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Le cardinal Chigi reçu à Fontainebleau par Louis XIV est une tapisserie appartenant à la Tenture de l'Histoire du roi. Elle met en scène la vie du monarque. Cette oeuvre nous permet de connaître son quotidien, et nous renseigne sur la beauté des décors intérieurs.
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Le Faune de Togatus Barberini
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L’intrigante histoire de la tombe de Léonard de Vinci (1452-1519)
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Ce portrait attribué à Francesco Melzi, v. 1515-1518, est la seule représentation contemporaine certaine de Léonard
“La vita ben spesa lunga è” (La vie bien employée est longue). Léonard de Vinci, artiste visionnaire, génie prophétique et symbole de la Renaissance, est né le 15 avril 1452 à Vinci, non loin de Florence, et mort le 2 mai 1519 à Amboise. Ses peintures sont d’une rare splendeur et font partie des plus célèbres au monde, plusieurs d’entre elles sont conservées au Musée du Louvre. En supplément de ses talents d’artiste, il est un inventeur et un savant prodigieux ainsi qu’un organisateur de fête renommé. Reconnu et admiré par les plus hautes sphères de l’élite de son époque, il arrive en France en 1516 à la demande de François Iᵉʳ (1494-1547) qui est alors le plus puissant roi de l’Occident. Le Père des arts et des lettres loge son hôte au majestueux manoir du Cloux (à présent château du Clos Lucé), juste à côté du château royal d’Amboise. En traversant les Alpes, le maître toscan amène avec lui ses carnets ainsi que trois œuvres majeures à tous égards : Saint Jean-Baptiste, Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus jouant avec un agneau et, bien sûr, l’iconique Joconde. Par son excellence dans les sciences, comme dans les arts, Léonard de Vinci incarne somptueusement l’esprit des florissants XVe et XVIe siècles. Découvrons ensemble l’intrigante histoire entourant la tombe de Léonard de Vinci. 
Première sépulture : la collégiale castrale Notre-Dame-et-Saint-Florentin
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Autoportrait supposé de Léonard de Vinci, 1512-1515
Le 23 avril 1519, âgé de 67 ans et sachant que sa fin approche, Léonard de Vinci rédige son testament et demande à François Iᵉʳ la permission d’être enterré au sein du château royal. Le prince-mécène accorde cet ultime privilège à celui qu’il a nommé “Premier peintre, ingénieur et architecte du Roi”, et qui, d’après Giorgio Vasari (1511-1574), serait décédé dans ses bras. L’exactitude de l’anecdote mettant en scène le souverain français au chevet du génie italien est souvent contestée, bien que la proximité entre les deux hommes soit avérée. En effet, selon l’orfèvre Benvenuto Cellini (1500-1571), le monarque trouve en l’artiste son semblable, voire son égal : preuve irréfutable de l’estime royale ! 
Léonard repose donc, dans un premier temps, dans la grande collégiale castrale Notre-Dame-et-Saint-Florentin, située au cœur du magnifique château d’Amboise. Sombrée dans l’oubli, la tombe de Léonard de Vinci est redécouverte sous le Second Empire (1852-1870).
L’édifice religieux, qui a subi les affres du temps, est considérablement endommagé : sa destruction est ordonnée au tout début du XIXe siècle. Un buste en marbre blanc est installé à l’emplacement de l’ancienne collégiale. 
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Buste de Léonard de Vinci, ©Gzen92
Durant la seconde moitié du siècle, le site fait l’objet de fouilles archéologiques menées par l’homme de lettres et inspecteur général des Beaux-Arts, Arsène Houssaye. Des ossements sont découverts et sont reliés au grand Léonard, notamment en raison de la stature du squelette, correspondant à la taille présumée de l’inventeur toscan. Un autre argument plaidant en faveur de cette identification est l’inscription mentionnant le nom de Léonard sur le caveau.
Finalement, Alain Prévet, responsable des archives des Musées nationaux au palais du Louvre, observe que la position de la main droite du squelette, repliée derrière la tête, pourrait correspondre à la paralysie partielle affectant le locataire du Clos Lucé à la fin de sa vie. 
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Château du Clos Lucé, France
Cependant, le doute persiste quant à l’authenticité de ces ossements : appartiennent-ils réellement au célèbre peintre ? Une étude est en cours afin de confirmer, ou d’infirmer, la véracité de cette attribution. Quoi qu’il en soit, les restes présumés sont transférés à la chapelle Saint-Hubert en 1874. 
La tombe de Léonard de Vinci à la chapelle Saint-Hubert 
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Chapelle Saint-Hubert, années 1490
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Tombe de Léonard de Vinci
Ainsi, le brillant homme reposerait depuis les années 1870 à la chapelle Saint-Hubert, se trouvant aux abords du château d’Amboise. Juste avant de finir dans cette chapelle, la dépouille présumée de Léonard aurait été acheminée à Paris afin d’être présentée à l’Empereur Napoléon III (1808-1873).  La chapelle Saint-Hubert est un fier et flamboyant édifice gothique érigé dans la dernière décennie du XVe siècle à la demande du roi de France, Charles VIII (1470-1498). Chaque année, des centaines de milliers de visiteurs y font le déplacement pour voir la tombe de Léonard de Vinci. L’administration du château royal d’Amboise demeure toutefois prudente, et rappelle qu’il s’agit bien des restes présumés de Léonard de Vinci. En raison de travaux de restauration, le monument abritant le fameux tombeau est fermé au public depuis le 3 janvier 2022, et devrait rouvrir au printemps 2024. 
Génie universel et peintre exceptionnel, Léonard de Vinci représente magistralement les liens qui unissent la France et l’Italie de la Renaissance. Son passage à la Cour de François Iᵉʳ, bien que bref, a profondément marqué l’histoire de l’art du pays, comme en témoigne le sondage effectué en avril 1992 par la revue Beaux-Arts, le sacrant artiste favori des Français.
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La Joconde (Mona Lisa), Léonardo de Vinci, Musée du Louvre, Paris
Par Carnet-d'Histoire
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GODEFROY DE BOUILLON (1058-1100)
Chevalier franc et duc de Basse-Lotharingie, il devient le Premier souverain du royaume de Jérusalem 
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La première Croisade
En 1095, le nouveau pape Urbain II appelle à la croisade pour libérer Jérusalem et venir à l'aide de l'Empire Byzantin qui est l'objet d'attaques musulmane. Godefroy de Bouillon est l'un des premiers à répondre à cet appel, convaincu par le prédicateur itinérant Pierre l'Ermite. Vassal de l'empereur Henri IV (constamment en conflit avec le pape) et grand féodal à l'autorité bien assise, on ignore tout des raisons profondes qui l'ont poussé à tenter cette aventure vers l'inconnu alors que ses terres reçues en héritage sont convoitées : ferveur religieuse, Godefroy étant marqué par le renouveau monastique et la réforme clusienne qui a pénétré en Basse-Lotharingie ? Dispute avec Henri IV qui doute désormais de sa loyauté ? Toujours est-il qu'il devient l'un des principaux chefs de la première croisade. Pour financer son départ, il hypothèque le château de Bouillon à Otbert, prince-évêque de Liège, et celui de Stenay au prince-évêque de Verdun.
Le départ a lieu le 15 août 1096, accompagné d'une suite nombreuse. Godefroy est rejoint par ses frères Eustache et Baudouin. Ils seront accompagnés de milliers de seigneurs, d’hommes d’armes et de serfs prirent le départ avec comme signe de ralliement, une croix d’étoffe sur l’épaule ou sur la poitrine. La croix des Belges était de couleur verte ; celle des Français était rouge tandis que les manteaux des Anglais étaient ornés d’une croix blanche.
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Quatre armées de chevaliers partirent en même temps et devaient se rejoindre à Constantinople :
Celle de la Francie du Nord et de la Basse-Lotharingie est conduite par Godefroid de Bouillon
La deuxième part du Sud de la France et est dirigée conjointement par Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, et Adhémard de Monteil, légat du pape
La troisième, d’Italie méridionale, est commandée par le prince normand Bohémont
La dernière part de la Francie centrale et est commandée conjointement par Robert de Normandie et Etienne de Blois.
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Routes de la première Croisade
Godefroid de Bouillon mène la Croisade
Godefroid naît vers 1058 et meurt le 18 juillet 1100 à Jérusalem. Il est le fils d’un riche seigneur flamand et d’une wallonne d’ascendance flamande.
Ce lignage « à la belge » lui vaut de connaître parfaitement, non seulement les langues nationales de l’époque : le roman et le thiois, mais également les mœurs des peuples qui les parlent. En le choisissant comme chef des croisés, on savait qu’il serait à la fois un médiateur des querelles inévitables et un trait d’union entre Lotharingiens, Germains et Français qu’il allait falloir entraîner en masse vers les assauts meurtriers finaux.
Aux côtés de Godefroid de Bouillon, plusieurs princes et seigneurs des contrées belges ont participé à la délivrance des Lieux Saints :
Baudouin et Eustache, frères de Godefroid de Bouillon
Robert II, comte de Flandre
Pierre de Courtenay, comte de Namur
Baudouin II, comte de Hainaut
Englebert et Liétaud de Tournai. Ils furent les premiers à poser le pied sur les remparts de Jérusalem
Toute la chevalerie du Hainaut et du Luxembourg.
Godefroid conduisit son armée à travers l’Allemagne et la Hongrie vers Constantinople où elle devait se joindre aux autres Croisés pour faire route commune vers Jérusalem. Est-ce à dire que cette première « étape » fut une longue balade sous l’égide d’un chef courageux et pieux ? Pas tout à fait ! Godefroid de Bouillon est apparu quelques fois sous les traits d’un individu avide et immoral. Ainsi, il laissa massacrer les Juifs de la vallée du Rhin qui avaient pourtant acheté sa protection afin d’échapper aux pogroms organisés en Europe centrale.
Arrivé à Constantinople à la fin du mois de décembre 1096, Godefroid accepta de devenir le vassal de l’empereur de Byzance, Alexis Comnène. Les principaux croisés le suivirent dans cette démarche avec beaucoup de réticence mais, celui qui apparaissait comme le véritable chef de l’ensemble de la Croisade, Raymond de Saint-Gilles, refusa ce geste.
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La route de Jérusalem est périlleuse …
Dès son entrée en Asie au printemps 1097, l’armée chrétienne, qu’on évalue à quelque 200.000 hommes, dut livrer de très durs combats face aux Turcs. Commencèrent alors 3 longues années de souffrance inouïes dues :
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A la rareté des vivres
Au manque d’eau (les Turcs avaient comblé ou empoisonné les sources qui n’étaient pas taries)
A la chaleur accablante
Aux attaques ennemies.
Certains grands seigneurs abandonnèrent leurs compagnons pour rentrer en Europe.
Les Croisés s’emparèrent d’abord de la ville d’Antioche défendue par de hautes murailles et 360 tours. A peine étaient-ils entrés le 3 juin 1099, qu’ils furent assiégés à leur tour par les turcs. Après avoir enduré à nouveau les tortures de la faim, ils tentèrent un dernier effort et parvinrent à percer les rangs ennemis … Ils pouvaient maintenant mettre le cap sur la Ville Sainte !
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Lorsqu’ils arrivèrent devant Jérusalem, les Croisés n’étaient plus que 50.000.
La ville était défendue par une forte garnison turque. Les croisés furent d’abord repoussés par les assiégés qui, du haut de leurs murailles, versaient sur eux des flots d’huile bouillante. C’est alors que Godefroid de Bouillon fit construire une haute tour roulante …
La tour d’assaut Profitant de la fatigue extrême des assiégés, les Croisés avaient comblé les fossés de la défense et érigé une grande machine avec des cloisons intérieures dotée d’un pont mobile. Sa construction avait duré 5 jours.
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Godefroid de Bouillon et son frère Eustache furent chargés de diriger l’attaque. Godefroid donna l’ordre de placer des sacs plein de foin ou de paille sur la tour et d’y mettre le feu afin que le vent chasse la fumée vers les remparts. Les défenseurs furent bientôt obligés de quitter leur poste. Alors le duc ordonna d’apporter 2 énormes poutres dont une extrémité fut appliquée sur la machine et l’autre sur les murailles ; ensuite le pont fut rabattu sur ces poutres. Godefroid le franchit le premier. Puis son frère et les 2 Tournaisiens s’y élancèrent également et entrèrent ensemble dans la ville.
Après un combat sanglant, Jérusalem fut prise le 15 juillet 1099, à 3 heures de l’après-midi. Le tombeau du Christ était délivré !
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Le royaume de Jérusalem
Après la conquête de la Palestine et la prise de Jérusalem, les Croisés fondèrent le royaume de Jérusalem. Il fallait organiser sans retard la nouvelle conquête et déterminer lequel des chefs croisés prendraient en charge le gouvernement des territoires conquis par les Occidentaux.
Godefroid de Bouillon s’était signalé par sa bravoure et sa sagesse ; aussi était-ce d’un accord unanime que les Croisés le proclamèrent roi de Jérusalem. Mais il refusa de « ceindre une couronne d’or dans la ville où Jésus-Christ avait porté une couronne d’épines ». Il se contenta du titre d’ « Avoué et défenseur du Saint-Sépulcre » pour ne pas mécontenter l’Eglise aux yeux de laquelle une seule souveraineté existait en Terre Sainte : celle du pape. Godefroid se soumit ainsi à la volonté du Saint-Siège en devenant le représentant laïc de l’Etat pontifical qui venait de s’établir en Orient.
Il créa un Etat chrétien suivant les principes de la féodalité et accorda un fief à chacun des chefs de la Croisade. Le royaume de Jérusalem se partagea entre le domaine royal et 4 fiefs principaux. Ces fiefs principaux, ainsi que le domaine royal avaient eux-mêmes des vassaux.
Le royaume s’organisa selon les lois et règlements connus sous le nom d’Assises de Jérusalem.
Godefroid de Bouillon mourut à Jérusalem le 18 juillet 1100. Son frère Baudouin de Boulogne, entre-temps comte d’Edesse, lui succéda et rompit immédiatement avec la politique de soumission au Saint-Siège. Il devint le premier « Roi de Jérusalem » sous le nom de Baudouin 1er de Jérusalem.
Le royaume de Jérusalem dura moins d’un siècle, les Turcs musulmans l’ayant reconquis en 1287
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Stèle de Godefroy de Bouillon, Eglise Saint-Hybert de Baisy-Thy, Belgique
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Statue de Godefroy de Bouillon sur la place Royale à Bruxelles. Selon l'inscription sur le socle de la statue, le lieu de naissance de Godefroy serait Baisy (d'autres sources penchent pour Boulogne).
Histoire-des-belges.be.
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linstantdavant · 4 months
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Portrait robot du bourgeois, par Régine Pernoud (deuxième partie)
DE LA BOURGEOISIE RÉVOLUTIONNAIRE QUI RENVERSE CHARLES X
Le texte qui suit est un extrait du livre de l'Historienne et Archiviste Régine Pernoud La bourgeoisie, PUF, col. Que sais-je ?, Paris, 1985, p. 7-21.,
Impérialisme et patriotisme au service du commerce
La liberté ! sa défense sur le plan du commerce extérieur a été remarquablement illustrée par le gouvernement anglais qui, toujours en avance sur la France en ce domaine, n’a pas craint d’engager ses forces navales l’année précédente (1839) en Extrême-Orient. L’attaque victorieuse du fort de Bogue à l’entrée de la rivière de Canton, bloquant la ville et bientôt celle de Shang-Haï, a obligé la Chine à s’ouvrir au commerce de l’opium que l’Inde produit en grande quantité — ainsi qu’aux prédications des missionnaires. Il faudrait souhaiter aux dirigeants de la politique française une attitude aussi résolue dans la protection du commerce national. Cette guerre est la première qu’une nation d’Europe ait livrée sur les rivages de la Chine : sujet d’orgueil pour les forces britanniques. L’Extrême-Orient s’ouvre désormais aux exportateurs avec ses débouchés à peu près illimités.
Il est vrai qu’un élan patriotique se fait jour en France et qu’en Algérie il semble qu’on se décide enfin à prendre pied. Après l’héroïque assaut de Constantine (1837), nos troupes que mène le brave général Bugeaud, prévoient sans doute des opérations de plus grande envergure. Bugeaud, on le sait, envisage une colonisation à la romaine et songe à installer sur ce sol plein de promesses des vétérans, des soldats-laboureurs.
En fait l’Afrique du Nord offre surtout à nos portes un champ immense au commerce français : or, à quoi bon produire si l’on ne peut écouler ses produits dans de bonnes conditions ? Les filatures de Manchester ont pris leur considérable essor parce que dans les Indes des populations entières sont vêtues des cotonnades qui en proviennent. Nos industriels doivent le comprendre pour développer ces richesses qui font la prospérité d’une nation et dont finalement tous ses membres profitent ; il faut vendre.
Ainsi peut-on résumer, dans leurs structures essentielles, les préoccupations premières du bourgeois, aux environs des années 1840.
La propriété
Des propriétés foncières souvent issues de la vente des biens nationaux
En dehors du domaine des affaires, son principal souci concerne la propriété qu’il possède — de préférence aux proches environs de Paris, car les longs déplacements l’ennuient et lui feraient perdre un temps précieux pour la conduite de ses activités.
Lui-même ou sa femme, ou l’un et l’autre, ont hérité de leurs parents terres et châteaux acquis lors de la vente des biens nationaux pour quelques poignées d’assignats sous la Révolution. Et il s’agit de toute façon de propriétés de rapport sur lesquelles vivent des familles de laboureurs sous la conduite d’un régisseur. Il y fait bâtir une maison de maîtres que son architecte a trouvé bon d’agrémenter d’une tourelle dans le style moyenâgeux et qu’il a entourée d’un parc à l’anglaise avec un cyprès, une pièce d’eau, des bosquets et des tonnelles qui abritent un Cupidon de marbre — cadeau fait à sa femme. Ses fermages constituent une portion solide dans ses revenus et il ne lui déplaît pas. bien que lui-même ne soit qu’un fusil médiocre, d’inviter à l’automne quelque manufacturier ou grand commerçant, ses confrères, pour une partie de chasse dans les bois qui lui appartiennent.
La propriété : un droit inviolable et sacré
Pour lui, l’article important entre tous de la Déclaration des Droits de l’Homme est celui qui fait de la propriété « un droit inviolable et sacré ». – Il est impitoyable lorsqu’il s’agit de réprimer les abus de ces paysans qui tentent, consciemment ou non, d’invoquer les anciens droits d’usage ; tout braconnage sur ses terres, toute coupe de bois illégale dans sa portion de forêt font l’objet de procès tenacement poursuivis. – Les murs qu’il a fait élever pour clore ses propriétés une fois pour toutes sont pour lui le symbole de ce droit d’user et d’abuser que le Code civil a reconnu au propriétaire il n’y a pas cinquante ans. Achetée par son père à la même époque, cette terre sert d’assiette à l’impôt foncier qu’il verse, moyennant quoi il se sait chez lui.
Défendre le régime bourgeois
Le revenu de sa propriété lui a permis dans sa jeunesse d’échapper au service militaire dont la Révolution a étendu l’obligation à tous les citoyens. Notre bourgeois s’est donc acheté un remplaçant, mais il n’en exerce pas moins un certain service armé dans la Garde nationale que Louis-Philippe a instituée dès 1831 : Pour défendre la royauté constitutionnelle et la Charte, maintenir l'obéissance aux lois, conserver ou rétablir l(ordre et la paix publics
Il s’y retrouve d’ailleurs en bonne compagnie : la garde se compose à peu près uniquement de bourgeois, commerçants, industriels, rentiers ou fonctionnaires ; on impose à chacun de fournir équipement et uniforme, ce qui suffit à en écarter les éléments indésirables. En souvenir de l’ancienne Rome, la garde se divise en légions qui élisent leurs officiers et sous-officiers. Notre bourgeois revêt donc certains jours l’habit bleu, le pantalon garance et se coiffe du shako au plumet tricolore.
Un impôt foncier (cens) qui donne accès au pouvoir politique
Mais ce qui importe surtout pour lui, c’est que l’impôt qu’il verse fait de lui un électeur. Notre bourgeois vote. Il fait partie de ceux qui, versant l’impôt foncier ou la patente, ont en mains les destinées de la nation.
Le régime censitaire a été institué par la Constituante en 1789 et maintenu par la Charte ; celle-ci imposait, pour être électeur, un cens d’au moins trois cents francs, pour être éligible au moins mille francs.
Avec Louis-Philippe le cens a été réduit de trois cents à deux cents francs pour l’électeur et à cinq cents francs au lieu de mille pour être éligible. Le bourgeois appartient à cette classe d’environ deux cent mille électeurs dont les votes déterminent la politique du pays : un pays qui comporte environ trente millions de Français sur lesquels dix millions payent un impôt. Il fait partie de ce que l’on appelle le « pays légal ». Des électeurs censitaires qui le composent, la moitié a plus de cinquante-cinq ans d’âge en 1840. La grande question qui occupera le centre des débats sous le règne de Louis-Philippe sera de savoir si l’on doit, à ces électeurs payant un cens suffisant pour faire partie du pays légal, ajouter un certain nombre de personnalités dont le cens est moindre, mais qui représentent une valeur importante pour le pays : c’est le fameux débat sur l’adjonction des capacités, qui soulèvera des tempêtes à la Chambre, et d’ardentes discussions dans la presse. On considérera finalement que des généraux, des membres de l’institut pourront être électeurs eux aussi, même si leur cens ne dépasse pas cent francs. Car on aurait tort de voir en ce bourgeois que favorise le régime censitaire un adversaire des valeurs intellectuelles.
La vie sociale
Le bourgeois français est un homme cultivé
Le bourgeois français est un homme cultivé, très cultivé même. Il tient à la culture classique qui a fait la gloire des trois siècles précédents.
Lui-même a bénéficié d’une solide formation humaniste, peut-être même dans un de ces collèges de jésuites dont il apprécie la pédagogie bien que, comme tous les libéraux de son temps, il ait voté leur expulsion sous la Restauration.
Il tient même essentiellement à cette culture classique et au latin qui en constitue la base — autant qu’il tient au droit romain qui constitue la base du Code civil ; il applaudira de toutes ses forces à la représentation de la Lucrèce de François Ponsard à l’Odéon en 1843 et considérera le succès de cette pièce comme une revanche sur le scandale d’Hernani.
Très amateur de beaux-arts, il professe, comme tout le monde ou à peu près à l’époque, que « l’antique est la première base de l’art », et rappelle au besoin que Colbert, lorsqu’il envoyait des jeunes gens à Rome, leur recommandait de copier soigneusement la sculpture antique sans y rien ajouter. Si pour lui le grand maître reste David, il est ouvert aux peintres de son temps et voue une fervente admiration à Ingres comme à Prud’hon.
Face à ces œuvres solides dans lesquelles semble s’incarner la vision classique, rien ne l’irrite autant que les fantaisies désordonnées de Delacroix en peinture, de Victor Hugo ou de Lamartine dans les lettres. Amateur averti, il suit le mouvement des salons et se plaît lui-même à collectionner des œuvres d’art d’une valeur éprouvée. Il fait confiance à ces critiques très écoutés que sont un Guizot ou un Thiers. a la suite de ce dernier il voudra avoir son portrait peint par Paul Delaroche et sera transporté d’admiration pour les statues qui décorent l’église de la Madeleine ou pour les bas-reliefs de l’Arc de Triomphe — ceux du moins de Cortot et d’Etex, plus classiques que celui qu’on a confié à Rude.
Il voyage peu mais s’il se permet quelque jour un voyage à l’étranger, ce sera pour visiter la Florence des Médicis. En attendant il achète d’excellentes copies, dues aux élèves des Beaux-arts, des chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne, qui meublent son salon.
Du beau monde dans son salon
C’est dire que cet homme mène une vie rangée mais pas nécessairement austère. Avoir un salon signifie qu’il reçoit. Il reçoit même beaucoup ; ses dîners réunissent des hommes politiques, de hauts fonctionnaires, des manufacturiers — tous hommes vêtus de la tenue noire de rigueur ; leurs femmes, épaules découvertes, chignons hauts, bandeaux encadrant sagement le visage, sont des figurantes dans ces repas qui ressemblent d’aussi près que possible : manières, vêtements, conversations, à ceux que donne M. Thiers.
Portrait de la bourgeoise
Une activité cantonnée à la vie domestique
Il apprécie chez sa femme les qualités de maîtresse de maison. – Elle appartient comme lui à une famille d’industriels, de commerçants ou de fonctionnaires. – De toute façon, elle a reçu une éducation soignée dans une maison religieuse où bons principes, bonnes manières et bons sentiments ne lui ont pas été ménagés. – Elle a durant toute sa jeunesse pratiqué les arts d’agrément, appris la danse, le piano, l’aquarelle. – Elle a par ailleurs apporté à son époux une dot respectable qu’il gère sans avoir à lui en rendre compte puisque celle-ci fait désormais partie de la fortune personnelle du mari.
Son temps à elle s’écoule surtout au foyer : surveiller le personnel domestique, veiller à l’ordonnance des dîners avec un soin que facilite sa connaissance exacte du protocole, grâce aux ouvrages sur le savoir-vivre et les usages en société qui sont alors très répandus.
Ses distractions
La mode, les concerts, le théâtre, où elle accompagne son époux, font ses distractions, ainsi que l’exercice d’une « charité raisonnable » selon l’expression d’Eliza Guizot : comités de bienfaisance, ventes de charité ; et comme elle est sensible et bonne, il lui arrive même, lorsqu’elle apprend que quelqu’un est malade dans les familles d’ouvriers qui sont logées sous les combles de son immeuble, de lui faire porter par sa femme de chambre un bol de bouillon.
Un fils unique pour préserver l’héritage
Elle s’est occupée aussi de l’éducation de son fils, mais cette éducation lui échappe depuis que le jeune garçon, interne dans un lycée parisien, ne passe que quelques heures en famille le dimanche. Il lui est dur de savoir que ce fils qu’elle chérit est élevé dans un encadrement quasi militaire, éveillé chaque matin à cinq heures au son du tambour suivant la stricte discipline du lycée Descartes (aujourd’hui Louis-le-Grand), mais elle reconnaît la nécessité de cette éducation sévère pour le futur polytechnicien, et les plaintes du jeune garçon contre les punitions que distribue à tort et à travers le maître d’études chargé de la surveillance et du silence au dortoir et au réfectoire lui apparaissent comme un mal inévitable. Du reste elle connaît trop son devoir pour s’élever contre l’autorité de son époux, en matière d’éducation comme dans la gestion de leur fortune.
Le ménage n’a que ce fils — les partages successoraux en seront évités — et si pour elle-même elle eût souhaité avoir aussi une fille, du moins se dit-elle que leur prudente abstention lui a évité de mettre au monde un être dont le destin eût été semblable au sien, voué à l’obéissance et à la résignation. Son fils aura la destinée qui sied au sexe masculin, plus favorisé par les lois naturelles.
La contrepartie : la maîtresse de l’époux
Elle n’ignore pas, certes, que — contrepartie aux restrictions qu’ils doivent l’un et l’autre s’imposer — son époux a une maîtresse, mais il a garde d’en faire étalage et se conduit envers son épouse légitime avec toute la délicatesse qu’elle peut souhaiter.
Elle sait qu’elle n’aura à craindre aucun de ces écarts qui peuvent jeter le discrédit sur une famille, et la blesser, elle, dans son honneur. Aussi ne manque-t-elle pas de s’apitoyer sur les femmes chargées d’enfants des familles ouvrières.
Il est vrai, les enfants travaillent et contribuent un peu par leur travail aux besoins de ces ménages sans cesse au bord de l’épuisement : c’est l’argument que compte faire valoir son époux lorsque la loi dont on parle, visant à interdire le travail des enfants de cinq à huit ans dans les usines insalubres, passera en discussion à la Chambre.
L’ambition politique du bourgeois
L’idéal du conservatisme
Pour en revenir au bourgeois lui-même, il serait faux de ne voir en lui qu’un homme aux ambitions limitées. Mais son ambition est autre que celle de son grand-père, qui eût tant souhaité épouser une fille de la noblesse, autre que celle de son père qui désirait être introduit à tout le moins dans la noblesse impériale : son ambition, il l’a mise au service de ses visées politiques et en ce sens il a réussi. Mais il en a une autre : après le siège à la Chambre des Députés, il vise le fauteuil à l’Académie des Sciences morales et politiques. Le bourgeois est un homme assis.
Ce sont là ambitions raisonnables et qui ne pourront mettre en péril la position de ses affaires : il se méfie de l’agitation quelque peu inquiète de ceux qui, par la spéculation, par l’accélération de leur industrie ou, plus grave encore, par la hardiesse de leurs conceptions politiques, menacent la sécurité à laquelle — après tant d’avatars ! — on se trouve parvenu sous le règne de Louis-Philippe. À tout ce qui menace cette sécurité il faut imposer un frein. C’est à quoi s’emploie un ministre parfaitement conscient des intérêts supérieurs du pays, Guizot, lequel sait à la fois stimuler une jeunesse turbulente (« Enrichissez-vous par le travail et la pratique des vertus morales ») et tempérer ou aplanir tout ce qui, à l’intérieur ou à l’extérieur, risquerait de provoquer une marche en avant désormais inutile.
À toute turbulence sociale, opposer l’inertie de l’administration
Au reste le bourgeois sait que la société possède un appareil d’institutions sur lesquelles on peut se reposer en toute confiance : cette administration dont l’a doté Napoléon, qui fut en réalité l’homme de la bourgeoisie ; on ne lui doit pas seulement la banque et l’université, mais cette précieuse mise au point d’une mécanique intérieure que lui-même résumait en trois mots : « mes gendarmes, mes préfets, mes prêtres ».
Dommage qu’à lui-même on n’ait pu en son temps appliquer ce système de freinage si précieux dont il a doté la France — en l’espèce son administration car, irresponsable et anonyme, capable par sa seule force d’inertie de paralyser toutes les turbulences, d’entraver toutes les initiatives irréfléchies, de couper court à toutes les inventions personnelles, l’administration française permet, avec une admirable continuité et dans un silence efficace, de mettre en œuvre, puis de poursuivre toutes les entreprises propres à assurer la stabilité des classes dirigeantes, celles qui ont fait la preuve de leur aptitude à détenir le pouvoir réel. Tandis que les jeux de la politique amusent le public et fournissent des dérivations à des ardeurs combatives qu’il vaut mieux tolérer, du moins en apparence, pour n’avoir point à les combattre de front, l’administration, elle, demeure ; avec le Code civil, elle est le grand œuvre du grand homme.
L’idéal napoléonien : administration et Empire
Aussi notre bourgeois a-t-il été le partisan enthousiaste du retour des cendres de Napoléon, que le roi des Français a réclamées et qui, revenues de Sainte-Hélène, sont installées cette année même, en 1840, à la crypte des Invalides, en attendant le somptueux tombeau dont on a confié l’exécution au plus grand des sculpteurs, Pradier.
C’est à Napoléon qu’on doit d’avoir mis le point final à l’organisation même du pays grâce à cette armée de fonctionnaires, réglementée par un cadre supérieur, un cerveau qui se trouve à Paris. Nulle part dans l’Histoire, on ne trouvera semblable réussite, sinon à Rome même, cette Rome sur laquelle s’est calquée la France bourgeoise. Car la France est à l’image de l’Empire romain. On ne peut la désigner que par le nom de sa capitale : Paris. Rome résumait l’immense Empire romain ; Paris résume la France, et bientôt son immense Empire.
Anticléricalisme, mais tolérance d’une Église d’État pour maintenir l’ordre social
Et c’est en ce sens que, bien qu’ayant hérité du solide anticléricalisme de toute la bourgeoisie, qui ne jure que par un Voltaire ou un Diderot, notre bourgeois approuve pleinement aussi le Concordat qui complète l’œuvre du grand homme et qui d’ailleurs ne fait que renouveler celui qu’avait conclu jadis le premier de nos monarques, François Ier.
Une Église d’État, pourvue de cadres qui sont autant de fonctionnaires : prêtres et évêques, est un garant de l’ordre social. Il faut bien promettre à ceux qu’écrase le libre jeu des lois naturelles un monde meilleur après celui-ci. Il faut une religion pour le peuple. Et Voltaire le premier en savait la nécessité. Deux conditions toutefois : que cette Église, payée par l’État, soit soumise à L’État et n’aille pas chercher des consignes ailleurs que dans ce pays légal qui assure l’existence de ses membres ; – il est intolérable que récemment (cela s’est passé en 1837) le pape ait renouvelé ses antiques prescriptions contre le prêt à intérêt dont chacun sait qu’elles sont définitivement périmées. Un pape réactionnaire ! Une Église qui se trompe de siècle ! Des prohibitions remontant à ces temps obscurs du Moyen Âge pendant lesquels le commerçant était brimé et la manipulation de l’argent interdite ! – L’autre condition, c’est que l’Église ne soit pas admise à diriger les cerveaux de la société éclairée. Qu’elle instruise le peuple, c’est fort bien, tant qu’il s’agit d’une bonne instruction élémentaire et technique formant des ouvriers honnêtes et capables ; mais qu’elle ne touche ni à l’université ni aux grandes écoles, réservoirs d’une jeunesse qui doit être formée à l’efficacité, au service de l’État, à la poursuite des légitimes ambitions de la société bourgeoise.
De même peut-on concéder à l’Église quelques avantages honorifiques et reconnaître son aptitude à bien élever les filles de la bourgeoisie, en leur inculquant une saine résignation à leur état et quelque crainte du péché —, ce péché de la chair qui, chez les filles, peut avoir des conséquences catastrophiques du point de vue social.
Car notre bourgeois serait volontiers manichéen à ses heures : une seule faute, celle de la chair — et elle est forcément moins grave pour l’homme que pour la femme, puisqu’elle n’entraîne pas les mêmes conséquences naturelles.
À la recherche d’une raison d’être
Ah certes ! cet univers de l’argent est par bien des côtés méprisable. Aussi le bourgeois ne cherche-t-il pas à se glorifier de sa richesse. Non, contrairement à ce que l’on croit, le bourgeois n’éprouve en réalité que mépris pour l’argent. Ce qu’il honore, c’est uniquement ce que l’argent lui a permis d’acquérir : les objets d’art qui peuplent son salon, les éditions précieuses qui commencent à meubler sa bibliothèque. Or il est bien certain que tout cela nécessite une élite.
Ce n’est pas le bourgeois certes, on le reconnaît volontiers, qui alimente les belles-lettres et les beaux-arts, mais c’est autour de lui et dans la société qu’il crée et qu’il maintient que peuvent vivre ceux qui se consacrent aux lettres et aux arts. Cette noblesse de l’esprit qui fait la grandeur d’un pays, elle ne peut subsister que grâce à ceux qui ont eux-mêmes acquis suffisamment d’opulence pour la faire vivre, et l’on peut en dire autant des découvertes scientifiques : Ce n'est pas le riche qui fait souvent ces sublimes découvertes, bien que ce soit lui quelques fois, mais c'est lui qui les encourage, c'est lui qui contribue à former ce public instruit pour lequel travaille le savant modeste et pauvre. C'est lui qui a les vastes bibliothèques ; c'est lui qui lit Sophocle, Virgil, le Dante, Galilée, Descartes Bossuet, Montesquieu, Voltaire. Si ce n'est lui, c'est chez lui, autour de lui qu'on les lit, les goûte, les apprécie, et qu'on réunit cette société éclairée, polie, au goût exercé, pour laquelle les génies écrivent, chantent et couvrent la toile de couleurs.
Il n’y a rien à ajouter à cette constatation de Thiers énonçant tout ce qui justifie à ses propres yeux l’existence du bourgeois.
Conclusion sur le régime bourgeois
Le pouvoir politique d’une petite minorité
Soulignons tout de suite l’objection qu’on ne manquera pas de formuler à la lecture de ce portrait-robot du bourgeois : c’est celui d’un très grand bourgeois comme il y en eut assez peu en France ; vers 1840, nous l’avons vu, le nombre des électeurs ne dépasse pas cent quatre-vingt-dix mille pour environ trente millions de Français. Par cela seul qu’il fait partie du pays légal, le bourgeois décrit ne correspond en effet qu’à une très petite minorité.
Mais cette minorité est celle qui gouverne et par conséquent détient le pouvoir. Il ne s’agit pas seulement du pouvoir politique : l’administration est à son service ; ce n’est que plus tard, et surtout au XXe siècle, qu’elle se trouvera de plus en plus indépendante des personnalités politiques élues — avec encore bien des exceptions !
Une petite minorité, modèle de tout le Pays
D’autre part, l’influence de cette minorité s’exerce en profondeur et cela d’autant plus que, par ses intérêts, par ses préoccupations familières, une fraction importante de la population — celle qui compose à Paris la Garde nationale — est toute disposée à accueillir cette influence ; il n’est pas une boutique où l’on n’accorde au bilan annuel, à l’actif et au passif, le même intérêt que le grand banquier ; pas une petite entreprise qui ne se ressente de l’importance nouvelle de la grande industrie, pas un petit rentier qui ne surveille le cours des valeurs en Bourse avec un intérêt aussi actif que le grand financier. Enfin, pas un notaire de province qui ne se fût senti honoré, comblé d’aise, à l’idée de recevoir Cunin-Gridaine ou d’être reçu par lui.
Ce bourgeois est donc parfaitement représentatif d’une classe qui déborde largement le pays légal et dont la mentalité sinon les structures se calquent sur la sienne, cela jusque dans les provinces les plus lointaines, ou disons plutôt dans les plus lointaines petites villes de province, puisque le bourgeois demeure l’homme de la ville.
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linstantdavant · 4 months
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Portrait robot du bourgeois, par Régine Pernoud (première partie)
Le texte qui suit est un extrait du livre de l'historienne et Archiviste Régine Pernoud La bourgeoisie, PUF, col. Que sais-je ?, Paris, 1985, p. 7-21.
Un prototype du bourgeois français : le bourgeois parisien sous la Monarchie de Juillet
C’est à Paris qu’il faut situer, aux alentours de 1840, le « bourgeois français ». Il a certes son homologue dans toutes les villes de province, mais il n’est pas un bourgeois de province qui, pour une raison ou une autre, n’ait affaire à Paris, ne regarde vers Paris, n’en attende les nouvelles et n’en copie les manières. Rien de plus naturel d’ailleurs, puisque Paris concentre alors la puissance économique ou, pour mieux dire, la puissance financière en toute activité économique ; sa prépondérance, son rôle de capitale remontent haut dans le temps et de plus, à dater de la Révolution française, c’est-à-dire un demi-siècle plus tôt, le pouvoir politique s’y est installé en même temps que le pouvoir administratif.
Et ne négligeons pas la vie artistique et littéraire avec les salons, les théâtres, les concerts où se rencontre la bonne société, sans parler des musées, des bibliothèques et aussi de l’université qui constitue, pour les professeurs les plus éminents, la consécration de leur carrière.
Nous compterons de préférence notre bourgeois parmi ceux qui se font bâtir à Paris ces « belles maisons à concierges » dont parle Balzac. Car on bâtit beaucoup dans le Paris de Louis-Philippe ; et le préfet Rambuteau, s’il n’a pas l’envergure de son successeur Haussmann, démolit et rebâtit toute une partie de la ville — ce Paris qui bientôt dépassera un million d’habitants. S’il n’habite lui-même dans les quartiers neufs, ceux de la plaine Monceau, de l’Europe, de la place Saint-Georges, notre bourgeois y sera en tout cas propriétaire d’un immeuble de rapport ; et il y applaudira, comme tous ses contemporains, les embellissements de la ville, l’achèvement de l’église de la Madeleine, l’érection de l’Obélisque sur la place de la Concorde, les nouveaux ponts jetés sur la Seine et aussi les « embarcadères » que l’on entreprend pour le futur chemin de fer. Et Paris devient la « Ville Lumière » grâce à son éclairage au gaz.
Une ambition sociale favorisée par le régime
Notre bourgeois occupe dans la société une situation proportionnée à l’importance de ses affaires : affaires de grand négoce ou de grande industrie, à moins que — et c’est d’ailleurs le sommet de la réussite — il ne soit banquier. Aussitôt après la Révolution de 1830 qui l’a installé sur le trône, Louis– Philippe a fait choix comme Premier Ministre d’un banquier, Jacques Laffitte ; et c’est un autre banquier, Casimir Périer, qui lui a succédé. Lorsque son contemporain, Adolphe Thiers, lui-même un bourgeois type, veut définir l’ascension type du bourgeois, il énonce :
Le père était paysan, ouvrier dans une manufacture, matelot dans un navire. Le fils si le père a été laborieux et économe, fermier, manufacturier, capitaine de navire. Le petit-fils sera banquier...Les générations s'élèvent ainsi les unes au dessus des autres.
Même s’il n’appartient pas nommément à la haute banque, alors tout entière juive ou protestante, même s’il ne fait pas partie de ces dynasties de Brumairiens qui, une quarantaine d’années auparavant, ont installé Napoléon, lequel en retour a aussitôt installé la Banque de France, la fortune de notre bourgeois repose avant tout sur son activité financière : il peut être simple rentier (depuis le Directoire — 1797 — la rente d’État est exemptée d’impôt ; elle a été bientôt après déclarée insaisissable) ou encore spéculer sur actions et obligations en un temps où la Bourse installée depuis 1826 dans le Palais de la rue Vivienne, aligne deux cent soixante valeurs cotées — contre sept au début du siècle.
Et s’il est une réforme qui lui paraît indispensable et à la réalisation de laquelle il s’emploie, c’est de pouvoir bénéficier, pour cette activité financière, de l’anonymat qui lui garantira la sécurité. La société anonyme dont on parle de plus en plus, sans qu’elle soit encore expressément permise, représentera le fruit d’un effort tenace, celui de la bourgeoisie tout entière dont elle comblera les vœux.
La bourgeoisie des industriels
Industriel, notre bourgeois ne l’est encore qu’avec une certaine timidité. Saint-Simon, lorsqu’il est mort en 1825, était à peu près inconnu et ce n’est que plus tard que se répandront ses doctrines sous l’influence desquelles on pourra vraiment parler en France de révolution industrielle. On voit certes des progrès impressionnants se manifester dans l’industrie, presque tous inspirés du modèle anglais : machines à vapeur, emploi du coke dans les fonderies à la place du charbon de bois, apparition des chemins de fer (la première disposition législative qui les concerne ne sera prise qu’en 1842).
Mais s’il n’appartient à quelque grande famille, comme les Wendel pour la sidérurgie, les Kœchlin ou Dollfuss pour les filatures de coton, les Schneider ou les Say et leurs émules, s’il n’est sucrier comme Delessert ou drapier comme Cunin-Gridaine, notre bourgeois se contentera d’avoir des intérêts à la Compagnie d’Anzin ou, un peu peu plus tard, à la Compagnie du Nord. Dans l’ensemble, il se fera remarquer plutôt par sa prudence que par son audace.
Il se trouvera plus avisé en consacrant le maximum de ses affaires au négoce. Selon son estimation, la réussite du siècle est celle des bonnetiers de Troyes qui font fabriquer à domicile dans les campagnes ou les petites villes les produits dont ils ont fourni la matière première et qu’ils vendent ensuite une fois manufacturés. Ils évitent ainsi les risques de la grande industrie et, les fabricants à domicile étant leurs salariés, ils perçoivent à la revente d’appréciables bénéfices.
Une seule loi « naturelle » : la loi de l’offre et de la demande
Là est la source de cet enrichissement qui fait la prospérité de la classe bourgeoise : "J'ai vendu un million de sarraus avec un franc de bénéfice : voilà comment je suis devenu millionnaire."
Cette constatation, émanant d’un bourgeois du temps (Colombier– Batteur), résume toute une philosophie. Le bourgeois, celui sur qui repose l’activité économique de la nation, sait qu’il n’y a pas d’enrichissement sans bénéfice, pas de bénéfice sans commerce, pas de commerce en dehors de la loi de l’offre et de la demande.
S’il est pour lui une vérité claire, fondamentale, intangible, c’est celle-là ; en dehors de la loi de l’offre et de la demande, aucun commerce ne peut subsister, toute la vie économique est compromise. Ne fait-elle pas partie d’ailleurs de ces « lois naturelles » qui déterminent toute existence ? C’est dire que, s’il est un point de doctrine sur lequel chacun doive être d’accord et qu’on doive considérer comme inviolable et sacré, c’est bien ce qui touche à la liberté du commerçant. Lors des « funestes ordonnances » de juillet 1830, cette liberté était mise en péril.
Les ordonnances limitantes de Charles X
La troisième ordonnance limite le pouvoir politique de la bourgeoisie
Les commerçants se sentaient visés par la troisième de ces ordonnances qui rayait la patente des impôts comptant pour le cens, donc pour le droit de vote. Notre bourgeois qui aurait été exclu du nombre des électeurs, donc des éligibles, si cette ordonnance avait été maintenue, a pris une part active à ces journées de juillet à côté des polytechniciens et autres gens de sa classe, justement indignés de pareilles atteintes à sa liberté.
La première ordonnance limite la liberté de la presse
Si la troisième ordonnance attaquait la dignité du commerçant, la première suspendait la liberté de la presse. Or, cette presse a pris entre-temps un prodigieux essor. Aussi bien, à travers les diverses affaires qu’il traite, pour son négoce, pour gérer sa fortune et celle que lui a rapportée la dot de sa femme, pour percevoir les fermages de ses propriétés, les loyers de ses immeubles, les bénéfices de diverses sociétés auxquelles il participe et le rapport de ses rentes et actions, notre bourgeois tient-il à son siège au conseil d’administration du journal dont il est l’un des actionnaires considère comme essentiel cet instrument d’avenir qu’est la presse.
La presse comme instrument d’enrichissement et de pouvoir
Quatre ans plus tôt, en 1836, à Paris, à quelques jours d’intervalle, ont paru successivement deux journaux : Le Siècle, puis La Presse, qui inaugurent une ère nouvelle dans ce domaine ; par une manœuvre hardie, Émile de Girardin, qui ne percevait pas un centime lors du lancement de l’opération, a su monter son affaire et promouvoir une presse de type entièrement nouveau à très bon marché (l’abonnement coûte quarante francs alors que celui du Journal des Débats est de quatre-vingts francs par an) ; il capte le lecteur par ses feuilletons quotidiens et surtout en ouvrant ses colonnes aux annonces commerciales.
Une ère nouvelle s’annonce grâce à cette presse largement répandue, par laquelle l’opinion peut être habilement dirigée et qui secondera la diffusion des produits commerciaux.
La presse, notre bourgeois le discerne clairement, va être l’agent le plus efficace de la vie économique étant donné son pouvoir sur l’opinion ; il ne doute pas qu’elle tienne en respect, s’il le faut, la puissance politique adverse ; trente mille abonnés, trois cent mille lecteurs informés chaque matin : un négociant habile sachant utiliser ce canal pour faire vendre ses produits ne saurait négliger pareil moyen ; peu importe au demeurant l’option politique du jour : M. de Girardin a dû s’orienter vers les conservateurs, son prédécesseur, M. Dutacq, qui avant lui a fondé Le Siècle, ayant capté les élus de gauche. Mais notre bourgeois sait d’expérience que La Presse n’hésitera jamais à opter pour la liberté.
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linstantdavant · 4 months
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Philippe Auguste (1165 -1223)
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Fils de Louis VII et d'Adèle de Champagne, (sa troisième femme), septième descendant masculin du roi Hugues Capet, appartenant à une dynastie qui avait légitimé ses droits au trône de France en fournissant à chaque génération un héritier mâle, sacré roi du vivant de son père. Cette étonnante fécondité fut cependant menacée sous Louis VII, père de Philippe, qui fut obligé de se marier trois fois pour obtenir l’héritier désiré. La naissance de Philippe, le 22 août 1165 fut accueillie à Paris avec une immense liesse et un vif soulagement. Aussi l’enfant reçut-il comme premier épithète 'Dieu-donné". Le droit dynastique des capétiens était dès lors assuré. Ni Philippe, ni ses successeurs n’eurent désormais à faire sacrer leur fils de leur vivant.
Lorsque Philippe fut lui-même sacré le 1er novembre 1179 à quatorze ans, il fit mince figure parmi les grands barons rassemblés à Reims pour l’événement. Il fut éclipsé par les comtes de Flandre et de Champagne et surtout par les ducs de Normandie et d’Aquitaine ainsi que le comte d’Anjou, tous de la famille des rois angevins d’Angleterre qui dominaient une moitié du royaume. Sa première tâche fut donc de prendre le dessus sur ces puissants adversaires. Au début, la tâche fut rude contre Richard Cœur de Lion, le chevalier sans doute le plus célèbre de son temps, mais Philippe eut la chance que Richard trouve inopinément la mort en 1198 ; devenant un redoutable adversaire pour le frère de Richard, Jean, guerrier indécis et roi imprévisible.
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Philippe passa immédiatement à l’attaque ; bénéficiant de financements importants, d’approvisionnements facilités et d’un peu de chance, le roi de France réussit à s’emparer du duché de Normandie en 1204 et à refouler les Anglais au sud de la Loire en 1206. Dans la décennie suivante Jean organisa sa revanche en recrutant au prix de subventions considérables son neveu l’empereur allemand Otton de Brunswick et les comtes de Flandre ainsi que les Poitevins. En 1214, lorsque Jean fut repoussé à la Roche-aux-Moines par le prince Louis, fils et héritier de Philippe, et que l’empereur Otton et ses alliés furent vaincus à Bouvines par Philippe, les rois angevins furent définitivement expulsés du nord de la France. Le roi Philippe a décidément mérité son surnom d’« Auguste » non seulement parce qu’il est né en août mais aussi parce qu’il a « augmenté » son domaine comme un empereur romain.
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Plus qu’héritier légitime ou guerrier favorisé par la chance, Philippe était un excellent administrateur. Avant de partir pour la Troisième Croisade, il publia en 1190 une ordonnance en guise de testament qui définissait les contours de son gouvernement. Les anciens prévôts furent confirmés dans leurs fonctions fiscales. Nouveaux agents, les baillis circulaient en équipes dans le domaine royal pour entendre les plaids. Les deux groupes se rendaient à Paris trois fois par an pour rendre compte de leur gestion des finances publiques. Les archives furent établies au Palais et des registres furent rédigés pour rassembler la documentation utile à la gestion du royaume. Ainsi, les institutions fondamentales pour gouverner un domaine agrandi étaient-elles fixées à Paris. La ville fut entourée d’enceintes, les rues pavées et les halles érigées. Paris abritait non seulement le gouvernement mais aussi l’université la plus célèbre d’Europe. À la fin du règne, un domaine agrandi et une administration efficace garantissaient la prospérité du trésor royal, dont les excédents permirent les dépenses extravagantes du futur roi et saint, Louis.
Fastes impériaux
La légende carolingienne joue son rôle dans cette reviviscence impériale à la cour de France. Philippe se pose en descendant des Carolingiens : on le dit Carolides; le précepteur de son fils écrit son Ca-rolinus. Il n'est pas jusqu'à la construction factice des « pairs de France », qui sont censés juger Jean sans Terre (1167-1216) pour forfaiture, qui ne vise à évoquer Charlemagne et ses preux et le jugement de Ganelon, en un temps où Frédéric Barberousse suscite à Aix-la-Chapelle le culte de ce même Charlemagne, où, de son côté, la dynastie anglo-angevine relève à son profit le nom d'Arthur, évoca-teur de légendes.
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L'orgueil contrarié de Philippe donne lieu à des crises de fureur aux conséquences imprévisibles, surtout jusque vers 1200. C'est ainsi qu'une conférence tenue en 1188 entre Philippe et Henry II près de Gisors n'ayant pas abouti, il fait abattre à coups de hache l'orme sous l'ombrage duquel les Anglais s'étaient abrités pendant que lui-même rôtissait au soleil. En 1193, devant la fermeté de la défense de Rouen qu'il tentait d'assiéger, Philippe, « enflammé de colère », brûle lui-même ses propres machines de guerre avant de se retirer. En 1194, à la nouvelle que les Normands viennent de lui reprendre Évreux, il quitte son camp et, tandis que ses soldats abandonnent leurs vivres à l'ennemi et se dispersent, il se livre, pris de fureur, au pillage du pays. Les expressions enflammé de colère, emporté par sa fureur extrême , pris de rage, reviennent à chaque instant sous la plume des chroniqueurs pour décrire ses actions.
La construction de l'État
Ce qui renforce cette prudence, c'est qu'il a été fortement éprouvé pendant son séjour en Orient et qu'il a bien cru y mourir de maladie, au point que, au mépris de son serment et de son vœu de croisade et en dépit des ricanements et des accusations de couardise dont ses adversaires l'accableront, il a estimé nécessaire de tout abandonner et de retourner au plus vite dans son royaume. Il lui en resta des accès de fièvre quarte, dont il souffrit jusqu'au bout de sa vie et qu'on traitait par des saignées et par la diète.
Aussi doit-on voir en lui, finalement, plus un homme de cabinet que d'action sur le terrain. Il y a en effet, chez lui, un curieux mélange de volonté de tout gouverner par lui-même et le désir d'équilibrer dans son entourage les responsabilités, tout en s'appuyant sur un petit groupe d'hommes en qui il a une totale confiance. Dès que commence véritablement son règne personnel, en 1184-1185, il laisse définitivement vacante la chancellerie, autrement dit la charge qui assurait à son détenteur, avec le contrôle sur tous les actes, la responsabilité - sinon l'initiative - de toute la correspondance avec les souverains étrangers, le pape, les vassaux, les autorités ecclésiastiques, charge qui avait fait la puissance d'un Étienne de Garlande sous Louis VI, d'un Hugues de Champfleury sous Louis VII. Ainsi, à vingt ans, comme Louis XIV à la mort de Mazarin, Philippe Augusta décide qu'il sera son propre « premier ministre», et on peut commencer dès lors à parler d'une politique personnelle. Quand il part pour la croisade en 1190, il organise les pouvoirs en son absence en équilibrant les responsabilités entre la reine-mère et le frère de celle-ci, l'archevêque de Reims,
Guillaume aux Blanches Mains, mais en les faisant contrôler par un conseil où il fait une place essentielle aux bourgeois de Paris. Et il délègue à travers le domaine des représentants personnels, des baillis, qui eux-mêmes auront à rendre compte sur les plans judiciaire et financier devant les régents. Mais surtout il se réserve personnellement, en dépit de l'éloignement immense, l'essentiel des pouvoirs de décision.
Toutefois, il faut bien constater que cette période qui va de 1185 aux environs de 1200, période où on est tenté (peut-être faute de mieux connaître l'entourage), de lui attribuer la pleine responsabilité gouvernementale, est aussi celle où, à côté d'initiatives d'importance décisive, s'accumulent les erreurs et les échecs, dus à son impulsivité, à son appétit mal contrôlé, à des intrigues pas toujours bien conduites, et à une évidente infériorité sur le plan militaire face à son adversaire heureux, Richard. Sans parler de son opiniâtreté dans l'affaire du divorce d'avec Ingeborg et du remariage avec Agnès, qui conduisirent à l'impasse de l'interdit pontifical.
C'est vers 1200 que commence la phase constructive et finalement triomphante du règne : avec la collaboration d'une équipe de conseillers - le chambrier Gautier, le templier frère Haymard, le tout dévoué Barthélémy de Roye et surtout l'infatigable et omniprésent hospitalier frère Guérin -, le royaume est doté des structures administratives et financières qui lui faisaient tant défaut, tandis que l'initiative politique est constamment menée avec fermeté. On ne saurait trop insister sur l'oeuvre réalisée par Guérin, dont on retrouve la main partout, récompensé seulement par l'évêché de Senlis et qui n'accédera qu'après la mort du roi à la charge de chancelier, restaurée pour lui. Jouissant pourtant de sa complète confiance, il fut durant un quart de siècle, et sans titre officiel, celui que Guillaume le Breton qualifie de «conseiller spécial» du roi, celui qui, dit-il, «traitait les affaires du royaume, comme le second après le roi ».
Le phénomène le plus extraordinaire est que ces hommes, et spécialement frère Guérin et Barthélémy de Roye, non seulement servirent aussi longtemps Philippe Auguste qui les avait tirés de la demi-obscurité où ils se trouvaient pour les hisser au premier rang de la scène politique, mais qu'ils passèrent ensuite au service de Louis VIII et même à celui de la régente Blanche de Castille, assurant ainsi une exceptionnelle continuité d'une certaine ligne gouvernementale.
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linstantdavant · 4 months
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CLOVIS Ier
Roi des Francs (466-511)
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Introduction
Terrible époque que celle-ci, le grand Empire Romain s’émiette pour disparaître, les grands empereurs ont perdu leur panache. Les tribus germaniques se sont étendues, elles ont reculé les frontières de l’Empire. Les légions romaines ont perdu leur efficacité face à la ferveur barbare. Cette période est sombre et énigmatique, le monde entre progressivement dans le Moyen Âge.
Le contexte de l’époque
L’héritage des Francs
Barbares civilisés les tribus franques se mirent en mouvement en même temps que les Germains. Les plus actifs d’entre eux sont les Francs Ripuaires et Saliens. Les Ripuaires (ou Rhénans) s’étendaient sur la vallée Rhénane à la droite du Rhin. Les Saliens sont originaires du territoire hollandais, ils se déplacèrent vers le sud-ouest et investirent le nord de la Gaule. Comme les autres peuples barbares, les Francs reconnaissaient l’autorité d’un roi. Les premiers souverains des Francs Saliens sont des rois légendaires tel que Clodion le Chevelu et Mérovée (qui donna son nom à la dynastie mérovingienne). Ces derniers avaient aidé les Romains d’Aetius à chasser Attila de Gaule, une gigantesque bataille avait eu lieu aux Champs Catalauniques où les Huns furent battus. Childéric Ier succéda à Mérovée, avec lequel aucun lien de parenté n’est établi. Il mena tout d’abord une vie de débauche et fut chassé de son royaume. Rétabli quelques années plus tard, il aida les Romains d’Aegidius à chasser les Wisigoths.
Le tombeau de Childéric
Le tombeau de Childéric fut découvert à Tournai en 1653 par un maçon sourd et muet. Il étonne par son origine païenne et germanique. Le roi est enterré avec ses chevaux, portant au bras un bracelet d’argent et par son aspect Romain. Il portait un manteau de pourpre tenu par une fibule d’or, propre au général romain et un anneau au doigt servant à sceller les actes et portant l’inscription : Childericus rex (Childéric roi). Le manteau était orné d’abeilles d’or, symbole mérovingien que Napoléon Ier  adopta par la suite pour rappeler les origines de la France.
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Childéric Ier
La Gaule, une mosaïque de peuples
La Gaule était la province la plus cultivée et la plus riche de l’Occident romain. Elle fut avec la Bretagne l’une des premières provinces à être abandonnées par les Romains. Avec l’affaiblissement des défenses impériales elle tomba très vite aux mains des Barbares :
Au Sud-Ouest, les Wisigoths (Espagne et Aquitaine).
Au Sud-Est, les Ostrogoths (Italie du Nord).
Le Centre-Est devint le pays des Burgondes (un des rares peuples convertis au christianisme).
Entre la Loire et la Somme, un général romain, s’était taillé un royaume dont la capitale était Soissons. Se considérant comme le « roi des Romains », il essayait de maintenir la civilisation latine.
Ainsi la Gaule représentait un enjeu principal pour le nouveau roi des Saliens : Clovis, fils de Childéric.
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Carte de la Gaulle à l'époque de Clovis
Le prénom Clovis
Clovis s’appelait en réalité Chlodowech (illustre à la guerre), les historiens le déformèrent en Clovis. Le prénom a évolué sous les Carolingiens : Chlodowichus puis Lodovicus avant de devenir Ludovicus puis Ludovic de nos jours. En France occidentale, le prénom devient Lodoïs puis Louis. Clovis peut ainsi être considéré comme Louis Ier !
Le règne de Clovis
La conquête du royaume de Syagrius
Né en 466, à 15 ans, Clovis est encore un jeune garçon imberbe lorsqu’il est hissé sur le pavois (bouclier) pour être proclamé roi des Francs à Tournai en 481. Le royaume est maigre et d’autres saliens contrôlent les régions voisines mais Clovis bénéficie de l’œuvre de son père Childéric. Très vite le jeune roi veut s’affirmer et refuse de partager son pouvoir comme son père l’avait fait. Il réunit les petites tribus avoisinantes et s’allie avec deux autres rois saliens (Ragnacaire et Chararic) afin de s’emparer du royaume de Syagrius ainsi que sa ville : Soissons. La guerre déclarée en 486, Clovis et ses troupes triomphent sur les Romains aux portes de Soissons. Syagrius vient alors se réfugier chez le chef des Wisigoths : Alaric, mais par peur de représailles, Alaric livre le chef romain à Clovis qui l’égorgea. Grâce aux rançons obtenues pour la libération de riches notables et au butin amassé lors de la conquête, il put former une armée permanente. Poursuivant sa marche victorieuse, il étendit le royaume des Francs jusqu’à la Bretagne et la Loire.
Le vase de Soissons
Après la prise de Soissons, le butin comme le voulait l’usage, devait être partagé entre le roi et ses hommes. Or, Clovis, voulant offrir un beau vase trouvé dans le pillage de Soissons à l’évêque de Reims, le plaça hors part. Cela mit en colère un de ses guerriers qui accusa publiquement Clovis de tricherie, et selon la légende brisa le magnifique vase. Un an plus tard, lors d’une revue militaire, Clovis reconnu le guerrier et lui jeta sa hache à terre, le guerrier se baissa pour la ramasser et Clovis lui décocha un coup de francisque sur le crâne en disant : « Ainsi as-tu fait avec le vase de Soissons ». Des doutes subsistent sur cette légende, en effet le vase n’aurait pas été détruit et donné à Saint-Rémi.
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Vengeance de Clovis, Bnf
L’influence de Clotilde
Pendant ce temps, Théodoric le Grand chef des Ostrogoths s’est imposé un grand royaume en Italie, il se maria avec l’une des sœurs de Clovis. Voulant échapper au pouvoir des Goths, Clovis chercha une alliance auprès des Burgondes. Ainsi un mariage fut arrangé entre Clovis et Clotilde la fille du chef des Burgondes. Ayant reçu une éducation catholique, Clotilde s’employa à convertir son mari dont le peuple pratique le culte païen. Mais à l’Est, les Alamans agressent les frontières, menaçant les Burgondes, les Saliens et les Ripuaires. Un affrontement a lieu à Tolbiac en 496, la bataille part à l’avantage des Alamans, après avoir invoqué les dieux païens, Clovis s’en retourne vers le dieu de Clotilde et lui jure de se convertir s’il gagne la bataille. Par miracle, le chef Alamans est tué. Bientôt ses soldats fuient et sont en déroute. Il restait alors au chef franc de respecter son vœu.
La fleur de lys
Lors de la bataille de Tolbiac, un ange proposa à Clovis d’échanger les trois crapauds (symbole païen) qui ornaient son bouclier contre trois fleurs de lys d’or. Ainsi, la fleur de lys devint l’emblème de la monarchie française jusqu’en 1830. Elle flotte encore sur le drapeau du Québec.
La conversion des Francs
Au delà de la promesse faite à Tolbiac, Clovis savait qu’il pouvait tirer un avantage de sa conversion au catholicisme. En effet, il pourrait s’attirer la bienveillance des populations gallo-romaines dont la plupart était régis par des rois ariens. Cependant Clovis hésita, la moitié de son peuple vouait le culte païen, la reine Clovis demanda l’appui de l'évêque Rémi qui influençait beaucoup Clovis. Ainsi, à Reims dans la nuit de Noël 497 (ou 498,499 ?), Saint-Rémi  baptisa Clovis avec 3 000 de ses soldats. Les populations gallo-romaines accueillirent les Francs non plus comme des envahisseurs mais comme des libérateurs. L’Église, qui était la plus haute autorité spirituelle, choisit ainsi le camp des Francs.
Le Baptême
Ce fut une cérémonie impressionnante qui réunit chefs francs et notables gallo-romains qui se soumettaient à l’autorité du roi. Par la suite, l’action de Clovis fut favorisée par l’Église : " Chaque jour, Dieu faisait tomber les ennemis sous sa main car il marchait d’un cœur pur devant le Seigneur. "
Le 25 décembre 496, Saint Remi baptise à Reims, Clovis et 3000 guerriers francs. C’est en souvenir de ce baptême que les Rois de France portent le titre de « fils aîné de l’Église ». L'identité de religion avec les Gallo-Romains va faciliter la fusion des deux peuples et donner naissance à la France...
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" Dieu de Clotilde, si tu me donnes la victoire, je me ferai chrétien." 
Les Wisigoths
Vers l’an 500, Clovis intervient dans une querelle familiale des Burgondes. Chilpéric, le père de Clotilde est assassiné par son frère Gondebaud. Après avoir affronté Gondebaud pour venger sa femme, Clovis se résout à signer un traité d’alliance avec celui-ci en 502. Cette nouvelle alliance inquiéta de plus en plus Alaric le chef des Wisigoths qui en fit part à Théodoric des Ostrogoths. Clovis entraîna ses tribus franques ainsi que les Burgondes à Vouillé près de Poitiers pour affronter les Wisigoths, ennemis des Francs de longue date. Alaric II fut vaincu et tué par les propres mains de Clovis. L’armée de Théodoric fut quant à elle contenue par les Byzantins de l’empereur Anastase, qui a signé une alliance avec les Francs. Clovis s’empara alors de Toulouse, capitale des Wisigoths, ainsi que du légendaire trésor d’Alaric.
Le trésor d'Alaric
La légende veut qu’en 52, l’empereur Titus trouva le trésor de Salomon lors de la mise à sac de Jérusalem. Par la suite, Alaric Ier s’en empara lors de la mise à sac de Rome en 410. Ce trésor était le plus grand d’Occident et contenait le Saint Graal. D’autres sources affirment que les Wisigoths ont transporté le trésor dans les remparts de Carcassonne où Clovis échoua. On le situa dans le puits de Carcassonne, dans la montagne d’Alaric ou dans le château de Montségur où les cathares avaient position. Au début du XXe siècle, un curé Béranger Saunière dépensait des fortunes colossales sans que l’on sache d’où provenait sa richesse. On pense alors qu’il a découvert le trésor d’Alaric et a fait un trafic illégal avec la cour Autrichienne.
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Limons (Puy de Dôme): fibule ajourée, or et grenats, fin VIe s. Tête de Christ au centre d'un Chrisme, BNF
La réunification des tribus
Après la victoire de Vouillé, Clovis reçut à Tours le signe de la protection bienveillante de l’Empire Romain d’Orient qui lui donna le titre de consul et d’auguste. Cette investiture l’élevait comme souverain légitime, aussi s’employa-t-il à réunifier le royaume franc qui est encore morcelé par l’existence de petits territoires régis par des rois. Clovis commença à s’attaquer à Chararic et Ragnacaire ses deux alliés Saliens contre Syagrius, il fit raser la tête au premier (la chevelure était le symbole du pouvoir royal, ainsi les soldats avaient la nuque rasée), puis il les exécuta. Les Saliens unifiés, il restait les Francs Ripuaires à soumettre. Clovis mit en œuvre une machination démoniaque, en incitant le prince des Ripuaires à assassiner son père Sigebert le roi. Par la suite, le jeune prince fut tué alors qu’il amenait les trésors de son royaume à Clovis. Il sut alors convaincre la population ripuaire de le choisir comme roi. Cette attitude barbaresque déconcerta l’entourage du roi des Francs.
Les successeurs de Clovis
Le partage du royaume
En 509, Clovis choisit Paris comme nouvelle capitale de son royaume, la ville est déjà un pôle actif de la Gaule et fut le lieu de résidence de certains empereurs romains, on parle aussi de l’influence de Sainte-Geneviève (patronne de la ville) sur Childéric puis Clovis. Se considérant comme le chef de l’Église, Clovis s’employa à convertir la Gaule entière au catholicisme. En 511, Clovis réunit les évêques au concile d’Orléans, l’Église mérovingienne prend alors naissance. La même année, le grand roi meurt à Paris, il est inhumé auprès de Sainte-Geneviève. La loi salique qui régissait les coutumes franques excluait les femmes à la succession. Ainsi, comme le voulait la tradition, le royaume fut partagé entre les quatre fils de Clovis. L’unité mérovingienne était perdue et les territoires ainsi formés allaient se défier pendant des années.
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Cathédrale de Reims, France
Histoire de France.net
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LA PROSTITUTION AU MOYEN-AGE
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Grande prostituée, bnf
Comme certains le disent, la prostitution est un mal nécessaire. Les prostituées ont une responsabilité sociale : défendre l’honneur des femmes « d’estat » (femme de vertu) et lutter contre l’adultère. Le prostibulum peut être alors considéré comme une institution de paix où les jeunes tempèrent leur agressivité
VIème au XIème siècle : Différentes perceptions
Justinien et Théodora
De 527 à 565, c'est l'empereur Justinien 1er qui règne avec son épouse Théodora (morte en 548) sur l'empire byzantin. En matière de prostitution, ce grand empereur fut très innovateur. Pour ce faire, il stipula 531 dans son Corpus Juris Civilis que tous les proxénètes tels les souteneurs et les maquerelles seront punies sévèrement s'ils sont trouvés coupable de pratiquer ces métiers. Pour la première fois, une loi s'attaquait aux problèmes de la prostitution par ces racines. Par le fait même, les lois interdisant aux ex-prostituées de se marier furent également abolies.
L'empereur Théodose le Grand (379-395), avait bien essayé lui aussi d'interdire la prostitution, en ordonnant d'envoyer en exil tous les pères, époux, ou maîtres qui prostituent leurs filles, femmes ou esclaves, mais il n'a pas créé une véritable loi. Toutefois, on peut facilement comprendre les efforts de Justinien en cette matière, car l'impératrice avait pratiqué le plus vieux métier du monde avant de l'épouser. Selon un extrait de ce code, on peut d'ailleurs se demander si Justinien ne fait pas allusion aux difficultés qu'il a rencontrées: "...qu'il arrivait souvent que des hommes, qui par pitié voulaient les soustraire à leur malheureux sort ou les épouser, ne pouvaient les arracher à ces sortes de prison ou ne les obtenaient qu'à prix d'or."
On constate également que rien dans ce code de loi ne fait allusion aux prostituées elles-mêmes. En fait, cette loi visait essentiellement à faire sortir les prostituées des maisons closes. Afin de réussir son projet, il devait évidemment faire plus, c'est pourquoi il mit sur pied le premier centre de réadaptation sociale, nommé Metanoia qui voulait dire se repentir. Malgré ces efforts considérables, le programme fut un échec, et le centre a été obligé de fermer ces portes.
Les bains publics
Les bains publics, ou étuves à l'époque, même s'ils n'avaient pas d'autorisation officielle, étaient fréquemment utilisés comme lieux de prostitution. A Lyon, vers 1470, l'expression « aller s'estuver » revêt ainsi une acception bien particulière. Il y avait aussi bien entendu des débordements du cadre légal et du proxénétisme contraint, condamné à l'époque tout comme il le serait aujourd'hui. A l'exemple du cas de Catherine Roquier, jugée en octobre 1389. Elle avoue avoir vendu la sour de son mari à un chevalier, alors que celle-ci vivait sous sa protection et qu'elle lui avait été confiée par sa mère pour « apprentissage de métier et oeuvre de broderie ».
Métier à part entière, la gestion de l'étuve est soumise à des règlements et des ordonnances précises sous contrôle du prévôt de Paris. Dans le Livre des métiers d'Etienne Boileau, composé vers 1268, qui recense tous les métiers exercés en ville, un chapitre est dédié exclusivement au métier d'étuveur : Quiconque veut être estuveur en la ville de Paris, il peut l'être franchement, pour tant qu'il oeuvre selon les us et les costumes du métier, faites par l'accord commun qui sont les suivantes.
Cinq rubriques réglementent son exercice : on ne peut « crier les étuves », autrement dit, on ne peut pas faire d'annonce publique pour telle ou telle maison tant que le jour n'est pas levé ; il est également interdit de faire fonctionner les étuves le dimanche, jour consacré au Seigneur, ni aucun autre jour de fête. Le prix est fixé : le client doit s'acquitter d'une entrée de deux deniers. L'utilisation des bains chauds  coûte plus cher car ils nécessitent de grandes quantités de charbon ou de bois. Tous ceux qui ne respectent pas ces obligations doivent payer une amende de dix sous parisis.
Mais dès XVI°, la prostitution est mal vue. Cela est dû en partie par le Réforme : les étuves sont fermées, les concubines des prêtres et filles secrètes sont bannies : la prostitution devient honteuse.
Charlemagne
Genséric de Carthage et Frédéric 1er Barberousse ont également renforcé ces mesures, mais c'est Charlemagne qui fut le premier, du moins en France, à inclure dans les capitulaires une loi portant exclusivement sur la prostitution. Malgré le fait que tous les chefs francs ont des gynécées ou y vivent leurs concubines, la prostitution pour le commun des mortels n'est aucunement tolérée.
En effet, les capitulaires stipulent que toutes personnes qui racolent, aident des prostituées, ou encore tiennent des bordels, sont passibles de flagellation.
Pendant cette époque la prostitution était un phénomène rare étant donné que la société franque était majoritairement rurale, et que la prostitution est un phénomène essentiellement urbain.
Saint-Louis : de la prohibition à la tolérance
Dès 1254, Saint Louis édita plusieurs ordonnances contre la prostitution, le jeu, le blasphème, l’injustice et usure. Ce fut une vaste action de pénitence visant à la purification. Mais le roi est souvent absent et ses règles ne sont pas respectées. D’autre part, lors des croisades, il prend conscience de l’importance des prostituées qui encouragent les troupes à la guerre.
Lors de la huitième croisade, les livres de comptes royaux font état de 13000 prostituées à payer…
A cette époque, la prostituée est intégrée à la société mais elle était marginale dans le sens où elle ne pouvait pas fonder un foyer. Selon les mœurs de l’époque, la prostitution est pour le bien commun. C’est une nécessité sociale mais nul besoin de pousser les femmes au mal : elles sont fornicatrices, luxurieuse et insatiable par nature. La prostituée est victime de la misère et de la faiblesse humaine.
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La prostitution publique est légale, la prostitution dans les étuves, hôtels et tavernes est tolérée et la prostitution en chambre (bordelage privé) est admise. Au XV°, les interdits relatifs au temps de travail diminuent, et la prostituée (célibataire ou mariée) fait partie de l’espace civique.
A cette époque, la population diminue, une nouvelle vision voit alors le jour : l’exaltation de Nature devait contribuer à la régénération des mœurs. L’éducation des fils changent : l’exaltation du mariage comme fondement de la vie active. L’Eglise encourage au mariage pour la procréation. Ainsi, il faut écarter les dangers qui menacent l’espèce : les crimes contre Nature. L’Eglise va légitimer le plaisir sexuel dans le mariage pour détourner les hommes des pratiques contre Nature et favoriser la procréation. Il est alors reconnu que l’éjaculation est un acte sain, indispensable au bon équilibre physiologique. C’est reconnaître tacitement que la fornication des célibataires est inévitable mais nécessaire.
En même temps, il est demandé d’autoriser le mariage des prêtres car ils seraient incapables de respecter le vœu de continence. Mais Eglise pas d’accord. Elle condamne le mariage, de concubinage des prêtres ainsi que les pratiques contre Nature. Cependant, consciente du risque, elle admet implicitement la fornication des clercs avec les prostituées publiques.
Milieu du XV° : Nature triomphante
Les parents incitent leur fils à forniquer. Les jeunes hommes recevaient autorisation de fréquenter les prostibulum. La fornication est considérée comme un péché véniel.
Les différents niveaux de la prostitution
Prostibulum publicum : la seule légale
Elle se déroule dans des établissements construits et entretenus par les autorités publiques de la ville. L’établissement est tenu par une abbesse ou un tenancier qui paye un bail aux autorités. Les filles sortent pour racoler, festoient au rez-de-chaussée avant de s’ébattre dans les chambres à l’étage. Les filles travaillant dans le prostibulum publicum sont appelées fillettes publiques, clostrières ou meretrice.
Elles se doivent de respecter le règlement.
Des officiers de la ville se chargent de le faire respecter et d’enregistrer les filles. Il convient de noter que le règlement change selon les villes et les autorités (laïques ou religieuses). Voici cependant quelques exemples récurrents de règles :
Verser quelques blancs (monnaie) au guet de nuit qui les protège
Prêter serments aux autorités
Participer aux dépenses de chauffage
Repousser les fils trop jeunes et hommes mariés. L’abbesse doit y veiller sous peine d’amende mais il règne une grande tolérance…
Ne pas coucher à 2 avec 1 compagnon (mais peuvent coucher avec plusieurs s’ils ne sont pas parents)
Intégrée dans la société, la prostitution doit donc respecter les interdits liturgiques
Pas d’ébats pendant les fêtes de Pâques et Noël : les baux vont d’ailleurs dans ce sens. Ils sont signés Carême entrant pour que le prostibulum ouvre carême sortant. Mais au fil des siècles, cet interdit est de moins en moins respecté
A l’origine, ces maisons étaient fermées la nuit et le dimanche, comme le stipule le « code du travail » médiéval. Mais c’est à ce moment que les prostibulum sont le plus fréquenté. Donc travail de nuit et travail du dimanche peu à peu toléré
Au XV°, le seul interdit qui subsiste : les ébattements durant la messe dominicale et durant la semaine sainte
Les petits bordelages
Ce sont des établissements privés, des hôtels où les filles travaillent à l’occasion. Le racolage est nécessaire mais dangereux. L’établissement est tenu par une maquerelle, femme souvent mariée. Cela lui permet d’arrondir les fins de mois. Elle peut être une entremetteuse de rendez-vous galants, peut fournir des jeunes aux plus nobles. Elles recueillent les victimes d’agression et devient des confidentes.
Les filles légères « prostitution libérale »
Ces filles travaillent pour leur propre compte, elles vont d’hôtel en hôtel ou possèdent leur propre chambre. Ces femmes deviennent petit à petit des courtisanes : prostituée de luxe, maîtresse de riches marchands ou notables. Les courtisanes deviennent réellement importantes à la fin du XV°
Ordre logique dans l’évolution du « mestier » :
Il arrive que des jeunes filles tombent dans la prostitution dès 15ans, mais c’est le plus souvent vers 17ans qu’elles commencent à vendre leurs charmes. Ce sont alors des femmes secrètes. Aux environs de 20 ans, certaines travaillent comme chambrière dans les étuves où la prostitution est tacite mais bien réelle. Puis devenant trop âgées pour les clients, elles deviennent locataire du prostibulum. La fin de « carrière » est estimée autour de la trentaine, mais aucune source ne permet d’affirmer cet âge. Dès lors plusieurs choix de vie s’offrent à elles : Devenir à leur tour tenancière ou prendre retraite dans les fondations Sainte Marie Madeleine. Le plus souvent, c’est le mariage qui les fait sortir de leur condition. En effet, épouser une fille de joie est considéré comme une œuvre pieuse par l’Eglise.
Les risques du métier : l’"engrossement"
Elle continue à travailler, car les clercs n’estiment pas que les coïts avec « femme grosse » soit un pêché.
Curieusement, les prostituées enceintes sont assez rares. En tout cas, cela est peu évoqué. Il est d’ailleurs vraisemblable qu’elles cherchent à cacher au maximum une grossesse ou qu’elles n’en soient pas conscientes. Selon les mœurs de l’époque, les meretrices sont peu fécondes ; car maléfique. L’avortement est licite pour la prostituée. Mais si elle tombe enceinte, deux solutions s'offrent à elle : soit elle se marie et élève son enfant, soit elle l’abandonne l’enfant dans un hôpital ou en tant qu’oblat. Rares sont les femmes qui peuvent continuer la prostitution en élevant un enfant.
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Les Causes de la prostitution
La principale cause de la prostitution est la marginalité. Ces femmes, exclues de la société, n’ont plus d’autres choix que de se prostituer afin de subvenir à leur besoin. Cependant, l’exclusion de ses femmes résulte de facteurs aussi nombreux que divers.
Le terme « viol » n’apparaît qu’au XVIII° siècle. Avant on parle d’efforcement ou de défloration si le viol a lieu sur une femme vierge. Les femmes victimes de ses viols sont rarement des fillettes car l’homme sera réprimé très sévèrement, ni des femmes de milieu aisée car cela peut être parfois considéré comme un crime.
La clientèle du prostibulum
Conformément au règlement, seuls les jeunes hommes non mariés peuvent entrés au prostibulum. Ces jeunes hommes sont des gens de la ville ou de passage. En effet, les prostibulum s’établissent surtout dans les filles de foire. Il existe d’ailleurs des prostibulum ambulant qui se déplacent en fonction des foires et s’installent sous autorité de la ville. Dans le prostibulum, la clientèle est stable et souvent locale, et réglementaire car les sanctions peuvent être lourdes. Selon les mœurs de l’époque, il n’y a aucun mépris envers le jeune fornicateur. Les jeunes ne se sentent pas en faute : C’est Nature qui les pousse à prendre leur plaisir. « La fornication étaient pour les jeunes une coutume » : le but tacite est enseignements du sexe aux hommes.
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Dans les étuves, ce sont les hommes mariés, ou clercs que l’on retrouve. Ils ont moins de risque d ‘être découverts. Ce lieu, plus ambiguë, n’est pas soumis à la visite du guet (mais plus cher).
La prostituée ne porte pas de costume particulier, que ce soit sur la forme ou les couleurs. Il suit l’évolution du costume de la femme. Cependant, la condition de ces femmes déshonnêtes soit être visible dans la tenue. A défaut de porter un costume particulier, la prostituée ou plutôt la mérétrice se doit de respecter certains interdits. Cela est encore plus vrai dès le milieu de XV° siècle. Ce n’est pas seulement le vêtement, mais la manière de la porter qui montre l’ordre social. Selon Christine de Pisan « tout raffinement vestimentaire qui dépasse les usages de son rang et à blâmer ».
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En fonction des villes, et des époques cela varie. Certaines villes imposent le port d’une marque, en générale jaune (couleur de la trahison) ou le vert (couleur du malheur). Cette marque peut être un bout de tissu cousu sur la robe ou le port d’une aiguillette au bras, à la coiffe. Chaque décret est spécifique.
Sources :
Jacques ROSSIAUD, la prostitution Médiévale, édition Flammarion 1988
Brigitte ROCHELANDET, Histoire de la prostitution du Moyen Age au XX° siècle, édition Cabédita 2007
Histoire et images médiévales, Thématique n°30- 2012, Les secrets de la mode féminine
Carnet d'Histoire
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Quand l’Assomption de la Vierge était la fête nationale
Les Français, qui aiment pourtant célébrer les anniversaires, ont tristement négligé, l’an dernier, le centenaire de la publication, par le pape Pie XI, de la lettre apostolique Galliam, Ecclesiae filiam primogenitam (« France, fille aînée de l’Église »), le 22 mars 1922. Ce pontife y déclarait et confirmait, « dans la plénitude de [son] pouvoir apostolique […] que la Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité ». Sainte Jeanne d’Arc lui était associée comme patronne secondaire. Pie XI rappelait aussi que « selon un ancien adage […] "le royaume de France" a été appelé le "royaume de Marie", et cela, à juste titre ».
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L’histoire corrobore l’adage. Dès 813, au concile de Mayence, réuni par Charlemagne, la commémoration, le 15 août, de l’Assomption de la Vierge Marie fut érigée en fête d’obligation dans tout l’Empire carolingien. Au XVIIe siècle, elle devint la fête nationale de la France, par l’effet du « vœu de Louis XIII ».
En août 1636, la France est en guerre avec l’Espagne. Après une série de revers français, l’ennemi menace Pontoise et Paris. Le roi Louis XIII décrète alors la levée du ban et de l’arrière-ban et prend la tête de l’armée. Implorant la Vierge, il fait aussi placer une lampe perpétuelle devant l’autel de Notre-Dame de Paris. La situation militaire se redresse et pour remercier la Mère de Dieu de sa protection, le roi de France décide, en décembre 1637, de lui consacrer sa personne, son État, sa couronne et ses sujets. Par lettres patentes, signées le 10 février 1638 à Saint-Germain-en-Laye, il ordonne que chaque année, lors de la fête de l’Assomption, des processions solennelles soient organisées dans toutes les paroisses du royaume en l’honneur de la Sainte Vierge, patronne principale de la France. La consécration religieuse a lieu le 15 août de la même année, en l’église du couvent des Minimes d’Abbeville. Le roi prévoit, en outre, de reconstruire le maître-autel de la cathédrale de Paris, auprès duquel sera placé un groupe statuaire le représentant agenouillé, offrant sa couronne à la Vierge représentée en pietà. Ce groupe ne sera réalisé qu’à la fin du règne de Louis XIV, qui y ajoutera sa propre effigie.
Contrairement à ce qui est parfois écrit, ce n’est donc pas la conception d’un dauphin qui fut directement à l’origine du vœu royal, mais les Français lièrent naturellement les deux événements. Depuis son mariage avec Louis XIII en 1615, la reine Anne d’Autriche avait fait quatre fausses couches et multiplié vainement les pèlerinages et dons aux sanctuaires pour avoir un fils. Les relations entre les époux étaient mauvaises. La reine, par ailleurs hostile à la politique de Richelieu, avait été récemment convaincue d’avoir trahi la France en renseignant ses frères, le roi d’Espagne Philippe IV et le cardinal-infant Ferdinand d’Autriche. Louis avait pardonné, mais Anne pouvait craindre d’être répudiée. Or, le 27 octobre 1637, le frère Fiacre, religieux augustin desservant de la basilique Notre-Dame des Victoires, à Paris, a une apparition mariale. La Sainte Vierge lui montre un enfant qu’elle présente comme « le Dauphin que Dieu veut donner à la France » et demande que la reine fasse dire trois neuvaines, l’une à Notre-Dame des Grâces à Cotignac, en Provence, les deux autres à Notre-Dame de Paris et à Notre-Dame des Victoires. Le jour où s’achève la dernière neuvaine, 5 décembre 1637, Louis XIII, se rendant à Saint-Maur, s’arrête au monastère de la Visitation Sainte-Marie, rue Saint-Antoine, à Paris, où Louise-Angélique de La Fayette, jeune femme dont il a été éperdument amoureux, fait son noviciat. La nouvelle religieuse l’incite à se réconcilier avec la reine. Or, lorsque le roi veut reprendre sa route, un violent orage l’en empêche, le contraignant à passer la nuit au Louvre, où se trouve Anne d’Autriche. Neuf mois plus tard, le 5 septembre 1638, la reine met au monde un fils, baptisé Louis Dieudonné – le futur Louis XIV. Le couple royal, comme ses sujets, attribue cette naissance à la protection divine.
Le Roi-Soleil lui-même se rendra en action de grâce à Cotignac, en 1660. Par la suite, Louis XV et Louis XVI (en 1790) renouvelleront aussi le vœu de Louis XIII. La célébration de la fête de l’Assomption sera interrompue pendant la Révolution, mais Napoléon – né le 15 août 1769 – la rétablira comme fête nationale. En 1880, la IIIe République lui substituera le 14 juillet.
Eric Letty, Journaliste Histoire et Religion, BV
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ANNE DE BRETAGNE
La Duchesse de Bretagne, deux fois Reine de France (1477-1514)
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Anne de Bretagne, estampe. [s.d]. Archives départementales du Morbihan, 2 Fi 42
Héritière du Duché de Bretagne, Anne de Bretagne est une femme convoitée dès son plus jeune âge. Elle marquera l’Histoire de France en devenant Reine de France à deux reprises, ralliant ainsi la Bretagne au territoire de France. Au XVème siècle, la Bretagne est un Duché indépendant du Royaume. Les Rois de France souhaitent successivement intégrer ce territoire à la Couronne. Epouser Anne, sa Duchesse, devient alors un véritable enjeu politique. Mais cette femme illustre au destin royal verra sa vie rythmée par le deuil.
Anne de Bretagne, héritière du Duché de Bretagne
La fille de François II reçoit une riche éducation
C’est au Château Ducal de Nantes qu’Anne de Bretagne voit le jour, le 25 janvier 1475. Elle est la fille de François II – Duc de Bretagne, et Marguerite de Foix – héritière de Navarre. La Bretagne est alors un Duché indépendant du Royaume de France. Le père d’Anne, le Duc de Bretagne, est un fervent ennemi de Louis XI, Roi de France. François II et Marguerite de Foix confient rapidement la tutelle d’Anne de Bretagne et sa sœur cadette Isabelle, au Maréchal de Rieux. Sa gouvernante, Françoise de Dinan, donne aux deux fillettes une éducation riche et soignée digne de leur rang. Elles apprennent l’Histoire, le latin, la musique. De par son statut d’aîné, Anne de Bretagne doit également apprendre à gérer le Duché, qui lui reviendra de plein droit. En l’absence d’héritier mal, c’est en effet aux mains d’Anne que reviendra le territoire de la Bretagne. Ce qui arrive très rapidement. En 1486, alors qu’elle n’est âgée que de 9 ans, Anne de Bretagne perd sa mère Marguerite de Foix. Deux ans plus tard, c’est son père, François II, qui rend l’âme. Anne devient Duchesse de Bretagne alors qu'elle est seulement âgée de onze ans.
L’héritière se voit très convoitée par la gente masculine. Il faut dire que sa dote est particulièrement intéressante. Un mariage avec Anne de Bretagne sous-entend un mariage avec le territoire breton. A seulement quatre ans, la jeune fille voit sa main promise au Prince de Galles, fils aîné du Roi d’Angleterre. Son père François II a négocié un contrat avec le Souverain anglais Edouard IV, cherchant un appui contre le Royaume de France. Mais ce projet s'effondre rapidement. Parmi les nombreux prétendants, on peut citer François de Rohan, Maximilien d’Autriche, et sire d’Albrecht – neveu de Jean II de Rohan.
Mariage avec Maximilien Ier de Habsbourg, roi des Romains
Le choix se porte finalement sur Maximilien Ier de Hasbourg, âgé de 31 ans et déjà veuf de Marie de Bourgogne, sa première épouse. Anne de Bretagne est alors âgée de 13 ans. Fils de l’Empereur Frédéric III, Maximilien devient Roi des Romains en 1486. Le Souverain est un homme distingué et doté d’une grande culture. Mais son manque de fortune et la menace turque qui plane sur son pays ne lui permettent pas de se déplacer pour ses épousailles. C’est ainsi qu’à la fin de l’année 1490, un Ambassadeur d’Autriche fait le déplacement jusqu’en Bretagne, pour représenter Maximilien Ier de Habsbourg lors de son mariage par procuration. Les noces ont lieu dans la Cathédrale de Rennes. Pour officialiser l’union, une coutume allemande est proposée. Après la cérémonie religieuse, Anne se couche sur le lit, sortant sa jambe gauche dénudée. L’Ambassadeur sort quant à lui sa jambe droite dénudée pour la positionner à côté de la jeune mariée. L’union est consommée…par procuration.
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Portrait de Maximilien Ier de Hasbourg – Roi des Romains
Du côté de la Cour de France, ce mariage provoque une vive explosion de rage. François II, le défunt père d’Anne de Bretagne, avait convenu d’un traité avec le jeune Roi de France Charles VIII : le Traité de Verger. Il stipulait que le Roi de France devrait donner son accord pour le mariage d’Anne de Bretagne. Son accord n’a aucunement été requis pour son union avec Maximilien Ier. Le Roi Charles VIII et son armée investissent alors toute la Bretagne, mènent un siège devant Rennes où se trouve Anne. La stratégie du Monarque est simple : causer la famine pour faire céder la Duchesse. Le siège va durer 2 mois. 2 mois durant lesquels Charles VIII tente de faire plier Anne. Elle finit par céder et accepte les conditions du traité proposé par Charles VIII. Le Roi de France demande à son fidèle compagnon Louis d’Orléans, qu’il vient de faire libérer de prison après une bataille, d’aller quérir la main de la Duchesse à sa place. C’est un refus catégorique pour Anne, scandalisée par cette proposition alors qu’elle est déjà mariée à Maximilien d’Autriche. Notons que Charles VIII est quant à lui marié avec la fille de Maximilien d’Autriche. Et il faut dire que Charles VIII, que l’on qualifie de « benêt », est clairement laid et bossu.
Anne de France épouse le Roi Charles VIII et devient Reine de France
Quelques semaines plus tard, Charles VIII s’introduit une nouvelle fois dans la ville de Rennes, jusqu’aux portes d’Anne de Bretagne. Cette fois-ci, il est accompagné de 100 hommes d’armes et 50 archers, très déterminé à obtenir ce qu’il désire : la Duchesse de Bretagne. Les jeux sont faits pour la jeune femme. Sans protection, le Roi de France à sa porte, elle finit par céder. Trois jours plus tard, les fiançailles d’Anne de Bretagne et Charles VIII sont annoncées, sans que leurs mariages respectifs ne soient annulés. Fier de lui, le Roi Charles VIII écrit à sa sœur Anne de Beaujeu :
"Madame, vous pouvez être satisfaite, j'ai pris Rennes et la fille qui est dedans par les moyens que je souhaitais"
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Le Roi Charles VIII et la Reine Anne de Bretagne
Ce mariage doit tout de même obtenir la validation du Pape, les deux jeunes gens étant cousins à un degré prohibé. Les noces royales entre Charles VIII et la Duchesse de Bretagne sont finalement célébrées le 6 décembre 1491 dans la chapelle du Château de Langeais. Les noces ne sont pas célébrées en grande pompe. La discrétion et l’intimité sont de mise, dus au fait que les premiers mariages respectifs d’Anne et de Charles n’étaient toujours pas annulés.
La Duchesse de Bretagne devient ainsi Reine de France, et se voit couronnée le 8 février 1492 dans la Basilique de Saint-Denis. Bien que Anne conserve son titre de Duchesse, cette union lui interdit formellement d’utiliser son titre, représentant ainsi un acte de paix entre la France et la Bretagne. Ainsi, par leur union, le Roi de France, Charles VIII, prend les rênes du territoire breton.
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Couronnement de la Duchesse Anne de Bretagne
La Reine de France fait le deuil de ses enfants
Anne de Bretagne est une femme forte, cultivée, et en capacité de comprendre les intérêts du pays et sa politique. Pourtant, la Reine de France n’a aucune influence sur le règne de son époux Charles VIII et sur le royaume. Son mariage avec le Roi se résume à son rôle de procréatrice. Elle doit donner un héritier mâle à la couronne de France. Les grossesses se succèdent pour la Reine : Six enfants en six ans. Et pourtant, un drame dans la vie d’Anne de Bretagne. En effet, son premier enfant, un fils, meurt à l’âge de trois ans. Les autres décèdent encore plus précocement. Ces malheurs seraient-ils liés au fait que les deux époux royaux étaient cousins, ou était-ce dû au jeune âge de la Reine ? Quoiqu’il en soit, Anne ne donnera jamais d’héritier mâle à son Souverain. Malgré les drames, ce mariage semble tout de même heureux. Certains historiens pensent que la Duchesse de Bretagne tomba amoureuse de Charles VIII.
Un nouveau malheur survient : Charles VIII, le Roi de France décède. Le 7 avril 1498, alors qu’il se rendait à une partie de jeu de paume dans les fossés du Château d’Amboise, le Roi se cogne fortement la tête au linteau d’une porte basse. Il s’éteint dans la nuit même.
Mariage entre Anne de France et Louis XII
Le contrat de mariage était très clair : si le Roi venait à mourir, l’épouse royale devait se remarier avec l’héritier du trône. Anne de Bretagne fini donc par épouser Louis XII, qui n’est autre que Louis d’Orléans, le fidèle compagnon de Charles VIII qui demanda sa main à la Duchesse.
Le nouveau Roi de France, Louis XII, est éperdument amoureux de sa belle depuis de nombreuses années. Âgé de 35 ans, il peut lui déclarer sa flamme à l’amour de sa vie, sans craindre la fureur de Charles VIII. Pendant le mariage d’Anne de Bretagne et Charles VIII, Louis XII reste fidèle au couple royal. Malgré l’amour qu’il ressent pour la Reine de France, il servira avec bravoure son Souverain, et saura garder son désir profondément cacher. Le décès de son ami cher, le Roi de France, lui permet de prendre la couronne, et d’épouser la femme qu’il aime. Anne, alors âgée de 24 ans, est sensible au charme de celui qui a toujours été prévenant avec elle. Elle aime ses manières, le respect qu’il a pour elle. Déjà marié à Jeanne la Boiteuse, sa femme depuis 22 ans, Louis XII obtient l’annulation du mariage par le Pape. C’est ainsi que le 8 janvier 1499, un nouveau mariage royal est célébré à Nantes : celui de Louis XII avec Anne de Bretagne, qui devient ainsi Reine de France pour la seconde fois.
La paix qui règne sur le Royaume de France est à l’image du couple royal. Louis XII chérit celle qui appelle « ma Bretonne ». La Reine de France est définitivement tombée amoureuse de son Souverain. Le roi qui a pour surnom « Le Père du Peuple » a conquis sa belle.
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Reconstitution en cire du mariage de la Reine Anne de Bretagne et du Roi Louis XII. Château de Langeais, Indre-et-Loire, France
Mais une épreuve l’attend encore. De ce nouveau mariage, la Cour attend avec hâte un héritier mâle capable de succéder à Louis XII. Mais tout le monde connaît les difficultés rencontrées par la Reine, qui a enchaîné les grossesses sans pouvoir donner d’enfant à Charles VIII. On imagine donc la lourde responsabilité qui pèse sur ses épaules. Neuf mois après les noces, la Reine Anne de Bretagne met au monde une fille. Claude naît le 15 octobre 1499, faisant d’Anne une mère comblée. Trois ans plus tard, elle met au monde un garçon, mais qui ne survit pas. Ce n’est que onze ans plus tard que Louis XII et Anne de Bretagne deviennent à nouveau parent d’une petite fille prénommée René. Pendant les onze années qui séparent les deux naissances, Anne de Bretagne aura une nouvelle fois eut plusieurs grossesses mais sans pouvoir donner d’héritier à la Couronne. Cet espoir va s’éteindre le 9 janvier 1514, lorsque Anne de Bretagne décède de calculs rénaux à seulement 37 ans.
Des funérailles fastueuses pour Anne de Bretagne
Le 2 janvier 1514, Anne de Bretagne tombe gravement malade. Celle qui aura voué sa vie à son Duché la Bretagne, tout en endossant les responsabilités qui pèsent sur une Reine de France, résiste à la mort pendant 7 jours. Elle succombe finalement le 9 janvier 1514 à une maladie qui génère des calculs rénaux. En Reine de France et Duchesse de Bretagne, aimée de tous, Anne est ensevelie dans la Basilique Saint-Denis. Ses funérailles sont somptueuses, et vont durer près de 40 jours. Anne de Bretagne restera à jamais dans l’esprit des bretons.
Son testament dicte la répartition de son corps, privilège accordé aux Capétiens. La Duchesse de Bretagne exige que son cœur repose ainsi à Nantes. Son reliquaire arrive à Nantes le 13 mars 1514 et est déposé dans l’Eglise des Chartreux de façon provisoire. 6 jours après, il est arrive finalement au Couvent des Carmes de Nantes, dans le tombeau de son père François II.
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Ecrin contenant le cœur d’Anne de Bretagne à Nantes
A la mort de sa bien-aimée, le Roi Louis XII est effondré. Il perd l’amour de sa vie, "sa Bretonne", comme il aimait à la nommer. Il n’a qu’une envie, la rejoindre dans l’au-delà :
"Avant que soit passé l'An, je serais avec elle et lui tiendrai compagnie"
Avant de retrouver sa belle, le Roi Louis XII profitera tout de même de la compagnie d’une autre femme : Marte d’Angleterre, qu’il épouse en octobre 1514. Le Roi Louis XII rejoindra finalement Anne de Bretagne, deux ans plus tard et sera enseveli auprès d'elle. Il décède dans la nuit du 31 décembre 1515 au 1er janvier 1515.
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linstantdavant · 4 months
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Podcast : [2/2] Alexandre le Grand, l’ivresse des conquêtes
Écoutez la suite du récit consacré au conquérant Alexandre le Grand. Le prince de Macédoine a été élevé par sa mère Olympias pour conquérir le monde et diffuser la culture grecque. Devenu roi après la mort de son père Philippe II, Alexandre hérite d’un royaume puissant et d’une armée expérimentée.
Convaincu d’avoir le soutien des dieux, Alexandre le Grand veut reprendre le projet panhéllenique de son père : il souhaite réunir l’ensemble des Grecs. En 334 av. J.-C, il rassemble la Macédoine et les cités grecques dans une coalition pour envahir l’Empire perse. Annoncé par les devins comme l'enfant du destin, Alexandre se lance alors à la conquête de l’est.
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linstantdavant · 4 months
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Que fête t'on le 31 Décembre ?
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Sylvestre 1er, pape en 314-335, d'après un médaillon en mosaïque de la Basilique Saint Paul Hors Les Murs (Rome)
Que fête-t-on le 31 décembre au soir ? La fin d'une année de labeur et le début d'une année de bonheur, hasardera-t-on. Ou la bonne occasion de nocer et de faire la bringue jusqu'au bout de la nuit. Saint Sylvestre, 33e pape de l'Église catholique, pourrait être le saint patron des fêtards. Mais parce qu'il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu, qui était saint Sylvestre?
Saint-Sylvestre, protecteur de Thimotée
Selon la tradition catholique, le citoyen romain Sylvestre brille d'abord en protégeant un certain Timothée, un ardent défenseur de la foi chrétienne qui meurt martyr. Alors que le préfet romain menace Sylvestre, à son tour, pour avoir caché la dépouille de Timothée, il lui aurait répondu: «Insensé, c'est toi-même qui, cette nuit, vas rendre compte à Dieu». Le dignitaire romain, frappé du courroux céleste, serait mort dans la nuit, étouffé par une arête de poisson.
Sylvestre est ordonné prêtre par le pape Saint Marcellin. En 314, il devient le 33e pape de l'Église. À cette époque, règne Constantin. La célèbre Légende dorée de Jacques de Voragine, une vie des saints écrite au XIIIe siècle, lui fait l'éloge d'avoir converti l'empereur au christianisme en le guérissant de la lèpre par le baptême. Selon certains historiens, le souverain aurait bien plutôt épousé la foi chrétienne pour des raisons politiques, sensible au succès grandissant du christianisme. Le dominicain Jacques de Voragine raconte aussi que Sylvestre aurait aussi dompté un dragon en lui soufflant à l'oreille «les paroles du Saint-Esprit». Il meurt le 31 décembre 335.
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Donation de Constantin: Constantin 1er (272-337) dit Constantin le Grand, empereur romain en 306-337, fresque anonyme du 13e siècle (Rome, Basilique des Quatre Saints Couronnes) le représentant accordant l'acte de suprématie de l'Église sur l'Occident au pape Sylvestre (314-335). On découvrit au 15e siècle que la donation était un faux visant à asseoir l'autorité de la papauté au Moyen-Âge contre les Byzantins. Rue des Archives/© Granger NYC/Rue des Archives
Saint-Sylvestre était pontife lors du concile de Nicée
Sylvestre Ier tient les rênes de l'Église au moment d'une époque charnière du christianisme. En 313, Constantin 1er avait promulgué l'édit de Milan qui tolérait le christianisme. Sous le pontificat de Sylvestre se tient le concile de Nicée, qui réunit à la demande de l'empereur, en 325, les évêques d'Orient et d'Occident. Les canons qui y sont adoptés décrètent notamment que l'arianisme est une hérésie. La doctrine établissait que le Christ, puisqu'il était créé après le Père, ne pouvait avoir une nature similaire à celui-ci. Et lui était donc inférieur.
Pontife effacé ou fatigué, Sylvestre laisse le soin à Constantin de se rendre au concile à sa place et d'affermir le canon chrétien. C'est également l'empereur qui entreprend la construction du Saint Sépulcre de Jérusalem un vaste complexe bâti sur le lieu présumé du tombeau d'où le Christ aurait ressuscité, d'après les Évangiles.
Les éloges, justifiés ou non, réservés par les traditions chrétiennes à Constantin auront sans doute obscurci la figure de saint Sylvestre. La fête du nouvel an viendra mettre en lumière son nom des siècles plus tard, quand Charles IX, établit en 1564 le 1er janvier comme premier jour de la nouvelle année.
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Chef Reliquaire de Sylvestre Ier de 1367, musée d'Art sacré de Zadar, Croatie
Le Figaro Culture
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Que fête t'on le 31 Décembre ?
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Sylvestre 1er, pape en 314-335, d'après un médaillon en mosaïque de la Basilique Saint Paul Hors Les Murs (Rome)
Que fête-t-on le 31 décembre au soir ? La fin d'une année de labeur et le début d'une année de bonheur, hasardera-t-on. Ou la bonne occasion de nocer et de faire la bringue jusqu'au bout de la nuit. Saint Sylvestre, 33e pape de l'Église catholique, pourrait être le saint patron des fêtards. Mais parce qu'il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu, qui était saint Sylvestre?
Saint-Sylvestre, protecteur de Thimotée
Selon la tradition catholique, le citoyen romain Sylvestre brille d'abord en protégeant un certain Timothée, un ardent défenseur de la foi chrétienne qui meurt martyr. Alors que le préfet romain menace Sylvestre, à son tour, pour avoir caché la dépouille de Timothée, il lui aurait répondu: «Insensé, c'est toi-même qui, cette nuit, vas rendre compte à Dieu». Le dignitaire romain, frappé du courroux céleste, serait mort dans la nuit, étouffé par une arête de poisson.
Sylvestre est ordonné prêtre par le pape Saint Marcellin. En 314, il devient le 33e pape de l'Église. À cette époque, règne Constantin. La célèbre Légende dorée de Jacques de Voragine, une vie des saints écrite au XIIIe siècle, lui fait l'éloge d'avoir converti l'empereur au christianisme en le guérissant de la lèpre par le baptême. Selon certains historiens, le souverain aurait bien plutôt épousé la foi chrétienne pour des raisons politiques, sensible au succès grandissant du christianisme. Le dominicain Jacques de Voragine raconte aussi que Sylvestre aurait aussi dompté un dragon en lui soufflant à l'oreille «les paroles du Saint-Esprit». Il meurt le 31 décembre 335.
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Donation de Constantin: Constantin 1er (272-337) dit Constantin le Grand, empereur romain en 306-337, fresque anonyme du 13e siècle (Rome, Basilique des Quatre Saints Couronnes) le représentant accordant l'acte de suprématie de l'Église sur l'Occident au pape Sylvestre (314-335). On découvrit au 15e siècle que la donation était un faux visant à asseoir l'autorité de la papauté au Moyen-Âge contre les Byzantins. Rue des Archives/© Granger NYC/Rue des Archives
Saint-Sylvestre était pontife lors du concile de Nicée
Sylvestre Ier tient les rênes de l'Église au moment d'une époque charnière du christianisme. En 313, Constantin 1er avait promulgué l'édit de Milan qui tolérait le christianisme. Sous le pontificat de Sylvestre se tient le concile de Nicée, qui réunit à la demande de l'empereur, en 325, les évêques d'Orient et d'Occident. Les canons qui y sont adoptés décrètent notamment que l'arianisme est une hérésie. La doctrine établissait que le Christ, puisqu'il était créé après le Père, ne pouvait avoir une nature similaire à celui-ci. Et lui était donc inférieur.
Pontife effacé ou fatigué, Sylvestre laisse le soin à Constantin de se rendre au concile à sa place et d'affermir le canon chrétien. C'est également l'empereur qui entreprend la construction du Saint Sépulcre de Jérusalem un vaste complexe bâti sur le lieu présumé du tombeau d'où le Christ aurait ressuscité, d'après les Évangiles.
Les éloges, justifiés ou non, réservés par les traditions chrétiennes à Constantin auront sans doute obscurci la figure de saint Sylvestre. La fête du nouvel an viendra mettre en lumière son nom des siècles plus tard, quand Charles IX, établit en 1564 le 1er janvier comme premier jour de la nouvelle année.
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Chef Reliquaire de Sylvestre Ier de 1367, musée d'Art sacré de Zadar, Croatie
Le Figaro Culture
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linstantdavant · 4 months
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Podcast : [1/2] Alexandre le Grand, l’ivresse des conquêtes
Virginie Girod vous raconte l’histoire du souverain macédonien, Alexandre le Grand. Écoutez ce récit inédit en deux parties dans lequel le divin est omniprésent. Alexandre le Grand… son nom évoque les conquêtes de la Grèce en 333 av. J.-C jusqu’aux portes de l’Inde. Élève d’Aristote, fils de Philippe II, ce souverain macédonien est connu pour avoir fondé Alexandrie, le port le plus florissant d’Égypte. C’est là que se trouve le phare considéré comme l’une des 7 merveilles du monde. Jules César, Louis XIV et Napoléon… tous les grands hommes ont voulu lui ressembler. Il incarne à la fois la virilité triomphante et les amours homosexuelles.
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linstantdavant · 4 months
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Podcast : [2/2] Alexandre le Grand, l’ivresse des conquêtes
Écoutez la suite du récit consacré au conquérant Alexandre le Grand. Le prince de Macédoine a été élevé par sa mère Olympias pour conquérir le monde et diffuser la culture grecque. Devenu roi après la mort de son père Philippe II, Alexandre hérite d’un royaume puissant et d’une armée expérimentée.
Convaincu d’avoir le soutien des dieux, Alexandre le Grand veut reprendre le projet panhéllenique de son père : il souhaite réunir l’ensemble des Grecs. En 334 av. J.-C, il rassemble la Macédoine et les cités grecques dans une coalition pour envahir l’Empire perse. Annoncé par les devins comme l'enfant du destin, Alexandre se lance alors à la conquête de l’est.
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linstantdavant · 8 months
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PHILIPPE IV, dit le BEL
(1268-1314)
Les rois maudits
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En 1284, Jeanne de Navarre apporte en dot à celui qui n’est encore que le fils de Philippe III le Hardi, la Champagne et la Navarre. A la mort de son père, Philippe IV, son époux a dix-sept ans. Il est beau, mais si la beauté et la régularité de ses traits sont incontestables, nul ne sait qui est ce roi qui demeure énigmatique.
Le règne de Philippe IV le Bel
Philippe IV monte sur le trône en 1285. De celui qu’on appela Philippe le Bel, l’évêque Bernard Saisset, son ennemi, pouvait affirmer : 
« Notre roi est comme le grand duc, le plus beau des oiseaux, mais qui ne vaut rien. Il ne sait que regarder fixement les gens sans parler. » 
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Pourtant ce roi de marbre, ce roi secret qui présidait les assemblées sans dire un mot savait prendre des décisions. Il écoutait d’abord l’avis des uns et des autres puis il tranchait sans appel. Nul plus que lui ne s’est efforcé d’accroître les pouvoirs monarchiques et de les faire respecter partout dans le royaume. Ayant été sacré à Reims, comme ses prédécesseurs, il se considérait comme le dépositaire d’une puissance sacrée et jugeait n’avoir de compte à rendre qu’à Dieu. Il exigeait des seigneurs du royaume, ses vassaux, qu’ils obéissent et se soumettent avec docilité à ses décisions souveraines; du contrat féodal qui le liait à eux, il retenait leurs obligations et ne faisait que peu de cas des siennes.
Edouard Ier rend hommage à Philippe le Bel
Comme il est d’usage pour le vassal et son suzerain, le roi d’Angleterre Edouard Ier, qui possède le duché de Guyenne, donne le baiser au cours de la cérémonie d’hommage au roi de France.
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Edouard 1 er, roi d'Angleterre, donne un baiser au roi de France, Philippe IV, lors de son courronement, Bnf
Le conflit avec la papauté
Cherchant à briser ce qui pouvait être un obstacle à l’exercice de son autorité, il était inévitable que Philippe entrât en conflit avec le pape : chef suprême de l’Eglise, celui-ci prétendait détenir un pouvoir supérieur à celui du roi, et se considérait comme « empereur du monde », il ne cachait pas son désir de voir naître un empire chrétien unifié sous l’égide d’un souverain religieux. Le désaccord entre la monarchie et la papauté éclata sur une question d’argent, car Philippe n’acceptait pas que les revenus de l’Eglise de France aillent grossir le trésor du pape en Italie. En 1296, Philippe impose une taxe au clergé. Le pape riposte et menace le roi de France d’excommunication. En 1302, Philippe réunit pour la première fois l’assemblée des Trois Etats (ancêtre des états généraux), il réclame alors la déposition du pape par un concile. Le conflit atteignit son point culminant en 1303, Guillaume De Nogaret  arrêtant le pape Boniface VIII. Après la mort du pape Benoît XI, Philippe le Bel fit désigner l’archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, qui devint en 1305 pape sous le nom de Clément V et qui s’installa à Avignon en 1308. Ses successeurs y resteront jusqu’en 1376. De cette manière, le roi parvint à placer l’Eglise dans la dépendance de la couronne de France et à détacher l’influence papale sur les rois chrétiens.
L'épisode d'Anagni
En 1303, Philippe le Bel décide alors, sur conseil de Guillaume de Nogaret, de faire arrêter le Pape. Ce dernier se rend dans la petite ville d’Anagni où le Pape séjournait, il somme alors le pontife de le suivre à Lyon. Boniface VIII se serait défendu ainsi : “Voici ma tête ! Moi, légitime vicaire du Christ, je souffrirai d’être condamné, déposé et même martyrisé pour la liberté de l’Église” en traitant Guillaume de Nogaret de “fils de Cathare”. Une légende probablement fausse prétend que Nogaret aurait même giflé le pape. Les assaillants sont cependant contraints de quitter la ville au bout de deux jours. Mais profondément humilié, Boniface, déjà âgé de 60 ans mourut un mois plus tard.
Les difficultés financières du roi
A mesure que les années passaient, les besoins financiers de Philippe le Bel  s’accroissaient. Comment ramasser plus d’argent, comment se procurer des ressources nouvelles ? Ce n’était pas si simple à la vérité, car le roi était loin de faire exactement ce qu’il voulait. La petite noblesse provinciale et les bourgeoisies urbaines acceptaient mal que les agents royaux vinssent empiéter sur leurs droits. On ne pouvait dans ces conditions tabler sur des revenus réguliers et les emprunts ne parvenaient pas toujours à combler le déficit qui se creusait entre les dépenses et les recettes. Il fallut donc souvent avoir recours à des moyens plus expéditifs, la dévaluation de la monnaie par exemple. Celle qui fut décidée en 1306 eut pour conséquence directe le triplement des loyers parisiens. Furieux, le peuple de la capitale se souleva. Le roi dut se réfugier dans la tour du Temple, et le Conseil, réuni de toute urgence, décida « que les loyers continueraient d’être payés à leur ancien taux réel. » Le souverain en était quitte pour trouver de l’argent ailleurs. Il se tourna vers les juifs d’abord, vers les templiers ensuite.
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Philippe IV entouré de ses héritiers et de ses légistes
L’extension du domaine royal
A quel usage Philippe le Bel destinait-il ces sommes d’argent, toujours insuffisantes, qu’il tentait de se procurer par tous les moyens ? Pour une bonne part, à la guerre. Deux conflits marquèrent le règne. En Guyenne, la tension ne s’apaisa que rarement avec ce vassal trop puissant qu’était le roi d’Angleterre. Mais c’est surtout la Flandre que Philippe tenta d’annexer. La discorde entre le comte de Flandre et le roi de France se doublait d’un conflit opposant dans les grandes villes « drapantes » (celles où l’on produisait des tissus et des draps) la bourgeoisie marchande, qui parlait le français, et le peuple des travailleurs, de culture flamande. Ayant fait emprisonner le comte de Flandre après l’avoir attiré par ruse à Paris, Philippe le Bel  occupa la Flandre en 1300. Deux ans plus tard, au cours des Mâtines de Bruges, la population flamande massacra la garnison française au pied de leur lit. Pour les punir, Philippe envoya une armée en Flandre qui, contre toute attente, fut battue le 11 juillet 1302 à Courtrai par les insurgés flamands : 
« La beauté et la puissance d’une armée si forte tombèrent dans la fosse à fumier, écrit un chroniqueur de Gand, et là, la gloire des français devint une pourriture couverte de vermine »
On ne pouvait évidemment en rester là. En août 1304 à Mons-en-Pévèle, le roi, bien qu’ayant été renversé de son cheval et ayant dû se battre à coups de hache pour se dégager, entraîna son armée vers la victoire. Par la paix d’Athis, il put annexer la Flandre de langue française, avec les villes de Lille et Douai. Le comte de Flandre dut renouveler son hommage au roi de France, mais jusqu’à la fin du règne, et même au-delà, le comté de Flandre fut surveillé militairement, car la révolte ne cessait d’y gronder. Ainsi Philippe le Bel avait-il poursuivi la politique permanente des Capétiens d’agrandissement du domaine royal.
Défaite de Courtrai
Aussi appelée bataille des éperons d’or, la bataille de Courtrai voit naître un fait unique dans l’histoire militaire : des fantassins l’emportent sur des cavaliers.
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La chute des Templiers
Les Templiers
L’ordre du Temple est le plus prestigieux et le plus célèbre ordre de chevalerie du Moyen Âge. Il est né en Terre sainte, en 1119, après la première Croisade, à l’initiative du chevalier champenois Hugues de Payns qui voulait protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem. Il a été officialisé par le concile de Troyes, neuf ans plus tard à la demande de Bernard de Clairvaux. L’ordre tire son nom du temple de Salomon, à Jérusalem, où il a installé son siège à ses débuts. Outre la protection des pèlerins, les Templiers sont chargés de la protection des Lieux Saints en Palestine. Ils dépendent entièrement du pape, et bénéficient donc d’une indépendance totale face aux rois. La règle de l’ordre est rédigée par Bernard de Clairvaux (Saint Bernard), l’un des personnages les plus influents de son temps. Il associe la règle de Saint Benoît au concept nouveau de moine-soldat. Les Templiers sont voués à la chasteté, la pauvreté et l’obéissance, un Grand Maître est à la tête de l’ordre. En métropole, ils installent de nombreuses commanderies destinées au recrutement des nouveaux chevaliers et à l’hébergement des invalides. En Terre Sainte, ils construisent de grandes forteresses à l’architecture puissante et efficace : les kraks, tel que Mont Thabor en Palestine. Dès le début du XIIIe siècle, le Temple dispose d’une armée considérable, bien plus importante que celle qu’aurait pu lever un roi de la chrétienté. Animés d’une foi et d’un courage exemplaire, les Templiers font preuve d’innombrables faits d’armes, et ce, malgré le désastre de la bataille de Hattîn en 1187.
Sceau des Templiers
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L’histoire de l’ordre du temple est très énigmatique. De nombreux historiens et auteurs continuent de nous rapporter leur approche des énigmes, des mystères, de l’ésotérisme, de la tradition de l’ordre du temple. De nombreuses légendes viennent également enrichir la mythologie autour du fameux trésor des Templiers.
La contestation de l’ordre
Après la huitième croisade et la mort de Saint Louis, les positions franques en Terre sainte passent définitivement aux mains des Musulmans, en dépit de la résistance héroïque des Templiers au cours du siège de Saint-Jean d’Acre en 1291. Très vite, l’ordre perd de vue la reconquête des Lieux Saints et la plupart des moines soldats se sont reconvertis en usuriers. Il faut dire que des donations excessives ont rendu l’ordre extrêmement riche. Le Temple devient bientôt gérant des biens de l’Eglise et des rois d’Occident. A partir de là, l’opinion commence à s’interroger sur la légitimité de l’ordre. L’humilité et la pauvreté ont fait place à l’arrogance et à la luxure. Philippe le Bel, en conflit avec la papauté et en quête de fonds, est frustré de voir sur son royaume ces chevaliers exempts d’impôts et dépendants uniquement du pape. Depuis longtemps déjà, on parle d’une fusion du Temple avec l’ordre concurrent des Hospitaliers, afin d’obtenir une force suffisante pour lancer une nouvelle croisade. Mais le Grand Maître Jacques de Molay n’a qu’un seul but inavouable : conserver sa position au sein de l’ordre.
Le procès des Templiers
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Clément V et Philippe IV le Bel face aux Templiers, Maître de Boucicaut, xve siècle
En 1307, à la demande de Philippe le Bel, Guillaume de Nogaret conduit une véritable rafle policière. A l’aube du 13 octobre, les sénéchaux et les baillis arrêtent les 140 Templiers de Paris. Ils sont remis aux inquisiteurs dominicains, qui les font avouer sous la torture, des crimes tels que la sodomie ou la profanation de la croix. Pour le roi, il s’agit bien d’une confirmation sur la corruption et l’impiété de l’ordre. Face à cette arrestation, le pape y voit une offense à son pouvoir, mais on lui présente bientôt plusieurs chevaliers qui lui font la description des crimes commis par le Temple. Pour les défenseurs de l’ordre, il est évident que ces aveux ont été arrachés sous la torture. Mais en 1312, Clément V ordonne la suppression de l’ordre. Les biens des templiers sont transférés aux Hospitaliers, et le roi Philippe parvient à y gagner une part non négligeable. Après sept ans d’emprisonnement, le Grand Maître Jacques de Molay et son associé Geoffroy de Charnais sont condamnés au bûcher au terme d’un procès injuste. La légende veut qu’à l’instant de succomber sous les flammes, Jacques de Molay lance une malédiction au pape et au roi, les invitant à le rejoindre dans la mort dans l’année. La malédiction allait s’avérer, Clément V meurt un mois plus tard, Philippe le Bel et Guillaume de Nogaret décéderont dans l’année.
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L'ordre du Templier sur le bûcher en présence de Philippe IV le Bel, xve siècle
La malédiction du Grand Maître
« Pape Clément… chevalier Guillaume de Nogaret… roi Philippe… avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment !… Maudits ! Maudits ! vous serez tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races !… »
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Le donjon du château de Gisors, où furent emprisonnés les dignitaires de l'Ordre, dont Jacques de Molay
L’héritage du roi de fer
C’est grâce à l’influence du royaume de France sur la papauté, que Philippe le Bel, qu’on appelle aussi le roi de fer, a pu démanteler les Templiers. Mais cet épisode tragique ne doit pas faire oublier ce que ce roi peu aimé de son vivant, a pu apporter au royaume de France. Il se détacha de l’influence papale, accorda la liberté aux serfs, donna la parole au peuple (réunion de l’Assemblée des Etats), ses mesures pour la citoyenneté ont permis l’affaiblissement des grands féodaux. Il a également donné au pays l’administration la plus moderne de son temps et assuré une paix relative au cours de son règne. Enfin il s’attacha à l’avenir de sa dynastie : de son mariage avec Jeanne de Navarre, il eut quatre enfants qui atteignirent l’âge adulte, tous seront souverains.
L’aîné Louis X épousera Marguerite de Bourgogne, fille de Robert de Bourgogne.
Philippe V épousera Jeanne de Bourgogne, fille d’Othon de Bourgogne.
Charles IV épousera Blanche de Bourgogne, la sœur de Jeanne de Bourgogne.
Isabelle de France, la seule fille du roi, est quand à elle promise au roi d’Angleterre Edouard II.
L’affaire de la Tour de Nesles
C’est à la fin du règne du roi de fer, qu’un scandale mit en péril la dynastie capétienne. A l’origine de cette affaire, les jeunes brus de Philippe le Bel. Il y avait Marguerite, une jeune femme qui aimait la vie, Jeanne de Bourgogne et sa sœur Blanche, plus frivole que la précédente et facilement influençable par Marguerite. Ces jeunes femmes donnaient à la cour un air de gaieté très apprécié, qui s’opposait avec l’austérité du roi et de son entourage. Face à elles, leur belle-sœur Isabelle, fille du roi, vit un mariage désastreux avec le roi d’Angleterre Edouard II, qui préfère la compagnie des jeunes pages. C’est Isabelle qui fait part à son père de ses soupçons pour ses belles sœurs. En effet, elle a remarqué deux chevaliers, les frères d’Aunay, arborer les aumônières qu’elle avait offertes à ses belles sœurs. Le roi mène l’enquête, et il s’avère que Blanche et Marguerite sont reconnues d’adultère avec les deux frères Aunay. Elles se livraient à la débauche en plein Paris, dans la tour de Nesles, au bord de la Seine. Le scandale blessa considérablement le roi, très pieux, resté chaste depuis la mort de sa femme. Outre le préjudice moral, la dynastie pouvait se trouver en péril : on ne pouvait mettre en doute la royale paternité d’un futur roi. Le châtiment institué aux coupables fut exemplaire.
Marguerite est tondue puis emprisonnée à Château-Gaillard, dans une cellule située en haut du donjon, elle décédera peu après (probablement une exécution).
Blanche subira le même sort, mais en étant mieux traitée, dans un cachot enfoncé dans la terre. Transférée, elle finira sa vie dans un couvent.
Sa sœur Jeanne est moins coupable, dans la mesure où elle n’a pas dénoncé les deux amantes. Elle est cependant enfermée dans le château de Dourdan.
Les frères d’Aunay avouent sans tarder. Leur sexe tranché est offert aux chiens, ils sont ensuite décapités.
Les rois maudits
L’enchaînement des drames à la cour royale, et la malédiction lancé par le Grand Maître Jacques de Molay a donné lieu à l’appellation des rois maudits par le romancier Maurice Druon. Il se trouve cependant que l’affaire des brus de Philippe le Bel est appelé à tort scandale de la tour de Nesles. En réalité, cette bâtisse ne fut pas le théâtre de l’adultère des jeunes princesses.
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Philippe IV le Bel, roi de France, blessé par un sanglier lors d'une chasse dans la forêt de Pont-Ste-Maxence, le 4 novembre 1314. Cette miniature du "De casibus virorum illustrium", de Boccace, illustre l'accident de chasse dont Philippe le Bel mourut trois semaines plus tard, le 25 novembre 1314.
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