En soi, et ensembles,
Se sentir libre d’aimer,
De s’aimer,
D’être aimé.
S’affranchir des limites, des dogmes et des critiques.
Partir même, si notre cœur nous le dit.
Libre de jouir de notre vie,
Si tel est notre désire le plus intime.
Je m’observais m’auto-serrer dans les bras, pour me calmer.
Ce geste semblait pourtant avoir l’effet inverse. Je me laissais encore davantage aller à mon chagrin. Je me tenait encore plus fort, sans pouvoir me contenir.
Cette étreinte, elle incarne le symptôme d’une solitude prégnante, omniprésente, dévorante.. Depuis toujours. Je n’ai cessé d’être ma propre épaule.
Était-ce par choix ? Parfois, j’en doute. Pourtant, j’aime à la clamer haut et fort. C’est vrai. Je n’ai besoin de personne, hormis de moi-même.
Sauf quand je pleure.
Dans ces moments-là, j’aimerais pouvoir lâcher ma peine dans d’autres bras que les miens. Déposer le poids, sur le côté. Mais encore faut-il trouver quelqu’un de volontaire pour le porter.
C’est ça que je ne sais pas faire. Je crois. Ça vient de moi. C’est sûr.
Je ne suscite pas l’amour.
Je provoque peut-être des sentiments éphémères : le désir, l’envie, l’excitation, la curiosité. Mais une fois passé l’assouvissement ponctuel de ces élans primitifs, l’on se défait de moi, inexorablement.
Comme on le ferait pour chaque pulsion incontrôlée à laquelle on a cédé, faiblement. Je ne deviens alors plus qu’un vague souvenir, dans le meilleur des cas. Un regret, dans le pire. Je ne marque personne.
Pendant que tant d’hommes s’ancrent en moi pour toujours ! Non, je mens. En réalité, il n’y en a pas tant que ça.
Mais je sais au moins que j’en suis capable, moi. D’écrire dans mon âme, au creux de ma chair, ainsi qu’à l’encre noire, les traces indélébiles de ceux qui ont compté, et que j’ai su aimer.
(This text is in french but the english translation follows. Obviously, the translation isn’t here to be beautiful but for you to understand what my words means. this text is wlw, as i know it's less clear in english than in french)
Ma peine, mon démon, ma sirène,
J'ai tant rêvé de toi qu'il est indécent de le dire. J'ai tant rêvé de toi que la nuit connaît à présent tes yeux mieux que je ne le fais, tant rêvé de toi que souvent, je l'admets, mes rêves continuaient au soleil, illusions douloureuses dansant sous l'astre du jour.
J'ai tant rêvé de toi que j'en ai oublié de te haïr, perdue dans l'éclat de ces brumes où ton démon n'est plus. Tant rêvé de toi que sûrement, peut-être, ta vision serait étrangère à mes pupilles exposées ; ou peut-être, sans doute, brûlerait mes joues jusqu'à la naissance du flot de mes larmes.
J'ai tant rêvé de toi que ta présence en devenait tangible, comme une ombre qui ne me quittait jamais, tant rêvé de toi qu'en m'éveillant, je te croyais presque étendue à mes côtés, plus douce que tu ne l'as jamais été et n'es probablement capable de l'être ; tant rêvé de toi qu'il me semblait étrange que d'autres ne te voient pas, ni dans leurs jours ni dans leurs nuit, et soient libres de toute trace de ton image.
J'ai tant rêvé de toi, je crois, que je m'accrochais à ces rêves, moi et ma mémoire si courte, comme par peur de te laisser partir, de t'oublier ; tant rêvé de toi que je brûlais de tout te dire, au lieu de te laisser filer. J'ai tant rêvé de toi que je craignais de fermer les yeux autant que de les ouvrir, que je souhaitais rêver à chaque minute comme ne plus rêver du tout.
J'ai tant rêvé de toi, c'est vrai, qu'il m'arrive d'oublier que tu n'es pas qu'un rêve; que quelque part, foulant la même Terre, respirant le même air - infime proximité ! tu existes bel et bien, être de chair et d'os, riant et vivant, plus réel à présent pour d'inconnus que pour moi.
J'ai tant rêvé de toi, il me semble, que tu t'effaçais peu à peu de tout autre aspect de ma vie, de toute autre partie de moi. Tant rêvé de toi que je finissais par me demander si je ne t'avais pas inventée, reine cruelle qui m'infligea tant de maux, pour me sentir plus désirée que je ne l'étais, car il faut aimer quelqu'un si fort pour l'avoir à ce point meurtrie. J'ai tant rêvé de toi que je te confondais avec mes nombreuses fantaisies, tant rêvé de toi que tu perdais ta réalité.
J'ai tant rêvé de toi que c'est ce que tu es à présent, rien d'autre qu'un rêve, moins consistant qu'un souvenir, à peine plus lourd qu'une pensée, sorcière dont la trace quitte peu à peu mon cœur pour ne devenir, en fin de compte, que l'amère et si fine cicatrine d'une blessure passée.
Ma peine, ma sirène, mon démon,
J'ai tant rêvé de toi, à présent, que j'en oublie presque ton nom, et ne me souviens plus que de la haine qu'il m'inspire.
[My pain, my demon, my mermaid,
I dreamed of you so much that it is indecent to say so. I dreamed of you so much that the night now knows your eyes better than I do, dreamed of you so much that often, I admit, my dreams continued in the sun, painful illusions dancing under the star of the day.
I dreamed of you so much that I forgot to hate you, lost in the brilliance of these mists where your demon is no longer. Dreamed of you so much that surely, perhaps, your vision would be foreign to my exposed pupils; or maybe, no doubt, would burn my cheeks until the flood of my tears started.
I dreamed of you so much that your presence became tangible, like a shadow that never left me, dreamed of you so much that when I woke up, I thought you were lying by my side, softer than you never was and probably never can be; I dreamed of you so much that it seemed strange to me that others did not see you, neither in their days nor in their nights, and were free from any trace of your image.
I dreamed of you so much, I believe, that I clung to these dreams, with my memory so short, as if out of fear of letting you go, of forgetting you; dreamed of you so much that I was burning to tell you everything, instead of letting you slip away. I dreamed of you so much that I was afraid to close my eyes as much as to open them, that I wanted to dream every minute like to not dream at all.
I dreamed of you so much, it's true, that I sometimes forget that you're not just a dream; that somewhere, treading the same Earth, breathing the same air - tiny proximity! you do exist, a being of flesh and bones, laughing and alive, more real now for strangers than for me.
I dreamed of you so much, it seems to me, that you gradually faded away from every other aspect of my life, from every other part of me. Dreamed of you so much that I ended up wondering if I hadn't invented you, cruel queen who inflicted so much pain on me, to feel more wanted than I was, because you have to love someone so much to have hurt her so badly. I dreamed of you so much that I confused you with my many fantasies, dreamed of you so much that you lost your reality.
I dreamed of you so much that it's what you are now, nothing but a dream, less solid than a memory, barely heavier than a thought, witch whose trace gradually leaves my heart to become, in the end, only the bitter and so fine scar of a past wound.
My pain, my mermaid, my demon,
I dreamed of you so much now that I almost forget your name, and only remember the hatred it inspires in me.