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delicesorgiaques · 11 years
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SUNSHINE STATE
La décennie 1990 a charrié son lot de rêves américains. Et pour cela, on y avait mis les moyens aux States. Pas de boat people, d'embarcation de fortune ou de zodiac gonflable. N'est pas Lampedusa qui veut. Des Boeing flambant neufs, sièges en cuir inclinables et coin fumeur où l'on se grillait impunément des Marlboro de western amerloc. Ces rêves tiennent finalement à peu de choses, sinon à des représentations de bonheur inouï, de béatitude sans fin. Primo, un salaire mirobolant. Ca ne va pas forcément de soi après la période beatnik, cheveux longs et rien dans le larfeuille. Qui dit thunes plein les fouilles dit chien aux poils longs à l'arrière de la voiture ou gambadant sur le gazon vert publicitaire. Preuve à l'appui de cette relation de cause à effet. Pour parfaire le tout, on distille des vacances en famille soudée, des dents blanches et, tout sauf des idées noires. De cet idéal transatlantique, il ne reste plus rien à présent. A peine quelques bribes chez les has-been. Merci. Vous pouvez remballer votre paquetage garçons. Les réminiscences de cette décennie bénie des vieux figurent encore sur quelques postcards où l'on peut voir Miami frangé de palmiers sous un ciel de néons violets. Circulez, y'a rien à voir.
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delicesorgiaques · 11 years
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Les oiseaux de nuit de Rio
La nuit est opaque et tiède. Des hommes complètement saouls tombent comme des fruits mûrs. Rio, petite fille de l’aventure moderne. Bipolaire et lunatique. Le parfum capiteux des Venus de trottoirs se distille le soir entre les hôtels de passe et les rues interlopes. Les boulevards suintent d’êtres nocturnes, de putes et de clochards. Dans la chaleur moite de la Cidade Maravilhosa (cité merveilleuse), les ruelles s’entrelacent et les rêves se défont. Le ciel s’assombrit, les rues se vident petit à petit. Portrait d’une ville qui se métamorphose à l’orée de la nuit, à la lueur des lampadaires jaune savon d’école. La ville s’abandonne à elle-même, à ce qu’elle tente d’escamoter la journée. Une cité de miséreux qui se réveille et se déploie dans l’obscurité. Les policiers et leurs longues matraques luisantes se retirent sur les coups de 22 heures. La sécurité n’est plus assurée. Les taxis jaunes filent à toute berzingue dans les grandes avenues désertées et ne s’arrêtent plus aux feux rouges de peur d’être braqués. On est loin de la carte postale : Copacabana sous un soleil doré, des filles en mini-bikini qui se dandinent sur le sable et des perroquets multicolores. Rio la nuit, c’est la Cour des miracles.
Une église de quartier a annoncé les douze coups de minuit. Cela sonne comme une invitation à rentrer chez soi. «La nuit est dangereuse à Rio» m’avait-on assuré avant de partir. Et seriné les précautions à prendre: passeport et bijoux à l’hôtel, très peu d’argent liquide -mais quand même un peu pour ne pas froisser les braqueurs et donner un petit quelque chose en cas de pépin. Bref, c’est dépouillé de tout cet attirail que je commence ma déambulation nocturne dans le quartier animé de Lapa.
Première trouvaille. L’hôtel Love’s House. Niché près du fameux Escadaria Selaron, escalier aux marches multicolores, il ne paye pas de mine. Lupanar. Joyeux bordel. Gynécée, pour les naïfs. Des plaisirs tarifés, quoi. Une chambre, une heure pour une partie de tagada. La tenancière a des allures de maquerelle, la bouche pleine de stupre. Postée devant la porte, elle multiplie les œillades appuyées et les gestes de bienvenue aux couples qui passent devant sa turne. Sans succès. A vrai dire, le hall ne donne pas envie de s’adonner aux plaisirs de la chair. Une demi-douzaine d’anciennes chaises de coiffeur, style art déco et recouvertes de châles pastels déchirés, sont disposées sous un lustre sans ampoule. Des dizaines de chats à la robe dégarnie rôdent dans le vestibule comme des âmes en peine. A quelques encâblures de là, ce sont des prostituées qui se tiennent en rang d’oignons, l’œil inquisiteur et la démarche de guingois. A se demander si elles cherchent encore des clients. Le guide les avait appelées: les filles qui attendent un bus qui n’arrive jamais. J’avais trouvé cela joliment résumé. Ma promenade nocturne se poursuit sur les pavés irréguliers. Des ombres s’avancent vers moi. L’atmosphère devient scabreuse. Une femme au visage nappé de souffrance, avec une longue robe pleine de taches, m’interpelle en mimant qu’elle désire une cigarette. C’est ma dernière. Et je n’ai plus un liard en poche. Devant sa détermination et ses jérémiades, je lui propose la mienne, à peine entamée. Elle la prend en esquissant une grimace. Puis la jette dans le caniveau dédaigneusement. «Toi, tu as de l’argent pour te payer des paquets de cigarettes. Et moi, je ne peux même pas acheter de lait à mes enfants. Tu trouves ça normal ?» m’assène-t-elle. Salves d’invectives. En quelques minutes, une dizaine de personnes s’est massée autour de moi. Ils me tendent leurs mains cahoteuses. Un junky me contemple avec la fixité d’un guépard qui ne veut pas perdre sa proie. L’œil troublé d’alcool fort. Je n’ai rien à leur offrir... Le temps semble long. Heureusement, un accident de voiture en contre-bas distrait l'assistance et je parviens tant bien que mal à me dérober. Les épiceries reconverties en bar le temps de la soirée sont pleines à craquer. Les danses s’accélèrent à mesure que les litres de cachaça descendent. On y danse lascivement le choro, le forró et la samba.
Mais cette escapade dansante ne masque pas longtemps les aspérités de la ville. En face du bar, une ribambelle de mecs défoncés au crack demeure prostrée le long des murs décrépis. Lampions bleu, jaune et rouge dans les pupilles. La drogue règne en empereur dans les rues de Lapa, entre ses arches et ses graffitis. «Starshoot», c’est ainsi qu’on les appelle, m’explique le barman argentin. Ils ont les yeux vitreux et des bracelets aux couleurs exotiques attachés au bras. Un homme s’approche de moi, il claudique et son torse est recouvert de cicatrices. Il pose sa main sur mon épaule pour mendier quelques réals. Je n'ai toujours rien. Il me remercie quand même avec des trémolos dans l’arrière gorge. Ses yeux marron pain d’épice m’invitent à le rejoindre aux confins de ses paradis artificiels. Je mets les voiles, et emprunte un autre chemin. Les crève-la-faim de la rue d’en face se prêtent au jeu trouble de la fête. Ils esquissent des pas de danse incertains et se livrent à des insanités quand une fille passe. La cachaça se boit à grandes lampées. Ils ne sont, malgré eux, que le triste miroir de la pantomime qui se joue de l’autre côté de la rue, où l’on offre des verres aux femmes pour mieux forniquer et où l’on se poudre le nez dans les cabines exiguës des toilettes.
Concours Libération http://voyages.liberation.fr/portraits-de-nuits/les-oiseaux-de-nuit-de-rio
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delicesorgiaques · 11 years
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Breathless by Jean-Luc Godard
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delicesorgiaques · 11 years
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A l'aube des nuits d'ivresse
Elle passe sur le boulevard, la main leste, la démarche chaloupée. Mouvements de hanches oscillant entre la droite et la gauche, galbe surexposé. Les néons des cinémas alentours donnent à son visage les couleurs de l’arlequin. Comme un berlingot aux couleurs pastels. Les bellâtres arrogants lui font la cour, sans succès. J’observe ce petit manège depuis la terrasse du café. Au passage clouté, avant de traverser, elle me lance une œillade appuyée, esquisse l’épisode d’un sourire et s’enfuit. Je la prends en filature, l’écume aux lèvres. Elle dévale les marches du Métropolitain, passe les tourniquets et s’engouffre dans la bouche sombre du monstre parisien. Je la perds de vue. J’entends encore le bruit de ses pas qui se perdent dans les couloirs mornes et insipides. Elle réapparaît au détour d’une correspondance. Je la suis. Elle a accéléré le pas, elle se dérobe derechef. Le train est à quai, les portes se referment devant moi. Dans un bruit sourd, le train s’échappe, elle avec. Elle sourit.
Deux mois plus tard. Train en partance pour le dernier baiser sur les rails du joli mois de mai. Mouchoirs blancs aux fenêtres des wagons-désirs. Elle a pris sa valise en cuir bardée d'autocollants exotiques. Le printemps nous a permis de prêter des serments d'amour sur la Seine, inconstance baroque des promesses faites sur l'eau, où l'engagement se fait la malle. Encore heureux ! Elle l'ignorait, évidemment. Elle pensait naïvement que tout était vrai. Pauvre gourde. Illusion de la beauté de l'acte. Elle ne buvait que des thés à la bergamote et arborait un regard nuageux, ouaté. Appel de fard. Éblouissement.
Les lagunes en forme de lèvres d'adolescentes peu farouches me font des appels d'air. Short arc-en-ciel. Bandeau pastel dans les cheveux châtains. Je la revois encore sur les chevaux blancs en bois du Carrousel du Louvre. Lampions bleu, rouge et jaune dans les pupilles. Comment y résister ? Cotte de mailles sur les épaules pour ne pas succomber aux avances, lunettes noires sur le nez pour conforter mes pensées obscures. Prendre la poudre d'escampette dans les couloirs bourgeois tapissés d'idées saugrenues. Encre bleu marine sur les buvards des écoliers. Les elfes courent dans la forêts comme des lapins. Les yeux bandés, je file à l'anglaise. Encore un renoncement, un échec masqué. Un acte manqué. Comment ai-je pu... ? Le dos de ses mains est un hymne au caprice.
Dans les bassins bicolores des eaux italiennes, les bateaux voguent comme des girouettes sur le clocher des églises. Pas de port d'attache. Elle a mis son pull bleu marine sur ses épaules douces et rosées, dernier étendard à sa beauté. Je regarde une dernière fois -je l'espère au plus profond de moi- sa silhouette admirablement dessinée et sa désinvolture affectée.  Je l'ai regardée partir comme une femme de soldat qui espère qu'il ne reviendra jamais. Enfin, la libération. Elle met les voiles. Elle se tire. Je feins un sourire de son éventuel retour. Je me réjouis de son absence. Sainte-Marie mère de Dieu, faites qu'elle ne rebrousse pas chemin. J'ai le regard profond comme un couloir d'hôpital psychiatrique. Les pavés à l'eau de Seltz sur le pont d'Austerlitz se dérobent sous ses pas, elle file en catimini comme un écolier qui fait l'école buissonnière. L'épée de Damoclès de la punition érotique s'agite au dessus de sa capuche en vison. Sur le chemin du retour, les rues vides et embrumées m'offrent cette friche d'amour si souvent délaissée, oubliée, foulée aux pieds par des couples pétris d'un bonheur répugnant : l'adultère. Figure exquise, dernier rempart contre l'oubli des êtres aimés, multiplication des récits d'aventures comme autant de pages tournées délicieusement. Dans les clubs délaissés, j'arpente les allées sombres des ardeurs oubliées. Et pense déjà aux nouvelles. Nuit velours. Le ciel étoilé des âmes vagabondes trônent sur le pont d'Austerlitz. Les amants s'enfuient, paletot sur les épaules d'une jolie fille. Dans la poche intérieure de mon blouson, je retrouve une photo aux coins écornés sur laquelle une jeune fille brune joue avec un arrosoir percé. Ses cheveux sont mouillés, et quelques perles d’eau ruissellent sur son visage poupin. Elle semble heureuse. Tout est dans l’apparence, et le sourire aux coins des lèvres trahit cette douleur maternelle qu’elle enfouit au plus profond d’elle même comme un mal indicible. Ma bagatelle. Fuite.
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delicesorgiaques · 11 years
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Dans l'oeil du cyclope
« La particularité de la photographie, à l’origine créée pour l’enregistrement de la réalité immédiate, est de pouvoir se transformer en instrument du fantastique, du rêve, du surréel et de l’imaginaire » disait le photographe hongrois Làszlo Moholy-Nagy. Publiée sur Libération.fr, cette photo a été prise le lendemain du match de football à Port Saïd où plus de 70 personnes sont mortes pendant les émeutes. L’image renferme tout ce que la révolution laisse exploser – combat, lutte contre l’oppression, craintes. L’effet de réel est à son comble : l’homme au premier plan apostrophe le lecteur au moyen de son seul œil visible, l’autre étant caché par un pansement (solidarité avec le dentiste égyptien qui a perdu un œil pendant la répression). Et cette unique pupille, située sur une ligne de force de l’image, prend à témoin celui qui le regarde. Il implore, interpelle et affronte. Le contrat de lecture de l’image devient contrat d’adhésion. Elle convoque à l’envi la sensibilité, l’empathie ou la compassion. On ne tire pas sur l’ambulance semble-t-elle nous enjoindre.
La convergence vers cet œil tantôt inquisiteur, tantôt complice, est la force centrifuge de la photo. Comme une spirale dans laquelle le spectateur serait happé. Les vers de Louis Aragon ne sont pas très loin : « Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire, J'ai vu tous les soleils y venir se mirer, S'y jeter à mourir tous les désespérés, Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire ». Plus encore, cet œil convoque la mythologie et plus précisément les premiers Cyclopes, symbole de la violence et de la douceur réunies et maitrisées. Ici, l’image suggère deux choses : d’abord, la violence du combat que cet homme doit livrer pour se faire entendre, et ensuite la douceur de sa noble cause,  à savoir délivrer son pays de la dictature.
Bardé de bombes lacrymogènes utilisées par les policiers, il est l’allégorie de la légitime défense : se défendre avec les armes de l’oppresseur pour lui tendre le miroir de son infamie. Mais ce « butin » amassé, ces armes présentées comme autant de trophées participent à la starification du personnage, et finalement à sa légitimité visuelle d’être photographié. Les balles en caoutchouc qu’il a disposées au bout de ses doigts sont emblématiques de son engagement jusqu’au-boutiste et vaillant dans cette guerre asymétrique qui l’oppose au gouvernement totalitaire de Moubarak.
La profondeur du champ – de bataille si l’on puis dire – met sur un piédestal le personnage au premier plan. Il est nimbé d’une certaine sérénité alors qu’autour, le tumulte et l’agitation semble présider. En ce sens, la photo procède de choix esthétiques de l’auteur qui influent sur la réception imposée au lecteur. L’homme au centre de la photo n’est pas un personnage mais l’icône de la révolution maîtrisée, pensée et sereine. La composition de la photo renforce l’idée de soulèvement : la grille derrière lui sert de cadre, et renvoie symboliquement à la répression et au carcan idéologique de la dictature dont la population veut s’extraire. Le cadrage fait apparaître au deuxième plan un homme au visage buriné et au regard distant sur la situation. La composition de l’image lui confère sa fonction : en retrait par rapport à la scène, il est le vieil homme qui observe avec un certain recul.
Aussi, la photographie s’inscrit dans la répétition de mythes connus, d’archétypes idéologiques. L’image du keffieh qu’il porte autour de la tête – comme protection, garantie d’anonymat mais aussi symbole de révolution – n’est pas sans rappeler l’opposition palestinienne, figure imprimée dans la rétine du public biberonné aux images iconiques. Cette référence fonctionne comme un réflexe pavlovien et fait resurgir la mémoire du lecteur dans la mesure où le keffieh est, dans l’imaginaire collectif, synonyme de contestation ou de révolte. Il est arboré comme talisman de la résistance et convoque le mythe de la lutte. Le public a besoin que l’on titille ses références culturelles, non seulement pour se gargariser de ses propres connaissances, mais surtout pour lui faciliter le travail de compréhension et de décodage de l’image. Sans oublier que « la photographie ne fixe en image qu’un mouvement infime de l’événement en cours » disait Jean Arrouye.
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delicesorgiaques · 12 years
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Révolution de palais
Le parquet brun grince dans la salle d'audience, les souliers élégants des avocats en robe glissent et s'échappent entre les allées. Non sire, ce n'est pas une révolte, c'est une révolution de palais. Une pièce de théâtre mondain qui se joue sous les ors de la République, un ballet populaire aux codes bien établis. Les effets de manche viennent cingler l'air chaud du prétoire, les voix de stentor se perdent aux confins des boiseries d'antan. Les sourires figés des magistrats, les yeux de biches des avocates en maraude esquissent à la plume le portrait de la justice dualiste -voire duelliste. Battre le fer pour clouer au pilori son contradicteur,porter au pinacle son client puis se faire adouber des juges dans une acclamation silencieuse et intérieure. La tension règne du haut du spectre de la justice, l'accusation fait rage des deux côtés. Passe d'armes obligatoire, indélicatesses de série. On chuchote, met en place les dernières stratégies avant la grande parade de la plaidoirie. C'est une cage aux lions, l'arène des bons mots où les gladiateurs portent l'hermine des jours de fête. Des mondanités de langage en roueries juridiques, les avocats s'épanchent, flirtent avec l'excès, tout en prenant garde de ne pas tomber dans l'abîme de l'outrance. Toutes les subtilités sont bonnes à prendre, moucharder autant que possible, tremper dans les ragots de chats de gouttière.
Au premier rang, le soleil darde ses rayons sur l'huissier doré, affalé sur son fauteuil princier et à moitié endormi. Le prononcé du verdict, comme le crépuscule des jours d'hiver endimanchés, tombe toujours comme un couperet. Mais la guillotine offre toujours deux places bien distinctes, celle de la victime d'un côté et celle du bourreau de l'autre. L'essentiel est de choisir la sienne, à bon escient. Le choix réside non pas dans notre courage, notre force ou notre puissance mais bien dans la faiblesse de l'adversaire, sa pusillanimité ou encore ses déconfitures passées. Le pousser dans ses retranchements pour assister à l'implosion. Sous le ciel vaporeux, nos désirs laissent place à leurs errances.
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delicesorgiaques · 12 years
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delicesorgiaques · 12 years
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Jus de citron et tilleuls
Des spots jaune et rouge diffusaient une lumière alanguie et avançaient doucement sur des rails huilés. Personne ne prêtait attention à la lumière des plans, donnée fantasmatique des fétichistes du jour et de la nuit. Nocturne et diurne. Travelling avant, zoom arrière. Une caresse coruscante et feutrée se dessinait sous les arcades du studio. Cinecittà. Les murs jaune passé font figure de Madeleine de Proust pour les aficionados de la Nouvelle Vague. On a scotché les quelques consignes à respecter avant de rentrer dans la salle de projection : "Se fâcher contre la script-girl quand le film n'est pas à votre goût. Jamais contre le réalisateur". Les sièges sont usés, mais délicieusement confortables. La salle obscure est une prison bourgeoise et coquette. Asseyez-vous messieurs les condamnés du septième art. 1h30 de travaux souhaités. JLG sort fumer une Gauloise à la fenêtre. Il semble préoccupé par la dernière scène qu'il a tourné. Jouer son propre rôle pour un scénario d'un autre qu'il a écrit. Schizophrénie de plateau. Silencio. Light. Camera. Action.Dans les loges exigües des jeunes premiers du cinéma français, les jolies filles se bousculent. Le couloir suinte. Les murs sont victimes d’attouchements. Main au collet. Anna, mon escapade romaine des villas aux volets rouges, bleus et jaunes. Comme un renard que je traque dans la nuit noire des ombres infinies. Sur les chemins sans issue des couloirs dorés de ta vie. Glisse-toi aux confins des cités lacustres, endors-toi dans les eaux merveilleuses des jours sans fin. Le réveil est délicieux sur les monts enneigés, au-dessus de ces corps légers, que l'on appelle grâce et volupté.
Le soleil romain écrase la mise en abyme du cinéma. Il faudra peut-être réécrire le scénario pour convaincre le producteur d'apporter les fonds nécessaires. Sans lui, rien ne se fait. Pierre angulaire du système. Prostitution artistique devant l'empire des sens financiers. Tuer l'oeuf. Studio Victorine, au bord de la Riviera des enfants du Paradis. Il fait jour, c'est la nuit américaine, la lune se cache comme un galopin ayant voler un pot de confiture. Le chef op' arrive au volant de son Alfa. Rouge. Calandre 16mm. Roues Panavision. Pellicule en guise de courroie de transmission. La boîte à gants est remplie de lavande séchée, souvenirs du dernier film tourné, dans la chaleur du Languedoc. Tout au fond, je retrouve un sac de billes que Jacques Doillon a laissé traîner. Le sachet est percé, les calots me glissent des mains, et ce sont toutes les billes qui s'échappent du filet. Elles roulent entre les sièges, avant, arrière, coup de frein, accélération, tournant, à gauche, à droite. Elles sont balancées sans arrêt. C'est un billard à six bandes. Tapis de velours rouge, les rideaux s'ouvrent et les spectateurs applaudissent un film qu'ils n'ont pas encore vu. Snobisme cannois. Les sociétés productrices présentes au générique font office de baromètre pour la qualité du cocktail qui suit. On peut alors prévoir la marque du champagne, la manière d'exécuter les génuflexions zélées -plus le film est mauvais, plus la courbette est habile-, le nombre de centimètres du bas de la jupe jusqu'au genou -à savoir que plus la prod' est cotée, moins les centimètres sont nombreux.
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delicesorgiaques · 12 years
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Comment a-t-on osé faire un film de LOLITA ?
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delicesorgiaques · 12 years
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Suspense & Gallows Humor: A Tribute to the All-Time Greatest for Gallery1988
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delicesorgiaques · 12 years
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Délices orgiaques
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delicesorgiaques · 12 years
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Jane Birkin
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delicesorgiaques · 12 years
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Un tournage ça ressemble exactement au trajet d’une diligence au farwest :
D’abord on espère faire un beau voyage ,
Et puis très vite on en vient à se demander si on arrivera à destination .
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delicesorgiaques · 12 years
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Pourquoi le surréalisme est un oiseau rare ?
Des vases bleus et blancs trônent dans l'entrée. Entre des clés bruyantes et des miroirs dorés. Pas des vases de Soissons. Non, de simples porte-bouquets que l'on bouscule et maltraite comme de vulgaires bibelots. Des bibelots séniles. C'est un pléonasme ? Un barbarisme ? Que nenni. Je n'en ai cure. Les mains s'affolent pour le préserver.
On plie délicieusement le coin droit des hautes feuilles jaunies par le temps. "Immense et rouge. Au dessus du Grand Palais". Page 35. Des cahiers comme une kermesse ratée. Des ballons rouges, roses et blancs qui ne s'envolent plus. Une carafe d'eau posée sur une table prisée me fait l'effet d'un cavalier seul, au galop, dans les sombres forêts vosgiennes. De jolis bonbons à la menthe. Elle a griffonné sur une feuille froissée. Je n'aime pas ça. Pourquoi les chaises sont empaillées ? Café taxidermiste. Dépravation des comptoirs d'outre-tombe. Brosse moi ces cheveux en bataille. Quel effet fais-tu ? Tout le monde te regarde. Fais un effort. Tu devrais remettre l'abat-jour sur tes paupières fardées. Capotes de fiacre. Cesse de faire ces dessins sur la nappe. C'est d'un mauvais genre. Toujours des chapeaux en plus. Pour te cacher. Tu aimes encore ce vélo au cadre rouge ? Les fenêtres sont entrouvertes, elle fume, accoudée au balcon des délices. Éclats de rires sous les tilleuls. Trois ou quatre coups de pinceau pendant qu'elle lit les calembours d'Allais. De la dentelle, me dit-elle. "Je peux aller au festival? ". Non, c'est la fin des abricots. Il faut bien nouer sa cravate-ruban et allumer les cierges du fond de l'Eglise des anodins.
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delicesorgiaques · 12 years
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L'Alfa bleu fait face au désordre océanique. Le crépuscule se joue des reflets dorés, animés par le soleil écrasant des jours sans fin. Dans l'extase des nuits de sable. Une pluie diluvienne, comme autant de traversées du désert. Absence d'infortune. Jours heureux. Et enfantins.
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delicesorgiaques · 12 years
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Le gâteau sur la cerise
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delicesorgiaques · 12 years
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-Chronique d'une défaite annoncée
Des milliers de partisans de Nicolas Sarkozy se sont rassemblés place du Trocadéro, mardi 1er mai, pour le dernier grand meeting avant le second tour de l'élection présidentielle.
Des policiers en rang d'oignons quadrillent la place du Trocadéro. Au dessus d'eux, flottent des centaines de drapeaux bleu-blanc-rouge. Agités tantôt par des enfants collet monté, des dames endimanchés ou des adolescents à mèche. Dans les artères qui mènent à la place, les effluves de Shalimar se distillent comme l'on sème des petits cailloux pour retrouver son chemin. Le Shalimar est le nouveau fil d'Ariane. Ça se bouscule devant chez Carette, mythique café de la place, où dans un soupir d'énervement, une jeune femme lance "On se croirait dans un meeting de gauche", tant le confort laisse à désirer. Le militantisme de droite devrait-il être plus cosy que celui de gauche ? Il ne manque plus que les frites, les merguez et la Kro me dira-t-on. Le Trocadéro n'est pas encore embastillé.
La foule lève les bras et l'on entend des "On a gagné" éraillés mais sincères. Les joues sont maquillés à l'effigie de "NS". Bleu blanc sur les joues. Nez rouge. Les écrans géants disposés de chaque côté de l'estrade cessent de diffuser la mer Égée. Nicolas Sarkozy apparaît, la foule est en liesse. Le visage crispé, il s'avance vers son pupitre. Comme un écolier qui doit réciter une poésie. Sans trémolos dans la voix, si possible. Or, le discours est loin d'être poétique. Un discours sans saveur. Des silences gênants. Les gens se regardent d'un air circonspect. Y croient-ils encore ? Rien n'est moins sûr. C'est dans ces moments qu'il faut y croire, dans la fièvre du crépuscule. Dans la chronique d'une défaite annoncée.
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