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#steven oliver poulin
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Septième partie | 24 juin 2019
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Doux souvenirs de Crète
L’île offre tant la montagne que la mer. D’un côté, des routes impossibles, tantôt escarpées, tantôt affaissées, envahies d’immenses troupeaux de moutons, de chauffards crétois roulant et dépassant à toute vitesse, ou de tout ça à la fois. Monter et descendre des côtes vertigineuses et évidemment non-clôturées, ça se présentait à moi comme l’occasion idéale pour apprendre à conduire une voiture manuelle. Miraculeusement, ma copine et moi nous en sommes sortis indemnes. Mon niveau de stress atteignait presque à certains moments ce que j’ai connu ce soir pendant mes premières présences au bâton. Quelle grâce d’avoir des coéquipiers usant du frein côté passager, avec bienveillance et tact, en bons instructeurs de conduite (lire : amis).
Planifier un tant soit peu nos excursions était chose hasardeuse. Tant de lieux à visiter pour si peu de temps, mais surtout un temps de conduite qui, ne dépendant pas uniquement du kilométrage, s’avérait inévitablement plus long que prévu. Nos débuts de journées consistaient en des courses sans queue ni tête, à essayer de suivre sur la route les indications trop peu précises ou tout simplement manquantes pour des lieux n’en valant pas toujours la peine. Nous devions alors rattraper le temps perdu en roulant à toute allure, le voyage de plaisance de la matinée se transformant en froid transit de fin de journée, nos déplacements devenus beaucoup trop efficaces. Parallèle à faire peut-être avec ce match, où, jusqu’à la 4e manche, si peu de points furent produits et rien ne fonctionna, le tout contrastant avec une fin de match où les offensives martriennes de 5 points s’enchaînèrent pour aboutir à une accélération inouïe de 12 points en fin de course. Pendant ce temps, le LFCD, tel un troupeau de moutons bêlant de terreur que l’on surprend au sortir d’un virage en épingle, peinait à trouver le moyen de sauver sa peau…
Ah ! Je revois les plages de sable fin, caressées sans cesse par le doux ressac des vagues, la chaude brise méditerranéenne et la fraîche odeur de l’air salin, les phares pointant au loin comme des buts délimitant un diamant qu’on n’espère même pas au paradis – bien loin de ce que l’on connaît au Parc Laurier, où les sauciers Stevens et Ruiz font lever l’importante poussière du terrain à la moindre voltige.
Je revois les monastères orthodoxes, pour la plupart encore habités par des communautés sortant d’une époque révolue depuis longtemps, écartée par les siècles pressés, d’où j’entends encore l’écho des prières de ces moines, psalmodiées par maintes voix graves et puissantes, harmonisées par des siècles de dévotion, éclatant d’une magnificence et d’une grandeur dignes des plus belles performances au bâton de la RMR, par la grâce et l’aisance du geste d’abord, puis par l’éclat de la frappe, le maintien de la ligne de trajectoire déchirant le ciel aussi dramatiquement que le dernier Notre-Père d’une vie – du talent énorme de ces nombreux artistes de la ligue : Bart et Mélina pour leurs circuits intérieurs, Thibilodeau pour ses trois triples, etc.
Je revois les moines, leur vie sobre et oubliée aux sommets des montagnes, l’abnégation entendue d’hommes dont le sacrifice de soi ne sera peut-être jamais entendu, comme je le constate ici aussi alors que mon frère La Manna (Ω – je me souviens) et moi-même sommes retirés en permettant à nos coéquipiers placés sur les buts de rentrer à la maison sans que ce geste d’altruisme ne soit plus reconnu sur l’autel des statistiques…
Fait étonnant, on retrouvait en ces lieux sacrés bon nombre d’enfants de tous âges. La rumeur propagée par d’autres visiteurs voulait que les jeunes Crétois soient aujourd’hui tout-à-fait encouragés à explorer librement leur propre cheminement de foi. Je ne suis pas sans espérer cette même liberté pour une enfant comme Adèle, aux prises avec un père la brainwashant de son perfide esprit Martre.
Je revois les ruines du palais de Knossos, site occupé depuis 7000 av. J.-C., où s’exerçaient autrefois déjà plusieurs disciplines sportives, dont la tauromachie (La Manna nous en aura fait une démonstration contemporaine en sautant par-dessus Stevens, gagnant ainsi le 2e but), le lancer du javelot (qui n’est rien à côté des performances de relais de balle d’aujourd’hui, i.e. celles de Ruiz, puis plus tard de Berthiaume, lançant à Mélina pour des retraits au marbre époustouflants).
Je revois cependant les touristes, omniprésents sur l’île, occupant paresseusement 24h/24 le coin de plage donnant sur leurs hôtels, unilatéralement accoutrés de chemises fleuries (Bart et Jim, en revenez-vous aussi ?!) Ils exaspéraient bien par leur lenteur les Crétois, tant sur la route qu’en boutique. Au final, ils allaient presque tout aussi nonchalamment qu’un Gaudette prenant tout son temps (mais surtout celui des autres) pour revenir tranquillement au jeu après être allé aux toilettes…
D’ailleurs, difficile constat que de voir s’installer dans quelque petit village isolé, animé auparavant que par des activités traditionnelles, quantité d’Anglais venus y bâtir une (autre) résidence secondaire et y imposer leur mode de vie. Un choc de cultures au moins aussi douloureux que ce qu’ont pu ressentir Poulin et Gauliard en se fonçant l’un dans l’autre par manque de communication au champ...
Mais je revois aussi le service impeccable dans les restaurants, les serveurs travaillant tels de prompts joueurs gagnant leur position au champ et attendant qu’enfin le joue-balle s’entende (du côté des Martres, du moins Bouchard, Ruiz et Lalande-Gauthier).
Là-bas, on s’habitue facilement aux repas légers, essentiellement végétariens, où revenaient fromages de chèvre, olives, tomates et autres légumes du jardin. Pour une transition progressive, je remercie donc Brouard d’avoir offert, quoique involontairement, une sélection partagée également entre saucisses à la viande et saucisses végétariennes.
Enfin, j’ai encore en bouche le goût du miel de thym et de quantité d’autres fleurs, des liqueurs apéritives et des fruits que l’on cueillait aux abords des routes, tous presque aussi doux et douces que les regards, mots et accolades de mes amis enfin retrouvés au parc Laurier.
Retour en terre montréalaise *Ass-Kissing alert*
Je redoutais le très-classique temps humide et chaud à mon retour, ou, au contraire, la pluie qui n’en finit plus, une météo-loterie qui mouille le fond d’culotte en vélo et qui imbibe les nuits de sueurs. Je me blasais d’avance des rues trop connues, des quadrilatères des fois sales, gris et dangereux. Présages d’un été qui sera sûrement vécu à la presse, à la course, s’oubliant trop facilement, dont je ne saurais profiter mais que je subirais plutôt. Et pourtant. L’oasis est tout près, je le sais. Le bonheur se glisse ici entre deux obligations, deux responsabilités et finit par nourrir celles-ci. Les lundis 18h, il y a le sport, les allégeances, toutes nos conneries, et à travers ça, surtout, la rencontre de personnes tellement aimables. L’été à Montréal est meilleur grâce à vous. Merci.
– Jean-René-Charles-Denis « Big-Tip, ze jedi » Dion-Boudreault-Angélil
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