Tumgik
santiagotrip · 5 years
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Fin du voyage
Lundi 8 juillet - Mardi 9 juillet
Ce matin, je me suis levé tard. 7 heures. A partir de 5 heures du matin, il me presse de reprendre la mochila. Je n’arrive pas encore à me mettre dans la tête que c’est fini.
Aujourd’hui, j’ai commandé le promène-couillons pour Finisterre et Muxia. Finisterre parce que c’est la fin du monde (enfin à l’époque où on croyait que la terre était plate), et Muxia parce que c’est un lieu légendaire du périple de Saint Jacques : La Virgen de la Barca. Je raconterai après.
Bon, je vais pas vous la faire « carnets de voyage », j’en suis bien incapable et vous trouverez ça partout. Le rendez-vous est à 9h30 devant la Cathédrale. J’y suis. Vous ne le croirez jamais : Les premières personnes que je vois, auprès du guide (il est reconnaissable, c’est le type à la casquette jaune !), c’est le couple d’Italiens odieux que j’ai eu à fréquenter au moins trois ou quatre fois sur le trajet (En fait, je n’en ai souffert qu’une fois, les autres fois, je les ai ignorés et tout s’est bien passé). Pendant une fraction de seconde, j ‘ai caressé l’idée de rebrousser chemin. Et puis non, je vais quand même pas changer mon emploi du temps pour deux blaireaux agressifs, tout italiens soient-ils ! En fait, durant tout le périple, nous ne nous adresserons même pas un regard et tout se passera bien. Pour eux comme pour moi.
Il y a une vingtaine de personnes dans le bus. Deux Français (un monsieur et une dame, qui se sont rencontrés sur le chemin, et ont marché un peu ensemble). Lui est un pro du Camino, il l’a fait plusieurs fois, et nous la joue « je connais tout », jusqu’à nous emmener dans le restaurant de Finisterre où il connaît tout le monde, et vous allez voir ce que vous allez voir, comment on sera reçus comme des rois ! En fait, personne ne le connaît, bien évidemment, mais il s’adresse aux gens comme à des vieux potes, il embrasse le patron, parle très fort ... Dire que je suis gêné serait faux. En fait, je ne sais plus où me mettre.
Elle, vient de Nantes. Elle aurait à peu près 65 ans (je demande pas leur âge aux dames, c’est mon éducation qui veut ça). Elle boîte à un point inimaginable. Je ne sais pas si elle a mal comme ça depuis longtemps, mais ça a l’air terrible. Sans que je ne lui demande rien, elle me tient un discours curieux. Elle a fait le chemin, parce que jamais de sa vie, elle n’avait fait quelque chose par elle-même. Elle a toujours obéi à quelqu’un. Ses parents, ses profs, ses chefs, son mari. Elle me dit : « Je n’ai jamais rien décidé moi-même ». Et dès le premier jour du chemin, me dit-elle, elle s’est sentie enfin libre. Je n’ai pas osé lui demander l’effet que ça lui faisait de rentrer, mais elle m’a fait un peu froid dans le dos. Je ne pensais pas que de nos jours, une femme pouvait encore se sentir soumise à ce point.
On est donc allés à Finisterre. C’est vrai que ça fait un peu bout du monde. Quelques photos pour vous faire montrer (c’est absolument pas français, mais j’aime bien).
Un peu avant d’arriver à Finisterre, à Dumbría, il y a une curiosité. Le Rio Mino n’est pas au niveau de la mer. Il s’y jette après une chute d’eau gigantesque. Évidemment, les gens se servent de cette énorme source d’énergie pour faire fonctionner des turbines et fabriquer de l’électricité
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À Dumbría, il y a le plus gros horreo du monde :
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Et voilà donc Finisterre
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Une autre :
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Et encore une. Partout, des petits « totems », où les gens laissent leur marque ou une intention de prière pour un de leurs proches.
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Et si d’aucuns doutaient qu’ on est tout près du Portugal :
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On est remontés dans le bus en direction de Muxia. Il faut quand même que je vous raconte le voyage en bus, ça fait longtemps que je n’ai pas râlé. Juste devant moi, trois Italiens à gauche, deux Italiens à droite. Au début, ça va. mais petit à petit, ils deviennent copains. Et alors, je ne sais pas comment vous dire, plus ils sont copains, et plus il faut que tout le monde le sache. Jusqu’aux hurlements et aux éclats de rire. Mais quand je dis éclats de rire, c’est un euphémisme ! Je ne savais pas que de si petits corps étaient capables d’émettre de tels niveaux sonores. Ca, c’est pour la qualité. Maintenant, la quantité. En une heure de trajet, de Finisterre à Muxia, il n’y a pas eu dix secondes de répit. Evidemment, je ne sais pas de quoi ils ont parlé, mais ils ont parlé. Enfin, si on peut parler de “parler” !
Personne ne râle, dans le bus, alors que moi, j’ai les tympans qui vrillent. Je me dis que je suis peut-être un fâcheux, alors je change de place et m’installe au fond du bus. J’entends toujours les Italiens, mais moins. Le bonheur. Enfin, trois minutes de bonheur. Juste derrière moi, à droite, un Espagnol. Côté fenêtre. Juste derrière moi, à gauche, une Espagnole. Côté fenêtre. Et ils se mettent à parler. Fort d’abord, puis très fort. Puis très très fort. Je me demande s’ils font un concours avec les Italiens. Je suis tenté de dire au monsieur de s’asseoir à côté de la dame, de sorte de ne pas être forcé d’hurler pour faire traverser au son la largeur du bus, mais j’en ai marre de passer pour le casse-pieds de service. Alors je sors mes écouteurs, je me les colle bien profond dans les oreilles et je mets de la musique. Dire Straits, pour les gens qui connaissent. Ca ne suffit pas à couvrir les voix des Espagnols, mais c’est mieux que rien. En plus, c’est joli. Ai-je réussi, de façon subliminale, à vous faire sentir que j’avais vécu un voyage en bus tout simplement infernal ?
Nous arrivons à Muxia. La “Virgen de la Barca’ (la Vierge de la barque). Je vous raconte la légende : L’apôtre Jacques, venu de Palestine pour évangéliser l’Europe, se retrouve, après un périple inouï, à Muxia. Il est crevé et démoralisé. Il s’assied sur un rocher en regardant la mer, et il dit à Dieu “Je n’en peux plus, des mois, des années que je marche et que je parle, j’en vois des vertes et des pas mûres, j’en prends parfois plein la figure, j’en ai, pour tout dire, ras la casquette. Alors soit tu me fais un signe tangible pour m’encourager, soit je te rends mon tablier” (c’est son discours en substance, je ne suis pas sûr des mots exacts). Et là, il voit, sur la mer, s’approchant de lui, la Vierge Marie, debout sur une barque en pierre. Elle lui sourit et lui dit qu’il a bien travaillé, que Dieu est fier de lui et qu’il peut rentrer chez lui, en Palestine, pour vaquer à ses occupations. Et effectivement, à proximité de la mer, il y a une énorme pierre ressemblant à une barque à l’envers, et une très grosse pierre plate en équilibre, qui serait la voile de la barque. On dit que si un homme parvient, à la seule force de ses bras, à la faire pivoter, alors ses péchés lui seront remis. Aujourd’hui, il y a de moins en moins de péchés à remettre, parce que comme c’était dangereux, la pierre a été scellée au sol.
Voilà le décor
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Ça, c’est la barque (à l’envers, évidemment !
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Et ça, c’est la voile
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On se balade un peu, et on reprend le bus vers Santiago. Je ne sais pas si les Italiens sont toujours copains ni si les Espagnols ont fini par se marier, j’ai mis mes écouteurs sur les oreilles, la musique, et je me suis endormi.
Je me réveille à Santiago, où je fais quelques courses, histoire de rapporter des bricoles en France. Je trouve un petit restaurant qui propose un “menu peregrino”, je mange et je rentre à l’hôtel. Au passage, si, sur tout le chemin, on mange très bien pour 10€, voire moins, à Santiago, il est difficile de trouver un menu à moins de 16, voire 20€. Tu penses, ils sont pas fous !
A l’hôtel, comme je vous l’ai peut-être déjà dit, j’ai des soucis avec mon téléphone. J’ai deux câbles pour le charger, l’un qui vient de France et l’autre que j’ai acheté à Burgos (je crois ...), les deux câbles sont morts. Quand, au prix d’efforts terribles, je parviens à voir la petite icône qui indique la charge, il faut que je cesse d’y toucher, et même de la regarder. Pour taper 100 lignes, c’est sportif. En plus, j’en aurai besoin demain, mes billets de bus et d’avion sont dessus ! Tant pis, je ferai ça dans l’avion (J’avais juste oublié que dans l’avion, il n’y a pas d’Internet !), et c’est la raison pour laquelle je suis en train d’écrire depuis mon bureau, à Favières, en compulsant les notes que j’ai prises à l’hôtel pour ne rien oublier.
Mardi matin donc, je quitte l’hôtel vers 8h30. Le bus est à midi, j’ai le temps de me promener et de terminer mes achats. Je prends des photos, je me laisse aller au hasard dans les rues de la ville ... C’est ce qui est bien avec le GPS. On peut se perdre pendant des heures, il retrouve toujours le chemin. J’ai la mochila sur le dos, évidemment. Avec plaisir. Depuis lundi, je marche seul, elle reste à l’hôtel. Mais je me sens mieux avec elle. Comme une présence rassurante. Comme une partie de moi.
Me voilà au terminal des bus. Je ne sais plus si je vous l’ai dit, pour des raisons financières et pratiques, l’astuce, plutôt que de prendre l’avion à Santiago, consiste à descendre en bus jusqu’à Porto, où on prend un avion Ryanair pour Beauvais. C’est moins de moitié moins cher.
Dans le bus, rebelote ! Mais cette fois, avec une Américaine qui raconte sa vie avec une voix insupportable, à un niveau moyen de 95 décibels. Là, je vais la voir, et avec un sourire, je lui demande de bien vouloir baisser le niveau sonore. Elle me regarde avec des yeux de merlan frit, mais obtempère. Quand je retourne à ma place, plusieurs personnes me font signe qu’ils partagent mon agacement et me remercient. Sauf que l’Américaine monte le son petit à petit au point qu’un quart d’heure plus tard, c’est comme si je n’avais rien demandé. Je jette un regard autour de moi, plusieurs personnes me regardent d’un oeil mouillé pour que j’y retourne. Zut, à la fin ! Je ne suis pas le ronchon de service ! Alors je regarde un monsieur à côté de moi, et je lui dis que lui aussi, il peut intervenir. Elle va quand même pas le manger, l’Américaine ! Et je le dis en français, en anglais et en espagnol, suffisamment fort pour que tous mes voisins l’entendent. Hé bien croyez-moi si vous voulez, personne ne s’est levé ! Ils ont tous baissé le nez et l’Américaine a terminé le voyage au bord de l’extinction de voix. Moi, je m’en moque, j’avais mes écouteurs et Dire Straits.
Un autre truc amusant, sur ce voyage en bus. Au milieu du chemin, le bus s’arrête pour prendre des passagers. Je suis à la place n°2. la place n°1, à côté de moi, côté fenêtre, est libre. Les gens derrière moi, aux places 5 et 6 dorment profondément. Un type monte. Il a la place n°5. Je lui fais signe qu’il peut laisser les gens dormir et qu’il vienne s’asseoir à la place n°1, puisque c’est exactement la même que celle qu’il aurait dû occuper, à cinquante centimètres près. Et là, il se fâche. Il me montre que sur son billet, c’est marqué “place n°5″ et que c’est quand même un comble que quelqu’un se permettre de s’installer à la place n°5 alors que c’est la sienne ! Il a donc secoué la jeune fille (car c’était une jeune fille) qui dormait à la place n°5 pour la réveiller afin qu’elle se rende bien compte de l’incivilité qu’elle venait de commettre. Donc, tout le monde se lève, le type prend la place n°5, dans une posture victorieuse, son voisin (qu’il a évidemment réveillé aussi) se rassied, et la jeune fille vient s’asseoir à côté de moi, à la place n°1, après, évidemment, que je me sois levé aussi pour la laisser passer.
Mais bon, il a raison, le type ! Si on laisse faire des choses pareilles, petit à petit, on se fait déborder et tout fout le camp ! En plus, je suis désolé, mais j’ai vu de mes yeux que sur son billet, c’est bien la place n°5 qui lui était affectée !
On arrive à l’aéroport de Porto. C’est rigolo, l’avion ! Il y a deux heures de vol, mais on poireaute quatre heures dans l’aéroport, plus une heure à l’arrivée pour récupérer la mochila. Sinon, ben c’est rapide !
Vers 22 heures, j’arrive à Beauvais, où Agnès m’attend. Evidemment, je suis heureux, évidemment je suis content de la retrouver, évidemment j’ai hâte d’être à la maison. 
Mais je me force. Comme je le disais, un grand vide. Je pense aux autres, à Valentino, Gauthier, Kaska, Pier, Eric, la mochila sur le dos, qui cheminent. Et moi, j’ai fini. Un grand coup de blues. La seule chose qui me console, c’est que je sais que ça ne va pas durer. Mais à cet instant précis, et tout le temps du trajet, je me sens mal. L’idée générale, c’est “qu’est-ce que je vais faire, maintenant ?”. C’était tellement fort, tellement délirant, tellement inhabituel, tellement impossible que je me demande ce qui pourrait bien, maintenant, me faire vibrer à ce point.
On verra bien. Je ne suis pas à court de ressources !
Voilà, c’est la fin du voyage. Je suis désolé de finir sur une note un peu tristounette, mais je vais quand même pas vous mentir. C’était magnifique, merveilleux, indescriptible. Moi qui déteste autant la marche, que le sport, que le tourisme, j’ai vécu trois mois d’une intensité rare.
C’est que le chemin, ce n’est ni de la marche, ni du sport, ni du tourisme. C’est unique. Il y a incontestablement quelque chose de surréel dans le Camino. Quelque chose d’inoubliable. Quelque chose qui vous change un bonhomme.
Est-ce que quelque chose a changé pour moi ? Je ne sais pas. Aujourd’hui, je suis encore sonné. Je n’arrive pas à me dire que c’est fini. Demain, debout à 5 heures, la mochila est prête, je sangle mes chaussures, je n’oublie pas mes bâtons, mon bob sur la tête. On y va.
D’ici quelques semaines, j’aimerais écrire un billet. Juste pour dire ce qui reste quand on a tout oublié.
Et puis je voudrais dire mon immense gratitude à tous ceux qui m’ont suivi, soutenu, encouragé ... Tous ceux aussi qui, par leurs mails, leurs SMS, leurs coups de fil, m’ont rappelé que ce n’est pas que pour moi que je suis parti, mais pour eux aussi.
Et que d’une certaine façon, eux aussi, ont fait le Camino.
Et moi, vidant mon sac à dos de toutes les belles personnes qui y avaient pris place, j’ai déposé un petit morceau de chacune d’elles sur la Praza do Obradoiro, le parvis de la Cathédrale. Il ne tient qu’à vous de venir vérifier que le vôtre est toujours là.
Buen Camino.
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santiagotrip · 5 years
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Étape 76 : Santiago de Compostela
Dimanche 7 juillet
Ca y est, j’y suis. Ce matin, je me suis levé de bonne heure. De plus bonne heure encore (ça se dit, je crois, plutôt que « de meilleure heure ») que je ne l’avais prévu. Mais je suis sûr que vous connaissez ce syndrôme par coeur. Maintenant qu’on se connaît un peu, je peux raconter ...
Vous prévoyez de vous lever pile poil à 5 heures. Sauf qu’à 4h20, vous êtes pris d’une terrible, insupportable, ingérable envie de faire pipi. Trois solutions vous viennent à l’esprit, et un choix s’impose :
1 : Vous vous levez, allez faire pipi, et, tant que vous y êtes, vous allumez la douche et vous réjouissez d’avoir 3/4 d’heure d’avance, et davantage de temps pour vous préparer. 0,1% de la population choisit cette solution.
2 : Vous restez couché, en espérant que votre envie de pipi va se calmer, et qu’il sera bien temps, à 5 heures, de vous en occuper. D’ici-là, vous tentez de vous rendormir. C’est le solution que choisit 49,99% de la population. C’est une erreur, la nature est plus forte que vous.
3 : Vous vous dites que vous vous levez vite fait pour aller faire pipi, et que vous vous recouchez, profitant des bras de Morphée encore une petite demi-heure. C’est la posture qu’adopte 50% de la population. Grave erreur encore, il y a 80% de chances pour que, votre corps ayant retrouvé sa félicité, il se réveille, non à 5 heures comme prévu, mais à 6 heures, voire davantage. Et vous avez pourri le reste de votre journée.
Plein de courage, je choisis la solution 1. Sauf qu’à 4h30, je me retrouve sur le chemin. En plus, il n’y a pas de lune, c’est donc nuit noire. Pour trouver mon chemin, j’ai le GPS, mais en Espagne, les cartes IGN ne sont pas bien élaborées, et les bornes indicatives. Je marche donc de 4h30 à 6h30, heure à laquelle le jour se lève, à la lueur de mon téléphone portable. Croyez-moi, c’est moyen.
La première photo que j’ai pu prendre, au lever du jour. Il est à peu près 6h30
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Je sais maintenant ce que c’est que ces trucs-là. Ca s’appelle des « Horreos ». En fait, ce sont d’anciens greniers à victuailles, conçus pour éviter l’humidité et les bestioles. C’est une spécificité Galicienne. Aujourd’hui, ça ne sert plus à rien, mais c’est classé jusqu’à ‘aux oreilles, et il est interdit de les démolir ni de les déplacer. Au sommet, il y a parfois une croix, pour demander au petit Jésus de veiller dessus, ou une obélisque, signe celtique de fécondité. Et des fois, les deux, on n’est jamais trop prudent.
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A 6h30, je retrouve Gauthier et Kaska, qui ont dormi dans un « spot », à 10 kms du départ. Sauf qu’ils m’attendaient à 7 heures ! Eux, ils râlent parce que je les fais lever trop tôt, et moi, je râle parce que je poireaute. La journée commence bien ! En définitive, j’avance doucement en me disant qu’ils me rattraperont. En réalité, ni eux ni moi ne savons pourquoi, ils ne m’ont jamais rattrapé.
Au total, c’est une toute petite étape : 19,5 kms. Elle ne m’a pas paru petite. Pourtant je n’avais pas vraiment hâte d’arriver. Impossible de me mettre dans la tête que c’est la dernière.
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L’approche de Santiago
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Et voilà ! Je me méfie, parfois il y a douze kilomètres entre ce panneau et le centre-ville !
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Ca y est, cette fois, on peut dire que c’est fini ...
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Profitant de mon arrivée matutinale à Santiago, je me précipite au 33, Rua das Carretas, l’endroit où on retire les Compostelas. C’est un palais magnifique (comme beaucoup à Santiago), immense, dédiè à tout ce qui a trait au pèlerinage. J’arrive donc vers 10 heures et je prends la queue. Il y a une vingtaine de personnes devant moi. Je peste intérieurement, mais je lève les yeux, et vois un écran sur lequel une vingtaine de carrés indique les guichets. Bon, c’est comme les caisses à Carrefour, il y en a soixante, dont deux ouvertes ! Il me faudra 3/4 d’heure pour arriver au guichet. Je sors ma Crédentiale, tout fier, ça doit être une des plus belles qu’il aura à traiter de la journée. Ce type l’épluche dans tous les sens, vérifie la cohérence des tampons, et me dit sans rire : « Sur les 100 derniers kilomètres, il vous faut deux tampons par jour. C’est la règle ! » Comme c’est en espagnol, je souris, me disant que soit je n’ai pas bien compris et tout va s’arranger, soit c’est pour rire, et j’ai bien ri, soit ce n’est pas pour rire, et je réalise que quelques années de prison sont un moindre mal en contrepartie de la joie que j’aurais à l’étrangler. Je me prépare à commettre l’acte létal, quand il me dit que « ça ira pour cette fois ». J’apprendrai par la suite que cette histoire de « deux tampons par jour » est authentique, mais que pour les pèlerins dont le parcours est suffisamment conséquent, ils passent outre. J’échappe donc aux geôles ibériques.
Je sors de la pièce et retrouve la queue. Je n’en crois pas mes yeux, il y a au moins 150 personnes qui attendent ! A mon sens, même s’ils ouvrent d’autres guichets, il y a au moins 3 heures d’attente. Je l’ai échappé belle. Je quitte le bâtiment, guilleret, sifflotant, la belle Compostela à la main, saluant aimablement les gens dans la file d’attente.
Et voici donc ma Compostela :
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J’ai retrouvé Kaska et Gauthier sur le parvis de la Cathédrale. Gauthier me présente Eric, qui vient de Bretagne et avec qui il a voyagé un moment. J’ai retrouvé Pier, l’Italien machiniste à l’Opéra de Milan et je leur présente. Pier, lui, continue le voyage jusqu’à Lisbonne, et après, il sait pas trop.
Nous avons pris quelques photos, nous sommes allés boire un verre et je suis allé à la messe du Pèlerin, à l’église San Francisco. Seul. Voilà ce qui arrive lorsqu’on voyage avec des mécréants !
La messe a lieu, tous les jours jusqu’en 2020, à l’église San Francisco, parce que la Cathédrale est en travaux. Et pas des petits travaux. J’y suis entré, toute l’église est bâchée et encombrée d’échafaudages. Il subsiste juste un chemin où les gens font la queue pour elles se recueillir devant les reliques de l’apôtre. Il y avait au moins 100 personnes dans la queue quand je suis arrivé, et je me dis que les reliques se sont passées de moi pendant 20 siècles, elle se passeront encore un peu de moi.
Donc, au sortir de la messe, je vais déjeuner dans un restaurant avec Kaskas, Gauthier, Eric et un jeune Roumain très sympa, qui fait le trajet sans un sou. J’ai déjà parlé des réserves que j’ai à propos de cette démarche, je ne vais pas vous saoûler encore une fois. Le serveur n’est pas des plus sympathiques, mais la pizza est bonne. Ca compense.
On paye et on s’en va chacun de notre côté. Moi, vers mon hôtel, eux vers Finisterre. Je ne vous cache pas que je les vois partir avec un peu d’amertume. Pendant quelques secondes, il me bien à l’idée de changer de direction et de partir avec eux. Et alors ? Une fois à Finisterre, je continue vers Lisbonne avec Pier ? Je chasse l’idée de ma tête et vais à l’hôtel.
Un joli petit hôtel dans une rue étroite, à 100m de la Cathédrale. Pour dire vrai, c’est quand même bien cool d’avoir sa chambre à soi, de s’étaler, se balader en slip et laisser la fenêtre ouverte quand on en a envie ... Je vide le sac à dos pour aérer un peu, je prends ma douche, ma petite lessive et je sors.
Dire « visiter » est un bien grand mot. Je descends sur le place de la Cathédrale et je déambule dans le quartier pendant quelques heures. Je m’arrête dans un bistrot et je bois une cana. Plus loin, je mange une glace, j’entre dans les innombrables magasins de souvenirs ... C’est très agréable. Ca me fait quand même tout drôle, j’ai l’impression d’un grand vide.
La ville est évidemment magnifique, les bâtiments sont plus impressionnants les uns que les autres.
Mais bon, si vous voulez des belles photos, allez sur Gogole, c’est pas un dépliant touristique que je vous propose !
Elle est belle quand même :
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Chacun essaie de gagner sa vie en se servant de son aura. Moi, ça ne me dérange pas.
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Quoique ...
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Vers 20 heures, je m’arrête dans un restaurant pour manger. Je crois que c’est le restaurant le plus antipathique dans lequel je sois jamais allé. Le type ne m’a pas adressé un seul mot. Il avait balancé la carte du menu sur la table, j’ai fait mon choix. Arrivé au choix du dessert j’ai demandé « salade de fruits ». Il m’a regardé d’un air dur et a dit : « No, tarta de Santiago ». C’est tout.
Pourquoi je suis resté plutôt que de me lever et m’en aller ? Je n’en sais rien. La flemme, sans doute ... Bon, j’ai quand même mangé correctement. A la fin du repas, il se pose devant ma table sans un mot. Je me demande ce qu’il fait là ... Je sors mon porte-monnaie, prends les 16 euros, je les pose sur la table. Toujours sans un mot, il les ramasse et retourne au bar. En fait, ça, c’est vraiment une expérience.
Je retourne à l’hôtel pour rédiger ce billet et je me couche. Demain, j’ai réservé une excursion « promène-couillons » pour Finisterre et Muxia. Je vais peut-être croiser mes copains ... Ca va me faire un choc.
Demain, je rédigerai le dernier billet. J’en ferai sans doute un autre, dans quelques semaines, une fois que j’aurai tout décanté.
Bonne nuit à tous.
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santiagotrip · 5 years
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Étape 75 : O’Pedrouzo
Samedi 6 juillet
J’ai fait 29,2 kms aujourd’hui. Il m’en reste une vingtaine, ça devient bon ...
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Je suis parti à 6h30, ce matin. Un peu tard, mais c’est pas grave. Le jour était déjà levé, c’est juste dommage. Réveillé à 5 heures, mais à force de me dire qu’il reste cinq minutes, je me suis rendormi. Mais je pense que tout le monde sait de quoi je parle ...
Pour dire la vérité, j’ai eu peur de n’avoir rien à vous dire aujourd’hui. Depuis le début de ce journal, il ne m’est jamais arrivé de « meubler ». Au contraire, il a plutôt fallu que je fasse du tri pour ne pas vous assommer de détails.
Quelques photos quand même.
Au lever du jour :
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Je vous dis, il y en a partout, de ces trucs-là ! Je ne sais toujours pas ce que c’est
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Un peu plus tard :
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Un peu de botanique, peut-être :
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Encore un peu :
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Jusqu’à Arzua (c’est une grande ville, Arzua. On dit que c’est là que Camino Frances et Camino del Norte se rejoignent), j’ai cheminé tout seul. Pendant deux heures donc. Quelques pèlerins de ci, de là, mais sans plus. A Arzua, tout change.
Bon, je peux râler contre tous ces gens que je n’ai jamais vus qui, d’un seul coup, se décident à se mettre dans les pas de l’apôtre, un peu mais pas trop ... Et vous savez que quand je commence à râler, ça peut durer pendant des pages. Parce qu’il y aurait de quoi râler. Ca se passe par à-coups. Vous avancez tranquillement, et au loin, devant vous, vous voyez un groupe d’une trentaine de personnes. Bon, comme ça n’avance pas vite et que ça fait le zouave sur le chemin, ca se dépasse vite. Le dépassement est éprouvant. Ca parle fort, ça se pousse, ça rigole, ça écoute de la musique sur un smartphone (sisi !). Vous doublez donc et poussez un soupir de soulagement. Pendant 3 minutes, après lesquelles vous apercevez un autre groupe, encore plus fourni, encore plus compact, encore plus en forme. Je ne recommence pas, vous avez compris.
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En plus, je me dis que vous devez penser que je râle beaucoup, que ça doit être dans mes gênes et que ça commence à bien faire. Vous avez raison. Je ne vous parlerai donc pas de ces emmerdeurs.
Vers midi, ça se calme. Les bistrots se remplissent, le chemin se vide.
Je marche dans le calme, le chemin est joli, au milieu de la forêt, il est à peu près plat, je marche sur l’eau, quand, au détour d’un virage, j’aperçois un groupe comme je n’en ai encore jamais vu. Énorme. Qui s’étend sur des centaines de mètres. Ils sont 200, peut-être ... Un moment d’effroi me saisit. Je prends mon énergie à deux mains, je presse le pas et me prépare à doubler. Approchant, je vois qu’ils portent, pour une bonne partie d’entre eux, des t-shirts blancs avec une inscription en vert. J’approche encore, il est écrit « Voluntario », sur les t-shirts. Je vois des chaises roulantes, des appareils pour handicapés ... les t-shirts blancs poussent les chaises, les appareils, ils se mettent à plusieurs. Sur une piste au milieu des bois, ça roule pas bien ! D’autres tiennent des enfants par la main, d’autres s’affairent avec des personnes visiblement abîmées ... Arrivant à leur hauteur, je vois des sourires, des étoiles dans les yeux, tant des personnes cassées que des voluntarios ... Je marche un peu plus vite, donc je dépasse un peu tout le monde ... Dès que je croise quelqu’un, j’ai droit à des « Buen Camino » sonores. Tout le monde dit « Buen camino » sur le chemin. Mais ceux-là, c’est pas pareil. Je les prends en plein coeur. Et je réponds par un « Buen Camino » tout aussi sonore et tout aussi sincère. Comme si je disais « Bienvenue à toi ! ». Pour la première fois, je me dis que mon Camino, c’est de la gnognote à côté du leur ! Tant des handicapés que des voluntarios. Je continue à dépasser le groupe, quelqu’un prend ma main. C’est un petit mongolien qui me fait un grand sourire. Déstabilisé, je cherche un accompagnant du regard. Une jeune fille tient l’autre main du garçon, je croise son regard. Elle me fait un grand sourire. On est restés à marcher ensemble une centaine de mètres. Il m’a parlé. Beaucoup. J’ai rien compris. Parce que l’espagnol, déjà, c’est pas de la tarte, mais avec l’accent mongolien, bonjour ... Je lui réponds en français, ça l’étonne, puis ça le fait rigoler. Je continue, toujours les mêmes yeux, la même joie de vivre, le même enthousiasme ... Une petite fille en fauteuil roulant m’interpelle. Je ne comprends pas bien ... Elle veut que je l’embrasse. Je le fais. Avec un peu de mal quand même, avec la mochila sur le dos ... des gens applaudissent, crient ... les voluntarios qui poussent sa chaise rigolent ...
Je continue mon chemin. Je vais assez loin et je m’engage un peu dans la forêt, à l’abri des regards, et pendant quelques minutes, je chiale comme un gamin. Trop d’émotion d’un seul coup.
Alors les blaireaux et leurs mochilas toutes neuves, avec pour ces messieurs le beau chapeau d’aventurier et pour ces dames le short au ras des fesses, ils n’arriveront jamais à abîmer cette étape qui, en définitive, a été pour moi l’une des plus fortes du chemin.
Demain, l’étape est courte. Mais je vais me lever tôt. Je tente un départ à 5 heures. D’abord, parce que j’aime bien voir le jour se lever, mais aussi parce que j’aimerais bien avoir ma Compostela le matin. Pour ça, arriver à Santiago avant 10 heures serait idéal.
Bonne nuit à vous tous.
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santiagotrip · 5 years
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Étape 74 : Boente
Vendredi 5 Juillet
Bon, juste avant de commencer, deux photos d’une ville que j’ai traversée hier, qui s’appelle Portomarín. je n’avais pas la place pour les mettre (je n’ai le droit qu’à dix) et je suis frustré.
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Le fleuve qui traverse Portomarín s’appelle le Rio Mino (Minio, mais je sais pas faire des tildés) A cet endroit, il est gigantesque. Il m’a fait penser à la Rance :
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Voilà, ça, c’est fait.
La nuit s’est bien passée. Il y avait des Italiens dans le dortoir, donc on a dormi toutes fenêtres fermées. J’étais à côté de la porte d’entrée, que j’ai laissée ouverte et bloquée avec mon sac à dos. J’ai dormi avec mes bâtons, le premier qui touchait au sac à dos, je lui crevais un œil. Heureusement, personne n’a osé.
Un peu de nouvelles de Kaska et Gauthier. Quand la drache est tombée, ils se sont réfugiés dans un bistrot à Gonzar (6 kms avant Ventas de Naron, et quelqu’un leur a proposé une douche et un abri. On se reverra plus tard.
5h30, je me lève, libations rituelles et je mets les bouts. Sans déjeuner. Il est six heures environ. A peine avais-je fait 200m, que j’aperçois, dans la pénombre, un gros chien qui barre la route. Dès qu’il m’aperçoit, il se met à aboyer dans ma direction. J’avance, semblant de rien. Quand j’arrive à son niveau, il se tait et s’écarte. Tout va bien. D’un seul coup, il se précipité vers moi en aboyant de plus belle. Surpris, voire carrément effrayé, je sursaute et fais un pas de côté. Mais essayez de faire un pas e côté à 6 h du matin, sans avoir déjeuné, et avec une mochila de 15 kgs sur le dos. Évidemment, je m’étale de tout mon long. Je m’examine : tout va bien, mais au moment de me relever, une grosse douleur dans le poignet gauche. Je peux le bouger, modérément mais je peux. Il ne doit donc pas être cassé. Comme il ne me gêne pas pour marcher, je continue, rassuré. J’ai un peu de mal avec le bâton gauche, mais ça ira. A l’heure où j’écris (19h), j’ai toujours mal. Allez ! Encore 48 bornes à faire. Et j’ai plein de Voltarène dans la mochila. On verra ça à Favières mercredi, si nécessaire.
Je n’ai trop rien à raconter sur cette étape. Des jolis paysages, comme d’habitude.
J’ai pris quelques photos pour vous, avec toutes les réserves déjà prises sur la différence considérable entre la photo et la réalité.
Beaucoup de chemins en forêt, sur cette étape.
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Des Rios partout
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Ca, c’est pas une route, c’est une « piste blanche ». Pas mal, hein ?
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Je l’ai trouvé joli, ce petit pont
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Absolument partout, il y a des trucs comme ça. Parfois dix dans un village. Des très beaux ...
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Des plus « communs » ...
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Dès que je le sais, je vous dis de quoi il s’agit.
Il y a de plus en plus de monde sur le chemin, mais pas le monde que j’imaginais. Beaucoup de groupes de jeunes gens, j’imagine des scolaires ... j’ai vu un groupe d’une cinquantaine de gosses, encadrés par une dizaine de sœurs en habit blanc. Alors, juste pour une fois, je m’adresse à toutes celles de mes amies religieuses qui me font l’honneur de suivre ce journal : Faites le pas, achetez un duvet et une mochila et prenez la route. Oui, je sais, je vous entends me répondre que le Camino, vous y êtes tous les jours, au fond de votre coeur. Il est même l’essentiel de votre engagement. Et moi je dis, si en plus d’être au fond de votre coeur, il était au fond de vos godasses ? Enfin moi, je dis ça, je dis rien. Avec un peu d’humour et un grand respect.
Donc, je disais, plein de groupes de jeunes, mais aussi beaucoup de familles, dans leur grande majorité espagnoles. Y compris avec de jeunes enfants. J’ai cru comprendre que faire un bout du chemin, pour eux c’est plus qu’une randonnée en famille. C’est quand même rigolo : Papa Ours, avec une grosse mochila. Maman ours, avec une moyenne mochila, et bébé ours, avec une toute petite mochila. Je trouve ça joli.
J’ai aussi croisé quelques pèlerins des derniers kilomètres, dont le sac à dos a juste la taille nécessaire au transport d’une trousse à maquillage. Ils sont reconnaissables, ceux-là. Ils vous dépassent à toute allure, et trois kilomètres plus loin, vous les retrouvez à vitesse réduite, boîtillant, mal à l’aise dans leurs chaussures. Mais l’équipement, ils l’ont. Flambant neuf. Le sac à dos bien mis, avec plein de machins sanglés à l’extérieur, qui font joli. Qui servent à rien, mais qui font joli. On est loin du sac un peu crade, un peu abîmé, un peu réparé, où chaque sangle sert à autre chose que ce pour quoi elle est prévue, des pèlerins un peu rôdés, du genre Gauthier ou Valentino. Ou moi.
J’ai croisé aussi un garçon, un Italien avec un look Hindou terrible (peut-être est-ce un Hindou qui a la nationalité italienne ...) que je rencontrais régulièrement depuis Roncevaux jusqu’à Burgos, et plus plus rien. En fait, il y a pas mal de gens qui truandent. Ils prennent le train de Burgos à Leon. Quand c’est assumé, comme la jeune Allemande qui peint, bon, rien à dire ... Mais quand c’est fait ni vu ni connu, et qu’ils finissent par se persuader eux-mêmes qu’ils ont fait le Camino, je trouve ça bizarre. Enfin ! Chacun son chemin ...
Mais bon, ce n’est pas la ruée que j’imaginais. Pas encore. Par acquit de conscience, je réserve quand même ma place dans les albergues (En fait, ce soir, j’ai réservé la dernière à O’Pedrouzo, puisqu’Agnès a réservé un bel hôtel pour mes deux nuits à Santiago). Je ne vous ai pas encore dit, mais je ne suis plus qu’à 47 kms de la Cathédrale de Santiago. J’ai du mal à le réaliser, mais comme tout le monde le dit, ça doit être vrai ...
Le gîte est très bien. Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, les albergues sont toujours propres, modernes, fonctionnelles. J’imagine qu’il y a une « autorité de régulation » qui exige un confort minimal pour avoir droit à la dénomination d’ « albergue ». Mais je n’en sais rien. En plus, les gens qui la tiennent sont vraiment prévenants, gentils, accueillants. Et je vous assure, c’est drôlement agréable, à 2000 kms de chez soi, avec 30 bornes dans les pattes, d’être accueilli avec un sourire et un mot gentil ...
Demain, c’est encore une étape conséquente. Une trentaine de kilomètres. Mais ça va aller, vous verrez.
Je vous souhaite une douce nuit.
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santiagotrip · 5 years
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Étape 73 : Ventas de Naron
Jeudi 4 juillet
Avant de commencer, j’indique juste à ceux que ça intéresse que j’ai revus en profondeur les billets de Las Herrerias, Triacastela et Barbadelo. A ceux que ça n’intéresse pas, je n’indique rien.
Donc 5h30, je me réveille. je suis le premier. Je sors et je me prépare dehors. Tout est bien, la nuit a été parfaite. A 6 heures, comme prévu, je vais prendre le petit déjeuner. Visiblement, la jeune fille chargée du déjeuner à 6 heures a eu une panne d’oreiller. Dès que je la vois, je lui demande si je peux déjeuner. « Cinq minutes, c’est possible ? » elle me répond avec des yeux en feu. Ayant l’expérience de l’hôtel de Triacastela, je lui fais un sourire et j’attends, espérant que les cinq minutes ne soient pas des minutes à rallonge ... Effectivement, cinq minutes plus tar, elle revient avec un « cafe con leche » tiède et deux croissants bouillants. J’ai juste eu de la chance qu’elle en me balance pas le tout sur les genoux. Bon, je ne sais pas pourquoi, je suis d’humeur placide, ce matin. J’avale le tout, chausse ma mochila, et en payant, je lui dis avec un sourire : « Estoy seguro que tiene una bonita sonrisa, cuando quiere » (Je vous fais remarquer au passage que je domine parfaitement l’idiome Ibérique. Je donne des cours sur rendez-vous. L’une de mes filles parlant, elle, l’espagnol, j’imagine qu’à la lecture de cette phrase, elle a pris sa tête dans ses mains, affligée à l’idée de posséder quelques-uns de mes chromosomes ...). Ca, c’est dit. En fait, ça signifie : « Je suis sûr que vous avez un joli sourire, quand vous voulez ». Elle lève les yeux vers moi, et me fait un pauvre sourire. Avec le recul, je me dis que j’ai tapé plus fort avec cette attitude qu’avec toutes les engueulades du monde.
Il est à peine 6h15, et déjà presque 40 lignes ... Je suis peut-être un peu bavard.
Je m’en vais. Le voyage se passe bien. Un peu long, avec pas mal de montées, et beaucoup de brouillard. Et puisqu’on en est aux désagréments, presque la moitié du voyage se fait dans les odeurs d’épandage, dont j’ai déjà évoqué dans ce blog la puissance olfactive.
J’ai fait au total 31,4 kms.
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Je croise d’abord Didier (c’est son prénom) et son âne Nestor. Je vous en ai déjà parlé. Nous échangeons agréablement, mais à la vue d’une échoppe proposant des desayunos (j’ai déjà dit ce que c’était, je vais quand même pas faire votre éducation !), il s’arrête. Et moi, je l’ai déjà dit, je n’aime pas m’arrêter. Notre marche de conserve prend donc fin à cet endroit.
Je croise le monsieur Danois dont j’ai déjà parlé, je marche un peu plus vite que lui. On se salue fort aimablement, comme d’habitude.
Ca, c’est au lever du jour
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Ca aussi
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Un passage parmi d’autres, sur le chemin
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Moi, je suis ému par cela. Que s’est-il passé à cet endroit précis ?
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Comme la marche est parfois un peu monotone, je sors mon téléphone et je lis. Les informations (quoique, eu égard aux exploits de nos gouvernants, en ce moment, j’évite, la rate au court-bouillon étant difficilement compatible avec la sérénité qu’est censée susciter le Camino), ou des bouquins. Là, j’étais dans « Du côté de chez Swann », que j’avais laissé en plan voici quelques mois, et qu’il me tardait de reprendre.. Plongé dans ma lecture, en pilote automatique, j’entends des hurlements derrière moi. Je me retourne, le monsieur Danois (il faudra bien que je lui demande son prénom, à celui-là !) me fait des grands gestes. J’ai raté une bifurcation, et je m’en vais dans une direction inconnue, voire hostile. Plein de reconnaissance, je rebrousse chemin et reprends la bonne piste. Je re-croise le monsieur, qui me dit « Phones are stupid ! ». Je lui réponds : « No, Marcel Proust is not stupid enough ! » (Traduction pour les Français de souche : « Les téléphones sont idiots ». « Non, Marcel Proust n’est pas assez idiot ».) Et nous voilà discutant avec notre anglais de cuisine de Marcel Proust, qu’il connaît visiblement assez bien. Et notre rythme de marche n’étant pas le même, nous nous quittons sans laisser aucune trace de cet échange littéraire de haut niveau.
Et j’arrive là :
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Vous imaginez bien que ça me fait quelque chose, d’autant que, comme je vous l’ai déjà expliqué, je commence à avoir un peu hâte de rentrer.
A partir de 100 kms, les marchands du temple (Ben tu parles !)
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Ca se voit pas bien, mais là dedans, j’en ai bien bavé !
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Une église, minuscule, dans un endroit complètement improbable (quatre maisons ...)
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Et un mur d’enceinte, incroyable (j’espère que vous voyez bien)
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Je croise un autre monsieur, qui marche dans l’autre sens. Un petit bonhomme, avec une grosse moustache et un bob, comme le mien en moins beau. Je lui demande s’il fait le chemin retour. Il me dit que oui. « Chapeau l’artiste ! », je lui dis. Il lève alors les yeux au ciel, et avec un accent parisien à couper au couteau, il me répond : « Quand on a fait 3000 kms, on n’est plus à 2 ou 3000 kms près ! » Déjà, c’est très con, comme réponse. Et un peu prétentieux. Mais quand je lui demande d’où il vient, il me dit « Paris ». Alors quand on sait que la tour Saint Jacques est à 1460 kms de la Cathédrale Saint Jacques de Santiago, on s’interroge. Alors il aggrave son cas : « Oui, mais j’ai fait des détours ! » Tu parles de détours ! Il a dû passer par Rome, pour y arriver ! Il me demande d’où je viens. Je suis tenté de dire « Moscou », mais je me retiens. Je dis « Calais ». Je dis toujours ça, parce que Calais, tout le monde connaît, à cause des migrants, alors que Le Crotoy ... Il continue son chemin sans se retourner. En même temps, ça me va plutôt bien, je ne suis pas certain que notre échange eût été fructueux. Je me dis juste une chose : J’aimerais revenir avec un peu plus d’étoiles dans les yeux que n’en a ce bonhomme.
Les derniers kilomètres ont été un peu laborieux, surtout parce que mine de rien, ça n’a pas arrêté de grimper.
13h30, j’arrive à l’albergue. Deux jeunes filles m’accueillent. J’avais réservé, mais ce n’était pas la peine. Cela dit, je n’aimerais pas renouveler la péripétie de Triacastela, alors un petit coup de fil ... Surtout depuis que je domine parfaitement l’espagnol !
Des tombes, les jeunes filles ! La conversation :
« Pasaportes »
« Crédentiale » (ben oui, dans les albergues, elle est obligatoire !)
« 10 euros « (prononcer dièce éhourosse)
Et c’est tout. Mais à faire le zouave, comprendre, pas comprendre, traduire, j’ai réussi à les faire marrer. Toutes les deux. Je suis très fier.
Rien à dire sur l’albergue, elle est très bien. J’ai même fait faire ma lessive. Quand je n’ai qu’un t-shirt, un slip et une paire de chaussettes, je le fais à la main. Mais là, en plus, j’ai lavé mon short, ma serviette et mon drap (le fameux « sac à viande »). A la main, c’est un peu beaucoup. Surtout pour un type qui a un billet à rédiger.
Une dame, française, arrive à l’albergue à peu près en même temps que moi. On fait la causette quelques minutes. Comme d’habitude avec les pèlerins, à quelques exceptions près, les conversations restent convenues. Elle est pourtant très gentille, mais rien de sensible ne passe. En fait, je m’en fous un peu. Elle aussi. J’ai retenu qu’elle a pris le chemin du Puy (comme tout le monde), qu’elle est de l’Ile d’Oléron (tiens, au passage, j’aimerais bien aller voir à quoi ça ressemble, l’île d’Oléron !),qu’elle fait Compostelle pour « faire un bilan et savoir où elle en est » (à mon sens, elle a pas besoin de crapahuter mille bornes pour ça, mais bon ...), et par défi (vérifier qu’elle en est capable. Comme je l’ai déjà dit, si on a une vraie tête de mule, j’entends, de la persévérance, c’est vraiment pas dur. Rien à voir avec un marathon ou un match de ping pong. Ca, c’est dur. Mais c’est juste moins long). Son téléphone ne charge plus. Ma nature prend le dessus. Il a fallu que je prenne le truc, que je coupe, que je dénude, que je torsade, que je scotche ... En un mot, que je fasse mon intéressant. Une demi-heure au moins, mais ça marche. Elle est éperdue de reconnaissance. Et moi, je me dis que je suis quand même un peu ballot. Je fais le fier, mais si j’avais raté, j’aurais eu l’air de quoi ? Enfin, je l’avais prévenue, et lui avais demandé de me dire si elle prenait le risque que je rate. En même temps, elle avait pas trop le choix. Et pour le coup, ça a marché. Comme quoi, il faut pas grand’chose pour faire un homme providentiel !
Vers 18 heures, il se met à tomber une drache terrible. Ca a duré une demi-heure. Puis des grêlons. Gros comme des balles de ping pong. Nous sommes à l’abri, tout va bien. Mais je m’inquiète pour Gauthier et Kaska. Je les appelle, ils ont juste un peu de pluie. Un quart d’heure plus tard, Gauthier m’appelle. Ca y est, c’est bon pour eux, mais il a trouvé un « spot ». J’ai bien fait de les prévenir !
Il est 19 heures. Je suis attablé dans le bistrot de l’albergue et je rédige ce billet. Je vous propose quelques photos (j’en ai plein) et je vais dîner.
A vous, je souhaite bon appétit et un sommeil plein de beaux rêves.
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santiagotrip · 5 years
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Étape 72 : Barbadelo
Mercredi 3 juin
J’ai passé une nuit superbe. Il y a pas à dire, la chambre individuelle, c’est quand même mieux. Mais est-ce vraiment l’esprit du Camino ? On va dire que oui.
Je me lève à 5h15, et j’allume la lumière. Ca, déjà, c’est un luxe. J’ai préparé mon sac hier, il ne me reste qu’à remplir la gourde, me laver les dents, et aller déjeuner. Là en revanche ... Comme ils ne servent qu’à partir de 6h30, je fais chauffer au micro-ondes une tasse de mon café au lait sucré « dosettes Nescafé », dont je confirme la parfaite nullité, que j’avale avec mes biscuits « Principe ».
On m’a, à ce propos, soufflé une histoire rigolote, que j’adapte. Dans une collectivité, une personne va voir le directeur de l’établissement et se plaint à lui que le café du matin est infect. Le Directeur le regarde d’un air étonné et lui dit : « Qu’est-ce qui vous fait dire que c’est du café ? »
Bon, je mets la mochila sur mon dos et je me sauve. En sortant, je tombe sur un monsieur, un Français, qui fait le Camino avec un âne. L’âne s’appelle Nestor. Le monsieur, je ne sais pas, nous n’avons quasiment pas parlé. Le le salue et j’avance. Quand on marche avec un âne, on va beaucoup moins vite, va vitesse de marche est très inférieure à la nôtre. En plus, il se fatigue vite. 15 kms, c’est un maximum. C’est Marco qui m’avait raconté ça, au sujet de Lulu. Je ne sais pas si vous vous souvenez.
Après la péripétie d’hier, j’ai réservé un lit dans une albergue à Barbadelo, un peu après Sarria (Sarria est une ville importante sur le Camino, mais je vous laisse regarder ça sur Gogole, c’est fait pour ça). Selon les endroits où je cherche l’information, la distance entre Triacastela et Barbadelo se situe entre 26,5 kms et 18,5 kms ! En fait, c’est principalement parce que j’ai trouvé un chemin alternatif (qui passe par San Xil et non par Samos, qui fait gagner 6 kms. Donc l’étape sera courte.
En définitive, j’ai parcouru 21,2 kms (ce n’est pas ce que dit le GPS, mais comme d’habitude, j’ai oublié de le mettre en route en partant !
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J’arrive à Barbadelo à 11h. J’ai un peu mauvaise conscience et je caresse l’idée de pousser jusqu’à Ferreiros, à 8 kms. Et puis je me dis que je suis en retard dans le journal, que le gîte est super et que les deux étapes suivantes sont un peu sportives. Alors je décide de rester.
De Barbadelo à Santiago, il. Y a 110 kms. C’est, à peu de choses près, la distance minimale nécessaire pour obtenir sa « Compostela ». Tout le monde dit que l’ambiance change du tout au tout. Pour l’instant, tout va bien, on verra demain ...
Allez, quelques photos du chemin :
Au lever du jour :
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C’est beau, non ?
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Je ne m’en lasse pas :
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Il y a même des sentiers en forêt
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Et des champs de fleurs. Un Italien s’est fait photographier en plein milieu, les bras tendus vers le ciel. C’était d’un ridicule achevé. Mais si ça lui plaît, alors, à moi aussi, ça me va.
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La grande ville que vous voyez au fond, c’est Sarria, dont je vous ai parlé tout à l’heure :
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Juste une angoisse : Sur le chemin, je croise, attablés à un bistrot, les deux fâcheux Italiens qu’un m’avaient pourri la nuit à Cacabelos. Pourvu qu’ils n’aient pas eu l’idée de s’arrêter à Barbadelo ... Quoi qu’il en soit, il est hors de question que je partage la chambre avec eux. Je lève le suspens tout de suite, il n’en sera rien.
Le gîte est bien. Très bien. Les accueillants ne sont pas très sympa, pas plus que les gens du cru avec qui j’ai eu affaire. A Sarria, j’ai fait les courses pour le pique-nique de midi, je me suis quasiment fait jeter. Je ne sais pas pourquoi. Comme si je sentais mauvais. J’ai pourtant une hygiène tout à fait normale ...
Mais bon, c’est pas des copains que je suis venu chercher !
A 11 heures, j’étais le premier. La chambre est spacieuse, les lits ne sont pas trop serrés, la salle de bains est parfaite, la porte du dortoir donne directement sur l’extérieur. A 13h, j’avais pris ma douche, lavé mon linge, et pris le pique-nique. Je me suis allongé et j’ai fait une sieste de 2 heures ! Lorsque je me suis réveillé, il y avait 5 personnes de plus dans la chambre, dont la jeune Allemande qui peignait, que j’avais laissée avec Muriel. Elle avait les pieds dans un tel état que je pensais qu’elle s’était arrêtée, mais non ... Cela dit, elle a fait Logrono - Astorga en train. Ca aide. Mais bon, c’est pour la bonne cause.
Le monsieur Danois est là (pas dans la chambre, mais dans l’albergue). Pier, l’Italien de l’Opéra de Milan aussi, ainsi que deux ou trois personnes dont je reconnais les visages, mai avec lesquelles je n’ai jamais échangé.
Donc, pour être tranquille, je m’installe avec mon téléphone et mon clavier dans la salle à manger pour rédiger les billets. Je ne vois pas le temps passer, et à 17 heures, je me souviens qu’il y a une piscine. Et une belle. Ce serait stupide de laisser passer l’occasion ! Je laisse tomber le blog et je vais barboter. On dira ce qu’on voudra, après le traumatisme aigu qu’est l’entrée dans l’eau froide, voire glacée, c’est quand même un vrai plaisir de patauger et de faire l’andouille dans la flotte fraîche !
Bon au bout d’une demi-heure, j’en ai marre. Je retourne m’habiller et je reviens au billet.
Ca me fait penser que je dois vous parler d’une chose étonnante : Les gens s’ennuient beaucoup sur le chemin. Pas quand ils marchent, évidemment, mais après. J’en ai parlé à plusieurs personnes qui me l’ont toutes dit. Les visites, déjà ça va un peu. D’autant qu’on s’arrête souvent dans des villages et que les points d’intérêt sont assez limités. Les églises sont souvent soit jolies, soit pittoresques, soit émouvantes. Mais on va pas passer son temps dans les églises, même sur les pas de Saint Jacques ! D’ailleurs, même lui n’y mettait pas les pieds. La preuve, elles n’existaient pas. C’est dire !
D’où je suis, je vois des gens attablés sur la terrasse devant une boisson (la première ou la douzième ?), je vois des gens qui jouent au Sudoku, mots fléchés ou autres, j’en vois d’autres qui pianotent sur leur téléphone ...
Parce qu’en fait, ils arrivent à l’étape avant 14h (après, il fait trop chaud pour marcher). Pique-nique, douche, lessive, sieste, ça les emmène vers 16h30 - 17h. Le dîner vers 19h30, ils ont deux bonnes heures à glander.
Pour moi, c’est différent. Le journal me prend tranquillement deux à trois heures par jour. Les journées sont trop courtes, il ne m’est encore jamais arrivé de m’ennuyer (vous me direz, c’est vrai sur le chemin, mais c’est vrai aussi dans toute ma vie d’adulte. Je n’ai pas souvenir, à part de façon très ponctuelle, de m’être ennuyé)
A 19h30, le repas, j’irai faire un tour dans le patelin (3 maisons dont 2 albergues), peut-être boire un coup avec l’un ou l’autre, puis dodo.
Demain, Ventas de Naron. 29 kms annoncés. 7 heures de marche environ. Ca va aller !
Bonne nuit à tout le monde.
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santiagotrip · 5 years
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Étape 71 : Triacastela
Mardi 2 juillet
La nuit à Las Herrerias s’est très bien passée. Pas d’importuns dans le dortoir, suffisamment d’espace entre les lits et des espaces communs assez loin du dortoir pour ne pas déranger. En revanche, pas de micro-ondes pour faire réchauffer mon café soluble. Le petit déjeuner est servi à partir de 6h30, mais, et d’une, je serai déjà parti, et de deux, si c’est un truc meilleur pour ma santé comme hier soir, je préfère éviter.
5h30 donc, je descends l’escalier sur la pointe des pieds, je me lave les dents et je me sauve. Le monsieur Danois a une petite demi-heure d’avance sur moi, il part au moment où je descends. On se croise dans la salle commune.
Il fait nuit. Ca j’aime bien. On assiste au lever du jour (le soleil dans le dos, mais c’est bien quand même). Un peu froid. J’aime moins, mais je sais que ça ne va pas durer. Quoique. L’étape vers O’Cebreiro, ma destination prévue, est une montée ininterrompue de 8 kms pour un dénivelé de 700m. Dit comme ça, c’est ridicule, mais en fait, ça grimpe grave !
Le jour se lève assez vite, et plus je grimpe, et plus c’est joli. Assez rapidement, je passe au dessus des nuages. J’ai un peu l’impression d’être en avion.
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J’arrive à cette borne, qui me donne une bouffée d’émotion ...
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Sans aucune hésitation, et bien que j’ai vu, au cours de mon voyage, des paysages superbes, ceux que je vais voir tout au long de l’étape sont de loin les plus beaux. A couper le souffle. A chaque virage, je veux prendre une photo. Malheureusement, je suis un piètre photographe, et ce que je vous propose est bien loin de la réalité. Je ne me flagelle pas, loin s’en faut, mais le vrai photographe ne donne pas à voir ce qu’il voit, mais à ressentir ce qu’il ressent. C’est une autre paire de manches que « premier plan » et « règle des 3 tiers » !
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Juste un peu de botanique :
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Donc, j’ai fait 30 kms pile poil. Sans aucun problème.
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A O’Cebreiro, tout en haut de la côte et au milieu du chemin à peu près, je retrouve Kaska et Gauthier qui ont dormi là, derrière la petite église. On prend un petit déjeuner au bistrot, ils restent un peu là, je reprends la route.
En redescendant, je repasse dans les nuages
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Juste une petite dernière, côté Ouest de la montagne :
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A 13h30, j’arrive à Triacastela. Et c’est là que commencent les problèmes. Ou plutôt « le » problème.
Jusqu’à présent, je n’avais eu aucun problème pour trouver des hébergements. D’abord, parce qu’ils sont en quantité suffisante, ensuite parce que j’arrive plus tôt que les autres, en général.
On m’avait dit que le problème principal venait des cyclistes, qui vit plus vite, et donc accaparent les places. On m’avait dit aussi que dans les albergues, les piétons étaient prioritaires. Je n’ai jamais rien constaté de tel. En revanche, il arrive qu’on croise sur la route des groupes importants de jeunes adolescents. Peut-être des « scolaires ». Et quand ils arrivent à une étape, et c’est bien légitime, ils ont réservé tous les lits dont ils ont besoin. Sauf qu’à Triacastela, ils étaient 120 ! Ils ont donc épuisé toute la capacité d’hébergement du village.
Moi, arrivant à Triacastela de bonne heure, je me dis que je vais trouver un lit sans problème ... Tintin ! Première albergue, pas un chat, mais la dame me dit qu’il ne reste que des chambres individuelles à 37 balles ! Moi, je me dis qu’il y a une arnaque et j’attribue ça aux fameux « 100 kms = Compostela », me disant que les albergues en profitent. Je tente une autre albergue : plus de place. Le monsieur appelle 3 autres albergues du patelin, tout le monde est booké. En colère, je me suis quand même levé tôt pour ne pas avoir de soucis, je retourne à la première albergue en disant que je pends une chambre particulière. Mais bon, je suis carrément odieux avec les gens, au point de ne pas me rendre compte à quel point ils sont gentils et prévenants à mon endroit. Je prends la chambre, pas de WiFi !!! Dans une colère noire, je retourne à la réception. Il sont désolés, ils s’affairent dans tous les sens, mais ça marche très mal. Non seulement je suis de mauvaise humeur, donc de mauvaise foi, mais en plus, j’ai prévu de réserver le billet de bus et le billet d’avion pour le retour. Ca crashe au moins trois fois. En définitive, la dame de l’accueil m’installe devant son ordi et reste à côté de moi pour m’aider dans les manips. On y arrive enfin, et je retourne dans ma chambre. Quelques minutes après, on frappe : elle a imprimé tous les billets. Je remercie vivement, mais je vous avoue que je me sens un peu piteux. J’ai vraiment tout faux sur ce coup-là ! D’ailleurs, j’ai remarqué que souvent, quand je laisse partir ma rogne, je m’aperçois un peu plus tard que j’ai eu tort. J’ai dit souvent, pas toujours ! Mais quand même, il faudra que j’y fasse gaffe, à l’avenir.
A demain
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santiagotrip · 5 years
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Étape 70 : Las Herrerias
Lundi 1er Juillet
Pour le dîner, je vais chercher un restaurant. Juste en sortant, j’entends les Doors. J’aime beaucoup les Doors, ça me rappelle mon enfance. C’est le bistrot qui se trouve juste à côté de mon albergue, dans lequel j’ai pris un sandwich le midi. Rock n’roll aussi, le bistrot. Je suis reçu par un type, la soixantaine, souriant, et je lui demande si je peux manger. Oui, il répond. Il a pratiquement rien à manger, mais il me plaît bien. Je vais donc dans la salle, il y a des guitares accrochées au mur. On cause guitares, je lui dis que j’aime bien les Doors, que j’ai une Stratocaster, et que son bistrot me plaît bien. Alors là, il m’aime. Il me sert comme si on était quatre, il me fait une playlist de tout ce qui le fait vibrer, il me met même la vidéo de la musique qui passe. Des trucs rigolos. Pour ceux qui connaissent un peu, trois guitaristes de flamenco qui jouent « Sultans of swing », John Lee Hooker en concert avec les Doors, et d’autres trucs que je ne connais pas. Enfin, on parle beaucoup (en espagnol), on rigole pas mal, et on écoute plein de musique un peu fort. Je lui demande si ça ne dérange pas les autres clients que ça soit si fort, il me dit qu’ils s’en fout, et que s’ils n’aiment pas les belle musique, ils n’ont qu’à aller boire ailleurs.
Puis, il sort une bouteille d’Evian avec un liquide transparent dedans. J’imagine que vous avez compris qu’il s’agit d’un alcool de sa fabrication, suivant une recette héritée des ses parents, qui eux-mêmes ... En réalité, c’est presque de l’alcool pur, carrément imbuvable, sans aucun goût. Je défie d’ailleurs quiconque de me dire avec quel fruit c’est fait, pour autant que ce soit fait avec un fruit. Ca brûle juste les lèvres, et cette nuit, il faudra que je fasse bien attention de ne pas faire pipi sur mes chaussures, je suis sûr qu’elles ne résisteraient pas. Je dis ça, mais je suis sûr que beaucoup d’entre vous ont eu affaire avec ce genre de poisons. Mais bon, c’est offert tellement gentiment, et il est tellement fier de son alcool que je le bois entièrement en le complimentant pour sa qualité. Mais l’intention est là. Je l’ai quasiment trouvé bon, son tord-boyaux. Et je vais me coucher.
Moins drôle. La nuit avec le couple de blaireaux Italiens s’est mal passée. La fenêtre de la chambre surplombant la terrasse du bar, on entendait parfaitement les conversations, les rires, les cris, dont l’Espagnol n’est pas avare, surtout quand il est un peu bourré.
Comme il faisait une chaleur à crever, j’ai ouvert la fenêtre, qui se trouve au pied de mon lit. Deux boules Quiès, et je me suis endormi comme un bébé. Les deux Italiens dormaient à l’autre bout de la chambre. « Boules Quiès », ça ne doit pas exister en Italie. A 22h40 (hé oui, c’est précis !), je me réveille en sueur, la gorge et la bouche sèche. Tu parles ! La fenêtre est fermée et les deux ballots ronflent comme des sonneurs. J’ouvre, mais il y a un bruit infernal dehors. Comme je n’ai pas envie d’une rixe à onze heures du soir, je referme aussitôt, prenant mon mal en patience et me disant que ça ne va pas durer toute la nuit ... J’ouvrirai à minuit. Sauf qu’à minuit, on est à l’apogée le de la fête. Du moins, c’est ce que je crois. Comme le chaleur est infernale, je laisse ouvert une dizaine de minutes et je referme. Une heure plus tard, je recommence le processus. Et encore une heure. A quatre heures du matin enfin, ils sont partis se coucher (les fêtards!). Je laisse donc la fenêtre ouverte. Un bonheur. Je m’endors avec le sentiment du devoir accompli. A 4h45, le souk dans la chambre. Les Italiens allument la lumière, rangent leurs sacs à dos, conversant entre eux ... Pour info, dans une albergue, moi, je clos mon sac à dos le soir, laissant accessibles les compresses et le scotch (même si je n’ai pas mal, je protège mes talons), la brosse à dents, le dentifrice et le peigne. Le lendemain matin, je n’ai plus qu’à ranger ces trucs-là, le drap (« sac à viande », comme il est parfois dénommé par les personne distinguées) ou le duvet éventuellement, ainsi que le chargeur de téléphone. Tout ça à l’extérieur de la chambre.
Et d’une, je risque moins d’oublier quoi que ce soit, ensuite, je gagne du temps le matin et je ne dérange personne.
En l’espèce, ces arguments, et en particulier le dernier, leur passent très au dessus du cortex (pour autant qu’ils en soient munis ...).
Mais je n’ai pas dormi de la nuit, je me dis que ça ne va pas durer bien longtemps, et, malgré le tintouin transalpin, je me ré-endors. A 6 heures, je me réveille. Comme je l’ai déjà dit, c’est un peu tard. A sept heures moins le quart, je me sauve. Je n’ai toujours pas déjeuné, et, paraît-il, à Cacabelos, rien n’ouvre avant 8h30. Donc, je m’en vais, et je vais retrouver Gauthier qui a trouvé un « spot » (c’est comme ça qu’il appelle un coin tranquille à l’abri des regards et de la pluie) à la sortie de la ville (il m’a fait un SMS la veille).
Je le retrouve, et hop, on se sauve. On n’a pas trouvé de bistrot avant 9 heures du matin, en pleine campagne. Il faut vous dire qu’au long du chemin, il y a plein de petites cabanes où on propose aux marcheurs des desayunos » (petits déjeuners, interro à la fin du billet !) plus ou moins élaborés.
Voilà celle où on s’est arrêtés
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On n’a pas marché très vite. En plus, on a fait quelques kilomètres se long de la route, et pour Kaska, c’est pas bien plaisant. Elle est forcée de marcher au pied, et elle peut pas aller courir comme elle voudrait. Donc, au bout d’une heure environ de marche sur le bas-côté, on décide de prendre une « variante ». Ca rajoute un peu de distance, mais au moins, on est sur les chemins.
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On ne marche pas très vite. A Trabadelo (à peu près au milieu du chemin), Gauthier et Kaska décident de faire la sieste et de me laisser partir.
La rue principale de Trabadelo
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Aujourd’hui, j’ai fait 30,6 kms.
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Ben oui, il faut que je vous explique : Ce matin, avec le scotch double face dans les chaussures, qui maintient mes semelles, je me suis senti incroyablement bien. Plus aucune gêne, plus aucune douleur. La marche redevient un vrai plaisir. Et je n’ai vraiment pas envie de m’arrêter.
Quelques photos :
Beaucoup de verdure sur le chemin
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On voit ça ...
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Juste sous ça :
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Qui n’est autre qu’un bout de ça :
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Je suis peur-être un peu ballot, mais ces viaducs gigantesques, ça m’impressionne? Comment les gens sont-ils capables de construire des trucs pareils ?
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Une ruelle, un peu « roots » comme je les aime:
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Demain, il y a une montée un peu dure. Je décide donc de me mettre juste au pied de cette montée. Le village étape s’appelle Las Herrerias.
En plus, il y a un gîte qui semble bien. J’y vais donc. Je vous raconte :
C’est un gîte un peu baba cool, mais baba cool d’aujourd’hui. C’est à dire très très sympa, mais écolo à fond, très regardant sur l’hygiène, la consommation, la nourriture. Pour tout vous dire, les gens sont très accueillants, très souriants, mais on sent que « quelque part », ils laissent assez peu de place à la fantaisie.
Il y a Miriam, la quarantaine, gentille, mais on sent bien qu’il vaut mieux être d’accord avec elle. C’est la patronne. Il y un homme (son copain, je présume, je ne me souviens plus de son prénom), la quarantaine aussi, un peu Raphaël Glucksmann sans le sourire convenu. Et autour d’eux, plusieurs jeunes gens (j’ai vu un garçon et 3 filles) gravitent. Ils sont très (trop ?) souriants. Je ne dirais pas que ça sonne « secte », sûrement pas, mais bon, déjà, il m’étonnerait bien qu’ils ne pensent pas tous la même chose, et Raphaël Glucksmann fait quand même un peu « gourou ».
Premier problème : Comme - quasiment -toutes les albergues que j’ai fréquentées acceptent la carte, je n’ai pas fait attention, mais je n’ai presque plus de liquide. Enfin pas assez. Le premier village est Vega de Valcarce, à quatre kilomètres avant Las Herrerias, sur le chemin. Je l’ai traversé sans penser à aller au distributeur. Quatre kilomètres. Quand même ! J’imagine mal (enfin pas du tout!) faire l’aller et retour à pied. Idée lumineuse : Kaska et Gauthier sont derrière moi. Je passe un coup de fil et ils me prennent des sous sur le chemin ... Évidemment, malgré plusieurs essais de plus en plus frénétiques, ils ne répondent pas. Je demande à Kati (c’est le prénom de la jeune fille qui m’accueille) s’il n’y a pas une voiture qui peut m’emmener. Elle me regarde avec des yeux ronds. J’ai dû dire une bêtise ! Et un vélo ? Vous avez bien un vélo à me prêter, non ? Ca oui, il font même de la location de vélos à la journée. Bon, j’en ai à tout casser pour une demi-heure. Elle demande à Raphaël Glucksmann qui donne son accord. Je monte sur le vélo, je mets le casque en boudin noir (Là, elle rigole pas ! Pas de boudin, pas de vélo !) Bon, je le coiffe en espérant ne pas croiser Paulette, et je pars. Ce qui me permet de tirer un enseignement capital sur le Camino : Le Camino en vélo, c’est de la gnognote, à côté de la marche à pieds. Surtout avec les dérailleurs qu’ils font maintenant, avec lesquels ce n’est plus les pieds qui appuient sur les pédales, mais les pédales qui appuient sous les pieds ... Quand je pense que j’en ai vu quelques-uns en vélos électrique ...
Donc, à chaque fois qu’un cycliste passe et me dit « Buen Camino », je réponds avec enthousiasme : « Buen paseo a ti » (et toi, bonne balade !)
Donc, en revenant du distributeur, je règle les questions de sous avec Kati et Raphaël Glucksmann m’emmène faire le tour du gîte. Il fait un peu « chalet dans les Alpes ». Il nous dit (on est trois visiteurs) qu’il a tout fait tout seul. Je suis scotché. Des murs intérieurs en pierre plate absolument parfaits, des enduits un peu structurés de toute beauté, mais surtout une charpente magnifique, avec des assemblages impeccablement réalisés ... C’est incroyable. Moi qui adore bricoler, je suis abasourdi.
Et là, il nous montre sa dernière réalisation, des volets à galandage (on dirait « coulissants »). Sauf que là, c’est plus la même histoire? C’est de guingois, tout est vissé, le bois joue, ça ferme mal, les panneaux sont assemblés à coups de vis en diagonale ... Je n’ose rien dire, mais c’est pas le même bonhomme qui a fait les deux choses. Plus tard dans l’après-midi, il assemble une entrée en bois sur des gonds pour une clôture. Comme c’est lourd et qu’il transpire, je lui propose mon aide, qu’il accepte. Et là, je le vois travailler. Ni fait ni à faire. Dans le fond et dans la forme.
Évidemment, je ne dis rien, je ne veux pas casser sa baraque, mais j’ai réfléchi. Je ne crois pas qu’il nous ait menti, mais sa maison, c’est jamais lui qui l’a construite, évidemment ! Il a ajusté quelques bricoles, passé le balai, un coup de peinture, mais comme rien que ça, il en a bavé comme un âne, il s’est convaincu que c’est lui qui avait tout fait.
En même temps, je suis soulagé. Parce que le jour où je serai capable de réaliser des assemblages pareils, monter des murs comme ça, et faire des enduits de ce niveau, Castaner dira quelque chose d’intelligent. Et ça, c’est pas demain.
Ce soir, le repas est végétarien. En fait, chacun ses goûts, mais moi, je vous les conseille pas, les repas végétariens. C’est pas que c’est pas bon, c’est juste que c’est pas assez et que ça n’a aucun, mais alors aucun goût. Il y avait «quinoa ». Je défie quiconque de dire que c’est mauvais, je défie de la même manière qui que ce soit de dire que c’est bon, vu que ça ne sent strictement rien. Mais bon, c’est servi avec le sourire et tellement de coeur qu’on a vraiment envie de trouver ça bon. Heureusement, il y a du vin. Bio. Un peu rêche, même carrément rêche, mais au moins, on ne pourra pas dire qu’il laisse indifférent. Nature, le vin. Un peu brutal, mais nature.
Je sais que ça fait un billet un peu roborative, mais je dois vous parler des pélerins que j’ai rencontrés.
Déjà un monsieur et une dame qui font le chemin ensemble depuis un moment. La soixantaine, ils sont mariés, mais pas ensemble. Chacun de leur côté. Contact impossible, ils parlent tout le temps, d’eux, très fort, et de choses clairement sans aucun intérêt. Il y a peut-être des choses à échanger avec eux, mais après un sacré bout de temps, et une bonne quantité de sangria. On n’a pas que ça à faire, ni eux, ni moi.
Ensuite, une jeune fille (allez, 25 ans, je dirais ...) suédoise. Joviale. Ca m’énerve, les gens joviaux, qui s’esclaffent à peine tu dis bonjour. Elle arrive à table, lie la conversation avec deux personnes que je n’ai vues que là, et on rigole, et on crie, et on se tape sur le ventre ... Elle met la musique sur son téléphone, elle se met à danser sur le banc, et à chanter les paroles à tue-tête ... Nous sommes trois à côté, à la même table, on aimerait bien échanger un peu ... On laisse passer l’orage, et à un moment, je demande avec un grand sourire si elle peut baisser d’une douzaine de tons ... Elle s’exécute immédiatement, mais stupéfaite que je ne m’associe pas à leur enthousiasme ...
Il y a un monsieur, Danois, dans les 70 ans, souriant mais mutique. Les cheveux plutôt longs, abondants, tout blancs. Les yeux bleus très clairs. On se voit depuis un bon moment sur le chemin, on se retrouve dans les mêmes albergues ... Il répond aux questions de bonne grâce, mais ne cherche pas la compagnie. Toutes les tentatives de contact ont été vaines. Je n’ai aucun souci avec ça. Je respecte. Quand nous nous croisons, nous nous saluons courtoisement et reprenons chacun notre chemin. Je crois que ça lui va comme ça.
Il y a Didier. 63 ans. Comme moi. Cabossé, Didier. Très gentil, très doux, mais cabossé. Il a du mal à mettre ses idées en place. Il a eu un terrible accident d’avion qui l’a laissé à l’hôpital, puis dans un centre de rééducation à Berck pendant plusieurs années. Il attribue ses difficultés d’expression aux séquelles de l’accident. Peut-être, et même sans doute. Moi, je crois aussi qu’il n’a pas soigné ses maux de tête qu’au paracétamol. Il a dû s’enfiler dans les poumons et dans les veines des trucs qui eux, pour le coup, laissent des séquelles. Il vit dans une belle maison dans le Lubéron, mais sa copine est partie « avec un type super-sympa, alors il peut pas lui en vouloir ... », alors ils vendent la maison pour partager les sous. Maintenant qu’il a fait Saint Jacques, avec les sous, il voudrait acheter une maison dans la Creuse (il aime bien la Creuse) et en faire comme une albergue à la française. Et la gérer avec Michèle. Il est tombé un peu amoureux de Michèle, avec qui il marche depuis un bon moment. Pendant que je rédigeais le billet, il s’est assis en face de moi pendant un long moment et m’a parlé. Lorsque je lui ai dit très gentiment que je devais avancer dans le billet, il s’est levé, m’a embrassé sur les deux joues et est monté se coucher. Je crois que cette rencontre a été importante pour lui. Je ne sais pas vous dire pourquoi.
Michèle, elle a la soixantaine. De jolis cheveux blancs. Elle habite dans le coin de Limoges, elle a fait Compostelle plusieurs fois. Elle est dure, Michèle. Elle envoie personne dire ce qu’elle a à dire. Sauf qu’on a l’impression (et même plus que ça) qu’il faudrait pas grand’chose pour casser la carapace et la faire chialer. A sa manière, et sans jamais en avoir parlé avec elle, je crois qu’elle aussi, elle est bien cabossée !
Kaska et Gauthier me rejoignent. Gauthier demande à prendre une douche, on va boire une bière avec Michèle et Didier, et ils (Kaska et Gauthier) reprennent la route. Gauthier aimerait bien faire la montée ce soir pour être au sommet de la montagne au réveil. J’ai caressé l’idée de partir avec lui, mais je ne crois pas que ce soit bien sérieux. D’abord, j’ai bien marché aujourd’hui, ensuite la montée est rude, enfin, j’ai ce billet à rédiger. Ce sera donc pour une autre fois.
Demain, j’essaie de partir à 6 heures pour attaquer la montée « à la fraîche ».
Bonne nuit à tous
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santiagotrip · 5 years
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Étape 69 : Cacabelos
Dimanche 30 juin
Je quitte (pas à regret, mais presque, surtout compte-rendu de la suite) le gîte d’hier. La nuit s’est très bien passée. Il suffit juste d’accepter que, si on ne veut pas se prendre la tête avec les indélicats, il faut se coucher le dernier et se lever le premier. J’ai fait la causette avec le personnel de l’albergue jusqu’à pas d’heure, c’était bien sympa. Et je me suis levé à 5 heures moins 2, exactement deux minutes avant le branle-bas de combat. Je n’arrive pas encore à déranger, mais je le ferai sans doute avec un plaisir non dissimulé demain matin. J’y viens.
Aujourd’hui, j’ai parcouru 30,6 kms.
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30 bornes, c’est devenu ma distance de croisière. Enfin, ça va devenir. Je vous rappelle qu’hier, j’ai eu de gros problèmes à cause de ma semelle de chaussure, et qu’il fallait absolument que, passant à Ponferrada, qui est une grande ville, j’achète du scotch double face, sans lequel la marche est problématique. Ou plutôt, à chaque heure, je dois m’arrêter pour remettre la semelle en place.
Au moment de partir, une angoisse : on est dimanche ! Et le dimanche en Espagne, c’est ville morte. Tout est fermé, il n’y a personne dans les rues. Je vois sur la carte un très gros centre commercial à proximité du Camino, et je me dis qu’à tout prendre, s’il doit y avoir quelque chose d’ouvert, c’est là. Alors je prends mon courage à deux mains. Le paysage est magnifique, mais c’’est une longue descente dans les cailloux. Je ne suis pas à ma vitesse de croisière, loin s’en faut. Et tous les 3/4 d’heure, je m’arrête, j’enlève ma godasse, je réajuste la semelle, et je repars. Pas terrible.
J’ai oublié : Je ne sais pas si c’est parce qu’on est dimanche, mais il n’y a quasiment personne sur le chemin. A tout casser, j’ai croisé cinq personnes. Je me serais cru en France, dites-donc ! Un vrai bonheur.`
Tout au fond, Ponferrada dans la brume. Il est 6h30
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Ponferrada, d’un peu plus près, avec un peu moins de brume :
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C’est ça, une descente pierreuse
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Ou ça :
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Le chemin jusqu’à Ponferrada était très joli, j’aimerais bien que les photos soient représentatives de ce que je ressens, mais là, c’est un métier ...
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L’arbre mort m’a plu. Pour ceux qui connaissent, j’ai pensé à Dead Vlei, en Namibie (hé oui, je suis un grand baroudeur !)
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Après Ponferrada, des vignes. Les pieds ne sont pas bien alignés comme chez nous. Je crois qu’on parle de vignes « en foule », mais je ne suis pas sûr ...
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Un peu avant l’arrivée (4 ou 5 kilomètres), je croise une dame qui balade son chien, à qui je demande si je suis bien sur le chemin. Elle me dit que oui, mais si je veux, elle m’emmène sur un raccourci où on chemine à l’ombre. Imaginant mal une agression de type « sexuel » à mon âge avancé, j’accepte. Elle est gentille comme tout. Elle me parle en espagnol tout au long de chemin. Je comprends tout, dites donc ! Quand elle parle trop vite, je l’arrête et elle ralentit son débit. Elle fait tous les efforts du monde pour que je comprenne. C’est un régal pour moi. Elle me raconte sa vie, ses trois caminos,ses goûts, ses voyages ... Je lui raconte la France. Elle ne connaît pas. Elle n’est jamais montée plus haut que Roncesvalles. On se quitte en s’embrassant chaleureusement. Je ne lui ai même pas demandé son prénom.
Je conclus : Une descente vers Ponferrada « mitigée ».
Donc, j’arrive à Ponferrada, que je traverse pour me diriger vers le centre commercial. Hé bien miracle ! Vous n’êtes pas forcés de me croire tellement c’est incroyable. Pourtant c’est vrai. Je tombe, sur ma gauche, sur un magasin Décathlon. Je me dis que c’est rigolo, mais qu’un Décathlon fermé, c’est comme pas de Décathlon ... Je m’approche de la porte d’entrée à galandage ... Elle s’ouvre, dis donc ! J’entre, je suis très gentiment accueilli par un vendeur qui me demande d’où je viens ... Il est déjà venu en France, à Englos, près de Lille, où se trouve le siège. On cause un moment, c’est vraiment très convivial. Je lui parle de mes chaussures. Il ne peut pas me vendre de scotch double face, mais il peut m’en donner un petit mètre. En plus, il me dit que mon problème vient de la fabrication, et il me donne (oui, donne, au titre de la garantie !) une paire de semelles haut de gamme. Je lui achète en plus des embouts pour mes bâtons, les miens sont usés. Tenez-vous bien, ma carte Décathlon française fonctionne ! Lui aussi, ça le fait rigoler.
Je mets les semelles neuves dans mes chaussures, je les colle, je trouve ça super et je prends congé. J’ai à peine fait un détour, je n’ai quasiment pas quitté le chemin. Sauf qu’au bout de quelques kilomètres, les semelles me font toujours mal. Comme si on n’avait rien fait. Je crois qu’elles sont un peu grandes et qu’il faut que je les adapte un peu. Heureusement, j’ai eu la bonne idée de reprendre les vieilles semelles. Je m’arrête dans un bistrot, je colle les vieilles semelles et c’est reparti. Comme dans des chaussons, dis-donc !
Je suis tellement content qu’au lieu de m’arrêter comme prévu à Camponaraya, je décide d’en reprendre pour 7 kms et aller jusqu’à Cacabelos. Je le fais sans difficulté, je me dis qu’ainsi, je conserve mon avance pour un jour où j’en aurai vraiment marre.
Sauf qu’arrivée à Cacabelos, je consulte une application Smartphone qui s’appelle « Buen Camino » (ça s’invente pas !) qui indique toutes les albergues à toutes les étapes du Camino. L’appli est dithyrambique à propos d’une albergue qui s’appelle « El Molino ». Je décide de dormir là. J’entre. C’est un bistrot. Le type est à peu près sympa. Je paie 10 balles et je monte dans la chambre. Bon, la chambre est bien, ce n’est pas le sujet. Mais alors : Pour le petit déjeuner, je fais comment ? « Tu te débrouilles. » Micro-ondes ? Que dalle. « Et pour la lessive ? » Tu fais comme tu peux avec la douche. « Pour faire sécher ? » C’est ton problème. Une seconde, je suis tenté de m’en aller. Sauf que j’ai 30 kilomètres dans les pattes, je suis crevé, et j’ai payé. Alors par paresse, je suis resté.
Je n’ai rien vu qui accroche mon attention à Cacabelos.
Quelques ruelles un peu délabrées
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Et, sur toute une façade, ce tag, que j’ai trouvé magnifique, dans la forme et dans le fond (Je ne rigole pas !)
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C’est pas tout. Quand j’arrive, je suis seul dans la chambre. Je m’allonge et je commence une sieste. Dix minutes plus tard, la porte s’ouvre, et là, une vision d’horreur. Je ne vous ai pas dit que depuis Leon, il y a un couple d’Italiens que tout le monde fuit. Ils sont égoïstes, agressifs, prétentieux ... Une synthèse, quoi. Enfin elle, surtout. Lui, suit. Je me suis demandé à un moment s’il n’avait pas un collier autour du cou et une laisse.
Donc, cette superbe sylphide (sèche comme un coup de trique, moche comme un pou et mauvaise comme une teigne) entre en hurlant dans la chambre où je dors, ouvre le volet qui était à demi-fermé et me dit que ça pue. Je lui réponds qu’effectivement, depuis son entrée ...
Donc je me lève et je vais à la douche. A peine étais-je tout nu qu’elle tambourine à la porte, en éructant des trucs en italien. Je pense qu’elle voulait la place. Du coup, je suis resté trois bons quarts d’heure dans la salle de bains. Mais alors, je suis drôlement bien propre. Et croyez-moi, je ne pue pas.
Tout ça pour dire que je ne sais pas, à cette heure (il est 18 heures) comment ça va finir. Mais en fait, je m’en bats l’œil. Je suis actuellement dans une autre albergue, je sirote une « gran cana » en rédigeant ce message. Je vais aller dîner au restaurant, je m’introduirai dans le lit, et demain matin, à 5 heures moins le quart, répétition de chant choral.
Encore 8 dodos et je suis à Santiago. Tiens, au fai, j’ai encore sauté une centaine. Il me reste (en prévision) 195,1 kms à parcourir.
Je vous remercie tous (encore une fois) de votre soutien.
A bientôt à Santiago de Compostela
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santiagotrip · 5 years
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Étape 68 : El Acebo de San Miguel
Samedi 29 juin
Je ne sais pas ce que j’ai fait hier avec mon billet, il me met « Reblog » et je ne peux plus le modifier ! C’est pas bien grave, juste deux ou trois bricoles, cinq fautes d’orthographe (et ça pour le coup, ça m’agace grave !) et une photo rigolote ... Tant pis, je verrai ça au calme à la maison.
Bon, on y va. J’ai bien peur d’avoir encore un paquet de choses à raconter.
Déjà, dès 5h30, je fais mon intéressant. La cuisine est attenante à un dortoir. Ou plutôt, la cuisine est au bout du dortoir. Quatre personnes dorment profondément. Nous sommes deux, avec nos lampes de poche, à préparer notre déjeuner en essayant de faire le moins de bruit possible, quand deux Italiens arrivent, et se mettent à parler, à rigoler comme s’ils étaient tout seuls. Un autre arrive, et, comme il voit pas bien clair, il allume la lumière. Vous me connaissez, classe, je leur explique avec tout mon catalogue de mots fleuris qu’il serait opportun qu’ils aient l’amabilité de bien vouloir baisser d’un ton et éteindre la lumière afin de, dans la mesure du possible, ne pas trop déranger les dormeurs. Je ne suis plus tout à fait sûr d’avoir utilisé les mots « connasse » et « enfoiré », mais c’est sans importance. Une dame, bilingue Français - Italien, est à côté de moi, morte de rire (évidemment, les Italiens n’ont rien compris de mon discours). Elle traduit : « Le monsieur vous demande de parler moins fort »  (enfin c’est ce que j’ai compris).
Ils se sont calmés, et quelques minutes plus tard, une bande d’Américains sont descendus et ont achevé de réveiller tout le monde.
Je rigole, mais je vous assure que cet égoïsme forcené me met hors de moi. Je trouve que c’est un manque absolu de savoir-vivre. Je dis pas que ça mérite la guillotine (quoique ...), je dis juste que ce manque total de respect pour l’autre se constate quasi-quotidiennement. Et encore, les gens qui sont sur le Camino pourraient être perçus comme un peu plus altruistes que les autres ... Que dalle.
J’ai prévu d’aller jusqu’à Manjarin, à une trentaine de kilomètres. En réalité, j’ai fait 37,5 kms. Mais je demande aux gens qui s’inquiètent pour moi de ne pas me crier, pour le coup, c’est pas de ma faute. J’explique après.
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A 5h45, je suis sur le chemin. La quantité de pèlerins est de plus en plus dense. En exceptant les deux groupes d’enfants qui, à mon avis, goûtent juste au chemin sur quelques kilomètres, j’ai pu compter une trentaine de pèlerins devant moi, et autant derrière. Au début, et jusqu’à Rabanal del Camino (une quinzaine de kilomètres) on longe la route. Ca m’ennuie de ne pas vous épargner les détails intimes, mais comme on en est toujours trop avare ... Voilà. Il se trouve que ce matin, je suis dérangé. Un peu, mais souvent. Vous imaginez la scène ? Toutes les demi-heures, quitter le piste et la colonne ininterrompue de pèlerins, s’éloigner suffisamment pour échapper aux regards, et quelques minutes après, reprendre sa place dans la queue ...
A partir de Rabanal, on quitte la route et on arrive dans les petits chemins de montagne. Ca y est, le paysage devient magnifique.
J’ai pas réussi à l’avoir sans pèlerins
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C’est pas joli ? Ca m’a fait penser à la garrigue provençale, en plus étendu
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Et un peu de botanique :
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Il y avait les restos « Gay friendly » (j’ai jamais trop bien compris ce que ça avait de particulier, mais bon ...), voici le Camino « Gay friendly » (c’est le Camino où on pousse pas les gays dans le ravin, j’imagine !)
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Et ça, ça fait pas plaisir ? Là où je suis, je dois être à moins de 250 kms du but. Moins que Favières - Reims (Vous me direz, Favières - Reims à pieds, c’est pas rien quand même !).
La contrepartie de ce joli décor, c’est que ça monte fort, et ça descend tout autant. Dans la pierraille, et vous connaissez mon goût prononcé pour les descentes dans les cailloux ...
En plus, il m’est arrivé un truc bizarre. Une violente douleur sur l’extérieur du pied gauche. Tellement violente que je ne réprime pas un cri à chaque fois qu’elle apparaît. C’est pas une ampoule, c’est pas une douleur que je connais ... Je suis un peu désappointé, parce que je ne me vois pas continuer ainsi. Je vous assure, ça fait vraiment très mal. Mais je me dis « allez, encore deux kilomètres jusqu’à Manjarin. Je continue et je regarderai au gîte ». Et là, grosse désillusion : Le gite est un « Refugio ». J’explique : Quatre planches, du mobilier en palettes, et deux baba cools assis par terre qui fument des pétards en regardant les gens passer avec le sourire qui va bien avec le pétard. Je fais le tour, et je me dis que même si, dans d’autres conditions, ça peut être sympathique, avec 30 kms dans les pattes et un pied qui tombe en morceaux, ça va pas être possible.
Hé oui, il n’y a que ça ...
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El Acebo, le prochain village, est à 7 kms. Avec un gîte, dit-on, luxueux. De toute façon, je n’ai pas le choix. Je m’assieds quand même quelque part (en plein cagnard, j’ai oublié de le stipuler !), et j’enlève ma godasse. J’ai tout compris. La semelle a glissé vers l’arrière et elle remonte au niveau du talon d’une bonne dizaine de centimètres. Je la remets en place et je retrouve le confort initial. Sauf que 500m plus tard, elle a repris sa position d’équilibre (celle qui m’arrache des cris de douleur). En plus le chemin est catastrophique. Très étroit, une forte pente descendante, et des pierres partout. Dire que j’en ai bavé est juste un euphémisme. C’est dire si l’arrivée au gîte a été comme l’accès au Paradis.
En fait, j’ai compris. A Sorde l’Abbaye, je me suis pris une drache phénoménale, et l’hospitalier du gîte, l’un des plus sympas que j’aie rencontré, s’est mis dans la tête de sécher mes godasses. Il a donc, cette andouille, retiré les semelles, épongé l’intérieur de chaussures avec du journal et séché les semelles à part. Sauf qu’en retirant les semelles, il a arraché le scotch double face qui les maintenait en place. Et depuis ce temps-là, au bout d’un certain temps de marche, j’ai mal aux pieds. Tu parles, Charles ! Ca y est, c’est bon. Demain à Ponferrada (encore une très grosse agglomération), j’irai au Brico-dépôt (Ben oui, il y en a aussi ici !) acheter du scotch double face et il n’y paraîtra plus.
J’en étais au gîte. Déjà, El Acebo, c’est tout petit. Mais alors qu’est ce que c’est beau !
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Simplement, je n’étais pas dans les meilleures conditions pour nourrir mon âme de la beauté bucolique d’un village espagnol.
Le gîte est superbe. Je crois que c’est le plus classe que j’aie vu. Pas le plus sympa, mais le plus luxueux. En plus, ils ont tout compris aux besoins du pèlerin. Tout est nickel. Sans rire, sauf le dortoir (mais je crois qu’ils ont des chambres individuelles), je me crois dans un Best Western. Pour 27 balles la nuit compris dîner et petit dèj ! Je dis dortoir, mais c’est une chambre à quatre lits superposés, c’est pas vraiment excessif. J’espère juste que mes photos donneront un bon aperçu du lieu.
Ca, c’est la vue depuis la terrasse de ma chambre (un peu nuageux, il est 7 heures du soir. Pourvu que ça dure, ça sera plus agréable pour marcher demain !)
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Je voulais aussi vous raconter : Au gîte, il y a une piscine. Une vraie.
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Quel bonheur ça a été de faire la planche dans de l’eau froide, après avoir crapahuté sous le cagnard ! En plus, dire que mes pieds ont apprécié est peu dire.J’ai eu l’impression de les faire revivre. Ensuite, je suis sorti pour prendre un bain de soleil en regardant passer les filles presque à poil. Mais là, j’ai un problème. Les tatouages. Tout le monde est tatoué. Mais pas un petit truc, du genre « une pensée pour Maman » ou « A Germaine pour la vie ». Non, carrément des tatouages sur tout le corps. Bon, la toile d’araignée sur les coudes, c’est moche, ça doit faire mal, mais on comprend que ce sont des toiles d’araignée. Mais la liste des courses tatouée depuis la nuque jusqu’à la naissance des fesses, on comprend moins. Ou les Vasarely sur tout le torse, pas plus. Ou la reproduction du macramé de Mamie de l’épaule au poignet, on a du mal. Un aigle sur le dos, bon, ça fait « l’homme à la moto », mais c’est un peu daté. J’en ai juste vu un rigolo. Une flèche sur le bas du dos (bon, stylisée, la flèche, quand même !) qui indique exactement l’endroit à viser pour réussir un coup de pied au cul parfait.
En fait, ce qui fait rire, c’est quand ça vieillit. Parce que la tête à Johnny sur la cuisse cellulitée, c’est moyen. Ou un aigle entre les plis du ventre, on croirait le vautour de Lucky Luke. Moi, je trouve que ça nuit un peu au caractère délicat que suscite en général une dame en maillot de bains.
Enfin, chacun son chemin. Moi, je vais en rester aux tatouages « Malabar »
Je vous souhaite le meilleur.
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santiagotrip · 5 years
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Étape 67 : Astorga
Vendredi 28 juin
J’ai réussi à quitter l’albergue à 5h45. Je me suis méfié, le pic de température était prévu pour aujourd’hui. Tout s’est bien passé, j’ai parcouru 33,2 kms.
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En réalité, je me suis senti très bien. J’aime bien dire que « je marchais sur l’eau ». Sauf que j’ai longé la Nationale sur des kilomètres, et il était prévu que ce soit sur toute la durée du trajet. En fait, on ne marche pas sur la Nationale, mais sur une piste située à proximité immédiate : Nationale, fossé, piste de largeur une personne.
A un moment donné, j’ai vu une colonne de fourmis qui traversait la piste. Et je nous ai vu nous, les pèlerins, en file indienne sur des centaines de mètres. J’ai eu un moment d’angoisse, en me disant qu’il allait en être ainsi pendant 28 kms. Alors, à Hospital de Orbigo, j’ai sorti mon GPS et j’ai quitté le chemin. Pendant quelques kilomètres, je me suis cru en France. Seul, absolument seul en pleine campagne. Puis, après cinq ou six kilomètres, j’ai rejoint sans m’en rendre compte un chemin alternatif, où j’ai doublé quelques pèlerins.
Doublé, parce que je ne sais pas si je vous l’ai dit, je ne m’arrête pas. Je n’ai ni besoin, ni envie de m’arrêter (sauf pour pipi, évidemment, mais je garde ma mochila sur le dos). Je fais les 32 kms d’un seul coup, et ça me va drôlement bien. Les autres marchent souvent plus vite que moi, mais ils s’arrêtent. Soit au bistrot, soit dans un coin d’ombre, un quart d’heure, une demi-heure ... Ce qui fait que je suis souven le premier à l’étape. C’est curieux, mais c’est ainsi.
Vous ne saviez pas non plus que Zorro il avait plein de frangins !
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A San Justo de la Vega, vers midi, je marchais sur le trottoir d’un bon pas, lorsque j’ai croisé trois ouvriers, vraisemblablement des employés municipaux, en combinaison de travail et gilet jaune, qui à la main ou avec des pelles, arrachaient les mauvaises herbes qui poussaient dans les interstices du goudron ou des pavés. Et ils donnaient pas leur part aux chiens. Ca avait l’air vraiment dur à enlever ! Ben voir ça, je vous assure que ça calme. Et moi, peinard, marchant tranquillement en t-shirt et gambettes à l’air, m’arrêtant si j’en ai envie, changeant de trottoir si j’en ai envie, ma gourde d’eau à portée, et vers midi, la douche et les doigts de pieds en éventail, croyez-le si vous voulez, ben c’est moi qu’on trouve admirable. Il y a pas quelque chose de choquant ?
Ca, c’est le Rio Orbigo (Vous n’en avez pas marre, que je vous colle des Rios à tout bout de champ ? Moi aussi. Alors on partage !
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Je suis épaté par le nombre de cigognes. Hier, j’en avais vu une demi-douzaine dans un champ. Aujourd���hui, j’en ai compté 7 d’un seul coup d’œil.
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Sinon, des nouvelles du bonhomme : J’ai mes nouvelles chaussures, donc, elle me vont bien. Une petite ampoule au talon, mais demain, je mettrai des compresses et du scotch pour éviter les frottements, ça ira très bien. J’ai mal au dos tout le temps, sauf quand je marche. Il vaut mieux ça que le contraire !
Partir à 6 heures, c’est vraiment bien. Le jour se lève vers 6 heures 30, on profite du spectacle. Il fait frais. La chaleur monte doucement, c’est peut-être pour ça que je la supporte bien. Partir tôt, ça permet d’arriver à l’étape avant 14 heures. Parce que de 14 heures à 18 heures, je ne vous raconte pas. De toute façon, personne ne sort, les rues sont désertes. A 18 heures, tout s’anime. Jusqu’à 21 heures, environ. Je pense qu’il y a un mélange entre le rythme espagnol et le rythme pèlerin.
Maintenant, je peux faire des étapes plus longues. Ma distance fétiche, c’était 25 kms, aujourd’hui, c’est plutôt 30. Demain, je vais tenter d’atteindre Manjarin, à 29,2 kms. Mais bon, s’il s’avérait que j’aie vu trop loin, j’ai des étapes intermédiaires tous les 5 kms. Il sera toujours temps de rectifier le tir ...
Je suis à Astorga, donc.
Quand on voit Astorga comme ça, on se dit ça y est, on est arrivés ... Tu parles ! Il y a encore 9 bornes .
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C’est une très grande ville. C’est bizarre, je suis sûr que vous ne saviez même pas que ça existait. Et pourtant, c’est sans doute plus gros que Burgos. Ou au moins, ça a l’air. Il y a une Cathédrale. Et alors, je voudrais vexer personne, mais à côté de la Cathédrale d’Astorga, celle de Burgos, celle de Leon, c’est petits bras ! Elle est d’une élégance à couper le souffle. Et pour qu’une église me coupe le souffle, avec toutes celles que j’ai fréquentées, il en faut. Je vous propose quelques photos, mais je vous invite vivement à aller voir sur Gogole à quoi ça ressemble, c’est incroyable.
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Et ça, c’est un petit pied-à-terre qui jouxte la Cathédrale
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Le gîte s’appelle « San Javier ». Il est fait dans une très vieille maison, ce qui lui donne un cachet terrible. Évidemment, il y a tout le confort habituel. Le monsieur qui le tient est un vieux ronchon, mais curieusement, il m’a à la bonne. Quand il a vu que j’écrivais sur un coin de la table à manger, il m’a emmené dans une pièce au frais, m’a collé deux cannettes de bière et m’a tapé sur l’épaule en m’expliquant que là, je serais bien. Et je peux rester là toute la nuit. Entre nous, j’espère bien que j’aurai fini avant ...
J’ai refait le calepinage de mon voyage. Si tout se passe comme je l’imagine, sans traîner mais sans exagération, encore 10 dodos et j’arrive à Santiago (lundi en fin de matinée), où je pense rester jusqau’à mercredi matin. A midi, bus pour Porto et avion jusqu’à Beauvais. Mais ce n’est qu’une estimation, rien n’est encore claveté.
A demain, depuis Manjarin, si tout va bien.
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santiagotrip · 5 years
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Étape 66 : Villadangos del Paramo
Jeudi 27 juin.
J’ai encore fait une grosse étape aujourd’hui. 29,8 kms.
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Comme je l’ai déjà dit, ça sent la fin.Et en fait, je sens bien que tous, parmi les pèlerins que je fréquente, sont dans le même état d’esprit. Ils commencent à en avoir marre et ont envie de rentrer à la maison.
Je ne sais pas si vous vous rendez compte comme ça fait quelque chose de sauter une centaine :
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Concernant ma santé, ça va à peu près. Je me fais aux nouvelles chaussures. Je ne suis pas encore en charentaises, mais ça devrait venir.
Juste mon dos. J’avais décidé hier d’arrêter les médocs. Quand je suis équipé et que je marche, il n’y a pas de problème, je ne sens rien. Mais toutes les autres positions nécessitent un temps d’adaptation. Quand je vais me lever de la chaise sur laquelle je suis assis, je vais rester plié en deux pendant une dizaine de secondes, et, petit à petit, je vais me redresser.
Alors zut ! L’homme a mis des millénaires à inventer les médocs, ce serait lui faire injure que de ne pas s’en servir. Alors demain, Doliprane, Lumirelax, Kétoprofène.
Des fois, je me dis : « pourquoi pas ? »
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Encore un parcours pourri, j’ai longé la Nationale du début à la fin. Concernant la météo, de 6 heures à 9 heures,ça va bien. De 9 heures à 14 heures, le soleil tape fort, mais avec le petit vent, c’est supportable. Surtout que, comme je l’ai déjà expliqué, lorsque l’on marche, on ne souffre pas de la chaleur. Dès qu’on s’arrête, on a l’impression que la température grimpe.
Il y a quand même parfois de jolies choses.
Tout au fond, dans la vallée, c’est León. Il est à peu près 7 heures du matin
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J’aime bien celle-là, vers 6 heures, avec la lune en haut à droite.
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Un Rio, aux abords de Léon :
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Je vous dis, il y a des cigognes partout. J’en ai vu cinq ensemble dans un champ. Malheureusement, la photo est nulle
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Traversée de Leon : Leon est une grande ville. Ce qui veut dire une zone « péri-urbaine » immense, et un tout petit centre ville, simplement magnifique au demeurant. J’ai dû rater une flèche, et j’ai demandé mon chemin à une jeune fille, qui m’a accompagné sur a bonne voie. Elle en a profité pour me vanter la beauté de sa ville. Ca m’a donné envie de revenir, mais avec des pieds tout neufs et sans mochila.
Je suis resté un moment devant la Cathédrale, que je n’ai vue que de l’extérieur (il était 7h30), beaucoup plus sobre, et, à mon sens, beaucoup plus jolie que celle de Burgos, mais je ne veux fâcher personne.
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A la sortie de Leon (4 kms), dans une montée, j’avise un petit abri en tuiles, et dans ce petit abri, Gauthier et Kaska. Ils ont dormi là. Ils s’apprêtent à partir, on fera donc la route ensemble. Vue la beauté de l’environnement, c’est plutôt bien.Le seul problème est que nous longeons la route, et Kaska adore les voitures. Gauthier est serein, moi un peu tendu. A un moment, un lapin traverse la piste latérale en direction de la nationale. Kaska se précipite à sa poursuite. J’ai vraiment cru qu’elle allait traverser la route, mais non.
Gauthier fait son éducation. Il lui apprend à rester sur le trottoir, à s’arrêter aux intersections, à marcher au pied, etc. Elle est pleine de bonne volonté, mais des fois, c’est frustrant. Alors elle se sauve et se fait engueuler. Mais tout est bien entre eux. On sent immédiatement qu’il l’aime bien et qu’elle est heureuse. Mais bon, quatre mois, c’est encore un peu un bébé ...
Pour information, Gauthier avait comme projet d’acquérir une carriole pour Kaska. Il a abandonné l’idée, Kaska grandit trop vite. Nous avons donc évoqué l’idée de la laisser encore grandir, et que ce soit elle qui tire la carriole où Gauthier pourrait se reposer tranquillement à l’ombre. Mais c’est pas pour tout de suite.
Nous avons été dépassés par des cyclistes. Un bonne vingtaine avec tout l’équipement qui va bien. Ils déboulent à toute allure sur la piste, et, si vous ne vous poussez pas assez vite, vous avez droit à une volée de bois vert. En fait, c’est que pour avoir droit à la « Compostela », il faut avoir parcouru 100 kms à pied ou 200 kms en vélo.
Or, Leon est la dernière gare d’importance avant Santiago. Il y a donc toute une quantité de cyclistes qui viennent de chez eux en train, débarquent à Leon et finissent le trajet en vélo.
Ca crée donc une forme de décalage entre eux, qui découvrent le chemin, et les pèlerins, qui l’arpentent depuis des lustres.
Il paraît d’ailleurs que 100 km avant Santiago, ça recommence, cette fois avec les marcheurs. Mais là, pour le coup, c’est une ruée. Enfin, c’est ce qu’on m’a dit.
L’ambiance dans les gîtes n’est pas terrible.Il y a les grandes gueules, qui sont comme chez eux. Il y a beaucoup de nationalités, qui se regroupent entre elles, et qui, assez souvent, n’ont « pas les codes ». Il y a des solitaires, qui ne répondent pas quand on leur adresse la parole. Et des gens, divers et variés, qui se côtoient sans se parler. Il y a les effacés, il y a les joviaux, les cyniques ... Il y a les agressifs, les démonstratifs ... Il y a trois jeunes américains qui se baladent dans toute l’albergue en slip taille basse ...
Je me suis pris le bec avec une gamine, allemande, qui s’immisce soudainement dans une conversation que j’avais avec Gauthier et qui se met ostensiblement à glousser en me regardant et levant les yeux au ciel comme si j’avais dit l’ânerie du siècle ... Vous me connaissez un peu, je l’ai priée, avec toutes les précautions d’usage et le minimum de courtoisie requis, d’aller se faire foutre.
Il y a aussi ceux qui se racontent leurs faits d’armes. C’est le concours à celui qui fait pipi le plus loin et qui le dit le plus fort.
Vous l’aurez constaté, les relations ne sont pas empreintes de la plus grande convivialité. Mais bon, il ne faut rien exagérer, les choses se passent bien. Il y a quand même quelques personnes avec qui les échanges sont corrects, à défaut d’être chaleureux.
Mais bon, c’est ainsi. Soit on l’accepte, soit on se renfrogne et les choses empirent.
Mais bon, j’ai quand même un peu la nostalgie des échanges sensibles que j’ai pu avoir en France ...
Vous me direz, il y a Kaska ...
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Bonne soirée à tous.
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santiagotrip · 5 years
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Étape 65 : Arcahueja
Mercredi 26 juin
Il faut que je vous raconte. J’avais prévu une petite étape de 21 kms, jusqu’à Reliegos. De grosses chaleurs étaient prévues, je me disais que c’était une bonne chose, après de si grandes étapes, de me reposer un peu. Sauf que je suis arrivé à Reliegos à 10 heures. C’est tout petit, Reliegos. Je vais faire quoi, jusqu’à 13 heures ? Boire des bières, mais en 3 heures, ça en fait quand même beaucoup. Et ne pas maigrir sur le chemin, c’est déjà vexant, mais prendre 20cm de tour de taille, c’est accablant. Je décide donc de pousser jusqu’à Mansilla de la Mulas, à 6 kms de là. En plus, la météo est idéale. Ensoleillé mais nuageux, un petit vent qui sèche la sueur, un vrai bonheur. Je m’arrête quand même à 10 heures et demie pour me tartiner de crème solaire, mais tout va bien. A midi et demi, me voilà à Mansilla. Sauf que l’albergue n’ouvre qu’à 13 heures. Il y a un bistrot à côté, dans lequel se trouve un garçon que je côtoie depuis 2 jours. C’est un Italien qui s’appelle Pier. Il est machiniste à l’Opéra de Milan, très sympa. En plus, il parle plutôt bien le français, et on arrive à échanger. Sur le chemin, il marche plus vite que moi, mais il s’arrête tout le temps. On arrive donc plus ou moins en même temps aux étapes.
Et là, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je n’ai pas eu envie de passer une troisième journée en sa compagnie. Et je suis �� peu près sûr qu’il aurait pensé la même chose, sans aucune idée derrière la tête. Il ne m’a pas vu, je sors du bistrot et je continue ma route. Je marche sur l’eau.Aucune douleur, aucune fatigue. Le vent me caresse la peau. A 3 kms, une albergue. Pas envie. A 5 kms, une albergue. Pas envie. Je me vois bien aller jusqu’à Leon, à 14 kms.
Sur le chemin, quelqu’un m’appelle. Je me retourne. Une sorte d’abri avec un banc, un toit et un point d’eau, c’est Kaska et Gauthier. Je suis content de les revoir. Ils vont bien. Nous sommes à l’entrée d’un village qui s’appelle Arcahueja. Il y a une albergue. Je décide que 36,6 kms, c’est peut-être assez, surtout avec le dos en vrac et un soleil de plomb.
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Je prends donc una cama (un lit dans un dortoir) dans cette albergue. On décide qu’on dîne ensemble et que Kaska et Gauthier reprennent la route après. C’est qu’il y a somme toute assez peu de lieux qui acceptent les chiens. Alors Gauthier préfère dormir à la belle étoile. Vous me direz, il risque pas de prendre froid !
Le trajet est pourri. J’aurais bien aimé vous mettre des photos, mais là, c’est un peu raté.
J’essaie quand même.
C’est grâce à ça que le soleil est supportable. C’est impressionnant, non ?
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35 kms de ça :
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Ou de ça :
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Ou encore ça (sexy, non ?)
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J’e ma suis enfin résigné à jeter mes vieilles godasses (ben oui, 3 kgs en moins sur le dos, c‘est pas rien !) ... Tant pis pour les funérailles nationales. Mais pour qu’il ne me soit pas reproché ‘avoir dilapidé l’héritage en vains achats, je joins une photographie de leur état pré-balancement :
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Sinon, ben mon dos est fragile. Je vais tenter d’éviter les médocs demain, je fais juste attention aux mouvements particuliers (se lever de la chaise est un mouvement particulier, pour votre information !)
Je suis à 8 kms de Leon. J’y serai vers 8 heures, je vais juste traverser. Ca me permettra de voir si ça vaut le coup que je revienne avec mon épouse, en voiture, à l’hôtel, et pas comme des clodos, à pied, avec une barbe de 6 semaines et avec 1700 kms dans les pattes.
Il est 23 heures. Je suis sur la terrasse de l’albergue, tout le monde dort. J’ai invité Gauthier à dîner. Il est bien sympa, ce gosse-là. Et il a oublié d’être bête. On a un peu bu, peut-être un peu trop ... On a pas mal parlé, beaucoup rigolé, un peu refait le monde. Là, il est reparti avec Kaska, il aime bien marcher la nuit et s’arrêter quand il trouve un coin à l’abri. Il aimerait bien passer Leon ... Des fois, il me fait envie. Mais bon, j’ai 62 balais. Quand même.
Il est 23 heures 10, les photos sont toujours aussi difficiles à mettre, et j’aimerais bien mettre ce billet au propre. j’en ai un peu ras le bol, je ferai ça demain. Au calme.
Demain, départ à 6 heures.
Bonne nuit à tous
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santiagotrip · 5 years
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Étape 64 : Bercianos del Real Camino
Mardi 25 Juin
Coup dur : 5h15 ce matin, je me réveille, je m’assieds sur le lit et je m’habille. Au moment où j’enfile ma chaussette gauche, un flash terrible dans le dos qui me laisse quelques secondes abasourdi sur le lit. En plus, j’ai hurlé, donc réveillé la moitié du dortoir. Là, j’ai la trouille. J’ai déjà eu (rarement) ce genre de trucs. Soit c’est au lit sans bouger pendant 8 jours avec une douleur à la limite du supportable (ça s’appelle un lumbago), soit cocktail de médocs et ça ne dure que la journée. En plus, je me souviens d’avoir lu quelque part que la marche était bénéfique. Ou plutôt, qu’il ne servait à rien de rester couché. Ca m’arrange. Je fais mon sac à 4 pattes, je déjeune et je me lave les dents en me tenant partout où je peux, et je me redresse doucement. Avec d’infinies précautions, je mets mes souliers, la mochila sur le dos et je me sauve. Tout doucement. Curieusement, quand je marche, je ne sens quasiment rien. Sinon, assis ou debout, bonjour !
Je reste quand même un peu tendu. Je me dis que si je m’effondre avec un lumbago au milieu de nulle part, on n’est pas rendus ! Surtout que l’étape est longue, aujourd’hui. 32,7 kms prévus, j’ai fait en réalité 35,8 kms, je vous raconte après.
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La météo, d’abord. Au départ, le ciel est couvert. Il doit faire dans les 20° (il est 6 heures du matin). A Sahagun, il commence à flotter. Pas des trombes d’eau, mais suffisamment pour qu’il faille sortir tout l’attirail de la « mochila » (je fais remarquer que, dans un souci pédagogique, j’emploie des mots étrangers pour le cas où, vous aussi, décideriez d’aller faire le kakou sur les traces de l’apôtre). J’ai un peu peur quand même, les mouvements bizarres, comme ôter le sac à dos, le remettre, me pencher pour chercher dedans, et autres choses me semblent être de nature à coincer mes reins déjà pas trop fiers. Mais bon, j’ai pas le choix. De toute façon, je l’avais déjà fait pour ranger mon repas de midi, acheté au « Lupa » de Sahagun (Lupa, c’est Carrefour ici). Il a flotté environ une heure et demie et le temps s’est éclairci, mais rien de méchant. Quand j’entends qu’en France, c’est la canicule, ici, c’est juste bien. Sauf que demain, jeudi et vendredi, ça pourrait taper. Enfin, c’est ce qu’on dit.
Je ne vous ai pas parlé du petit déjeuner. Parfois, les albergues proposent le petit déjeuner. Ca coûte en général 3,50€. Mais quand ça les embête, ils le servent à partir de 8 heures. Là, ils sont tranquilles, vu qu’à 6h30, tout le monde est parti. Alors, deux solutions :
- La première, c’est de partir le ventre vide et de s’arrêter au premier bistrot venu. Ils proposent tous des « desayunos ». Mais parfois, c’est plusieurs kilomètres sans le petit café.
- La seconde, c’est d’acheter, comme je le fais, des biscuits « Prince » (ce sont les BN de mon enfance), et des dosettes Nescafé tout intégré. Alors là, méfiance. En fait, ces trucs-là n’ont carrément aucun goût. En réalité, vous buvez de l’eau sale. Vous allez me dire : « Tu n’as qu’à en mettre plus ! » C’est malin. J’ai essayé, ça fait de l’eau encore plus sale, mais sans plus de goût du tout. Mais enfin, à 6 heures moins le quart du matin, du moment que c’est chaud ...
Allez, quelques photos du chemin.
Très fertile, mais très caillouteux. Je sais depuis un moment que c’est loin d’être incompatible (voir Châteauneuf du Pape !)
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Jacques de Molay. Il est partout dans le coin. Normal, on est chez lui ! Il y en a parmi vous qui n’ont pas lu « les Rois maudits » ? Si oui, précipitez-vous !
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J’ai passé pas mal de temps sur un chemin bordé de ces fleurs-là. Ca faisait comme une haie d’honneur, et en plus, ça sent très bon.
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Des dizaines et des dizaines de ces petites bêtes (des souris, des musaraignes ...) On dirait qu’elles jouent avec les passants. Elle se mettent au milieu de chemin, attendent le gars, et dès qu’il est assez près, hop ! Elles filent dans le bas-côté en rigolant (ça, c’est moi qui l’ajoute). Et il y en a qui se moquent complètement des gens et continuent à becqueter tranquillement au milieu du chemin. La preuve :
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Et puisqu’on est dans le bestiaire, je ne vous ai pas encore dit, mais partout, au fâite de chaque bâtiment un peu haut, de chaque clocher d’église, un nid de cigogne. Et c’est énorme, un nid de cigogne !
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Ca, c’est la sortie de Sahagun. Je ne sais pas qui sont ces deux personnages, mais ça rigole pas
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On longe la route sur des kilomètres, mais en définitive, c’est plutôt plaisant :
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Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais il ne me reste plus que 339 kms à parcourir avant de boire une bonne cana bien fraîche (une cana, on dit une cagna, mais je sais pas faire les tildés, c’est un demi !) sur le parvis de la Cathédrale Saint Jacques ! Ca rigole plus. C’est pour ça en particulier que ce serait ballot de devoir baisser les bras maintenant ...
Un peu partout, on voit des inscriptions du genre : « Elena, don’t give up » ou « Léa, tu y es presque » ou encore « Javier, no perde el animo » ou d’autres trucs dans des tas de langues qui veulent sans doute dire la même chose. C’est un peu émouvant, quand on imagine Elena, Léa ou Javier qui tombe sur l’inscription écrite au feutre au dos d’un panneau stop, ou sur un gros caillou au milieu de la piste.
Moi, je suis encouragé de partout. Vous ne vous rendez pas compte du bien que ça fait, quand on est en plein doute du genre : « Qu’est-ce que je fous là, alors que les problèmes s’accumulent à la maison », d’avoir des gens qui vous rappellent qu’ils sont dans votre mochila et que vous allez pas les laisser comme ça, en plein milieu de rien ...
Ma fille, déjà, qui n’en rate pas une pour me secouer les puces.
Ma copine Claire-Marie, bonne soeur de son état, qui ne l’a jamais fait, mais qui connaît le Camino mieux que moi.
Mon ami Pierre, avec qui je me chambre régulièrement, mais qui me donne l’impression d’être ses jambes sur le chemin.
Mon copain Joël, que la lecture du journal ennuie copieusement, mais qui me téléphone quasi-quotidiennement pour me demander ce qu’il y a dans le journal. Il s’inquiète pour moi, et il y en a pas tant que ça dans ce cas-là
Tous ceux qui me font un petit mot de temps en temps, pour me rappeler que je suis pas tout seul.
Et ma Agnès à moi, qui m’appelle tous les jours, qui tient la maison toute seule avec sa jambe en moins, et sans qui ça fait bien longtemps que j’aurais abandonné ... Je t’aime, ma copine. Tu me manques et j’ai hâte de te retrouver.
Bon, ça c’est dit.
IL est 21h15, je suis assis sur le bord du lit dans une albergue plutôt sympa. Le gîte est comme les autres et comme je l’ai déjà raconté propre, moderne, fonctionnel ... Il est attenant à un bar. Rock n’roll, le bar. Le patron a une crête de punk et sa compagne (enfin je crois ...) a des tatouages partout.. Mais ils sont très gentils. Pas très organisés, mais très gentils.
J’avais dit, et j’allais oublier, pourquoi j’avais fit près de 36 kms au lieu des 32 prévus.En fait, après Sahagun, il y a un village qui s’appelle Calzada del Coto. Le chemin n’y passe pas. Vous remarquerez que le village où je suis s’appelle « Bercianos del REAL Camino ». En fait, à un embranchement, il y a deux possibliltés : Soit l’ancien chemin qui va à Bercianos directement, soit l’autre, qui passe effectivement par Calzada del Coto et qui va directement à Reliegos (52 bornes !). Et l’embranchement est tellement mal fait en faveur du chemin « Calzada » que tout le monde se trompe. Je prends donc le mauvais chemin, hyper-bien balisé, et je suis avec mon GPS. Et on s’éloigne de la route. De lus en plus on s’éloigne. A un moment, je m’arrête. Trois ou quatre personnes s’arrêtent avec moi. On consulte le GPS et on s’aperçoit de l’arnaque. Gràace à mon GPS, on réussit à couper le fromage et ne pas faire demi-tour. En fait, on a eu drôlement de la chance. En longeant la voie ferrée et en traversant un peu à travers champs, on a réussi à limiter la casse. Mais vous remarquerez que ce genre de péripéties n’arrive jamais lors des étapes à 16 kms. En revanche, passés les 30 kms, tout est possible.
Bo, j’ai encore plein de trucs à dire, mais j’en ai un peu marre.
Juste un peu sérieusement : Je suppose que certains d’entre vous se disent que je les gave avec mes histoires de chaussettes, de lumbago et de café. Moi, je pense que c’est avec ces petits détails du quotidien que je peux vous faire sentir l’ambiance du chemin. Enfin, de mon chemin. Parce que les détails historiques de la Cathédrale de Burgos ou le rendement au km2 des terres agricoles de la Castille, vous trouverez ça dans Gogole, avec des photos bien plus belles que celles que je pourrais vous présenter. Alors que vous dire que les dosettes Nescafé sont carrément dégueulasses, d’abord, vous le trouverez nulle part, ensuite, si vous savez lire entre les lignes, ça vous permet peut-être de vous imaginer à ma place.
Demain, je tente une étape de 27 kms. Après les trois dernières, c’est un peu de la gnognote, non ?
Faites de beaux rêves pas trop caniculaires, si possible
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santiagotrip · 5 years
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Étape 63 : Cazadilla de la Cueza
Lundi 24 juin
Encore une grosse étape. 36,5 kms, j’ai fait.
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Il est vrai que l’environnement n’est pas folichon. Ce sont d’immenses étendues cultivées que le chemin traverse tout droit pendant des kilomètres. Ca pourrait faire penser à la Beauce. J’avais entendu que c’était désertique, tu parles ! En Afrique, ils aimeraient bien être désertiques comme ça ! Sauf que traverser ça à pied, disons-le, c’est chiant (Je sais, c’est un gros mot, mais je n’en trouve pas d’autre qui soit à la hauteur de mon sentiment). Et je le prouve :
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Ou encore (la même avec les montagnes au fond :
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Mais je force un peu le trait. Les 10 premiers kilomètres étaient plutôt agréables.
Le Rio Carrión (il y a plein de cours d’eau de ce style qui traversent le paysage)
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Le pont qui enjambe le Rio Carrion. Aujourd’hui, il enjambe juste un petit pipi sous la dernière arche, mais j’imagine que parfois ...
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Juste pour information :
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A l’entrée de Revenga de Campos :
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Et :
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Et au centre du village :
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Je n’ai pas eu le temps de vous dire : hier, j’ai croisé, à une heure d’intervalle, deux Français, Isabelle et Casimir, puis une Française, Naïma. Eux, ils reviennent de Santiago. A pied ! Ca pour le coup, j’ai du mal à comprendre. On a rigolé un peu ensemble ...
A Naïma, j’ai dit : « Déjà descendre, il faut être très con, mais remonter ... » Elle a terminé la phrase : « Il faut être doublement con. Mais doublement heureux ! » Là, je veux pas dire, mais elle en rajouterait un peu que ça m’étonnerait pas. Enfin moi, à Santiago, je fais touche sur la Cathé, et hop, bus et avion direction ma maison ! Non, je rigole, je passerai quand même le lendemain dans la ville. D’autant que j’aimerais bien voir l’encensoir se balader dans la nef ... et j’ai quand même un paquet de gens à sortir du sac à dos pour les recommander aux bons soins du petit Jésus ! Ca prend du temps, tout ça !
Sur le chemin, on croise toutes le nationalités. Vraiment toutes. Certaines se dégagent. J’ai parlé des Coréens, j’aurais pu parler des Néerlandais et des Américains, mais je voudrais pas me montrer désagréable, par exemple en disant que les Néerlandais sont - généralement - d’une impolitesse et d’une suffisance crasse, et que les Américains font des efforts pour qu’on voie bien qu’ils sont les maîtres du monde, ce qui les rend carrément imbuvables. Donc je ne le dirai pas. En revanche, je veux bien parler des Italiens. Bon, clairement, parfois, il faut se les faire. Ils parlent tellement et tellement fort qu’on a tout le temps l’impression qu’ils s’engueulent. Mais non, c’est la langue qui veut ça.
Et la cuisine ! Quand ils arrivent, ils squattent tout. Et je sais pas comment ils font, vu que les cuisines des albergues sont quand même carrément basiques, mais ça épluche, ça émince, ça fait revenir, 4 poëles en même temps, et les pâtes ! Tout le temps des pâtes ! Et si vous avez l’heur de passer la tête par la porte de la salle à manger, avant que vous ayez compris, et même si vous expliquez dans toutes les langues que vous avez déjà mangé, vous vous retrouvez assis à table avec une plâtrée de pâtes dans une assiette, et tout le monde vous parle, vous ressert, vous demande quinze fois si vous en avez assez, si vous trouvez ça bon, etc ...
Ils sont sympas, les Italiens. Fatigants, mais sympas.
Ben à part ça, je viens d’avoir des nouvelles de Muriel. Elle est chez elle, et en a un peu gros sur la patate. Ca n’a pas été facile de voir, depuis le bus, les pèlerins marcher en sens inverse avec la mochila sur le dos (la mochila, c’est le sac à dos en espagnol).
Pas de nouvelles des autres. Je pense que Michele a repris le boulot, Yveline et Daniel sont chez eux ... Rien de Suzy et Raymond, je ne sais pas s’ils ont pu continuer. Avec Valentino, nous sommes convenus de nous rappeler début Juillet. On peut peut-être arriver ensemble à Melide. J’aimerais bien avoir des nouvelles de Gauthier et Kaska, je n’ai pas la moindre idée de l’endroit où ils peuvent être. mais je suis sûr qu’ils vont bien. Enfin j’espère. Kaska (c’est la chienne), si tu lis ce billet, fais-moi signe ([email protected]) ...
Je viens d’aller dîner, au restaurant d’à côté. Je fais la connaissance d’un machiniste à l’Opéra de Milan (son prénom, m’échappe. Soit c’est un Alzheimer précoce, soit le verre de vin de trop ...). On a mangé pour 10€ chacun, comme des rois. Et, ce qui ne gâte rien, la patronne est belle comme un coeur et a un sourire éclatant. J’ai donc décidé de prendre le petit déjeuner chez elle (ça tient à peu de choses, en définitive !)
Demain, si tout va bien, Bercianos del Real Camino (32 bornes prévues !). Encore 15 dodos et j’arrive à Santiago.
Je vous souhaite une nuit magique.
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santiagotrip · 5 years
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Étape 62 : Fromista
Dimanche 23 juin
J’ai poussé un peu fort aujourd’hui, j’ai fait 34,5 kms.
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Trois raisons à cette poussée soudaine d’énergie :
1. Je veux essayer de distancer mes co-pélerins habituels, je vous dirai pourquoi.
2. Comme il ne fait pas trop chaud aujourd’hui, j’en profite pour tracer. Parce que jeudi, vendredi et samedi, je devrais pas avoir froid !
3. Ca fait quand même 62 dodos que je fais loin de chez moi, je commence à avoir un peu hâte de retrouver, mon fauteuil, ma chatte, ma pipe et mon journal. Alors si je peux gratter des dodos, c’est toujours ça de pris !
Rien d’extraordinaire sur le chemin aujourd’hui. Une ou deux jolies grimpettes ... L’une de 12%, on m’a dit. Ben 12%, croyez-moi, ça grimpe !
Pour une région aride, je n’ai jamais vu de telles étendues cultivées. Je me dis qu’il doit y avoir un paquet de pays qui aimeraient bien être arides comme ça !
Quelques photos du chemin tout de même :
Il n’est pas encore 7 heures :
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La route passe par le porche d’un ancien couvent
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Un village au loin, un monastère surplombe la colline, comme souvent
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On a déjà vu plus désertique, non ?
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Le Rio Odra
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On se dirait pas un peu en baie de Somme ? C’est le canal de Castille
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Et une écluse sur le canal :
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Encore un bâtiment tagué, dans un endroit « désert » :
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En arrivant à Fromista, depuis la fenêtre de la chambre, une procession !
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A Hontanas, j’ai passé une nuit pourrie, il faut que je vous raconte : Le dortoir fait 5m sur 5, soit environ 60m3. Il y a 8 lits dedans , ils sont tous occupés. Quand j’arrive dans la chambre, les fenêtres sont ouvertes, je suis content. Vers 21 heures, un type arrive et ferme toutes les fenêtres. Je me lève, et fort poliment, j’insiste sur la nécessité d’un renouvellement d’air, compte-rendu des émanations de 8 corps avachis par une température d’environ 30°. Je me fais envoyer balader. Pas content, je cherche des alliés parmi les 6 légumes avachis sur leur couchette : que dalle. Ils regardent tous ailleurs, ou sont extrêmement occupés avec leur smartphone. Le type prend ça pour un soutien unanime, et m’explique que si je suis pas content, je n’ai qu’à aller dormir ailleurs. Bon, je me dis qu’après tout, c’est peut-être moi le fâcheux et que c’est bien comme ça. Je m’allonge donc et essaie de trouver le sommeil. Pas facile par 30° avec une atmosphère pas vraiment saine ... Mais j’y arrive. Jusqu’à minuit, où je me réveille en suffoquant. Je sors de la chambre avec mon duvet, et j’essaie de m’allonger dans la salle commune. Bon, sur le carrelage, c’est moyen. Une demi-heure plus tard, je décide de remonter dans la chambre. Je me dis que si je laisse la porte ouverte, ça fera un échange d’air et on pourra respirer ... Je retourne sur mon lit et je m’endors. A 3 heures du matin, en sueur, même impression d’étouffement. La porte est refermée !
Je fais quoi ? Je hurle ? À 3 heures du matin ? Et si tous les autres sont contents ?
Je prends donc toutes mes affaires, sors de la chambre, ferme la porte (j’aurais bien aimé la fermer à clé, mais je n’avais pas la clé !) du caisson de confinement et descends dans la pièce commune où, entre le banc, la table, le sol, mes vêtements, j’essaie de trouver le sommeil pour les deux heures qu’il me reste à tirer. Mais au moins, l’air est vraiment de l’air. J’oubliais ... Le fennec frileux est Coréen.
Je dois donc vous faire part des résultats de mon observation rigoureuse du Coréen, basée sur un panel représentatif de 3 Coréens, sur un temps long de 3 jours. J’hésite à publier le fruit de ce travail dans « Nature » ou autre revue à comité de lecture, mais j’ai peur que le monde ne soit pas prêt à entendre ce que j’ai constaté, à savoir :
Le Coréen n’est pas comme nous. Il ne possède pas les codes qui régissent une société civilisée. J’en veux pour preuve :
- Qu’il bouffe comme un cochon. On se demande même à quoi servent les couverts qui lui sont attribués. A ce qu’on m’a dit, je ne suis pas un monstre d’élégance lors des repas, mais là, un être normalement éduqué ne peut pas en supporter le spectacle.
- Qu’il bouffe n’importe quoi. J’étais attablé à côté de 3 Coréens à qui on a apporté le « menu pèlerin », tout à fait succulent, j’en témoigne, puisque je l’ai mangé aussi. Ils ont pris un bout de cuillère de chaque plat, et d’une moue dédaigneuse et des échanges que j’ai perçus comme peu amènes, ils ont tout laissé dans les assiettes. Sauf le vin, et alors là, pour le coup, ils ont compensé. Une heure plus tard, je monte dans la cuisine pour remplir ma gourde, et je vois une dizaine de Coréens, dont ceux croisés au restaurant, autour des fourneaux, en train de réaliser ce qu’on pourrait appeler « une recette ». Ca pue à un point que vous n’imaginez pas. La cuisine est dans un état innommable. Il sont tous autour de la table et ils mangent. Ou plutôt, ils baffrent. J’ai vu le plat qui m’a fait penser à un humoriste de la génération de mes parents, qui s’appelait Jacques Baudouin. Il avait cette phrase, parlant d’un plat cuisiné : « Quand j’ai vu le plat, j’ai cru que c’était de la crotte. Quand j’ai goûté, j’ai regretté que ce n’en fût pas ! »
- En parlant de crotte, n’allez pas aux toilettes derrière un Coréen. Ou alors, en connaissance de cause. A mon avis, le Coréen croit que le petite balayette qui se trouve à côté de la cuvette sert à se laver les dents, se gratter le dos, mais en aucun cas à laisser cet endroit dans l’état où il aimerait le trouver en entrant.
- Au niveau écologie, le Coréen a des progrès à faire. Il n’éteint pas les lumières, laisse couler les robinets, et tout et tout.
- Dans un dortoir de 8, le Coréen est chez lui. Il est 15 heures. Trois personnes font la sieste. Levées à 5 heures du matin, c’est légitime. Mais si le Coréen entre dans la chambre et aperçoit un autre Coréen, plus de sieste qui vaille. Le Coréen s’exprime. Et fort. Et si vous faites une remarque, par exemple « Chut ! », le Coréen le comprend pas. Ou plutôt, il prend ça pour une exhortation à en remettre une couche.
- Il en est de même quand le Coréen vient se coucher. Il est 22h30, tout le dortoir (sauf les Coréens) dort. Le Coréen allume la lumière, converse avec ses compatriotes à un niveau proche du seuil de la douleur, et ne consent à éteindre la lumière et se taire que lorsqu’il est prêt à le faire.
Le Coréen n’a pas les codes, je vous dis !
Bon, j’espère quand même que vous avez pris ce passage avec tout le recul nécessaire, j’ai croisé des Coréens adorables (enfin, je crois).
J’ai encore tant de trucs à vous raconter ... Tant pis, ce sera pour demain, ce soir je dois encore introduire les photos et ça risque de ne pas être simple.
Demain, j’essaie d’arriver à Calzadilla de la Cueza. 35,8 kms. On verra bien.
Bonne nuit à tous.
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santiagotrip · 5 years
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Étape 61 : Hontanas
Samedi 22 juin
Je pars du gîte de Burgos à 6h15. D’abord, parce que comme d’habitude, à partir de 4h30, 4h45, ça commence à bouger dans tous les sens, ensuite parce que j’ai une grosse étape à faire et qu’on annonce qu’il va faire plus chaud qu’hier.
J’ai fait, au bout du compte, 31,2 kms. C’est pas mal, mais pas énorme. A 12h45, j’étais à l’albergue. C’est une bonne heure.
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En fait, la température a été tout à fait raisonnable. Comme je l’ai peut-être déjà dit, la chaleur n’est gênante que lorsqu’on ne bouge pas. Dès qu’on marche, on ne la sent plus, ou presque plus. J’imagine qu’on crée un déplacement d’air qui sèche le sueur. Je fais quand même attention à ma tête, j’ai une trouille bleue de l’insolation. Alors quitte à avoir l’air tarte, je garde mon bob sur la tête continuellement. Vers 10 heures, je m’arrête pour me tartiner de crème solaire. Bon, un coup de soleil, ca ne tue personne, mais c’est pas très agréable. Alors je fais gaffe.
Et puis je bois. Non, de l’eau ! Je pensais tenter le petit rosé bien frais dans la gourde, mais j’ai peur, hélas, que ce ne soit pas une bonne idée. Je n’ai pas soif, mais je me force à boire. Il paraît que c’est le remède qui tue contre les tendinites. Je bois quatre grosses gorgées tous les quarts d’heure, mais sur 30 bornes, ça fait jamais qu’un litre, un litre et demi ... IL paraît qu’il faut boire au moins 4 litres par jour. Bon, si je soustrais le litre de bière que j’engouffre à l’arrivée à l’étape, il reste quand même trois litres, et j’en suis loin. Mais bon déjà avec un litre, je m’arrête tous les quarts d’heure pour pisser, si je bois plus, il me faut un système de tuyau dans lequel j’introduirais mon petit robinet et qui déboucherait par terre via la jambe de mon pantalon ... J’ai peur que ce ne soit un peu gênant à l’usage.
Régulièrement, les autres pèlerins me demandent quelle quantité d’eau je bois durant le trajet. J’en ai eu un peu assez d’entendre que je suis un vrai ballot, que je vais bientôt être bourré de tendinites partout et qu’on va me retrouver mort le long du chemin (à noter que ce type de remarques émanent fréquemment des gens qui sont partis avant-hier, mais qui savent, parce que c’est dans les revues). J’en ai eu ras le bol, disais-je, alors désormais je me marre. A la question de ma consommation d’eau, je réponds de l’air le plus sérieux possible : « Bof, dix à douze litres ! ». Et j’ajoute : « Et je n’ai jamais de tendinite. » Généralement, la tête de mon interlocuteur mériterait une photo.
Le chemin ne présentait pas d’intérêt particulier (au regard de ce que je vous ai déjà présenté, évidemment !). Voici tout de même quelques photos.
La Cathédrale de Burgos à 6 heures du mat’ :
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Le Rio Arlanzon
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Un tag en plein milieu du chemin (je mets ceux que je trouve intéressants, mais il y en a partout) :
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Ca aussi, il y en a partout, mais je l’ai déjà dit (C’est juste pour ceux qui dormaient).
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Il me reste moins de 500 bornes à parcourir :et je le prouve :
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Ce qui m’étonne quand même, c’est qu’on m’avait parlé de contrées désertiques, et je n’ai traversé jusqu’à présent que des régions très fertiles, quasi-entièrement cultivées, et remarquablement entretenues.
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Deux possibilités :
- J’ai encore 500 kms pour rencontrer des déserts
- Les gens qui m’ont dit ça assimilent le désert à l’absence de bistrots, de mobylettes et de Mac Donald. Auquel cas, je suis forcé d’abonder.
Une espèce de hangar, au milieu de rien :
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Et ça ? La photo rend as bien, mais quand vous pensez à tout l’amour et toute l’énergie que mettent les gens à rendre belle leur maison ...
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J’aime bien celle-là, aussi :
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Ah, hier, j’ai rencontré, dans la queue pour entrer dans l’albergue, un spécimen que je n’avais encore jamais vu sur le chemin. Je devise aimablement avec une jeune fille qui connaît le chemin, et qui me parle de l’infinie monotonie - à son sens - du trajet Burgos - Leon. A peine avait-elle commencé à me raconter, qu’un jeune homme (j’allais dire un gamin), français, propre sur lui, caricatural du jeune blaireau en première année d’école de Commerce (J’aurais dû prendre une photo, renonçant à ma promesse de ne mettre aucun portrait dans ce blog, ça vous aurait édifiés. Pour prendre la photo, il m’aurait suffi de lui dire que je voulais montrer à mes amis que j’avais rencontré le patron de Google à l’époque où il cheminait, je le vois déjà hausser le menton et tenter de mettre une lueur d’intelligence dans son regard en attendant d’immortaliser sa personne). Mais je perds le fil. Il interrompt donc avec autorité la jeune fille et dit : « Quand on a fait les Landes, on ne craint plus rien ». Déjà, « fait les Landes », ça a un côté un peu couillon. Mais c’est pas tout. Moi, finaud, j’acquiesce, en lui demandant ce qu’il n’a pas aimé dans les Landes : « Les grandes étendues désertiques, et la marche sur les routes pendant des plombes ». Relisez ma traversée des Landes, ce n’est jamais désertique et ce ne sont pas des routes. Ce sont des pistes sablonneuses bordées à perte de vue de rangées de pins et de fougères. Je n’ai pas été méchant. Je lui ai juste dit que ça devait être à cause du changement climatique, on n’a pas dû voir la même chose. En plus, le changement climatique s’est fait vachement vite, vu qu’on est arrivés à Burgos ensemble. Bon, sur les cinq ou six étapes des Landes, je ne l’ai pas croisé et n’ai jamais entendu parler de lui. C’est parce qu’il s’est fait très discret, en prévision du changement climatique.
Je vous raconte ça, pas pour faire mon intéressant, mais pour vous confirmer ce que vous savez déjà, à savoir que même chez nous, nation des lumières, même dans nos écoles dites « grandes », on trouve des « synthèses », comme dirait Maître Audiard.
Une autre chose caractéristique du chemin : Le vocable « Buen Camino » (prononcer « Bouènne kaMIneau »). L’anglais, je l’ai déjà évoqué, je n’y reviens pas, l’espagnol est facultatif, mais alors, l’expression « Buen Camino » est absolument indispensable. Et prière de mettre le ton ! Vous croisez quelqu’un qui porte un sac à dos :  « Buen Camino », quelqu’un assis dans un bistrot : « Buen Camino ». On vous demande l’heure: « Buen Camino ». Votre avis sur la posture Nietschéenne face à la mort : « Buen Camino ». La recette du Navarin d’agneau ...
Je me suis imaginé qu’en Ibère ancien, « Buen Camino » signifiait « va te faire voir, grosse tarte ! ». Essayez, vous verrez, ça fonctionne très bien.
Bon, vous imaginez bien que je rigole, mais il est vrai que « Buen Camino » est le salut universel des pèlerins, et des gens que vous croisez qui sont bienveillants à l’égard des pèlerins. Je vous rappelle que nous traversons des villes dans lesquelles les gens vous remettent tous dans la bonne direction quand vous empruntez une rue qui n’est pas la bonne.
Et, à y bien regarder, ce qui devient désagréable, ce sont les gens qui ne vous disent rien. Aujourd’hui, je me suis fait dépasser sur une piste par deux personnes. Le dépassement a duré un bon quart d’heure. Hé ben pendant un quart d’heure, ils ont réussi l’exploit de ne pas m’adresser un regard, ni un « Buen Camino », malgré mes invites. Après m’être assuré qu’il ne comprenaient en rien notre bel idiome, je leur ai servi mon catalogue d’insultes, plus vulgaires les unes que les autres, le tout sous couvert de mon plus grand sourire possible.
On s’amuse comme on peut ...
Là, je suis à l’albergue « El Puntido ». C’est un bistrot - resto qui s’est équipé en albergue : Des dortoirs, salles de bains, cuisine ... Le tout un peu serré, comme d’habitude, mais tout à fait propre et moderne, au contraire, comme je l’ai dit déjà, de l’idée que je me faisais d’une albergue. Tiens, l’ESC qui sait tout vient d’entrer dans l’albergue. Allez, je fais semblant de rien.
Juste un truc : Le logiciel que j’utilise pour écrire (Tumblr) fonctionne très bien pour les textes, mais pour les photos, c’est très laborieux. Je dois les enregistrer une par une, et toutes les trois images, redémarrer le téléphone. Voici pourquoi vous recevez parfois le billet par morceaux. Je m’en excuse. En même temps, et d’une, je n’ai que ça à faire, et de deux, vous n’êtes pas forcés de lire à peine que j’ai écrit (elle m’amuse, cette expression).
La vie est belle, non ?
Bonne nuit
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