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darkpalmor · 18 days
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10 AVRIL 2024
Programme difficile.
Échauffement en cinq minutes : Thème imposé ! Réchauffez-moi…
Réchauffez-moi ! J’ai le cœur froid, Vos deux mains chaudes Me font revivre. J’ai des glaçons dans le caleçon, des grêlons dans le pantalon. Réchauffez-moi ! Brûlez-moi donc de votre flamme, Mon cœur, mon âme ! Soyez ma femme !
1°) Aération (5-10 minutes) : Donnez de l’air ! On écrira un court texte dont chaque mot devra contenir au moins une fois la lettre R. Contrainte supplémentaire : le thème imposé est l’étouffement. Assouplissement de la contrainte : chacun pourra s’autoriser au maximum un mot sans R par personne présente à cet atelier. On fera un décompte rigoureux !
Marathon tragique. Robert, courant vers Montmorot, rougeaud, ralentit brusquement, respirant trop fortement, bronches obstruées. Fréquence cardiaque exagérée, arythmie ? Expirations courtes, rapides, rauques, râles pulmonaires, crachats ! Trois secouristes arrivèrent, chargèrent Robert écroulé, recroquevillé suer leur chariot, conduisirent leur gros Renault rouge vers Bourg. Arrivés trop tard, respiration arrêtée, mort cérébrale. Requiem, prières, crématorium. Robert repose, tranquille, au paradis, près du Seigneur. N.B. Trois participants, trois mots maximum sans R autorisés.
2°) Écriture longue (15-20 minutes) : Un titre et des circonstances, Le voile rouge. On écrira un petit récit à tendance biographique avec comme personnages obligatoires un oncle, 4 sœurs, quelqu’un qui s’appelle Marino, un chien sans nom, et un lieu, le quartier des Épinettes. Contrainte narrative : une histoire de proxénétisme. Il faudra aussi des fiançailles, rompues de préférence. Récit à la première personne obligatoirement.
J’ai rompu avec Marino, ç’a été très brusque, j’ai failli paniquer à mort. On était fiancés depuis presque un an, je continuais mon droit à la sorbonne et je me rendais chez lui aussi souvent que je pouvais. Il vivait dans un quartier pourri, les Épinettes, occupant un F2 que lui prêtait son oncle qui occupait un grand F5 à l’étage du dessus. Un tonton louche, un mafieux, comme je l’ai deviné trop tard. Sicilien, comme Marino. Farinelli, c’était son nom. Il fallait toujours que j’aille lui présenter mes hommages, en arrivant et en repartant. Toujours avant minuit, le départ ! Ce vieux patriarche voulait s’assurer que je ne passais pas les nuits chez mon fiancé. Et à propos de fiançailles, ç’avait été toute une affaire. Marino m’avait expliqué que son père resterait en Italie, il ne pouvait pas quitter l’entreprise. Il avait – parait-il – un grand domaine à Palerme, des villas de rapport, des oliviers, du blé dur, des vignes, et gérait le tout avec ses quatre sœurs, toutes vieilles filles, qu’il ne pouvait pas laisser seules pour venir voir une fiancée française. Il fallait que la transmission des biens se fasse du côté des mâles, c’est ce que Marino m’avait expliqué. Le tonton avait une fille unique, une belle garce aux yeux de charbon, et disait que la famiglia c’est sacré mais qu’on ne doit pas rentrer dans des détails et des discussions inutiles ? En tout cas, Marino et moi on devait se marier, parce qu’une juriste dans la famille c’était nécessaire. Ce tonton-là, je suis certaine qu’il régnait sur le quartier des Épinettes et sur tous les bordels des boulevards autour. Il avait chez lui un gros dogue, qui restait planté au milieu du grand couloir de son appartement, et qui grondait aussitôt que j’essayais d’aller plus loin que les trois portes auxquelles j’avais droit, la cuisine, pour y déposer mes paquets, le salon où siégeait Luigi, et les toilettes. « Il protège les chambres », disait-il. Marino, lui, avait le droit de dépasser la ligne invisible marquée par le grondement baveux du monstre, mais ne le touchait pas, ne le caressait pas. D’ailleurs, personne ne lui parlait, à ce chien. C’est l’oncle Luigi qui m’avait offert la bague et le voile de fiancée. C’est un voile rouge, m’avait-il expliqué, c’est la tradition au pays. Le rouge c’est le sang de la fidélité, tu comprends, petite ? C’est hier que j’ai compris qu’on m’avait piégée. Les quatre prétendues tantes allaient m’embrigader dans leur entreprise, une française ça ferait exotique dans le personnel. Une juriste, en plus ! Une avocate, peut-être ? Ils allaient en avoir besoin… Les petits colis que je recevais de Palerme, avec mission de les transmettre à Luigi, contenant sûrement des trucs intéressants que Marino ne pouvait pas récupérer poste restante, il lui fallait une mule. Et la mule, c’était moi. Hier matin, alors que j’emportais le paquet reçu la veille, je suis passé devant une voiture de police, vide de ses agents mais dans laquelle un chien s’est mis à aboyer en me sentant passer près de lui. J’ai balancé le colis dans la première poubelle, fait demi-tour, et j’ai pris la seule décision possible : deux valises, mon Livret A, mes papiers, le premier train en partance pour n’importe où, et ma bague. Je trouverai bien à la revendre. Maintenant je suis ici, dans cette petite gare, assez loin de ces pourris. J’attends. Mais quoi ? Combien de semaines me reste-t-il ? Combien de jours ? Pour l’instant, c’est Marino que je regrette, et ses beaux yeux. Mais si sa garce de cousine s’avise de le consoler, pour renforcer la famiglia, je crois que j’irai trouver les flics.
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darkpalmor · 1 month
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20 MARS 2024
Programme de Printemps.
Échauffement en cinq minutes : Un petit horoscope ? On établira l’horoscope (argent, amour, santé et vie sociale), pour la semaine à venir, des natifs du Tonnelet de rhum ascendant Karaoké.
Amour : Enivrez-vous dès la première rencontre, c’est une valeur sûre. Chance : Cette semaine le Loto sportif vous offre peut-être une opportunité, mais surtout pas de jeux de cartes, vous perdriez. Santé : Soignez cette voix qui s’éraille. Grogs, miel de sapin, vocalises, avant le concert de samedi. Argent : C’est bientôt la fin du mois, serrez la ceinture ! Travail : Votre patron a quelque chose derrière la tête à votre sujet. C’est peut-être important ? Sondez-le adroitement !
1°) Transport exceptionnel (10-15 minutes) : Dépaysement. Pour dépayser ce sujet très connu, on transportera (en résumant éventuellement) la fable de La Fontaine Le Corbeau et le Renard dans la politique intérieure française actuelle. Style libre, versification absolument pas obligatoire.
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Le nabot et les énarques. Un Maître en Politique, Bien dressé sur ses talonnettes, Brandissait à tout va ses merveilleux sondages. La chance souriait, Il serait Président Pour la seconde fois. Un énarque très doucereux S’approcha de son Trône Et lui fit bien la cour En grandes pompes et en mots creux : « Il était le meilleur, C’était gagné d’avance. Quelques discours encore Et quelques conférences Et les peuples conquis Lui lècheraient les bottes. » Le petit homme, fier Se remit aux meetings, Il déplaçait les foules, Dépensait sans compter Puisqu’on l’applaudissait. L’énarque lui disait : « Je suis ton Pygmalion, Je te transformerai de nabot en géant, La victoire est certaine. » À force de jacter, Le nabot prétentieux Dépassa le plafond Du budget toléré. Et les urnes pourtant qu’on avait bien gonflées Accouchèrent d’un flop. Les citoyens fâchés Choisirent un autre Roi. Il fallut rembourser. On vit donc le nabot, Tout droit sur ses ergots, Dire adieu à ce monde. Il vivrait désormais d’autres satisfactions, S’enrichissant d’autant. Il apprit la chanson, Il gratta la guitare, Croyant qu’on l’oublierait. Mais on en parle encore ! Chacun sait désormais Qu’un excellent énarque Ne donne pas toujours les conseils qu’il faudrait. L’énarque reste énarque, C’est une bonne place, Et l’autre reste idiot, Car tous ceux qu’il conseille Feraient nettement mieux De boucher leurs oreilles.
2°) Portrait (10 minutes) : L’hésitant. On fera la description d’un individu dont le trait de caractère principal est l’hésitation : on le décrira dans ses gestes, ses paroles, ses actes quotidiens, de manière à bien faire sentir cet aspect.
Quelle chaussette enfiler en premier ? C’est le problème, chaque matin… rester pieds nus serait peut-être la solution ? Mais alors, où poser mes pas ? Rester encore au lit ? Oui, mais sans dormir, ce n’est pas sérieux, et cela donnera de moi l’image d’un paresseux. Alors simplement chausser les pantoufles pour toute la journée ? Voilà, une bonne décision, enfin ! Maintenant, le petit déjeuner. Pourquoi y a-t-il deux pots de confiture sur la table, et trois tartines ? Devrai-je en manger une sans rien ? Laquelle ? La première ? La troisième ? Et qu’est-ce que je vais dire à maman quand elle verra que j’ai laissé refroidir mon chocolat ? Ah ! Je voudrais pouvoir tout envoyer valdinguer, pour en finir avec ces indécisions. À mon âge… Elle va une fois encore me dire que si je m’étais marié elle ne serait pas obligée de tout décider à ma place ! C’est facile à dire… Il y avait Claudette, et il y avait Catherine. Elles me plaisaient bien, toutes les deux, pourtant…
3°) Un slogan révolutionnaire (5 minutes) : Amour et pissenlits. On bavardera sur le sens de ce slogan, vu sur un panneau de sens interdit, rue Edmond Chapuis, à l’angle de la rue Guynemer.
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L’amour est si léger ! La fleur de pissenlit S’attache plus longtemps. Mon amour est parti, Je reste sur le pré À cueillir ma salade. Quand j’aurai tout brouté Je pourrai m’endormir Et j’attendrai la mort. L’amour a des racines Qui ne plongent pas loin. Si l’on veut arracher Le pissenlit complet Il faut creuser profond, C’est une plante amère. Et la mort de l’amour M’a rendu bien amer, Je vais donc m’endormir Et attendre la mort. Ma salade est finie, Je n’avais plus très faim, Je n’ai plus rien à dire, Et sens venir la fin. On pourra m’enterrer Dessous les pissenlits, Et je leur enverrai Mon trop-plein d’amertume. Si mon amour en mange, Sûr, elle en crèvera. Sous terre on la mettra, Nous ferons bon ménage. Amour et pissenlits Feront un beau mariage. Je serai le croûton Posé sur sa salade.
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darkpalmor · 2 months
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6 MARS 2024
Programme martial
Échauffement en cinq minutes : Un haïku ou un tanka (5 minutes) : Thème imposé, l’oiseau. N’importe lequel… Le tanka est une sorte de haïku prolongé, et compte cinq vers très courts, de 5 - 7 - 5 - 7 - 7 syllabes. La rime n'est absolument pas obligatoire, ni même nécessaire.
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Sous leurs ailes noires Le paysage défile. Les corneilles passent, Leur ombre trace un chemin Sur la neige immaculée. Sous leurs ailes blanches Et leurs allures canailles, Les mouettes rieuses N’ont pas toujours la vie belle Et font souvent les poubelles. Le petit canard Égaré parmi les cygnes, C’est un beau connard ! Il va dans la cour des grands Et se fait casser la gueule !
1°) Échanges épistolaires (15 minutes) : Du courrier en cascade. On écrira les quatre lettres échangées successivement entre trois personnages : André écrit à Bruno pour lui demander d’intervenir auprès de Caroline, Bruno écrit à Caroline, Caroline répond à Bruno et écrit aussitôt à André pour lui faire part de son ressenti à propos de cette intervention. L’intervention dont il s’agit se situe dans la sphère personnelle, mais André et Bruno sont dans une relation professionnelle. Caroline est liée à Bruno professionnellement, et ses relations avec André sont d’ordre familial. Débrouillez-vous avec ces indications. Chaque lettre doit avoir une dizaine de lignes au maximum.
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A->B : Monsieur le Directeur, Je me permets de vous soumettre un cas difficile sur lequel j’aurais besoin de votre intervention. Ma cousine, madame Caroline Dupont, est régulièrement envahissante et a tendance à occuper au moins un quart, voire un tiers, de la surface du double bureau qui lui est assigné dans l’open space, en doublette avec madame Jacquard, qui n’ose pas s’en plaindre auprès de vous et en a fait part en confidence à mon épouse, qu’elle rencontre au salon de coiffure. Mais je m’égare. Vous comprenez bien que je n’ai pas au bureau l’autorité légitime pour dire à ma cousine de prendre moins de place. Et en famille, il est malvenu de parler travail. Aussi je vous demande d’intervenir en ce sens, mais sans lui dire que c’est moi qui ai pris cette initiative. Vous pouvez, par exemple, si je puis me permettre une suggestion, lui faire installer une table basse, ou la déplacer au bureau double de monsieur Duval, qui est tout seul, et qui en serait sans doute très heureux, car il lorgne souvent sur ses jambes, qu’elle a fort jolies, au demeurant. Avec mes respects, et dans l’espoir que ma requête saura vous toucher, veuillez agréer, Monsieur le Directeur, etc. etc. André Martin, agent de surface. B->C : Madame Dupont, J’ai ouï dire, par votre cousin monsieur Martin, que vous appréciez d’avoir été embauchée dans le service que je dirige, sur ses recommandations. Je n’ai pas encore eu le loisir de constater de visu votre efficacité, mais les rapports hebdomadaires m’informent que vous êtes ponctuelle, que vous vous entendez très bien avec votre collègue dans l’open space. Donc, afin de mieux faire connaissance avec vous et avec vos capacités, je vous propose de participer de plus près aux décisions du management. Je vais donc vous faire préparer un poste de travail dans une partie du bureau directorial. J’avais envisagé d’employer monsieur Duval à ce poste, mais je pense qu’un œil féminin sera préférable. Vous intégrerez ce poste à la fin de la semaine en cours. Soyez assurée de ma bienveillance, etc. etc. Le Directeur, Bruno Retailleau C->B : Monsieur le Directeur, Je ne sais comment vous remercier de votre proposition, que j’accepte volontiers. Je m’efforcerai de me montrer à la hauteur, et j’espère que ce changement sera accompagné d’une promotion et d’une amélioration de mes conditions salariales. Mon cousin, monsieur André Martin, délégué syndical, sera certainement très attentif à ce dernier point. Avec mon respect, etc. etc. Votre dévouée future collaboratrice, Caroline Dupont C->A : André, mon cher cousin, Comment vas-tu ? On ne se voit pas beaucoup au boulot, la boîte est trop grande, mais il faut que je t’en raconte une bien bonne. C’est rigolo, tu le constateras. Le grand patron, le Retailleau, veut me prendre comme collaboratrice managériale au sein du groupe directorial, c’est à peu près comme ça qu’il me l’a fait savoir. Par courrier ! Tu te rends compte ? Dans son propre burlingue… Je ne sais pas ce que ça cache, et je me méfie. Tu sais qu’il y a déjà ce pervers de Duval qui me reluque tout le temps, et il paraît que le Retailleau il est encore plus chaud-chaud… J’ai dit que j’accepte. Mais c’est la mère Jacquard qui va me manquer ! Celle-là, elle est trop sympa, elle se fait toute petite pour moi, elle prend une partie de mon travail… Bref, André, je te tiendrai au courant. Et s’il me tripote, le Retailleau, avec le syndicat on va lui mettre les prudhommes aux fesses ! Fesses qu’il n’a pas très jolies, entre nous. Je t’embrasse, Caroline
2°) Défragmenter (10-15 minutes) : Petits bouts perdus. Ces cinq fragments sont à compléter et assembler librement, puis à développer en un récit dramatique. « … attendait on ne sait trop quoi, mais … » « … étaient comme ensorcelés par … » « … jours un chien divaguait … » « … pour laisser derrière soi les ténèbres … » « … voient de nous des détails que nous … »
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Les personnes qui nous environnent, souvent, voient de nous des détails que nous ne croyons pas perceptibles, des petits gestes que nous faisons sans y penser, des manières de parler qui révèlent des pans de notre être profond. Et à ce sujet, je me souviens que l’année dernière, un de mes bons voisins s’est montré sous un jour que je n’aurais jamais imaginé. Il était comme aux aguets derrière la clôture de son pavillon, il attendait on ne sait trop quoi, mais j’ai compris qu’il guettait le passage d’un animal qu’il détestait : tous les jours, un chien divaguait dans le quartier, sans son maître, laissant ses marques odorantes et glissantes un peu partout. Mon voisin allait lui faire un mauvais sort, et il attendait, bâton à la main. Immobile, tête raide, ses yeux étaient comme ensorcelés par une haine qui le dominait au point de le rendre violent. Et le chien arriva, pissa tranquillement ses trois gouttes sur le portillon. L’homme se précipita sur la bête en hurlant, essayant de lui casser la tête. Ce fut raté : le chien était trop vif et partit en courant. Cet épisode me fit comprendre que le brave homme était capable, comme tout un chacun, peut-être, de se transformer en criminel. L’être humain, trop souvent, sort de son calme apparent et sombre dans la folie meurtrière, pour laisser derrière soi les ténèbres d’une vie fracassée, d’un psychisme dévasté, alors qu’il serait si simple d’avoir un peu de tolérance, même envers un chien qui fait ses besoins où il veut.
3°) Asphyxie expérimentale (5 minutes) : écrire sans la lettre R ! On improvisera un court texte sur le thème imposé du piercing, sans employer une seule fois la lettre R.
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L’ombilic clouté d’un diamant, les lobes piquetés d’épingles oxydées, des joues où passe un vieil os de poulet, le nez augmenté d’un bel anneau jadis destiné à un bœuf de belle taille, le haut des épaules plein de signes cabalistiques bleutés, tout cela, ajouté à quelques tatouages bien placés mais dissimulés aux inconnus, fait la joie de mes yeux aux aguets de la fantaisie de cette jolie punkette qui m’aguiche…
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darkpalmor · 2 months
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21 FEVRIER
Programme incorruptible
Échauffement en cinq minutes : La file d’attente. Écriture libre et brève.
Mon métier, c’est gardien de musée. Je dois demander les tickets aux visiteurs, faire face aux impatients, « gérer », comme dit mon DRH, la file d’attente. Mais une file, c’est horrible, c’est comme un serpent, on ne sait pas où l’attraper, ni où elle commence, ni où elle finit. On doit surveiller les resquilleurs, repousser les agités, faire ouvrir les sacs, vérifier la validité des billets… À tout prendre, j’aimerais mieux être touriste, pour pouvoir mettre hors de lui un gardien de musée.
1°) Embrayage par citation (10-15 minutes) : Du dictionnaire à la création ! On partira de cette citation trouvée dans le Grand Robert, et on l’intègrera dans un court texte, de forme libre. « Source encore glacée, miroirs gelés, Rois sortant tout raidis d’or des ténèbres… » Colette, Belles saisons, 1955 (posthume).
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La poésie ne craint ni le feu ni le froid, toutes les saisons lui sont motif à description, à évocation. Le froid surtout inspira certains auteurs nordiques, des norvégiens, des islandais. Et la vision des étendues blanches et glaciales, ou l’œil se perd autant que l’esprit, ces lieux hantés par les personnages d’anciennes légendes ou de races perdues, a été à la source du recueil intitulé Les Princes des glaces, de Sigurdur Sigurdarsson, dont les premières strophes sont si puissantes qu’elles nous emmènent à la fois dans un lieu et des temps perdus, mais pas imaginaires. « Avalanche silencieuse et lente débâcle, Source encore glacée, Miroirs gelés, Rois sortant tout raidis d’or des ténèbres, Voici le jour où s’éteint la nuit polaire. Le royaume englouti se dévoile et s’ébroue au soleil clair, Les couronnes sur nos têtes brillent des gouttelettes qui seront les rivières de demain, Du printemps, La Nuit est morte et la chaleur renaît. » Rien d’étonnant à ce que son nom soit régulièrement évoqué pour le prochain Nobel de littérature. Extrait de la Préface à Une Anthologie de la Poésie polaire, éditions du Seuil, 2024.
2°) Crise de vérité (10 minutes) : Un dialogue à poursuivre ? « Qu’est-ce que tu n’aimais pas chez moi ? » On continuera cette discussion librement pendant une dizaine de répliques.
A – Qu’est-ce que tu n’aimais pas chez moi ? B – J’aimais tout, mon cher, mais la situation a changé. A – C’est toi qui as changé, puisque tu ne veux pas me garder et que tu me dis d’aller chercher ailleurs ! B – Qui t’a dit ça ? Qu’est-ce qui t’autorise à le penser ? A – Ta manière d’évoquer le bon vieux temps, le début de notre association, quand nous avons ouvert ce garage. On dirait que tu le regrettes. B – Pas du tout. Au début de toute nouvelle entreprise, chacun sait qu’on peut commettre des erreurs. A – Mais on a tout de même à construire et maintenir quelque chose à nous deux, non ? Et ça marche bien ? B – Oui, mais c’est fini. J’arrête. Je n’ai plus envie de faire des vidanges ou de changer des pneus. A – Mais alors, c’est quoi ? Je suis viré ? Je dois te signer une démission avec une demande de rupture conventionnelle ? B – Non, rien de tout ça. C’est le dépôt de bilan. Le métier a changé : les voitures électriques, ce n’est pas mon truc. Mais si tu veux reprendre l’entreprise, je veux bien. Je t’arrangerai l’affaire auprès des banques et je te trouverai même un associé, si tu en as besoin.
3°) Amorces pour une histoire en 6 lignes et 6 minutes. « Elle lui montra le chien à travers la vitre. »
Elle lui montra le chien à travers la vitre. Il ne tourna pas la tête, mais grogna : « Quel chien ? Tu crois que j’ai le temps de regarder ? » « Mais il a l’air tout perdu et malade ! On aurait pu s’arrêter ! » « S’arrêter ? Fiche-moi la paix ! Avec cette pluie et l’heure de retard qu’on a déjà pour aller chez ta mère, je continue. Et puis ce chien, il n’était pas au milieu de la route, non ? Alors on roule. Et on n’a pas de place pour un cabot à la maison. » Elle se rencogna contre la portière, triste et fâchée, et bouda tout le reste du trajet.
4°) Gonflette (10 minutes) : Une phrase à allonger. Voici une phrase tirée de la fable de La Fontaine, La Cigale et la Fourmi : « La Fourmi n’est pas prêteuse ; C’est là son moindre défaut. » On la grossira de l’intérieur, en ajoutant tout ce qu’on voudra, de manière à obtenir un texte d’au moins 5 ou 6 lignes, qui commencera par « La » et se terminera par « défaut ». On a le droit d’insérer des mots ou groupes de mots où l’on veut, même après une apostrophe, on a le droit de modifier la ponctuation, mais on ne change pas l’orthographe des mots originaux.
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La vie des animaux ressemble parfois beaucoup à celle des humains. Une file d’attente, par exemple, pour une fourmi, est une situation absolument banale, elle n’a pas d’impatience, l’obéissance aux règles sociales est si forte que n’importe lequel de ces insectes sait qu’il ne doit pas interrompre le carrousel du transport de la nourriture, ou la chaîne de déplacement des œufs, et que cela ne sert à rien de vouloir l’accélérer. La fourmi, quoi qu’en ait dit La Fontaine, est prêteuse. C’est un animal social, et la réussite d’une fourmilière réside justement là, dans cette capacité à faire don de sa personne à la collectivité, à s’insérer dans une file, et d’attendre son tour s’il y a un encombrement aux portes du sous-sol. Il n’y jamais la moindre dispute entre deux individus d’une colonie. L’entraide est la règle, et si une fourmi se trouve en difficulté, aucune autre ne lui fera jamais défaut.
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darkpalmor · 3 months
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7 FEVRIER
Programme de crise
Échauffement en cinq minutes : Un abécédaire complet ? Sur le thème de l’échauffement…
Allume, beau charbon d’ébène ! Flambe, gros hêtre incendié, joyeux kamikaze lumineux ! Mais n’oublie pas que resté sans tison, un vieux wok xylophile y zone ! Au brasier chaud des étudiantes, faux grand humaniste, il jouit, Kevin ! Le malin n’oublie pas qui réchauffer : ses trois universitaires wallonnes, Xavière, Yvonne, Zoé.
1°) Une petite bouture ? (10 minutes) : On bouturera le fragment proposé, en restant dans la zone d’écriture imposée.
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La déclaration. Je suis celle à qui cet homme allait se déclarer. Autour de lui un grand silence régnait comme parfois dans le ciel celui qu’on entend juste avant l’orage. On voit rêveur fleurir les nuages et éclore la vérité. Alors, impatient, on espère que tout va changer, d’un seul mot. Ce fut le cas.
2°) Un pitch en cinq minutes. Voici le titre d’un film en projet actuellement. Le réalisateur n’a que le titre fourni par le scénariste, et celui-ci voudrait pouvoir fournir un pitch au producteur afin de mettre le travail en route. Vous écrivez ce pitch, en 3 ou 4 lignes maximum. Voici le titre du film : Trois cartouches à blanc.
Pendant une répétition sur un tournage, un acteur est tué par un accessoiriste qui expliquait la scène du duel, et le cinéaste mène l’enquête. La boîte de munitions a disparu.
3°) Haïku sur thème imposé (5 minutes) : Serviette.
Serviette à l’épaule Nous allons, le corps joyeux, Jusqu’à la cascade. Serviette au menton, Bien repu, un gros glouton Rote son dîner. Vers l’école il marche, La serviette au bout du bras. Le printemps arrive.
4°) Bouts rimés empruntés et renversés (10-15 minutes) : Les mêmes mots disent autre chose ! Voici, dans l’ordre inverse d’un sonnet de Baudelaire, les 14 mots qui devront rimer, dans cet ordre, pour construire un poème qui parlera de ce qu’on voudra, pourvu qu’on arrive à faire des vers réguliers. On donnera un titre au poème produit.
savais vais peut-être éternité renaître beauté tue ouragan extravagant statue ourlet fastueuse majestueuse hurlait
Dernier instant. J’étais au bord du gouffre et je ne le savais, C’est le vent qui me guide et me pousse où je vais. La falaise était là, j’allais tomber, peut-être, Cet instant suspendu, c’était l’éternité. Si je sautais, j’allais mourir ? Et puis renaître ? Allais-je dire adieu au Monde ? À la beauté ? On sait ce que l’on perd au moment qu’on se tue ! Dans ma tête malade explosait l’ouragan, Mon sort était scellé, destin extravagant. Mais la peur me figeait, je devenais statue ; Les pieds rivés au sol je revoyais l’ourlet, La robe déchirée, et la soie fastueuse De cette femme étrange et si majestueuse, La folle qui riait quand mon âme hurlait.
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darkpalmor · 3 months
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24 JANVIER 2024
Programme ? Vous avez dit programme ?
Échauffement en cinq minutes : Aujourd’hui c’est St Chicon ! Prions pour lui, mais brièvement.
Prions pour Saint Chicon, Il est chic mais pas con. C’est un bon saint gascon Qu’on prie même à Mâcon. Jouons de l’hélicon Pour prier Saint Chicon Jusque sous son balcon Pour qu’il neige un flocon.
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Chicon s’en va-t-au Ciel, En sauce ou gratiné. Chicon n’est qu’une endive ! Qu’il est con, ce Chicon !
1°) À La loupe ! (5-10 minutes). Un objet inspirant… Trois loupes sont posées sur la table, juste pour donner l’inspiration : comment comprendre cet objet ? Comment le ressentir ? Quelles pensées inspire-t-il ? On pourra partir d’un souvenir, ou non…
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Instrument bizarre de mon enfance, la loupe de mon grand-père maternel était un objet de curiosité et d’expérimentations variées, et aussi de jeux. Le grand-père se la collait sur l’œil, ce qui lui faisait une grimace horrible, dévoilant un blanc tout jaune et plein de veinules rougeâtres, mais il nous faisait aussi lire les tout petits caractères gravés sur la lame de son coupe-chou, ou les étiquettes de ses nombreux médicaments. Parfois on regardait une mouche morte, ou une miette de pain, pour en examiner les détails. Mes frères et moi, nous l’utilisions pour regarder le grain de notre peau, les boutons sur le nez, les timbres dans l’album de collection, car il ne fallait surtout pas y toucher directement avec les doigts. En revanche, cette loupe nous a fortement déçus dans nos ambitions d’hommes sauvages. Nous essayions de suivre les conseils de certains romans d’aventure. Eh bien, croyez-moi, mettre le feu à une brindille ou à un morceau de journal, ou à un brin de paille, avec cette loupe-là, c’est de la blague ! Les romanciers disent n’importe quoi ! Ou alors nous n’étions pas sous le bon soleil, sous le bon angle, ou bien nous avions la tremblote en voulant griller une fourmi immobilisée. Cette loupe a refait son apparition voilà quelques années, quand mon père a commencé à l’utiliser pour lire les petites lignes dans le journal. Mais comme il perd de plus en plus la vue, il ne s’en sert plus. Il prétexte que les journaux racontent n’importe quoi, ou que cela ne l’intéresse plus. Je crains que cet objet me revienne un jour après sa mort. L’utiliserai-je ? Pas sûr. Je pense plutôt qu’elle ira chez mes petites-filles. Je leur ferai croire qu’on peut faire du feu avec ça !
2°) Base documentaire pour une fiction longue (15-20 minutes) : Un matériau porteur de potentialités narratives ? Voici une liste d’éléments pouvant (ou non) figurer dans une histoire que chacun essaiera de reconstituer, à partir de ces morceaux éparpillés.
Une carte postale reproduisant Le baiser de l’hôtel de ville de Robert Doisneau.
Un plan partiel d’un quartier de Lons le Saunier, tracé à la main.
Un mode d’emploi d’Amoxicilline et une loupe pour le lire.
Un flacon de parfum Givenchy à l’étiquette déchirée.
Un marque-page avec une citation de Victor Hugo.
Une liasse de duplicatas de tickets de caisse.
Un vieux baromètre (fin du XIXe siècle).
Un porte-étiquette à bagage.
Un neuf de trèfle corné.
On conservera au moins 6 sur les 9 présentés, et on pourra (devra) y ajouter tous les ingrédients nécessaires. Avant l’écriture, on échangera les hypothèses possibles pour contextualiser chacun de ces « objets » et imaginer un scénario plus ou moins commun à tout le monde. Ensuite, on racontera une histoire.
Après discussion, nous nous sommes mis d'accord pour écrire un texte qui soit une sorte d'enquête, de tentative de compréhension, policière ou non, dans un lieu privé, maison, appartement, etc.
On était au numéro neuf, avenue Jean-Jaurès, à l’étage. L’inspecteur principal dirigeait l’enquête sur place, après l’évacuation du locataire, assommé avec on ne savait quoi. « Enquête de flagrance, recherche d’indices, on prend note, on photographie, on n’emporte rien, et on remet en place tout ce qu’on a bougé. Mettez vos gants ! » Ce qui surprenait, de prime abord, ce n’était pas le désordre des tiroirs ouverts ou renversés devant la commode en pin, mais de petits détails qui ne cadraient pas entre eux. Une liasse de tickets de caisse du petit Casino, attachée à l’origine par un élastique maintenant détendu, posée en éventail au milieu de la table, laissait croire qu’on avait cherché la trace d’un achat particulier, méticuleusement. Cela faisait deux petits tas distincts, et dans chacun les dates des achats se suivaient régulièrement de semaine en semaine, tous les deux ou trois jours. Mais il manquait au moins une semaine d’emplettes. Pourquoi ? Et sur ce plan du quartier du Théâtre de Lons le Saunier, griffonné à la hâte, semblait-il, sur du papier quadrillé, étaient indiqués le Théâtre, le magasin SPAR, quelques bistrots, le nom de quelques magasins le long de rues demeurées inachevées. L’adresse de l’appartement du délit était marquée d’une croix au Bic rouge. Le ou les malfrats n’étaient pas venus au hasard ! Le vieux baromètre – sans doute de collection – datant au moins du XIXème siècle, en bois verni, était posé à l’envers sur la courtepointe du lit fait au carré. D’où avait-il été décroché ? Dans le reste de l’appartement, aucun clou au mur, aucune trace. On l’avait apporté et déposé, mais pourquoi ? On fouilla une petite étagère où une carte postale, le fameux Baiser de l’Hôtel de Ville, de Doisneau, s’appuyait contre une pile de livres de poche, des policiers. Parmi ceux-là, un Conan Doyle laissait dépasser un marque-page, page 111, avec une citation de Victor Hugo : « Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là. » Pour l’instant l’inspecteur ne voyait pas où il allait. Un des enquêteurs avait trouvé un flacon de parfum, vide. Le bouchon manquait et l’étiquette lacérée laissait voir que c’était du Givenchy. « Vous vous rendez compte, chef ? Du Givenchy ? Vous croyez que c’est dans les habitudes de ce vieux garçon négligé ? C’est que ça coûte un max, ce truc. L’amoxicilline, par contre, il en prenait sûrement, on a trouvé un mode d’emploi avec une loupe posée dessus. Il avait la vue basse, vous pensez ? » On continuait à chercher. Et soudain, le chef eut un éclair de compréhension, grâce à une carte à jouer coincée dans la porte de la penderie. Un neuf de trèfle, corné, enfilé juste au-dessus d’un gond, à hauteur d’œil. C’était une signature ! La semaine dernière, on avait trouvé un 8 de carreau sur l’évier, pour le cambriolage Place de la Liberté ! Et deux semaines plus tôt, c’était bien un 7 de cœur, qui était dans la soupe, sous la tasse de café sale, au milieu de la table. « Mais bon sang ! Mais c’est bien sûr ! » s’exclama-t-il. « On a affaire à la bande du Casino : ils ont volé des paquets de cartes, ils procèdent dans un ordre précis et ils se paient notre tête en nous donnant un indice ! On va les avoir. La semaine prochaine, à la même heure. Examinons le plan de la ville ! Je vous parie que la prochaine fois ce sera un 10 de pique, rue Saint-Désiré, près de l’agence de voyage, sinon, à quoi rime ce porte-étiquette chez un vieux qui n’a même pas de valise ? On se mettra en planque. Et vous voyez bien : le flacon de Givenchy, il vient du casse de la parfumerie d’il y a trois semaines. » «  Ce qui est bizarre, chef, c’est qu’on n’ait pas trouvé de carte à jouer dans le magasin, non ? » « Mais si, lieutenant ! Il y avait la Dame de pique de Pouchkine, une semaine après le vol à la librairie des Arcades ! L'antibiotique, c'est pour notre mal de crâne. Et avec ce baromètre, ils veulent nous mettre la pression... Ce sont des maniaques ! On les aura ! »
3°) Amorce pour une histoire en 6 lignes et 6 minutes. « En cette période, il suffit de pousser la porte de… »
En cette période, il suffit de pousser la porte de n’importe quel ministère pour rencontrer des visages inquiets et fermés, des chargés de mission qui rasent les murs, des cartons pleins de dossiers empilés sur les bureaux. Et partout le même silence quand on pose la question à mille euros, la question qui fâche : « Dans quel établissement scolarisez-vous vos enfants ? »
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darkpalmor · 4 months
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10 JANVIER 2024
Programme royal. Échauffement en cinq minutes : La galette ! Petit poème de longueur libre, avec uniquement des rimes au mot « galette ».
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J’ai fait des emplettes ! Après la raclette Et les côtelettes, Une morbiflette, Ou une bavette ? Ou bien deux palettes Et une omelette (Merci, la poulette !) ? Quelques gouttelettes Dans la margoulette, Une reniflette Mais sans ciboulette ! Et puis… la galette !
1°) Petit croquis (fantasmé) sur le vif (5 lignes pour 5 minutes) : Le tatouage surprenant. Vous ferez la description très rapide, comme prise sur le vif, d’un tatouage aperçu dans la rue (ou ailleurs).
La fille débouchait du haut de la rue, et son visage m’intrigua tout de suite sans que je comprenne bien pourquoi. Elle avait tout le côté gauche tatoué, du menton à l’oreille, et autour de l’œil, et une partie du front. Je n’ai pas osé la dévisager trop intensément, mais je me rappelle des arabesques façon gothique sur la pommette, l’oreille bien dégagée et complètement bleue, l’œil entouré d’une sorte de queue de dragon avec des écailles au-dessus du sourcil. Et cela donnait l’impression qu’une gueule d’animal fantastique la protégeait en surveillant les passants. Je l’ai revue un quart d’heure plus tard, mais là, j’ai eu le temps de m’y préparer, et je me suis arrangé pour la croiser sur son flanc droit : un visage absolument lisse, pur, presque enfantin !
2°) La photo déchirée (10 minutes) : Reconstitution possible par l’écriture. Voici une photo argentique dont manque une partie, parce que la fin de la pellicule est arrivée sans prévenir. Il s’agit de décrire ce qui manque, compte tenu de ce qui reste visible, et d’expliquer la raison du photographe d’avoir voulu montrer cette scène dans son ensemble.
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C’est mon frère qui a pris cette photo. C’était dans les derniers jours de nos vacances en Corse, au bord de la mer, à marée basse sur une plage très plate. On avait passé une partie de l’après-midi à grattouiller le sable humide, pour s’y rouler ou pour chercher des coquillages. On était avec les parents, dans une sorte de guinguette banale, où l’on pouvait grignoter des plats locaux arrosés d’un vin rouge plutôt rugueux, à en croire les adultes. Ce qui intéressait mon frère, c’était la fille du patron de la gargote. Une grande brune bien balancée et aguicheuse, qui prenait la pose en maillot de bain, juchée sur un des tabourets, en plein soleil, buvant des Orangina en attendant qu’un client lui commande une boisson quelconque, qu’elle apportait en se déhanchant. Et comme il n’y avait pas beaucoup de clients – il faisait frais, la brume de mer arrivait – elle prenait de longues poses… Le Kodak familial avait été mis de côté par mon père, sur ces mots : « C’est la fin de la pellicule, on fera tout développer en rentrant. » Mon frère espérait qu’il restait – comme d’habitude – une vingt-cinquième pose possible, de quoi immortaliser cette nymphe qui lui avait tapé dans l’œil. Mais c’était réellement la fin du rouleau ! Et il a mal visé, ou mal cadré. On voit juste un promeneur un peu flou, deux tabourets, mais pas le troisième avec la belle dessus. Heureusement ! Je ne sais pas ce que les parents auraient dit s’ils avaient découvert cette inconnue…
3°) Gonflette (10 minutes) : Soufflez fort ! Voici une phrase tirée du roman de Dominique Sylvain, Panique en Armorique, 2023. Elle devra être gonflée, uniquement de l’intérieur, par addition de tout ce qu’on voudra. On aura le droit de couper le résultat final en plusieurs phrases, la seule interdiction est de déplacer des éléments originels ou d’en oublier. « L’ardoise annonçait en lettres blanches et soigneuses une blanquette de veau et un baba. »
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L’hypothèse du commissaire fonctionnait à chaque enquête de la manière suivante. Après deux ou trois interrogations, Maigret lisait nos rapports puis prenait une ardoise et annonçait en présence de ses lieutenants qu’il suffisait de chercher logiquement. Il y écrivait quelques détails, et on réfléchissait en groupe. Cette fois, il y avait eu des lettres de menace, la victime avait les mains blanches de plâtre et les ongles rongés. Les analyses soigneuses du laboratoire avaient révélé quelque chose d’intéressant : la femme avait consommé, environ deux heures plus tôt, une blanquette de veau, du riz, du pain de seigle, elle avait bu un verre de vin rouge léger, et sans doute terminé son repas, juste avant d’être étranglée, un baba.
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darkpalmor · 4 months
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20 DECEMBRE 2023
Programme festif.
Échauffement en cinq minutes : 20 décembre = Sainte Enveloppe du 13ème mois.  On écrira une petite prière à cette Sainte, dans l’espoir qu’elle saura toucher votre très cher employeur.
Bonne Enveloppe, ma belle bien enveloppée, développe-toi devant mon portefeuille, et dévoile-moi ce que le Grand Père Patron m’a offert cette année, hors comptabilité officielle. Bonne Enveloppe, Sainte Enveloppe, chère Enveloppe, pourrais-tu revenir au premier mois de l’année prochaine, s’il te plaît ?
1°) Écriture longue (10-15 minutes) : Discours de circonstance. Vous écrirez le discours adressé au couple qui a invité une vingtaine de personnes pour fêter son divorce récemment prononcé. N.B. Parmi les invités figure le juge aux affaires familiales. Il s’agira d’identifier le discoureur, bien entendu !
Chers amis, Monsieur le Juge, mes chers petits-enfants, et toi ma très très chère fille, je voudrais profiter de cette circonstance exceptionnelle – et qui ne se renouvellera pas de sitôt – pour vous exprimer mon ressenti, comme on dit aujourd’hui. Tout était absolument parfait, merci, du papier glacé d’invitation à la fête jusqu’à la table garnie, des entrées froides au champagne tiède, des amuse-gueules-d’enterrement au café froid. Tout n’était qu’harmonie bien simulée et réelle élégance des tenues, jusqu’à ta nouvelle robe, Caroline : une robe de divorcée, ça en jette ! J’ai admiré votre courage, Monsieur le Juge, puisque vous avez dû trancher entre le droit strict et les sentiments, entre l’équité et l’amour pour ma fille. J’espère d’ailleurs que je ne dévoile pas de secret honteux ou inavouable, mon cher ex-gendre ? Votre courage, Jean-Marc, c’est d’avoir supporté Caroline si longtemps et de lui avoir fait ces trois merveilles écroulées dans le fond du parc et qui se fichent complètement de ce que peut bien raconter un grand-père gâteux après les pousse-cafés. Ce que je voudrais surtout bien faire entendre, Caroline, et devant témoins, c’est que je t’avais payé ton mariage avec joie, toi tu payes aujourd’hui ton divorce, alors ne compte pas sur moi pour financer ton prochain remariage. Monsieur le Juge a les moyens d’y faire face. Quant à vous, les amis, les collègues, profitez bien de ce grand moment festif. En effet, peu importe de quel côté vous soyez, à partir de demain vous n’aurez plus que 50% d’invitations ! Sur ce, je vous souhaite le bonsoir. Et je ne vous dis pas à bientôt.
2°) Je me souviens thématique (5 minutes) : Brèves de mémoire, orientées. On écrira quelques « Je me souviens », très brefs, réels ou imaginaires, sur le thème et/ou le vocabulaire du pont. N.B. Un pont peut être quantité de réalités différentes.
Je me souviens du Pont d’Avignon. Je me souviens qu’au pont de l’Ascension beaucoup d’élèves s’absentaient alors que je devais faire cours. Je me souviens du moulin et du meunier-boulanger du Pont des Vents à Montfleur. Je me souviens qu’avec mes frères on crachait du haut du pont et qu’on traversait vite la petite route pour voir ressortir notre crachat avant qu’il ne se dissolve. Je me souviens que dans Le Bon, la Brute et le Truand, Clint Eastwood fait sauter un pont à la dynamite. Je me souviens de la chanson de Brassens « Il suffit de passer le pont » Je me souviens que les marins du Potemkine portaient des pantalons à pont. Je me souviens de pont pont petit patapon. Je me souviens de la blague pont pied bon œil. Je me souviens qu’il ne faut pas pousser le car à fond car le car casse et le pont pète. Je me souviens de Moulin-des-Ponts où j’allais pêcher le goujon et le vairon. Je me souviens qu’on me menaçait de finir sous les ponts si je ratais mes études. Je me souviens d’avoir coupé les ponts avec de vieilles habitudes et d’en avoir repris de nouvelles. Je me souviens d’avoir été surpris la première fois que j’ai entendu parler d’un pont aérien.
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darkpalmor · 5 months
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6 DECEMBRE 2023
Programme décembriste.
6 décembre = Saint Col du Fémur : un petit poème pour se mettre en jambes ? Forme libre, longueur maximale 5 ou 6 vers, sérieux s’abstenir.
Se haussait du col, Mais il s’est cassé la gole. Fumé, le fémur ! Mon fémur Fait le mur Je murmure C’est cassé ? C’est bien fait ! Les coureurs Font le col Du Fémur À grands coups De pédale. C’est un col Casse-pattes, Ce Fémur ! Au Col du Fémur, Raymond Poulidor bascule, Se casse la jambe.
1°) Expérimentation (5-10 minutes) : Poème bouture (recette de Lucien Suel) (un lien vers une courte émission de radio : https://urlz.fr/oHcf)
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Au verso du mode d'emploi, le texte à bouturer :
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Quelques essais d'abord :
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Et en temps réel :
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2°) Bouts rimés pour un dizain (10 minutes) : L’automne est là. Ce sera le thème du petit poème dont voici les couples de mots à la rime : niveau/cerveau, mensonge/éponge, vêtements/sarments, punaise/fournaise, procès/succès.
L’automne est là, c’est un succès. La pluie va noyer la punaise, Un assassinat sans procès, Et l’été n’est plus qu’un mensonge. Les feuilles mortes, les sarments, Seront brûlés dans la fournaise. Il faut changer de vêtements, J’ai la tête comme une éponge, Et j’ai beau fouiller mon cerveau, Mon texte n’est pas au niveau. L’été s’en va comme un mensonge : Le sol gorgé comme une éponge Recrache l’eau sous les sarments, La pluie trempe les vêtements. En août on avait la fournaise, On a novembre et la punaise ! À l’été faisons un procès Pour qu’il revienne avec succès. Mais j’ai trop d’eau dans le cerveau, Je vais couler au caniveau.
3°) Partie de cartes rapide (5-10 minutes) : Écrire avec vocabulaire limité. On fera vivre une brève partie de cartes entre amis, mais sans utiliser un seul verbe, conjugué, ou à l’infinitif, ou au participe.
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Belote ou tarot ? Pour des petites mains, belote à trente-deux cartes. Distribution par le plus jeune, avec un vieux pour partenaire et un assistant pour les conseils à l’oreille. Et en cas de difficulté ou d’erreur, pas de conseil, mais intervention, et commentaire en fin de levée. Et voilà ! Quatre atouts maîtres, quatre levées. Les trois as restants, le dix de pique, quatre autres plis ! Partie de champion et félicitations ! Mais pas d’aigreur, de grâce ! Pas de gros mots, pas d’insinuations du genre « jeu de cocu » ou bien « tricheur ». Sinon, balade à pieds en punition. Et pas d’embrouille, hein ?
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darkpalmor · 5 months
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22 NOVEMBRE 2023
Programme cécilien.
1°) Logorallye aléatoire (5 + 10 minutes) : Le jeu du hasard et du dé à 20 faces. On demande à un participant d’ouvrir un dictionnaire au hasard, à un autre de choisir entre page de gauche ou de droite, et à un autre de lancer le dé à 20 faces. On copie alors le mot qui correspond au nombre tiré, et on continue jusqu’à avoir 10 mots pour une histoire. Chaque participant a le droit de récuser un mot, mais pas plus, et dans ce cas on retire au sort un mot remplaçant qui ne pourra pas être changé. Le choix du genre littéraire est libre, ainsi que l’ordre des 10 mots. Mots trouvés : documentariste, tétraèdre, savonneux/euse, balance, annonce, axe, rosâtre, trucage, treille, poisse.
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Il avait répondu à une petite annonce et trouvé ce job, après des années de poisse où ses diplômes ne lui avaient servi à rien. Et pourtant il s’y connaissait en maths, en physique, en géométrie, et il était fort en travaux manuels : il vous construisait un tétraèdre en carton et en deux minutes avec une paire de ciseaux et un pot de colle ; il avait appris quantité de trucages pour faire apparaître ou disparaître un objet sur n’importe quel fond, blanc, bleu ou même rosâtre. Mais il avait abusé du jus de la treille pendant trop longtemps, il ne gardait pas ses emplois plus d’un an, et la balance d’un destin très savonneux l’avait entraîné dans la misère. Alors aujourd’hui, embauché comme documentariste à l’essai et à temps partiel, devant sa caméra et son atelier plein de bric-à-brac, il se creusait la tête pour trouver comment expliquer à un public de CM2 que la Terre tourne sur son axe en 24 heures. Il avait déjà envie de démissionner.
2°) Lettre de découragement (10-15 minutes) : La retraite ? Plus tard ! On écrira la lettre circulaire que le DRH des Services Hospitaliers du Jura envoie à l’ensemble de ses personnels soignants, pour leur déconseiller de remplir leur dossier de demande de retraite.
Mesdames et Messieurs les Directrices et Directeurs d’Établissements, Cheffes et Chefs de services, Praticiennes et Praticiens en Hôpital, Infirmières et Infirmiers, Aides-soignantes et Aides-soignants, Personnels administratifs et de service, je m’adresse à vous dans le cadre de la nouvelle Loi sur les retraites. Traditionnellement, au dernier trimestre de chaque année, nous recensons les demandes de départe à la retraite et nous organisons la collecte et le traitement des dossiers. Cette année, exceptionnellement, je vous demanderai instamment de ne pas remplir ces dossiers, pour les raisons suivantes. D’abord, le déficit en personnel et les difficultés de recrutement au sein de la Fonction Publique Hospitalière m’interdisent de vider de ses forces vives le système hospitalier du Jura, dont j’ai la responsabilité. Il faut travailler pour soigner vos malades. Ensuite le déficit en personnel du Services des Retraites de la Fonction Hospitalière a déjà plus d’un an de retard dans le traitement des dossiers déposés. Eux aussi doivent travailler pour rattraper ce retard, dont je ne suis pas responsable. De plus, le déficit budgétaire de la Caisse des Retraites de la Fonction Hospitalière est chronique, mais il se creuse de plus en plus, car ces métiers ont la vertu de bien conserver ceux qui les pratiquent – trop longtemps, dirais-je – en bonne santé. Les personnels de santé ont une vie longue après 65 ans, et la masse financière augmente démesurément, et pèse sur les salaires des actifs. Enfin, je traverse personnellement une mauvaise passe matrimoniale et je ne suis pas d’humeur, mais alors pas du tout, à valider des dossiers de gens qui vont se la couler douce pendant que je devrai continuer à trimer pour assurer les frais de mon divorce à venir. Je suis au contraire tout disposé à retourner systématiquement chaque dossier avec le gros tampon rouge que certains connaissent déjà, PIÈCE MANQUANTE – DOSSIER À REFAIRE. J’ai à ma disposition suffisamment de grandes enveloppes kraft, des timbres en masse, et Cindy, ma nouvelle secrétaire, est prête à faire des heures supplémentaires dans le but de m’aider. Avec mes meilleurs sentiments, le DRH.
3°) Trois mots violents pour démarrer un dialogue (5 minutes) : Ça barde ! Voici le début d’une scène dialoguée très courte, à vous de la conclure en 3 à 6 lignes : « Tu fais chier ! »
Tu fais chier ! Eh bien tant mieux. C’est pour ton bien que je t’interdis la télé ! Mais je veux voir ce film ! T’as pas l’âge. Et c’est pas comme ça qu’on cause à sa mère. Je réponds ce que je veux ! File te coucher ! Tu mangeras mieux demain ! Je vais demander à papa, puisque c’est ça ! Oui, on m’appelle ? Qu’est-ce qu’il y a encore avec ce gosse ? Il veut sa tannée du jour ?
4°) Caviardage pour poème express (10 minutes) : Philippe Claudel, Les petites mécaniques, 2003, page 43. On caviardera cette page en ne conservant qu’une vingtaine de mots au maximum.
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Poème des poèmes caviardés. Seul et tiède, sur cette route, superbe destin, sa vie le préservait des hommes. Le temps s’amusait à le vêtir de jeunesse et de sourire. Le seul chemin, les murs de la ville et les champs. Sur cette route des années, il avait fait la rencontre de son destin. Sa vie immuable évoquait le sentiment de dépossession. Il s’assit, songea. Seul, sur le chemin, le vieux chêne, superbe, avait vieilli comme si le temps s’amusait sans fin. Dans sa jeunesse c’était un autre arbre. Le soir commençait.
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darkpalmor · 6 months
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8 NOVEMBRE 2023
Programme démasqué.
Échauffement rapide : Amorce pour une histoire en 6 lignes et 6 minutes. « Il était comme ça, beau et sensuel. »
Il était comme ça, beau et sensuel. C’est ce qu’elle avait dit au début de sa « confession ». elle n’avait pas pu résister à cette impulsion, elle s’était laissée emballer dans cette aventure qui avait tout brisé autour d’eux. Mais c’était un vrai salaud, et elle avait vite ouvert les yeux sur son erreur. Maintenant c’était fini. Elle se repentait. Elle voulait reprendre la vie commune. L’accepterait-il encore ?
1°) L’œil expert de l’enquêteur (10-15 minutes) : Photo mystérieuse. Voici une photographie sans légende : il s’agit d’écrire un récit explicatif de ce qui se passe sur la photo, comme si on l’avait prise soi-même.
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Je lui avais demandé l’autorisation. Le vendeur de cacahuètes se tenait raide sur une chaise paillée, au coin d’une ruelle assez passante, dans son costume d’un autre âge. Il semblait avoir froid, et sa posture timide n’avait rien de très commercial. Il avait simplement hoché la tête, sans sourire. De toute façon, il était inutile de lui dire de prendre la pose : il attendait je ne savais quoi, les yeux vers la foule qui défilait devant lui, comme si vendre ou ne pas vendre sa marchandise ne faisait aucune différence. Dans cette ville touristique, loin de tout marché aux fruits et aux légumes, ce grand panier de cacahuètes était incongru. Je lui demandai d’où il venait, combien cela coûtait, le prix au kilo, essayant de faire la conversation, mais il ne répondait rien, comme s’il ne comprenait pas mes questions. Alors je l’ai photographié. Il a semblé me remercier d’un signe de tête, puis s’est levé, comme s’il n’avait rien attendu d’autre que ma venue. Il a pris chaise et panier, et il est parti, lentement, les pans de son grand manteau battant derrière lui.
Vendedor ambulante de maníes en 1912 (Colporteur de cacahuètes en 1912) Image X, du compte « Buenos Aires en el recuerdo ».
2°) Caviardage (10 minutes) : Poésie vinicole. Voici un prospectus qui vante les produits d’une cave alsacienne. On en fera le caviardage, de manière à ne laisser lisibles qu’un nombre limité de mots, entre 20 et 30, ni plus ni moins. On essaiera de produire un micro-poème, qui ne parlera pas nécessairement de vigne ou de vin.
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Le poème des caviars :
Cette fin d’année descend dans l’hiver. La région réserve une surprise dans la colline brûlée, terroir puissant et moelleux. Aussi, si vous voulez passer commande, tournez ! L’Alsace a déployé son feu sur la colline brûlée. Son clou rose, moelleux, épanoui, affiche des poissons de mer au citron. Fin d’année de feu, sève de l’hiver 1931, vendanges à point ! À l’horizon rose la colline est parfumée : puissance, minéralité, honneur ! Le feu sur la sève, l’été a commencé derrière la cave. La surprise est présente, aromatique, festive. La colline brûlée touche son voisin à table… L’hiver le plus chaud est désormais derrière nous. 2023 nous réserve une surprise à l’horizon : délicieux nectars, roses, riches et moelleux, aux arômes de bergamote et de citron.
3°) Compartiment suicide ? (15 minutes) : Une situation de départ et des mots obligatoires. Votre personnage prend le train, entouré d’hommes en chemise-cravate et de femmes en tailleur, tous très occupés avec leurs smartphones, et se sent soudain très déprimé. Dix mots à utiliser : élégance, superflu, lasser, piège, agacer, question, hurlement, journal, contrôleur, fenêtre. Forme obligatoire : récit au passé, et fin inachevée.
Il avait réservé une place au hasard du site Internet de la SNCF, et trouva assez vite la place qui lui était assignée. Il commença mal sa matinée en s’installant, bousculant une executive woman au brushing travaillé et à l’élégance impeccable, et en déposant son sac à dos rebondi à côté de lui il lui heurta la jambe, ce qui lui valut un regard noir. Son voisin, occupé à la fois sur son ordinateur et son smartphone, le regarda avec mépris, comme si la présence d’un plouc grossier l’agaçait. Sur les autres rangées du TGV Lyon-Paris, il n’apercevait que journaux financiers, cravates serrées, gueules fermées à clef. Pas un seul visage avenant. Il avait tout de même la fenêtre pour lui, mais cela le lassa vite : paysage fuyant et incompréhensible, lignes floues, vitesse perturbante, non, il préférait observer la faune qui l’entourait. Un homme en gris ne cessait de poser la même question à une dizaine d’interlocuteurs successifs, et leurs réponses ne semblaient pas lui plaire. Deux cadres sans doute très supérieurs parlaient actions, primes, ressources humaines, employés superflus, plan de carrière. Il faudrait dégraisser, disait sa voisine à un correspondant tout en tapant sur son clavier et il voyait les lignes de calcul s’ajouter à grande vitesse, sans doute sur un bilan comptable. Peu à peu il se sentit déplacé au milieu de ces gens. Il était tombé dans un piège mobile, il aurait dû tenter l’auto-stop ! Comment allait-il tenir pendant plus de deux heures ? Il ne pouvait même pas se lever et marcher dans l’allée centrale pour se dégourdir ou se donner une contenance, avec tous les attachés-cases et les coudes pointus qui dépassaient des fauteuils, il allait provoquer des incidents. Un contrôleur passa, et ses voisins, indifférents à sa personne, tendaient leur carte d’abonnement sans le regarder, la tête penchée sur leur travail. Alors, à bout de résistance, il poussa un long hurlement, dressé au milieu de cette foule anonyme, et…
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darkpalmor · 7 months
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4 OCTOBRE 2023
Programme de conserve et de mise en boîte.
0°) 4 octobre : Ste Vase de Chine (5 minutes) : Une blague rapide en forme de haïku ?
L’argile précieuse Sort des vasières de Chine Et se cuit au four. La vase de Chine, Sous les doigts des grands potiers, Se fait vase, en Chine. On chine les vases, Le jour des vide-greniers, Les vases de Chine.
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1°) Amorce pour une histoire en 6 lignes et 6 minutes. « La dame haussa les épaules. »
La dame haussa les épaules. Le dragueur qui la baratinait ne comprit pas qu’il l’indisposait, et relança son bavardage en lui donnant un tour plus libre, voire libertin. Elle se tourna vers lui, poings aux hanches, et lui déclara froidement : « Vous n’êtes pas mon genre, jeune homme. Je préfère les vieux. »
2°) Les splendeurs et misères de ce monde (10 minutes) : L’ouvre-boîte récalcitrant. On fera le portrait du héros ou de l’héroïne qui sera venu à bout d’une boîte de maquereaux à la sauce tomates en moins de 5 minutes à l’aide d’un ouvre-boîte traditionnel.
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Les manches encore retroussées et le visage rougi par l’effort qu’il vient de fournir, Camille contemple le résultat de sa tentative, enfin réussi, en quatre minutes chrono. La boîte de maquereaux à la sauce tomate est là, béante, au milieu de la table. Presque tous les poissons s’y trouvent encore, baignant dans ce qui reste de sauce. Son tablier, naguère immaculé, ressemble à une toile de Pollock, la nappe aussi est constellée de gouttelettes à la substance indéfinissable : l’index gauche de Camille est profondément entaillé, et les deux demi filets (sans arêtes) qui ont sauté pendant l’opération ne bougent plus, vraiment morts. Le couvercle métallique, déchiqueté, tremble dans sa main droite, et l’ouvre-boîte, victorieux, trône dans l’assiette. Camille transpire, ému et affamé. Il y est arrivé ! À table !
3°) Précieuses ridicules (10-15 minutes) : Le ridicule ne tue pas s’il ne dure pas trop longtemps. On écrira entre 5 et 10 lignes en style « précieux », avec des passés simples, des subjonctifs imparfaits, des tournures complexes, beaucoup de subordinations, des doubles négations, des mots inhabituels ou vieillots, des images sophistiquées et saugrenues, des phrases longues, une abondance d’adjectifs et d’adverbes descriptifs, bref, il faut écrire pesamment et prétentieusement. Thème imposé (de saison) : les vendanges. Ensuite, en quelques très courtes phrases de style très plat, voire populaire ou vulgaire, on en donnera la traduction.
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Premier essai. Il n’eût pas fallu qu’un seul journalier s’égarât en arpentant les sillons jaunissants, et risquât d’omettre le moindre grappillon des pampres mûrs dont le destin était de produire, in fine, le nectar dont s’abreuveraient les rois du monde à venir, et en dépit du labeur harassant, le gracieux ballet des dos courbés se déployait sous le succulent fardeau doré qui emplissait les hottes d’osier tressé, au-dessus des nobles alignements des vrilles et des frondaisons mordorées sous les cuisants rayons de l’astre du jour, afin qu’aucun chef d’équipe ne relevât des indices de nonchalance. Non sans prestesse, d’agiles doigts de fée étreignirent des sécateurs affûtés, des prunelles fureteuses ne manquèrent pas de repérer les plus anodins globes incarnats furtivement enrobés par la courbure d’une feuille, et de joyeux ramages se répondirent mélodieusement d’écho en écho dans le vallon aux pentes ardues afin d’encourager les énergies latentes. Quoi qu’il ne fût pas tiré – et de loin s’en fallait – ce vin en devenir emplit pour les novices un calice dont ils ne purent se dispenser de s’abreuver jusqu’à la lie, et leurs lombes fourbus en gardèrent d’aussi cuisants souvenirs que leur derme rougissant sous les lanières de cuir des hottes pesantes. Y avait pas un grain à perdre pour ce foutu pinard, les seaux pesaient dans les rangées en plein cagnard, et le contremaitre guettait si on salopait rien ; nous, les débutants, on chantait à pleine gueule, on picolait sec le soir, mais on en a bavé des sacrés lumbagos !
Deuxième essai. L’aurore aux doigts de rose avait montré son souriant visage, l’astre du jour rayonnait, et le coq, orgueil des basses-cours, avait depuis longtemps délivré son claironnant et sonore cocorico aux gais vignerons venus d’Outre-Méditerranée, leur signalant que la tâche ne leur ferait pas défaut en cette splendide journée de septembre de l’an de grâce deux mil vingt et trois. Ne les eût-on pas vues, qu’on eût assurément entendu de loin leurs bruyantes cohortes, qui s’étaient joyeusement ébranlées, sans qu’aucun tâcheron ne manquât à l’appel du vaillant contremaître, et arpentaient les coteaux empourprés et pentus. Les ceps tortueux, alourdis de pesantes grappes, s’offraient sans vergogne aux mains habiles et aux serpettes aiguisées qui ravissaient ce que Mère Nature avait patiemment mûri de décade en décade, pour en garnir les paniers qui pendaient à de robustes épaules, afin que le maître de chais pût en tirer le succulent nectar que l’on laisserait patiemment vieillir dans des fûts de chênes centenaires, garants de l’avenir du patriarche chenu qui régentait d’une main de fer le domaine familial du Château ***, dans l’espérance d’un millésime encore plus glorieux que tous les précédents qui faisaient sa renommée internationale. On avait réveillé les saisonniers arabes à grands coups de pied au cul, et ils suaient pour pas cher sous le poids des hottes, pour enrichir un salaud d’exploiteur centenaire qui se la pétait grave avec son appellation de merde.
Troisième essai. Dans les caillouteux sillons du riant Beaujolais s’avançait la légion ordonnée des vaillants saisonniers venus de lointaines contrées afin que le Chiroubles 2023 fût un succès gustatif et commercial. Solidement harnachés de gigantesques hottes, ou élégamment penchés sous les feuillages roussissants où se dissimulait en vain la grappe de Gamay, ils se hâtaient au long des rangées parallèles des ceps, non sans gaiement deviser et échanger moult plaisanteries et menus propos pour s’encourager si besoin s’en faisait sentir, mais bien que la tâche eût pu sembler ardue pour quiconque n’eût pas eu du cœur à l’ouvrage, ici, point de paresseux ! Leurs serpettes s’activaient comme douées d’une vie propre au bout de leurs doigts de fée, et détachaient sans bruit ni hésitation les pesants raisins que le soleil de septembre avait mûris à point, et, parvenus à l’extrémité des rangées, ils se désaltéraient à la régalade d’une eau bien fraîche que leur tendait la soubrette, repartaient d’un pas sûr et le cœur vaillant, et, la journée finie et leur noble tâche accomplie, entonnaient de gais couplets et refrains autour d’un feu de sarments où grillaient quelques cochonnailles, et leur chœur harmonieux résonnait jusqu’à la lune qui les protégeait d’un œil bienveillant, tout là-haut, bien au-dessus du vallon. Dans la caillasse brûlante, le dos foutu, poussés au cul par ce radin de patron, on se change du raisin avec une bière tiède, et le soir on se réchauffe en braillant des chansons paillardes.
4°) Les difficultés de l’insertion (15-20 minutes) : Citations imposées pour une histoire longue. Voici 4 citations, prises au hasard dans cinq romans lus récemment. On devra les utiliser intégralement dans un texte au thème et à la forme libres, avec la contrainte suivante : la première sera le commencement du texte, les deux suivantes s’intègreront dans cet ordre, et la quatrième sera la phrase de conclusion. Citation n° 1 : « Il agita le procès-verbal qu’elle venait de signer. » Marin Ledun, Free Queens, 2023. Citation n° 2 : « Le procès s’ouvrait dans un mois et dès qu’il pensait à cette date fatidique, adieu le sommeil ! » John Grisham, Le droit au pardon, 2020. Citation n° 3 : « Le jour laissait encore assez de lumière pour qu’il distingue ce qu’elle était censée surveiller. » Philippe Bouin, Meurtres en cuisine, 2022. Citation n° 4 : « Les seules lois que je respecte, moi, c’est celles de la nature. » Elsa Marpeau, Et ils oublieront la colère, 2015.
Il agita le procès-verbal qu’elle venait de signer. « Voilà, Madame, c’est dans la poche, maintenant. Personne ne pourra contester cette preuve de myopie, je l’ajoute au dossier. » L’avocat sentait qu’il était sur la bonne voie. La défense de la meurtrière ne serait pas facile, mais avec cette nouvelle pièce, le témoignage de son garçon, les indications fournies par Météo-France, et compte tenu du pedigree des trois victimes, il serait moins difficile de plaider la légitime nécessité de survie et l’obligation morale de défendre un mineur fragilisé par le contexte socio-familial. Tout n’était pas acquis d’avance, certes, le procès s’ouvrait dans un mois et dès qu’il pensait à cette date fatidique, adieu le sommeil ! Mais c’était son métier, et il le faisait bien. Les nombreuses traces relevées par la police scientifique, les témoignages concordants de plusieurs voisins, tout prouvait que sa cliente avait bien pu entendre les voyous le soir de cette agression, sans les distinguer nettement pour autant car la configuration des lieux, des arbustes et des lampadaires ne le lui permettait pas. Il était dix-neuf heures, on était en février, son fils avait entendu des bruits inquiétants, mais le jour laissait encore assez de lumière pour qu’il distingue ce qu’elle était censée surveiller à la grille de leur pavillon, elle avait aperçu confusément des formes qui se faufilaient en cavalcadant derrière l’épaisse haie de lauriers et de troènes et pénétraient dans la cour. Avec sa vue amoindrie par la myopie et un glaucome naissant, elle avait cru que c’était à nouveau la horde de sangliers de la forêt voisine qui venait saccager ses plates-bandes, et elle avait pris le fusil à canons superposés de Manufrance et de feu son mari, toujours chargé, et, retrouvant ses réflexes de chasseresse du temps où elle l’accompagnait dans ses battues sur la lande, elle avait tiré. Deux coups au but. Il ne lui restait que l’aspect littéraire à peaufiner pour sa future péroraison. Il devrait retravailler la dernière déclaration de Simone, enregistrée avant de quitter la maison d’arrêt : « Vous comprenez, Maître, une nouvelle invasion de ces grosses bêtes, je pouvais pas l’admettre. Ces situations, chez nous, ça s’est toujours réglé à la chevrotine.il n’y a pas d’autre solution. C’est pour ça que j’ai tiré au jugé : ces bestiaux venaient faire la loi chez moi ? Les seules lois que je respecte, moi, c’est celles de la nature. »
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darkpalmor · 7 months
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20 SEPTEMBRE 2023
Programme de vigile automnale
0°) 20 septembre : Souvenir de la Vie de Ste Croquette (5 minutes) : Un souvenir ému, ou une prière sur le bout des doigts ?
Croquette croquante Fut croquée par un croquant, Puis monta au ciel, Escroquant Saint Pierre.
1°) 5 % à continuer (5-10 minutes) : Billet de mauvaise humeur. Voici les 5 premiers mots d’un billet de 100 mots (environ) : « La sono des voisins était… »
La sono des voisins était poussée à fond et toute la résidence profitait des vibrations basses qui faisaient trembler les porcelaines dans mon placard. Alors il faut me comprendre, monsieur le gendarme. Si j’avais eu autre chose, j’aurais frappé à la porte avec une cuiller, peut-être, ou à la rigueur avec le pied, pour qu’ils entendent. Mais bon, j’ai pris le marteau qui était posé sur ma boîte à outils, et je me suis signalé. Et il faut dire que si le gus qui m’a ouvert avait été plus souriant, il ne serait pas à l’hôpital maintenant. Mais tant pis !
La sono des voisins était sur deux cents watts au moins et Madonna braillait dans les enceintes du petit dernier, un boutonneux pas encore moustachu. Et ce crétin tapait du pied, en rythme, croyait-il, et mon lustre tremblait, mon plafond allait se fissurer. Si j’avais été un homme, un vrai, je serais monté pour le corriger, ou lui demander de baisser le son. Mais vous savez bien que je suis un lâche, monsieur le Commissaire. Alors oui, c’est moi qui ai défoncé la porte du transformateur et qui ai plongé tout le quartier dans le noir. Emmenez-moi au poste !
2°) Écriture brève (10 minutes) : Point de vue décalé. Prendre le point de vue d’un objet ou d’un animal familier et raconter ou décrire (à la première personne, ou en s’adressant à un autre objet ou animal) des moments de vie quotidienne, l’environnement, les états d’âme, etc. Pour cette rentrée, une cigogne baguée.
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Mon menu de mariage m’attendait, paraît-il. On m’avait mis la bague au pied de bon matin, et promis des grenouilles, des criquets, peut-être même des souris fraîches. Et on m’a enlevé le capuchon qui pendouillait sur mes yeux, relâchée dans une prairie prétendue humide et grouillante de nourriture, mais avec le temps qu’il fait depuis deux semaines, je me suis trouvée fort dépourvue, comme une certaine cousine éloignée et littéraire. Mon bagueur restait là, attendant que je fasse quelque chose : que je lui prouve qu’il ne m’avait pas esquintée ni stressée, en gros. Mais dans cette herbe sèche, sous ce soleil énorme, je ne voyais pas comment j’allais me mettre sous le bec quelque chose d’aussi appétissant que les boulettes de viande hachée qu’on m’avait offertes pendant ma convalescence. Refuge trois étoiles, je le recommande. Cassez-vous une aile, tombez à proximité de leur cour, et vous serez soigné aux petits oignons et aux restes de flammekueche ! Mais là, me sentir à la fois guérie et affamée, ça me gonflait grave. J’allais claquer au lieu de claqueter, si je ne trouvais rien à manger. Alors j’ai simulé la boiterie, j’ai fait quelques enjambées en traînant la patte, lentement, le bec bas, et mon petit fiancé humain m’a rattrapée, renfermée délicatement dans son grand carton, et m’a dit qu’on allait me remettre en état. Moi, j’ai fait semblant de ne pas le comprendre, j’ai gardé ma mine de victime, et hop là ! Je retourne au refuge ! Marre des migrations, non mais !
3°) Lettre de château (10 minutes) : Merci pour ces moments ! Une lettre de château sert à remercier, le plus tôt possible et par courrier, des hôtes qui vous ont invité à un repas, une cérémonie, une fête, etc. On écrira à un chef de service qui a offert un apéritif à son personnel à l’occasion d’une promotion qu’il a reçue récemment. Rien n’interdit d’utiliser l’humour, l’ironie ou même le persiflage : une lettre de château n’est pas nécessairement servile, ni sincère.
Cher et respecté Monsieur le Sous-Chef de Division du Troisième Secteur administratif de notre Sous-Préfecture, permettez-moi ces quelques mots destinés à vous remercier de l’honneur que vous m’avez fait, ainsi qu’à mes collègues, en nous invitant à cet apéritif dînatoire improvisé vendredi dernier, après la fermeture des bureaux, et ceci pour fêter votre promotion dans l’ordre du Mérite. Je me sens obligé de vous dire combien j’ai apprécié, ainsi que mes collègues, les petits sablés que votre charmante épouse avait confectionnés jeudi, car c’était un régal de les extirper un à un du Tupperware où vous les aviez dissimulés toute la journée, dans un geste amusant et sympathique de cachotterie confraternelle, afin de nous en faire la surprise. De même, grand merci pour la bouteille de pastis que vous nous avez rapportée du petit Casino où vous étiez passé discrètement pendant que nous rangions les registres et fermions les robinets des radiateurs en vue du week-end. Ce double geste d’une immense générosité nous a touchés à un point que vous ne pouvez concevoir, et nous saurons tous nous en souvenir, au moins jusqu’à votre prochaine promotion, que nous souhaitons rapide. Avec ces remerciement, Monsieur le Sous-Chef de Division, recevez le souvenir ému de ces agapes qui nous ont fait passer une demi-heure de rêve et de délices, avant que nous ne rejoignions en hâte nos arrêts d’autobus pour ne pas rater la dernière correspondance. Le chef d’équipe des agents de bureau de la Sous-Division Un du Troisième Secteur, M. Martin.
4°) Moulinette sonore et lexicale (5 +10 minutes) : Les oreilles travaillent avant l’écriture. Jouer à la moulinette sonore, avec une contrainte stricte ou assouplie consiste à accumuler une assez grande masse de mots contenant une même sonorité, chaque participant propose plusieurs mots, ils sont tous notés et on écrit une histoire, librement, mais en s’efforçant de tous les placer. Chacun peut en ajouter de nouveaux, mais tous les mots trouvés en commun doivent être utilisés. Puisque c’est bientôt l’automne, on proposera des mots contenant le son « TONN ». Et le thème sera l’automne, évidemment.
Mots trouvés par les participants : sonotone, automne, ratonner ou ratonnade, platonique, tectonique, bétonner, tonneau, tonique, cotonneux, étonnant, cartonner, tonitruant, Tony, cretonne, Eton, Newton.
L’automne monotone nous engourdissait, et l’atmosphère cotonneuse et peu tonique du campus d’Eton détonnait par rapport aux cris tonitruants qui résonnaient autour de la statue de Newton. Le tonneau de bière, englouti sans entonnoir, avait cartonné, ce qui n’est pas étonnant. Il y aurait des ratonnades, cette nuit, des secousses tectonique dans le bâtiment des étudiantes dont les jupes de cretonne fleurie frémissaient par avance. Ce ne serait pas platonique jusqu’à l’aube, on allait se déboutonner, la fleur à la boutonnière, si les grand-bretonnes aussi bien que les teutoniques avaient autant de tonus que nous. Les vieux professeurs seraient obligés de débrancher leurs sonotones sous peine d’avoir les oreilles bétonnées par le boucan qu’on allait faire pour réveiller Tony : il ne savait pas qu’on allait lui souhaiter sa fête, pelotonné dans sa couette et roupillant comme un loir !
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darkpalmor · 8 months
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6 SEPTEMBRE 2023
Programme de renouveau
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0°) Échauffement libre en deux minutes. Supposons qu’aujourd’hui ce soit la Stes Fournitures Scolaires. Écrivez la prière en deux lignes qu’on pourrait adresser à ce saint peu connu.
Saintes Fournitures, soyez légères à nos cartables et à nos porte-monnaie, et nous prendrons soin de vous ! Saintes Fournitures, Soyez plus légères, Dans nos gibecières, Et soyez moins chères !
1°) Démarreur d’actualité pour texte ultra-court (5 minutes) : Fénéon. Partir d’un événement récent et le raconter en trois lignes maximum, à la manière de Félix Fénéon, avec un peu d’humour. Événement imposé : La mort accidentelle de Prigojine.
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Un chef de guerre expérimenté emprunte une fois de trop un avion pour aller faire la bombe, rien que pour augmenter son nombre de miles gratuits, et perd d’un seul coup toutes ses économies : conséquence, pas de funérailles nationales. Drame de l’aviation civile : un militaire de haut rang fait la bombe dans son jet privé, et atterrit dans un marécage en Russie. Funérailles dans l’intimité.
2°) Bouts-rimés (10-15 minutes) : Dizain pour un atelier débutant. On écrira un petit texte qui évoque l’atelier d’écriture, avec les couples de rimes suivants (que l’on pourra disposer comme on voudra) : atelier / collier, déserte / perte, écriture / rature, marmotte / marotte, stylo / vélo.
Ah ! J’ai repris le collier Du travail en atelier… Mon inspiration déserte, Et je bosse en pure perte Car ma si belle écriture Souvent finit en rature. Je voudrais être marmotte, Car dormir, c’est ma marotte. Je vais brader mon stylo Et me remettre au vélo.
3°) Texte fendu (10 minutes) : Vous prendrez bien un demi ? Voici un court texte en prose, dont on a coupé à peu près la moitié, et il faut le reconstituer de manière à ce qu’il tienne dans le cadre qui le contient. Et si possible, de manière à ce qu’il ait un peu de sens.
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Au commencement il n’y avait que Dieu surfant sur la vague : il n’appelait rien d’autre que le rouleau géant, cela était bon. Pour rien au monde il n’aurait reculé, ce rien faisait mieux que lui convenir, c’était la perfection. Dieu avait les yeux perpétuellement ouverts, s’ils avaient été fermés, cela n’eût rien changé, il surfait dans le noir, ne regardait rien. Il était plein et pouvait boire encore, et il avait la rondeur et l’immobilité divine de l’ivresse.
4°) Gonflette terminale (10 minutes) : Phrase à allonger. On partira d’une phrase imposée, que l’on allongera uniquement par la fin. Voici la phrase à augmenter, tirée d’un roman de Larry McMURTRY, Les rues de Laredo, 1993 : « Des vieillards qui ne totalisaient qu’une poignée de dents à eux tous étaient assis là, occupés à… » La contrainte consiste à ne pas arrêter la phrase par des ponctuations fortes pendant au moins une dizaine de lignes, et à ajouter de nouveaux compléments, membres de phrase, subordonnées, etc.
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Des vieillards qui ne totalisaient qu’une poignée de dents à eux tous étaient assis là, occupés à ressasser leurs souvenirs des anciennes bagarres où ils s’étaient joyeusement foutu sur la gueule quand ils avaient vingt ans et la bière énergique, en rigolant bien à propos des circonstances idiotes qui avaient, cinquante ans plus tôt, préludé aux engagements qui les avaient rendus célèbres dans le canton, et pendant qu’au coin de la placette le grand Julot était entrain de castagner le facteur sous prétexte qu’il avait fait du gringue à sa greluche, ils commentaient en connaisseurs les coups de poing au foie ou les baffes sournoises, un peu impatients tout de même de constater que ça ne saignait pas beaucoup, alors ils se mirent à gueuler aussi fort qu’ils pouvaient, encourageant Marcel ou invectivant Julot, se prenant au jeu comme s’ils avaient assisté à un match, si bien qu’emportés par cet enthousiasme rajeunissant ils se levèrent et commencèrent à se battre entre eux, à coups de canne ou de déambulateur, jusqu’au moment où les deux jeunots jaloux s’arrêtèrent et vinrent les engueuler en les traitant de vieux schnocks de cinq ans d’âge mental, et le silence retomba sur la rue redevenue tranquille.
5°) Notes de bas de page (10 minutes) : L’annotation est un art ! Voici un petit texte qu’il s’agit d’annoter afin de l’éclaircir pour des lecteurs novices. Votre expertise se limitera à 10 notes, ni plus ni moins.
Le moment de la bobinette (écrit, non sans une certaine lourdeur, Wolfgang Rotkäppchen, dans sa dissertation publiée en 1893 par l’Université de Heidelberg) est le moment essentiel de l’histoire du Petit Chaperon Rouge. Lorsque la bobinette choit, le piège se referme, le destin est en marche et rien ne saurait plus l’arrêter. Lorsque le Petit Chaperon tire la chevillette, elle tombe dans la souricière. Tout est consommé. Elle ne peut plus retourner en arrière. Elle ne peut même pas s’arrêter à l’instant présent. Auparavant, tout était encore possible. Auparavant, le Chaperon pouvait s’identifier aux papillons, êtres de fuite, à leur légèreté, à leur flottement dans une situation floue. Elle pouvait avoir l’éclat des petites fleurs. Mais, après la chute de la bobinette, elle devient un produit comestible, proche de la galette et du pot de beurre, nourriture carnée à côté de nourritures non-carnées. La chute de la bobinette annonce la chute de la robe et du slip de la petite fille quand celle-ci, pour se coucher près du loup, se déshabille et laisse tomber ses habits sur le parquet ciré. Elle précède aussi la lente descente des chairs broyées du Chaperon vers l’estomac du loup.
Gilbert LASCAULT, Le petit chaperon rouge, partout, 1989, © Seghers
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(1) Wolfgang : prénom allemand assez prétentieux donné aux enfants dans certaines familles de musiciens. (2) 1893 : année de naissance d’Émile Denis Maréchal. (3) piège : instrument utilisé notamment par les trappeurs pour capturer des loups, dont la fourrure est très estimée. (4) souricière : instrument utilisé dans les ménages pauvres et les logements insalubres afin d’améliorer le régime alimentaire des enfants chétifs. (5) papillons : animaux sans intérêt alimentaire. (6) floue : qui manque de clarté. « Quand c’est flou, il y a un loup », disait la grand-mère de Martine Aubry. (7) beurre : source de cholestérol, qu’on peut remplacer sans risque par des cornichons ou de la moutarde, qui ont davantage de goût. (8) slip : sous-vêtement unisexe. (9) parquet ciré : indice d’embourgeoisement ou de traditionalisme vieux jeu chez la grand-mère du conte (pas celle de Martine Aubry). (10) estomac : organe essentiel à la survie de tous les animaux, excepté certains papillons qui naissent sans organe buccal, vivent quelques jours seulement, se reproduisent et s’épuisent, meurent, sans avoir jamais rien mangé, mais dont les œufs donneront des papillons identiques promis au même avenir, ce qui prouve que la nature est parfois cruelle avec ses créatures.
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darkpalmor · 11 months
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21 JUIN 2023
Programme du temps des cerises
1°) Les tables rondes : quelle impression cela vous fait-il ? On dira brièvement comment on ressent le fait d’être installé à une table ronde, du point de vue affectif, physique, etc. Écriture libre.
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Stylistiquement parlant, la table ronde est un objet parfait : c’est le royaume de la belle courbe, du cercle, avec sa géométrie difficile à capter par les écoliers auxquels on inculque la valeur de pi… Affectivement parlant, c’est le royaume de la sympathie collective : chacun voit tout le monde, c’est l’égalité circulaire… Culinairement parlant, ou gastronomiquement, ou convivialement, c’est un objet très pratique : le plat au centre, à équidistance de chaque assiette, ça égalise. Seuls les petits bras doivent faire un effort… Physiologiquement parlant, si elles ont un pied central, on peut en faire aux voisins-voisines sans se fracasser contre un angle dur, métallique ou en bois. Donc, si l’on excepte les indigestes tables rondes des journalistes politiques, arrondissons nos tables.
2°) Le nouveau zodiaque en douze leçons (10 minutes) : Une interprétation moderne ? On fera l’horoscope pour la semaine à venir des personnes nées sous le signe de la Commode Louis XVI, ascendant Haricot beurre. Rubriques traditionnelles (argent, amour, santé, vie sociale…)
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Amour : Méfiez-vous des passades étrangères. Cela pourrait vous valoir des inimitiés dans le cercle des ultra-patriotes où vous êtes engagé. La couleur blonde risque d’être encore plus rédhibitoire. Et pas de femmes frisées ou bouclées ! Argent : Soyez économe. Si vous le pouvez, tâchez d’obtenir à la fois le beurre et l’argent du beurre. Et prenez soin de bien ranger vos économies : vous avez sans doute un tiroir secret dans votre commode ? Santé : Jusqu’à la première semaine de juillet, jours fastes. Méfiez-vous cependant du 14 : risque d’indigestion ? Vie sociale : Les relations avec les politiques ne seront pas commodes. Soyez sur vos gardes et ne laissez pas s’envenimer une situation de crise. Mais vous pouvez aller à la chasse sans crainte : il y aura du gibier.
3°) Un titre pour un incipit (10 minutes) : Un début de roman. Jean-Marcel Hugo n’est pas un descendant de Victor, mais un romancier débutant dont voici la première parution, en mai 2023 : La perte des Promeneuses, /éditions aléatoires/. On écrira la première page, environ une douzaine de lignes, en essayant de tenir compte du titre et de l’illustration de couverture.
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Simone et Élisabeth, en vadrouille avec leur amie Chantal, avaient envisagé un week-end prolongé qui soit à la fois champêtre et culturel. La combinaison de ces contraintes les avait obligées à délimiter le champ qu’elles voulaient explorer, et elles étaient tombées d’accord sur les parcs et jardins d’auteurs ou d’artistes illustres. Elles allieraient ainsi leur fringale de balades en plein air et la joie de discuter littérature ou Beaux-Arts. Pour commencer elles avaient atterri à la maison de George Sand, mais cela les avait fatiguées : « Jardin trop sec, du potager, sans plus », avait dit Simone, la plus exigeante. Mais pour leur consolation, elles avaient découvert qu’il existait, non loin du Beaujolais, donc à moins d’une journée de distance, un petit château XVIIIème où avait vécu un peintre impressionniste maqué pendant quelques années avec la mère, ou la tante, de Louise de Vilmorin. Ce fut le déclencheur. « Il y a des allées de topiaires », disait le Guide vert de chez Michelin. « Et un restaurant ! », disait Élisabeth. « Avec une belle cave ! », disait Chantal. Parties de Nohant, l’esprit grognon et les bagages en désordre, elles arrivèrent toutes pétillantes, une fin d’après-midi, à …/…
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darkpalmor · 11 months
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24 MAI 2023
Programme portable
1°) Échauffement blasphématoire (5 minutes) : Aujourd’hui, c’est la St Portable. Selon mon almanach 2023-2024, du moins. On écrira donc une petite prière à ce nouveau Saint du calendrier, sous forme rythmée, quelque chose qu’on pourrait psalmodier facilement.
Mon ancien portable M’a laissé tomber. C’était un jetable, Et je l’ai snobé… *** Mon nouvel haïphone Sonnera bientôt. Mais s’il est aphone Je prends un marteau.
À la Saint Portable, Le marchand de sable Peut passer à table. J'écrirai sa fable Si j'en suis capable, Ou je pète un câble.
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2°) Embrayage par citation (10 minutes) : Se défouler ? Une citation est proposée, prise dans un dictionnaire, et on l’intègre dans un court texte. « Je voudrais voir un jour analyser l'automobile en tant qu'instrument à défouler les citadins emprisonnés » (Elle, 31 mars 1958). Dictionnaire Robert.
Je voudrais savoir si un jour quelqu’un saura analyser avec justesse le comportement des automobilistes. En gros, un sur deux juge que celui qui le précède sur la route conduit mal, et un sur deux pense que celui qui le suit est un chauffard. Et en réalité deux sur deux utilisent leur automobile comme un instrument grâce auquel ils se défoulent. Se défoulent de quoi ? De la vie citadine, des contraintes sociales, de la famille, des autres, plus généralement. L’automobile est leur antidépresseur, une arme, et le paradoxe est que pour se libérer de toutes les entraves et de leurs angoisses, ils s’y enferment. Finalement, c’est une prison agréable car mobile, et beaucoup plus efficace que celles de la Justice, et de temps en temps, on passe facilement de l’une à l’autre. On s’est bien défoulé ? Les matons vous foulent.
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3°) Écriture longue (10-15 minutes) : Haïr. Les autres, c’est rien que des sales types, selon Jacques A. Bertrand, Julliard, 2009. Écrire un court texte dans lequel on exprime sa haine d’un genre d’individu particulier. Aujourd’hui : le médaillé.
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Le médaillé est une espèce qui mérite notre attention, et notre haine. Et elle n’est pas en voie d’extinction. Le médaillé est un individu qui arbore à son revers de veste, et parfois sur toute la largeur de son buste large et puissant, une ou plusieurs breloques pendouillantes qu’on lui a épinglées au bout d’une cérémonie pesante et verbeuse au cours de laquelle un cravaté ventripotent et décoré a rappelés devant un auditoire pressé d’aller au buffet se gave de petits fours et de crémant tiède, des exploits dont le récipiendaire lui-même ne se souvient plus : avions ennemis abattus, copies d’examen corrigées sans frémir, courses de haies ou lancer de divers objets contondants ou piquants, carrière commencée là et en voie d’achèvement ici, le tout avec trémolos dans la voix et la promesse d’autres récompenses à venir, cérémonie clôturée par des hymnes sauvages, patriotiques ou syndicaux, des applaudissements et quelques larmes à l’œil. Rien que pour ces motifs, on devrait déjà souhaiter l’abolition des médailles. Mais qui plus est, le médaillé est un individu fier et imbu de sa personne, il mérite donc sur terre le châtiment que l’enfer lui réserve pour ce péché capital : la dégradation ! Comme Dreyfus ! Sus aux médaillés ! Coupons-leur leurs rubans, arrachons-leur leurs rosettes, faisons-leur manger leurs décorations, avec les épingles !
4°) 10 mots et un pitch pour une histoire (10-15 minutes) : Sonnette de nuit. Voici dix mots à placer, dans l’ordre que l’on veut, à l’intérieur d’une petite histoire. Résumé de l’histoire : Un individu tente une expérience afin de tester son voisinage : il sonne chez eux, la nuit, et leur dit qu’il fait un sondage sur la convivialité. Mots obligatoires : affecter, chance, domicile, enquêter, gain, glisser, imprudence, marche, mégère, plate.
– Chéri, ça a sonné ! Réveille-toi ! – Mmmhhh ? Quelle heure est-il ? – C’est minuit et demi ! Tu vas voir ? J’ai peur, moi ! Vas-y, mais ne fais pas d’imprudence ! – Bon, je passe un pantalon et j’y vais. Mais tout de même, qui peut venir à notre domicile à cette heure ? J’espère que ce n’est pas une mauvaise nouvelle. – Tu fais attention en descendant. Ne glisse pas sur les marches ! *** Le mari alla ouvrir et se trouva face à un individu souriant, qui lui expliqua d’une voix plate et lasse : *** – Monsieur, j’enquête dans le voisinage, et vous avez eu la chance d’être choisis pour répondre à ce sondage. – Mais, à cette heure-ci ? – Oui, justement. C’est exprès, et si la surprise est grande, le gain que vous en retirerez ne le sera pas moins. J’ai été affecté à cette tâche afin de récompenser les meilleurs voisins, ceux dont la convivialité naturelle et spontanée présentera le meilleur indice de tolérance à l’intrusion. La première question est celle-ci : Que pensez-vous de cette initiative ? – Bon, ce sera vite répondu ! Ma femme est déjà en train d’appeler la police, et si vous ne dégagez pas d’ici tout de suite, ça va être convivial, au commissariat, ça c’est sûr ! – Quoi ? Votre femme ? Mais quelle mégère ! Ah, je vous plains, mon vieux. Au revoir ! *** Et l’homme disparut dans la nuit, laissant un couple totalement désemparé. Ils eurent beaucoup de mal à se rendormir.
5°) Fragment pour l’inspiration libre (15-20 minutes) : Une écriture longue à partir d’une bribe déposée sur Internet par Étienne Candel. « L’étrangeté de ces spectacles, alors que tout s’effondrerait. » Sans chercher à savoir ce que son auteur a voulu dire, on se laissera aller à l’exploitation de ces quelques mots, de manière qu’un sens se dégage du résultat : soit une histoire, soit un dialogue, pourvu que la phrase se retrouve quelque part intégralement.
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Tout n’est que spectacle, dès qu’il y a quelque part des yeux pour voir. La vie, la mort, la guerre, le passage des trains ou d’un chat errant. Mais voyons-nous vraiment tout cela ? Il faudrait savoir regarder, d’abord, prendre du temps pour observer ce qui nous entoure, la beauté comme la laideur ; mais le monde va trop vite. Comme les horloges. Et l’être humain a la fâcheuse tendance de vouloir aller plus vite que le chronomètre ou le calendrier, alors que la vie est si courte. À quoi bon regarder une société se déliter, des gens se battre ou sombrer dans la misère ou la maladie ? et à quoi bon en parler ensuite. Y aurait-il quelqu’un pour écouter, ou pour lire la description qu’en ferait un journaliste ou un sociologue ? et qu’est-ce qui vaudrait la peine de dépeindre l’étrangeté de ces spectacles, alors que tout s’effondrerait ? Serait-ce pour la gloire d’avoir été l’observateur majuscule, le peintre de l’extinction en route, le prophète des malheurs prochains ? Ne vaut-il pas mieux fermer les yeux et attendre tranquillement le bruit que ne manquera pas de produire la catastrophe finale, et le long silence qui suivra ?
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darkpalmor · 1 year
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10 MAI 2023
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1°) Les hirondelles (5-10 minutes) : Petite description imagée ? On essaiera de rendre visible, et audible, par des comparaisons ou métaphores, le mouvement des hirondelles dans le ciel, puisqu’elles sont désormais de retour.
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Graffitis emplumés, coups de ciseaux dans l’air bleu, bascules à faire dégobiller de vertige n’importe quel funambule, griffures bénignes et sans cicatrices, chasses calligraphiques illisibles et intraduisibles, chutes à pic et remontées en loopings insensés, les hirondelles tracent leurs messages dans le ciel. Taches blanches et noires, fusées qui rasent l’eau au millimètre et s’accrochent aux fils téléphoniques comme des notes sur une portée, cris perçants inarticulés, les hirondelles répètent leur ballet pendant tout l’été, avant de tirer leur révérence et de laisser les nuages reprendre leur place. Cris suraigus de fées rendues folles par les moustiques qui les narguent, mélodies de musique concrète hyper moderne, impossibles à saisir au vol par écrit ; aucune plume ne serait aussi rapide que les leurs pour écrire et réécrire sans cesse leur concerto.
De cascade en looping, de piqué sur l’aile en rase-mottes, elles griffent l’espace pour y écrire la partition injouable de leurs cris déments et incompréhensibles. Flèches noires et blanches, œil presque invisible, leur queue est l’empennage qui les gouverne dans leurs voltiges. Elles tombent du ciel sans s’écraser, et remontent parce qu’elles ont oublié un moucheron : ce sont des affamées perfectionnistes.
2°) L’Atelier du don de mots (10-15 minutes) sur le site Lichen : Mots obligatoires. On écrira une petite histoire, qui utilisera obligatoirement mais dans un ordre libre, les mots de la liste suivante : Majorer, déserter, mielleux, fuligineux, magnétique, unique, zébrure, eau-de-vie, arôme, horloge solaire, pulsion, rififi, ortie. On peut voir en quoi consiste ce site ici : https://lichen-poesie.blogspot.com/
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Malgré toute l’eau-de-vie qu’il s’enfilait à longueur de journée, l’oncle Marcel avait avec nous une relation quasi magnétique. Il savait tout faire, tout expliquer, tout raconter. Sous ses sourcils fuligineux il avait l’œil qui frise, les zébrures des cicatrices sur son visage étaient – selon lui – les souvenirs de ses années de jeunesse où il avait fait du rififi dans des banlieues sordides avant de s’engager dans la Légion et d’en déserter aussi sec. Il nous avait fabriqué une sorte d’horloge solaire, un cadran de ferraille qu’il avait installé au milieu d’un carré d’orties à l’arôme piquant, et il y plongeait les mains, non par pulsion masochiste, mais pour nous prouver qu’il n’avait pas mal, et que c’était bon pour la santé. Ensuite, d’un ton mielleux, il nous faisait goûter un vin d’orange unique, à petites gorgées parce qu’on était encore trop jeunes, et il nous faisait payer ces délices interdites en majorant la facture : il fallait l’appeler tonton, lui dire que c’était le meilleur de la famille et que les autres ne valaient rien. En gros, il nous faisait renier nos parents, juste pour s’amuser… Et après ça, on avait le droit de rentrer à la maison, de se faire engueuler parce qu’on n’avait pas regardé l’heure, et il fallait raconter tout ce qu’on avait fait chez l’oncle. Bien entendu, on ne racontait pas tout, et on attendait impatiemment d’y retourner.
3°) Homophonies approximatives (5-10 minutes) : Juste pour rire… À partir du titre de l’œuvre de Gogol, Le journal d’un fou, on essaiera d’écrire une ou deux homophonies, très approximatives éventuellement. Et avec un effort supplémentaire, on concocte une mini histoire, qui commence par le titre imposé, qui continue un peu plus loin par l’homophonie intermédiaire facultative, et qui se termine par l’homophonie qu’on aura fabriquée.
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Le Journal d’un fou, c’était de la lecture pour intellectuels, pas pour des sentimentaux. L’histoire d’un dingue qui ne comprend plus rien à la vie, qui confond les personnes et les objets, cela ne fait pas rêver. Le lieutenant, lui, c’était un romantique, il lui fallait des romans à l’eau de rose, des orphelines à sauver et épouser aussitôt, des dots à gagner par des exploits héroïques. Il attendait le passage où les joues d’Anne, en feu, signifiaient au héros que c’était gagné, et il rêvassait devant les descriptions de mariages fastueux, les récits de batailles prometteuses de médailles, de gloire et d’honneur. Mais pendant ce temps, il négligeait la discipline de sa section. Et quand le capitaine lui annonça que sa promotion serait retardée, pour cause de mollesse dans l’application des règlements, il alla plaider sa cause auprès du colonel, en jurant que cela ne se reproduirait plus. Mais la seule réponse qu’il obtint de cette vieille ganache fut méprisante et cassante : « Vous pouvez vous plaindre, jusqu’au sommet de la hiérarchie du régiment, si vous voulez, lieutenant. Le général s’en fout ! »
Le Journal d’un fou, ça se lit dans la douleur. C’est l’histoire d’un frustré qui vit tout mal, ses amours, la société, les gens, quoi. Il raconte ses mésaventures, rejetant toujours la cause de ses malheurs sur autrui. S’il digère mal, c’est parce que sa mère l’obligeait à manger des légumes qui lui ont détraqué les intestins : le chou cale un bout de temps, mais à la longue ça fait gonfler. Si les filles se détournent de lui, c’est de la faute de sa cousine qui faisait circuler des ragots à son sujet. Par exemple, le jour qu’Anne au foot lui a marqué un but, il fut la risée de toute l’école. Et son service militaire fut une autre catastrophe : du plus petit caporal au capitaine, chaque gradé lui infligeait son lot de corvées, de punitions, et quand il avait voulu s’en plaindre, en suivant la voie hiérarchique, le colonel lui avait dit, mon pauvre vieux, vos plaintes, le général s’en fout ! Et à la fin, le personnage conclut qu’il peut bien mourir à présent, puisque le monde entier s’est éloigné de lui, et réciproquement, il va terminer sa vie dans l’indifférence générale. Il ne criera pas, ne se plaindra même pas. Il mourra dans un léger râle, à genoux.
4°) Gonflette (5-10 minutes) : Une bonne farce. On farcira un court texte initial en y insérant des éléments, mais sans supprimer un seul des mots de la phrase de départ. Phrase proposée : « Je ne vois pas l’intérêt qu’il y a à travailler dans un ministère. Cela ne rapporte absolument rien. » (Extrait du Journal d’un fou, de Gogol)
Je ne me vois pas faire tout le reste de ma vie ce boulot débile ! Pourquoi ai-je voulu devenir enseignant ? c’est peut-être à cause d’une illusion sur l’intérêt financier du métier ? Je croyais, naïvement, qu’il y a des contreparties sonnantes et trébuchantes à ces inconvénients que je n’imaginais pas aussi nombreux : travailler pendant les petites vacances pour corriger des copies, dans la nuit jusqu’à m’endormir sur le bureau, pendant les grandes vacances pour préparer un programme conforme aux instructions changeantes du ministère, et tout cela pendant quarante ans. Je devais être saoul quand j’ai signé pour ce boulot ! À part les insomnies, les crampes aux doigts et les taches d’encre rouge sur les vêtements, cela ne rapporte absolument rien !
5°) Le courrier des lecteurs (10 minutes) : Exercice sur article réel. Une fois distribuée la photocopie d’un article récent de journal régional, chacun fera son « courrier » adressé à l’auteur de l’article, ou au rédacteur en chef, ou carrément à la direction du journal. Ce sera un texte bref, destiné à interpeller soit l’auteur de l’article, soit le public du journal.
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Pourquoi la Justice est-elle aussi sévère avec ce genre d’infractions ? Franchement, par comparaison avec les auteurs de violence familiales qui écopent de 6 mois avec sursis, les casseurs des manifestations qui détruisent une douzaine de vitrines et sont remis en liberté dès le lendemain, fumer deux ou trois pétards n’a jamais tué personne ! Il fait libéraliser l’usage du cannabis et de l’héroïne. Ou alors, interdisez la viticulture ! Est-on certain, d’ailleurs, qu’aucun procureur n’a jamais bu un coup de trop ou forcé sur la marijuana ? Un amateur occasionnel qui espère bien continuer sans se faire prendre.
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