĂȘmes avaient tentĂ© de s’enfuir. Avec l’aide de plusieurs forgerons et tailleurs de pierre de la ville, ils arrivĂšrent Ă  la forcer malgrĂ© les dĂ©formations, puis des hommes en armes descendirent les premier, suivit d’Ivy, Oswald, Pomme et Vivian.
Le boyau Ă©tait assez Ă©troit, Ă  peine large comme un chevalier en armure, mais pour des personnes aussi maigres et de petite taille que les deux mages, cela restait praticable. Aucune torche n’éclairait l’endroit, remplacĂ© par des sortes de longs rubans luisant, encastrĂ©s de chaque cĂŽtĂ© du couloir, indiquant le chemin dans la pĂ©nombre. Si c’était les lumiĂšres auxquels ils Ă©taient habituĂ©s et qu’ils passaient beaucoup de temps sous terre, ce n'Ă©tait pas trĂšs Ă©tonnant qu’une flamme leur fasse mal aux yeux, manque d’habitude
 une odeur de plus en plus nausĂ©abonde envahissait leurs narines alors que les deux mages baissaient la tĂȘte, gagnĂ©s par la honte
 une odeur de cadavre et de fumĂ©e
 de magie noire

Le groupe marchait depuis quelques minutes quand Oswald commença Ă  entendre les hoquets de stupeurs des hommes d’armes devant eux, avant qu’il ne voie le laboratoire de lui-mĂȘme, ne pouvant contenir son incomprĂ©hension mĂȘlĂ©e d’horreur Ă  son tour. Le boyau dĂ©bouchait dans une Ă©norme cavitĂ© Ă©clairĂ©e par des pierres semblables aux veines luisantes, Ă©clairant un ensemble de table semblable Ă  celle des chirurgiens mais, avec d’énormes attaches pour tenir les membres, l’odeur de sang sĂ©chĂ© et de chair putrifiĂ© rendant l’air pratiquement irrespirables prenant tout son sens en les voyant. Plus au fond, il y avait un couloir avec deux cĂŽtĂ©s bien distincts : Ă  leur gauche, il y avait des rangĂ©es de dizaine de tubes transparentes comme du verre oĂč flottaient des sortes de boules, et Ă  droite, un damier de pressoirs Ă©normes, de sorte de cuves surplombĂ©s de cheminĂ©, et de grands casiers entre les deux.
C’était ordonnĂ© au cordeau
 presque scientifiquement

« Qu’est-ce qu’il y a dans les cuves et les casiers ? Osa demander Oswald, son sang se gelant de plus en plus en devinant ce qu’ils contenaient.
– Vos semblables qu’on a rĂ©cupĂ©rĂ© encore vivant au projet Delta qui a eu lieu quelques lieux plus Ă  l’ouest, et des personnes sur le port, dont je m’occupe, rĂ©pondit Pomme avec une toute petite voix, les yeux baissĂ©s, serrant sa tresse rose vif dans ses mains. Dans les casiers, c’est les corps des morts dont s’occupe Vivian. On est deux dĂ©faillants alors, on a la tĂąche de s’occuper de vos semblables, que ce soit pour les maintenir en vie pour moi ou se dĂ©barrasser des restes pour Vivian
 c’est ce qui est le plus dĂ©gradant.
– Et qu’est-ce qui est pas dĂ©gradant pour vous ? » Demanda un soldat duscurien en regardant la scĂšne avec horreur, conscient que plusieurs de ses frĂšres et sƓurs avaient dĂ» passer par cette sale macabre. Au nom des Braves, heureusement que les murs ne pouvaient pas parler, mĂȘme si le simple fait d’imaginer tout ce qui avait pu se produire ici rendait ce silence encore plus insupportable et dĂ©rangeant
 c’était presque
 bien trop calme

« Assister la Meneuse Érudite
 rĂ©pondit difficilement Vivian.
– C’est-Ă -dire ? Demanda Ivy, tenant quelques minutes Noce contre sa poitrine pour qu’il se calme malgrĂ© l’odeur atroce et le manque de lumiĂšre.
– Projet Alpha
 continua le mage. Endurcissement des corps et transformation des mĂ©tabolismes
 Ă©tude de sujets vivants pour comprendre leur fonctionnement interne et l’utiliser afin de faciliter les expĂ©rimentations des Meneurs

– Attendez
 vous ĂȘtes en train de nous dire que vous dĂ©coupiez des gens vivants ?! Mais quel ĂȘtre humain peut ĂȘtre assez tordu pour faire une chose pareille Ă  ses semblables ?! S’énerva-t-elle, Noce contre elle.
– Nous ne sommes pas humains
 pas comme vous en tout cas

– Oui, esprits supĂ©rieurs, infĂ©rieurs, insectes
 tout ça, on connait, vos copains nous l’ont dit tout Ă  l’heure, les coupa Ivy, furieuse et dĂ©goutĂ©e, regardant de partout autour d’elle comme si elle cherchait quelque chose. Mais personne ne se sent mal de juste dĂ©couper des gens encore en vie ?! Vous n’avez pas d’empathie pour eux ?!
– C’est quoi l’empathie ?
Ivy dĂ©visagea Pomme, ne sachant pas si elle devait ĂȘtre en colĂšre ou comprĂ©hensive. Aux yeux de cette mage, c’était une question parfaitement normale, elle la posait presque en toute innocence, ne sachant mĂȘme pas ce que c’était alors que pour la plupart des gens, c’était tout de mĂȘme la base les Ă©motions et les sentiments. Vu le niveau, c’était mĂȘme limite Ă©norme qu’elle ait juste osĂ©e la poser sa question

– L’empathie, c’est la capacitĂ© Ă  se mettre Ă  la place des autres pour les comprendre et agir en consĂ©quence, expliqua-t-elle lentement en laissant Noce regagner son Ă©paule. Par exemple, quand quelqu’un a mal, tu comprends ce que ça fait et tu tentes de l’aider normalement.
– Ah, c’est comme pour les dĂ©faillants comme nous deux alors, comprit Vivian. C’est pour ça qu’on s’occupe des
 des « stocks »  c’est pour corriger nos dĂ©faillances et nos tares Ă  force

– Vous voulez dire que l’empathie, c’est pas normal chez vous ? Demanda une guerriùre sreng, sans voix.
– Non, c’est les dĂ©faillants et les insectes qui s’en font pour les autres. Quand des ouvriers comme nous tombent, tu les laisses par terre, ils n’étaient pas dignes du Grand Plan de l’Agastya
 mĂȘme les Meneurs
 nous avons Ă©chouĂ©, on sera juste remplacĂ©s par d’autres matricules
 en particulier ceux comme nous qui sont tarĂ©s

– C’est-à-dire ? Vous avez des problùmes physiques ou mentaux ?
– Non, on serait inepte au travail, on serait dĂ©jĂ  mort depuis longtemps, on ne servirait Ă  rien Ă  la cause, c’est notre Ăąme notre problĂšme
 on ne sait pas pourquoi
 juste
 ça fait mal de voir tout ça
 marmonna Vivian, complĂštement perdu, tordant ses longs doigts blancs ensemble alors qu’il secouait la tĂȘte, agitant ses boucles orange qui cachait ses yeux de la mĂȘme couleur perdus dans le vague. On ne sait pas
 on ne sait pas
 mais, on ne peut pas s’en empĂȘcher
 c’est comme si on avait des Ă©pingles dans la poitrine
 ça fait un peu moins mal quand on leur ferme les yeux et on les met correctement mais, ça fait toujours mal de les entendre
 mĂȘme quand on les entend depuis toujours
 et on arrive pas Ă  se concentrer uniquement sur le Grand Plan selon le dĂ©sir de l’Agastya
 on ne sait pas ce qui ne va pas chez nous
 on est comme le Traitre Abominable dont on doit taire le nom
 on arrive pas Ă  ĂȘtre ce qu’on nous demande ĂȘtre

– C’est pas une tare alors, c’est juste que vous n’avez pas Ă©tĂ© cassĂ© par cet Agastya, rĂ©pliqua Oswald sans hĂ©siter. C’est normal de ressentir de l’empathie pour les autres et d’ĂȘtre mal quand des choses horribles leur arrivent comme
 comme tout ce qui a pu se passer ici. Ce Traitre Abominable devait ĂȘtre comme vous et ĂȘtre capable de ressentir de l’empathie malgrĂ© tout ce qui lui Ă©tait arrivé  au contraire, soyez fier de lui ressembler.
Pomme et Vivian Ă©changĂšrent un regard, perdus, mĂȘmes s’ils firent un signe de tĂȘte qui ressemblait Ă  un acquiescement pour eux. DĂ©esse
 des ĂȘtres vivants incapables de ressentir de l’empathie ou faisant tout pour l’éliminer
 c’était la premiĂšre fois qu’il voyait une telle chose

Une fois Ă  peu prĂšs remis de ce qu’ils venaient d’apprendre, ils se mirent Ă  prendre possession des lieux et Ă  s’organiser pour sortir les rescapĂ©s de cet enfer au plus vite. D’aprĂšs Pomme, le liquide oĂč ils Ă©taient les maintenait en vie et Ă©vitait que leurs blessures s’aggravent mais, elle comprit Ă  peu prĂšs pourquoi c’était important pour eux de les extirper de ces bocaux.
« Quel Ă©tait le but de ce « plan Delta » dont viennent toutes ses personnes ? Lui demanda Oswald pendant qu’Ivy et un soldat tiraient une des messagers qu’ils avaient envoyĂ©s auprĂšs de Kleiman de sa cuve, Ă©talant lui-mĂȘme une couverture oĂč l’allonger.
– Je ne connais pas les dĂ©tails mais, si j’ai bien entendu ce que disait la Meneuse Érudite, ce n’était pas pour nous faire des stocks de cobaye
 d’aprĂšs elle, c’était pour plonger cette partie des protĂ©gĂ©s de la Noyeuse dans la discorde et le chaos, afin de mieux les infiltrer et de pouvoir faire avancer le Grand Plan. Une autre meneuse est dans votre capitale Ă  vous alors, le chaos l’aidera Ă  avoir plus d’influence
 expliqua Pomme en dĂ©plaçant des pierres sur une surface rocheuse, semblant actionner des mĂ©canismes par ses quelques gestes alors qu’elle ne pouvait toujours pas utiliser de magie.
– Et vous connaissez le nom de cette meneuse ? Son vrai nom je veux dire, comme Bias.
– 
 nous, nous l’appelons « Grande Savante » et son prĂ©nom, c’est PĂ©riandre mais, ce n’est pas sous ce nom que vous la connaissez
 et qu’elle a pris la place de quelqu’un d’important
 on peut prendre l’apparence des autres de
 je vous expliquerait aprĂšs mais, vous la prenez pour quelqu’un d’autre dont elle a volĂ© le visage et l’identité  je n’en sais pas plus, je n’ai jamais Ă©tĂ© sous ces ordres, cela fait des annĂ©es que je suis dĂ©vouĂ©e au service de Bias
 la Meneuse Érudite ! La Meneuse Érudite ! Pardon !
– Allons, ne vous en faites pas, elle est morte Ă  prĂ©sent, elle ne pourra plus vous faire de mal car, vous l’appeler par son prĂ©nom. Et merci, c’est dĂ©jĂ  beaucoup d’informations qui nous seront trĂšs utiles, » lui assura Oswald, dĂ©jĂ  bien content d’avoir trouvĂ© quelqu’un d’un peu plus bavard que Kleiman.
Ils continuÚrent à avancer et à tirer les rescapés de Duscur et des enlÚvements à Kleiman, quand Ivy se figea, regardant une cuve un peu plus loin.
« Ivyyyy
 appela Noce, solidement accrochĂ© Ă  l’épaule de son amie.
Elle courut alors d’un coup vers cette cuve, appelant tout de suite Pomme qui arriva sur ses talons avec Oswald.
– Il est en vie ? Par pitiĂ©, dit-moi qu’il est en vie et qu’il va vivre
 dĂ©clara-t-elle, entre le grognement et la supplique, jetant des regards angoissĂ©s Ă  celui qui dormait dans ce bocal.
Il s’agissait d’un jeune homme recroquevillĂ© sur lui-mĂȘme, ses bras forts entourant ses jambes pour les tenir contre sa poitrine pale et couverte de cicatrice de brĂ»lures, surement mortelles si la technologie des « agarthans » – soit le nom de leur peuple ou de leur secte si Oswald avait bien compris – ne l’avait pas sauvĂ©. Sa peau Ă©tait trĂšs pale, contrastant avec ses longs cheveux noirs et bouclĂ©s, retenus dans une Ă©paisse tresse qui flottait autour de lui. En le voyant, il comprit tout de suite la raison de la panique d’Ivy

« C’est fou ce qu’il ressemble Ă  son pĂšre  »
– Oui, il l’est. De peu mais, il vivra. PĂ©riandre et Myson avaient dit qu’on aurait bientĂŽt d’autres membres de la mĂȘme famille avec un emblĂšme mineur et un emblĂšme majeur alors, il fallait le laisser de cĂŽtĂ© pour comparer les trois alors, je l’ai mis au fond

– D’accord, tu m’expliqueras en dĂ©tail tout ce que tu sais aprĂšs mais avant, il faut qu’on le tire de là !
– Bien sĂ»r.
Pomme rĂ©pĂ©ta la mĂȘme sĂ©rie de mouvements sur la plaque que tout Ă  l’heure, pendant qu’Ivy et l’autre soldat tiraient l’homme inconscient de sa prison de verre, enlevant dans un ordre bien prĂ©cis les tubes qui le reliaient Ă  sa cuve en trouvant heureusement une respiration qui agitait encore sa poitrine.
La capitaine l’allongea dĂ©licatement sur la couverture qu’avait Ă©tendu Oswald, l’installant bien avant de lui tourner la tĂȘte, comme un noyĂ© pour Ă©viter qu’il ne recrache le liquide de la cuve sur lui ou qu’il reste bloquĂ© dans ses poumons. Puis, tout doucement, les deux leicesters le tournĂšrent sur l’épaule, l’aidant Ă  vomir.
– Allez
 grogna Ivy, tendu comme un cordage de navire. Crache

– 
 k
 kof ! Kof ! Kreuf !!! Kra

Le jeune homme rendit tous le liquide bleu luisant prĂ©sent en lui, crachotant encore alors qu’il essayait de parler.
– Attention, te presse pas trop, t’étouffe pas alors que tu as encore de l’eau dans les poumons

– I
 Ivy
 c’est
 mais que
 les yeux de chat du jeune homme s’écarquillĂšrent encre plus, mĂȘme si leurs iris bleu d’eau restaient encore floues, s’affolant Ă  cause des derniĂšres choses qu’il avait vu, surement induit en erreur par l’odeur de sang omniprĂ©sente. Non
 non
 tu dois
 les flammes
 le sort
 Dimitri
 tout
 ce
 krreeeuufff
 ! Kof ! Kof !
– Eh ! Je t’ai dit de ne pas t’étouffer ! Le rappela-t-elle Ă  l’ordre alors qu’il crachait encore. DĂ©jĂ  que t’es une vraie pierre, va pas t’étouffer mĂȘme Ă  terre ! Pour rĂ©sumer trĂšs vite, mĂȘme si ça c’est mal fini, Dimitri va bien, et mĂȘme si t’as dĂ» en voir, tu es en sĂ©curitĂ© maintenant.
– En
 mais
 mais comment
 ? Je
 qu’est-ce
 qu’est-ce qui s’est passé  ? OĂč
 oĂč est-ce qu’on est ? Mon
 mon pĂšre est là ? Et
 et FĂ©lix ? Tu sais s’ils vont bien
 ? Et Alix

– Là aussi, trùs longue histoire mais, on va tout te raconter mais pour l’instant, tu dois te reposer. Je te raconterais tout quand tu te seras un peu remis. D’accord Glenn ?
Les yeux du jeune homme rencontrĂšrent ceux de la meilleure amie de sa mĂšre, cherchant quelque chose de familier et de rassurant
 il voulait presque l’entendre raconter ces derniĂšres anecdotes de voyage, leur dĂ©crire ses mĂ©saventures dont elle se tirait toujours et si tout c’était passĂ© comme ça l’arrangeait Ă  Almyra
 juste pour retrouver quelque chose de normal
 tout Ă©tait tellement flou dans sa tĂȘte
 la derniĂšre chose dont il se souvenait, c’était des flammes de partout, des cris, et des mages Ă©tranges qui le tiraient du mĂ©lange de boue, de suie et de sa propre mare de sang
 de la sorte de potion immonde qu’ils lui firent boire
 puis, plus rien, un grand noir vide et glaçant
 il avait tellement de questions
 mais Glenn n’arriva qu’à supplier Ivy avant de s’évanouir Ă  nouveau

– Je veux rentrer chez moi
 je veux mon pĂšre
 FĂ©lix
 et Alix
 je veux retrouver
 ma famille

– Bien sĂ»r, je te ramĂšnerais chez toi, je te le promets, lui jura Ivy en passant sa main sur sa tĂȘte.
Glenn se laissa alors happer à nouveau par le sommeil, assez confiant en Ivy pour savoir qu’elle tiendrait parole

#fe3h#Ă©criture de curieuse#route cf + divergente canon#plus ou moins#j'espĂšre que ça vous plait surtout !#on reprend en douceur aprĂšs la FE OC Week !#C'Ă©tais prĂȘt depuis un moment mais je voulais faire que 5 billets Ă  la base jusqu'Ă  voir le nombre de page et oui...#mieux vaut faire ça en un billet supplĂ©mentaire... ce sera mieux et moins condensĂ© en reblog#La distribution de claque recommence ! J'ai beaucoup aimĂ© Ă©crire la scĂšne de rĂȘve ! J'espĂšre qu'elle vous plaira !#(c'est les scĂšnes que je prĂ©fĂšre en gĂ©nĂ©ral : les scĂšnes de rĂȘve ou irrĂ©alistes oĂč les persos sont en plein trip#On peut mettre la rĂ©alitĂ© au placard et y aller Ă  fond sur les symboles et les choses irrĂ©alistes tout en gardant la logique propre des rĂȘv#diatribe des avertissements inspirĂ©e par une conversation avec un ami hors Tumblr qui a passĂ© +30 minutes Ă  cracher sur un jeu#auquel il n'a pas jouĂ© depuis 20 ans et qu'il dĂ©teste mais qu'il ne peut pas s'empĂȘcher de cracher dessus en disant que c'est de la m*#avec quelqu'un -moi- qui aime ce jeu vu que c'est sa sĂ©rie de coeur alors pas trĂšs agrĂ©able Ă  vivre et ça donne envie de rappeler :#Eh... [nom censurĂ©]... ou le dernier jeu est mal fichu. Et si tu n'aime pas cette licence on peut parler d'autre chose...#donc bref : vous aimez pas un truc ou vous n'adhĂ©rer pas Ă  un truc soit ne lisez pas soit Ă©vitez de le tartiner Ă  la figure de gens l'aiman#ou alors assumez que vous avez donnĂ© une chance Ă  quelque chose que vous doutez ne pas aimer pour voir#Enfin fin du nĂ©gatif bonne lecture Ă  tous !
6 notes · View notes
darefollowme · 1 year
Photo
Tumblr media
Nouvelle année du Chat (et non du lapin), une particularité vietnamienne
Cette fois, nous y sommes.  C’est le TĂȘt, le Nouvel an traditionnel, qui est, pour tout Vietnamien qui se respecte, la fĂȘte des fĂȘtes

Ce sera le 22 janvier sur le calendrier grégorien.
Sinon, cette nouvelle annĂ©e qui arrive est celle du Chat, « du Chat d’eau » pour ĂȘtre trĂšs prĂ©cis, puisque chaque animal du zodiaque est associĂ© Ă  l’un de cinq Ă©lĂ©ments fondamentaux. Si l’on en juge par les horoscopes qui fleurissent ça et lĂ , ce matou aquatique n’a rien de trĂšs griffu, et autant le dire tout de suite, on ne risque pas de beaucoup l’entendre miauler: il prĂ©fĂšre  ronronner.
L’annĂ©e du Chat, donc
 partout ailleurs, en Asie sinisĂ©e, cette annĂ©e qui arrive Ă  grand pas sera celle du Lapin.
Nouvelle Année chinoise du lapin
le Vietnam, quand il peut se dĂ©marquer de son voisin chinois, ne s’en prive pas
Les deux calendriers zodiacaux - celui du Vietnam et celui de la Chine donc - sont similaires, sauf sur deux points : le buffle vietnamien se substitue au bƓuf chinois, et de mĂȘme, le chat vietnamien au lapin chinois. Pour les dix autres animaux - Rat, Tigre, Dragon, Serpent, Cheval, ChĂšvre, Singe, Coq, Chien et Cochon -, rien Ă  signaler.
Bien malin qui pourrait expliquer l’origine d’un schisme qui remonte Ă  plusieurs siĂšcles, voire Ă  plus de deux millĂ©naires.
Plusieurs ouvrages renvoient à une légende fondatrice, chinoise pour le coup, qui veut que Bouddha ait invité les animaux à faire la course, étant entendu que les douze premiers arrivés deviendraient les douze élus.
La suite est une histoire de concurrence dĂ©loyale : le Chat et le Rat, en principe amis, se juchent sur le dos du bƓuf pour traverser le fleuve
 Mais voilĂ  que le Rat, le perfide Rat, voulant Ă  tout prix arriver le premier (ce qu’il fera, au mĂ©pris de toute morale !), pousse le Chat dans l’eau.
LĂ©gende et linguistique du chat au Vietnam
Au Vietnam, la lĂ©gende attribue l’organisation de la compĂ©tition au taoĂŻste Empereur de Jade, et prĂ©cise que le Chat sait nager.
« L’explication la plus probable est linguistique, le vietnamien venant en grande partie du chinois : mao, qui veut dire lapin en chinois, se rapproche de meo, qui veut dire chat en vietnamien. C’est un glissement de sens qui suit la pente du son, ce qui est un phĂ©nomĂšne somme toute assez courant »,
Historique du chat par rapport au lapin
Le fait est que la Chine a occupĂ© le Vietnam pendant plus de 1000 ans et que lorsqu’ils le peuvent, les Vietnamiens Ă©vitent de s’aligner sur l’Empire du Milieu.
« C’est une question d’honneur national que de ne pas avoir copiĂ© la Chine en tout point. Cette forme d’imitation dans la distinction est prĂ©sente partout dans la culture vietnamienne », 
Plus prosaĂŻques, les Vietnamiens estiment que le chat leur est tout simplement plus proche que le lapin.
« La plupart des Vietnamiens sont des paysans et le lapin n’a rien Ă  voir avec eux, alors que le chat a toujours Ă©tĂ© leur alliĂ©: il tue les rats qui menacent les rĂ©coltes »
24 notes · View notes
Text
J’ai vĂ©cu au BrĂ©sil. Je l'ai dĂ©couvert et pourquoi les gens sont plus heureux que nous sans argent. PremiĂšrement et le plus important, ils vivent la vie au prĂ©sent et ne sont pas sans cesse en train de faire des plans pour la retraite, la semaine prochaine ou demain. DeuxiĂšmement ils ne sont pas en train de se tuer au travail et n'avoir que 5 semaines de vacances par annĂ©es. Ils ont donc du temps pour penser Ă  leur vie plus-tĂŽt que de passer leur vie la tĂȘte dans le guidon le problĂšme du systĂšme capitaliste qui ne nous laisse plus le temp de penser. TroisiĂšmement ils font du rapprochement physique sans contre partie. De retour j’ai Ă©tĂ© choquĂ© par la froideurs des gens et des femmes en particulier. Les cochons ne deviennent pas vieux mais tous les vieux deviennent cons
Tumblr media Tumblr media Tumblr media Tumblr media
3 notes · View notes
gfxced · 3 months
Text
Ce soir, j'ai pris V contre moi sur le tapis dans le salon et j'ai lancé Sen to Chihiro no kamikakushi. Elle ne tient en général pas longtemps sauf avec les Miyazaki qu'elle voit pour la premiÚre fois.
Elle est encore jeune pour celui-ci mais elle fut trÚs vite emportée par le mystÚre du tunnel. Ce film fait un peu peur dÚs le départ. Vu qu'elle n'a que quatre ans, je lui ai tout spoilé pour pas qu'il y ait de surprise. "Les parents ne peuvent pas manger la nourriture magique! Ils vont devenir des cochons!". "Chihiro doit travailler pour la sorciÚre pour sauver son papa et sa maman". Ca tranquilise.
Je lui ai servi de dossier de chaise tout le film, je lui tenais la tĂȘte contre moi quand les Ă©motions montaient. Les Ă©motions de qui? Je ne sais pas. PlutĂŽt les miennes je crois. Ce film me fait chialer de maniĂšre invariable. En plus la chanson de fin est une chanson de deuil et ses paroles m'achĂšvent toujours.
さよăȘらぼべきぼ静かăȘ胞 ă‚Œăƒ­ă«ăȘă‚‹ă‹ă‚‰ă ăŒè€łă‚’ă™ăŸă›ă‚‹ ç”ŸăăŠă„ă‚‹äžæ€è­°æ­»ă‚“ă§ă„ăäžæ€è­° èŠ±ă‚‚éąšă‚‚èĄ—ă‚‚ăżă‚“ăȘおăȘじ
Comment veux-tu ne pas exploser en sanglots?
Cette chanson fait partie de ma liste de chansons Ă  diffuser Ă  mon enterrement, probablement mĂȘme en derniĂšre position.
6 notes · View notes
Text
Le Langage “Poilu”.
“(
) Vous savez que la tĂȘte ou trognon se coiffe d'un kĂ©pi, dit kĂ©brock, pot de fleurs.  Le buste du poilu, la partie de son corps qui contient l'estomac et les entrailles, qui est par consĂ©quent le rĂ©ceptacle de la nourriture, se nomme pour ce motif: coffre, bide, buffet, lampe. Rien ne fait plaisir comme de s'en flanquer plein la lampe.  Le poilu met ses jambes, ses quilles, ses pattes, ses harpions, son compas, dans un objet appelĂ© par certains pantalon, mais par lui: falzar, frandar, froc, fourreau, grimpant. On voit le geste de l'homme qui s'habille

A ses pieds, panards, ripalons, il enfile des godillots ou, si vous préférez, des godasses, des grÎles, des croquenots, des ribouis, des péniches, des chaussettes à clous, des pompes (à l'usage de l'eau des tranchées, probablement).  Tout le monde connaßt Azor, le sac; Mlle Lebel, le fusil, et Rosalie, la baïonnette, trois fidÚles amis du trouflon.
Le temps oĂč le poilu se couchait dans un lit, appelĂ© pajot ou plumard, en raison sans doute de l'absence de plumes dans la literie, est maintenant passĂ©. Il dort (quand il dort, et alors il pionce, il roupille, il en Ă©crase) sur la terre, heureux d'avoir de temps en temps un peu de paille en guise de drap ou de sac Ă  viande. Au repos, en arriĂšre, il trouve quelquefois un lit: quelle joie, quelle nouba. Quelle foire! Mais la chose est rare depuis que le poilu habite la tranchĂ©e et ses gourbis, ses cagnas, ses calebasses.  Sa grande prĂ©occupation est alors de dĂ©fendre sa peau. Car il reçoit des visites peu agrĂ©ables: les gros noire, les marmites, les wagons-lits, les trains de wagons-lits, s'il y en a plusieurs, le mĂ©tro.. Que sais-je encore? C'est alors que retentissent les:
« Planquez-vous! » Les poilus s'aplatissent sur le sol sans s'Ă©mouvoir: faut pas s'en faire! A quoi bon avoir les foies blancs, verts ou tricolores, en d'autres termes, avoir peur? On n'est pas une bleusaille!  Et quand rĂ©sonne l'Ă©clatement formidable du 105 ou du 120, le poilu apprĂ©cie d'un air amusĂ©: C'est un pepĂšre
 un maous
 un pĂ©pĂšre-maous. De petits bourdonnements se font entendre: ce sont les Ă©clats nommĂ©s mouches Ă  miel, abeilles (ces qualilicatifs Ă©tant d'ailleurs communs aux balles) qui, heurtant un obstacle, cessent brusquement leur ronronnement.
Aussi, on est brave; on en a dans le ventre; on est blessĂ©, attigĂ©, amochĂ©; on meurt, cela s'appelle ĂȘtre occis, clamecĂ©, clabotĂ©,bousillĂ©, zigouillĂ©. II en tombe beaucoup, surtout Ă  la charge Ă  la a baĂŻonnette, quand on va Ă  la fourchette.  Notez enfin un autre petit inconvĂ©nient de la vie des tranchĂ©es. Ces cochons de Boches ont amenĂ© avec eux, laissĂ©s en libertĂ©, une multitude d'insectes parasites, parmi lesquels on doit signaler, en raison de leur nombre et de leur universelle renommĂ©e, les poux, totos ou gos, petites bĂȘtes blanches aux pattes agiles, appelĂ©es aussi pour ce motif mies de pain mĂ©caniques
 Et je vous assure que pour s'en dĂ©barrasser on a bien de da peine: quel boulot !
Ce sont lĂ  les ennuis d'un mĂ©tier qui rĂ©serve, par contre, d'agrĂ©ables moments. La soupe, par exemple
 Il faut avoir vĂ©cu au front pour ĂȘtre capable de comprendre l'enthousiasme de l'accueil fait Ă  l'homme sale que la guerre a rĂ©vĂ©lĂ© cuisinier, "Ah! te v'iĂ , l'cuistot! Eh bien! ça va, Ă  la cuistance? Dis donc
 vieux, qu'est-ce que tu nous apportes Ă  becqueter?” Le cuisinier, louche en main, procĂšde alors Ă  la distribution. Chacun tend sa galetouse, lisez gamelle, et reçoit sa portion de rata: bidoche ou barbaque cuite avec patates, faillots ou riz. Avec cela, un quart de boule (pain ou bricheton) et de temps en temps, un morceau de frometon ou fromgi (fromage).
Seulement, il arrive parfois que, pour divers motifs, la soupe ne vient pas: attaques, changements imprĂ©vus de secteur, culbute du cuisinier et de sa becquetance sous la rafale des obus. Philosophiquement, en s'accompagnant d'un geste des mains qui esquissent un nƓud imaginaire sur le ventre, le poilu se met la tringle ou la corde, serre un cran Ă  la ceinture, ou, par antithĂšse, il se bombe. Et il le fait sans trop se plaindre - rouspĂ©ter ou rouscailler, - se rĂ©servant d'ailleurs de se tasser une boĂźte de singe.  Mais quelle n'est pas sa joie lorsqu'il peut se rassasier Ă  son aise, se taper la tĂȘte ou la cloche, s'en mettre plein le col, plein le cornet!  Le comble du bien-ĂȘtre est atteint quand paraĂźt le vin, le pinard tant dĂ©sirĂ©. On ne l'a plus, comme autrefois, en litre, en kil; on en touche - et encore!
 - un quart. Sinon, au cas oĂč le pinard a fait le mur, on se contente d'eau dite flotte ou lance. Puis vient le traditionnel jus, dont on ne se passerait pas pour un empire. De temps en temps, enfin, on distribue de l'eau-de-vie: la goutte, la gniole, le criq, le j'te connais bien. Mais gĂ©nĂ©ralement le poilu voit lĂ  un signe avant-coureur d'une attaque. Alors, malgrĂ© le plaisir de l'absorption, il trouve que ça la f
iche mal! Il eĂ»t prĂ©fĂ©rĂ© dĂ©guster en paix, que diable!
Ce plaisir de la soupe s'adresse Ă  ce qu'Aristole appellerait l'Ăąme infĂ©rieure. Il en est un autre d'une essence supĂ©rieure: celui de recevoir des lettres. Les babillardes sont toujours bienvenues: celles des parents, des vieux; des frĂšres et sƓurs, frangins et frangines; des amis, des copains, des connaissances restĂ©es au pays; des parrains et marraines de guerre. Souvent aussi on y trouve de quoi garnir son porte-monnaie Les yeux du poilu, ses mirettes, s'illuminent lorsqu'il voit son morling se remplir de ronds, de balles, de tunes. Bienheureux ceux qui ont du pognon, du pĂšse !“
Maurice BarrĂšs
6 notes · View notes
Text
Bon, vous avez de la chance (moi moins), vu que j'ai Ă©tĂ© rĂ©veillĂ©e successivement Ă  3h par un groupe de garçons venus parler et fumer sous notre moustiquaire (on n'a pas de fenĂȘtre), 3h30 par tous les coqs qui ont dĂ©cidĂ© de chanter toute la nuit, 4h30 par un groupe de filles qui ont dĂ©cidĂ© de faire un bis repetita des garçons, 6h par la proprio qui rangeait toute la cour, et 6h45 par le rĂ©veil de ma voisine qui dĂ©pĂ©trifierait des victimes de MĂ©duse (Dieu que j'envie l'impassibilitĂ© de Dr Rathatton durant la nuit), j'ai le temps de vous Ă©crire le premier billet ...
Nous avons donc Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©es Ă  l'auberge par notre guide vers 8h30, et c'est parti pour 1h30 de voiture jusqu'au marchĂ©, oĂč il nous fait les courses pour les jours Ă  venir. Il en profite pour nous faire dĂ©couvrir le petit jeu suivant : on paye quelques Bahts pour choisir un des petits carrĂ©s de la planche d'en bas. Une fois dĂ©pliĂ©, on y trouve un numĂ©ro, s'il correspond Ă  celui d'un des lots, c'est le jackpot ! Bon, on a tous autant de chance qu'un pingouin dans le Sahara, c'est donc un Ă©chec gĂ©nĂ©ralisĂ©, snif.
Tumblr media
AprĂšs avoir rĂ©alisĂ© (totalement hors sujet) avec Clem que nous avons complĂ©tement oubliĂ© de faire notre check out Ă  l'hĂŽtel, et donc de rendre nos clĂ©s (la caution qui sauteuuuuuuh- heureusement on y retourne le 26 au soir !), On reprend la route. On est toutes les deux Ă  l'avant du camion de transport car nos sacs sont plus gros que ceux de nos compatriotes (les tout petits sacs de suffisaient pas, donc on a vidĂ© la partie inutile dedans, laissĂ© ce sac Ă  l'agence, et pris les gros, alors que nos camarades d'aventure ont des sacs de jour de 20L...), on ne rĂ©alise pas encore le confort auquel nous avons droit ... On s'arrĂȘte un peu Ă  une jolie cascade, ça nous met dans l'ambiance !
Tumblr media
AprĂšs un premier dĂ©jeuner en groupe (dĂ©licieux d'ailleurs), on reprend le camion pour dix minutes de chemin de terre. Le guide parle parfois par la fenĂȘtre, je ne comprends pas bien ... Jusqu'Ă  ce qu'un gars descende du toit Ă  l'arrĂȘt suivant 😅 la pente est tellement raide que tout le monde doit d'ailleurs quitter le camion, on n'arrive pas Ă  monter ! Ça commence bien ...
C'est enfin le départ de notre premiÚre rando, 2h30 dans la jungle ! Il y a beaucoup de descente, on est à l'arriÚre du groupe, et une fille devant galÚre avec ses chaussures (elle habite en Hollande, elle a autant l'habitude des collines que moi des cheveux lisses), heureusement que le paysage compense un peu notre rythme d'escargots rhumatisants !
Tumblr media Tumblr media Tumblr media
AprÚs 2h30 de marche, c'est une victoire, nous arrivons en vue du village ! C'est le village de notre guide, il nous racontera plein d'anecdotes sur la vie sur place dans la soirée, c'était passionnant (mais oui, vous aurez le droit d'en avoir aussi). Toutes les familles possÚdent deux maisons : une pour y vivre, et une pour stocker l'équivalent d'un an de riz ! Celle là n'est accessible que par une échelle amovible, pour limiter le risque qu'il soit abßmé.
Tumblr media Tumblr media
Les maisons sont surélevées pour "ranger" (les poules étant mises dans des paniers en bambou tressé, c'est le bon terme !) les animaux dessous la nuit (et faire des zones d'ombre le jour). Il y en a d'ailleurs partout, on croise plein de bébés poules, cochons, et chiens en liberté (c'est trop choupi), les parents cochon étant généralement attachés sous la maison pour laisser les pis disponibles, ou dans des enclos en bois bien trop petits :( ça ne répond pas aux exigences du label rouge ...
Notre guide Sombat (Bat pour les intimes ou les touristes sans cervelle qui oublient son nom constamment) nous présente notamment l'atelier de préparation du riz, avec le panier pour séparer le grain des déchets, puis le systÚme de broyage (sur la droite de la photo ci-dessous).
Tumblr media
Le confort est assez sommaire dans le village : le peu d'électricité fournie l'est par le panneau solaire que possÚde chaque maison, il n'y a évidemment pas d'eau chaude, et une douche pour tout le monde. Ah, et on ne tire pas la chasse, on renverse un bol d'eau dans la cuvette, ce qui donne lieu à des situations... Intéressantes !
Nous passerons en derniÚre sous la douche (on est parties se balader dans le village), de nuit donc, alors qu'on fait de la buée en parlant. Je rappelle que l'eau n'est pas chauffée. Je compatis nettement plus avec les esquimaux quand ils doivent soulager leurs instincts naturels !
Tumblr media
Sur la droite, nos sanitaires et la douche, et au fond à gauche, le dortoir ! (Merci à l'oeil vif de Dr Rathatton qui remarque que Annette, ingénieure de presque 27 ans, ne maßtrise toujours pas sa droite de sa gauche)
Quelques femmes du village nous attendent avec des babioles Ă  vendre, les enfants sont enrolĂ©s pour nous attirer
 AprĂšs une heure Ă  nous regarder en silence et Ă  nous faire signe de venir Ă  chaque fois que nos regards se croisent, je finis par craquer et leur prends un petit bracelet tressĂ© (pas localement malheureusement): 50B ce n’est pas grand chose pour moi (l’équivalent d’1€ et des poussiĂšres), mais ça leur est utile. Et puis comme ça j’ai de nouveau quelque chose au poignet, le poids de mon bracelet Pandora laissĂ© Ă  la maison me manque un peu !
Les matelas sont Ă  mĂȘme le sol (et fiiiiiins), mais les couvertures suffisent. On a mĂȘme des moustiquaires (inutiles en cette saison, mais ça fait plaisir aux touristes)
Tumblr media
8 notes · View notes
maitresse-des-tempetes · 9 months
Text
J'en suis au chapitre 7 de la 2eme partie des FrontiĂšres de Glace !
- Les gens qui Ă©crivent les bouquins d'histoire et d'anthropologie (?) Andalaviriens sont trĂšs edgy. "Les mercenaires du Chaos apportent la mort, un mentaĂŻ EST la mort" oui on a compris que tu vis dans un univers d'heroic fantasy. ArrĂȘte d'utiliser des points d'exclamation tout le temps !!!
- L'elfe de service a rejoint la troupe ! Il parle comme MaĂźtre Yoda.
- Oui Al-Jeit et l'Arche c'est plus joli que des trains et des bus c'est ça Edwin mais maintenant montre moi l'état des services sociaux et des transports en commun de Gwendalavir je sens que c'est pas trÚs trÚs beau à voir.
- Parle moi aussi du fait que vous n'avez pas de dĂ©mocratie, hein. Que y a que Al-Jeit qui a l'air de pas trop ĂȘtre dans la gadoue, que votre pays est toujours en voie de construction aprĂšs mille cinq cent ans et vous vous battez constamment contre des cochons et des mantes religieuses 🙄
- "je m'appelle Camille pas Ewilan" encore un reste de confusion dans son identité.
2 notes · View notes
physio-slytherin · 1 year
Text
A toi, mon petit papa.
Je sais que tu ne comprends pas pourquoi je m’inflige ça. Encore. Encore une fois. Que malgrĂ© le stress qui m’empĂȘche de manger, les crises de paniques qui me volent le sommeil et malgrĂ© toutes les fois oĂč j’ai vomi Ă  cause de ça, je continue Ă  m’infliger ça. Ca. La PACES. Tu penses probablement que je ne fais pas suffisamment attention Ă  moi, que je n’ai pas le mental pour. “Tu devrais faire infirmiĂšre” tu me dis souvent. Bon, je sais que lĂ  dessous se cache quelques propos sexistes de ton Ă©poque, mais tu ne comprends pas. 
Tu ne comprends pas que je me rends malade moi. Moi, parce que cette chose, ce concours, cette voie, c’est la seule chose que j’arrive Ă  projeter depuis des annĂ©es. Parfois, quand je retourne chez maman, et que je vois toutes mes anciennes peluches recousues, je me rappelle que je n’ai pas rĂ©ellement choisi. Ca a toujours Ă©tĂ© ça, mĂȘme quand j’avais cinq ans. Mes peluches jouaient au foot et poum, il y avait une fracture, alors il fallait que je fasse un trou, que j’enlĂšve toute la mousse et que je la remette avec du journal dedans. Ensuite, je descendais les escaliers et je me faufilais dans le bureau pour fouiller dans la boite Ă  couture. J’avoue, je me suis souvent piquĂ©e avec les aiguilles. Mais c’était ça le jeu. 
Tu ne comprends pas que ça fait partie de moi, et c’est tellement important Ă  mes yeux, parce que c’est mon identitĂ© que je suis en train de jouer, j’ai peur. Je suis effrayĂ©e. Pour moi. Mais pour toi aussi. 
Parce que je sais comment tu ignorais mes pleurs l’an dernier et que tu es revenu ce jour lĂ  en me disant tout simplement que ce n’était pas grave et que tu Ă©tais fier de moi. Mais je veux que tu sois rĂ©ellement fier de moi. Pour de vrai. Pas juste pour que je me sente un peu mieux. Je veux te rendre cet honneur. Quand j’avais dix ans et que tu m’as amenĂ© Ă  l’hĂŽpital par la main et que ton docteur m’a montrĂ© des reins de cochon pour m’expliquer ta maladie, je t’ai dit que je te soignerai. Maintenant je sais qu’il y ait peu de chance que ça arrive. Et mĂȘme si cela arriverait, tes annĂ©es seraient toujours comptĂ©es. On dit que ce qui motive les progrĂšs en mĂ©decine de nos jours, c’est la peur de la mort. Je ne fais pas exception, hormis que j’ai peur de ta mort. 
Papa, tu es mon meilleur ami. Et comme un pĂšre, comme un ami, j’aimerai que tu me suives toute ma vie, parce que je ne peux m’imaginer sans tes yeux gris souriants et ton mauvais caractĂšre. Je ne te le dis pas, mais dĂšs qu’un numĂ©ro que je ne connais pas m’appelle, j’ai toujours peur pour toi. Mais pour moi. Pour moi sans toi, plutĂŽt. Tu fais partie de l’une des rares personnes a qui je tiens rĂ©ellement, pour qui je pense Ă  te faire don d’un organe. Je veux que tu vives toute ma vie, que tu m’accompagnes quand je me marierai, que tu m’applaudisses Ă  mon doctorat, que je puisse t’appeler quand ma voiture fait un bruit bizarre. Je veux pouvoir t’appeler tard le soir, et t’entendre me raconter quelle soupe tu as mangĂ©. 
Mais tout ça, peut-ĂȘtre qu’on ne le vivra pas. Peut-ĂȘtre que je ne serai plus lĂ . Peut-ĂȘtre que tu ne seras plus lĂ . Et si tel est le cas, j’aurais besoin de ça. De ce travail omniprĂ©sent. De quelque chose Ă  faire pour ne plus penser Ă  toi, papa. Pour les annĂ©es qu’on n’aura peut-ĂȘtre pas, je veux que tu sois lĂ  quand on m’appelera ce matin lĂ . Que tu m’accompagnes, que tu sourisses et que tu m’applaudisses. Pour les annĂ©es qu’on n’aura peut-ĂȘtre pas, j’ai besoin de ça. 
Donc oui, tu ne comprends pas, parce que tout ça je ne te le dis pas. Je le fais pour moi. Et pour toi. A cause de toi. Grùce à toi. 
Cette fois, tu seras réellement fier de moi, mon papa. Finalement je serai fiÚre de moi. 
8 notes · View notes
ohtumbly · 10 months
Text
M. chatouille chatouille tout le monde
Bienvenue à Misterland ! C'est une matinée claire et ensoleillée et tout le monde se lÚve.
M. chatouille se réveille et, toujours au lit, utilise son long bras mobile pour attraper un biscuit en bas. Puis il a sauté du lit.
M. chatouille s'est brossĂ© les dents et a fait cuire une grosse saucisse, un Ɠuf au plat et a fait du thĂ© pour le petit-dĂ©jeuner.
Savez-vous Ă  quoi ressemblait son petit dĂ©jeuner ? Disons que la saucisse ressemble au numĂ©ro 1, puis l'Ɠuf et la tasse de thĂ©, du haut, ressemblaient Ă  une paire de zĂ©ros. L'avez-vous dĂ©jĂ  devinĂ© ?
C'est exact! Cela ressemblait au nombre cent.
Et M. chatouille a des centaines de personnes Ă  chatouiller aujourd'hui.
Le premier qu'il chatouilla fut aprĂšs avoir ouvert la porte. Il y avait Monsieur Timbre le facteur.
"Bonjour, M. chatouille!" Accueilli Monsieur Timbre le facteur.
Et avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit de plus, M. chatouille les chatouilla, ramassa les lettres et s'en alla.
Il y avait madame propette qui pendait des serviettes sur une corde à linge. M. chatouille a étiré ses bras agités et l'a chatouillée. Une serviette est tombée sur madame propette.
M. chatouille est passĂ© devant la maison de Robinson et a chatouillĂ© Mr. Robinson par la fenĂȘtre. Il a utilisĂ© son autre main pour chatouiller M. petit aprĂšs ĂȘtre sorti de chez lui.
M. chatouille a continué à chatouiller les gens qu'il voyait.
Il chatouillĂ© madame tĂȘte-en-l'air qui en avait perdu la tĂȘte.
M. silence qui avait hurlé de rire.
M. grand qui s'était plié en deux.
Madame risette qui en avait eu les larmes aux yeux.
M. glouton qui en avait eu mal au ventre.
Madame timide qui Ă©tait devenue rouge comme une pivoine.
Il a chatouillé madame beauté jusqu'à ce que son chapeau glisse,
et M. avare jusqu'Ă  ce que son portefeuille sorte,
et madame tĂȘtue le fera,
et M. inquiet le fera pas,
et madame coquette a laissé tomber son sac à main,
et M. bagarreur recule,
et madame follette a dansé,
et M. rigolo tombe,
et madame sage recommence à réfléchir,
et M. pressé s'enfuie,
et madame double tournent,
et M. peureux a sauté sur un arbre,
et madame vite-fait a perdu l'Ă©quilibre,
et M. joyeux est tombé sur le sol en riant,
et madame boulot s'est cognĂ© la tĂȘte contre une barre,
et M. etourdi jusqu'Ă  ce qu'il se souvienne.
M. chatouille est allĂ© chercher des Ɠufs Ă  Farmer Fields.
« Bonjour, Farmer Fields ! Puis-je avoir des Ɠufs de vous, s'il vous plaĂźt ? »
"Prenez votre temps, M. chatouille." Champs d'agriculteurs répondus.
M. chatouille est entrĂ© dans le poulailler, a attrapĂ© douze Ɠufs, les a mis dans un panier et est parti. Puis ses longs bras chatouillĂšrent les poulets.
Il n'a pas seulement chatouillé les poulets, il a chatouillé une vache, un cochon, les canards, le champ de maïs, le champ de blé,
et madame petite.
"Merci Farmer Fields." A remercié M. chatouille, et il a donné un petit chatouillement à Farmer Fields.
M. chatouille Ă©tait en route pour Seatown et est tombĂ© sur une Ă©cole. Il chatouillait le professeur, un garçon Ă  lunettes, une fille Ă  couettes, et Jack. M. rĂȘve sort en riant sur le bureau de Jack.
Il a continué son chemin vers Seatown et est passé devant le cabinet du médecin. Il a chatouillé M. atchoum, M. malchance, et Doctor.
Madame canaille attendait dans une boĂźte aux lettres bleue. Elle voit M. chatouille et a attachĂ© ses bras en un nƓud. Cela n'a pas arrĂȘtĂ© M. chatouille, car il a utilisĂ© ses doigts chatouilleux et a chatouillĂ© madame canaille.
Il voit M. grincheux quitter l'Ă©picerie. M. chatouille ne peut tout simplement pas s'en empĂȘcher, peu importe Ă  quel point un gars peut ĂȘtre grincheux. Il a chatouillĂ© M. grincheux et son Ă©picerie est tombĂ©e par terre.
M. chatouille a continué à marcher dans la rue quand madame prudente a marché dans la direction opposée avec son parapluie, ses bottes de pluie et son chapeau de pluie. Ses bras se tendirent et la chatouillÚrent. Le parapluie s'ouvrit et fit rebondir les mains.
M. chatouille est arrivé à Seatown et s'est assis sur le sable. Une main sortit un sandwich et il en prit une bouchée. Puis l'autre main a chatouillé une mouette.
M. chatouille a continué à chatouiller plus de gens alors qu'il était assis là.
Il a chatouillé madame tintamarre construisant un chùteau de sable,
et M. rapide levant un drapeau,
et madame indécise se promenant,
et M. malin lisant un livre,
et madame range-tout a laissé tomber une boßte de coquillages,
et M. parfait debout dans la brise marine.
Il a chatouillé madame geniale tirant sa planche de surf vers le sable,
et M. maigre sur un voilier,
et madame je-sais-tout sur un kayak,
et M. méli-mélo,
et madame autoritaire,
et M. etonnant,
et madame dodue.
M. chatouille voit M. incroyable sur un nuage. Il essaya de le chatouiller d'en haut en étirant ses longs bras. Ses bras ne sont pas assez longs pour chatouiller M. incroyable. Il a essayé, essayé et essayé.
Le vent a chassé le nuage de M. incroyable et il est tombé dans les bras de M. chatouille.
Il a continué à marcher et a rencontré Monsieur Pinceau le peintre. Il peint une clÎture. Il a chatouillé Monsieur Pinceau et il est tombé par terre. M. curieux a regardé par-dessus la clÎture et a vu M. chatouille. Avant que M. curieux ne dise quoi que ce soit, il a été chatouillé par une paire de mains orange. Les mains de M. chatouille !
AprĂšs le dĂ©jeuner, il se dirigea vers un arrĂȘt de bus, M. maladroit marchait le long et enfila un couvercle de trou d'homme.
« Oh non ! » Dit M. maladroit.
M. chatouille lui a donné un chatouillement.
M. chatouille a attendu un bus. Il se tenait derriĂšre M. heureux, debout derriĂšre M. bruit, debout derriĂšre madame catastrophe, debout derriĂšre madame porquoi, debout derriĂšre M. non, debout derriĂšre M. nigaud, debout derriĂšre M. costaud, debout derriĂšre M. farceur, debout derriĂšre madame oui, debout derriĂšre madame tout-va-bien, dans une file d'attente de bus.
Lorsque le bus est arrivé, M. chatouille s'est assis à l'arriÚre, a étiré son bras et les a tous chatouillés.
C'Ă©tait un long voyage, mais cela n'ennuierait pas M. chatouille.
En cours de route, il a chatouillé M. neige à Coldland,
M. malpoli prĂšs d'une fontaine,
et les bavards Ă  la maison bavard.
Il a chatouillé M. tatillon dans une cabine téléphonique,
et madame bonheur dans un supermarché,
et madame chance au bord d'un lac,
et M. farfelu sous la pluie,
et madame collet-monté dans un bureau de poste,
et M. bing sur un terrain de basket,
et madame boute-en-train en jouant au frisbee,
et madame acrobate quelque part.
Il est descendu du bus et a poursuivi son voyage de retour.
Il a chatouillé madame chipie en rigolant.
Il a chatouillé madame en retard en courant vers la maison.
Il a chatouillé madame casse-pieds bavardant.
Il a chatouillé M. sale dans un tas de bric-à-brac.
Il a chatouillé M. endormi sur un hamac.
Il a mĂȘme chatouillĂ© un ver.
Il a chatouillé M. bizarre, M. å l'envers, madame vedette, M. courageux, M. grognon, madame moi je, madame contrarie et M. lent !
Ha ha !
M. chatouille avait encore une personne Ă  chatouiller. Tard dans la soirĂ©e, madame magie Ă©tait sur son tapis magique. M. chatouille Ă©tendit ses bras par la fenĂȘtre et la chatouilla. Le tapis a atterri en toute sĂ©curitĂ©.
M. chatouille a soupé, s'est brossé les dents et est allé se coucher.
Il y a quelqu'un que M. chatouille n'a pas encore chatouillé. Savez-vous qui ?
C'est M. chatouille, lui-mĂȘme ! Il posa sa main sur sa tĂȘte et chatouilla dans son sommeil.
2 notes · View notes
bourbon-ontherocks · 2 years
Text
(PrĂ©cĂ©demment, dans le CƓur a ses Raisons HPI rewatch...)
Bon alors, pour pleins de raisons cet Ă©pisode est l’un de mes prĂ©fĂ©rĂ©s de la saison 1, c’est parti ?
“Allergique aux fouines, aux furets, aux belettes... Aux cochons d’inde. Et aux hamsters aussi.” Outre le fait que cette rĂ©plique est magique, c’est moi ou Gilles en sait beaucoup trop sur le dossier mĂ©dical de Karadec ?
DĂ©jĂ  Morgane qui commence par sauver la vie de Karadec dĂšs les cinq premiĂšres minutes, I -- I need to lie down đŸ˜±
Bigre, Morgane s’y connaĂźt bien en grenouilles dites-moi, bon, elle on sait pourquoi, mais quelqu’un peut m’expliquer pourquoi Bonnemain reconnaĂźt une phyllobates terribilis comme ça, Ă  l’oeil nu ? Ils ont ça dans la formation de mĂ©decine lĂ©gale ?
La tension sexuelle entre Morgane et Bonnemain quand il lui dĂ©crit les effets du poison, mais je meurs 😅
Fondamentalement, la raison pour laquelle j’adore cet Ă©pisode, c’est parce que chaque seconde de coltar!Karadec est un pur dĂ©lice. đŸ€©
Comment Gillles est dix fois plus inquiet que Morgane au sujet de l’état de Karadec... Il a un mĂ©ga crush sur lui, en fait, c’est pas possible....
Ah. Le fameux trope de la Copine du Yogaℱ. Serait-ce donc une rĂ©fĂ©rence Ă  Friends ? đŸ€”
“Un monsieur qui s’est fort disputĂ© avec elle”, mais quel enfant de douze ans parle comme ça, sĂ©rieusement ? Qui a Ă©crit ces dialogues ?
“Ça va ta fesse ? Je peux voir ?” *lui refait son noeud de cravate mĂȘme pas deux minutes plus tard* heu, CĂ©line, tu veux qu’on en parle de cette tension monstre entre Adam et toi ou ça va aller ? #Hadam
Putain je viens de rĂ©aliser que c’est les parents de la victime en mode “notre fille a renouĂ© avec son mec de jeunesse” qui trigger le fait que Morgane aille “en urgence” parler de Romain Ă  sa mĂšre, je -- 😭😭 
En parlant d’AgnĂšs, justement, revoir cette scĂšne en sachant qu’elle sait c’est un coup de poignard. Et finalement son “Romain t’a quittĂ©e”, elle essayait de lui dire la vĂ©ritĂ© en fait.... đŸ˜©
J’adore comment Ă  chaque fois que Karadec fait une remarque du style “vous avez remarquĂ© ? C’est calme aujourd’hui”/Ӎa me fait du bien de bosser tranquille”/etc, ça conjure Morgane et elle apparaĂźt ? đŸ‘»
“Vous voulez qu’on planque ensemble ?” asjksjkaksjajks 😂
Franchement la scĂšne complĂštement chaotique du coup de fil avec les aller-retours sur le haut parleur et Morgane qui dĂ©balle son repas de la façon la plus messy possible, c’est du peak comedy
C’est quand mĂȘme fucked up de se taper la mĂšre adoptive de son enfant biologique, non ? (sauf si la partie adoption intervient aprĂšs la partie tapage, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit lol)
“Elle ne l’aurait pas fait.” “Boh, y’avait des chances quand mĂȘme” 😆 😆
Cette juxtaposition de Gilles et DaphnĂ© qui du coup se retrouvent Ă  prendre un verre en tĂȘte-Ă -tĂȘte pendant que Morgane et Adam restent tout seuls au bureau Ă  la nuit tombĂ©e, comment ça sent le multi-shipping Ă  plein nez... đŸ”„
D’ailleurs. La. DĂ©ception. De. Karadec. Quand Morgane rentre chez elle. He’s pining already, c’est fou ! đŸ„”
Morgane qui s’incruste dans ce que je suis obligĂ©e d’appeler le Karadate ! Le fake dating ! La facial journey d’Adam !! Morgane, my love, read the room ! 😅
Quand on y rĂ©flĂ©chit, c’est quand mĂȘme une des affaires les plus tristes de la sĂ©rie, ce pauvre gamin avait deux mamans, bah maintenant il en a zĂ©ro, et puis la scĂšne oĂč l’ex-taulard rencontre son fils pour la premiĂšre fois, mais c’est tellement triiiiiste bordel 😰
Ok. Bon. Compte-tenu de ce qu’on apprend en saison 2, on est d’accord que CĂ©line a un dossier pipeautĂ© entre les mains. Du coup, pourquoi il y a les photos du repĂȘchage d’un corps ? Romain a fait un petit shooting en bord de DeĂ»le avec le vil Facchin ?đŸ“·Â  Quelqu’un dans le gang des Branquignols s’y connaĂźt en Photoshop ? Ou alors ils ont pris la photo d’un autre corps, mais qui, et sachant qu’il fallait qu’il ressemble un minimum Ă  la description, ça paraĂźt galĂšre non ?
Oui, je sais, je sais, je rĂ©flĂ©chis trop, mais c’est surtout pour me concentrer sur des faits et ne pas penser AU JEU D’AUDREY QUAND CÉLINE LUI ANNONCE QU’ILS PENSENT QUE C’EST ROMAIN ET QU’IL EST MORT NI AU REGARD INQUIET DE KARADEC QUI CONCLUT L’ÉPISODE  💔 😭 đŸ˜±
Bonus : Je veux ce T-shirt chat đŸ˜»
Tumblr media
10 notes · View notes
cawessel · 11 months
Text
Truismes & l'image corporelle hypocrite
Tumblr media Tumblr media
   Selon les normes de beautĂ©, il y a un Ă©tat parfait oĂč nous nous trouvons mince mais pas maigre, charnu mais pas en surpoids... De ce fait, je trouve ces images extrĂȘmement ironiques. Vous voyez des dĂ©guisements d’Halloween d’un cochon. Notez bien que les mannequins portant le dĂ©guisement de truie n’ont pas la forme ronde ou grosse comme le porc. Il est intĂ©ressant que nous ne voyions jamais une personne plus grosse qui porte cette tenue. De plus, les deux styles de dĂ©guisements sont acceptables : moulant et sexy ou gonflable et drĂŽle. 
   Notamment dans le livre, nous comprenons qu’avec la transformation physique de la narratrice, il y a un changement de sa perception de soi et de la sociĂ©tĂ© qui la rejette. Simplement, elle prend du poids et elle devient plus rose. En rĂ©alitĂ©, dans l’industrie de la beautĂ©, il y a l’utilisation du maquillage pour rougir les joues. Cependant, nous ne mettons pas en avant la forme physique du « cochon ». C’est-Ă -dire, nous choisissons certaines caractĂ©ristiques que nous prĂ©fĂ©rons, et nous les validons. Nous pouvons facilement tisser le lien entre le parti politique d’Edgar (du livre) et les personnes qui influencent les normes de beautĂ© actuellement. Le but de ces organisations est d’avoir le pouvoir. Elles remportent par exploiter le public en assurant que leurs vision/leurs produits sont meilleurs. En outre, si un membre du public essaie de lutter contre les messages des profiteurs, il est rĂ©duit au silence. Le livre propose la solution d’assassiner les manifestants ou tous ceux qui n’est pas d’accord avec leur systĂšme. Dans l’industrie de beautĂ©, nous voyons ce silence par l’humiliation en ligne ou par les autres messages faux et manipulateurs. 
    Ces images de costume me font rĂ©flĂ©chir de pourquoi il existe ces standards mĂȘme pour un festival comme l’Halloween oĂč le but est de s’amuser avec la crĂ©ativitĂ© et l’expression personnelle. Je sais que les normes existent dans le domaine de beautĂ© et encore dans la sociĂ©tĂ©. Ceci dit, je suis dĂ©goĂ»tĂ©e par la rĂ©alisation que l’identitĂ© sociale peut ĂȘtre Ă©galement dĂ©terminer par les occasions oĂč nous sommes encouragĂ©s Ă  ĂȘtre « hors norme ».
2 notes · View notes
gerceval · 1 year
Text
Le Choix - chapitre 12
Une fic hebdomadaire dont vous pouvez choisir la suite en votant chapitre aprĂšs chapitre !
[Commencez depuis le chapitre 1]
Tumblr media Tumblr media
- Non mais vous y croyez, vous ?
Arthur faisait les cent pas dans le laboratoire de Merlin, se frottant la tĂȘte aprĂšs s’ĂȘtre cognĂ© dans une poutre dont il avait mal estimĂ© la hauteur. Il va sans dire que cela n’avait pas amĂ©liorĂ© son humeur.
- Que quoi, déjà ?
Merlin Ă©tait en train de farfouiller dans un tas de fioles, l’air distrait.
- On s’emmerde Ă  Ă©laborer un systĂšme, Ă  crĂ©er des rĂšgles, Ă  faire ci et mi pour que ça se passe pas trop merdiquement, et lui il m’ordonne de me barrer Ă  l’autre bout du bled ! Il m’ordonne des trucs dĂ©jĂ , si on veut commencer par là !
- Ben oui j’y crois.
- Quoi « ben oui » ?
- Ben il est roi le gars, vous avez beau faire des rùgles et des contrats il fera ce qu’il veut.
- Et ce qu’il veut c’est que je me barre.
- Ah ben ça, aprùs

Ça y est, c'Ă©tait actĂ©. Lancelot Ă©tait en train de vriller. Le sortilĂšge avait donnĂ© l'occasion de se rĂ©veiller Ă  ses envies de pouvoir les plus ridicules. Il Ă©tait en train de commencer Ă  faire n'importe quoi. S'il voulait dĂ©jĂ  l'envoyer dans une mission absurde en Cornouailles et complĂštement modifier la situation gĂ©opolitique du monde connu (s'Ă©tait-il vraiment entichĂ© d'une princesse Viking ?), qui savait quelles autres rĂšgles il avait l'intention de briser. Merlin reprit la parole pour enfoncer le clou :
- Et pis d'aprÚs ce qui se raconte dans les couloirs depuis la réunion d'hier, ça va picoter quand vous allez récupérer votre corps, hein.
- C'est-Ă -dire ?
- Ben ce petit sortilÚge est pas exactement en train de faire du bien à votre réputation.
Merlin avait cette expression si particuliĂšre Ă  mi-chemin entre la gĂȘne de devoir colporter des bruits de couloirs et l'excitation ravie d'ĂȘtre celui qui avait la possibilitĂ© de colporter des bruits de couloirs. Arthur le laissa continuer.
- Je crois que c'est ça sa stratĂ©gie. Il veut que vous deveniez le plus impopulaire possible pour pouvoir en profiter Ă  l'avenir. Pas plus tard que ce matin il a lancĂ© une stratĂ©gie militaire contre les Saxons complĂštement Ă  la ramasse, enfin moi j'y connais rien mais les gens qui ont l'air de s'y connaitre se paient bien sa tĂȘte. Enfin votre tĂȘte du coup. Et pis bon, ces histoires de Vikings... Enfin moi aprĂšs je veux pas m’immiscer.
- Eh ben mon cochon, si c’est comme ça, on peut ĂȘtre deux Ă  jouer Ă  ce petit jeu. À partir de maintenant, vous pouvez compter sur moi, le seigneur Lancelot sera officiellement un glandu immature dont tout le monde se fout. Et sa mission il peut se la carrer oĂč je pense !
La sorciĂšre d’Aberystwyth fut ainsi abandonnĂ©e Ă  ses potions, et tant pis pour les paysans gallois. Aux remarques qu'on lui faisait sur le fait qu'il n'Ă©tait pas encore parti, Arthur se mit Ă  rĂ©pondre de diverses maniĂšres, affirmant qu'il Ă©tait fatiguĂ©, ou bien qu'il avait tout simplement oubliĂ©, se frappant le front de maniĂšre thĂ©Ăątrale, ou encore qu'il avait la colique (il ne s'arrĂȘtait Ă  rien) et qu'il prĂ©fĂ©rait ne pas partir en voyage dans ces conditions. Il ne fallut pas beaucoup de temps avant que ces rĂ©ponses arrivent jusqu'aux oreilles de Lancelot, qui, bien sĂ»r, comprit immĂ©diatement de quoi il retournait. Il n’insista pas sur la mission, mais aux provocations d'Arthur, il se mit Ă  rĂ©torquer par des propositions de plus en plus fantasques aux rĂ©unions de la table ronde, forçant le trait du progressisme que tout le monde reprochait Ă  Arthur jusqu'Ă  tomber dans le ridicule, tout en n'hĂ©sitant pas Ă  mettre les pieds sur la table ronde et Ă  se gratter les parties en sĂ©ance de dolĂ©ance. Arthur, furieux, cessa de se laver les cheveux et commença Ă  faire des siestes un peu partout dans le chĂąteau. Presque tous les jours, il se rendait au laboratoire de Merlin pour se plaindre de Lancelot et rĂąler que le druide n’avançait pas assez vite pour trouver un contre-sortilĂšge, et Merlin s’agitait, l’air catastrophĂ© et impuissant.
Un jour, peu de temps aprĂšs cette histoire de sorciĂšre, Lancelot parada dans les couloirs du chĂąteau le cheveu en bataille et affublĂ© d’un immonde foulard aux motifs traditionnels vikings, et rĂ©pondit Ă  tous les regards interrogateurs des gens qu’ils trouvaient par un dĂ©sinvolte « Quoi, je suis le roi, je fais bien ce que je veux ! ». LĂ©odagan eut l’air de se dire qu’il pourrait sĂ©rieusement envisager un coup d’état s’il n’était pas si Ă©puisĂ© par toutes ces conneries. Le lendemain, Arthur descendit aux cuisines Ă  l’heure du deuxiĂšme casse-croĂ»te nocturne de Karadoc, et avant que ce dernier eĂ»t le temps de dire « ah Seigneur Lancelot, qu’est-ce que vous faites debout Ă  cette heure », il piqua la gigantesque tartine que Karadoc s’apprĂȘtait manifestement Ă  manger et s’en alla avec. Les hurlements de Karadoc ce soir-lĂ  rĂ©veillĂšrent tout Kaamelott. Il a vraiment lĂąchĂ© la rampe, le Lancelot, entendit-il un jour au dĂ©tour d'un couloir, pour sa plus grande satisfaction.
Mais Ă  vrai dire, deux servantes passĂšrent devant lui dans le mĂȘme couloir Ă  peine quelques instants plus tard, en murmurant quelque chose qui ressemblait à : Allez s’il te plait c’était dĂ©jĂ  Ă  moi de faire la chambre du roi hier, j’en peux plus ces derniers temps, ça empeste et il laisse traĂźner des trucs et en plus il est dĂ©sagrĂ©able mais j’ai toujours su qu’il avait un mauvais fond etc etc. Bon, il exagĂ©rait peut-ĂȘtre un peu. Mais il Ă©tait vrai que ses retours subreptices dans sa chambre Ă©taient devenus de plus en plus dĂ©sagrĂ©ables, comme si Lancelot faisait exprĂšs de souiller l’air le plus possible par un procĂ©dĂ© qu’Arthur ne parvenait pas Ă  s’imaginer. Il se demandait bien ce qu’en disait GueniĂšvre ; il ne lui avait pas parlĂ© depuis le soir de la transformation, prĂ©fĂ©rant de plus en plus souvent errer dans le chĂąteau jusqu’à trouver une chambre vide.
C’est ainsi qu’un peu plus d’une semaine plus tard, il ouvrit une porte au dĂ©tour d’un couloir, et tomba sur Lancelot et GueniĂšvre vautrĂ©s l’un sur l’autre, en bonne voie vers la nuditĂ©. Bon, ça allait peut-ĂȘtre aller, maintenant. Est-ce que c’était vraiment Ă  ça que ressemblaient ses propres fesses ?
[Votez ici pour ce qui va se passer au chapitre suivant !] [Lisez le chapitre suivant ici]
6 notes · View notes