Tumgik
#trente arpents
mebwalker · 3 years
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L'Exode told: Trente arpents
L'Exode told: Trente arpents Habitants loss their land. Moreover, they were demeaned.
La Rivière Magog par Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, 1913 (Ontario Art Collection) —ooo— Trente Arpents (Thirty Acres) I am forwarding links leading to a discussion of a novel entitled, Trente arpents (Thirty Acres). Ringuet’s Trente arpents was published in 1938, at the very end of the period of French-Canadian literary history labelled “régionaliste.” Unlike earlier régionaliste literature,…
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danielasf · 4 years
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Livre 13: Trente Arpents by Ringuet
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Monday I have a paper due on this book. It’s really tempting to re-read it just because. Quite honestly, this is probably my favourite French language book I’ve read so far. It was written around the great depression, and it uses an elevated kind of language to talk about everyday things. Which is to say the language is beautiful. I really enjoyed this one.
‘Arpent’ is an acre, which makes the…
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fallenrazziel · 3 years
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Les Chroniques de Livaï #525 ~ DANS LE DOUTE, ABSTIENS-TOI (juillet 846) Livaï
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le  personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma  propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a  traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
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Cette bicoque n'est pas si mal finalement. J'ai presque réussi à y dormir plus de trois heures. Erwin nous a alloué un budget serré pour nos déplacements, et ça ne devrait pas trop l'entamer. Je vais oublier l'idée de déjeuner et me rendre directement à l'arrêt de la diligence. Je peux être à Krolva en milieu de matinée.
Je jette un oeil dans le petit miroir de ma chambre, arrange mes cheveux, et resserre mon foulard autour de mon cou. Je n'ai pas pu me laver et je me sens plutôt crasseux après ma journée d'hier, mais ce ne sera pas trop gênant. Je suis là pour recruter parmi les brigades d'entraînement et ils ne feront pas leurs difficiles. Changer de vêtements devrait suffire.
J'ai passé l'après-midi d'hier à répondre à des questions de jeunots impressionnés - ou effrayés - par ma venue, à arpenter les baraquements, à donner des conseils pratiques aussi. J'ai évité de peu la démonstration de vol, je n'avais vraiment pas envie de m'y coller. J'ai du inventer un bobard, comme quoi j'étais blessé de notre dernière expédition, et ça a eu l'air de passer, les instructeurs ont pas insisté. Erwin pourra pas dire que j'ai pas donné du mien ; je crois même avoir lâché un ou deux sourires pour la forme.
Il y'en avait des motivés dans cette promo, et je dois bien admettre que j'ai malgré moi tenté de dénicher de nouvelles têtes pour mon escouade. Personne ne sortait vraiment du lot à Yarckel ; j'aurais peut-être plus de chance à Krolva. Je peux au moins me dire que certains nous rejoindrons le moment venu.
Je descends les escaliers de l'auberge et fais signe au tenancier, qui accourt alors vers moi. J'aime pas quand ils se comportent comme ça... J'ai vraiment pas l'habitude. Ils peuvent pas simplement faire comme si j'étais un être humain normal ? Je soupçonne certaines rumeurs de m'avoir précédé, car ce type semble m'avoir reconnu tout de suite quand je suis venu prendre la chambre. Je lui lance les clefs et aussi que la piaule était agréable. Il s'incline très bas, les mains ouvertes devant lui, la clef sur ses paumes, et je quitte l'établissement sans me retourner, ma minuscule valise sous le bras.
Je resserre mon manteau autour de moi dès que je passe le seuil, car l'air de Yarckel est bien plus frais que dans le sud. Les dômes dorés du centre-ville flamboient sous le lever du soleil, et seul résonne le pas tranquille des chevaux menés par les marchands. Les boutiques n'ouvriront pas avant une bonne heure. Par contre, je peux tenter de choper la diligence dans trente minutes. L'arrêt n'est pas loin, j'ai tout mon temps, alors je flâne un peu.
Les rues sont presque désertes, et le pavé nettoyé par une pluie récente. Tout semble extrêmement propre dans cette ville, ce qui ne me déplaît pas. Il y a moins de chevaux qu'à Ehrmich et les gens circulent davantage à pieds. Les trottoirs sont larges et entretenus, jalonnés d'arbres, et c'est assez agréable de s'y promener. La vie est si normale ici... Il semble impossible d'imaginer d'autres causes de décès que l'extrême vieillesse... Mais j'ai quand même emmené un couteau avec moi, au cas où. On est jamais trop prudent.
La demie-heure s'est écoulée sans que je m'en rendre compte et je me dirige rapidement vers l'arrêt. J'aperçois les passagers qui commencent à grimper dedans, et je leur emboîte le pas. Les hommes portent des longues redingotes, comme à Mithras. Leurs chapeaux ont l'air pas mal ridicules, perchés sur leurs petites têtes... Ca les rend plus grands qu'ils ne le sont. Un complexe à compenser, peut-être ? Ca me traverserait même pas l'esprit de...
Ma colonne vertébrale réagit avant même mon cerveau, anticipant de deux secondes le moment où la main se pose sur mon épaule. Je me retourne d'un seul geste, les jambes tendues, les bras en position de défense, et me retrouve face à un type moustachu, gris, au crâne dégarni, qui semble un peu essoufflé. Il porte un costume noir à cravate et des gants blancs. Mon instinct me dit de suite qu'il ne représente aucun danger, et je constate qu'il essaie de retrouver son souffle. Eh, l'ami, ça se fait pas de surprendre les gens comme ça. J'aurais pu vous blesser. Il s'excuse platement mais m'informe qu'il devait m'atteindre avant que je ne quitte la ville. Ah ? Pour quelle raison ? Vous me connaissez ?
Il répond que son maître me connaît, qu'il est au courant de ma présence en ville et qu'il sollicite une entrevue avec moi afin de discuter de l'avenir du bataillon. Euh... ça m'arrange pas, je devais me rendre à l'ouest... C'est qui, votre "maître" ? Le mot sonne comme une alarme dans ma tête ; les nobliaux sont tous suspects à mes yeux, et j'ai pas envie de faire quoi que ce soit avec eux.
Il m'annonce qu'il travaille pour Messire Deltoff - jamais entendu parler - et que celui-ci est un fervent admirateur du bataillon. Voyez-vous ça. S'il veut nous faire un don, il n'est pas nécessaire que je... Le vieux insiste en précisant que son maître est très riche et serait prêt à faire un gros chèque, à condition que j'accepte son hospitalité. En clair, il veut absolument me voir, moi ? Il ne compte pas me retenir toute la journée, seulement jusqu'à midi si ça me convient. Je peux pas dire que ça me convienne, mais... mince, si ce type est vraiment friqué, ça serait trop bête... Erwin se mettrait en pétard s'il savait que j'ai laissé passer une telle occasion à cause de mon sale caractère... Je peux au moins aller jeter un oeil sur place, et si je me fais chier, je m'éclipse poliment. J'ai appris certains trucs à la soirée de Zackley après tout...
Ok, je veux bien venir. Mais je préviens quand même, j'ai aucune manière adaptée à ce genre d'endroit ; je suis un soldat, rien de plus. Le vieux m'assure que ça ne pose pas de problème et que son maître me recevra sobrement. Dans ce cas... menez-moi là-bas. C'est loin ? Il m'indique du doigt un toit pointu plus haut que les autres, vers le nord de la ville. C'est ce palais là ? Je déglutis un peu, conscient de m'être quand même fourré dans le pétrin... J'espère que ça vaut le coup en tout cas...
On marche d'un pas rapide, le vieux montrant encore quelques signes de vigueur, et on remonte vite la rue que je viens de descendre. On s'engage dans un lacis de rues moins larges, et mes réflexes se réveillent dans l'ombre des maisons proches. L'endroit idéal pour une embuscade... Mais le vieux continue sa route et rien de fâcheux ne se passe. J'essaie de me détendre un peu, quand nous débouchons sur une grande place carrée baignée de soleil. Notre destination occupe un côté entier de ce carré, et je distingue de grands arbres par-delà une grille ouvragée.
Je sais pas pourquoi, mais ça me fait penser à la tanière d'une araignée... Allez, Livaï, cesse de te faire des idées comme ça, on verra sur place.
La grille s'ouvre sous sa main et nous parcourons une longue allée traversant un jardin plein d'ombres. J'estime la superficie et me rends compte de l'indécence de disposer d'autant d'espace alors que notre territoire est limité. Combien d'habitations on pourrait construire sur ce seul terrain ? Un bon nombre, j'imagine. Enfin, une façade de pierre apparaît devant nous, et un double escalier menant à une terrasse se déploie. Je note instinctivement les fenêtres, afin d'en faire d'éventuelles voies de fuite au cas où... quoi ? De toutes façons, ce palais a l'air gigantesque, aucune chance que je m'y retrouve de l'extérieur. Pourquoi je me sens si stressé ? C'est sans doute qu'un richard bedonnant gavé de boudoirs, avachi dans un fauteuil.
La porte immense donne sur un vaste hall, décoré de statues de gens à poil - je comprends toujours pas l'intérêt d'avoir ça chez soi - et le vieux me guide là-dedans, les mains dans le dos, l'air digne. Il a l'air fier de travailler ici. En tout cas, le proprio est gras, pas de doute. Tout, depuis le carrelage, jusqu'aux poignets de portes, sent le pognon dépensé sans compter. J'ose même pas toucher quoi que ce soit. Heureusement, on ouvre tout à ma place.
On avance dans une enfilade de pièces de plus en plus petites, et je situe plus du tout où je suis. Kenny me rousterait s'il voyait le piège dans lequel je me suis laissé enfermer comme un débutant... Enfin, le vieux pousse une énième porte et on se retrouve dans un salon, de taille assez modeste comparée au reste. Une longue table de bois brillant trône au milieu, et à une extrémité, un homme est assis, portant une tasse à sa bouche. Messire Deltoff, je présume.
Il se lève aussitôt et vient à notre rencontre. Je suis étonné de son apparence. Il est un peu plus petit qu'Erwin, mais aussi bien bâti. J'avais encore jamais vu un richard aussi athlétique. Je lui donnerais la bonne quarantaine, ses cheveux blonds commencent à tirer sur le gris. Il est sapé simplement, sans chichi ni tout le fourbis que les nobles apprécient d'habitude. Il faut dire qu'il est encore tôt.
Deltoff se montre beaucoup trop poli pour ne pas m'alerter et m'invite à prendre place à sa table pour partager son déjeuner. C'est vrai que je n'ai rien mangé ce matin... et je sens l'odeur entêtante d'un thé chaud. Quoi qu'il en soit, si je suis venu jusqu'ici c'est pour aller au bout. Autant éviter de se faire prier. Mais je tiens à garder mon manteau ; ce serait fâcheux qu'il constate la présence du couteau glissé dans un étui à ma ceinture. Je me glisse alors sur la chaise près de la sienne, hésitant à parler avant qu'il ne m'ait interrogé lui-même.
Il se rassoit et m'observe intensément, comme si j'étais un animal étrange. Je tapote des doigts sur le bois, dans l'attente de quelque chose, quand il se décide enfin à me dire qu'il a longtemps souhaité me voir en personne. Pourquoi moi ? Je n'ai rien de si spécial, comme vous pouvez le constater. Il répond qu'il ne faut pas se fier aux apparences, et que ma réputation est loin d'être usurpée. Oh. Je ne me soucie pas de ça, mon unique travail, c'est de me battre. La célébrité... je ne suis pas né pour ça, voyez ?
Deltoff se lève, se dirige vers la fenêtre derrière lui, les mains dans le dos, et avoue enfin qu'il ne m'imaginait pas comme ça. Je fais cet effet à beaucoup de gens, je m'en indigne pas. Et vous, vous êtes un membre du Parlement ? De la cour ? J'ai jamais entendu parler de vous. Pourtant avec la bara... euh, la demeure où vous habitez, vous avez l'air important. Que me vaut cet honneur ?
Il soupire et m'explique avec de faux trémolos dans la voix à quel point c'est dur de soutenir le bataillon, de vanter nos mérités constamment devant les nobles, et que cela lui a valu une certaine mise à l'écart. Je vois. Pourquoi le faire alors ? Vous y avez un intérêt ? Vous avez des terres à récupérer au-delà du Mur ? Il revient s'assoir face à moi, plante ses yeux dans les miens et affirme être fasciné par les explorateurs, depuis son enfance. J'ai presque envie de le croire, dis donc. Notre héroïsme désintéressé, notre dévotion sans faille à l'humanité, ce sont des valeurs qu'il comprend et chérit lui-même, et selon lui, je les incarne à la perfection. Il donne lui-même beaucoup d'argent aux pauvres, paraît-il.
Ces bourges qui se jettent des fleurs parce qu'ils distribuent quelques piécettes aux mendiants en se branlant sur leur générosité me filent la gerbe. Mais je vais penser aux intérêts du régiment et ne rien laisser paraître. Jouons le jeu. Il est temps de l'orienter vers ce qui m'intéresse. Votre altruisme vous honore, messire. La misère se répand de plus en plus de nos jours. Un peu comme les titans... On ne combat pas l'un ou l'autre sans argent, je ne vous apprends rien.
Deltoff ne répond pas mais pousse vers moi un petit plateau de gâteaux secs. Au-delà du fait qu'ils ne me paraissent pas franchement appétissants, je vais pas cracher à la gueule d'un des premiers enseignements de Kenny : ne jamais avaler quoi que ce soit offert par un étranger ou quelqu'un dont on est pas absolument sûr. C'est une règle de survie élémentaire en bas. Et y a pas de raison que ce soit différent ici. Je refuse poliment en disant que j'ai déjà déjeuné et un très petit appétit. Il semble me croire. Il attrape un gâteau et le croque devant moi. Bon, apparemment, ils sont sans danger mais je vais pas changer d'avis.
Il murmure qu'il a toujours eu peur de sauter le pas et de faire un don d'importance à notre régiment. Il craint que cela se sache. Je vous comprends, nous sommes infréquentables. Mais vous qui affirmez admirer les actes d'héroïsme, cela vous permettrait d'être un héros à votre tour, non ? C'est sans doute le moment de montrer à notre régiment votre gratitude et l'estime que vous portez aux explorateurs. Nos expéditions coûtent cher, et... notre major vous offrirait lui-même ses remerciements.
Deltoff sourit malicieusement en plissant les yeux et j'aime pas du tout cette expression. Il tape dans ses mains et le vieux serviteur déboule alors, aux ordres. Puis il me fait de nouveau face, et demande si je suis bien le fin amateur de thé noir qu'on dit que je suis. Inutile de mentir, s'il le sait... Effectivement, même si je me contente du bas de gamme en général. Nos finances, vous savez... Il affirme collectionner les thés de tout le Royaume et sa collection est fameuse ; il y'en a sûrement des tas que je n'ai pas goûtés, et celui qu'il veut me proposer est parmi les plus rares et chers. Sérieusement ?
Le vieux sort de la pièce et revient trois minutes plus tard avec une tasse fumante - j'en déduis que le breuvage attendait d'être servi. Deltoff affirme qu'une fois que j'aurais goûté et fais ma critique de ce thé, il me signera un gros reçu, car il trouve ma compagnie très agréable, C'est  ça, oui... Il pose le thé devant moi et j'admire sincèrement la belle couleur profonde qui tourbillonne un instant dans le récipient. C'est bien du thé... mais il y a comme une odeur étrange. Je ne connais pas celui-là, je me fais peut-être des idées, c'est sans doute son parfum habituel. Mais le regard fixe du maître des lieux, qui semble me dévorer des yeux, attendant que je boive une gorgée, ne me laisse guère de doute.
Il y a quelque chose là-dedans. Quelque chose qui va me faire du mal. Mon instinct me le gueule très fort, et il me trompe rarement. Je dois juste trouver une excuse pour ne pas le boire sans passer pour le dernier des connards. En admettant qu'il n'y ait rien dans ce thé et que ce mec ait réellement eu l'intention de nous signer un gros chèque... mais je vais pas jouer ma vie pour du fric. Trouve un truc, Livaï.
Je reste les yeux baissés sur la tasse, à titiller l'anse distraitement, mais en fait, je note en détail les éléments de mobilier, cherchant une idée, un indice. C'est alors qu'un son étrange, un "ding-dong" cristallin, se fait entendre dans la pièce, et je lève le regard malgré moi pour en dénicher l'origine. C'est une petite pendule, sous une cloche de verre posée sur le manteau d'une cheminée, qui s'est mise à tinter. Je n'attends pas la fin de la série de coups, car ça me donne l'excuse toute trouvée pour refuser le thé. C'était la plus simple finalement.
Je repousse la soucoupe sur la nappe, me lève lentement afin de ne pas montrer que je suis pressé, et attrape ma valise. Ils se précipitent tous les deux - Deltoff et son larbin - comme si j'étais soudainement pris de malaise, mais je les rassure vite. Le temps a passé et il est l'heure d'attraper la diligence. Je suis en retard pour la mission que le major m'a confiée, je dois me rendre dans un autre district au plus vite. C'était une discussion très agréable et je m'en veux de laisser le thé, il avait l'air délicieux, mais... je ne peux pas l'apprécier si je n'ai pas tout mon temps. Ce genre de merveille réclame une dégustation minutieuse. Je suis sûr qu'il y aura une autre occasion. Si vous venez à Trost déposer un don pour notre régiment, nous trouverons bien le temps de boire ensemble. Je dois m'en aller à présent, merci pour l'invitation.
Je m'incline légèrement pour couronner le tout et me dit avec satisfaction qu'Erwin aurait apprécié la scène. C'est tout à fait le genre de truc qu'il aurait pu sortir lui-même. Enfin, j'crois...
L'expression de Deltoff est indéfinissable. On dirait qu'il se retient d'éclater de rage. Mon prétexte est tout à fait valable et à sa place dans un monde comme celui-ci, et il ne peut rien y redire. Je me suis montré poli et bienveillant, il doit donc ravaler sa déception et faire bonne figure, c'est comme ça qu'on éduque ces types depuis leur naissance. Il se redresse avec dignité, toussote avec gêne, et affirme qu'il comprend ma situation. Son majordome va me raccompagner à la sortie, et même jusqu'à l'arrêt de la diligence pour s'assurer que j'arrive à bon port. Pas de ça, bonhomme, hors de question que tu sois au courant de ma destination... Je réponds que je suis un soldat aguerri et que je n'ai nul besoin d'escorte pour être en sécurité. De plus, je préfère épargner à ce pauvre vieil homme une nouvelle course par les rues de Yarckel, car à l'allée, il est arrivé à bout de souffle et j'ai eu peur qu'il ne s'écroule. Du coin de l'oeil, il me semble saisir une expression de soulagement sur le visage du concerné.
Je quitte la pièce derrière le majordome sans plus de cérémonie, laissant Deltoff et sa tasse de thé dans le salon. Nous remontons alors la succession de couloirs et d'antichambres - une vraie tanière d'araignée, comme je l'imaginais - puis il me salue en s'inclinant une fois arrivés au portail. Il l'ouvre pour moi et m'indique brièvement le chemin de retour vers l'arrêt de la diligence. Merci, mon brave. Et... essaie de pas te surmener, le laisse pas te crever avant l'âge... enfin, tu vois ce que je veux dire. Il semble ricaner dans sa grosse moustache, comme s'il avait saisi le sarcasme sans s'en indigner. Si complot il y a ici contre moi, il ne me semble pas être de mèche. Il fait juste ce qu'on lui dit, ce bougre.
Je redescends la rue vers l'ouest, espérant bel et bien qu'une diligence ne va pas tarder. Mais quand j'y repense... ce thé avait vraiment l'air exceptionnel. Dommage.
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albad · 3 years
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Les Antillais, la population noire en particulier, sont-ils antisémites ?
L'écrivain martiniquais Raphaël Confiant répond au philosophe agité et parano Alain Finkielkraut, et lui taille à l'occasion un joli costard-cravate !
Texte de démonstration, en fait une leçon d'histoire et de vie, et une hauteur de vue recueilli dans le jardin de vanille du Malgache vigilant Marc Harmelle :
ALAIN FINKIELKRAUT MEMBRE DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE PENSE QUE LES ANTILLAIS SONT DES ASSISTES - RÉPONSE DE RAPHAËL CONFIANT
Alain Fienkielkraut ignore-t-il ce qu’est exactement la Martinique (à moins qu’il ne feigne de l’ignorer). Pour sa gouverne et celle de ceux qui le soutiennent dans sa croisade anti-nègre, il me semble important de rappeler un certains nombre de faits historiques :
• En 1635, les Français débarquent dans une ��le peuplée depuis des millénaires par les Caraïbes, île que ces derniers nommaient «Matinino» ou «Jouanakaéra». En moins de trente ans, ils massacrent ceux-ci jusqu’au dernier, continuant ainsi le génocide des Amérindiens entamé avant eux par les Espagnols et les Portugais.
• Vers 1660, et cela jusqu’en 1830, ils importent des centaines de milliers d’Africains qu’ils transforment en esclaves dans des plantations de canne à sucre lesquelles contribueront pendant trois siècles à faire la fortune des ports de Bordeaux, Nantes, La Rochelle etc… et plus généralement de la France, participant ainsi, aux côtés des autres puissances européennes, à l’esclavage des Nègres.
• En 1853, l’esclavage aboli car désormais non rentable, ils importent, et cela jusqu’en 1880, des dizaines de milliers d’Hindous du Sud de l’Inde qu’ils installent sur les plantations, en partie désertées par les anciens esclaves noirs, et leur imposent un système d’asservissement et de travail forcé qui n’a rien à envier à l’esclavage.
• Toujours en 1853, les planteurs békés importent des centaines de Chinois de Canton qu’ils jettent, eux aussi, dans les champs de canne à sucre. Ceux-ci se révoltent vite contre les mauvais traitements qui leur sont infligés et désertent les plantations, ce qui entraînera l’arrêt de l’immigration chinoise. Les Chinois s’installeront alors dans les bourgs et les villes de la Martinique en tant qu’épiciers ou restaurateurs. Ma propre grand-mère paternelle (née Yang-Ting) fut l’une des descendante de ces « coolees chinois ».
• À partir des années 1880-90, des dizaines de milliers de Syro-Libanais fuient la Syrie et le Liban que venaient d’occuper la France et l’Angleterre suite à l’effondrement de l’Empire ottoman. Beaucoup émigreront en Afrique noire et en Amérique latine. Une partie d’entre eux s’installera aux Antilles et en Guyane, devenant au fil du temps des Arabes créoles et enrichissant ainsi notre culture d’une nouvelle facette. Eux aussi connurent l’exil et la souffrance par la faute de l’impérialisme européen.
• En 1960, l’Etat français crée le BUMIDOM (Bureau des Migrations des Départements d’Outre-Mer) et importe des dizaines de milliers de postiers, filles de salles et infirmières, ouvriers d’usine et autres agents de police antillais qui, aux côtés des travailleurs immigrés maghrébins, contribueront pour une large part à ce qu’il est convenu d’appeler les «trente glorieuses».
Telle est, en raccourci, l’histoire de la Martinique. On est loin des plages de sable blanc, des cocotiers et des belles «doudous», n’est-ce pas? Mais sans doute est-il bon de rappeler deux autres points à Alain Fienkielkraut :
• A l’abolition de l’esclavage des Noirs (1848), pas un arpent de terre, pas un sou de dédommagement n’a été accordé aux anciens esclaves lesquels n’avaient d’autre ressource que de défricher les mornes (collines) de nos îles pour tenter de survivre grâce à des jardins créoles ou de retourner travailler, en tant qu’ouvriers agricoles sous-payés, sur les mêmes plantations où leurs ancêtres et eux avaient été réduits en esclavage.
Même aux Etats-Unis, accusés pourtant d’être, dans le Sud profond (Mississipi, Alabama etc.), un enfer pour les Nègres, l’Etat s’est fait un devoir d’accorder à chaque ancien esclave «twenty-two acres and a mule» (vingt-deux acres de terre et un mulet). Ou en tout cas avait au moins promis de le faire. Cette formule anglaise est d’ailleurs, très symboliquement, le nom de la compagnie cinématographique du cinéaste noir américain Spike Lee. Aux Antilles, une fois les chaînes ôtées, le nègre s’est retrouvé Gros-Jean comme devant.
• Pas rancunier pour deux sous, le Nègre antillais a participé à toutes les guerres qu’a lancé ou qu’a subi la France: guerre de conquête du Mexique en1860 au cours de laquelle le «bataillon créole», de son nom officiel, fit preuve d’une bravoure extrême comme le reconnurent elles-mêmes les autorités militaires françaises; guerre de 1870 contre l’Allemagne; guerre de 14-18 au cours de laquelle de nombreux soldats martiniquais furent décorés pour leur vaillance lors de la fameuse bataille des Dardanelles; guerre de 39-45 au cours de laquelle 8’000 volontaires Martiniquais et Guadeloupéens gagnèrent, au péril de leur vie, les îles anglaises voisines d’où ils purent rejoindre les Forces Françaises Libres du Général De Gaulle et participer ainsi aux combats, alors même que nos îles étaient dirigées par deux gouverneurs vychistes, les amiraux Robert et Sorin; guerre d’Indochine où périrent de nombreux Antillais (notamment à Dien Bien Phu); guerre d’Algérie au cours de laquelle, pour un Frantz Fanon, un Daniel Boukman ou un Sonny Rupaire qui rallièrent le FLN, des centaines de soldats antillais participèrent sans état d’âme à cette «sale guerre»; guerre du Tchad dans les années 80 etc…etc…
Alors, anti-blancs et francophobes les Martiniquais? Assistés les Antillais alors que pendant trois siècles, ils ont travaillé sans salaire, sous le fouet et le crachat, pour enrichir et des planteurs blancs et l’Etat français?
Que pèsent, en effet, ces cinquante dernières années de «départementalisation» et de juste remboursement de la dette de l’esclavage face à ces trois siècles d’exploitation sans merci? Sans doute faudrait-il aussi rappeler à Alain Fienkielkraut qu’au XVIIIè siècle, la France faisait les trois-quarts de son commerce extérieur avec Saint-Domingue (devenue Haïti), la Martinique et la Guadeloupe et qu’entre ces «quelques arpents de neige du Canada» comme l’écrivait Voltaire et les Antilles, elle n’hésita pas une seconde. Aux Anglais, le Canada peu rentable à l’époque (d’où le lâche abandon des Canadiens français, subitement redécouverts par De Gaulle en 1960). Aux Français, les riches terres à sucre de canne, café, tabac et cacao des Antilles.
Toute personne qui fait fi des données historiques et sociologiques présentées plus haut (et je n’ai même pas parlé de l’idéologie raciste et anti-nègre qui a sévi dans nos pays pendant trois siècles!) ferait preuve soit de malhonnêteté intellectuelle soit d’ignorance. Je préfère accorder le bénéfice du doute à Alain Finkielkraut et croire qu’il ignorait tout cela avant de traiter les Antillais d’assistés. Mais venons-en maintenant à la question de l’anti-sémitisme des Antillais. Et là, que l’on me permette d’énoncer une vérité d’évidence: la Shoah est un crime occidental! Comme l’a été le génocide des Amérindiens, comme l’a été l’esclavage des Noirs, comme l’a été la déportation des Hindous, comme l’a été l’extermination des Aborigènes australiens etc… Le terme de «crime contre l’humanité» est une hypocrisie. Un faux-semblant. Une imposture.
En effet, quand un individu commet un crime, personne ne songerait à taire son nom. Thierry Paulin (Antillais), Guy Georges (métis de Noir américain et de Français) et Patrice Allègre (Français) sont des «serial killers». Fort bien. Mais alors qu’on m’explique pourquoi, quand il s’agit d’un crime commis par un peuple, un état ou une civilisation bien particulière, on s’acharne à en dissimuler le nom? Pourquoi? Non, monsieur Fienkielkraut, si la Shoah est bien une abomination, elle n’a été mise en œuvre ni par les Nègres, ni par les Amérindiens, ni par les Chinois, ni par les Hindous, ni par les Arabes.
Elle a été mise en œuvre par l’Occident. Ce même Occident qui n’a cessé de pourrir la vie des Juifs depuis 2’000 ans. Citons :
• Destruction du Temple de Jérusalem par les Romains en l’an 70 et dispersion du peuple Juif.
• Inquisition au Moyen-âge par les Espagnols.
• Pogroms au XIXè siècle par les Russes et les Polonais.
• Chambres à gaz par les Allemands au XXè siècle.
• Rafle du Vel d’Hiv’ par les Fran��ais au même siècle etc…etc…
Et puis, deux petites précisions à nouveau et là, Alain Fienkielkraut ne peut feindre l’ignorance :
• Le Protocole des Sages de Sion n’a été rédigé ni en hindi, ni an quechua, ni en swahili, ni en chinois, ni en arabe. C’est un faux grossier, un chef d’œuvre d’anti-sémitisme, concocté par la police tsariste et écrit en russe, langue européenne si je ne m’abuse.
• Ce ne sont pas les Juifs vivant dans les pays arabes, les Séfarades, qui ont dû fuir comme des dératés pour s’en aller construire un état où ils seraient enfin libres mais bien les Juifs d’Europe, les Ashkénazes, parce qu’ils avaient compris qu’il ne pouvaient plus vivre sur ce continent. Quand la France arrive, par exemple, en Algérie, en 1830, elle découvre trois populations vivant en relative harmonie, les Arabes, les Berbères et les Juifs. Certes, en terre musulmane, le Juif avait un statut inférieur, dit «de protégé» car peuple du Livre, mais on n’a jamais entendu parler, ni au Maroc, ni en Tunisie, ni au Yémen d’entreprise scientifiquement élaborée d’extermination du peuple juif.
Ma question à Alain Fienkielkraut est donc simple, naïve même: pourquoi après avoir subi tant d’avanies de la part de l’Occident vous considérez-vous quand même comme des Occidentaux? Pourquoi un ministre des affaires étrangères d’Israël s’est-il permis de déclarer récemment: «Nous autres, Occidentaux, nous ne nous entendrons jamais avec les Arabes car ce sont des barbares». Toute la presse bien-pensante d’Europe s’est émue du mot «barbares». Moi, ce qui m’a choqué par contre, c’est le terme «Occidentaux». Comment, monsieur Fienkielkraut, peut-on se réclamer de l’Occident après avoir subi l’Inquisition, les pogroms, les chambres à gaz et la rafle du Vel d’Hiv’? Oui, comment?
Quand vous aurez répondu à cette question, le vrai débat pourra commencer…
Ceci dit, il ne s’agit pas pour moi de diaboliser l’Occident. C’est, paradoxalement, le continent de tous les extrémismes: extrémisme dans la violence (génocide, esclavage, Shoah); extrémisme dans la générosité (comparons, par exemple, la formidable mobilisation européenne à l’occasion du tsunami en Asie du Sud-Est et les centaines de millions d’euros d’aide récoltés à cette occasion avec l’inertie scandaleuse des riches royaumes et émirats arabes où, pourtant, travaillent comme serviteurs des dizaines de milliers de travailleurs émigrés indonésiens). L’Occident est capable du meilleur et du pire. Il est inégalable dans le meilleur et dans le pire.
Un ultime point tout de même: quand vous déclarez, sur Radio Communauté Juive, que nous détesterions Israël «parce que ce n’est pas un pays métissé», je préfère croire que vous voulez rire. Quel pays est plus multiculturel et plus multilingue qu’Israël avec ses blonds aux yeux bleus russophones, ses Noirs d’Ethiopie (Falashas) parlant l’amharique, ses Séfarades au type sémite et souvent arabophones et même ses Juifs indiens et chinois, sans même parler du million d’Arabes israéliens?
Raphaël Confiant
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auroreflore · 3 years
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Dans les yeux de la biche
Élise revint à elle. Son visage était collé aux feuilles d'automne tombées sur le sol. Son corps était ankylosé, de toute part. Une douleur vive partait de son ventre et se répandait dans tout son être. Avait-elle chuté ? Elle ne s'en souvenait pas. Elle releva la tête. Elle se situait au milieu d'une forêt, entourée d'arbres silencieux aux branches dénudées. Pas le moindre oiseau à l'horizon. Pas le moindre signe de vie alentour. Pas un son. Aucun souffle. Simplement, une nature morte. La forêt semblait être figée dans le temps. Le silence qui y régnait rendit Élise nerveuse. Les lois de la nature ne s'appliquaient pas en ces lieux, elle le sentait. Tout lui apparaissait comme à travers un filtre. Les couleurs des feuilles, des arbres et du ciel avaient subi un vieillissement foudroyant qui les avaient enfermés trente ans en arrière. Une nature immobile, comme si elle retenait sa respiration, comme si elle avait été le témoin d'un événement atroce et que, depuis lors, elle ne pouvait vivre normalement. Capturée, emprisonnée dans une cage temporelle qui la conservée ainsi, intacte, froide.  
Élise se releva. Elle frotta son visage, ses cheveux et ses vêtements afin de faire tomber les feuilles sèches qui y étaient restées collées. Celles-ci s'émiettaient progressivement, ainsi, Élise ne put tout enlever. Elle regarda tout autour d'elle. Elle ne savait pas quelle direction prendre, laquelle la ramènerait sur la route et laquelle l'enfoncerait dans la forêt dense.
Au loin, elle vit une fumée grisâtre s'élever. Instinctivement, elle se mit à marcher dans cette direction. Alors qu'elle aurait dû entendre les feuilles mortes craquer sous ses pas, la nature demeurait toujours silencieuse, aucun bruit ne sortait de ses déplacements. Elle se sentait comme prise dans un caisson insonorisé duquel elle percevait avec peine sa propre respiration. Elle marcha sans compter le temps qui passe jusqu'au moment où, en relevant la tête, elle ne vit plus la fumée. Des yeux, elle parcourut les environs, peut-être avait-elle pris une mauvaise direction. Peut-être s'était-elle laissée emporter, perdue dans ses pensées. Mais rien y fit, la fumée avait disparu.
Une silhouette apparut alors. Au loin. Un quadrupède au visage fin et aux oreilles en alerte, le corps fièrement dressé au milieu de la forêt. L'animal la regardait. Quand il fut certain d'avoir attiré l'attention d’Élise, il se mit de profil. Une biche. Élise eut l'impression qu'elle l'attendait. Elle avança alors dans sa direction. Le temps continuait sa course et pourtant, la lumière qui s'introduisait dans la forêt à travers les branches ne changeait pas. Élise marcha vers la biche qui ne bougeait pas. Qui l'attendait. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, l'animal ne semblait pas méfiant. De la biche, émanait une forme de sérénité, Élise avait tout à apprendre d'elle. L'animal la regardait avec de grands yeux noirs et intenses. D'un regard éclairé par une petite étincelle. C'était un de ces êtres dont on croise le regard et qui donne le sentiment d'avoir tout compris de la vie et de ses mystères.
« Prépare-toi, dit la biche doucement.
- Pour ? » Demanda Élise.
La biche continuait de l'examiner. Son regard transperçait Élise qui eut l'impression que la biche la connaissait déjà, avait tout compris d'elle, ses plus noirs instincts, ses secrets les plus enterrés.  
Élise ouvrit brusquement les yeux sur le noir dans lequel était plongée la chambre. Elle trempait dans une étrange sueur froide. Elle voulut se lever pour boire un verre d'eau et se débarbouiller le visage mais se rendormit aussitôt en oubliant ce rêve curieux.
Le lendemain, Élise se réveilla en début d'après-midi. Teddy n'était plus de son côté du lit. La lumière du jour inondait la pièce, il faisait un temps magnifique à l'extérieur. Elle enfila un vieux short qui traînait et un débardeur uni. Elle s'attacha les cheveux en queue-de-cheval, il faisait chaud et ses cheveux longs épais étouffaient sa nuque. Teddy entra alors dans la pièce. Il avait été impatient qu'elle se réveille. Il lui prit la main et l'amena jusqu'à la porte d'entrée de l'appartement.
« Ferme les yeux et garde-les fermer, dit Teddy avec enthousiasme, et ne triche pas.
- Qu'est-ce que tu mijotes ? Demanda Élise en riant. Elle leva les mains devant son visage comme pour se protéger d'une attaque surprise.
- Roh, fais-moi confiance ! Râla-t-il. Ils avaient beau se connaître depuis des années, lorsqu'il s'agissait de démonstration de confiance, Élise avait encore beaucoup de peine à lâcher prise. Ai-je déjà fait quoi que ce soit pour te blesser ?
- La semaine dernière, tu m'as mis de la crème hydratante dans la bouche. Il y a trois jours, tu m'as mis le nez dans l’œil en te penchant pour m'embrasser et j'ai encore un bleu sur la cuisse de quand tu m'as balancée dans la douche tout habillée. Je dois encore garder les yeux fermer pendant combien de temps ? »
Teddy se plaça à côté d'elle, une main sur chaque épaule afin de la guider dans les escaliers. Il l'amena jusque dans la rue, à l'entrée de l'immeuble dans lequel ils vivaient. Il frétillait sur place, il était survolté de sa dernière acquisition et de toutes les possibilités qu'elle leur ouvrait.
« Vas-y, ouvre les yeux ! »
Élise les ouvrit sur le trottoir d'en face où était garée une petite Clio légèrement cabossée, peinte couleur vert pomme. La voiture avait quelques années et quelques kilomètres au compteur mais, pour le jeune couple, elle représentait une promesse de liberté, des possibilités de vadrouille et des envies de parcourir les routes.
« Je l'ai achetée au voisin de mon grand-père, elle est un peu vieille mais elle marche bien. Il y a que la première vitesse qui couine un peu et si on allume les warnings, ça déclenche les essuie-glaces.
- Elle est géniale !
- Cool ! Alors, j'ai besoin que tu te prépares un sac pour tenir trois jours. Prévois un maillot de bain sexy, une serviette et l'appareil photo. On part à 18 heures.
- On va où ?
- C'est une surprise... »
Elle rentra dans l'immeuble, courut dans les escaliers et se précipita dans l'appartement pour réunir quelques affaires. Elle fourra le tout dans un vieux sac de sport – qui ne lui avait jamais servi à cet effet – mit à charger tous ses appareils électroniques, le portable et les deux batteries – elle en avait une de secours – de l'appareil photo. Elle choisit son plus beau maillot de bain, un deux pièces bleu marine agrémenté de petits nœuds décoratifs, sa paire de lunettes de soleil rondes bordeaux, sa serviette de plage et quelques tenues estivales : des petites robes légères aux couleurs pastelles, un short blanc, deux débardeurs et un pantalon en lin pour les soirées si elles étaient plus fraîches. Elle emporta également un mascara et un rouge-à-lèvres rouge vif, un roman pour pouvoir lire sur la plage – s'il l'amenait bien à la plage – puis elle réunit quelques gourmandises pour la route : des chips, des bonbons et des sodas.
18 heures. Élise et Teddy chargèrent leurs sacs dans le coffre, choisirent la musique qui les accompagnerait – ils débuteraient avec du Elvis Presley, placèrent les sucreries à l'avant et démarrèrent la Clio. Élise s'installa au volant, elle aimait conduire. Elle aimait avoir le contrôle sur la machine. Elle aimait sillonner les routes, les arpenter selon sa volonté. Plus que tout, elle aimait dompter sa propre liberté.
« Ben, tu fais quoi là ? Lui demanda Teddy, surpris. Tu ne sais pas où on va, je te rappelle. Va falloir que tu te laisses faire pour une fois. C'est moi qui gère ! »
Ce n'était pas la première fois qu'il lui disait ça et, avec lui, elle se laissait faire. Elle ne savait pas toujours relâcher  la pression et perdre le contrôle mais – peut-être ne s'en rendait-il pas compte – avec lui, elle acceptait un peu plus chaque jour de ne pas avoir à gérer et de se laisser faire. C'était à l'encontre de sa nature, bien sûr, mais elle parvenait progressivement à se relaxer et se laisser guider, se laisser porter tout simplement.
Ils roulèrent les fenêtres grandes ouvertes, la musique à fond, à chanter à tue-tête, fumer des cigarettes et se goinfrer de cochonneries.
Quand le crépuscule entama sa danse dans le ciel, le couple avait quitté l'autoroute et circulait sur une petite départementale bordée d'une forêt. Les arbres se dressaient de chaque côté de la chaussée, fiers gardiens de ces bois. Élise et Teddy n'avaient croisé personne depuis près d'une demi-heure. Ils se sentaient roi et reine, éloignés de toute civilisation. Ils coupèrent la stéréo afin de profiter du calme ambiant et des quelques bruits de la nature. L'endroit était serein. La voiture passa devant un arbre à l'allure étrange : un visage sortait de l'écorce. Élise prenait une grande inspiration lorsqu'une biche, sortie de nulle part, déboula devant eux. Teddy tourna le volant d'un coup sec pour l'éviter. La voiture alla alors se projeter contre un chêne. Noir.
Lorsque Élise revint à elle, une fumée grisâtre sortait du capot de la voiture. Vertige. Un bourdonnement retentissait à ses oreilles. Elle eut le réflexe de se toucher le visage afin de constater qu'il n'y avait aucune trace de sang. Rien.
Elle tourna alors la tête vers la place du conducteur. Teddy gisait là. Le visage enfoncé dans le volant . Il ne faisait plus qu'un avec la voiture. Du sang coulait de sa peau par endroits sans qu'elle arrivât à déceler d'où exactement.
Elle réalisa alors l'ampleur de ce qu'il venait de se passer, les conséquences impliquées. Sa vie venait de changer.
« Non. » Dit-elle simplement. Elle ne pouvait pas l'accepter. Elle répétait ce « non », encore et encore. Elle ne pleurait pas, pleurer se résoudrait à accepter. Elle refusait en bloc.
Elle sentit alors une force l'attraper. Une puissance naître à l'intérieur, grandir brutalement. Elle se sentait comme tomber dans les pommes, pourtant elle gardait toute sa conscience. Puis, ce fut le plongeon, une sensation de chute comme quand un ascenseur démarre soudainement, à grande vitesse.
Noir.
« Vas-y, ouvre les yeux ! »
Élise ouvrit les yeux sur une petite Clio légèrement cabossée peinte en vert pomme. Elle avait une sensation étrange, comme un air de déjà vu. Des bribes de cauchemar lui revenait en mémoire.
« Elle te plaît pas, c'est ça ? Demanda Teddy. Il avait tant d'appréhension quant à la réaction qu'elle aurait. Il ne savait vraiment pas comment elle allait réagir.
- Elle est géniale ! Finit-elle par lâcher.
18 heures. Élise et Teddy prirent la route. Plus le bitume défilait sous les roues de la Clio, plus une terrible angoisse montait des entrailles d’Élise. Elle lui avait saisi le ventre. Elle formait une boule qui la dévorait petit à petit. Élise éteint la musique, à l’affût d'un bruit suspect, d'une ombre étrange. Ils dépassèrent un arbre qu'elle reconnut : l'écorce de son tronc formait un visage qui ressemblait à un gourou, plein de sagesse.
« Teddy ! »
Une biche était apparue au milieu de la route. Des cris. Un grand coup de volant. Le chêne. Puis l'horreur. Le sang. La mort.
« Non. »
Noir.
« Vas-y, ouvre les yeux ! »
Clio cabossée vert pomme.
« Elle est géniale.
- Tout va bien ?
- Oui, c'est juste un cauchemar qui vient de me revenir en tête. »
Soudain, des souvenirs d'enfance refirent surface. Petite, Élise avait eu une période où elle faisait des rêves prémonitoires. Elle avait vu la bagarre qui avait éclaté à l'école entre Lucas Delevant et Louis Hôtre, deux jours avant que celle-ci ne se produise. Elle avait prédit la tempête qui avait fait rage dans les Pyrénées alors que ses parents voulaient partir camper un week-end. Les rêves s'étaient arrêtés lorsqu'elle eut huit ans. Elle avait assisté à la mort de sa grand-mère, une crise cardiaque qui l'avait emportée dans son sommeil. Ce fut le dernier rêve qu'elle fit. Elle ne voulait plus de cette malédiction, elle avait enterré cette part d'elle-même pour ne plus jamais y penser. Jusqu'à présent.
Elle revit alors la forêt vieillie et silencieuse. La biche aux grands yeux noirs et intenses qui l'attendait au milieu des arbres. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait beau faire ces rêves, elle n'avait jamais pu empêcher quoi que ce soit. Elle se revoyait réveiller ses parents, leur disant que Mamie allait pas bien, qu'il fallait faire quelque chose ! Les visions qu'elle avait finissaient toujours par se produire d'une manière ou d'une autre. C'était la raison pour laquelle elle avait renoncé à son don. A quoi bon avoir accès à ce qui allait se passer à l'avance si elle ne pouvait rien y faire ? Pourtant, elle avait simplement vu la biche dans son rêve. Elle n'avait jamais vu la mort de Teddy.
Une nouvelle fois pour Élise, pour la première fois pour Teddy, ils prirent la route.
« Ne quittons pas l'autoroute, s'te plaît, dit Élise. La départementale, je ne la sens pas.
- Y a eu un accident sur l'autoroute, je viens de recevoir la notification. On mettra trop de temps si on reste sur l'autoroute. Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ?
- On en prend une autre alors, insista-t-elle en éteignant la musique.
- OK, » accepta-t-il finalement.
Malheureusement, l'autre itinéraire possible était fermé pour travaux, il leur fallut prendre la route qu’Élise redoutait tant. Elle restait aux aguets, tremblant au moindre mouvement de feuilles, craignant les changements de lumière et sursautant au moindre bruissement. La peur fut à son comble lorsqu'elle vit l'arbre au visage.
« Teddy, arrête-toi. S'il te plaît, arrête-toi !
- Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu ne te sens pas bien ?
- Teddy ! »
Élise agrippa le volant. La biche était apparue sur la route, au beau milieu de celle-ci. Elise donna un coup de volant. Puis, le chêne.
Noir.
« Vas-y, ouvre les yeux. »
Sur la route, Élise restait silencieuse. Il n'y avait rien qu'elle puisse faire. Teddy mourrait quoi qu'il arrive. Il continuait de mourir. Encore et encore. Éternellement condamné sur cette petite départementale. Coincés dans cette boucle temporelle. Ils ne pouvaient vieillir. Teddy ne vivait plus que pour mourir. Ils dépassèrent l'arbre-visage. Élise le regarda une dernière fois, puis elle fixa son regard sur Teddy, lui glissa la main dans les cheveux. Teddy la regarda à son tour, il lui sourit.
La biche était sur la route. A l'endroit où elle avait toujours été. Teddy donna un ultime coup de volant. Trop puissant. Trop violent. La voiture percuta le chêne. Noir.
Élise regardait le corps de Teddy, ce corps ensanglanté. Cette scène d'horreur à laquelle elle avait trop assisté. Elle inspira, il lui fallait faire le deuil de cette vie qui avait été interrompue tant de fois  déjà. Elle ne pouvait continuer de vivre cet instant. Il lui fallait accepter. Une larme glissa de son œil et roula sur sa joue. Une larme unique.
Soudain, elle sentit un creux dans son ventre, une douleur vive. Comme une pesanteur trop puissante pour qu'elle puisse lutter. Elle baissa les yeux sur son ventre, la source de son mal. De celui-ci, sortait une branche du chêne dans lequel la voiture s'était écrasée. Une nouvelle larme s'échappa de l’œil d’Élise. Elle comprit enfin le véritable deuil qui lui restait à faire. Elle tenta d'inspirer mais l'air ne rentrait plus dans ses poumons. Elle releva les yeux. La biche la regardait. De grands yeux noirs, intenses. Des yeux qui lui promettaient que tout irait bien. Les derniers souffles de vie qui animaient Élise s'éteignaient.
Peu à peu, elle lâchait prise. Elle acceptait ce sort devenu sien. Ce corps duquel les derniers instants de vie s'échappaient. La larme atteint son menton et tomba sur la branche qui la transperçait.
La biche se tourna vers la forêt et disparut.
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lamergelee · 4 years
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“La vie conne et fine de Gustave F.” [épisode 3]
[Lire les épisodes 1, 2] Le jour 3 fut le deuxième premier jour. Un jour 1 bis. Il avait loupé la télé mais il apprit facilement qu’un hôpital de campagne du service de santé des armées serait déployé en Alsace, et qu’il était question de guerre. « Nous sommes en guerre, nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes, mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable ». Bon. Restons calme. Il décida de chanter. Rien ne sortait. Même pas un petit sifflet. Il ouvrit la fenêtre et regarda les boutiques fermées. Il y avait des gens dans les rues malgré tout alors que c’était quand même clair. Il eut envie de se faire beau. Puis il eut la flemme. Il se lava quand même, et deux fois les mains. Ce qui est dur quand on est tout seul, c’est de n’être avec personne. Oh bien sûr, depuis le divorce, il s’était fait à la solitude, et il la cultivait même, comme se cultive une qualité rare, une mentalité d’exception, une audace du rang de celles qui sont le propre des êtres d’élite ; mais seul tout le temps, tout de même, ça faisait beaucoup – quinze jours, peut-être quarante-cinq, on ne savait pas vraiment, pourquoi pas deux cent douze, ou huit mois, huit ans, autant dire même une vie… Seul quand on le décide passe encore, mais poussé et forcé, c’est autre chose. Seul « confiné » chez soi, entre quatre murs, dans un trois-pièces cuisine et cinquante mètres carrés, si ça durait ça ne serait pas tellement pire entre quatre planches !… Il déchiffra sa montre, une Omega soit dit en passant, cadeau de son père, il n’y avait pas deux heures que la proclamation était faite, c’était vraiment trop juste pour commencer de s’ennuyer, ou prendre effroi. Il se raisonna, donc. Relut un coup le bel arrêté du 14 mars, avec sa prose d’État réconfortante, et prit connaissance du SMS gouvernemental. Il alla vérifier qu’il possédait bien de quoi écrire. L’imprimante ne fonctionnait plus depuis lurette, mais d’après ce que racontaient les exégètes télévisuels de la parole présidentielle, on aurait le droit de rédiger à la main ses propres permissions de sortie. Ça tombait bien, lui aussi avait une belle plume, on le lui confirmait toujours, avec une écriture un peu comme un médecin, mais en moins médicale, plus raffinée, plus loyale. Il rédigerait le papier dans des formules notariales fleuries comme il savait en employer, le tout ornementé de pleins subtils et d’élégants déliés à l'ancienne mode, du genre que lui prescrivait sa grand-mère quand il était microbe, ça impressionnerait les municipaux en cas de contrôle. Sa grand-mère. Sa regrettée grand-mère. Enfin au moins là où elle était elle ne serait pas infectée, bref. « Eh, Gugusse ! » – Gustave entendait une voix mais ne savait pas d’où elle venait. Ce devait être dans sa tête car la porte molletonnée (par-dessus le blindage) de son appartement ne laissait rien passer ; et puis le vieux du dessus avait beau être sourd, ces temps-ci c’était lui qu��on n'entendait plus ; sa fille avait dû trouver à l’occuper ailleurs. En fait, Gustave avait somnolé et un rêve à moitié éveillé l’avait conduit dans une campagne où il se rendait parfois. Se mettre au vert, arpenter la forêt et s’asseoir sur les gros rochers qui lui rappelaient ceux de la forêt de Fontainebleau, ou bien cheminer avec son pote Rodolphe (un chaud lapin, celui-là), faire un brin de causette avec le pharmacien, il aimait ça. Il se sentait alors en plein accord avec les gens, dans le pays profond, le pays réel ; on lui avait bien dit un jour, il ne savait plus qui, encore un coupeur de cheveux en quatre, un loustic sans doute, on lui avait dit que le pays réel, ça n’existait pas, que c'était un fantasme de vieux nostalgique, n’empêche : quand il était dans le village, il les voyait, les gens, tous les matins les mêmes, surtout des vieux, un peu plus inclinés chaque année, mais les mêmes bérets d’antan, et tous, rien qu’à les voir, il les entendait lui clamer : « Ah, le beau pays ! Tu parles ! » Bref, toujours dans sa torpeur, Gustave rêvassait à ce que ce serait, s’il avait quitté la ville à temps ces jours-ci, dans ce bled (un bled mais pas un seul Arabe, quand bien même trente-trois pour cent tenaient à les foutre dehors). Sûr qu’en allant prendre son pain le matin, en voiture car c’était trop loin pour venir à pied avant le café du matin (ses amis citadins le plaisantaient toujours en brandissant un doigt sévère : « La voiture, le matin, pour aller chercher une baguette, mais où va-t-on à ce train-là, Gustave, pense à la planète, allons, sois écoresponsable, trois kilomètres à pied, ça requinque son homme ! »), sûr qu'il tomberait sur elle – il n'avait jamais su son nom, mais il la voyait presque tous les matins, et, la clope au bec, elle était la seule du village à acheter l'un des deux exemplaires de l’unique quotidien extrarégional que le buraliste, vendeur de journaux, de Morpion, Astro Illiko, Bingo, Banco et autre jeux de prurit, commandait obstinément pour donner au village un air national. Ce serait peut-être l’occasion de tailler une bavette. Enfin, tailler une bavette, n’exagérons rien. Était-ce bien le moment pour échanger ses humeurs avec des inconnus ou des inconnues ? Disons qu’à bonne distance, par-dessus le toit de la voiture (ça faisait moins de deux mètres, mais en se reculant encore un peu, on pourrait éviter de se rafraîchir par de mutuels postillons), il lui lancerait : « Dites, on se croise tout temps ; mais j'ai entendu hier soir à la télé que je n’ai pas regardée, mais je l’ai vu quand même après sur Youtube, j'ai vu qu'il fallait inventer des solidarités nouvelles, qu'il fallait retrouver les vraies valeurs, garder le lien ». Gustave se disait qu’en esprit au moins, il pourrait ainsi s'autocongratuler par de fortes félicitations républicaines, ça faisait du bien, dans une époque pareille. Alors il lui dirait : « Quand même, on n’est pas des bêtes, on va se dire bonjour ; on est confiné, alors si au moins on voit quelqu’un dans une rue, on va pas faire son indifférent, on va faire connaissance, ça porte pas à conséquence puisqu'on reste poli, enfin, je veux dire, puisqu’on garde la distanciation sociale ». Et là-dessus elle, la gueule d’intello avec la clope, à coup sûr elle lui lancerait : « Confiné, confiné – con fini, oui ! », avant de tourner les talons et de laisser Gustave planté là comme un con, en effet. Pendant que les Parisiens défaisaient leurs valises sur l’île de Ré et dans le sud de la France où les femmes de ménage étaient appelées en urgence pour laver avant leur arrivée, la France se disait prête à nationaliser les entreprises si nécessaire, la police empêchait l’installation de migrants dans des abris à Paris, l’ONU recommandait aux États de ne pas abuser des mesures d’urgence et de respecter les droits humains dans la mesure du possible, une médecin à domicile testée positive se couvrait de sacs-poubelle troués à la tête et aux bras pour ne pas contaminer ses patients, l’Inde interdisait l’accès au Taj Mahal, l’Église orthodoxe suspendait les offices en Grèce, Amazon.com annonçait l’embauche de 100 000 employés d’entrepôt et de livraison aux États-Unis pour faire face à une forte augmentation des commandes en ligne, San Francisco et cinq autres comtés de la région de la baie de Californie ordonnaient à tous les résidents de s’abriter, Trump demandait aux Américains d’éviter tout rassemblement de plus de 10 personnes au cours des 15 prochains jours et conseillait à tous les États ayant des preuves de transmission de fermer les bars, les restaurants, les gymnases et d’autres installations, quelque 1 000 détenus s’étaient évadés des prisons de São Paulo, une mutinerie était en cours à la prison de Grasse, dans les usines PSA, Toyota, Bombardier et Mercedes, les débrayages et droits de retrait forçaient les directions d’entreprises à revenir sur leur volonté de maintenir l’activité, Volkswagen s'apprêtait à fermer la plupart de ses usines européennes. Aux Chantiers de l’Atlantique, des centaines d’ouvriers, rejoints par les salariés des bureaux d’études, avaient débrayé pour exiger l’arrêt de la production, au Maroc on annonçait la fermeture des cafés, restaurants, cinémas, théâtres, salles de banquet, clubs, salles de sport, bains, salles de jeux et terrains de jeux de proximité, en Sardaigne les dauphins profitaient de l'absence de ferries pour revenir dans le port, à Paris le préfet Lallement annonçait devant les caméras : « Fous me connaissez, che fais faire gomprendre assez fite les konzignes », la police descendait sur les marchés, 7000 soldats de l’opération Sentinelle pourraient être mis rapidement à contribution pour se substituer aux policiers et gendarmes appelés à contrôler les restrictions de circulation, à Calais la chasse aux migrants continuait et les observateurs étaient priés de rentrer chez eux, aux États-Unis la Maison Blanche prévoyait d’envoyer des chèques aux Américains pour soutenir l'économie. Sans compter l’effondrement des cours et les fermetures des bourses un peu partout. Après avoir arrosé son yucca, Gustave sentit qu’un peu de beauté lui était nécessaire. Il opta pour un documentaire sur Arte+7, La Russie vue du ciel, c’était très apaisant, la musique était calme, Dans l’extrême sud de la fédération de Russie, l’eau est rare et précieuse, le barrage de Tchierkiezk, sur le fleuve Soulak, alimente une centrale électrique de mille mégawatts, le Daghestan présente une aussi grande variété ethnique que les républiques du Caucase. Ses trois millions d’habitants réunissent quelque quarante peuples, parlant une trentaine de langues et quatre-vingts dialectes, on ne compte plus le nombre de villages abandonnés dans cette région, l’exode rural a commencé dès l’époque de l’Union soviétique… Paysage montagneux, splendeur terrestre et ciel bleu, paysage sublime, le monde est beau se dit Gustave. Surtout quand il est loin. Ensuite il s’endormit et rêva d’un Ehpad comme d’une île menacée par la montée des eaux. (A suivre).
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theatremassalia · 4 years
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Les Confinettes Massalia #2
Un peu de notre quotidien loin de vous C'est tous les vendredis C'est court C'est drôle ...enfin pas tout le temps Et surtout ça nous fait plaisir !
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”En attendant ... pour de vrai” par Pascale
À la radio, J'ai entendu parler du  roman de Rebecca Lighieri, "Il est des hommes qui se perdront toujours" (édition P.O.L) qui est paru peu de temps avant le confinement. Le roman se passe dans les années 90 dans une cité à Marseille et d'après les critiques entendues c'est un véritable petit bijou ! En attendant de pouvoir découvrir le livre "pour de vrai", voici un lien relayé par la librairie L'Histoire de l'œil dans sa confi(lec)ture#1 qui permet déjà un petit avant goût ... vivement le déconfinement !
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“Évasion quotidienne” par Sabine
Dans le sillage d’Ulysse avec Sylvain Tesson. L’Odyssée revisitée. J'ai passé ma semaine au rythme de cette évasion quotidienne que j'attendais avec impatience... j'adore ! > Voir les 5 premiers épisodes 
youtube
Quête géopoétique Sylvain Tesson s’empare de l’"Odyssée" d’Homère pour retracer les dix ans d’errance du vainqueur de la guerre de Troie. S'inspirant des reconstitutions cartographiques de l'helléniste Victor Bérard (1864-1931), cette quête géopoétique l’entraîne sur les lieux jalons du poème qu’il arpente en compagnie d'habitants et de spécialistes (philosophes, vulcanologues, archéologues…). À la lumière des enseignements tirés du récit homérique, écrit au VIIIe siècle avant J-C, ce fascinant carnet de voyage livre aussi une puissante réflexion sur l’homme et la société contemporaine.
PS : c'est ça que je veux faire quand je serais plus grande!
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“De la puissance des chefs d'œuvre...” par Emilie
Cette semaine, vacances scolaires obligent, le rythme de ma maisonnée est un peu différent. Un long week-end a fait du bien et tant mieux, car le nouveau cadre fixé par le Président, s'il nous permet de nous projeter un peu, enfonce le clou des annulations et éventuels reports. Il est évident que la réouverture des lieux culturels n'est pas pour tout de suite et nous devons envisager que les troubles persistent longtemps. Alors, pour me changer les idées, je regarde les longs films du répertoire cinématographique que la télévision publique propose. “Barry Lindon” d'abord, puis “Paris-Texas”. Ah, “Paris-Texas” !... celui-ci appartient à mon panthéon personnel et je le revois avec beaucoup, beaucoup d'émotion. La photo est magnifique, la bande son hypnotisante... Je m'aperçois que je l'apprécie avec un regard différent de celui de mon dernier visionnage qui doit dater d'il y a quinze ans. Je craque toujours pour Harry Dean Stanton et pour Natassja Kinski, qu'on attend en frémissant les trois quarts du film. Mais Hunter Carson, le petit garçon, m'arrache les larmes des yeux lui aussi. En tout cas, je le revois encore une fois avec un plaisir intact. De la puissance des chefs d'œuvre...
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“Tirer des leçons” par Camille
Ce que cette pandémie m'apprend : - la patience - la joie des choses simples - ce qui est important, ce qui l'est moins - prendre soin de ma santé, de mon corps - l'importance des relations sociales - le pouvoir de la solidarité - prendre du recul - prendre le temps ... à suivre
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"Le festival confiné" par Guillaume
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Extrait du “Vagabond des étoiles” de Jack London par Marion
C’est l’histoire d’un condamné à mort qui passe les cinq dernières années de sa vie en camisole de force et s’évade par la pensée, grâce à l’auto-hypnose.
« Je suis Darrell Standing. On m’arrêta, les mains encore teintes de sang. Je ne discuterai pas sur la question de savoir qui du professeur Haskell ou de moi avait, dans notre querelle, tort ou raison. Cela ne regarde personne. Le fait brutal est que, dans une vague de colère, de cette colère rouge qui a été mon fléau à travers les âges, j’ai tué mon collègue. Les rôles du tribunal témoignent que j’ai accompli cette action. Pour une fois, je suis d’accord avec eux. Ce n’est pas pour ce meurtre, cependant, que je vais être pendu. Non. Comme châtiment, je fus condamné à la prison pour la vie. J’avais trente-six ans à cette époque. J’en ai quarante-quatre à présent. Les huit années intermédiaires, je les ai vécues dans la prison d’État de Californie, à San Quentin. Cinq de ces années, je les ai passées dans les ténèbres d’un, cachot. C’est ce qu’on nomme, dans le langage des lois, la détention solitaire. Les hommes qui l’endurent l’appellent « la mort vivante », Durant ces cinq années, pourtant, j’ai réussi à m’évader de mon tombeau, à m’en évader, séquestré comme je l’étais, en un vol inouï que bien peu d’hommes libres ont connu. Oui, je ris de ceux qui ont cru m’emmurer dans ce cachot et qui devant moi ont ouvert les siècles. J’ai, à leur insu, vagabondé, ces cinq ans, à travers toutes mes existences passées. Bientôt je vous conterai cela. J’ai tant de choses à vous dire que je ne sais trop par quel bout commencer. »
PS1 : Merci Joanne Journée pour l’inspiration !
PS2 : Je trouve que le dessin de Guillaume va à merveille avec cet extrait
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“Voyager en musique” par Jérémy
Le confinement asphyxie. On le ressent plus ou moins tous et toutes. Alors c'est un peu déjà vu mais, voyager en musique de chez soi c'est possible avec https://radiooooo.com/ ! Ici, l'idée n'est pas de vous donner une playlist teintée soleil ou plage mais de sa balader sur Radiooooo. C'est une carte du monde sur laquelle on choisit un pays et une décennie (car oui vous allez pouvoir voyager dans le temps aussi) le site nous trouve une playlist. Et ça fait du BIEN, tout simplement. Perso je vous conseille vivement le Chili des années 90s. (ou le Mali des 80s). Bonne écoute !
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“Refuser mon impuissance” par Fanette
(Clic droit sur l’image pour l’afficher en grand)
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“Lire : un première nécessité ?” par Nathalie
À l’usage de ceux qui, comme moi, seraient terriblement en manque de librairies et de bibliothèques. Non pas que je sois à court de livres à lire finalement, mais c’est vraiment les lieux qui me manquent. Ces endroits où nous nous rendons disponibles à la lecture, à la découverte, au plaisir de tourner des pages, de lire des 4e de couverture, de tomber sur ce fameux bouquin dont untel ou unetelle nous a parlé ou celui dont on a entendu beaucoup de bien à la radio, de caresser les belles illustrations de ces ouvrages pour la jeunesse qui regorgent de créativité et d’intelligence, de voyager à travers les photos et paysages sur papier glacé, de saliver sur des recettes qu’on ne fera jamais, d’imaginer se mettre à la broderie anglaise ou au macramé, d’avoir l’idée d’un cadeau… Bref, ça me manque ! Petit conseil donc, en attendant la réouverture : n’hésitez pas à envoyer un mail à votre librairie... La mienne a volontiers répondu présente car c’est la cata pour elle (comme pour d’autres) ! Et, on peut toujours se prêter des bouquins entre voisins ou amis voisins – en respectant les gestes barrières bien sûr !
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“Mon occupation de la semaine !” par Éric
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curvatio · 4 years
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Il y a un parc immense en bas de chez moi, je le traverse tous les jours pour aller travailler et ce matin une pomme poussait dans ma tête. Je retenais mes larmes depuis deux ou trois nuits et je me vidais de mon sang dans ma culotte à chaque pas que je tentais, il ne faisait plus tout à fait noir mais bleu marine, c’était glauque mais presque joli parce que, pour trois semaines, une foire s’est installée dans le parc avec ses manèges, ses néons, ses bruits et ses paillettes. A sept heures la foire dort encore mais les lumières et les décors s’allument tout seuls (à croire qu’ils brillent pour les fantômes). Je déteste ça quand je rentre (la foule le vacarme inutile) mais traverser le matin le cimetière multicolore c’est désarçonnant et bizarre. Et c’est troublant quand seuls les paons sortis de l’autre-bout-du-parc arpentent les allées. Profitant du silence. Traînant après les miettes de gaufres. On est tous des oiseaux parmi des parcs-à-trucs éteints ; mais un des trois paons était albinos (donc roi) ; chez moi la blancheur acérée se fait rare. J’écoutais l’album de Pomme pour peut-être la dixième fois depuis que je l’avais acheté la veille au soir et je ne sais pas si c’est les paons autour de mes chaussures ou cet air de comptine pour vieilles personnes ou tout ce bling-bling à l’abandon ou la longueur du chemin pour tenir jusqu’au soir ni pourquoi la mort te fait peur mais la larme retenue s’est enfin tirée lentement entre les paons et les arbres déguisés en machines à sous. Sept heures trente du matin : On brûlera en plus doux
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3cvinci · 5 years
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BD, comics et mangas : nos nouveautés de septembre.
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Tamba, l’enfant soldat, de Marion Achard et Yann Dégruel :
Dans un village d'Afrique, les gens se rassemblent dans un bâtiment pour une audience dirigée par la Commission de Vérité et Réconciliation. Au centre, le jeune Tamba, 16 ans, est invité à témoigner de sa participation aux violations des Droits de l'homme dans ce pays qui se remet difficilement de la guerre qui cherche à comprendre et à pardonner pour se reconstruire. Tamba : "J'avais huit ans lorsqu'on m'a kidnappé..."
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A Silent Voice, tome 3, de Yoshitoki Oima :
A la grande surprise de Shoya, Shoko a accepté de renouer contact avec lui, et à force de tenter comme il le peut de réparer les pots cassés du passé, il se lie peut à peu d'amitié avec la jeune fille, mais aussi avec Tomohiro, un camarade de classe exubérant, mais franc, et Yuzuru, la petite soeur de Shoko auprès de laquelle il a réussi à se faire accepter malgré les horreurs commises dans son enfance. Celui qui voulait mettre fin à ses jours a pris une autre voie sans s'en rendre compte, celle de la reconstruction, au point d'avoir désormais un téléphone portable qui lui sera extrêmement utile, ne serait-ce que pour communiquer avec Shoko. Mais ce qu'il souhaite par dessus tout, c'est reconstruire l'enfance brisée de Shoko, lui rendre le bonheur qu'il lui a volé. Et cela passe par une reprise de contact avec ses anciens camarades de classe du primaire, en tête Miyoko, la fillette qui était venue en aide à Shoko à l'époque où elle était martyrisée et qui a dû changer d'école à cause de ça, et la peste Naoka. Seulement, les choses se dérouleront-elles aussi bien que le souhaite le jeune garçon ?
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Chico & Rita, de Fernando Trueba et Javier Marsical :
Cuba, 1948: Chico aime Rita. Rita aime Chico. Mais les aléas de la gloire les séparent. Les jeux de l'amour et du hasard se nouent sur un tempo de jazz afro-cubain. Un roman graphique langoureux qui signe le retour du grand Mariscal sur le devant de la scène BD.
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V pour Vendetta, d’Alan Moore et David Lloyd :
1997 : une Angleterre qui aurait pu exister... Dirigé par un gouvernement fasciste, le pays a sombré dans la paranoïa et la surveillance à outrance. Les «ennemis politiques» sont invariablement envoyés dans des camps et la terreur et l'apathie règnent en maître. Mais un homme a décidé de se dresser contre l’oppression. Dissimulé derrière un masque au sourire énigmatique, il répond au nom de V : V pour Vérité, V pour Valeurs... V pour Vendetta !
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L’Arabe du Futur, tome 4 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1987-1992), de Riad Sattouf :
Ce quatrième tome du succès mondial L'Arabe du futur couvre les années 1987-1992…Âgé de neuf ans au début de ce volume, le petit Riad devient adolescent. Une adolescence d'autant plus compliquée qu'il est tiraillé entre ses deux cultures – française et syrienne – et que ses parents ne s'entendent plus. Son père est parti seul travailler en Arabie saoudite et se tourne de plus en plus vers la religion... Sa mère est rentrée en Bretagne avec les enfants, elle ne supporte plus le virage religieux de son mari. C'est alors que la famille au complet doit retourner en Syrie...
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Tamara Drewe, de Posy Simmonds :
Avec son nez refait, ses jambes interminables, ses airs de princesse sexy, son job dans la presse de caniveau, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les cœurs, Tamara Drewe est l'Amazone urbaine du XXIᵉ siècle. Son retour à la campagne, dans le village où a vécu sa mère, est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix. Hommes et femmes, bobos et ruraux, auteur à gros tirage, universitaire frustré, rock star au rancart, fils du pays, teenagers locales gavées de people, tous et toutes sont attirés par Tamara, dont la beauté pyromane, les liaisons dangereuses et les divagations amoureuses éveillent d'obscures passions et provoquent un enchaînement de circonstances aboutissant à une tragédie à la Posy Simmonds, c'est-à-dire à la fois poignante et absurde. Librement inspiré du roman de Thomas Hardy, Loin de la foule déchaînée, un portrait à charge délicieusement cruel et ironique de l'Angleterre d'aujourd'hui.
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Gemma Bovery, de Posy Simmonds :
Exaspérée par l’intrusion incessante dans sa vie des enfants et de l’ex de Charlie, son nouveau mari, Gemma Bovery décide de quitter Londres et de partir s’installer avec lui dans un romantique cottage du bocage normand. Dans un premier temps, c’est la découverte émerveillée des charmes de la French Way of Life. L’existence simple et paisible, les voisins avenants, l’authenticité des choses, le pain merveilleux de Joubert, le boulanger intello de Bailleville. Mais l’exotisme a ses limites. L’argent manque. L’ennui guette. Charlie se laisse aller. Le joli cottage suinte l’humidité. L’authenticité se révèle frelatée et les voisins moins plaisants que prévu. Alors, Gemma prend un amant, sous l’œil inquisiteur de Joubert qui s’improvise chroniqueur de sa déchéance amoureuse. Si le décor, le destin et le nom de l’héroïne nous rappellent quelqu’un, ce n’est en aucun cas fortuit.
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Un jour au musée avec les Bidochon, de Bidet :
Raymonde Bidochon, par on ne sait quel miracle, est parvenue à traîner son rustre de mari dans un musée! Le choc culturel est total. Comment va réagir Robert en découvrant les toiles de Picasso, Degas, Bacon, Manet, Soulages ou Bruegel, entre autres? C'est ce que vous découvrirez en lisant ce livre. En association avec les musées des Beaux-Arts de Caen et de Lyon, Binet nous régale des réactions des Bidochon face à ces toiles de maîtres, magnifiquement reproduites. 20 tableaux prestigieux, exposés dans ces musées, ont été choisis par l'auteur, qui a ensuite dessiné les réactions de ses personnages. Et leurs conservateurs nous éclairent aussi sur le contexte historique et de manière ludique.
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Le Gourmet solitaire, suivi de Les Rêveries d’un Gourmet, de Jirô Taniguchi :
On ne sait presque rien de lui. Il travaille dans le commerce, mais ce n'est pas un homme pressé; il aime les femmes, mais préfère vivre seul; c'est un gastronome, mais il apprécie par-dessus tout la cuisine simple des quartiers populaires... Cet homme, c'est le gourmet solitaire. Depuis sa première déambulation en 1994, il a conquis, au fil de deux décennies de flâneries propices à des expériences culinaires précieuses et intimes, un public japonais et occidental toujours grandissant. L'intégralité de ses trente-deux repas est ici réunie pour la première fois.
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Les Gardiens du Louvre, de Jirô Taniguchi :
Au terme d'un voyage collectif en Europe, un dessinateur japonais fait étape en solitaire à Paris, dans l'idée de visiter les musées de la capitale. Mais, cloué au lit de sa chambre d'hôtel par une fièvre insidieuse, il se trouve confronté avant tout à une forme de solitude absolue, celle des souffrants en terre étrangère, privés de tout recours immédiat au cœur de l'inconnu. Alors que le mal lui laisse quelque répit, il met son projet à exécution, et se perd dans les allées bondées du Louvre. Très vite, il va découvrir bien des facettes insoupçonnées de ce musée-monde, à la rencontre d’œuvres et d'artistes de diverses époques, au cours d'un périple oscillant entre rêve et réalité, qui le mènera pour finir à la croisée des chemins entre tragédie collective et histoire personnelle.
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Venise, de Jirô Taniguchi :
Un homme arpente Venise hors des sentiers touristiques, sur les traces de son histoire familiale. Il se surprend parfois à flâner, se perd le long des canaux, s'arrête pour observer. A mesure que les brumes du passé se dissipent, c'est une nouvelle cartographie de la Sérénissime qui se dessine: contemplative et intrigante, majestueuse et intime…
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L’Homme qui marche, de Jirô Taniguchi :
Qui prend encore le temps, aujourd’hui, de grimper à un arbre, en pleine ville? D’observer les oiseaux, ou de jouer dans les flaques d’eau après la pluie? D’aller jusqu’à la mer pour lui rendre un coquillage dont on ne sait comment il est arrivé chez soi? L homme qui marche, que l’on apprend à connaître à travers ses balades, souvent muettes et solitaires, rencontre parfois un autre promeneur avec qui partager, en silence, le bonheur de déambuler au hasard…
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Furari, de Jirô Taniguchi :
A la fin du XVIIIe siècle, un homme arpente Edo, l'ancienne Tokyo, avec pour ambition de cartographier la capitale, pas après pas. Dix sun font un shaku, six shaku font un ken, soixante ken font un chô, trente-six chô font un ri. Mais si ce marcheur s'efforce, par rigueur scientifique, d'adopter le pas le plus régulier possible, son entreprise se mue bien souvent en flâneries émerveillées face à la beauté de la ville, en observation curieuse de ses habitants, en haltes gourmandes le long des rues, et en rêveries qui lui font redécouvrir les paysages à travers les yeux d'un oiseau, d'une tortue ou d'un chat…
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plumedepoete · 4 years
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Série trente ans  Vingt Ans...sous la brume ♣(A)    ♥ Requiem à Montparnasse (B) Vingt-quatre ..  ♣(C) ...A sa Mesure ♣( D) Sous l'éclipse ♣((E) Voici venu ♣(F) Tant de Temps ♣((G) ------(H) 2016 31ans Indicible Manque ♣(I) 2018 Miroir d'une Vie ♣(I) 2019-1 35ans (K) 2019-2     ⇓ Année angevine en partie, parisienne quelques jours par mois du respire descendant à Montparnasse, "Requiem" à souvenirs de Vous ou se l'interdire comme de passer au cimetière observer les noms gravés sur pierre Ce Dix janvier Deux mille sept d'une météo douce pour un janvier passer Vous rendre visite à l'est du cimetière suivant le sentier fut âpre : Ô  tant de tombes d'un observer, soufflaient reproche de les déranger Le temps doux de son ciel clairsemé de nuages déshabillés s'endormant accompagna l'heure à Vous retrouver avant que ne vienne du sonnant l'instant de l'indicible fermeture marquant la fin du périple comme aventure Cimetière de Sartre, Beckett et Beauvoir de Baudelaire, Dreyfus et tant d'autres comme Vous cher Père de l'Amour comme Vous Soeur et Frère et d'autres, l'indifférence est une Dame absente ; - les larmes se taisent où l'âme arpente.. La nuit s'élevant, le Café Bonaparte accueillit le naufragé de la promenade comme un besoin de recouvrer ce parfum parisien, d'un Temps Ô.. guère lointain, si précieux de l'air, de ses images et odeur, rappelant l'existence d'une couleur.... .. Oli©…Requiem à Montparnasse ©(P)- 10/01/07 .... à Francis Jr, mon frère   du livre « …Itinéraire d’un Calvaire" Série Epilogue ⇑
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reseau-actu · 5 years
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Henri Guaino fut le conseiller spécial et la plume de Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Alors que Les Républicains se sont effondrés aux élections européennes, l’ancien partisan du non au traité de Maastricht en 1992 voit dans leur écroulement l’ultime conséquence de l’abandon du RPR d’antan.
LE FIGARO. - Après la déroute des LR aux européennes, faut-il incriminer la tête de liste, François-Xavier Bellamy, comme l’affirment certains cadres du parti?
Henri GUAINO. - Chercher un bouc émissaire est toujours lamentable. Mais c’est toujours la solution qui s’impose pour masquer les causes et les responsabilités réelles et reconstruire l’unité d’un groupe désuni. La situation dans laquelle s’est trouvé placé François-Xavier Bellamy était inextricable. L’homme n’est pas en cause. C’est une personnalité estimable, un professeur de philosophie, cultivé et sincère dans ses engagements conservateur et catholique. C’est le calcul politique qui a conduit à ce choix qui était erroné.
On met le philosophe en tête de liste, on lui accroche une liste composée de personnalités, certes honorables, mais qui divergent profondément sur l’Europe, on lui fait porter un programme différent de celui du Parti populaire européen (PPE) dans le groupe duquel les élus de la liste iront siéger au Parlement européen, on lui dicte les éléments de langage du parti que l’on peut résumer ainsi: on est contre Emmanuel Macron parce qu’il ne va pas assez loin dans ce qu’il entreprend.
Tout cela ne faisait que refléter la situation elle-même inextricable dans laquelle se trouve le parti lui-même. Mais comment cela pourrait-il convaincre des électeurs qui cherchent de façon de plus en plus pressante des remèdes au profond malaise de nos sociétés? Peut-être ce genre de montage a-t-il pu payer électoralement à une époque, mais cette époque est révolue.
Certains reprochent à François-Xavier Bellamy d’avoir trop parlé de sujets de société et de «civilisation». Partagez-vous cette analyse?
C’est la conséquence la plus délétère de ce mauvais calcul politique: tous les partisans du libéralo-centrisme tirent maintenant argument de son échec pour rejeter ces problématiques. On peut toujours critiquer telle ou telle façon d’aborder la question de la civilisation, surtout quand elle est plaquée sur un programme qui n’a pas été construit, ni pensé, à partir d’une réflexion de cet ordre. Mais dans les circonstances actuelles qui sont celles d’une grave crise de civilisation, exclure la civilisation du débat public, c’est signer la mort d’une politique qui ne comprend pas la nature et ne prend pas la mesure de ce qui nous arrive. Pour Les Républicains, c’est un suicide puisque l’alternative est entre politique de civilisation et politique de la table rase pour, soi-disant, construire un monde nouveau dont LREM a, si l’on peut dire, déposé la marque. Si Les Républicains n’ont rien d’autre à dire que «notre projet, c’est d’aller plus loin que Macron» dans la table rase de tout ce que notre civilisation nous a légué, ils n’ont d’autre avenir que celui d’une succursale de LREM.
«S’engager plus à fond dans le libéral-centrisme conduirait ce qui reste droit chez les Marcheurs»
Les causes de la défaite de la droite classique seraient donc plus profondes et anciennes que le choix d’une tête de liste?
Bien sûr! La cause profonde remonte à l’époque où, au sein du RPR, ceux qui trouvaient le gaullisme ringard et voulaient l’extirper du paysage politique pour faire moderne ont gagné la partie contre les Philippe Séguin et les Charles Pasqua et ont dissous le mouvement gaulliste dans l’UMP en 2002. S’il était naturel de conclure des alliances de gouvernement avec l’UDF, il l’était moins de fondre un grand parti populaire dans un parti de notables. Comme aimait à le dire Charles Pasqua du temps de l’UDF et du RPR, la première fournissait des candidats et le second des électeurs. C’était déjà beaucoup. Aller au-delà, c’était en finir avec le gaullisme et sa dimension sociale et populaire. Nous avons sous les yeux le résultat de cette entreprise d’autodestruction. Elle a réussi au-delà de toute espérance: l’UMP s’est accomplie dans LREM, ça y est, c’est fait depuis dimanche. Les amis d’Alain Juppé, grand artisan de la création de l’UMP, sont tous aujourd’hui dans les allées du pouvoir. Ceux de Jean-Pierre Raffarin, qui a porté l’UMP sur les fonts baptismaux pour l’UDF, commencent à les arpenter. Ils vont au bout de leur logique.
Voilà Les Républicains désormais dépourvus de base idéologique et sociologique. S’enfermer dans le conservatisme pur en ferait encore davantage un parti croupion. Mais s’engager plus à fond dans le libéral-centrisme conduirait ce qui reste droit chez les Marcheurs. Là où le gaullisme prenait les choses par la grande politique, les calculs électoralistes les prennent par la petite politique. Et qui dit «petite politique» dit petit parti parce qu’en période de crise, la petite politique fait fuir les électeurs. Le PS connaît le même sort pour des raisons au fond assez similaires.
Emmanuel Macron a bénéficié de voix dans des bastions qui votaient traditionnellement à droite. Comment l’expliquer?
Simplement par le fait que, pour beaucoup d’électeurs, LREM est le nouveau nom de ce que l’on appelait l’UMP.
Le clivage aujourd’hui n’est-il pas sociologique? Des classes moyennes de la périphérie qui se tournent de plus en plus vers Le Pen et une bourgeoisie urbaine des gagnants de la mondialisation qui préfère Macron?
Disons que les clivages sont psychosociologiques plus qu’idéologiques parce que les pensées politiques ont déserté la scène à l’heure où elles seraient plus nécessaires que jamais. Ce qui ressort des péripéties électorales dans toutes les démocraties occidentales, c’est la poussée de «la force du non dans l’histoire». Les peuples se rebellent contre un système politico-économique dont ils ont le sentiment qu’il les prive de la maîtrise de leur vie. «Seul, l’esclave dit toujours oui», disait Malraux. Le vote écologiste, comme le vote dit «populiste», de droite et de gauche, c’est le «non» de ceux qui ne veulent plus se sentir esclaves de quelque chose sur lequel ils n’ont pas de prise. Le vote macronien aussi est pour beaucoup un vote «non» pas seulement de la part des gagnants qui sont très peu nombreux, mais aussi de la part de tous ceux qui ont peur d’un changement trop radical, peur de l’incertitude et qui disent «non» à ce changement de système et à ceux qui le veulent. Jadis ils trouvaient une protection contre les tentations plus ou moins révolutionnaires dans la droite, maintenant c’est dans LREM, dans ce qu’ils pensent être aujourd’hui «le cercle de la raison».
Valérie Pécresse propose une ouverture au centre. Cela vous paraît-il cohérent dans la mesure où l’électorat centriste est déjà chez Macron?
Si ce n’était que l’électorat centriste! Mais c’est l’essentiel du socle sociologique de ce qui était l’UMP qui est passé à LREM. Chercher le salut dans la reconstruction à l’identique de ce socle chez Les Républicains, c’est simplement aller jusqu’au bout du chemin qui a mené du RPR à l’UMP puis à LREM.
«Que recouvre aujourd’hui ce mot de populisme sinon la conviction de plus en plus répandue que ça ne peut plus continuer comme ça...»
Que pensez-vous de l’initiative du président du Sénat, Gérard Larcher, de consulter les élus locaux? Faut-il «aller aux élus» ou «aller au peuple»?
Gérard Larcher est réaliste: beaucoup d’élus de droite ne pourront être réélus aux municipales qu’en s’alliant avec LREM et en évitant d’afficher l’investiture des Républicains. Il en tire les conséquences en créant une structure pour les élus en dehors du parti. La question est de savoir ce que sera la suite de l’histoire. Avec les militants dans le parti et les élus locaux en dehors, comment recolle-t-on les morceaux? Ce qui est sûr, c’est qu’à terme rien ne pourra être reconstruit sans «aller au peuple»: la grande politique contre la petite…
L’avenir passe-t-il par le populisme, phénomène qui a le vent en poupe dans nombre de pays?
Que recouvre aujourd’hui ce mot de «populisme» sinon la conviction de plus en plus répandue que ça ne peut plus continuer comme ça, pour une multitude de raisons, bonnes ou mauvaises? Je ne sais pas si c’est l’avenir, mais c’est le présent et si ce cri n’est pas entendu, l’avenir ce sera la violence.
LR ressemble désormais à un syndicat d’élus sans véritable vision politique et idéologique. Ne vaudrait-il pas mieux que ce parti se saborde afin de créer un nouveau mouvement?
Hélas, les partis meurent rarement en prononçant leur dissolution mais le plus souvent en se vidant de leurs militants et de leurs électeurs. La vraie question n’est pas là: c’est de savoir si assez de femmes et d’hommes de bonne volonté peuvent se rassembler pour s’occuper de la France plutôt que des partis dans le monde tel qu’il est. Si un grand mouvement populaire d’inspiration gaullienne ne se reconstruit pas sur la scène politique française comme l’a fait en 1971 le Parti socialiste de François Mitterrand après l’effondrement de la SFIO, l’arithmétique électorale risque d’être la même lors de la prochaine élection présidentielle qu’en 2017. Mais dans ce cas, la légitimité démocratique pourrait bien se trouver violemment contestée. Il y a des germes de tragédie dans les engrenages politiques actuels sur fond de crise de civilisation.
«Ma famille, c’était celle du non à Maastricht en 1992.»
Vous-même, pourquoi avez-vous quitté votre famille politique?
Je n’ai pas quitté la famille politique pour laquelle je me suis battu durant plus de trente ans, c’est elle qui a disparu. Ma famille, c’était celle du non à Maastricht en 1992, celle de la «fracture sociale» en 1995, celle de tous ceux pour lesquels les leçons intellectuelle, morale et politique de l’histoire qui a commencé le 18 juin 1940 et s’est achevée le 27 avril 1969 ont encore une signification, une valeur d’exemple. Car le gaullisme n’est pas une doctrine mais une histoire dont les enseignements ne sont jamais autant d’actualité que lorsque nous traversons des crises comme celle d’aujourd’hui. Les structures partisanes sont demeurées ; la famille politique que je qualifierais plus généralement de gaullo-bonapartiste s’est dispersée, comme emportée par l’air du temps qui a ramené le régime des partis dont le système des primaires a été comme l’une des dernières manifestations dévastatrices.
Vous vous êtes toujours défini comme gaulliste. Cette tradition a-t-elle de l’avenir?
«La force du «non» dans l’histoire»: c’est ainsi que Malraux définissait le gaullisme. Le 18 juin 1940, la «politique de la chaise vide» à Bruxelles, la sortie du commandement intégré de l’Otan, le discours de Phnom Penh en 1966, le «Vive le Québec libre»… le refus fermement opposé à tous les déterminismes, à tout ce qui menace d’asservir un homme ou un peuple. Qu’y a-t-il de plus actuel?
Un mot sur Emmanuel Macron. Peut-on gouverner avec 23 % des Français contre tous les autres?
C’est bien le problème. Vu d’aujourd’hui le résultat de dimanche est une bonne nouvelle pour lui dans la perspective de la prochaine présidentielle. Mais c’est une mauvaise nouvelle pour la deuxième partie du quinquennat parce que sa marge de manœuvre politique, sa légitimité politique pour appliquer son programme ne cessent de se rétrécir avec un socle de moins de 23 % et elle risque de se rétrécir encore avec le référendum d’initiative partagée sur Aéroports de Paris (ADP). Le président pourra-t-il continuer en proclamant qu’il ne change pas de cap? C’est une question qui est posée avec encore plus d’acuité depuis dimanche.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 31/05/2019.
Source: premium.lefigaro.fr
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mebwalker · 3 years
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Ringuet's Trente arpents (First Part)
Ringuet’s Trente arpents (First Part)
  Returning from the Field, Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté(National Gallery of Canada) Returning from the Field Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté (April 6, 1869 – January 29, 1937)   Sans l’homme la terre n’est point féconde c’est ce besoin qu’elle de lui qui le lie à la terre, qui le fait prisonnier de trente arpents de glèbe. (p. 65) (Without man, the land is arid.  It is because the land needs him…
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SÉBASTIEN
Par la fenêtre du wagon, le paysage urbain, désolant et désolé, défile sans but et se reflète sur les rétines fatiguées de Sébastien. Le train est presque vide à cette heure-ci. La plupart des gens ont fini de travailler il y a déjà plus de cinq heures et sont presque tous rentrés chez eux. Lui n’est que sorti maintenant. Il vient de terminer son shift au McDo de la gare et il est déjà 22h25.
Ses collègues sont presque tous des étudiants ou des étudiantes, jeunes et souvent beaux, jeunes et souvent belles, alors que lui a déjà vingt-neuf ans et ne se trouve pas très beau. Il sait qu’aujourd’hui, continuer ses études au-delà de trente ans est devenu possible. Certains étudiants, ici et ailleurs, ont donc le même âge que lui. Vingt-neuf ans. S’il avait fait des choix différents, il serait peut-être comme eux, étudiant à presque trente ans. Mais ce n’est pas comme ça que ça s’est passé. Pas du tout.
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Sébastien a quitté l’école à vingt ans, avec en poche un bout de papier dont il ne savait pas trop quoi faire. CAP Maçon, comme son père. C’était une bonne idée, s’était-il dit. Il aurait au moins l’approbation de quelqu’un, une fois dans sa vie. « C’est un métier qui ne connaît jamais la crise, mon fils. On a toujours besoin de maisons. Toujours. » Sauf bien-sûr quand on tombe de l’échelle, qu’on se casse la hanche et qu’on doit aller une fois par mois chez le physio pour contrôler tout ça. Pour combien de temps ? « Difficile à vous dire, Monsieur. Cela dépend des avancées de la rééducation. Peut-être pour le restant de vos jours. »
Du coup, il s’est fait licencier, à à peine vingt-quatre ans, congé maladie trop long, et a passé plusieurs années au chômage, avant de trouver un poste ici, en cuisine, là où il ne doit ni sourire, ni feindre le moindre intérêt pour autrui.
Tout ça n’a rien d’extraordinaire pour lui. C’est un battant, un homme. Son histoire est celle de notre époque, injuste et peut-être même un peu triste, mais une histoire comme on a l’habitude d’en entendre un peu partout et que les gens ont d’ailleurs marre d’entendre, car la leur est tout aussi triste et banale. Que ce soit la sienne ne change donc pas grand-chose, pour lui comme pour les autres. Tout le monde a ses problèmes, comprenez-vous ? Il a déjà vu bien pire à la télé, mais bien mieux aussi.
Il regarde toujours à l’extérieur. Les murs anonymes, les graffs un peu moins anonymes, les graviers qui bordent les rails, les entrepôts éteints et d’autres bâtiments peu éclairés, au loin. La vibration des roues sous ses pieds. Il connaît chaque courbe de la ligne par cœur, chaque virage amorcé, et n’a plus besoin de penser pour positionner ses pieds.
Puis soudain, l’empilement des voies, à  l’horizontal, parallèles, vides, mais qui doivent bien servir à quelque chose. Et très vite son arrêt. Le train frêne lentement. Il arrive à Renens, petite banlieue populaire de l’ouest lausannois.
Il aurait tout aussi bien pu prendre le bus, le n°17 par exemple, ou même le M1. Mais travailler à proximité d’une gare lui offre l’avantage de pouvoir parcourir cinq kilomètres en tout juste six minutes. Il faut bien que cela serve à quelque chose. Les gares lui ouvrent des multitudes de possibilités. Le monde lui tend les bras. Chaque matin, chaque après-midi, chaque soir. La Suisse, mais pas que. La France, l’Italie, l’Allemagne et au delà. Mais il n’a jamais été plus loin que Renens, ou des fois Montreux et Genève, quand sa famille restée en France vient le visiter quelques jours. Pour l’instant donc, Renens lui suffit. Le reste du monde peut attendre.
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Dehors, il fait froid. Les Saints de Glace ont plus d’un mois d’avance, on dirait. Ça fait longtemps qu’il ne comprend plus rien au climat de toute façon. Il descend la rampe et se retrouve dans le tunnel froid qui passe sous les voies. Comme le train, il est lui aussi presque désert, si ce n’est pour ce vieil homme apparemment ivre qui hurle des choses difficilement compréhensibles aux murs, qui selon lui l’empêchent de passer. Nous ne sommes pourtant que lundi.
Quand il sort du tunnel, le nouveau McDo récemment ouvert à la sortie nord de la gare de Renens lui fait une petite piqûre de rappel. Peut-être pourrait-il demander son transfert ici. Il aurait encore moins de chemin à faire. Il arrive à son niveau et regarde à travers les vitres. C’est le même spectacle, la même mascarade qu’il connaît bien, par cœur même. Il baisse le regard et continue.
Dans sa main, le sac plastique Aldi bruisse à chacun de ses pas. La double-pizza surgelée Prosciutto e Funghi de la marque Cucina Nobile sera ce soir accompagnée d’une bouteille de Castillo de Viñaral – Gran Reserva, qu’il n’a choisie que pour l’espèce de filet doré et étiré qui l’habille. Cela suffira à le faire voyager. La campagne toscane dessinée sur le carton de la pizza et les armoiries toutes royales de l’étiquette du vin. Cet exotisme abordable le ravit et penser à autre chose fait de toute façon défiler plus vite le trottoir. Alors il continue.
Sébastien se rappelle de la caissière d’Aldi qui lui a souri. J. Monteiro indiquait son badge. Jessica, Joana, Justine, Jade ? Elle était mignonne. Pas exceptionnellement belle, mais assez pour vouloir faire sa connaissance, mieux la connaître, apprendre son histoire, partager avec elle ses passions, l’emmener au restaurant, etc. Et il aimait son sourire. Candide et franc, sans hypocrisie apparente. En partant, il avait cependant fait l’erreur de se retourner et avait vu le même sourire adressé au client qui attendait derrière lui dans la file. Il aurait pourtant dû s’en douter.
L’immeuble est moche. Il l’a sûrement toujours été, mais dans la nuit, ça ne se voit pas trop. Sébastien compose machinalement le code d’entrée et pousse la porte. À l’endroit précis où il pose la main, il remarque le bois abimé, décoloré et lissé aux contacts quotidiens de dizaines de mains. Nous avons tous la même façon d’ouvrir cette porte, pense-t-il. Nous avons tous nos habitudes, insoupçonnées et inconscientes. Celle-ci nous est commune et c’est sûrement la seule d’ailleurs. Celles qui suivent n’appartiennent qu’à chacun, et heureusement. Il n’aimerait pas que quelqu’un voit sa vie. Dans la même idée, les rituels des autres habitants restent pour lui un mystère, qu’il n’a aucune envie d’élucider, alors que lui connaît le sien sur le bout des doigts. Par cœur.
Allumer la lumière du hall d’entrée. Passer devant les boîtes aux lettres. Regarder son nom gravé sur la petite plaque métallique. Sébastien Jaques. C’est bien lui. Il existe toujours. Ne pas relever le courrier. Il ne reçoit de toute façon plus que des factures. Depuis l’avènement d’Internet, les bonnes nouvelles sont numériques, et encore quand il y en a. Traverser le hall. Monter les deux étages à pied. Pas d’ascenseur dans un immeuble si vieux. Préparer la clef en arpentant difficilement les dernières marches. Presque à bout de souffle. Insérer la clef dans la serrure, la tourner. Ouvrir la porte, l’entendre grincer. Entrer. Se dire encore une fois qu’on passe tout juste, qu’il faudrait peut-être perdre du poids. Arrêter de repousser la décision, la vraie. Mais pas ce soir. Trop besoin du réconfort de la nourriture. Et de l’alcool.
Puis se changer. Enfiler un training. Ample et confortable. Allumer le four. Servir le vin. Dans un verre, quand même. Lancer Netflix. Choisir sans trop réfléchir. Presser sur le triangle. S’interrompre pour enfourner la pizza, puis dix minutes plus tard pour la sortir. L’engloutir sur le canapé. Devant la télé. Le tout entrecoupé de gorgées rougeâtres, de la fameuse Gran Reserva. Se sentir alors brièvement privilégié. Mais le vin laisse des traces acres sur les dents.
Puis se réveiller. Êtes-vous toujours en train de regarder Osmosis ? lui demande l’écran. L’éteindre. Se lever et se trainer jusqu’au lit grinçant. S’endormir. Dormir. Disparaître durant les heures qui suivent. Alors qu’on aimerait le faire plus longtemps. Peut-être pour toujours. Ne plus se réveiller. Ne plus être un cliché.
Puis se réveiller. Encore. Sortir de la mort. Recommencer. Nouvelle journée. Ou bien la même ? Presque identique. Alors pourquoi continuer ? Pour qui ? Pour moi ? Et pourquoi réfléchir est-il si fatiguant ?
En descendant, il repasse devant les boîtes aux lettres, mais ne relève toujours pas le courrier. Sur la plaque métallique, son nom le regarde encore une fois. Il détourne le regard et sort. Derrière lui, la porte du hall d’entrée se ferme avec un bruit sec. Il repense à toutes les mains qui quotidiennement se posent sur elle et commence à rêver à celles qu’il aimerait, un jour, sentir se poser sur lui.
Prochain portrait : ANA, 7 avril
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ieatmovies · 5 years
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CREED II (2018) Catégorie poids lourds oblige, le soi-disant “spin-off” CREED (2015) était parvenu à étendre la franchise ROCKY (1976-2006), ultime représentant du film de boxe sur grand écran pendant trente ans: car oui, le long-métrage de Ryan Coogler donnait une suite chronologique aux événements passés, en introduisant Adonis Creed, légitime “successeur” de Stallone à l’écran incarné par un Michael B. Jordan époustouflant -oui, peut-être même plus que dans le fantastique FAHRENHEIT 451 (2018)-. CREED II, c’est l’étape de la double difficulté, à savoir pour commencer par le départ du réalisateur Ryan Coogler sur d’autres projets -le très mou et inintéressant BLACK PANTHER (2018)- pour céder sa place à Steven Caple Junior (31 ans seulement!) : rien à craindre, l’homme étant un proche ami de Coogler, en plus de scénariser ses films. CREED II conserve donc cette continuité de montage, et son identité visuelle, moderne et sobre, intelligemment violente autant qu’émotionnelle: si CREED narrait les origines et l’ascension du fils d’Apollo Creed, sa suite en prolonge l’histoire tel un bon roman, avec ce script quasi-obligatoire de faire venir sur le devant de la scène la progéniture d’Ivan Drago, Viktor, pour affronter un Adonis en pleine crise existentielle. Et si ce fan-service de vétéran peut faire grogner, on est comme pour le premier volet, happés, aspirés dans ce conte moderne qui s’approprie les fondations d’un genre qui brille à nouveau: les figures de légende, famille, anciens amis et ennemis (Ivan Drago et Rocky Balboa, dont les échanges tendus ne cèdent pas, la mère et la compagne de Creed, indispensables- sont constamment traités en arrière-plan avec subtilité, pour qu’à chaque montée sur le ring, l’adrénaline nous gagne aussi. En effet, n’oublions pas l’essentiel du long-métrage, le COMBAT: si ROCKY BALBOA (2006) -le cinquième opus- montrait le savoir-faire d’un baroud d’honneur transcendant, CREED II nous met au tapis dès le premier round. Viktor Drago est une machine de guerre, une masse de muscles destructrice et aveugle: mais derrière la menace, le scénario approfondit le background de cet ultime ennemi, le rendant finalement touchant, grâce au personnage paternel de Dolph Lundgren et de ce déshonneur qu’il cherche à effacer depuis trop longtemps. Cette thématique de la paternité sera d’ailleurs un des fils conducteurs du script, avec plusieurs passifs et autant de points de vue qui racontent ces drames familiaux, chez les Drago, les Creed, ou les Balboa... heureusement que ces séquences viennent alléger le dynamisme hallucinant des combats de boxe, où l’on à à nouveau la sensation d’arpenter, entre un uppercut et un vilain coup sous la ceinture. CREED II est sans nul doute LA référence contemporaine de du genre, développant ses personnages et faisant de la boxe le noble art qu’il est: en résultent de fortes scènes, où Michael B. Jordan prouve son implication comme jamais: que dire de cette session d’entraînement surréaliste mais ô combien symbolique d’un champion dans le doute, enfin prêt à devenir l’homme et le père au travers d’un retour aux sources -ici un désert et des combattants virils- qui lui permettra d’effectuer sa rédemption, et qui sait, de conserver la ceinture? Ben ouais, rien à dire malgré le changement de réal’, la saga CREED étant plus grande elle-même que ses créateurs: en terme d’intégrité, CREED II est du pain béni pour les fans, loin des débats inévitables de l’affiliation de J.J. Abrams à STAR WARS (1977-20??), par exemple. On ne va pas vous gâcher la surprise, ni spoiler de trop: sachez seulement que si CREED premier du nom vous a conquis, CREED II vous rassasiera, malgré ce feeling de “nouveauté” légèrement moins intense qu’aux débuts de la franchise. Impressionnant de technicité combative et d’empathie, Michael B. Jordan nous laisse bouche bée: Creed a réussi à nous faire accepter la retraite de Rocky pour arpenter son propre chemin, tout aussi épique et humain. Vibrant. Bestial, aussi. Les SFX sont fous, et on croit réellement aux visages déformés par les coups, à ces corps qui transpirent, dans ce combat qui est aussi la quête personnelle de chacun: non, décidément, excepté une courte scène un peu niaise au cimetière, CREED II revient nous faire sauter la mâchoire, pour notre plus grand bonheur. A se demander si Ryan Coogler et Steven Caple Jr. ne possèdent pas POUR DE VRAI la recette inratable de la suite, du reboot/remake qui ne se plante pas? CREED n’est plus “l’héritage de Rocky Balboa”, il forge à présent lui-même sa destinée. Relève-toi et bats-toi. Prenez-en de la graine -de champions-! ENCORE TRÈS BIEN /20
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vechek · 2 years
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J'ai sauté d'une tour de parachute quand j'étais écolier. Au total, j'ai sauté seize fois, mais le tout premier saut était à Odessa. Par une chaude journée, nous rentrions de la plage de Lanzheron. Nous venions de nous baigner et je portais un short et un t-shirt blanc. En passant devant la tour de parachute, j'ai exprimé à haute voix un rêve chimérique : "Oh, j'aimerais pouvoir sauter !" Soudain, les parents se sont regardés et la mère a dit: "Allez!" Ils ont immédiatement acheté un billet pour 20 kopecks et, le tenant dans mon poing, j'ai commencé à monter rapidement l'escalier en colimaçon. Mon cœur battait joyeusement dans ma poitrine, mais il y avait aussi de l'anxiété - comment tout se passera-t-il, ne sera-ce pas effrayant, et me permettront-ils même de sauter avec un parachute quand ils verront un si jeune moi? Selon les règles, on ne pouvait sauter de la tour qu'à partir de douze ans, et je n'avais que huit ans, même si j'étais assez grand pour mon âge. Sur la plate-forme supérieure, j'ai rencontré un oncle-instructeur qui s'ennuyait. Apparemment, il n'y avait pas tellement de monde qui voulait sauter ce jour-là... Il m'a regardé d'un air incrédule et m'a demandé combien de kilogrammes je pesais. J'ai immédiatement compris de quoi il s'agissait et j'ai menti à la hâte: "Trente." L'oncle a marmonné quelque chose d'incrédule dans sa barbe, mais avec un mouvement habituel, il m'a mis un harnais, a tiré les traces jusqu'aux côtes, a vérifié les serrures métalliques qui claquaient, m'a secoué un peu, vérifiant leur fiabilité, et sans aucune cérémonie m'a poussé vers le bas. J'ai volé trois mètres et... plané. Il s'est penché lourdement sur la rambarde et m'a sifflé fort : "Twitch, bl.., twitch !" J'ai docilement commencé à me contracter et à m'étirer, mais après une minute, j'ai réalisé que c'était un exercice complètement inutile. De plus, je tournais lentement sur un câble, arpentant le panorama sans précédent de la baie d'Odessa, des plages dorées, des toits poussiéreux des maisons et des taches d'arbres vert foncé ... Terminer en commentaire (at Ланжерон) https://www.instagram.com/p/CZQUmgcIZwE/?utm_medium=tumblr
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ry-reviews · 3 years
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League of Legends, l'histoire d'une vie
13 ans. J’avais 13 ans lorsque j’ai découvert ce jeu. Je rentrais de cours, comme à l’accoutumé et allumais mon ordinateur – un vieux Mac qui marchait décemment. Je me connectais sur Discord, discutant sur un serveur. Je rentrais dans un vocal, puis, deux de mes amis commencèrent à parler d’un jeu. Curieux, j’allai sur mon navigateur de recherche, téléchargeai le jeu. Une fois téléchargé, je ne me doutais pas de ce qu’il m’apporterait durant les cinq années à venir… Et si on parlait un peu de League of Legends ?
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13 ans, donc. Tout juste initié au monde du jeu-vidéo sur PC, je découvrais ce jeu. Il avait tout juste sept ans quand je l’ai lancé pour la première fois. Les longs tutoriels finis, les parties contre des robots enchaîné, me voilà fin prêt à arpenter la Faille de l’invocateur. J’avais commencé le jeu avec Tristana, le personnage que je connais par cœur désormais. Première partie lancée, une victoire emportée. Deuxième partie lancée, une défaite subie. Un quotidien de victoire et de défaite, voilà comment je définirais mon expérience en tant que néophyte. Parfois, il s’en retrouvait rythmé par des parties entre amis où les rires abondaient, où le sel faisait son office, où les victoires s’enchaînaient, pareillement aux défaites. J’avançais à mon rythme, découvrant par moment la toxicité de la communauté, apprenant les mécaniques de nouveaux personnages. Tout ça, je pense que c’est le quotidien d’un joueur lambda. Jouer, découvrir, apprendre, évoluer : monter. Mais si la classé ne m’a pas intéressée, c’est bien le compétitif qui a su titiller ma curiosité.
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Nous sommes en fin 2018. J’ai troqué mon Mac défaillant pour un laptop tout aussi dégueulasse. Les performances ne volaient pas très haut. J’étais contraint à 20 FPS maximum. Vous en conviendrez, pour un joueur, c’est vraiment immonde. Imaginez vous un monde au ralenti, où vos actions auraient des répercussions que vous ne pouvez qu’entrevoir dans un bouilli de pixels informes. Ouais, c’était pas mal frustrant… Si bien que je due me restreindre à ne plus toucher au jeu, les parties devenant un calvaire plus qu’un plaisir. Seul mon téléphone rassasiait ma soif de joueur. Mais les jeux sur mobile ne me procuraient ni satisfaction post-victoire ni déception post-défaite. J’étais comme un enfant à qui on avait enlevé ses jouets, forcé à étudier et dessiner les mêmes formes dans sa chambre fermée à double tour. Puis, un nouveau monde s’était ouvert à moi. Un monde où la compétition faisait rage. Un monde où des joueurs donnaient de leur temps pour un trophée. Ce trophée aux couleurs argent, couvert de motifs et artifices à l’effigie des monstres de la Faille. Nous sommes en fin 2018, et les Worlds de League of Legends venait tout juste de débuter.
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Les Worlds. Compétition qui réunissait les plus fortes équipes de chaque région. Un tournois divisé en trois phases :
· Play-ins
· Phase de groupe
· Playoff
Respectivement, phase d’entrée où les équipes mineures doivent prouver leur valeur, phase de groupe où les grandes équipes jouent pour accéder à la phase finale. Là, un arbre se dessine jusqu’à la coupe de l’invocateur. J’étais arrivé en début de phase de groupe. Je regardais les matchs s’enchaîner sans réel conviction. J’admirais les belles actions des joueurs coréens. Ces joueurs dont je connaissais la domination sans égale par le biais de mes potes. Même à mes débuts, je reconnaissais la supériorité de Séoul face aux couleurs de l’Europe. J’avais déjà reconnu Faker en tant que Dieu tout-puissant. Pourtant, lors de ces Mondiaux, elle sera mise à rude épreuve. Déjà par la Chine, le dragon ayant élevé son niveau cette année. Puis, par les européens. Une équipe européenne avait déjà déjoué les plans de Afreeca Freecs, seconde meilleure écurie des favoris. Mais ce n’est pas ce match qui m’avait le plus marqué. C’est une autre équipe qui réussira à me surprendre. Une équipe française, espoir de l’Europe : Vitality.
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Même si elle n’est plus aussi belle, Vitality avait connu son âge d’or lors de ces Worlds. Pourtant, l’histoire avait commencé par de la malchance. Lors des tirages, ils ont été mis dans le groupe de la mort, comme les casteurs aimaient l’appeler. Groupe de la mort, ce n’était pas si bien dire, car il se retrouvait à devoir affronter Royal Never Give Up, vainqueur de la ligue chinoise et en lice pour le Grand Chelem ainsi que Generation Gaming, champion en titre des Worlds de 2017. C’est contre ces derniers que l’écurie française débuterait dans la compétition. Tout le monde les voyait déjà vaincu. Tout le monde les voyait hors-course. Tout le monde les voyait se faire écraser contre leur ennemi : une histoire biblique. Après plus de quarante minutes de jeu interminable, Vitality vaincra les Gen.G, toujours avec leur ancien style similaire au rugby. Mes yeux brillèrent de passion lorsque David souleva la tête de Goliath. Les imbattables furent vaincus. Ainsi s’éveilla ma curiosité pour le jeu. Et si Vitality n’arrivera pas à se qualifier pour la suite du tournois, c’est bien grâce à eux que j’ai commencé à m’investir dans le compétitif. Eux et une autre équipe présente dans le tournoi.
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G2 ESports. Si vous me connaissez, vous savez à quel point je peux être chiant avec cette équipe. Si bien que j’en deviens lourd, bombant le torse fièrement tandis que je porte leur maillot. Et tout commence par de la malchance, encore une fois. En 2018, l’écurie n’était pas dans sa grande forme qu’on lui connaissait. Après plusieurs changements de joueurs loin d’être conséquent, ils cèdent leur trône européen à leurs rivaux de toujours. Ils se qualifient difficilement aux Worlds, passe les play-ins non sans peur et continuent leur chemin jusqu’en playoff. Puis, la poisse arrive. Au tirage, ils tombent contre RNG. Les RNG, ogres chinois qui écrasent leurs ennemis sur leur passage. G2 n’était qu’un obstacle qui les ralentissaient dans l’acquisition de la coupe. Ce best-off five, tout le monde avait pronostiqué un 3-0 pour les chinois. Personne ne voyait G2 triompher. Pardon, personne n��osait imaginer G2 triompher. Même-moi je regardais les manches s’enchaîner sans réel espoir. J’étais con. Très con. Parce que cette journée avait débuté avec la chute de l’empire coréen, et elle se finira sur l’ascension européenne.
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1-0. Tout commence normalement pour les RNG. Une nette domination chinoise durant le premier jeu. Les G2 n’arrive pas à s’exprimer. Puis advient l’égalisation. À la surprise générale, les joueurs arrivent à se démarquer par des exploits mécaniques, des déplacements sur la carte, ingénieux, ainsi que des compositions plus que fortes. Rien que par cette égalisation, G2 défont les pronostics, pareils aux paris. 2-1 pour RNG. Sans doute que la victoire précédente n’était qu’une exception. Une petite déconcentration des chinois fugaces pour enfin continuer leur chemin vers le titre. 2-2. G2 concrétise avec une victoire convaincante. RNG sont forts, certes, mais les européens avaient, eux aussi, élever leur niveau de jeu. Ils étaient prêts à affronter la Chine. Ils étaient prêts à surprendre le monde. Ils étaient prêts à devenir la Légende européenne. Le match se conclut par un 3-2 des G2 ESports. Boom. Ainsi l’histoire fut écrite. Une histoire à faire rêver de jeunes joueurs. J’étais l’un de ces jeunes joueurs. Ils m’ont en mis pleins les yeux. Si bien que, encore aujourd’hui, je suis un fan inconditionnel de cette écurie, prêt à les défendre à la moindre objection. Si bien que, si je vous écris aujourd’hui, je pense que c’est grâce à eux. Car c’est eux qui m’ont rendu aussi passionné de ce jeu. Eux seuls.
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Ils avaient beau ne pas avoir gagné les Worlds, se faisant détruire par les futurs champions du monde (Invictus Gaming), ils m’avaient déjà conquis. Même si j’ai encore la déroute en final de Fnatic en travers de la gorge, cela ne m’a pas empêché de m’intéresser à cette nouvelle discipline sportive – oui, sportive. De scroller des heures durant ma fil Twitter à la recherche d’infos sur le mercato. De m’informer autant que je pouvais sur les rumeurs, sur la future ligue franchisée européenne. À défaut de pouvoir jouer, je regardais en replay ces mêmes matchs qui m’avaient fait vibrer auparavant. Puis 2019 arrive avec la nouvelle super team G2 ESports. L’équipe dont je vais tomber amoureux. Littéralement. J’aime la manière dont il joue, l’air je-m’en-foutiste et si sûr d’eux. On dit souvent qu’il est facile de supporter les meilleurs. Qu’il est facile de supporter une équipe qui gagne. Mais j’étais là lors de la déroute contre la Chine. J’étais là durant les rares défaites. Et j’ai passé ces moments dans le dur pour voir leur apogée en 2019.
L'apogée G2
Champion d’Europe. Champion du MSI. À nouveau champion d’Europe puis favoris des Mondiaux. Je ne jouais que très rarement au jeu. Cependant, je ne manquais jamais un de leur match. Jamais. Même dans la maladie, croupi au fond de mon lit avec trente-huit degré de fièvre, j’ai pu fêter leur victoire contre les triples champions du monde SKT T1. Puis les Worlds arrivèrent. Grands favoris, en route pour le Grand Chelem, ils jouaient leur jeu. Ils ont démoli Damwon Gaming, troisième équipe coréenne. Ils ont oblitéré encore une fois Faker et ses équipiers, le faisant trembler des mains alors que le match touchait son apothéose. Ce qu’il n’avait pas fait avant, ils l’ont accompli cette année. Et, comme toujours, j’étais là. J’étais là à beugler dans mon micro, devant mon téléphone alors qu’ils saluaient leur public.
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Une marche. Il y avait une seule marche qui les séparait de la coupe de l’Invocateur. Mais cette marche semblait infranchissable. Ils ont posé le genou face à l’adversité. 0-3 contre FPX. La déroute la plus totale. J’ai eu la haine. J’ai eu la rage. Je me sentais trahi. Tant trahi que je m’en retrouvais à pleurer devant mon écran alors que mes potes me vannaient. J’avais cette impression que, pour eux, c’était qu’un jeu. Pour moi, c’est la passion d’une vie. Ma passion. Ce qui me faisait vivre. Ceux qui me faisait vivre. Ils étaient si près de la coupe, si près de l’exploit. Presque roi mais si loin du niveau chinois. J’ai mis du temps à m’en remettre. La cicatrice n’a pas été complètement pansée, mais cela suffisait pour que je réussisse à en rire. Et je pense que c’est là que j’ai compris. Que j’ai compris ce que je voulais. Que j’étais bien nul sur les jeux, mais que j’avais un talent qui pourrait me faire vivre dans ce milieu. Adolescent perdu hier qui voulait devenir psychologue. Adolescent rêveur d’une carrière de journaliste e-sportif aujourd’hui. Demain, sur le plateau des Worlds, en train d’interviewer un joueur après qu’il ait soulevé la coupe.
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Je ne vais pas vous faire l’affront de vous décrire 2020. Vous connaissez l’histoire je pense. Confinement à cause de la Covid-19. Les audiences grimpent du côté de l’eSports, seule milieu peu impactée. League of Legendsaccueille de nouveaux joueurs et G2 continue d’enchaîner les victoires. De mon côté, j’ai passé mon confinement à suivre les diverses ligues que le globe me proposait. J’ai eu un nouvel ordinateur – celui sur lequel j’écris actuellement – qui faisait tourner League of Legends à 60 FPS. Enfin je pouvais rejouer à ce jeu que je regardais sans cesse depuis un an. Enfin je pouvais m’amuser à imiter les pros. J’avais beau être puant, je continuais à m’amuser sur le jeu. La Faille avait pris une place importante dans ma vie. J’en parlais sans cesse avec mes potes d’internet. J’y jouais avec eux, discutait de l’actualité Twitch avec eux, débattait autour des décisions douteuses de Riot Games, rigolait jusqu’à pas d’heure. Puis la période estivale se finissait sur une nouvelle victoire G2. Les cours reprennent après six mois sans instructions. Avec eux, le temps redevint chronophage. Mais fin de période estivale signifiait une chose : le retour des Mondiaux.
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Cette fois-ci, je ne vous décrirais rien de ces Mondiaux. Si vous êtes curieux, vous trouverez des replays de cette compétition de haute-voltige. Non, je vais plutôt m’intéresser à la communauté. Cette même communauté toxique que je fuie comme je l’admire. J’admire le travail de ces artistes qui poussent le jeu au-delà de ces frontières numériques. J’admire le travail de ces cosplayeurs qui font vivre mes persos favoris au travers de leur corps. J’admire le travail de ces streamers, prêts à subir la toxicité de la communauté pour nous proposer du contenue divertissant. Ça me tue de le dire, mais j’admire le travail de Riot Games. Imparfait, certes, mais qui font de leur mieux pour ajouter du contenue afin de ne pas nous lasser. Quatre ans que je vis dans cette communauté, et je ne me suis jamais senti aussi vivant que durant ces quatre ans. Ce n’est pas que grâce à ce jeu que je me porte mieux, mais il m’a aidé. Poussé à bout durant certains temps, mais aidé tout de même.
Et maintenant ?
Aujourd’hui, ça donne quoi ? Et bien, un intérêt pour la compétition française grâce à la Karmine Corp, de nouveaux joueurs qui s’amusent avec leur groupe de pote et moi qui vous écris. Le jeu a dix ans, et pourtant, il n’a jamais été aussi actif qu’en 2021. J’en constate les effets dans mon entourage. Plus personne ne peut jouer les aveugles, feindre son inexistence, parce qu’il est partout. Que ce soit le partenariat avec Louis Vuitton en 2019, les diverses musiques composées, les nombreux streamers qui s’y sont essayés, le jeu est omniprésent. Pour un initié, il est impossible de ne pas en avoir entendu parler. Et, si vous me connaissez, je pense que vous savez à quel point je peux être saoulant avec ce jeu. (Désolé par ailleurs)
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Dix ans. Le jeu a dix ans, et j’ai beau en avoir écumé que trois, j’ai l’impression d’avoir grandi avec. Si bien que je vous en parle à cœur ouvert. C’est le jeu dont je suis tombé amoureux. Malgré ses défauts, malgré son studio problématique, malgré les polémiques, je ne peux que l’aimer. Parce qu’il m’a redonné un second souffle. Parce qu’il m’offre un avenir que je n’aurais jamais imaginé. Parce qu’il m’offre une passion grâce à laquelle je vis. Beaucoup d’entre vous attendent sûrement mon article sur le rap – que je devais sortir initialement pour ce mois. Mais que voulez-vous ? Quand la passion est trop forte, je pense que je ne peux que céder…
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Un article très personnel, je vous le conçois. Mais j’avais vraiment envie une bonne fois pour toute de partager cet amour du jeu que je ressens jour après jour. Promis, l’article sur le rap sortira très prochainement :) Sur ce, c’était Ryry de Ry-reviews, pour vous servir !
Pour approfondir le sujet :
Vidéos :
https://www.youtube.com/channel/UCRGzD_7Qgdf7C_JCPk68RjQ
https://www.youtube.com/user/gbay99
https://www.youtube.com/channel/UCUbsiCjXynjpKU64L65Gu-A
https://www.youtube.com/channel/UC0RalGf69iYVBFteHInyJJg
https://www.youtube.com/watch?v=0D6E-BfGFiE&list=PL5aiD_mmsFohT_dlzLRV55P_sJJuIDILY
Source (À venir) :
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