Tumgik
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"Je te suis..."
"... J'ai toujours voulu voler..."
Ce sont ces derniers mots. Comment une phrase aussi petite peut-elle marquer la fin d'une si grande existence ? Grande, je ne le dis pas dans le sens de la longueur, non. Pour ça, la phrase correspond bien : aussi courte que sa vie... Une vie courte, mais bien remplie, et c'est en cela qu'elle est grande.
Peut-être que je délire... Le perdre, c'était me perdre. Je me perds, je me noie dans le vide de son absence. Je perds mes mots, je perds la tête... C'est lui qui est parti, mais je pars à la dérive. Inconsciemment, sûrement, je le suis. Oui, je le suis, je te suis, m'entends-tu ? Je suis là, non loin de toi, je me rapproche, je te rejoins. Je te suis, le sens-tu ? Je te suis et suis toi, et je t'ai perdu, alors... Alors je me perds aussi, puisque je suis toi, que je te suis, et peu m'importe où tu vas, je te suis.
Il fait si noir, si froid... Où es-tu ? J'ai besoin de tes bras autour de moi ! Qu'importe, j'arrive ; bientôt, je serai auprès de toi. Alors, tu me réchaufferas. Il fait si froid, si noir... Est-ce si loin que cela, l'au-delà ? Qu'importe, je m'en vais ; bientôt, tu seras à nouveau contre moi. Ô sublime espoir qui me fait avancer dans ce tunnel sombre et glacé, ô sublime espoir que celui d'enfin te revoir !
Pourquoi ce voyage est-il si long ? Le tien fut pourtant bref ! Quel transport divin as-tu donc emprunté qui, si rapidement, t'ait mené à ta fin ? Ne pourrais-je, à mon tour, recevoir le même privilège ? Faut-il qu'aux portes du Paradis je siège, afin d'embrasser ta chevelure dorée, tes lèvres...
Tes lèvres gerçées. Je me souviens. De tout. Je n'ai rien oublié, depuis notre rencontre sous ces pins, cette calanque ombragée... Nos discussions interminables, sur des sujets divers et variés, nos attentes et nos rêves... A présent irréalisables. Tout est fini. Tu es parti, et ne reste de ton passage que quelques photos, et mes larmes, mes larmes de minable !
Enfin, je pars. Je te rejoins, je vais t'expliquer, je vais... Il fait de plus en plus froid... Ma vue se trouble... Serait-ce encore des larmes qui floutent ce triste paysage ? Non. Mes yeux sont secs. Je ne puis plus bouger. Je me sens glisser dans un abîme noir et profond... Non ! Non, ce n'est pas là que je vais ! Ce n'est pas là que je te retrouverai ! Je n'ai plus la force de nager, je crois que je me noie. Mon âme s'envolera-t-elle vers les cieux pour se poser au creux de toi, une fois que mon corps se sera déposé, là, en bas ?
C'est étrange... Je ne ressens plus. Plus de froid, plus de sang, plus de douleur ni de frissons. Je me sens m'enfoncer... Je ne me souvenais pas que notre baignoire ait été si profonde... J'arrive, attends-moi... Je... Je te vois, mon amour, je suis presque là, presque à toi... Je te suis, de près... Je te suis...
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Dear Diary...  (Extrait #4)
25/10/20 J'ai vraiment l'impression d'être un fantôme. Je traverse le lycée de long en large sans trouver ma place, tout comme dans ma vie. Le monde extérieur, je ne le ressens plus que comme à travers un brouillard opaque. Les sensation, les formes floues et rapides des élèves, pressés d'aller en cours pour ne pas se prendre un retard, qui se bousculent autour de moi, les bruits entendus comme venant de très loin... Presque rien ne m'atteint. Je suis simple spectatrice, immobile et silencieuse, des vies de chacun, de la vie collective. Je marche en ayant l'impression d'être dans un rêve, comme si rien n'était réel autour de moi ; mais un rêve gris, sans nuances, un rêve aussi gris et triste que les bâtiments de la cité à côté du lycée, dans lesquels s'entassent des familles nombreuses, pour la plupart des immigrés ayant fui la guerre ou la misère de leur pays natif. Un rêve sombre, ou un cauchemar qui serait à la limite du tragique, et bien ancré dans le registre pathétique. La seule couleur qui ressort est le rouge, le rouge sang. Je vis dans un monde anthracite et tâché d'écarlate. Et je suis si fatiguée... J'aimerais m'endormir, pour ne plus jamais me réveiller. Pour ne plus avoir à lutter chaque jour contre ces monstres, ces démons qui se sont installés dans mes entrailles et qui semblent impossibles à déloger. Je suis si fatiguée, mon cher journal, que mon stylo tremble légèrement dans ma main alors même que je t'écris ces mots ; ces mots si durs, si tranchants, à l'instar de mes lames, et pourtant si doux en comparaison des cris des démons dans ma tête à chaque instant. Seulement, je n'ai pas – ou trop peu – de répit, car même la nuit, leurs voix assassines chuchotent des horreurs à mes oreilles internes, et lorsque, enfin, ils se taisent, ce sont les souvenirs du viol qui me reviennent à l'esprit, me causant de nombreuses nuits d'insomnie.
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Dear Diary...  (Extrait #3)
Il a toujours été comme ça, Julio... Silencieux, mystérieux, mais toujours présent, et lorsqu'il parlait (et c'est toujours le cas aujourd'hui), chacun de ses mots faisait mouche. Il parle peu mais parle juste. Il a une assurance, un charisme et une autorité innée incroyables. Grand blond aux cheveux bouclés, il a des yeux verts qui jettent sur le monde un regard perçant, froid et clairvoyant à la fois. La mâchoire carrée, des dents un peu jaunies par les cigarettes qu'il fume à longueur de temps, mais droites, tranchantes et solides. Le visage imberbe, un peu émacié, sur un corps athlétique et fin, des épaules larges et des bras puissants, il inspire vraiment au respect. Et il s'habille le plus souvent avec des chemises à carreaux, des jeans de toutes les couleurs (une couleur par jour) maintenus par des bretelles et des souliers vernis. Il doit avoir une dizaine de paires de bretelles différentes ! Et, toujours, son incontournable chapeau vissé sur le crâne. Il est noir, basique, mais il y tient plus qu'à la prunelle de ses yeux. C'est moi qui le lui ai offert le jour de son départ. Je voulais lui offrir quelque-chose d'utile, et comme il y a beaucoup de soleil en Argentine, j'ai pensé à un chapeau qui protégerait sa tête comme lui avait protégé la mienne pendant les crises du roi. Sauf que je l'ai choisi noir... Et il fait très chaud, là-bas, et le soleil cogne dur. Tu ne vois pas, mon cher journal, le problème ? Le noir attire la chaleur. Se mettre un chapeau noir sur la tête, dans ce pays, équivaut à sortir nu barbouillé de crème solaire dans le désert et de s'allonger sur une dune en plein été, vers midi. Et pourtant, il a été tellement touché de mon cadeau qu'il le porte en permanence. Il ne le quitte que pour dormir. Il joue à l'homme froid, distant et bourru, mais au fond, c'est un cœur tendre, mon frère.
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Dear Diary... (Extrait #2) :
26/10/20 Je hais les lundis matin... Insupportables ! Je suis obligée de me lever, de sortir de dessous ma couette si chaude et rassurante pour aller affronter une nouvelle journée de luttes, de regards qui me jugent froidement et de gens qui me bousculent au lycée. Je suis devenue la fille bizarre et effrayante à qui personne n'adresse la parole, si ce n'est pour lui faire remarquer son comportement étrange et flippant, ou pour la dénigrer. Les gens sont détestables... Tiens, par exemple, un type et deux filles m'ont coincée dans un couloir vide pour m'insulter et me frapper. Je me suis laissée faire, ils étaient tous trois assez costauds et je ne voulais pas que cela tourne au drame, ce qui se serait certainement passé si je m'étais défendue. C'est fatiguant, cette attitude, cette manière qu'ont les gens à te dénigrer pour se sentir plus fort, à te faire du mal pour se protéger de ce qu'ils t'imaginent capable de leur faire. Œil pour œil, dent pour dent, ils ne fonctionnent que comme ça... La loi du plus fort est appliquée au pied de la lettre, et les apparences sont plus importantes que l'être en lui-même. Est-ce cela que l'on nomme société ? Est-ce là tout ce dont les Hommes sont capables ? Où est-elle passée, notre si chère humanité, que prônaient Jaurès, Hugo, et d'autres grandes âmes de ce monde, aujourd'hui tombant dans l'oubli, et qui, pourtant, elles, avaient compris, accepté l'humain tel qu'il est, avec ses forces et ses faiblesses ?
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Dear Diary... (Extrait #1)
07/10/20 …
10/10/20 Trois points rouges. Trois points de suspension sanglants dans ma vie. Bonjour, cher journal. J'ai attenté à ma vie. Je suis une terroriste de moi-même. Pas de kalachnikov, pas de cagoule noire, pas de foi extrême dépassant la raison. Mais un attentat tout de même, un attentat à la vie. Je me suis tuée. J'ai fait couler un bain de sang pour me laver, et je m'y suis noyée. Je suis morte. Je suis morte, mais seulement pour mieux revivre après. Je renais lentement de mes cendres, comme un phœnix, mais bien plus forte, bien moins douce. Je ne suis plus une enfant. On m'a volé mon enfance, on a poignardé la gamine joyeuse en moi. Place au monstre, au démon. Je ne donnerai plus ma confiance à n'importe-qui. Je me battrai, je blesserai, je vais me protéger, à présent. Assez pleuré. Plus de larmes, place au sang.
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Come back !
I'm coming back !!! Désolée de l'absence de production de nouveaux textes (cette phrase contient un nombre affolant de "de" !). Me revoici avec des extraits de mon "nouveau projet", qui se nomme (pour l'instant, mais peut-être que ça changera) "Dear Diary...". Une histoire avec des mots plutôt crus, comme à mon habitude, et des évènements difficiles. C'est écrit comme l'on écrit dans un journal intime. Le lecteur devient (du moins est sensé) le journal intime et découvre des morceaux de la vie d'une jeune fille, Emilie, qui tente de se construire malgré ses trop mauvaises expériences et un départ trop peu aisé dans la vie. Donc, (j'espère assez régulièrement), je vais en poster des extraits, pas forcément dans l'ordre dans lequel l'histoire se déroule, mais qui sont, d'après moi, des passages-clé. Voilà voilà ! ^^ Bisous et plein de câlins à vous, les gens ! J'vous aime fort !
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Mais dites donc ça fait un moment qu'on a rien de nouveau à lire nous ! Ca va?
Haha, ouais, ça fait un bail, en effet ! Désolée... ^^' C'est que j'ai commencé un projet un peu particulier et que, plongée dedans, j'ai quelque peu délaissé mes petits textes aux mots durs et crus de d'habitude. J'essaierai  de me rattraper, promis !
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La déprime de l'Univers :
Des gouttes qui tombent, les unes après les autres. D'abord en faible quantité, puis de plus en plus fort. Il pleure. Il pleure, le ciel. Du bleu d'azur s'écoulent des larmes douces et pures. Il change alors de couleur, et l'azur devient gris. Le cristal liquide descend des yeux de ce géant infini, à la coiffe de nuages argentés, et s'écrase au sol avec un bruit retentissant pour ceux qui savent écouter. Car une de ces gouttes n'est pas qu'une simple goutte, pas simplement de l'eau, non. Une seule goutte contient des milliers de nuances d'émotions différentes. Une seule goutte, c'est tout un monde, parfois.
Un coup qui déchire la nuit. Un coup de poignard, un coup de tonnerre au cœur de la nuit. Qui se plante dans le dos du jour. Un éclair qui traverse et illumine froidement le paysage. Une brusque décharge d'énergie, comme un cri lancé par le ciel. Un appel au secours, ou appel à la haine. Un appel, mais de violence ou de peur empli. Une plainte retentissante, déchirante, un hurlement désespéré qui fait frissonner toute la Terre. Un coup de tonnerre, c'est le cri du ciel, c'est la colère, la peur, la douleur. C'est brillant, mais froid. C'est une lame qui se vient planter dans la peau terrestre, qui l'ouvre parfois et la fait saigner.
Une tempête, c'est le désespoir des cieux exprimé. Une tempête, c'est tout à la fois les gouttes pures de cristal liquide, les larmes du géant Ouranos à la coiffe grise qui font en s'écrasant, un bruit de fin du monde, c'est ces gouttes d'émotions nuancées, c'est ces morceaux de monde. C'est aussi le coup de poignard du tonnerre dans le cœur de la nuit, dans le dos du jour. C'est le cri déchirant, la plainte énergique et retentissante, c'est la violence froide et énergique qui fait frissonner le monde. Une tempête, c'est la lame de rasoir de l'Univers, mêlant larmes du ciel, et larmes de sang.
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Jaëlle, ou la folie de vivre :
« Bonjour. Moi c'est Yanis. J'vais pas me présenter plus que ça, j'suis pas venu pour ça. J'suis venu pour vous parler de quelqu'un, quelqu'un – contrairement à ce que vous avez dû entendre auparavant – qui n'est pas moi. [Oui, oui, je sais que ce n'est pas ce que vous recherchez, que vous, ce que vous voulez entendre, ce sont les témoignages directs des personnes qui viennent ici, dans votre bureau. Mais écoutez au moins ce que j'ai à vous dire, cela me tient vraiment à cœur. Et puis ensuite, à vous de juger si ce témoignage indirect vous intéresse suffisamment pour que vous le gardiez, ou pas. … … Merci.]
Voilà. J'ai rencontré, il y a quelques mois de cela, une fille formidable, complètement folle, mais plus incroyablement vivante que toute personne que je n'ai jamais rencontré, avant et depuis. Elle s'appelait Jaëlle [prononcez « Yaèlle »]. Elle est venue me parler un midi alors que je prenais ma pause, seul comme d'habitude. Elle s'est approchée en trois bonds, un grand sourire éclairant sa face. Elle a commencé à me poser des questions, sur le rythme rapide d'un interrogatoire en bonne et due forme, mais sa voix ressemblait tant à un babillement, ou à un piaillement de mésange que cet interrogatoire en devenait plaisant. Elle s'est interrompue au beau milieu d'une phrase, à un moment, et s'est écrié « Chat ! », avec l'air réjoui d'un gosse de trois ans qui vient de mettre la main sur le pot de confiture, tout en pointant du doigt un chat, effectivement. Une espèce de matou mal léché, à qui il manquait des plaques de poils, qui avait une oreille fendue, et vraiment une sale gueule. Le genre de chat qu'on évite tant il a l'air peu engageant. Et là, avec une douceur qui m'a surpris tellement elle débordait d'énergie et peinait à tenir en place, elle s'est approchée de la bête, lui murmurant je-ne-sais-quoi en anglais. Il s'est alors produit un miracle : le chat est venu vers elle et a frotté sa tête contre sa menotte de gamine. Elle l'a pris dans ses bras, m'a regardé avec une banane qui devait faire le tour du monde, et m'a dit qu'elle allait l'appeler Tomy. Puis, rayonnante, elle m'a attrapé par le poignet et m'a traîné derrière elle, le chat serré contre elle qui ronronnait. Sans plus me soucier de mon boulot (que j'étais sensé reprendre un quart d'heure après), je l'ai suivie, subjugué. Elle m'a mené dans toutes sortes de magasins et d'animaleries, pour acheter croquettes, pâtée, litière et la caisse qui va avec. Durant tout ce temps, elle n'a cessé de parler, de plaisanter avec sa petite voix fluette, et, par trois fois, a ri. Je crois que c'est son rire qui m'a fait tomber pour elle... Son rire, il faisait naître des aurores boréales dans ses yeux, et déclenchait une fanfare dans ma poitrine. Enfin, bref. A la fin de la journée, après la cinquième ou sixième animalerie visitée de fond en combles, elle avait presque réuni tout ce qu'il fallait – d'après elle – pour élever correctement un chat. Il ne manquait qu'un panier. Elle trouva « le bon » dans la dernière animalerie, à la devanture miteuse, dans l'un des quartiers les plus douteux de la ville. Elle a sauté sur place en claquant ses mains l'une contre l'autre quand elle l'a vu, et en se tournant vers moi, a dit d'un air très grave « C'est celui-là qu'il faut à Tomy. ». J'ai souri, surpris et amusé, et ai acquiescé. Elle l'a apporté au comptoir, et a cherché ses sous. Elle a fait toutes ses poches, les unes après les autres, sans pouvoir retrouver son portefeuille. Elle a pesté, et son visage s'est assombri un instant. Les sourcils froncés, elle semblait réfléchir. Ensuite, soudainement, elle a dit « Ah, je sais ! ». Sans explication aucune, elle m'a pris la main et m'a tiré vers la sortie, en gueulant un « au-revoir » retentissant. Elle ne m'a plus lâché jusque devant chez elle. Elle habitait au sixième étage d'un bâtiment en piteux état, au fin-fond d'une cité connue pour être le lieu principal de deal des deux plus grands réseaux de la ville. On est arrivés devant la porte de son appartement, et elle m'a toisé de bas en haut, a réfléchi, et finalement, m'a demandé de déposer ses affaires devant la porte, puis d'aller actionner l'interrupteur à l'étage en-dessous afin qu'elle puisse voir où elle mettait sa clef. Je me suis exécuté, mais à mon retour, il n'y avait plus personne. Simplement une feuille arrachée par terre, gribouillée de petits symboles s’avérant être son écriture. Elle me remerciait pour cette journée, pour ma patience et mon aide, mais n'avait pas écrit, ni laissé entendre que nous nous reverrions. Je suis rentré chez moi le cœur lourd, et plus seul que jamais.
Le demain, je suis resté plus longtemps que de coutume pendant la pause, avec l'espoir de la voir apparaître. Elle n'est pas venue. Pas plus que le jour suivant, ni celui d'après. Je commençais à désespérer. Alors, je suis allé chez elle, j'ai sonné à la porte. J'entendais du bruit, mais personne n'a ouvert. J'y suis retourné une semaine après, pour le même résultat. Elle était là, je ne pouvais en douter, puisque je l'entendais parler à Tomy derrière la porte. Pourtant, elle ne m'a pas ouvert. J'ai eu une idée. Je suis retourné dans l'animalerie qui possédait le panier, l'ai acheté, puis je l'ai déposé devant sa porte avec un petit mot : « Salut, c'est Yanis. Tomy me manque, j'aimerais bien le revoir. Je te laisse mon numéro au cas-où... »
Deux jours plus tard, je reçois un coup de fil. Je reconnais presque instantanément sa voix. Elle me dit de venir à la sortie de mon boulot chez elle. Sans rien ajouter, ni attendre ma réponse, elle raccroche. Le cœur battant à tout rompre, je me présente le soir à l'heure dite devant chez elle. Cette fois-ci, je toque. Elle ouvre avec son sourire immuable, et me prend dans ses bras. Elle me murmure que je lui ai manqué, et, virevoltante, me fait faire la visite des lieux. L'appartement est minuscule : une cuisine-salle à manger, une chambre et une salle de bain comportant des toilettes et une douche. « C'est beau, hein ? » me demande-t-elle, les yeux brillants. Je réponds que oui, puis avise Tomy dans son panier, à côté du lit, qui me regarde d'un air courroucé. Je lui dis bonjour, et vais pour le caresser. Avant d'avoir le temps de réaliser ce qu'il m'arrive, il me saute dessus, griffe mon visage et mord mon bras droit au sang. Je crie et me rejette en arrière. Elle, elle éclate de rire. Elle m'emmène dans la salle de bain, désinfecte mes plaies, riant à chacune de mes grimaces. Ensuite, on s'installe sur son lit, qu'elle utilise comme canapé la plupart du temps, et elle sort de son armoire une grande bouteille de gin. Elle me sert un verre, et boit à la bouteille. Gêné, je lui propose de prendre mon verre. Elle me regarde avec une lueur de mépris au fond de ses yeux verts, et me dit qu'elle ne boit jamais qu'à la bouteille. Soudain, elle se lève, et sans lâcher sa bouteille, ouvre la fenêtre. Je pose précipitamment mon verre, me rapproche d'elle, un peu inquiet. Elle se retourne vers moi avec un air fripon, et me dit, mot pour mot : « J'ai envie de faire l'amour aux étoiles en refaisant le monde. Viens avec moi ! ». Elle attrape mon bras, et passe par la fenêtre. En équilibre sur le fin rebord du mur, elle grimpe sur le toit. Non sans mal, je la suis. On se retrouve tous deux sur le toit, sous les étoiles. Et là, on refait le monde en discutant. Elle a toujours sa bouteille à la main, boit une gorgée de temps en temps. Je finis par boire, moi aussi à la bouteille. Je ne me souviens pas du reste. Je sais juste que le lendemain matin, je me suis réveillé dans son lit. A côté de moi, une tasse de café tiède et un petit mot m'indiquant que je pouvais revenir quand je voulais, que j'étais son meilleur ami, et qu'en partant, je devais laisser la porte ouverte. Je suis allé au boulot avec une gueule de bois d'enfer, j'ai passé la journée les yeux dans le vague, shooté aux cachets d'aspirine. Néanmoins, je ne regrettais pas.
On s'est revu quelques jours plus tard, après un coup de fil tout aussi bref que le premier, et la soirée s'est déroulée de manière similaire. On est montés sur le toit et on a discuté. Mais cette fois-ci, j'ai très peu bu. Elle, en revanche, ne s'est pas retenue. Il semblait que l'alcool n'avait presque aucun effet sur elle. Elle était simplement un peu plus démonstrative, et était plus tactile. Elle a caressé ma joue, à un moment, en souriant gentiment, et m'a chuchoté que ces griffures m'allaient bien. J'ai souri, n'ai rien dit.
Après, on s'est vus de plus en plus souvent, on allait à des soirées ensemble, elle m'a fait rencontrer ses amis, moi, les miens. Elle s'est bien entendue avec tout le monde. Elle était tellement adorable, surprenante et enjouée qu'on pouvait difficilement ne pas l'aimer. Ses amis m'ont également adopté assez vite, et, après trois soirées avec eux, je faisais partie de la famille qu'ils formaient. Ils étaient tous fous, et de bons vivants, mais aucun autant qu'elle.
Environ deux mois après notre première rencontre, son comportement vis-à-vis de moi à commencé à changer. Elle s'est faite plus tendre, plus attentive. Ses caresses prenaient, au fur et à mesure, une autre signification que celle de l'amitié. Jusqu'à présent, elle ne m'avait pas laissé la caresser, et là, il semblait qu'elle les réclamait. Comme un chat, elle frottait sa tête contre mon torse, la passant sous mon bras. Une nuit, alors que nous étions tous deux sur son toit, j'ai osé passer ma main dans ses cheveux. Elle n'a rien dit, m'a laissé faire. Puis elle s'est allongée, m'a murmuré d'une voix hésitante si, ce soir, j'étais d'accord pour qu'on ne fasse pas l'amour aux étoiles chacun de notre côté, mais ensemble, pour une fois. Le cœur au bord de l'explosion, je n'ai pu répondre. Je suis resté figé. Alors, une larme a coulé sur sa joue, puis une deuxième, une troisième. Les essuyant d'un geste rageur, elle s'est relevée brusquement, s'est apprêtée à partir. Cette fois, c'est moi qui l'ai attrapé par le poignet pour la retenir. Très doucement, par peur qu'elle ne s'effraie, j'ai embrassé sa main. Je me suis levé, ai baisé chacune des larmes qui avaient coulé sur ses joues. Elle a cessé de pleurer, m'a regardé avec une joie tendre et teintée de surprise dans le regard. Elle s'est reprise, m'a fait rentrer dans la chambre. On s'est embrassé, délicatement, d'abord, puis sauvagement. Alors même que je commençais à retirer son haut, elle m'a stoppé dans mon élan, me priant avec un soupçon de terreur dans la voix d'éteindre la lumière. J'ai répliqué que je voulais la voir, tant elle était belle, mais elle s'est énervée, les yeux brillants de panique. J'ai obtempéré. Ensuite, elle s'est laissé faire. Elle s'est abandonnée à moi avec un plaisir non-dissimulé. En caressant sa peau, j'ai senti ce pourquoi elle m'avait demandé d'éteindre la lumière : son corps était recouvert de cicatrices boursouflées. Je ne lui en ai pas parlé. J'ai essayé, une fois ou deux, bien des jours après, mais elle s'est mise à chaque fois dans une colère épouvantable, alors j'ai laissé tomber.
Quelques semaines plus tard, j'habitais quasiment chez elle, Tomy m'avait enfin accepté et se laissait câliner (je ne pouvais cependant toujours pas le prendre dans mes bras), je faisais la cuisine, le ménage, la lessive pour nous deux, parce qu'elle ne savait pratiquement pas cuisiner, faisait, avant que je ne débarque dans sa vie, le ménage environ trois fois par an, et la lessive... Quand l'envie lui prenait. Donc assez rarement. Elle avait trouvé une certaine stabilité avec moi, et moi, de la vie avec elle. Nous nous complétions. Elle me rendait vivant, heureux, et avec elle, je profitais vraiment de la vie. Elle, trouvait en moi la sécurité d'un être stable, un élève de la vie qu'elle m'enseignait, un soutien sûr et tout l'amour dont elle avait besoin. Je la comprenais comme personne auparavant, et vice-versa. Nous ne parlions pas souvent de choses sérieuse ou grave la concernant directement, elle ne le supportait pas, et piquait des crises phénoménales lorsque j'abordais ce sujet. Cependant, je sentais les moments où elle était plus fragile, et la soutenais sans un mot, puisque c'était le seul soutien qu'elle acceptait.
Nous avons vécu ainsi pendant six mois. Et puis un jour, elle a disparu. Je suis rentré chez nous un soir, vers sept heures, comme habituellement après le boulot, et j'ai trouvé la porte grande-ouverte. Il y avait encore une casserole à moitié remplie de tisane sur le gaz, éteint, la table était mise, mais seulement pour une personne. J'ai trouvé ça étrange, mais cela lui était déjà arrivé de partir le soir sans prévenir. Elle était imprévisible, c'est aussi ce que j'aimais chez elle. Sans plus m'inquiéter, je suis allé me changer dans la chambre. J'ai ouvert l'armoire : elle était aux trois-quarts vide. La plupart de ses vêtements avaient disparu. Là, je me suis affolé. J'ai fait le tour de la chambre et ai remarqué que le panier de Tomy, et Tomy lui-même avaient disparus. Je suis retourné dans la cuisine, pour constater que ses bols de croquettes, ses croquettes et la pâtée s'étaient envolés. Enfin, je suis allé dans la salle de bain. Plus de litière, ni de caisse. A côté des toilettes, un test de grossesse. Positif. Je me suis évanoui. Un ami de Jaëlle, Nathan, m'a retrouvé, pâle comme un mort, étalé au milieu de la salle de bain, alors qu'il passait pour la saluer. Ne réussissant pas à me réveiller, il a appelé le SAMU, et l'on m'a transporté à l'hôpital. Deux jours après, j'ai repris connaissance. Il était à mon chevet. Quand j'ai ouvert les yeux, tout était flou, sauf son visage, qui était auréolé par un rayon de soleil. Je me souviens lui avoir demandé s'il était un ange. Il a ri d'un air gêné, et m'a répondu par la négative. Il est resté avec moi jusqu'à ma sortie de l'hôpital. On ne s'est plus quittés depuis. C'est un grand blond avec des traits fins, un visage enfantin, un corps musclé et bien proportionné. Je restais souvent avec lui pendant les soirées, nous discutions de nos vies, du monde, de tout et n'importe quoi, sans que l'un d'entre-nous jamais ne se lasse. Bref... Pendant mes jours de convalescence, il me révéla que Jaëlle avait laissé un mot pour moi, qu'il avait retrouvé sous mon oreiller, à l'appartement. Elle m'a écrit qu'elle m'aimait, mais devait se résoudre à me quitter, que cet enfant était bien le mien, et qu'elle l'élèverait seule, du fait de son passé. J'ai appris il n'y a pas longtemps que son père avait soudainement abandonné la famille à ses dix ans, et qu'elle ne s'en était jamais réellement remise. Je n'ai plus jamais eu de ses nouvelles depuis cette lettre.
Aujourd'hui, je me suis remis du traumatisme causé par sa disparition – principalement grâce à Nathan – et je vis sereinement en sa compagnie. Nous avons un chat nommé Kenny (Nathan est fan de la série South Park), et avons adopté deux petits garçons et une petite fille, à quatre ans d'intervalle, respectivement nommés Jonathan, Lio, et Eléna. Tout va bien pour nous, notre famille évolue paisiblement, et même si cet enfant fantôme me tourmente, je continue non chemin.
[Voilà, vous savez tout ce qu'il y a à savoir sur Jaëlle et moi. … Comment ? … … Ah, oui, en effet, j'ai aussi parlé de moi. En même temps, c'est à moi que c'est arrivé, tout cela ! … Ah, cela vous intéresse donc réellement ? Hé bien, tant mieux ! Bon, il faut que je vous quitte, à présent, je dois aller chercher les enfants à l'école. … … Comment ? Oui, bien-sûr, je raconterai cet entretien à Nathan ! Je ne vois pas pourquoi je le lui cacherai. Au-revoir!] »
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A propos d'un bisou dans le cou...
J'avais les lèvres brûlantes, ou brûlées par ta peau,
je ne sais pas trop... Et chaud
au cœur, et les mains roides,
et moites... La tête froide,
le regard floué
par les larmes que je ne voulais laisser couler,
un solo de batterie dans la poitrine et des nœuds, Diantre !
dans le cerveau et au creux du ventre.
Des wagons
entiers de frissons
parcouraient mon dos,
de haut en bas, puis de bas en haut,
et se servaient
de ma nuque comme d'un quai
de gare, y déchargeant
promptement
adrénaline
et sueurs froides, endorphines et sérotonine.
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"If I stay..."
« Je ne dois pas craquer... Pas craquer... Jamais, jamais ! »
A genoux au centre de sa chambre, la tête dans les mains, elle répète laconiquement cette phrase en se balançant d'avant en arrière. Elle voudrait juste pouvoir fuir tout ça, partir très loin, et ne plus revenir. Pourtant, elle se l'est interdit... Se l'interdit toujours, réprouve sa violence au plus profond de son être, tire la langue à la facilité de la fuite éternelle. Et, petit à petit, elle se remplit de haine, de tristesse, de peur et de souffrance. De la lave en fusion bouillonne en elle, elle est une bombe, un volcan pouvant exploser à chaque seconde. Et personne ne s'en doute.
Pour les autres, pour tout le monde, elle est la fille un peu folle, étrange, mais sympa et rayonnante. Paumée mais appréciée. Chiante mais recherchée. Et pour cause : elle agit de sorte que l'on ne puisse la voir autrement.
Un peu folle et étrange, oui, parce qu'elle va vers les gens comme si elle les avait toujours connus, elle lance quelques traits d'esprit, tout en jouant à la gamine. Elle bouscule sans ménagement la vie des uns et des autres avec un grand sourire, elle balance des vérités autour d'elle comme des pétards, soutient toujours tout le monde. Elle paraît porter le monde sur son dos, et cela avec un visage si lumineux que ce poids semble d'une facilité déconcertante à soulever.
Paumée, tellement... Oui, mais tournant ses maladresses et ses oublis en dérision, elle les fait passer comme si de rien n'était. On la retrouve parfois dans les couloir, après la sonnerie indiquant le début des cours, cherchant sa salle de son pas assuré et si peu droit qu'on la suspecte d'ingérer en permanence des substances illicites, se trompant de salle, s'excusant auprès du professeur dérangé avec un sourire rayonnant et passant sa main dans ses cheveux, derrière la tête, signe indiquant sa gêne. Arrivée à la bonne salle, elle ouvre théâtralement la porte en grand, et, essoufflée, sort d'une traite sa célèbre phrase : « Désolée m'sieur ! J'me suis perdue dans les couloirs... J'croyais qu'on était un étage en dessous... » Jamais aucun professeur ne lui en a porté préjudice. Jamais n'a-t-elle été inquiétée pour un quelconque retard. Ils l'acceptent toujours, avec un discret sourire, un petit soupir et un signe de tête, et ne font aucun commentaire.
Elle est chiante, ça, personne ne peut, ni ne pourra le nier ! Toujours à dire ceci ou cela sur la manière de parler, ou de se comporter d'untel, ou d'unetelle. Au moins a-t-elle le mérite de balancer leurs quatre vérités directement au visage des personnes concernées... Elle est à la fois appréciée et détestée pour sa franchise. Enfin, détestée est un bien grand mot : personne ne la déteste jamais bien longtemps. Elle est si présente, attentive et affectueuse qu'on ne peut que l'aimer.
Tous croient la connaître en parlant d'elle en ces termes. Cependant... Cependant, ils ne connaissent d'elle que ce qu'elle accepte de leur montrer d'elle. Et cette partie d'elle qu'elle montre est bien loin de la représenter entièrement. Ils la prennent pour un soleil, elle en est l'éclipse. Cette manière d'agir est sa protection, son armure. Elle agit de la sorte pour se protéger de la vie, et pour que personne ne cherche à la connaître réellement. Grâce à ce déguisement, elle cache le chaos de sa vie, de ses émotions et de ses sentiments. Grâce à ces dissimulations, elle peut soutenir les autres, les gens, le monde. Sauf que c'est elle qui a besoin de soutien. Parce qu'elle est en train de s'effondrer à nouveau, et cette fois-ci, il est peu probable qu'elle se relève.
« Mais j'dois pas tomber ! Pas l'droit, pas l'choix ! Je dois rester, soutenir, me contenir, encore. Pour elles, pour eux... »
Mais les gens sont aveugles, sourds, et ceux qui ne le sont pas sont muets. Ils pourraient voir, entendre, dire, le vide, dans ses yeux, le manque et la panique, transparaissant dans ses mains tremblantes, sa tristesse, sa souffrance, derrière son sourire factice, sa culpabilité, ses remords, ses regrets, profondément imprimés dans ses bras qu'elle serre autour d'eux, ses pertes, sa confusion, dissimulées en ses pas de travers.
Non, rien. Rien en retour, personne pour la sauver. Elle est encore gamine, elle espère toujours un peu la venue d'un super-héros, mais ses croyances s'effacent. Elle sait très bien que le Père Noël n'a jamais existé.
Alors elle est tentée d'abandonner, pourtant, elle sait qu'elle ne peut pas se le permettre, tout comme elle ne peut se permettre de craquer.
« Je ne dois pas craquer... Pas craquer... Jamais, jamais ! »
A genoux au centre de sa chambre, la tête dans les mains, elle répète laconiquement cette phrase en se balançant d'avant en arrière. Des larmes gouttent sur le tapis. Au crépuscule, la ville et les collines se parent d'or et de carmin, l'horizon s'enflamme. Présentement, et à moindre échelle, elle se consume tout autant, et d'un rayon argent, pare sa peau nacrée de perles de rubis.
Princesse du chaos, elle en porte les couleurs et le goût, l'odeur, à présent, envahit la chambre ; alors que les ténèbres s'installent, ses yeux s'éteignent et elle part, enfin libre, mais néanmoins pleurant des larmes de diamant... Et de sang.
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Désolée...
Je suis désolée. Je vous demande pardon, à tous...
D'abord à toi, Maman. Je te demande pardon. Pardon de n'être jamais assez, même quand je fais tout pour tenter de t'aider, de te soulager un peu. Pardon pour tout ce que je fais foirer, quand j'essaie. Pardon pour mes mensonges, pardon pour mes moments d'atonie, pardon pour mes moments d'excitation et de crise. Pardon de te faire endurer autant de mauvaises choses, pardon de n'être jamais assez présente. Pardon d'être moi... De n'être que moi.
Pardon, ensuite, à vous, mes deux adorables petites sœurs. Pardon de ne pas assez jouer avec vous, pardon de n'être pas très présente pour vous. Pardon pour toutes les fois où je n'ai pas essuyé les larmes roulant sur vos joues, pardon pour toutes les fois où j'ai failli à vous protéger. Pardon pour mes crises, que vous deviez endurer sans rien dire, sans rien faire, le souffle coupé par ma violence. Pardon pour tout l'amour que je n'ai pas su vous donner, alors que vous le méritez tant, que vous méritez même bien plus. Pardon pour toutes ces fois où je me suis enfermée dans ma chambre, pardon pour cette fois, le 14 Avril 2015, qui vous a traumatisées. Pardon d'être moi...
Puis pardon à vous aussi, mes amis. Pardon de vous avoir étouffés d'amour ou complètement ignorés, pardon pour ma lâcheté, pour toutes ces fois où je me suis défilée. Pardon d'être trop maternante, pardon de trop souvent m'inquiéter pour vous. Pardon de manquer autant d'occasions de passer du temps avec vous, pardon de trop vous prêter attention quand vous avez besoin de tranquillité. Pardon de trop parler, ou de ne pas le faire assez. Pardon de m'isoler. Pardon à ceux que j'ai trahi, pardon à ceux que j'ai abandonné en cours de route. Pardon d'être aussi destructrice. Pardon d'être moi... D'être trop moi.
Pardon au monde, enfin. Pardon d'être née, pardon d'exister. Pardon de pourrir la planète à cause de ma sale personne. Pardon pour ma haine, mon cynisme, ma violence. Pardon de n'avoir su donner plus d'amour, plus d'espoir, plus de paix. Pardon d'être un échec de plus sur Terre, pardon de n'être pas une créature aboutie, pardon pour ma folie. Pardon d'être moi... Juste moi, mais pas mieux.
Je suis désolée...
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L'ange aux larmes de sang :
Un ange a saigné, ce soir… Un petit ange tout triste, Un ange qui porte tout un monde Sur ses épaules, et tant de responsabilités.
Un ange a saigné, ce soir… Un ange qui ne sait plus pleurer A fait tomber sur le sol Des larmes de sang.
Un ange a saigné ce soir… Et il n'est pas le seul.
A tous les anges qui saignent, ce soir, Je vous aime. Vous êtes beaux. Même ensanglantés, Même larmoyants Même avec le nez qui coule Je vous aime. Enlevez cette lame de dessus votre jolie peau Venez-là.
Dans mes bras. Non, ne les regardez pas ! Oh, après tout… Voyez : je suis comme vous. Jolis anges, préservez-vous, Aimez-vous.
I wish…
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Rien.
J'voulais écrire, écrire quelque-chose, peut-être pas beaucoup, pas un texte qui prend aux tripes et qui émeut tant que des années après on s'en souvient, non... Mais écrire, un peu, m'exprimer, me vider. Seulement, voilà... Je suis si vide que les mots même m'échappent. Ils doivent être effrayés du néant qui m'habite. Pourtant, il y a bien un truc, une douleur sourde, une blessure profonde et infectée en mon sein, qu'il me faudrait décrire, pour en finir... Pour respirer.
En permanence le sentiment d'être oppressée, compressée de toutes parts et de tous côtés. J'ai besoin de respirer ! Mais j'ai oublié... J'ai oublié l'amour, j'ai oublié le bonheur, et la vie. Je suis un corps sans cœur ni âme, une silhouette sans visage, un objet animé dépourvu de vie. Je ne suis bien nulle part, ma propre maison m'est presque étrangère. Je n'ai plus de foyer.
Je sombre dans mes sombres pensées, je dors le jour les yeux ouverts, et veille la nuit les yeux fermés.
Je ne sais plus quoi faire... Je ne sais pas, je ne sais plus ! Tout ce que je sais, ce que je connais, est la douleur et le vide. J'ai besoin qu'on m'apprenne à vivre, qu'on me fasse faire des folies, de gentilles conneries et qu'on me fasse prendre des fou-rires ! Mais y'a rien, putain ! Je suis le néant, et autour de moi, je ne vois que du vide. J'ai cette foutue impression de vivre dans un rêve, de n'être pas réelle, de n'être qu'une ombre parmi les ombres, un fantôme, un hologramme, un robot ou un zombie, mais pas une humaine, pas une créature vivante !
Rien. Ce mot, il est partout... Dans mon esprit, dans mon cœur, dans les rues et les avenues, dans les magasins, dans les gens... Paradoxe : il est omniprésent, ce « rien ».
Et rien ne me distrait plus de mes idées noires, je regarde des films, lis des bouquins que j'adore, mais non... Je ne les finis pas. Je ne reste pas concentrée assez longtemps pour les finir. Ma vie est faite d'infinis.
D'ailleurs, moi non plus, je ne suis pas finie. Et je n'ai plus l'espoir de pouvoir l'être un jour... Complète, apaisée, finie dans le meilleur sens que l'on pourrait trouver à ce terme. A d'autres ! Oui, à d'autres, pas à moi. Je ne le mérite pas. J'ai fait trop de sales conneries dans ma vie, ai blessé trop de gens, en ai trop laissé derrière moi pour estimer mériter un tel honneur, un tel bonheur.
En attendant d'être heureuse, je me finis lentement à la Vodka et aux clopes. C'est ma consolation... Une bien piètre consolation, je l'entends, mais, que voulez-vous... ! Faute de mieux...
Ah, quelle belle personne que mon être ! Salope et traître, dépressive en carton et menteuse, actrice, dissimulatrice de talent, alcoolique et addict à la nicotine... Perdue, aussi. Complètement paumée, mais pas perchée pour autant. Comment pourrais-je oublier la réalité, mes responsabilités ?! Impossible. Non, je ne suis définitivement pas perchée. J'ai les deux pieds bien ancrés dans la merde de la réalité.
Enfin... Même si j'y crois plus vraiment, j'continue à me répéter qu'un jour, cette réalité se nettoiera, et mes pieds avec.
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Le problème... Quel problème ?
Y'a un truc qui ne va pas... Je vais pas bien, pas bien du tout. Je tremble sans-cesse, suis saisie de spasmes soudains. Je ne supporte plus le contact physique, j'ai une peur indéfinissable qui me prend lorsque quelqu'un s'approche un peu trop de moi. J'ai chaud puis froid, comme dans le poème, « je brûle et me noie », mais ce n'est pas l'amour qui me fait cet effet-là. Alors quoi ?
J'ai un problème, j'suis pas bien. Je suis un problème ! Je fais de fréquentes crises de larmes et d'angoisse. Mais putain, c'est quoi qui tourne pas rond chez moi ?!
« Non ! Non, ne me touchez pas ! Mais putain, pourquoi personne me fait jamais de câlins à moi ? » « Mais vas-t'en bordel ! Qu'est-ce que t'as à me coller comme ça ?! Non, j'veux pas de toi ! Mais merde ! Pourquoi j'arrive pas à trouver quelqu'un qui m'aime et que j'aime en retour ?! »
Impossible de trouver une fille plus paradoxale... Je m'épuise moi-même, de mes mots, de mes réactions. J'suis défectueuse, putain ! J'suis foutue, finie, un déchet juste bon à jeter, irréparable à jamais.
Pourtant, dans ma courte vie, j'ai pas vécu des choses si horribles que ça ! Ou alors je ne m'en souviens pas... Le mal, c'est moi qui l'ai fait. C'est moi et personne d'autre ! J'suis toxique, comme meuf. Une salope, ouais, une salope toxique qui ne sait faire que le mal autour d'elle. Cela me semble être une définition assez juste...
Mais j'vais vraiment mal, j'ai un putain de sale problème... Ce matin, j'ai mis un short et un débardeur. Je me suis sentie tellement mal que j'ai dû me changer, et mettre un jogging gris dégueulasse et un tee-shirt trop grand pour moi, avec des manches trois-quart. Y'a un truc qui n'est pas droit à l'intérieur de moi... Être bancale, j'veux bien, beaucoup de gens le sont. Mais là, c'est même plus bancale, c'est pire que ça !
Mon esprit tourne en boucle, et j'étouffe constamment. J'voudrais pouvoir m'envoler loin, là-haut, et rejoindre les étoiles, pour être enfin heureuse, pour me sentir en paix ! Mais j'peux pas... Et je reste là, dans ce monde qui n'est pas le mien, au milieu d'une société dont j'ai du mal à assimiler toutes les règles, inutile, désespérante et désespérée.
« Mais qu'est-ce que j'fous là, moi... J'ai pas ma place ici-bas »
Je n'ai rien fait de ma vie. Rien d'important, j'entends. Bien-sûr que j'ai fait des choses, j'ai couru, j'ai ri et pleuré, j'ai souffert, fait souffrir, et aimé... Et tant d'autres choses. Mais rien qui ne sorte de la vie de tout un chacun. Rien dans ma vie ne mérite d'être pointé du doigt comme un événement intéressant ou sortant de l'ordinaire. Rien. Et ce « rien » me défini plutôt bien, également. Je ne suis rien qu'une salope toxique. Et je ne sers à rien. Je ne suis rien.
Alors laissez-moi m'en aller, je vous en prie... Laissez-moi rejoindre les étoiles et la Lune, que j'ai toujours tant affectionné.
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Saturation :
Je sature. Je perds un à un tous mes repères. Que me reste-t-il à quoi m'accrocher ?
Je pose cette question à haute voix dans ma chambre, dans le salon ou dans la rue, dans les couloirs du lycée... Et la seule réponse que j'obtiens n'est que du néant, du vide, du rien. Un rien qui me pèse de plus en plus, qui m'empêche d'avancer.
Mon passé hante le fantôme que je suis devenue.
J'ai peur, constamment je tremble. Pour ma mère, mes sœurs et mes amis, parce qu'après tout, ils sont tout ce que j'ai.
Les démons se remettent à hurler, vociférant des insultes entre deux glapissements. Je ne suis pas assez bien, ne l'ai jamais été et ne le serai jamais. Voilà le fond de leur discours, qu'ils rabâchent sans-cesse. A cause d'eux, je retombe dans la spirale infernale de l'auto-destruction.
Il me manque quelque-chose pour pouvoir vivre réellement, pour pouvoir ressentir des émotions positives. Il me manque... L'Amour. Aimer et être aimée par cette personne en retour. Mais las... Cela n'arrive que dans les bouquins, ou avec des gens bien. Et je ne suis pas une héroïne, je suis pas quelqu'un de bien...
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L'étranger connu :
Je n'ai plus de père.
 Cette phrase, prononcée à voix basse au cœur de la nuit, tombe comme une sentence sur mon petit monde.
Je n'ai plus de père.
L'homme qui prétend l'être en est trop loin ; il n'est décidément qu'une vulgaire et pathétique caricature de ce que fut mon père.
Alors, pourquoi donc essayer encore et toujours de le retrouver ?
C'est qu'il me manque, mon père... Pas cet homme, non. Pas François. François, c'est l'étranger qui m'a prise dans ses bras, se proclamant mon père, mais qui ne l'est pas. François, c'est l'assassin de mon père. Il l'a tué et a pris son corps. Et il pense que je vais y croire, moi ; que je vais croire qu'il est mon père... C'est pitoyable.
Cet étranger, je le connais trop, mais trop peu. Je connais ce qu'il fut, en partie ce qu'il est... Et ce que je sais de lui me répugne. Je l’abhorre, je l'exècre et je le hais presqu'autant que je me hais, moi. Et pourtant... Et pourtant, il est, pour moi, un cas désespéré. Un homme immature et con, irresponsable au possible, et névrosé avec ça, vivant dans sa propre réalité en oubliant celle des autres. Blessant voire manipulateur, empêtré dans son passé qui l'étouffe, il se débat tant bien que mal, frappant tout le monde autour de lui, pour tenter de maintenir sa tête hors de l'eau. Sans en prendre conscience, sans chercher à comprendre ni ses actes, ni ceux des autres, il détruit sa famille, ses amis, et se détruit, lui. Cet être violent, et fou peut-être – mais pas dans le bon sens de ces termes – ne veut aucune aide, de quiconque. Et il tue.
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