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cequifutsanslumiere · 2 years
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Quand un adulte se retrouve avec un enfant sur les bras (au cinéma)
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Quand un adulte se retrouve avec un enfant sur les bras (au cinéma)
La gĂ©nĂ©ration des divorcĂ©s laisse sur son passage des enfants dont il faut s’occuper. 
Le cinĂ©ma a souvent filmĂ© des pĂšres (mais pas que) dĂ©bordĂ©s du jour au lendemain d’avoir un enfant Ă  leur charge, comme par exemple dans Kramer contre Kramer dans lequel on suit un Dustin Hoffman Ă©puisĂ© qui apprend visiblement son role parental sur le tas. Que ce soit quand Meryl Streep quitte le domicile familial ou Natasja Kinski dans Paris, Texas, qu’est-ce que l’on apprend de l’homme seul et de sa capacitĂ© Ă  assurer l’éducation au cinĂ©ma ? 
Souvent c’est d’un enfant unique dont il s’agit : Billy (dans Kramer contre Kramer de Robert Benton, 1979), Hunter (dans Paris, Texas de Wim Wenders, 1984) ou ClĂ©o (dans Somewhere de Sofia Coppola, 2010). Si l’enfant unique traduit la fragilitĂ© d’un couple qui n’a pas « fondĂ© une grande famille » et qui s’est vite sĂ©parĂ© aprĂšs sa naissance, il permet aussi d’observer sa relation privilĂ©giĂ©e et sa « rencontre » avec son pĂšre. Dans des schĂ©mas types mais datĂ©s du patriarcat, quand la mĂšre et l’épouse part, le pĂšre a dĂ©jĂ  du mal Ă  se nourrir lui-mĂȘme. Mais dans ces trois films on voit bien que c’est un rythme entier qu’il ne parvient pas Ă  procurer Ă  son enfant : l’école, le brossage de dents, la nourriture. Les mettant ainsi presque dans un rapport d’égalitĂ© avec leur pĂšre, flouttant aussi les limites de l’ñge, et inversant presque la courbe de maturitĂ©. On peut voir que ces pĂšres, dans leur dĂ©sarroi apprennent de la sagesse de leur interlocuteur bien qu’il n'ait qu’entre 6 et 12 ans. Comme quand Billy prĂ©pare le petit-dĂ©jeuner pour son pĂšre et lui, du haut de ses huit ans. 
Se libĂ©rant du carcan familial « normal » qui est souvent aseptisĂ© et protĂ©gĂ© des notions de « la vraie vie » : la souffrance, la peine amoureuse, l’abandon; les pĂšres se voient obligĂ©s de faire avec. Et d’inventer ainsi une nouvelle proximitĂ©, presque trop honnĂȘte, et de les emmener avec eux. Cela peut ĂȘtre dans la cĂ©lĂ©britĂ© du parent, que Sofia Coppola ne comprend que trop bien, quand elle met en scĂšne un acteur cĂ©lĂšbre interprĂ©tĂ© par Stephen Dorff, qui enchaine les relations d’un soir et les after-party de festivals de cinĂ©ma oĂč drogues et femmes sont au rendez-vous. Sa fille ClĂ©o suit, bien qu’elle condamne l’attitude immature de son pĂšre. Un train de vie luxueux dans des hĂŽtels italiens mais qui ne sont clairement pas de son Ăąge. Un peu moins confortable, quand Harry Dean Stanton arpente les États Unis avec son fils Ă  l’arriĂšre d’un pick-up dans l’espoir de retrouver sa mĂšre dans Paris, Texas. 
La jalousie et l’inquiĂ©tude que le pĂšre trouve quelqu’un d’autre est aussi un thĂšme rĂ©curent, on peut voir que les mises en scĂšne enfantines vont mĂȘme jusque’à saboter le ou la prĂ©tendante en question. Cela n’empĂȘche qu’ils finissent par crĂ©er de vraies relations complices de parent Ă  enfant, mais surtout des relations humaines. Encore dans Kramer contre Kramer, Meryl Streep qui revient dans un procĂšs pour gagner la garde de son fils, fait face Ă  l’évidence. Ils ne s’entendent que trop bien. Elle abandonne le procĂšs et juge elle mĂȘme que son ex-mari est capable -et mieux qu’elle-  de s’occuper de leur enfant.
A l’écran, ce n’est pas toujours dans des liens de filiations Ă©vidents comme celle du pĂšre, qu’un adulte doit subitement prendre soin d’un enfant. Chez Wim Wenders encore, dans Alice dans les Villes (1974), RĂŒdiger Vogler s’occupe d’une petite fille, de New York Ă  Francfort qui n’est pas la sienne mais la fille d’une amie Ă  lui. Il joue au pĂšre et c’est un rĂŽle que l’on retrouve aussi dans la filmographie de Joaquin Phoenix, plus rĂ©cemment dans Nos Âmes d’enfants  de Mike Mills (2022). Il y joue un journaliste radio qui emmĂšne partout son neveu dont la mĂšre est occupĂ©e Ă  soigner un mari dĂ©pressif. Cette situation interroge nos deux personnages sur leur envie d’avoir un enfant et de ce qu’ils peuvent apporter comme hĂ©ritage Ă  quelqu’un.  Dans un contexte plus sombre, dans le court mĂ©trage de Lucille Hadzihalilovic : La bouche de Jean-Pierre (1996), Mimi une petite fille se retrouve chez sa tante qui est extrĂȘmement jalouse d’elle. En voulant s’en dĂ©barrasser et en la nĂ©gligeant aussi bien physiquement que psychologiquement, la tante Solange l’expose Ă  un danger : celui de son amant qui abuse de Mimi. 
Le cinĂ©ma montre bien qu’il n’y a ni instinct maternel ni paternel, mais plutĂŽt une possibilitĂ© chez chacun d’improviser. 
Kramer contre Kramer, réalisateur Robert Benton, 1979, Columbia Pictures
Paris, Texas, réalisateur Wim Wenders, 1984, 20th Century Studios
Somewhere, réalisatrice Sofia Coppola, 2010, American Zoetrope et Pathé
Alice dans les villes, réalisateur Wim Wenders, 1974, Westdeutscher Rundfunk Produktion
La bouche de Jean-Pierre, réalisatrice Lucille Hadzihalilovic, 1996, Pathé
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cequifutsanslumiere · 2 years
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Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin (2015)
Trois souvenirs de ma Jeunesse est le dixiĂšme long mĂ©trage d’Arnaud Desplechin, sorti en salles le 20 Mai 2015.
Ce film raconte la vie, adolescente mais pas exclusivement, de Paul DĂ©dalus, personnage dont on avait suivi les aventures dans le film du mĂȘme rĂ©alisateur Comment je me suis disputĂ© 
 (ma vie sexuelle), sorti en 1996.  
Paul est interprĂ©tĂ© adolescent par Quentin Dolmaire, puis par Mathieu Amalric, acteur phare d’Arnaud Desplechin, quand il atteint la cinquantaine.
Tout au long du film, Paul cherche dans sa mémoire. Le film est ainsi divisé en périodes, au nombre de trois, dont chacune correspond à  un souvenir bien particulier.  
Le premier souvenir raconte l’enfance de Paul, le deuxiĂšme son aventure clandestine en Russie, et le troisiĂšme se personnifie en la personne d’Esther, interprĂ©tĂ©e par Lou Roy-Lecollinet. Ces remontĂ©es dans le temps, nous les suivons Ă  l’aide d’une camĂ©ra qui construit des portraits Ă  l’aide de zooms sur des personnages, aussi bien masculins que fĂ©minins.
Plusieurs sujets, du sĂ©rieux au futile, sont successivement abordĂ©s : l’amour, l’éducation aussi bien parentale que scolaire, la dĂ©pression, le deuil, la dĂ©couverte, le danger, l’emprise, la culture, le voyage, l’amitiĂ©, le sexe, la drogue, la quĂȘte identitaire, le rapport Ă  l’Histoire, la trahison, le manque, la famille et les responsabilitĂ©s.
En plus des sujets moteurs du film que nous venons de citer, il est important de relever de petits caractĂšres de vie qui nous font dĂ©couvrir les mƓurs et modes de pensĂ©es des annĂ©es 90 Ă  Roubaix puis Ă  Paris. ImmiscĂ©s de maniĂšre brĂšve dans l’histoire, ils nous permettent d’établir des liens ou des suppositions menant Ă  des parallĂšles possibles avec nos vies.
L’emprise “provinciale” :
Comme Arnaud Desplechin, le personnage principal vient de Roubaix. La figure qui subit l’emprise dite “provinciale” (encore trĂšs marquĂ©e dans la France des annĂ©es 1980) est incarnĂ©e par le meilleur ami d’enfance de Paul. Il explique que cette ville est sa malĂ©diction. On peut ainsi mettre en opposition le statut de vie trĂšs libre de Paul qui voyage, Ă©tudie, rencontre des femmes alors que son ami est condamnĂ©, prisonnier de cette ville l’empĂȘchant de faire de nouvelles rencontres, et oĂč l’on est obligĂ© de reprendre l’entreprise familial. 
Le statut de la femme libérée :
Au dĂ©but des annĂ©es 90, la femme moderne et libĂ©rĂ©e est reprĂ©sentĂ©e par Esther. Elle est libre et dotĂ©e d’une belle assurance ce qui ne plaĂźt pas Ă  tout le monde (la mĂšre d’un de ses amis la traite de “marie couche toi là”).
La figure parentale :
Relevons le besoin qu’éprouve Paul de transfĂ©rer l’amour qu’il n’a jamais ressenti pour sa mĂšre, prĂ©sentĂ©e comme faible et folle et qui finira par se suicider, dans la figure forte et protectrice de sa professeure d’anthropologie : on le savait mystĂ©rieux mais on lui dĂ©couvre grĂące Ă  cela une certaine sensibilitĂ©.
Trois souvenirs de ma jeunesse a permis à Desplechin de recevoir le césar du meilleur réalisateur en 2016, et de nombreuses autres nominations.
Ce film nous dévoile des personnages attachants qui créent un beau portrait de la jeunesse. On y retrouve malgré les tourments adolescents une certaine fraßcheur, accentuée par le jeu des acteurs Quentin Dolmaire et Lou Roy-Lecollinet qui apparaissent pour la premiÚre fois sur grand écran.
Arnaud Desplechin 20 Mai 2015 – Why not productions
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cequifutsanslumiere · 2 years
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Captain Fantastic de Matt Ross (2016)
Captain Fantastic est un film Ă©crit et rĂ©alisĂ© en 2016 par lÊŒamĂ©ricain Matt Ross. Il a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© au festival de Sundance et a obtenu la distinction «Un certain regard» Ă  Cannes pour sa mise en scĂšne. 
Synopsis :
Ben (Viggo Mortensen) est un pĂšre de famille qui vit avec ses six enfants dans les forĂȘts du Nord-Ouest des Etats-Unis. Ils vivent en autarcie, totalement isolĂ©s du reste du monde, se nourrissent de chasse et de cueillette. Les enfants reçoivent un entrainement intensif aussi bien physique quÊŒacadĂ©mique. Ils acquiĂšrent dĂšs leur plus jeune Ăąge un savoir considĂ©rable dans quasiment tous les domaines : les sciences, le droit, la chanson, la crĂ©ation de vĂȘtements... American Dream ridiculisĂ© En effet, ce mode de vie qui est anti-capitaliste et anti-sociĂ©tĂ© de consommation, parce quÊŒil se base uniquement sur la nature et le partage, est mis en opposition avec lʌ”american dream” libĂ©ral qui rĂšgne en dehors de leurs forĂȘts. Lors dÊŒune escapade de la longueur dÊŒun dĂźner, Matt Ross rĂ©alise la satire de la famille type amĂ©ricaine : mariĂ©s, catholiques, deux enfants. LÊŒĂ©ducation pacifiste que Ben donne Ă  ses enfants lui est reprochĂ©e, le couple la trouve trop loin de la rĂ©alitĂ© et laxiste, il dĂ©cide alors de leur prouver que sa fille de huit ans en sait beaucoup plus sur la constitution amĂ©ricaine que leur deux fils adolescents rĂ©unis, visiblement plus prĂ©occupĂ©s par la playstation. Lors de leur grand voyage, les six enfants sont prĂ©occupĂ©s par le poids excessif des amĂ©ricains, et leur pĂšre caractĂ©rise le Coca-Cola de «poison». Une Utopie pas si parfaite que ça et la figure de Bodovan Cet isolement gĂ©ographique Ă©loigne par consĂ©quent les enfants de leur temps. La mĂšre de famille, que lÊŒon voit trĂšs peu, diagnostiquĂ©e dĂ©pressive et bipolaire finira par se suicider car elle ne pouvait endurer ce rythme de vie. On se demande alors si vivre de cette maniĂšre est rĂ©ellement possible. Avec la figure de Bodovan, le fils ainĂ© de la famille, jeune adulte, qui lors de sa brĂšve confrontation avec le monde rĂ©el, reproche Ă  son pĂšre de ne rien connaĂźtre Ă  la vie (agir en sociĂ©tĂ©, amour)... on constate que ce choc des cultures est inĂ©vitable et douloureux. Quelle solution ? Le grand-pĂšre maternelle des enfants refuse complĂštement cet Ă©ducation quÊŒil juge dangereuse et absurde. Il veut prendre la place de sa fille dĂ©funte et avoir la garde des six enfants. La famille solidaire triomphe contre lÊŒautoritĂ© du grand-pĂšre. Mais lÊŒautarcie nÊŒest pas possible infiniment, Bodovan part dans une des meilleures universitĂ©s amĂ©ricaines, ce qui donne une victoire au systĂšme. Mais tout le monde est content, vivre sans argent et dans la nature est possible mais pas sans consĂ©quence, est-ce une Happy End ?
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