Tumgik
zoeobdura · 5 months
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Hello Ivan. Je t'écris, parce que :
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Dans le jeu des 7 familles, et parmi les 9 options, c'était à toi que j'avais envie d'écrire ce soir. Est-ce que mon choix a été un tant soit peu dirigé par le fait que mon père me manque ? Pourtant, bien que vos échanges ces trente dernières années ont dû être assez restreints. Malgré tout, j'ai un respect indéfectible pour toi, touten sachant à quek Manon et Margaux ont souffert de tes absences repétées. Peut-être que je suis trop docile, mais j'ai l'impression que toi, au moins, tu as essayé (et j'entends Margaux et Manon rire très jaune à mes côtés). Alors que je m'obstine à imaginer tout ce que Papa n'a jamais dit
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zoeobdura · 6 months
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Alors dimanche, c'est la fête des pères.
C'est marrant, chaque fois j'y repense, à quel point tu te fichais de ces traditions, par contre t'aurais tiré la gueule si on avait oublié de t'appeler.
L'autre jour j'ai pleuré devant un concert de Sofia Ribeiro. Elle chantait une chanson qu'elle avait écrite aux 80 ans de son père. La certitude que ça ne nous arriverait jamais me faisait mal, de un parce que tu es mort et de deux parce qu'on aura jamais réglé les différends qui font que de telles déclarations d'Amour auraient été, et resteront à jamais, impossibles entre nous.
Je ne pleure presque plus. D'abord j'ai pas su pleurer, puis j'ai beaucoup pleuré et maintenant je ne pleure presque plus. Parfois, je raconte ta vie tragique et inspirante à des gens pas trop proches comme pour démystifier le secret. J'aime beaucoup dire du mal de toi aussi, c'est paradoxal. C'est comme une marque de respect de ne pas faire de toi un saint pour que les gens nous plaignent, un peu à l'image des séries américaines où quelqu'un décède et subitement tout le monde réalise à quel point c'était un être exceptionnel pour se faire mousser.
Non, tu n'étais pas vraiment quelqu'un de gentil ou bienveillant, en tout cas pas tout le temps et je dirais, pas souvent. T'en fais pas, je t'avais pardonné ça bien avant ta mort, avant-même la maladie. Et ça me mettait en colère quand on me disait de t'appeler ou venir te voir encore plus, tu sais, "pour ne pas regretter après", alors que mes messages tous les trois jours, qui restaient d'ailleurs souvent sans réponse, étaient la plus belle des preuves d'Amour. Je ne t'ai pas tourné le dos et me suis exposée à de nouvelles vexations chaque fois, parce que j'imagine qu'on aime quelqu'un pour - ou malgré - ce qu'il est et non pour le bien - ou le mal - qu'il nous procure.
Ce n'est pas vraiment ce qu'on s'attend à lire dans un hommage non ? Et pourtant, ça ne m'empêche pas d'être très triste. Triste parce qu'il y a des images que la maladie crée sur le corps des gens et qui ne s'oublient pas, parce que, ce qu'elle a de perfide et d'inacceptable c'est cette lente agonie sans sortie de secours. On t'avait donné deux mois, t'as tenu deux ans et demi.
Et nous. Nous, en face. A se coller au visage des yeux bienveillants, des yeux rassurants, parce que la bouche n'a souvent plus rien d'heureux à répondre. Alors quand les yeux sourient c'est le coeur qui pleure. Alors vraiment, s'infliger ça, n'est-ce pas là une preuve d'Amour ? Oh, ne t'en fais pas, je n'ai jamais eu pitié de toi. Parce que même avec 50kg de moins et des ceintures trop petites, tes yeux ont continué de dire merde à tout le monde, alors on aime ou on aime pas, mais tu es clairement resté toi. Ce n'est que le tout dernier jour que tes yeux se sont mis à sourire. Ce jour-là, tu m'as fait un clin d'oeil auquel je n'avais pas souvent eu droit mais seulement dans les moments clés. C'est ce que je retiendrai.
Blaze
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zoeobdura · 6 months
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La maison s'appelait la grenouillère.
Normal, d'avril à septembre on entendait les cris d'amour d'un millions de batraciens - au moins - qui s'adonnaient à ces plaisirs que les humains simulent si souvent.
La maison était construite sur une pente. Vu de l'extérieur, on distinguait trois pièces de troglodytes dont l'une ressemblait à une soucoupe volente. La légende dit qu'à l'époque, on pouvait ouvrir le toit de la soucoupe et manger à l'air libre dans cette salle à manger ronde si atypique où tous les meubles traditionnels juraient et semblaient posés là par erreur. Parmi eux : un ancien buffet cassé, transformé en meubles à jeu de sociétés adapté à la famille de deux adultes et quatre enfants que nous formions. Un autre meuble blanc récupéré d'une succession quelconque dans lesquels trônaient royalement tous ces ustensiles, outils et objets empoussiérés qu'on ne savait pas où ranger. Enfin, sur l'appui de fenêtre, quelques figurines de magistrats et d'avocats, cadeau classique à offrir aux jeunes avocats des années 80 et, juste à côté, semblant illustrer le surréalisme belge, d'autres figurines de jazzmen : un trio formé d'un pianiste, un batteur et un contrebassiste. Et, pour parfaire l'absurdité de l'ensemble, un canard qui aurait mangé tous ces personnages haut la main vu son diamètre, autre héritage d'une manie de la grand-mère que je n'ai pas connue pour cet animal.
Il faut dire qu'il y avait aussi les baffles reliés à la chaîne stéréo du salon, parce que la musique avait sa place dans la famille. Entre les disques de jazz qui agrémentaient les soirées mondaines, les compils de rap gravées et gueutées d'un nom illisible de Colin, qui sautaient un morceau sur deux, les disques pop de Britney, Gwen ou Alicia sur lesquels Candice et moi inventions des chorés auxquelles les adultes faisaient semblant de s'intéresser dans les années 2000-2010, et enfin, et surtout, les disques américains de chansons de Noël qui ne restaient jamais bien loin de l'appareil pour être tout prêts à la période adaptée.
Dans le salon : quelques reliques du papa disparu : un jeu de scrabble aux lettres plaquées or, un spot digne des plateaux de cinéma Hollywoodien et, sur l'armoire dite "le bar" bien que dénuée depuis longtemps de tout alcool mais remplie de verres qu'on n'utilise jamais, un écran plasma qui traînera surement là jusqu'à la nuit des temps. Parmi le mobilier de base, un piano à queue de l'Arts-Ô-bases comme symbole de la jeunesse de Laurence et des écarts de Maman, des canapés marqués par le temps et, par endroit aussi, par mes frasques nocturnes. Une table basse en marbre du meilleur goût. Une bibliothèque ronde aux allures de la Belle et la Bête où Maman lit des livres à Ounayssa.
Envoyer valser la Mort - dans le décor.
Pour y accéder ? Deux entrées : l'une où chaque marche vous offre une discothèque triée, classée, choisie, derniers vestiges de l'époque où les ordinateurs et même les gens possédaient encore de quoi lire des disques. L'autre souvent bordée de bougies avec la vision élégante d'un tableau côté d'une digue de la mer du nord, en dessous duquel on peut voir une désserte en verre, cassée par on ne sait qui lors d'on ne sait quelle nuit agitée. Trois étages, beaucoup de souvenirs de voyage, de cadeaux de mariage et une boîte à cigares.
Dans l'inventaire du salon, il manque la horde de vinyles et le "parc". Dieu sait depuis quand il encercle des enfants pour que les Grands puissent discuter, mais la couleur délavée des dessins sur ses parois de plastique semble jurer qu'il ne date pas d'hier.
Ici, tout est choisi. Tout nous expose, tout est un titre de noblesse que s'est donné une famille simple à travers la culture, la sensibilité à l'Art. La Grenouillère est devenue une fourmilière ou un cabinet de curiosités. Qui anime bien peu de curiosité... Mais la mienne se questionne encore : d'où vient ce tableau entre la bibliothèque et l'escalier de gauche et que représente-t-il ? On dirait un amas de maisons sur lesquelles on veut construire un deuxième étage, dans le ciel, léger et insensé, et bien pour moi ça a du sens.
Le jardin n'est pas rangé ni tondu - pourtant mon grand-père avait DEUX tondeuses! - et franchement, il s'en est fallu de peu qu'en 2023 on n'y retrouve pas encore un tricycle en décomposition que même ma soeur et moi, dernières nées de la familles, ne sommes plus aptes à utiliser depuis 1998. Les restes d'un potager d'un mètre carré construit par mon frère et moi pendant le confinement - comme tout le monde.
Dans ma famille, on laisserait bien tout mourir. Ma mère n'était pas une bonne mère au foyer, Dieu Merci, et mon père ne comblait pas ce manque car il ne connaissait rien au Foyer, trop traumatisé par le couple âgé et bien pensant qui l'avait adopté au début des années 60.
Ici, rien qui ferait bon genre dans les émissions d'RTL, des lasnois peu ordinaires, mais une histoire unique en son genre dont je me sens Enfin faire partie.
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zoeobdura · 1 year
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Sauvez-moi.
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zoeobdura · 1 year
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Du deuil
Pendant un temps j'ai pensé que pleurer et parler ferait du bien. Maintenant je sais que rien n'aide. Que le vide ne se comble pas et la colère non plus. Que l'absence donne l'impression de vivre dans un monde absurde. Tout n'a pas de sens, ni justice. On décide de penser à autre chose autant qu'on peut. De faire bonne figure parce qu'on préfère être courageux que pénible. Mais c'est très pénible d'être courageux. J'ai appris à vivre comme ça mais serai-je capable d'affronter les prochaines pertes, les prochains échecs, les déceptions ? Je vis seule pour ne pas m'exposer à un abandon.
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zoeobdura · 1 year
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Visage
Quand j'étudiais la pub, on m'a appris que les pupilles des mannequins sur les affiches étaient toujours travaillées pour paraître plus grandes. Parce que quand quelqu'un vous porte de l'intérêt et vous écoute, ses pupilles se dilatent : c'est un confort inconscient.
Un jour, j'ai vu une émission qui s'appelle "qui singe qui?", qui cherchait à connaître la mutation des stimates de nos ancêtres sur les humains. Ils y expliquaient qu'une femme fertile a les joues roses et que ça attire les mâles, d'où la présence du blush, ou fard à joues rose pour les moins adeptes d'entre nous, dans notre palette de maquillage.
Quand j'avais seize ans, j'ai essayé de redessiner le visage de mon ancien amoureux dans mon carnet. Au-delà de mes piètres capacités dans la matière, je ne parvenais pas en fermant les yeux à me rappeler de son visage. Parce qu'il en avait un quand il s'énervait, et un autre quand il m'aimait. Et je crois surtout que ce que ma tête avait le mieux retenu et le plus aimé de lui, c'était son âme.
Mon père a eu plusieurs visages ; le premier très rond et rougeâtre, à l'image du reste de son corps, à des périodes où le vin et le whisky avait pris le dessus sur le reste. L'autre creusé et blême, à l'image du dernier que je lui ai connu.
Il paraît que la mode des selfies est dûe au fait qu'on a l'habitude de se voir avec le visage inversé dans le miroir et qu'on est plus confortable avec cette vision de nous que l'on trouve plus belle, plus harmonieuse. Ce qui explique que les autres nous trouvent souvent beaux sur des photos qu'on déteste de nous-même : ils sont familiers avec notre image réelle, et nous, avec notre reflet.
Qu'est-ce qui fait l'harmonie d'un visage ? Mes standards de beauté ont changé avec le temps, mais nous semblons tous assez d'accord sur la beauté évidente de certaines personnes, quand bien même leurs lèvres seraient trop fines, leurs dents peu conformes, leur front plus grand, leur nez légèrement dévié.
Je suis assez angoissée à l'idée que le monde entier me voit sous une forme que je ne connaîtrai jamais. Ni le miroir, ni les photos ne me permettront jamais de savoir ce qui prévaut dans mon apparence aux autres.
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zoeobdura · 1 year
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Je n'arrive plus à pleurer.
Avant je courais après ces émotions, maintenant je n'arrive plus à les atteindre. J'ai envie d'aller acheter une bière en pensant qu'elle m'aidera à pleurer, c'est débile. Mais je vais quand-même le faire.
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zoeobdura · 1 year
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J'essaie de me parler à moi-même. Parce que je ne veux pas être l'esclave de mes pulsions ; je sais exactement ce que j'ai à faire et pour quelle raison tout ça est une mauvaise idée. Est-ce que j'ai le droit de mettre mon égo de merde au-dessus de l'équilibre d'un couple ? De la vie d'un enfant ?
C'est super, tu lui plais et tu le sais. Arrête-toi là. Ne deviens pas la méchante, ne deviens pas le tabou, ne deviens pas le problème. Le faire c'est juste faire exister la réalité que ça ne valait pas le coup. Je veux être un "Et si" et pas un "j'aurais pas dû". La vie est ce qu'elle est, les choix sont faits. Tu trouveras un mec pour qui tu n'es ni un fantasme, ni une option. Et encore moins le deuxième choix. Tu as travaillé tellement dur pour t'aimer autant, pour ne pas avoir besoin du regard d'un Homme pour te sentir Valable. Ne tombe pas dans ce vice facile, celui qui veut que ton Ego ait sans cesse besoin d'être nourri par le regard de l'Autre. Ton Ego est nourri ; il en a eu envie, il en a envie. Ne cherche pas à vérifier constamment que c'est toujours le cas. C'est le cas. Prouve-toi que tu vaux mieux que ça, et résiste.
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zoeobdura · 1 year
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Ton héritage
Si tu aimes les soirs de pluie Mon enfant, mon enfant Les ruelles de l'Italie
Mon père adorait l'Italie. Dans le hall de ma maison familiale, il trône encore l'affiche du croquis du dôme de Brunelleschi à Florence ; ce même plan que mon âme de nostalgique invétérée n'a pas pu s'empêcher de racheter en petit format lors de mon dernier voyage. L'Italie, c'était aussi son dernier voyage avec mon frère au mois de juillet qui a précédé sa mort le 8 août 2021. Il aimait faire semblant de savoir parler l'italien. Il a visité Florence au moins 4 fois, et j'aurais aimé savoir s'il l'avait vue pendant ses vadrouilles adolescentes dont je ne sais rien. Son plat phare, c'était les spaghettis bolognese, bien loin de la recette traditionnelle, mais nos restaurants habituels étaient aussi des restaurants italiens : d'abord chez Rino en face de la gare de Braine l'Alleud, où nous allions presque toutes les semaines, si bien qu'il y serrait la main de Jean-Pierre, le serveur principal aux longues moustaches à la Georges Brassens. Ce qu'il m'en reste ce sont ces fresques cliché, les sucettes, le sel qu'on mangeait au doigt avec ma soeur Candice et surtout, très impressionnant, les cuvettes plastifiées auto-nettoyantes qui ne manquaient pas d'animer nos visites. Ensuite, la Bruschetteria au Vivier d'Oie à Uccle où je mangeais toujours un Tartuffo et Candice des profiteroles. Ensuite, la Rucola, théâtre de disputes mais aussi de cette annonce incroyable le jour où il a décidé de quitter ma belle-mère pour Isabelle, pensant que je n'aurais pas deviné. C'était déjà le début de la fin. Le temps est passé si vite ensuite.
Et les pas des passants L'éternelle litanie Des feuilles mortes dans le vent
"Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, Les souvenirs et les regrets aussi" Prévert
Qui poussent un dernier cri Crie, mon enfant
Si tu aimes les éclaircies Mon enfant, mon enfant Prendre un bain de minuit Dans le grand océan
Tous ces bains de minuit à St-Idesbald où on se sentait vivre tout en prenant froid. Station théâtre aussi des derniers moments difficiles, particulièrement cette visite pendant sa quarantaine dont j'ai mis beaucoup de temps à me remettre pour peu que je m'en sois remise. J'avais de moi-même proposé d'aller le voir, après il avait, comme à son habitude, voulu choisir le moment et la manière au moyen d'une culpabilisation aussi dure qu'habituelle. Après 4 heures, j'avais voulu partir et il m'avait lancé un "comme tu veux, si tu préfères aller voir tes amies..." qui m'avait fait pleurer au coucher de soleil pendant très longtemps dans les dunes, le rosé qu'il m'avait donné n'ayant évidemment pas aidé.
Si tu aimes la mauvaise vie
La mauvaise vie. Le manque de sommeil. L'abus d'alcool. La noirceur. La solitude. Ton reflet dans l'étang Si tu veux tes amis Près de toi, tout le temps
Si tu pries quand la nuit tombe Mon enfant, mon enfant Si tu ne fleuris pas les tombes Mais chéris les absents
Il ne me reste rien de mon père. J'ai vu ses poussières s'envoler dans un instant gênant. Même si je me souviens plus de ces quelques heures durant lesquelles je m'efforçais de ne pas penser à son corps frêle en train de brûler de façon si impersonnelle dans un four qui me faisait juste penser à une fosse commune. Finalement, c'est troublant qu'il ne soit nulle part et en même temps, ça m'évite la culpabilité de ne pas prendre soin de sa sépulture et puisqu'il n'est nulle part, il est partout.
Si tu as peur de la bombe Et du ciel trop grand
Il était dans le contrôle. La peur constante d'une parole ou d'un événement qui le sortirait de son orchestre. J'ai vu parfois son regard déstabilisé. Notamment la fois où j'ai pété un câble après l'enterrement de mon grand-père, ou la fois où j'ai fait allusion à son dentier. Ou la fois où nous avons crié "mais papa t'es fou?" un jour en voiture en pleine conférence téléphonique (les classiques) parce qu'il venait de manquer un piéton. Ou encore la fois où un "j'ai oublié mes lunettes chez toi" m'a échappé lors d'un dimanche chez mes grands-parents alors que personne ne devait savoir que mes parents ne vivaient plus ensemble.
Si tu parles à ton ombre De temps en temps
Si tu aimes la marée basse Mon enfant, mon enfant Le soleil sur la terrasse Et la lune sous l'auvent
La lune sous l'auvent me fait penser aux nuits du confinement où après un pseudo apéro-pictionnary online avec mes amies, j'avais continué à boire les Chouffe les plus fortes que j'avais pu acheter pour finir saoule à fumer cigarette sur cigarette en écrivant des chansons sur la terrasse. Si l'on perd souvent ta trace Dès qu'arrive le printemps Si la vie te dépasse Passe, mon enfant
Ça n'est pas ta faute C'est ton héritage Et ce sera pire encore Quand tu auras mon âge Ça n'est pas ta faute C'est ta chair, ton sang Il va falloir faire avec Ou, plutôt sans
Plutôt sans parce qu'on ne voit que ce qu'on garde de tristesse, de frustration et de rancoeur une fois que l'être aimé est parti.
Si tu oublies les prénoms Les adresses et les âges Mais presque jamais le son D'une voix, un visage
Ma mémoire est si sélective : j'oublie des indispensables mais je me rappelle de tellement d'infos inutiles et mes sens me dictent plus que le bon sens. Si tu aimes ce qui est bon Si tu vois des mirages
Mon père n'écoutait pas souvent quand on lui parlait : il était comme son père, il posait des questions dont il n'écoutait pas la réponse. Souvent, il renfrognait son visage en y passant sa main comme quelqu'un qui se rappelle tout à coup de quelque chose qu'il a oublié ou d'une bêtise qu'il a faite, comme si une douleur le traversait. C'est ce que j'entends dans "si tu vois des mirages": ces images qu'on voudrait oublier mais qui nous traversent avec fulgurance au mauvais moment.
Si tu préfères Paris Quand vient l'orage
Pour mon père, Paris c'était l'orage.
Si tu aimes les goûts amers Et les hivers tout blancs Si tu aimes les derniers verres Et les mystères troublants
J'aimerais dire que mon père ne m'a pas donné le goût de l'alcool, mais il m'a donné le goût de la fête et n'a jamais diabolisé l'abus, à juste titre puisqu'il était le champion toute catégorie. Même si je ne l'ai que rarement vu tituber sous ses effets. Au restaurant, c'étaient de multiples bouteilles. En vacances, pire encore. Quant aux mystères troublants, ils représentent bien toutes les questions qui entourent les dernières découvertes à son sujet dont on a décidé collégialement de ne rien faire avec mes frères et soeurs.
Si tu aimes sentir la terre Et jaillir le volcan Si tu as peur du vide Vide, mon enfant
Mes cauchemars sont récurrents : je m'y vois, courir indéfiniment pour éviter des malfaiteurs qui me poursuivent à travers les toits de mon quartier d'Uccle, jusqu'au moment où je n'ai plus d'autre option que de sauter pour les éviter. Et je le fais, sachant qu'il n'y a aucune issue positive à ce choix. Le Vide.
Ça n'est pas ta faute C'est ton héritage Et ce sera pire encore Quand tu auras mon âge Ça n'est pas ta faute C'est ta chair, ton sang Il va falloir faire avec Ou, plutôt sans
Si tu aimes partir avant Mon enfant, mon enfant Avant que l'autre s'éveille Avant qu'il te laisse en plan
Je fuis toute relation sentimentale susceptible de marcher. C'est tellement plus confortable d'éviter la douleur que d'y croire en prenant le risque d'être déçu. Si tu as peur du sommeil Et que passe le temps Si tu aimes l'automne vermeil Merveille, rouge sang
Si tu as peur de la foule Mais supportes les gens Si tes idéaux s'écroulent Le soir de tes vingt ans
Si tes idéaux s'écroulent... Cette phrase qui plus que toute autre fait écho à l'histoire de mon père.
Et si rien ne se déroule Jamais comme dans tes plans
Les échecs amoureux, familiaux, la santé, toutes ces déconvenues.
Si tu n'es qu'une pierre qui roule Roule, mon enfant
Ça n'est pas ta faute C'est ton héritage Et ce sera pire encore Quand tu auras mon âge Ça n'est pas ta faute C'est ta chair, ton sang Il va falloir faire avec Ou, plutôt sans
Mon enfant
Mon père.
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zoeobdura · 1 year
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ZigZag
J'attendais le morceau suivant ; c'était "vivant". J'ai mis pause. Aussi violente que je puisse être avec mes touches, savoir ce que je vais dire prend toujours plus de temps. Comme un Laïus, être assertif sur la forme et pas sur le fond ( je viens à l'occasion de découvrir qu'on disait assertif et pas acertif. Alors que le sens de l'adjectif "Acer" avait tout son sens, mais bref). Ca sera ce morceau-là qui a tellement changé ma vie.
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zoeobdura · 1 year
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“I swear that when our lips touch, I can taste the next 60 years of my life.”
— Rudy Francisco
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zoeobdura · 2 years
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zoeobdura · 2 years
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Harold and Maude (1971) dir. Hal Ashby
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zoeobdura · 3 years
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Ces petits riens
Mais vous, vous n'avez rien dans le cœur et, j'avoue
Je vous envie, je vous en veux beaucoup
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zoeobdura · 3 years
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zoeobdura · 3 years
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Boom! 
Eruption Volcán Calbuco 2015, Puerto Montt, Los Lagos, Chile. 
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zoeobdura · 3 years
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Jean Marais in the «Orphée» by Jean Cocteau. 1950
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