Tumgik
#TraverséeDuMalheur
janelher · 2 months
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Homme
Le malheur est lent, très lent, il peut durer mille ans. Comme un désert qui s'étend à l'infini, où chaque grain de sable représente une petite peine, une micro-tragédie de la vie quotidienne. Ce désert, immense, semble insurmontable, un paysage de solitude où même le vent semble pleurer sa propre existence.
Au cœur de ce désert, un voyageur avance, pas après pas, sous un soleil de plomb qui brûle les espoirs et assèche les rêves. Ses pieds dessinent des traces éphémères sur le sable, semblables aux souvenirs qui, malgré leur douleur, s'estompent avec le temps. Dans sa poche, un téléphone vibre, rappel incessant des obligations, des dettes émotionnelles et matérielles qui l'attendent au retour. Mais ici, dans l'immensité du désert, ces tracas semblent à la fois si proches et si lointains.
Parfois, il s'arrête, contemple l'horizon où le ciel bleu se fond avec le sable orangé, cherchant un oasis, un signe de vie, un espoir. Mais autour de lui, rien d'autre que le silence, interrompu seulement par le souffle du vent et le battement de son cœur. Il pense à ceux qu'il a aimés, à ceux qu'il a perdus, aux moments de bonheur si brefs qu'ils semblent n'avoir été qu'un mirage, une illusion créée par le désir ardent d'échapper à la réalité du désert.
Pourtant, même dans ce lieu abandonné, la vie trouve son chemin. Un cactus solitaire, résistant à la sécheresse, portant en lui des réserves d'eau, source de vie dans cet univers de mort. Comme ce cactus, l'homme porte en lui la capacité de survivre, de trouver en lui les ressources pour continuer, malgré tout.
La nuit tombe, et le désert se transforme. La lune et les étoiles apparaissent, offrant une lumière douce, un guide dans l'obscurité. C'est dans ces moments de tranquillité que le voyageur se permet de rêver, de croire en la possibilité d'un monde différent, où le malheur ne serait plus qu'un lointain souvenir.
Et soudain, comme par magie, au milieu de nulle part, il trouve un puits, caché par les dunes et les années. L'eau, fraîche et claire, semble impossible, un miracle au cœur de l'aridité. C'est là, au bord de ce puits, que le voyageur comprend. Le malheur, aussi vaste et infini qu'il puisse paraître, peut être traversé, peut être surmonté.
Le temps passe, et avec lui, le voyageur reprend sa route, emportant dans son cœur la certitude que même dans le désert le plus stérile, il y a de l'espoir, il y a de la beauté. Et c'est dans ces moments de désespoir absolu que l'on apprend à apprécier les plus petites gouttes de bonheur.
Le bonheur, lui, commence au moment où la pupille frétille, désireuse de demander à ses voisins, les cils, de battre comme une hirondelle en début de printemps; puis se termine lorsqu’en lieu de volatile sincère venu des pays chauds pour nous étonner, l’œil se referme et claque, comme battrait l’aile d’un papillon, créature éphémère et changeante, à la fin de la journée. Le bonheur ne dure qu’une seconde, et s’enfuit.
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