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Polémique autour de la nouvelle publicité de Gillette : Is this the best Gillette can be ?
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Il y a un mois, la célèbre marque américaine de rasoirs Gillette diffuse son nouveau spot publicitaire intitulé « The Best Man Can Be », revisite de leur ancien slogan « The Best Man Can Get ». 1 minute et 49 secondes, plus de 25 millions de vues et plus d'un million de dislikes. Vous l'aurez deviné, la publicité n'a pas été très bien reçue par le public.
A l'ère post #MeToo, la marque souhaite mettre en avant une nouvelle vision de la masculinité, en opposition à celle qu'elle appelle toxique et dont le mouvement #MeToo est le symptôme.
Dans la première partie de la vidéo, Gillette tente d'illustrer les comportements problématiques qui caractériseraient l'homme du XXIe siècle : violence, objectification de la femme, mansplaining, harcèlement scolaire et sexuel, viol, conjugal notamment, etc. Bien que ces problèmes soient réels, il est essentiel de rappeler que la majorité des hommes ne sont pas et ne seront jamais des harceleurs ou des violeurs. Pourtant, Gillette tombe dans cet amalgame peu ragoûtant, certes implicite mais qui n'échappe pas, entre les criminels sexuels et les hommes, les autres. En effet, la toute première scène montre des hommes du quotidien qui peinent à se regarder dans le miroir, la honte sur le visage, tandis qu'en fond on entend parler d'un énième cas d'agression sexuelle. Le mouvement #MeToo a popularisé chez beaucoup de femmes l'idée qu'en chaque homme poussent les germes d'un potentiel criminel sexuel, et a renforcé chez beaucoup d'hommes un sentiment de culpabilité pour quelque chose qu'ils n'ont jamais fait. S'est ainsi développé la notion de responsabilité collective : « Men need to hold other men accountable », autrement dit « Les hommes doivent se tenir mutuellement responsables (de leurs actes). ». Si l'idée de tenir responsable tout un groupe à cause des crimes de quelques-uns ne vous choque pas, imaginez que l'on tienne responsable l'ensemble des musulmans pour les attentats terroristes commis par une minorité d'entre eux.
 Pourtant, le harcèlement scolaire et en ligne, par exemple, n'est pas le propre de l'homme : les femmes harcèlent aussi, nul besoin du prétexte de masculinité toxique pour cela. Certains problèmes dont on accuse la masculinité d'en être l'origine sont en fait des problèmes humains, qui touchent et qui concernent absolument tout le monde, peu importe le sexe.
 Prenons garde à ne pas tomber dans l'essentialisme : si la nature féminine, quelque soit la définition qu'on lui donne, n'existe pas, pourquoi croire à une nature masculine qui ferait de tous les hommes un danger pour notre intégrité physique ? C'est une attitude factuellement fausse et très problématique pour faire avancer le débat. Personne n'acceptera d'écouter le discours de quelqu'un, même si son fond est pertinent, s'il commence par affirmer que ses interlocuteurs sont de futurs criminels. Psychologie de base.
 Sans chercher à rédiger un essai sur cette fameuse masculinité toxique, Gillette laisse entendre qu'elle est due à un paysage médiatique et de divertissement qui normalise des comportements sexistes. Le rôle des séries, des clips musicaux, de rap notamment, et des dessins animés auxquels sont exposés les enfants et adolescents est explicite : s'ils n'encouragent pas des comportements inappropriés, ils les excusent au moins à coup de fous rires ou de réactions irréalistes de femmes qui ne s'énervent pas, parce qu'au final, on sait tous qu'elles aiment ça.
 La seconde partie de la publicité met en avant des comportements positifs d'hommes : un père tente d'inculquer à son fils une éducation plus bienveillante, un autre intervient pour défendre un enfant harcelé par une bande de gamins. Alors que la majorité des publicitaires jouent sur des archétypes irréalistes, fantasmés et ultra virils, Gillette choisit de mettre en avant des scènes du quotidien plus simples et moins extravagantes, mais tout aussi valorisantes et qui apportent une agréable contradiction dans le paysage publicitaire.
 Néanmoins, beaucoup de désormais anciens consommateurs crient au discours anti-homme et à une volonté de la part de la firme de détruire la masculinité, ce qui fait qu'un homme est homme. Rassurez-vous, il ne s'agit pas d'hommes qui pensent que la masculinité consiste à siffler les passantes dans la rue, à être violent ou à envahir l'espace vital des femmes. En réalité, le problème de cette publicité n'est pas son message de fond très positif, mais la manière maladroite avec laquelle il a été amené et qui dessert, si ce n'est occulte complètement le message principal. Les accusations sous-entendues que nous avons détaillées plus haut suffisent à refroidir le spectateur masculin et à le rendre hermétique au cœur même de la vidéo, et à la volonté de Gillette d'attirer l'attention sur un aspect essentiel de la masculinité, plutôt que de la détruire comme beaucoup le pensent. En effet, Gillette met en lumière le rôle du père dans la société et dans la construction des générations futures, ainsi que l'idée que les hommes ont tout intérêt à s'investir dans ce rôle afin de ne pas répéter les mêmes erreurs que les générations passées. Il est très ironique que tant de consommateurs y voient là une menace à leur masculinité.
 Une question se pose alors : pourquoi cette méthode si maladroite ? Est-ce réellement de la maladresse ? On peut supposer que Gillette avait parfaitement conscience du risque marketing pris en diffusant cette publicité. Pourquoi prendre le risque de se mettre à dos autant de potentiels utilisateurs de leurs produits ? La raison est très simple : Gillette ne s'adressait pas à eux.
 En moyenne, les femmes sont responsables d'un peu plus de 80% des dépenses du foyer (vacances, frais de santé, achats en ligne, etc.), dont 93% des dépenses dans les courses quotidiennes : ce sont elles qui vont dans les magasins, et qui vont décider si oui ou non elles achèteront un paquet de rasoirs Gillette pour leur mari ou leur fils. C'est à elles que Gillette s'adresse et la communication est plutôt réussie : en effet, les détracteurs de cette nouvelle publicité sont majoritairement des hommes, tandis qu'une large majorité des femmes qui a visionné cette publicité a salué, notamment sur les réseaux sociaux, une démarche dite courageuse de la part de la firme. Alors qu'il peut sembler risquer d'aborder le mouvement #MeToo qui ne rassemble pas l'approbation de tous les hommes, il est a contrario très pertinent de mobiliser cette actualité pour toucher les femmes, qui se reconnaissent quasiment toutes dans les témoignages que la période #MeToo a permis de révéler au grand jour.
 En outre, ce n'est pas une méthode marketing nouvelle pour la marque. De 2008 à 2010, Gillette a mené une campagne similaire en Inde : la firme a créé l'association WALS, « Women Against Lazy Stubble », qu'elle a médiatisé en ayant recours à des célébrités bollywoodiennes et dont l'objectif était de permettre aux femmes de partager ce qu'elles aiment chez un homme, notamment sur la question du rasage. A l'issue de multiples sondages, il s'est avéré que 70% des femmes préféraient les hommes rasés à la barbe de trois jours. Toutefois, Gillette ne s'est pas contenté de défier les normes esthétiques (car à l'époque, il était communément admis chez les hommes que la barbe plaisait aux femmes), mais a aussi conçu un produit spécifique au marché indien et qui tenait compte des conditions de vie moyennes, notamment le manque d'eau. En octobre 2010, Gillette met en vente le Gillette Guard et en 2013, il devient le rasoir acheté deux fois sur trois en Inde.
 Bien qu'on ne puisse imputer cette performance admirable au seul fait que Gillette se soit principalement adressé aux femmes, on ne peut pas non plus nier son impact énorme. L'Inde est un pays beaucoup plus traditionnel que ceux de l'Occident, il est ainsi aisé de deviner que les femmes sont en charge de presque 100% des courses du foyer. Bien que le pourcentage soit un peu plus faible dans les pays anglophones, la mécanique reste la même. Ainsi, le message que Gillette a choisi de diffuser dans son dernier spot publicitaire, et dont beaucoup de femmes se réjouissent, cache une réalité moins rose, puisque ce choix marketing repose sur une mécanique que tout féministe tend à vouloir changer (ici, la répartition des tâches d'entretien du foyer).
 Alors que Gillette a choisi de défier les normes esthétiques en Inde, la marque a préféré la méthode du virtue signaling en Occident. Le virtue signaling (que l'on peut traduire par signalement de vertu) est la prise de positions politiques ou éthiques pour démontrer de sa justesse morale aux consommateurs. Contrairement à ce que beaucoup pensent, le virtue signaling n'est jamais une prise de position courageuse et à contre-courant : les firmes qui utilisent ce modus operandi s'assurent toujours de soutenir des mouvements qui ont déjà gagné l'approbation de la majorité de la population, car le but est de gagner des consommateurs et pas d'en perdre. Le féminisme étant globalement un mouvement de plus en plus soutenu par les femmes en Occident, il n'y a rien d'étonnant à voir Gillette surfer sur la tendance. Néanmoins, jamais la marque n'aurait adopté de telles positions une dizaine d'années plus tôt, où le féminisme souffrait encore d'une très mauvaise image. Ainsi, le fait que Gillette soit coupable de pink tax (autrement dit, faire payer plus chers des produits pour femmes alors que rien ne les distingue de leur version pour hommes) ne devrait pas vous surprendre. Jamais une marque n'est et ne sera animée par un idéal éthique, mais toujours par l'impératif de bénéfice : être féministe ou non, soutenir le mouvement #MeToo ou non n'a de sens qu'en termes économiques, rien de plus. Les multiples appels à boycotter Gillette ou même les appels à privilégier leurs produits n'ont absolument aucun sens.
                                                                                                                 Z. Dihya
Pub Gillette « The Best Man Can Be » :  https://www.youtube.com/watch?v=koPmuEyP3a0 
https://www.businesstoday.in/magazine/lbs-case-study/gillette-innovated-improved-its-market-share-in-india/story/204517.html
https://www.thecasecentre.org/educators/ordering/selecting/featuredcases/CompetitionWinners/Gillette
https://firmanatacom.files.wordpress.com/2016/02/case-study-gillete-india.pdf (ressources au dernier slide)
https://girlpowermarketing.com/statistics-purchasing-power-women/
https://www.dailymail.co.uk/femail/article-6596095/Gillette-slammed-pink-tax-wake-controversial-ad-campaign.html
Campagne publicitaire Gillette en Inde :
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L’accès à la Justice pour les Femmes
Suite à la très enrichissante conférence au sujet de « L’accès à la justice pour les femmes au-delà des frontières » qui a lieu le jeudi 25 janvier, voici un résumé de ce que Madame Geneviève Garrigos (à gauche sur la photo), présidente de l’Association au Soutien de la Fondation des Femmes et Madame Annabel Canzian (à droite), juriste et chargée de programme au Comité Contre l’Esclavage Moderne, nous ont partagé.
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   Les réactions aux hashtags #MeToo et #Balancetonporc témoignent du fait qu’aujourd’hui, les femmes ne trouvent pas de moyens et recours suffisants auprès de la justice pour se protéger des agressions sexuelles ou harcèlement. Cela revient à remettre en cause l’effectivité de la justice à la fois dans son rôle de protection de l’ensemble des citoyens, et de solution pour aider les victimes à se reconstruire.
L’accès à la justice, au même titre que l’éducation, est une nécessité absolue car elle seule garantit un accès au Droit : sans la justice, les droits de chacun ne sont pas reconnus, le système est corrompu et ils finissent par disparaitre.
Mais dans une société démocratique comme la nôtre, quels éléments peuvent entraver l’accès à la justice pour les femmes?
Plusieurs facteurs entrent en jeu, mais l’un des plus significatifs est sûrement celui d’ordre culturel et socio économique : dans un système où les femmes sont réduites au silence, elles ont honte de porter plainte car leur agression leur sera systématiquement renvoyée, donnant l’impression que cet acte est de leur faute, par leur comportement ou leur tenue vestimentaire.
La solution qui paraît alors la plus simple est celle de l’évitement (modifier ses habitudes quotidiennes pour éviter de se retrouver face à une situation de harcèlement ou d’agression), alors qu’elle devrait émaner de l’Etat même, créant ainsi une forme de culpabilité chez les jeunes filles dès le plus jeune âge.
 Dans certains pays, cette stigmatisation est d’autant plus grave qu’une femme violée sera bannie de sa famille et perdra son statut ce qui accentue son état de vulnérabilité.
En temps de conflits, elle devient une arme de guerre et le viol est systématiquement utilisé tel qu’au Rwanda ou en Bosnie (cliquez sur le lien pour accéder à notre conférence sur Le viol comme arme de guerre)
 Enfin, la connaissance des droits dépend en grande partie de l’éducation qu’elles ont reçue. Et quand bien même elles en auraient reçu une complète, leur milieu social et leurs conditions de vie ont un fort impact, rendant parfois dangereux le fait d’avoir recours à la justice.
Le fait d’être par exemple une femme immigrée ou de vivre dans la rue rend leur accès à la justice quasi infranchissable.  
Ces éléments arrivent ainsi à convaincre de nombreuses femmes de ne pas porter plainte : c’est à ce niveau que la justice apparait insuffisante, alors que c’est à l’échelle de l’Etat que des changements devraient être opérés.
 En effet, l’une des premières transformations effectives devrait se faire au niveau de la procédure pénale : actuellement, du dépôt de la plainte jusqu’au jugement, les victimes vont être confrontées à des stéréotypes de genre qui font que même au sein de la justice, on va les renvoyer à leur culpabilité.
L’autre rapport avec l’Etat est que, dans le processus de réconciliation, souvent les violences sexuelles sont passées au second plan : soit complètement occultées, soit leur reconnaissance négociée afin d’arriver à des accords.
Ce ne fut qu’en 2016, que des groupes armés furent condamnés pour la première fois pour l’utilisation du viol comme arme de guerre.
 Les solutions qui apparaissant efficaces sont ainsi la connaissance du droit, la propagation de l’impact des violences sur les femmes, ainsi que le fait que les avocats soient en mesure de favoriser cet accès au droit.
A noter que les cas cités précédemment concernent principalement le harcèlement ou les agressions sexuelles, mais que le domaine est bien plus large et que cette discrimination se retrouve aussi s’agissant de la traite d’êtres humains, dont la procédure pénale est très longue. Avant d’arriver au jugement de l’affaire, il peut se dérouler environ 10 ans.
Les principales difficultés sont alors le manque de preuve, le déni de la victime elle-même, le fait de devoir répéter les faits malgré les effets psychologiques ou la stigmatisation.
L’impact des associations prend alors tout son sens pour accompagner, conseiller et convaincre les victimes de réellement porter plainte en leurs signifiant leurs droits.
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 Ainsi, bien plus qu’un simple sujet d’actualité et effet de mode, les évènements récents démontrent qu’il reste encore beaucoup à faire pour que dans toute la chaine juridique, les femmes soient considérées comme des citoyennes à part entières.
Les alternatives aujourd’hui proposées se regroupent autour de l’idée de séparer les hommes et les femmes et de demander aux femmes de se montrer prudentes, ce qui irait à l’encontre de l’évolution de la société : elles apparaissant en réalité comme des solutions de facilité pour les gouvernements.
Marie Vettraino 
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#METOO ou la libération de la parole des femmes victimes de harcèlement et/ou d’agressions sexuelles
Ce mois d’octobre 2017 est certainement celui de la libération de la parole des femmes victimes de harcèlement et/ou d’agressions sexuelles.
Tout commence le 5 octobre 2017 à la suite de révélations dans le New York Time sur le producteur de cinéma américain Harvey Weinstein. Dans cette enquête Rose McGowan et Ashley Judd racontent avoir été victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles de la part de Harvey Weinstein. Ces révélations en entraînent d’autres et de nombreuses actrices accusent alors à leur tour Harvey Weinstein de harcèlement ou d’agressions sexuelles.
À la suite de cette affaire qui a fait le tour de la planète, une journaliste Sandra Muller décide de lancer le hashtag balancetonporc sur twitter et facebook. Ce hashtag invite les internautes francophones à « donner le nom des prédateurs sexuels » auxquels ils ont eu affaire ainsi que les détails de ce harcèlement ou de cette agression. Ce mouvement avait pour vocation de libérer la parole des femmes victimes, qui trop souvent se taisent pour diverses raisons : la honte ou la peur de sanctions si le harcèlement ou l’agression sexuelle a été commise par un supérieur hiérarchique.
Le 15 octobre 0217, l’actrice Alyssa Milano lance également un hashtag équivalent aux Etats-Unis : #metoo. Le but recherché était que chaque personne ayant été victime d’un harcèlement sexuel ou d’une agression sexuelle s’exprime par le biais du hashtag Metoo. Elle voulait à travers ce hashtag montrer l’ampleur du problème.
Face à l’immense mobilisation sur les réseaux sociaux, des rassemblements ont eu lieux pour que cette mobilisation devienne physique et ait lieu dans la rue. Dimanche 29 octobre 2017, un rassemblement a eu lieu à Paris.
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Cette libération de la parole a plusieurs effets bénéfiques : pour les victimes et pour la société.
D’une part en ce qui concerne les victimes cette libération collective de la parole leur permet de trouver le courage de s’exprimer. De nombreuses victimes gardent le silence sur le harcèlement et les agressions qu’elles subissent et s’isolent dans leur douleur. La prise de parole peut les aider à se reconstruire.
D’autre part en ce qui concerne la société, cette libération permet de montrer du doigt un problème qui ne peut plus perdurer. Il s’agit d’un problème sociétal qui concerne tous les acteurs de notre société. Bien que le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles soient réprimés dans notre Code pénal aux articles 222-33 et 222-22 et suivant, ainsi que dans le Code du travail aux articles L1153-1et suivant, dans les faits de nombreuses victimes ne souhaitent pas déposer plainte ou en parler à ses employeurs ou aux instances représentatives. Il convient de rappeler que l’employeur doit prendre toutes dispositions nécessaires en vue de prévenir les agissements de harcèlement sexuel.  
Dans un rapport de la commission des lois de l’Assemblée Nationale en novembre 2016 sur l’évaluation de la loi n° 2012-954 du 6 août 2012 relative au harcèlement sexuel, les auteurs notaient que les condamnations pénales sont rares :
"Entre 30 et 40 condamnations pénales pour des faits de harcèlement sexuel ont été prononcées chaque année entre 1994 à 2003 et entre 70 à 85 condamnations entre 2006 et 2010. La plupart du temps, les coupables ont été condamnés à des peines de prison avec sursis (seules trois à quatre condamnations par an en moyenne comportaient une partie d'emprisonnement ferme). Dans 10 à 12% des cas, une peine d'amende était prononcée, d'un montant moyen de 1.000 euros."
Le directeur des affaires criminelles et des grâces, entendu par la commission des Lois, a "constaté que le nombre de plaintes et de condamnations n'avait pas augmenté depuis 2012. Ainsi en 2014, si 1.048 plaintes ont été déposées pour des faits de harcèlement sexuel, seules 65 condamnations ont été prononcées, 50% des poursuites ayant donné lieu, par ailleurs, à des procédures alternatives (rappel à la loi, composition pénale…). Seules 30 à 40% de ce type d'affaires font généralement l'objet de poursuites."
Ce décalage entre les personnes ayant déposé plainte et les personnes se déclarant ayant été victimes de harcèlement ou d’agressions sexuelles amène à s’interroger sur l’efficacité de notre arsenal législatif. Marlène Schiappa, secrétaire d’état à l’égalité entre les hommes et les femmes, proposera devant le Parlement en 2018 l’allongement du délai de prescription en ce qui concerne les viols commis sur mineur. Le délai de 20 ans qui court à partir de la majorité du mineur sera désormais un délai de 30ans. Elle défendra également la verbalisation du harcèlement de rue, dont les contours sont encore difficiles à définir.  
En effet, parfois la volonté de déposer une plainte intervient tardivement pour plusieurs raisons : la réalisation tardive par la victime que l’acte subi est constitutif d’une infraction pénale ou la disparition d’un facteur intimidant. Cette volonté tardive est dans certains cas confrontée à la prescription.
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Une réforme de la prescription pénale est intervenue le 27 février 2017 et désormais le délai de prescription en matière de délit est de 6 ans et en matière de crime de 20 ans. En ce qui concerne le cas du harcèlement sexuel le délai de six ans commence à partir de l’acte le plus récent de harcèlement, puisque cette infraction est une infraction d’habitude c’est-à-dire commise de façon répétée sur une période plus ou moins longue.
Néanmoins le renforcement de notre arsenal législatif n’est pas le seul axe de réflexion. L’autre axe de réflexion est celui de l’éducation et de la prévention de certains comportements, quand bien même l’arsenal législatif a également une visée préventive.  Cette méthode préventive aurait pour objectif de sensibiliser tous les acteurs de notre société à la prévention de tels comportements, en insistant sur le respect de l’intégrité physique ou psychique d’une personne. Cette prévention peut avoir lieu dans le milieu scolaire mais également dans le milieu professionnel. L’INRS (Institut National de la Recherche et de la Sécurité) ainsi que de nombreux CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) qui par le biais dossiers tentent de prévenir le harcèlement sexuel au travail.
Un numéro anti-relou, pour les dragueurs un peu trop lourds a été lancé par deux webactiviste français. Le concept est simple : lorsqu’une personne insiste pour avoir votre numéro, donnez-lui le numéro anti-relou (06.44.64.90.21). Lorsqu’elle cherchera à vous recontacter un message lui sera envoyé contenant un rappel à l’ordre sur la notion de consentement, et que quand une personne dit « non », c’est non.
Cet axe préventif fut mis en place par l’organisation No Means No Worldwild, qui a pour objectif de prévenir le viol au Kenya et au Malawi par l’éducation des filles et des garçons à une culture du respect mutuel. Pour plus d’informations sur cette organisation, vous pouvez vous rendre sur leur site qui est le suivant : https://www.nomeansnoworldwide.org.
Mathilde Dumartin
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La femme dans la publicité : une relation ambivalente
                         Les stéréotypes féminins dans la publicité
D’après un sondage du Laboratoire de l’égalité et de Mediaprism (publié en exclusivité sur Le HuffPost), près de trois quarts des Français jugent intolérantes ou énervantes les publicités sexistes. Mais bien que les Français réprouvent ce type de publicité, ils ne savent pas les reconnaitre. C’est avec la tornade de critiques autour de la nouvelle campagne de Yves Saint Laurent que ce sujet attire une nouvelle fois l’attention.
Il est indéniable que le sexisme dans les publicités touche davantage les femmes que les hommes. De femme au foyer à femme objet,  les stéréotypes sont nombreux. Les médias se fondent sans vergogne sur ces clichés et la publicité en est une grande consommatrice, ceux-ci simplifiant l’organisation de la réalité sociale. Elle les récupère, les amplifie et parfois les détourne. L’objectif : transmettre un message directement et efficacement.
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La naissance de cette publicité stéréotypée s’explique par le fait que le métier de publicitaire était auparavant réservé aux hommes. Aussi, l’homme était spectateur de la femme et retranscrivait ce qu’il observait. La société d’aujourd’hui essaye de se défaire d’un héritage patriarcal et de basculer dans l’égalitarisme, mais toutefois, les mœurs se maintiennent et le changement avance à faible allure .
Dans les années 1950, la femme française ne semblait avoir qu’un seul rôle :  celui de la de la fée du logis. Elle doit exécuter toutes sortes de tâches ménagères : entretien domestique, achats, préparation des repas. Les publicités de cuisine, de produits électroménagers ou de produits d’entretien lui sont le plus souvent adressées.
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Elles vantent l’arrivée sur le marché des produits d’entretien « révolutionnaires » qui vont aider la femme dans son rôle. Car en plus d’être une ménagère, la femme doit également être une bonne mère. Papa travaille pendant que Maman reste à la maison pour s’occuper des enfants. Cela est confirmé et parfaitement exploité par la publicité, qui met souvent en scène une mère et son enfant.
Une génération après, le sexisme fait son grand retour dans la publicité dès les années 1990, influencée par la tendance « porno-chic ». Le femme passe du statut de ménagère dans les années 60 à celui de femme-objet dans les années 90. Ce marketing du « porno chic » est bien sûr choquant et destiné à attirer.
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Les publicités agressives ou discriminantes constituent une stratégie fortement sollicitée. Ce phénomène a connu son apogée en France entre 2004/ 2005 et s’est, selon des études officielles, raréfiée depuis.
Mais cette stratégie marketing ne s’avère pas toujours lucrative. La raréfaction de ces publicités résulte notamment des sanctions  gouvernementales. A titre d’exemple, la marque Dolce & Gabbana avait été contrainte de retirer ses publicités, dans son pays d’origine en Italie ainsi qu’en Espagne, en raison d’une offense à la dignité de la femme, connotée par la position passive et désarmée de la femme face aux hommes qui l’entouraient. Cette publicité fut par la suite retirée des centres de diffusion du monde entier.  Dior, Mousseline et Guerlain ont également fait l’objet de politiques répressives en raison de leurs publicités à caractère machiste.
Aux côtés des villes comme Londres et Genève, qui ont déjà mis en place des dispositifs de contrôle comparables, la ville de Paris a choisi en 2017 d’interdire les pubs sexistes et discriminatoires en raison de l’atteinte à la dignité humaine. Elle refusent ainsi toutes les « représentations dégradantes, dévalorisantes, déshumanisantes et vexatoires des femmes et des hommes »
Outre ces deux stéréotypes susmentionnés, il existe la femme fatale, qui est une femme dont le pouvoir de séduction est irrésistible. Elle attire le regard grâce à la provocation . Elle est utilisée pour attirer l’attention sur un produit , qu’il soit destiné aux femmes, aux hommes ou aux deux sexes.
Les conséquentes des publicités stéréotypées sont donc sans appel. Les publicités formatent et uniformisent le corps féminin. L’identité des femmes est donc constamment remise en question.
Il faut toutefois prendre en compte que certaines marquent cherchent à renverser les idées préconçues de la publicité. Dans un premier temps, Always a lancé une campagne intitulée « Like a Girl » en 2014 qui a connu un immense succès auprès des internautes. La marque de serviettes hygiéniques a souhaité dénoncer les stéréotypes sexistes dans un spot publicitaire engagé. Cette pub met en évidence un stéréotype de genre très répandu encore aujourd’hui, selon lequel la féminité est synonyme de faiblesse et de fragilité.
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Dans un deuxième temps, une publicité dénonce les stéréotypes dans l’industrie du jouet dès leur plus jeune âge le bleu est associé aux garçons et le rose aux filles, les petites voitures et le bricolage appartiennent aux garçons, et la Barbie et la cuisine aux filles.
Les gros clichés perdent de l’importance, mais les stéréotypes restent présents ; seulement, ils se font d’avantage discrets et ne marquent plus autant les esprits. Aujourd’hui encore 98% des publicités sont saturées de stéréotypes, certaines perdurent malgré l’éclosion des mouvements féministes et des manifestations pour mettre fin à l’oppression que connaissent la gente féminine.
Certaines publicités ternissent le sexe féminin et d’autres le redorent, la publicité révèle ainsi une relation plus qu’ambivalente, entre glorification et exaltation de la beauté féminine, et oppression et réduction.
                                                                                            Emma Cedrone
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« Pussy Hat » : Le bonnet prend le pouvoir
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Matthew Pillsbury for The New York Times
Aujourd’hui c’est atelier tricot : on vous livre la recette de fabrication du célèbre bonnet rose à oreilles de chatte, accessoire traduisant l’engagement en faveur des droits des femmes dont l’existence fut portée aux yeux du grand public lors de la Women’s March du 21 janvier dernier.
Ne prenez pas peur, un peu (beaucoup) de sérieux se cache derrière son appellation fun : le « Pussy Hat ».
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Couverture du Télérama numéro 3504
Le rose, souvent interprété comme étant « la couleur des filles », a coloré les rues de Washington. L’objectif de cette manifestation était de répondre aux propos de Donald Trump en 2005 « grab them by the pussy » (attrape-les par la chatte) jugés intolérables et sexistes. Ce projet de tricot, devenu viral, se veut fort par un effet visuel prometteur et une solidarité incontestable
Le Pussy Hat est à l’initiative du collectif Pussy Hat Project. Deux amies américaines ont lancé ce mouvement depuis la Californie au cours de la période de Thanksgiving. En collaborant avec une boutique de tricot, les patrons ont ensuite été partagés sur internet.
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Une fois encore, l’influence des réseaux sociaux a frappé : si le collectif a connu tant de succès, c’est notamment grâce aux nombreuses publications notamment sur Instagram. Les créatrices se sont donné comme mantra : « Plus nous sommes vues, plus nous sommes entendues », le partage des réalisations des bonnets est donc un atout important pour que le message soit amplement diffusé.
Le collectif a par la suite distribué des bonnets dans la capitale américaine et incité ceux qui voulaient se joindre au mouvement de s’en tricoter. Une initiative fructueuse puisqu’une vague rose s’est installée dans plusieurs endroits aux États-Unis ainsi qu’en Europe .
Ces bonnets roses, qui ont été portés par plus de 15 000 tricoteuses, ont été perçus comme un réel appel à l’action. Plus généralement, défendre les droits des femmes et leur liberté gagne du terrain, la société prend de plus en plus conscience des enjeux qui sont liés à la femme : culture du viol,  sexisme apparent, légalité de l’avortement ou inégalité salariale.
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Le mot « féministe » est brandi partout, il attire l’attention de tous et connait ces derniers temps une configuration nouvelle. A la portée de tous; hommes comme femmes, jeunes comme moins jeunes, les combats ne cessent de s’intensifier et sont de plus en plus rejoints et fortement soutenus. Tous les moyens sont bons pour faire comprendre un mécontentement général, des seins nus chez les Femen aux slips tachés de rouges envoyés sur les députés, les coups d’actions se veulent provocateurs pour attirer l’attention.
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Et même si certains sont étonnés qu’un tel phénomène puisse s’installer durablement, celles et ceux convaincus par la nécessité de se battre ont certainement des arguments convainquant à leur porté.
Un seul mot d’ordre : à vos bonnets !
                                                                                          Emma Cedrone
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8 mars : Journée internationale des droits de la femme
Ce mercredi 8 mars 2017 est célébrée la Journée Internationale des droits des Femmes, communément appelée « La journée de la Femme ». Elle est célébrée dans de nombreux pays à travers le monde.
Il s’agit durant cette journée de se rassembler, hommes comme femmes, et de s’interroger sur la place et le statut des femmes dans la société actuelle. Cette place dans la société, notamment grâce au droit de vote accordé aux femmes depuis 1944 en France, est le fruit d’un combat mené pendant des siècles qu’il est nécessaire de ne pas oublier.  Cette journée permet de se remémorer tous ces combats menés dans le monde en vue d’accorder aux femmes un statut égal à celui des hommes, tant du point de vue des droits, que de la participation à la vie politique et économique, mais également de prendre conscience de tous ceux encore à venir.
En août 1910 lors de la deuxième Conférence Internationale des Femmes socialistes à Copenhague, à l’initiative de Clara Zetkin¹, a été approuvée à l’unanimité la proposition d’instaurer une Journée Internationale des femmes pour rendre hommage au mouvement en faveur des femmes et aider à l’obtention du suffrage universel.
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Clara Zetkin (source: Le Figaro)
À la suite de la décision approuvant l’instauration d’une journée internationale des femmes, plusieurs pays ont choisi différentes dates pour la célébrer. Ainsi fut-elle célébrée le 19 mars en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse. Le 8 mars 1917 ont lieu en Russie des manifestations d’ouvrières considérées comme certains comme le premier jour de la révolution russe. Par la suite, en Russie, cette date sera la date retenue pour mobiliser les femmes, et sera celle retenue en 1975 par l’Organisation des Nations-Unies. Lors de l’Année internationale de la femme, l’Organisation des Nations-Unies a commencé à célébrer la Journée Internationale de la Femme le 8 mars.
Depuis, cette Journée Internationale des Femmes est mise en avant par de nombreux organismes internationaux tels que l’Organisation des Nations-Unies ou l’UNESCO mais également par des institutions nationaux, comme certains musés, qui pour cette journée par le biais d’exposition ou de café/débat cherche à sensibiliser autour des droits des femmes et de leur participation à la vie politique et économique. À Paris cette année, se tient par exemple l’exposition « Infinités Plurielles » jusqu’au 8 mars 2017 créée par Marie-Hélène Le Ny, rendant visible des femmes qui poursuivent des carrières scientifiques. Elle est exposée sur les grille du siège de l’UNESCO.
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Chaque année, l’ONU donne un thème à cette journée et cette année sera le suivant : « Les femmes dans un monde du travail en évolution : une planète 50 – 50 d’ici 2030 ». L’accent cette année est donc mis autour du changement du monde du travail et de son implication pour les femmes notamment en termes d’accès à l’éducation et de protection.
L’UNESCO, de son côté, met l’accent sur les femmes dans les arts et met en avant le portrait de jeunes femmes artistes et leurs travaux.
Pour cette journée, les femmes sont également appelées à cesser de travailler à 15h40 pour contester les égalités de salaires entre les hommes et les femmes. Pourquoi 15h40 ? D’après les données de la DARES de 2012 l’écart salarial net entre les sexes est de 25,7% en moyenne. Par un calcul, cette différence revient à ce que les femmes travaillent bénévolement à partir de 15h40. D’autres encore appellent à porter le « pussy hat » symbole des femmes défendant leurs droits contre le sexisme porté lors de la Marche des Femmes le 21 janvier 2017.
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Bien que mise en avant, cette journée est également critiquée par certains comme desservant la cause des femmes en les rabaissant à une minorité, voire même comme n’ayant aucune utilité.
Il convient de rappeler qu’aujourd’hui encore dans le monde, des millions de jeunes filles n’ont pas accès à l’école primaire (d’après un rapport de l’UNESCO d’octobre 2013, 31 millions de filles en âge de fréquenter l’école primaire ne sont pas scolarisées) les empêchant ainsi d’avoir accès à une indépendance financière et sociale ayant des répercussions sur le développement de leur pays. En France, comme dans de nombreux pays, les femmes sont moins bien payées que les hommes pour un travail égal. Cet écart est aujourd’hui d’environ 20% même s’il dépend des secteurs d’activités d’après l’INSEE.
Cette journée est donc l’occasion de découvrir le portrait de femmes et leurs combats, de comprendre les enjeux autour des droits des femmes et de leur participation à la vie économique, mais surtout de débattre afin d’appréhender au mieux l’avenir de tous.
                                                                                  Mathilde Dumartin
¹Clara Zetkin (1857 – 1933) était une enseignante, journaliste et femme politique allemande. Elle est devenue une figure historique du féminisme par son engagement à la cause des femmes et notamment du féminisme socialiste.
Sources :
insee.fr
http://www.un.org/fr
https://lejournal.cnrs.fr
http://www.unesco.org
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L’utilisation du viol comme arme de guerre
Le mercredi 30 novembre, l’amphi 1 de la faculté Jean Monnet (Université Paris Sud) accueillait notre première conférence de l’année, ayant pour thème « L’utilisation du viol comme arme de guerre ». Étaient conviées pour venir s’exprimer sur le sujet quatre intervenantes (de droite à gauche) :
Evelyne Naoussi, membre de la Commission droits des femmes d’Amnesy International, présidente fondatrice de l’association Sunshine (luttant contre les violences faites aux femmes) et étudiante en M2 Droits de l’homme à la Sorbonne.
Céline Bardet, Présidente de We Are Not Weapons of War, juriste spécialisée dans les questions de crimes de guerre et justice pénale internationale, et engagée depuis plusieurs années dans la lutte contre les crimes sexuels en temps de guerre (pour plus d’informations: http://www.celine-bardet.com/)
Sarah Ripoche, Chargée de production chez BUS Films et bénévole depuis plus d’un an et demi chez We are Not Weapons of War.
Rafaëlle Maison, Professeur de droit international et droit public à l’Université Paris Sud, spécialiste des thématiques liées à la justice pénale internationale et rédactrice de plusieurs articles, notamment liés aux réactions internationales eu égard au génocide rwandais de 1994.
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De gauche à droite : Rafaëlle Maison, Sarah Ripoche, Céline Bardet et Evelyne Naoussi
Les intervenantes présentes mercredi soir ont mis un point d’honneur sur l’intitulé même du sujet « L’utilisation du viol comme arme de guerre » Vous seriez surpris de savoir que les violences sexuelles ne sont pas utilisées uniquement sur les femmes, comme on peut l’entendre le plus souvent, mais aussi sur les enfants et les hommes comme en Libye. Dans ce cas, il serait inexact de penser que les violences sexuelles sont faites contre un genre, alors qu’elles visent en réalité l’être humain.
Le viol, une arme de destruction massive
La question est de savoir comment tout cela peut arriver. Le viol est une arme de destruction massive utilisée trop souvent par des entités politico – militaire comme instrument de domination, dans le seul but d’humilier, d’affaiblir l’ennemi et ainsi le rendre vulnérable. Le viol est depuis toujours considéré comme un crime international lorsqu’il est commis dans un contexte de guerre ou de persécution.
Toutefois, le viol englobe diverses actes d’agressions et atteintes sexuelles qui ne sont pas toutes de la même nature : certaines répondent à des objectifs économiques comme dans la région du KIVU à l’est de la République Démocratique du Congo. En effet, les minerais y sont très convoités et le viol permet d’éloigner les populations. Le docteur Denis Mukwege, gynécologue congolais qui s’est engagé à aider les femmes victimes de viol collectif (voir L’homme qui répare les femmes).
Il peut également s’agir d’une forme de torture pour faire payer des rançons, comme c’est le cas en Érythrée. Et le peuple Yazidi souffre également de l’esclavage sexuelle dans le cas de mariage forcé. Enfin, certains viols comme au Rwanda se caractérisent par la mutilation des organes génitaux qui entrainent le décès de nombreuses femmes.
En situation de conflit, le viol va au delà de la simple définition de la loi ; le viol massif et stratégique des femmes, familles et communautés entières a pour but de terroriser la population, briser les familles voire changer la composition ethnique des générations futures. Le recours au viol sur la femme atteint l’honneur du couple social. En République Démocratique du Congo se dissimule une guerre génétique dans le corps des femmes. Cela signifie qu’en visant son droit de porter un enfant et de donner la vie à un nouvel être humain, ce dernier issu d’une autre filiation créer une nouvelle race que la famille sera dans l’impossibilité de reconnaitre. Dans le meilleur des cas, une femme « ne verra pas un monstre naitre, mais sa fille ».
Cette stratégie autant dévastatrice physiquement que psychologiquement n’est pas ressentie de la même façon par chacun : certaines victimes se livrent et voient leurs cellules familiales éclater, tandis que d’autres se meuvent dans le secret pour ne pas voir ce qu’elles ont disparaitre et continuer de vivre socialement. D’autres encore nient l’existence de ce type de violences. Ce fut le cas après l’opération Turquoise de 1994 au Rwanda, lorsqu’un colonel de l’armée française avait estimé qu’« une mère vendant son corps pour ses propres enfants n’est pas du viol » mais « davantage un acte de courage et d’amour ».
Le thème de la conférence s’est accaparé de l’actualité. D’une part, les migrants sont considérablement touchés par ce type de violence. Il faut prendre conscience que les migrants, et notamment les migrantes sont quasiment toutes systématiquement violées lors de leur trajet d’un pays à un autre. Elles sont en état de choc en arrivant dans les pays européens et aucune structure, aucune aide ne leur ait apportée. D’autre part, le recours aux violences sexuelles est fortement utilisé pour affaiblir l’ennemi au sein du conflit syrien où Daesh a théologisé ce crime. Si la population tente de quitter leur territoire, c’est dans un premier temps pour fuir les violences qu’elle subit et éviter les conséquences que ces violences peuvent avoir sur chaque syrien en tant que personne, sur les familles et les communautés.
Vers une prise de conscience globale ?
Le problème principal évoqué est que le viol de guerre n’est pas une arme récente, il est utilisé depuis des milliers d’années, notamment en ce qu’il constitue le « crime parfait » : il est aussi silencieux que leurs victimes semblent invisibles, mais se parfait par sa large impunité. Il y a beaucoup de difficulté à avoir des procès : identifier les auteurs de ces crimes relève quasiment de l’impossible. Toutefois, force est de constater que les choses évoluent et que l’atrocité de cette arme de guerre mobilise de plus en plus d’acteurs :
Au niveau national, un travail de sensibilisation et d’accompagnement des victimes tente d’émerger. Des structures sont créées afin que les victimes soient écoutées dans un cadre bénéfique pour qu’elles reprennent confiance en elles. Par exemple, le ministre de la justice libyen a présenté un texte de loi à l’ONU en 2013, dans lequel le crime de viol est d’égale nature au crime de guerre. Il a ajouté que l’Etat libyen payerait un voyage à la Mecque aux victimes de viol pour les faire sortir du silence et ainsi retrouver leur honneur.
Au niveau international, il ne faut pas sous estimer l’impact des associations, des ONG ou des organes juridiques internationales. Dans un rapport de 2014, Amnesty International a dénoncé ces pratiques et plaide pour que ces violences sexuelles soient condamnables. Le conseil de sécurité de l’ONU est intervenu en prenant diverses résolutions. Enfin certains pays occidentaux, comme la France et la Grande Bretagne, commencent a s’engager pour lutter contre les violences faites aux femmes. En 2014 notamment, le Sommet Global qui se tenait à Londres fut un événement révélateur de cette zone d’ombre présente dans notre société. Aussi, le débat avance, et l’association We are Not Weapon of War se réserve actuellement la possibilité de créer une cartographie, dans le but de quantifier le recours aux violences sexuelles en temps de guerre dans chaque pays du monde.
Aujourd’hui une prise de conscience est en cours et peut être illustrée par l’instauration de la Journée internationale pour l’élimination des violences sexuelles en temps de guerre. La question du viol comme utilisation d’arme de guerre reste un enjeu majeur dans nos sociétés orientales et occidentales, tant il est ancré comme un sujet tabou.
                                                                                              Emma Cedrone
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25 novembre : Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes
Il y a 17 ans, le 25 novembre est devenu une journée emblématique pour la cause des femmes, proclamée par l'Organisation des Nations Unies (ONU) Journée internationale contre les violences faites aux femmes. Les Nations Unies définissent la violence à l’égard des femmes comme “tout acte de violence dirigé contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou la vie privée.”
Ces violences sont à l’égard des femmes, l’une des formes de violation les plus systématiques et les plus répandues des droits de l’homme. Elles sont ancrées dans des structures sociales sexistes plutôt que dans des actes individuels et isolés. Ces violences touchent toutes les femmes, indépendamment de leur âge, statut socio-économique, niveau d’éducation et région du monde ; elles se manifestent dans toutes les sociétés et constituent un obstacle majeur à l’élimination des inégalités entre les sexes et de la discrimination à l’égard des femmes dans le monde.
Une pratique alarmante... mais très (trop) fréquente
En France, les violences contre les femmes sont un sujet dont on parle peu, mais qui est pourtant très alarmant :  223 000 femmes sont victimes de violences conjugales, et 84 000 sont victimes de viol ou tentative de viol, ce chiffre peut même atteindre 580 000 lorsqu’on étend à des agressions sexuelles (attouchements, baisers ou rapport forcé...). Une femme meurt tous les trois jours, sous les coups de son conjoint.
Alors même que des plans de prévention ont été mis en place, cette violence envers les femmes perdure et prend la forme de violences morales, verbales, psychologiques, physiques intolérables telles que les violences sexuelles, le harcèlement sexuel, les violences au sein du couple, les mariages forcés et les mutilations sexuelles.
Ces violences ont des conséquences très graves en ce qu'elles entraînent des problèmes de santé physique, mentale, sexuelle, reproductive chez les femmes victimes et peuvent accroître leur vulnérabilité au VIH.
Concernant les violences sexuelles, les agresseurs sont dans leur quasi-totalité des hommes que la victime connaît. La famille et les proches constituent la principale sphère de vie dans laquelle les femmes sont victimes durant l’enfance et l’adolescence. A l’âge adulte, les viols et les tentatives de viols ont lieu principalement dans la sphère conjugale, tandis que les agressions sexuelles (autres que le viol) se déroulent notamment dans l’espace public ainsi qu’au cours des études et de la vie professionnelle. Concernant ainsi les violences faites au travail, les chiffres sont rares, mais une enquête réalisée en 2012 dans l'Essonne auprès de  salariées est choquante : sur 1 300 salariées, 4 % déclarent avoir subi un viol ou une agression sexuelle dans les 12 derniers mois, 16 % un harcèlement sexuel, 43 % un harcèlement sexiste (blagues salaces, injures...) (1).
Les violences conjugales, et plus précisément les viols conjugaux, ne sont reconnus que depuis 1990. Le recueil de lettres « No te mueras por mi »*, "Ne meurs pas pour moi" en français, recueil de vingt-cinq lettres de femmes battues recueillies par l'ONG péruvienne Vida Mujer, illustre très bien le cercle vicieux que vit une femme victime de coups, et les raisons pour lesquels ces femmes-là portent très peu plainte (moins de 10% de plaintes). (2)
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La lente et difficile évolution des mentalités
Ces violences sont incitées par l’image dégradante et inférieure de la femme renvoyée dans notre société notamment à travers les publicités, mais aussi les chansons et les buzz. Il est possible ainsi de se référer à la campagne publicitaire de 2013 de Darty, qui illustra bien le sexisme imprégné dans la société, en par son slogan « Face à la technologie, on est tous un peu blonde ». Car oui, en plein XXIe siècle, chacun sait que la technologie reste un domaine réservé aux hommes et auquel les femmes ne comprennent rien ! Merci Darty pour cette position complètement rétrograde.
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Plus récemment, l'émission "Touche pas à mon poste" diffusée sur C8 avait également fait l'objet d'un scandale à ce sujet, puisqu'un chroniqueur avait embrassé une invitée sur la poitrine, bien que celle-ci ait expressément et à plusieurs reprises refusé ce geste.
Par ailleurs, l'élection aux États-Unis d'un homme qui affirme sans tabou à propos des femmes : "Je les embrasse, je n’attends même pas. Et quand tu es une star, elles te laissent faire. Tu peux les attraper par la ch…, tu fais tout ce que tu veux." ne peut qu'induire une banalisation des comportements violents envers les femmes. Si le Président de la première puissance mondiale peut le faire, pourquoi pas vous ?
Mesdames, Messieurs, ne perdons pas de temps à identifier précisément les instigateurs de ces clichés qui font subir aux femmes une objectivisation sexuelle permanente : ils sont tout autour de vous.
                                                                                            Carine Esoua
*http://entremujeres.clarin.com/genero/violencia_de_genero-violencia-genero_0_1360664281.html
Sources
(1) http://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/violences-faites-aux-femmes-au-travail-10-des-victimes-d-agressions-sexuelles-seulement-portent-plainte_1318960.html
(2) http://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/violences-faites-aux-femmes-au-travail-10-des-victimes-d-agressions-sexuelles-seulement-portent-plainte_1318960.html
ONU femmes
stop-violence-femmes.gouv
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Conférence : La loi, l’Islam et la condition féminine
L’association Students for Women a organisé en début d’année dernière sa première conférence, portant sur la la condition féminine dans la société islamique contemporaine.
Trois questions furent posées aux intervenants
Islam et Loi islamique : définition et différenciation
Charia et droits des femmes : quels enjeux juridique et sociétaux ?
La Charia peut-elle être compatible avec la société progressiste ?
Pour présenter cette thématique, deux intervenants ont accepté de venir s’exprimer sur ces sujets.
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Madame Djenane Kareh Tager (gauche sur la photo), rédactrice en chef du magazine Clés. Elle est l’auteur de plusieurs essais portant sur la condition de la femme en islam : Sous mon niqab avec Zeina (Plon, 2010), 40 coups de fouets pour un pantalon et Suis-je maudite ? La femme, la charia et le Coran, tous deux avec Lubna Ahmad al-Hussein (Plon 2009 et 2011).
Monsieur Pierre Lory (droite sur la photo), directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à Paris, détenteur de la chaire de Mystique musulmane de la Ve section Sciences religieuses. Auteur des ouvrages : Les commentaires ésotériques du Coran selon ‘Abd al-Razzâq al-Qâshânî ; La science des lettres en islam, ou encore Petite histoire de l’islam.
Cette conférence fut l’occasion pour les étudiants d’apprendre précisément quelques aspects de l’histoire de l’Islam et des enjeux soulevés par l’application différenciée de la Charia dans les nombreux pays de confession musulmane. Elle permit également de mieux appréhender les fondements de certains conflits civils (notamment entre chiites et sunnites). Au regard de la condition féminine, Madame Kareh Tager, par ses recherches et expériences, s’est exprimée sur les inégalités ambiantes dans la plupart des pays et notamment sur la lapidation, pratique portant exclue du Coran dont une dizaine de femmes sont victimes chaque jour.
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Le viol, facteur tabou de la fuite des femmes Syriennes
« Le monde se préoccupe des armes chimiques ; mais pour nous, Syriennes, le viol est pire que la mort », déclare une étudiante Syrienne en droit qui n’a pas encore osé se confier sur le drame subi, ni même à son mari.
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(Source photo : Manu Brabo)
Beaucoup de femmes Syriennes, se trouvant dans la même situation que cette étudiante, ont subi l’un des crimes les barbares et des plus tus de cette guerre qu’est le viol. Ce recours au viol est un moyen massivement développé par le régime de Bachar Al Assad, ce dernier ayant organisé des campagnes de viol dès 2011 notamment lors des raids de miliciens. Les femmes les plus touchées sont celles des régions sunnites. C’est un des facteurs principaux étant à l’origine de la masse de départ de la Syrie, pourtant absent des discussions au sein de l’ONU, bien que quelques ONG telles qu’Amnesty International le dénoncent dans ses nombreux rapports . Ce tabou et ce silence gardé s’explique par la peur de ces femmes ne permettant ainsi de recueillir que peu de témoignages. En effet, nombreuses craignent le rejet de leur foyer, d’être tuées par leur père ou famille ou pire encore faire l’objet de condamnation à mort pour crime d’honneur. Les quelques témoignages furent recueillis en Jordanie, où nombre de réfugiés Syriens affluent, pris en charge par des psychologues.
Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne des droits de l’homme estimait en 2014, à plus de 50 000 le nombre de femmes violées par les miliciens du régime de Bachar Al-Assad depuis le début de la révolution. Il affirme que cette pratique est fréquente lors de ces raids et systématique lorsque ces femmes, accusées de rébellion ou femmes de rebelles sont détenues.
Ces détentions donnent souvent lieu à des viols collectifs mais qui sont loin d’être l’unique pratique ; un témoignage a pu être recueilli d’une jeune femme de 27 ans, mère de 4 enfants et diplômée de gestion qui a raconté son drame. Elle s’était engagée aux côtés des rebelles et leur livrait nourriture, médicaments et leur fournissait des armes, cachées de telle sorte qu’on eut cru qu’elle était enceinte. Arrêtée dans la banlieue de Damas elle a été mise en détention aux côtés d’une centaine d’autres femmes. Elle y resta 38 jours où elle subit des violences des plus inhumaines.
Elle témoigne : « J’ai tout eu ! Les coups, le fouet avec des câbles d’acier, les mégots de cigarette dans le cou, les lames de rasoir sur le corps, l’électricité dans le vagin. J’ai été violée – les yeux bandés – chaque jour par plusieurs hommes qui puaient l’alcool et obéissaient aux instructions de leur chef, toujours présent. Ils criaient: “Tu voulais la liberté ? Eh bien la voilà ! ». Aujourd’hui elle ne marche plus, du fait de sa colonne vertébrale, brisée par une crosse de fusil.
Ces tortures subies en détentions ne sont pas les seules, parmi les plus dégradantes et barbares, se trouvent le bâton électrique dans l’anus ou le vagin, ou encore le placement d’un rat dans le vagin, comme en a fait les frais une jeune fille de 15 ans, ou même les viols collectifs par des hommes, jours et nuits sans répits. Pour éviter de tomber enceinte, des pilules contraceptives sont fournies à ces femmes. Toutefois, il arrive qu’elles se retrouvent enceintes, situation en poussant certaines au suicide.
Lors des raids, les miliciens recourent aussi à ce crime sur des jeunes femmes de tout âge, de 9 ans à 60 ans. Sema Nassar, l’une des auteurs du rapport publié en novembre 2013 par L’Euro-Mediterranean Human Rights Network, a écouté et accueilli des témoignages. Une jeune femme d’Hama, ensuite réfugiée aux États-Unis, se trouvait chez elle avec ses trois frères lorsque des soldats ont fait irruption. Ceux-ci ont forcé ses frères à la violer, mais les deux premiers refusant, furent décapités sous ses yeux. Le troisième, bien qu’ayant accepté à contrecœur, acceptant fut tué et elle fut ensuite violée par ces hommes.
Beaucoup d’autres femmes Syriennes ont subi le même sort. Pourtant ce crime n’est que trop peu dénoncé par les organismes internationaux. Il est un problème conséquent et immoral entraînant beaucoup de morts, de souffrance et de traumatismes incurables.
                               Par Ambre Lemaître, membre de Students for Women Source : Le viol, arme de destruction massive en Syrie, Le Monde (2014)
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