A quelques jours du premier tour, le Palais de Tokyo se mobilise, avec le Quotidien de l'art, et invite artistes, intellectuels, professionnels du monde de la culture et associatif, ainsi que tous les amateurs d’art à produire "une pensée pour la culture".
Envoyez dès maintenant votre pensée à : [email protected]
“Ce serait la possibilité, encore et toujours, ici et partout, de découvrir, d'apprendre, et d'emmener sa petite sœur par la main dans cette aventure de l'émancipation.”
L’artiste d’hier à aujourd’hui est un guetteur de l’humain, de ce qui libère ou détruit l’homme. Par ses créations, l’artiste trouve dans le réel la faille qui permet de mieux voir, il réveille, car la vérité n’est pas dans ce que nous voyons mais dans ce qui fait que ce que nous voyons n’est pas toute la réalité. L’artiste interroge la beauté qui est secrète, ni un pur esthétisme, ni le miroir de nos désirs, mais le mystère. L’artiste dévoile ce mystère en rendant présente l’indicible plénitude, en faisant parler la chair humaine avec ses contradictions. La démarche des artistes servent la vérité en mettant au jour ce qui traverse la société. Avec eux, le non-dit devient parole.
Thierry de L’Epine, Conseiller de direction au Collège des Bernardins
Il me semble de la dernière urgence de rappeler cette belle idée, trop largement oubliée, de "communication" selon Bataille, pour qui l’art est "communication ou rien". N’oublions pas, donc, que, dans l’art et le rapport à l'art « l’idée de communication, qui implique la dualité, mieux la pluralité, de ceux qui communiquent, appelle, dans les limites d’une communication donnée, leur égalité. »(La littérature et le mal)
Éliane Chiron, Artiste et critique d'art, Professeure des universités émérite Paris 1 Panthéon-Sorbonne
La création est ouverte sur le monde. Elle est faite d’hybridations et de métissages. Elle soif de mouvement et de liberté. Elle est le ferment de la culture et l’acmé de la vie sociale.
Richard Conte, Artiste plasticien, Professeur des universités, Directeur de l’Institut ACTE, Paris1 / CNRS
Une chanson à écouter et faire écouter, tant qu’il est encore temps :
Je chante la France, Rocé
https://www.youtube.com/watch?v=ZhkbhpvAxBA
Les paroles :
Couplet 1 :
J'ai la Marseillaise sifflée et le drapeau sous les semelles
J'ai le regard crispé sur ce pays et ses querelles
Le regard débridé et le pelage blanchi, je bégaye
Presque sans plus d'accent, les mêmes problèmes qu'il y a des décennies
Pays des Droits de l'Homme ? Alors vivent les femmes et sauvages
Tués par des Hommes, eux-mêmes tuant leur propre image
Mais les chansons et les danses, de résistance
Dans leurs insultes intenses, embellissent et chantent la France
Mon père a combattu Vichy et collaboration
Expert en faux-papiers, sauve les victimes de trahison
Agir et résister quand la patrie perd la raison
Il offre l'humanité sans prendre l'accord du président
La clandestinité, à cause de ses appartenances
De ces combats menés, pour mettre justice dans la balance
La jeunesse, la santé, sont cloîtrées dans la résistance
Pas français pas d'récompenses, pas d'problèmes, il sauve la France
REFRAIN :
Le secret et la censure créent un long silence
Un silence qui couvre et qui étouffe les cris
Et les répliques aussi, et le pays nous dit :
Chante et chante et chante la France
Le secret et la censure créent un long silence
Un silence qui couvre et qui étouffe les cris
Et les répliques aussi, et le pays nous dit :
Chante et chante et chante la France
Couplet 2 :
La pensée de Négritude, aux écrits d'Aimé Césaire
La langue de Kateb Yacine dépassant celle de Molière
Installant dans les chaumières des mots révolutionnaires
Enrichissant une langue chère à nombreux damnés d'la terre
L'avancée d'Olympe de Gouges, dans une lutte sans récompense
Tous ces êtres dont la réplique remplaça un long silence
Tous ces esprits dont la fronde a embelli l'existence
Leur renommée planétaire aura servi à la France
Nos pays lointains sont loin, mais fiers comme une mère... patrie
Voyant son enfant parti mais qui jamais ne l'oublie
Qui défie l'intégration si d'amnésie il s'agit
Rentre dans la patrie si c'est pour en être grandi
Moi j'ai des pays cassés, ce ne sont pas des prothèses
Liés par parenté, je n'peux les mettre entre parenthèse
Et personne n'a à me dire le pied sur lequel je danse
Qu'elle m'accepte comme être multiple, et je chanterai la France
REFRAIN
Le secret et la censure créent un long silence
Un silence qui couvre et qui étouffe les cris
Et les répliques aussi, et le pays nous dit :
Chante et chante et chante la France
Le secret et la censure créent un long silence
Un silence qui couvre et qui étouffe les cris
Et les répliques aussi, et le pays nous dit :
Chante et chante et chante la France
Couplet 3:
Pays jalousé par tant d'autres, grâce à sa riche histoire
Mais à user le passé on récolte respect trop mince
Alors on duplique la grande Amérique et sa victoire
Et à force de copier on n'ressemble qu'à sa province
Et les ghettos s'agrandissent, s'appauvrissent, c'est romantique
Personne n'avait besoin de ça, la pauvreté à outrance
Quelle différence entre nous et le bougre outre atlantique
Allez savoir pourquoi c'est plus dur de... chanter la France
Je n'irai pas en guerre, je n'ai pas de terre comme fierté
Je n'ai pas de terroirs mais des hectares de citoyenneté
Qui peuvent aussi se défendre à main armée
A force d'être intégré on finira ongle incarné
Quitte à chanter quelque chose, je chantonne l'humanité
Tout en demandant à ce pays d'admettre que telle est sa chance
Et quand les portes restent closent il s'agit de s'impliquer
Car c'est de ses ecchymoses que peut se construire la France
REFRAIN
Le secret et la censure créent un long silence
Un silence qui couvre et qui étouffe les cris
Et les répliques aussi, et le pays nous dit :
Chante et chante et chante la France
Le secret et la censure créent un long silence
Un silence qui couvre et qui étouffe les cris
Et les répliques aussi, et le pays nous dit :
Chante et chante et chante la France
« La culture a un tel pouvoir que certains en ont peur, ils tentent de la soumettre mais elle est le phénix qui renaît encore et toujours et nous sauve de tout. »
Il dépend de celui qui passe
Que je sois tombe ou trésor
Que je parle ou me taise
Ceci ne tient qu'à toi
Ami n'entre pas sans désir
Paul Valéry, Musée de l’Homme, Trocadéro
Une pensée pour la culture ? Mais elle en exige dix, cent, mille, cent mille pensées, la culture ! La culture, c’est l’Absente, ces temps-ci, OK, on est d’accord. On n’en parle plus. Mais quand elle va revenir relever les compteurs, je peux te dire, ça va faire mal. Elle n’a pas seulement envie d’être pensée, la culture, elle a envie de parler. Elle a envie de danser, la culture. De sculpter, de filmer, de chanter, d’écrire, de transmettre la vie, quoi. Alors une pensée ? Non, cent mille pensées pour la culture ! Et cent mille mots. Car elle ne va pas se taire ! Non, elle n’est pas prête à se taire, la culture, et surtout pas devant la violence du monde.