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apresleneant-blog · 7 years
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Chichkine, Premières neiges.
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apresleneant-blog · 7 years
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Le creux de la vague
Le creux de la vague
Porte un navire incertain
Qui se change en vin
Chancelle ce qu'il drague
Dans ses filets miteux
Quand la réfraction vous submerge
Le soleil en flamberge
Vous transperce des cieux
Puis au dessus des flots,
De bien manger, bien boire,
Bien dormir et s'asseoir
Vous croyez un peu tôt
À la fin des tempêtes
Serrez fort le timon !
Sa mémoire dans le limon
Guide celui qui s'entête
De l'un à l'autre nous voguons
Et les houblons euphoriques
Que la coque pratique
Harmonisent nos mouvements pendant que nous tanguons
La passiflore que je défeuille
Et les racines qu'ils écrasent
Semblables
Sur l'âtre ensemble s'embrase
Affables
Et porte loin le deuil
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apresleneant-blog · 7 years
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apresleneant-blog · 7 years
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Sonnet “Chère enfance”
Voici le sang des fleurs, elles se lèvent, embryons
Qui recherchent pleines d'or la douceur des rayons
Lui, éclot sous le vague et remplit de regrets
Franchira la montagne mais seulement par degré
Le navire est si lourd et la coque est amer
Il dort et il s'éveille, éclats d'écume de mer
Effrayé des regards que la vigie n’apercevait
Plus ; aux longs mois brumeux qu'il passait à rêver.
Échancrures reposantes sur lesquels fut construit
Chacune des pièces de bois, de fer et d'argent pur
Vous avez grisé ses fuites et d'ivresse et de pluie
Dans l'océan déchaîné ou le malheur luit
Il se souvient, las, de votre bienveillante nature
Où il pouvait dormir sans bruit toute la nuit.
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apresleneant-blog · 7 years
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Scène splendide.
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Tom à la ferme.
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apresleneant-blog · 7 years
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C'était une journée comme les autres. Je ne connaissais pas le doute, et mes rêves avaient des démarches assurées, des certitudes malsaines qui transforment le monde en une simplicité jouissive et pleine. J'aimais saisir et ressentir les joies artificielles sans me poser de question. S'il faut vivre, soyons heureux : « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse »
J'avais donc esquissé, d'un trait facile et candide, une destinée. Le tableau factice mais constamment renforcé par mes expériences d'une revanche à prendre sur une enfance chaotique.
Tout cela serait d'une simplicité confondante. Je prendrais, chaque jour, les batailles une par une. « Les sceptiques seront confondus ».
Chaque nouveau territoire avait une saveur formidable, une couleur transcendante, les mots un sens de toute éternité, une résonance qui vient des plus profonds terrain de ma courte existence. Je trouvais en eux le reflet de mes pensées de toujours. Moi, l'enfant de rien, je découvrais que j'avais depuis longtemps des réflexions dont j'ignorais l'éternité et parfois, la pertinence. C'était chaque jour la consécration de ce que je ne croyais être que dans mes espoirs les plus anciens mais dont je pensais que ne serais jamais qu’un ersatz. Je me prenais à croire que je pouvais réaliser bien plus que de simples chansons de seize mesures que l’on rappe à quinze ans. J’avais peut-être du talent, peut-être un don pour quelque chose. Et l’écologie d’une famille et d’un microcosme m’apporterait des apparences de confirmation que j’embrasserais à pleine dent, même s’il fallait alors voir quelques unes se briser dans cette entreprise aux allures fanatiques. Chaque jour, le transformation des songes d'une enfance devenant le réel d'un jeune homme, chaque jour des constructions nouvelles et des récompenses réitérant les raisons de croire. Avec toute l’ingénuité que cela implique. Baigné dans la ferveur de ce vieux monde sublimé dans le nouveau, je n'avais qu'à mettre un pied devant l'autre dans le plus simple chemin qu’il est possible d’imaginer. Je ne connaissais pas la musique, et en la découvrant je me rêvais déjà mélomane. Je ne connaissais pas le cinéma, pourtant, parlant de lui je me voulais déjà l'amant de ces plans séquences époustouflants dont j'apprenais à parler sans même les connaître. Ils étaient bluffés, j'étais heureux de penser que je pouvais être celui que je voulais, en projetant, tel un kaléidoscope, des images fluctuantes néanmoins enchanteresses.
La photographie de mes ressentiments étaient ancrée en moi, enfouie sous des décombres, c'était un moteur terrible, formidable. Sa puissance n'avait d'égal que ma rancœur. Je l'avais sublimé. Il suffisait que je commence à écrire, que je commence à lire, pour que l'on me félicite. J'ai rejeté dès lors tout ce qui avait auparavant fait de ma vie une absence de conscience de cette existence grandiloquente que je séduisais et qui me séduisait. J’avais pour moi un amour formidable. À l'époque, je n'avais même pas conscience que cet ego était une force. Je viendrais plus tard à penser qu'il fallait se débarrasser de lui pour accéder à des paliers supérieurs. Dans les escaliers, glissant, ayant rejeté ce qui faisait ma force, je me suis retrouvé nu et empêché de marcher. Nous en reparlerons.
J'ai parcouru deux ans d'une vie sans la moindre question. Sans troubles, sans nuisances. Tout n'était que le défilé bien ordonné d'un schéma qui devait se réaliser et qui avait effectivement lieu. J'étais un élève moyen. Je devenais un étudiant apte à réussir, quelquefois avec succès, quand il s'en donne les moyens, le tout dans une classe préparatoire aux grandes écoles. J’ignorais tout de ces classes. Seulement, en les découvrant, on m’en vantait les mérites et la valeur, je devenais une nouvelle transcription de moi-même, et ma confiance gonflait. Quand j’y repense aujourd’hui, c’était une force que je n’aurai pas du refouler si violemment. Des domaines me passionnaient : à force de travail je finissais pas les dompter, ils finissaient par me céder. Je ne me posais pas la question du temps, j'avais pour moi cette confiance qui n'a rien d'absurde et que j'écris pour la chercher à nouveau. « Pour le génie, il suffit d'y croire ».
Je n'avais pas vraiment connu l'échec. Jusqu'ici, j'avais pour moi la force d'être un arriviste qui fait bonne chute. La douleur, je l'avais vaincu. Les quolibets, les moqueries, je les avais tordus, car aussi solide que soit le moins ductile des métaux, on peut toujours le faire plier par la force de la volonté. J’avais oublié cette réalité des faits. C'était pourtant alors ce que m'avait prouvé mon expérience. Depuis ma vie s'est disloqué, et c'est ici que vient l’ouvrage de mettre sur le papier la nécessaire tâche de reconstruire mes souvenirs, mon parcours et de comprendre comment ce jeune adolescent est devenu ce jeune homme dont l'espoir est brisé et qui n'a plus de convictions, de croyances de capacité à redémarrer dans l’échec. Même l'absurde me semble d'une platitude extrême. Je repense à Camus. Je n'ai pas d'espoir, je ne crois pas non plus être désespéré. J'ai conscience du peu de sens de l'enchaînement des événements, de leur injustice profonde, de l’iniquité de ce monde. Pourtant, j'ai cessé de combattre, quand, petit à petit, j'ai commencé à prendre conscience de certaines de mes failles. Elle m’apparurent terrifiantes, et je me trouvais digne de peu d’intérêt à force de chuter. J'ai perdu des batailles. De mes errances, j'ai fais des fixations. Elles sont devenus des raisons d'avoir honte de la totalité de mes réussites. Dans la nuit, vers cette vie que je construisais et que j'essaye de rebâtir aujourd'hui sur ces fondements nouveaux, j’ai perdu toute confiance et j’ai bien du mal à être fier de mes gloires passées. Pourtant, ce n’est pas de trop que de dire : j’ai réussis de belles conquêtes. Et le dire aujourd’hui, dans un temps où je suis tant dévalorisé, à une valeur primale. L'odeur des corps me manquent, la tendresse d'une âme attentive plus que tout le reste. Mais quand on ne s'aime plus soi-même, on ne peut rien obtenir de l'amour d'autrui. Je dois retenir cette petite sentence : “Chacun de nous est plus important que ce que nous sommes ensemble.”
Il n'existe pas de problème pour celui qui croit en toutes les solutions, au chant de la victoire qui se dresse et se débat dans une danse espiègle. Cette transcendance a disparu et je suis de retour dans des tourbillons de poussières vagues et anciens.
Toutes ces découvertes étaient le sel de ma vie. J'avais trouvé une place où combler par des projections chacun des espaces du surmoi. Le puzzle était complet. Je pouvais sentir, comme le vent qui souffle en déplaçant les feuilles et se manifeste à vous comme une présence étrangère et indistincte, un sens. Pas de montagnes qui ne résistent à mes désirs. Ce n'était pas pour autant que je n'avais pas souffert, mais j'avais construit une image fallacieuse, facétieuse, mais parfaite où m'étendre et fermer les yeux sans penser. Je ne souffrais pas, rien ne m'atteignait vraiment que ne puisse prendre de haut et me dire : ils avaient tord auparavant, ils auront tord demain.
Parlons des époques qui ont suivis. Elles sont peuplées de plusieurs appartements.
Une chambre d'internat, une collocation étrange, le petit studio d'un ami qui m'a aimé et que j'ai aimé, mais dans le feu d'une bizarre réciprocité. Il m'a nourri et je l'ai nourri, puis nous nous sommes jetés. Je n'en ai pas trop souffert, j'avais d'autres déluges dans ma besace et celui-ci n'était pas bien grand.
Un changement soudain m'a frappé. Le destin. Mon poumon est tombé. Mon cœur s'est serré. J'ai reçu beaucoup de compassion. Des cadeaux un peu fou. J'ai eu peur de mourir. Et puis finalement, quelques jours après avoir connu une chambre d’hôpital ou je me sentais le centre des attentions, je me suis fourvoyé. Mon image et le rêve lisse de mon existence devaient en prendre un coup. C'était le début, pour moi, d'une chute longue et sans retour jusqu'à aujourd'hui. J’allais devenir rachitique. Malingre, je serais pour les autres l'ombre de moi-même. J'étais pâle et blessé, j'avais auparavant pour moi une liberté que j'aimais assumer sans peur et sans contrainte. On me l'a reproché, de manière lâche, certains s'en sont servis pour l’investir de leur ressentiment propre (après tout, le temps prend la forme d'un jeu où les événements sont un éternel recommencement).
J'ai donc connu mon premier échec. Pour des raisons que je trouvais profondément injuste (qu’importe le recul, l’important n’est pas de juger de la véracité ou non de cette “injustice”, c’est à l’état de fait que cela m’intéresse), on m'a refusé le droit de recommencer une troisième année dans cette petite prépa de province. C'était une blessure profonde. Vous le savez tous : il y à des avantages à se remettre en question : on ne peut avancer que lorsqu'on remet ses certitudes sur le plan de travail. Il faut se disséquer sans relâche. C'est une première certitude qui apporte un peu de réconfort. Mais quand on perd tout amour de soi-même, on n'a plus rien à remettre en question, car tout est démis. Les cartes sont au sol, foulées, embouées.
J'habitais un petit studio, une cuisine dont j'oublie jour après jour la douceur et les contours, deux pièces qui me reviennent comme des instantanés inaltérables, une salle de bain tout ce qu'il y à de plus simple et de plus fonctionnelle.
Avec elle, j'avais la sensation d'une complétude. Les années passent, et je sais bien que je trouvais plus de flatterie dans les hâbleries de son paternel et ses fausses apparences de littérateur, dans son rôle malsain de père de substitution, que dans ma relation avec elle. Je tairais son nom, par respect pour l'amour terrifiant et profond que j'ai eu pour elle, des mois encore après qu'elle m'est rendu au monde brisé, trompé, trahis.
Les paradis artificiels qui peuplaient mes jours de manière relativement simple sont devenus omniprésents. J'ai plongé dans une drogue bien plus brutale, faites d’effluves flottantes et d’une distorsion cognitive, d’euphorie mensongère et de confiance restaurée, là aussi, dans le mensonge. Tout cela sans avoir la moindre conscience ce que je faisais, des risques que je prenais. Ces petits cachets, en seulement deux maigres semaines, ont changé ma vie à tout jamais. Ils m'ont ensuite habité pendant un peu plus de trois années, j’étais déjà à leur merci en ce laps de temps si court. Aujourd’hui, cela n’aurait pas pu arriver, les pharmacies n’en délivre plus. 
Maintenant qu'ils sont derrière moi, je peux contempler le mal qu'ils ont causé. Le petit rêve que j'avais nourri était brisé. Deux années de perdu, pour un homme qui veut se croire capable de renverser tous les déterminismes et prouver son intelligence, c'était un mal terrible dont je n'arriverai à me remettre que des années plus tard. Des démons que j’affronte encore, mais cette fois avec des mots. Il s’agit de les mettre derrière moi.
J'ai reçu beaucoup d'amour dans mon enfance. Et beaucoup de violence. Je crois que la plupart ne se rendent pas compte quand j’essaye de le raconter. J'avais souvent cette habitude, enfant, de demander aux autres de quelle manière ils étaient punis. C'était rapidement devenu une obsession, tous n'avaient pas reçu le quart de mes châtiments et pourtant tous ne recevraient pas le quart du soutien que j'aurai par la suite. La violence que l’on m’a infligé, qu’ils m’ont infligé, ils me l'ont rendu par un amour et un soutien inconditionnel. C'est à regret que je dois dire que ces deux cercles sont vicieux et se croisent, comme des ceintures qui se bouclent et se resserrent constamment sur ma vie. Parce qu’ils m’avaient battus, ils se montreraient trop permissifs. 
Malheureusement, ma sexualité en a été marqué, et je souffre aujourd'hui d'une culpabilité terrible que je n'arrive pas a guérir. Il faut souligner, cependant, que je ne cherche pas vraiment à le faire, puisque je n'en parle pas. A peine suis-je en train de l'écrire, pourrions-nous dire de le « conscientiser », de l'accepter vraiment pour la première fois. Cette nuit je ne trouve pas le sommeil, et il devient capital, saisit par une fureur, d'écrire pour recomposer.
« Tu ne devrais pas faire ça. Pourquoi tu te fais du mal comme ça ? Toujours ces dépenses excessives. Crois-tu que nous pourrons toujours te subvenir ? Nous ne sommes que des ouvriers, ta mère touche une pension ! »
C’est d’une affreuse banalité. Mais, cette culpabilité, eux aussi ils la traîne. De ne m'avoir pas compris. De ne m'avoir pas tout dit. J'ai découvert à l'âge de 23 ans que la question de mes origines étaient beaucoup plus complexe que je n'en avais conscience. “Tu es un miracle de la science”. Ils disent tous que je le savais inconsciemment, mais pour ce que j'accorde de place à l'inconscient ! Je ne sais pas son étendu moi, ni son influence, sa nature réelle. Il est vague, incertain, flou. Rien de plus mal défini, c'est une notion bien jeune. Mais elle est révolutionnaire. Je me refuse à la cantonner aux interprétations freudiennes, tout cela me semble malgré tout bien étriqué. Je me refuse tout autant à jeter en bloc les examens du brillant analyste de Vienne, tout aussi torturé, inscrit dans son habitus, méprisable qu'il puisse être. Le jugement est facile, l'acte est difficile.
Il faut assumer, comme nous devons tous le faire, nos erreurs. Je disais plus haut que les leurs les ont poussé à en commettre de nouvelles en étant trop permissifs et en fermant les yeux sur mes errements. L'un pour protéger l'autre, et l'autre par un aveuglement qui n'a rien de coupable. Ce n'est pas vraiment la question.
Si j'avais pu deviner une seule seconde qu'il suffisait de se mettre à écrire pour donner un sens à tout cela, je l'aurai fait bien plus tôt.
Revenons pour l'instant à ce studio, celui dont la cuisine et la chambre me semblent encore si familier. J'y ai vécu certaines de mes heures les plus heureuses. J'ai alternativement aimé et méprisé ceux qui m'aimaient et qui en retour me mépriseraient. Tout cela n'a pas duré et il semble aujourd'hui qui rien n'échappe à la logique implacable qui m'a conduit à avoir auprès de moi ces personnes qui me causaient déjà le plus grand trouble et me torturaient des plus intimes questionnements. Je ne peux pas me résoudre à dire leur nom, je pense qu’ils ne pourraient que se reconnaître s’ils lisaient ces lignes. 
Et quand j'y repense, je me dis qu'il est facile de jeter tout le poids de ce fardeau sur mes propres épaules. À y bien regarder, je subissais l'influence d'une jeune adolescente qui avait elle aussi un grand talent pour le mépris. Elle savait mieux le cacher que moi. Mais nous ne nous étions pas trouvé pour rien. Aujourd'hui, je regrette, mais avec le cœur léger, d'avoir pu entretenir de telles pensées envers des gens qui méritent tant d'amour. Elle a perdu nombre d'entre-eux. Si je peux m’enorgueillir d'une chose, c'est que ce n'est pas mon cas. Cette pensée n’est pas bien noble, mais elle vaut ce qu’elle vaut, et je prends ce que j’ai à prendre dans ce contexte un peu trop sombre.
Donc, ce studio. De la chambre à la salle de bain, j'ai pleuré de nombreuses fois. J'avais à l'époque les larmes faciles, les émotions elles aussi étaient bien rangées, bien à leur place. Aujourd'hui, j'aimerai pleurer pour vider mon esprit de ces pensées trop lourdes. Finalement, j'ai pris la voie de la plume. Il est fou de penser qu'il s'exerçait simplement des résistances. On se trouve toujours des excuses.
« Vous savez, je n'ai pas le temps ».
Tiens, tu te parles à toi-même. C'est signe de quelqu'un dont le pensée est vivante. Aujourd'hui, quand tu te parles, tu n'as plus grand chose de réjouissant à te dire. J'ai laissé pousser des contraintes diverses dans ma vie, qui ont rabougri petit à petit la liberté qui était la mienne auparavant. Je n'ai jamais su faire les choses a moitié. Et c'est à la recherche de cet équilibre que je suis en quête, comme c'est le lot de chacun dans cette vie absconse.
Dans le lit, je lui ai fait l'amour avec une férocité toujours renouvelée. Je me demande bien quel genre d'amour nous partagions. Indéniablement, c'était un amour fort et puissant, autant que malsain et ravageur. Il a finit par nous nous atteindre profondément, puis nous anéantir et finalement par nous séparer.
Elle m'a rendu ces souffrances, mais ce n'était pas une réponse. Il faut reprendre le rythme d'une vie normale, retrouver des odeurs familières, le calme qui était le mien autrefois.
Elle aimait les microcosmes, ou bien c'était moi. Le problème de la mémoire, c'est qu'elle n'est qu'une reconstruction. Je crois avoir une bonne mémoire de certains événements, cela je n'en doute pas. Mais je sais aussi que la sincérité n'existe pas dans l'écriture, et je ne peux faire qu'un acte d'apostasie envers les vieilles croyances. Il n'existe pas d'autobiographie. L'autofiction est un mot fourre-tout qui ne délivre pas grand chose de la complexité de l'écriture de soi, mais il convient toujours mieux puisqu'il admet au moins qu'écrire sur ses souvenirs, c'est écrire une tentative de reconstruction d'un passé qui nous échappe dans des contextes entremêlés de désirs de revoir sa vie selon des angles soigneusement sélectionnés. 
La honte devrait gagner un homme tel que moi. Tout ce que j'ai à écrire n'a rien de glorieux, et les regards que l'on jettera, ou que l'on ne jettera pas sur ces lignes sont à l'image des humains. Ils jugent. Quand on n'a un passé de toxicomane, que l'on a eu des comportements de domination patriarcaux qui aujourd'hui me font vomir, on ne peut pas être fier. Pour autant, il n'y a pas de bon ou de mauvais sujet. Il n'y a que des sujets.
Des événements ont eu pour moi des effets papillons qui ont ruiné mon plan d'existence. Je ne voulais tout simplement pas en faire le deuil. Mon pneumothorax, ma rupture, l'échec de mes années universitaires, ma tombée dans la drogue, le retour de flamme d'un engagement militant ont coup sur coup détruit toutes mes transcendances. Je ne crois - je ne croyais ? - plus en rien.
Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. C'était longtemps une devise que j'appliquais à chaque instant de ma vie, car c'était la somme de mon expérience en tant qu’enfant et adolescent. Pour les antiques, je ne suis pas encore réellement hors de l’adolescence, mais qu’importe. Pour l'instant, je ne sais pas encore si l'épreuve que je traverse va me tuer ou me rendre plus fort.
La réponse viendra quand je serais sortie du tunnel ou je suis aujourd'hui ergotant et fragile. Je voudrais dire aujourd'hui : c'est terminé. Cela fait partie de mon passé. Je l'ai écrit. Dès lors, cela n'a plus rien à faire dans mes pensées. C'est un passé qui me constitue. L'important doit se dérouler, il n'est pas encore advenu. Je ne dois pas me poser de question.
« Profite de la vie, trouve des solutions, puisqu'il n'y à pas de problème. Fais les choses petit à petit comme tu as su le faire autrefois. Repart de zéro. N'y pense plus ».
Tiens, je recommence à me parler de manière positive. Finalement, l'écriture à au moins cette force intarissable de pouvoir vous guérir en moins d'une heure, là où des mois d'actes et de paroles n'ont eu aucun effet sur vous.
Advienne que pourra, je recommence à vivre.
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