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poemesdujour · 2 years
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J’aurai occupé comme chacun d’entre nous une maigre part du monde. Je me serai déplacé sur des ponts, dans des villes, sur une sphère qui se déplace elle-même autour d’une étoile et du centre d’une galaxie. Certes, j’aurai vu le même ciel, les mêmes paysages en train, les mêmes rues, mais je n’aurai jamais été deux fois au même endroit. Les lieux où j’aurai vécu, embrassé, ri, bu et pleuré ont déjà disparu.
J’ai saisi tout cela, à chaque instant. Et je ne sais toujours pas pourquoi cela était si important. Pourquoi il y a eu tant de peurs, pourquoi cela a semblé ne pas toujours m’appartenir. Je connais peu d’entre vous ; et vous me connaissez depuis l’autre côté, comme si nous avions toujours été là. Vous êtes huit cent, et je me demande combien de temps encore nous grandirons jusqu’à ce que je me sente définitivement enchaîné à des chaînes que j’ai moi-même forgées. Voilà, j’ai gagné mon pari ; je ne suis plus seul. Mais comme Michaux dans Nous deux encore, « je ne me reviens pas ». Je crains la désunion de tous ces textes, leur oubli dans le flot et le vacarme des réseaux. Je crains leur urgence, je crains la primauté qui a été donnée à la nécessité de la communication plutôt qu’à la nécessité du poème. En réalité, je crains d’avoir perdu le sens de ma propre démarche, ou de ne l’avoir jamais bien saisie. Certes, je suis allé plus loin. J’ai fait illusion. Mais je me suis perdu de vue. Je cherche encore.
Je cherche ce manque-là, celui qui s’écoule sourdement, celui qui murmure encore que quelque chose ne va pas. Celui qui me fait parfois observer les moments de joie et de musique avec le regard de l’insuffisance. Où est-il, à la fin, le poème que j’ai voulu écrire ? Celui qui me grandit, qui me veut en tête-à-tête dans la fécondité de la nuit ?
Je rentre du Club des Poètes pour la dernière fois de l’année. Les poèmes que j’ai appris et que je dis sont ceux qui sont nés lentement, que j’ai pris par la main un peu plus longtemps. Ceux que la pudeur a su polir, et que j’ai nourris au sein. Souvent, je songe aux poètes d’avant internet, et je souris avec un soulagement à faire trembler la terre.
#poèmesducontrejour
❄️ 19 - 20.12.21 ❄️
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poemesdujour · 3 years
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Je serai toujours ce garçon un peu triste. Ce garçon qui pensait que le poème était un art de vivre, un socle de marbre pour le reste du jour, et ne connaissait pas vraiment d’existence sans lui. Je serai toujours fidèle à cette mélancolie, qui me garde bien de plonger dans le bruit du monde, de vouer un culte à la hargne et la laideur environnantes ; je préfère volontiers ressembler à l’hiver, avec ma langue silencieuse, le bleu de mon regard et mes rêves d’Islande. Je serai toujours un peu triste, mais ce soir un peu plus.
J’ai cherché ce texte toute la journée, ai laissé en plan le premier dont je forçais poussivement l’écriture, et j’écoute celui-ci au moment du soir où il me cherche pour naître. J’ai lâché prise. Je plonge dans des pages plus grandes, dont je voudrais qu’elles me solidifient, m’ancrent, me déploient encore. Peut-être même que dans les cafés d’hiver, libéré du poème, je plongerai dans cette thèse où vous aurez la part belle, que vous constituez déjà depuis toujours, les poèmes. Même ce journal ne suffit plus ; je le poursuis ailleurs, j’en livre des bouts aux réseaux sociaux, mais… Je cours vainement après vos fantômes.
Je suis triste comme qui cherche et ne trouve pas, mais semble ne pouvoir trouver que dans cette recherche. Décembre sonne, presque à l’instant, et les premières brumes ; je suis à la fois triste et fier de tout ce que nous avons traversé cette année, les poèmes. Je vous ai ramassés, abandonnés parfois, sauvés d’autres ; et en échange, vous m’avez sauvé. Je suis triste car je ne comprends plus si ce que vous êtes ne suffit vraiment plus, ou si au contraire il vous faut revenir au temps où vous suffisiez, où vous étiez simplement là sans demander votre dû.
Ma mélancolie heureuse ressemble ce soir à l’hiver. On a installé hier, je crois, l’illumination entre les lampadaires. La grande brume est tombée sur le jardin et sur la rue. Les enfants commencent les décorations de Noël. Je me souviens que tout avait commencé, il y a cinq ans, par un calendrier de l’Avent poétique ; puis, le 1er janvier 2017, nous avons pris la route. Je ne sais pas comment elle finira, encore moins si elle finira. Je suis triste des questions que je n’ai pas su résoudre, et de ce qui aurait pu. Peut-être, pourtant, que tout cela s’est passé comme il le fallait. Que tout s’est trouvé naturellement, et que ni vous ni moi n’y pouvions rien. Que la lune était déjà là qui brillait, mais que j’étais inquiet de ne pas la toucher.
« Il songe le singe
À longueur de nuit
Comment saisir la lune ? »
Shiki 🌱
« Oui je vous fus infidèle
Mais vous revenez quand même
Ma plus belle histoire d’amour
C’est vous. »
Barbara 🌱
🍁 Pierre Comandu et les poèmes du contrejour, 30 novembre 2021. 🍁
#poèmesducontrejour #poèmesdujour #journal #pensée #processus #écriture
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poemesdujour · 3 years
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À cette question que je ne me suis pas posée,
je n’ai pas trouvé de réponse.
Dans les nuits chaleureuses,
je l’ai cherchée,
dans les églises modernes
et les flûtes birmanes,
je l’ai cherchée,
dans les couleurs rouges d’automne
et la fraîcheur de l’air sur les pores de ma peau,
dans les mots et les voix des autres,
je l’ai cherchée.
J’ai rêvé les poètes parlant peu,
les poètes parlant d’amour
et de main dans les cheveux blonds,
rêvé les hommes et les femmes
à qui la vie suffit,
la vie simple des plaines et des prairies brûlantes.
La vie, je n’ai cherché qu’elle,
la vie filant,
la vie urgente,
j’étais un enfant simple,
je n’ai jamais aimé les ordres,
l’idée du pouvoir m’a semblé contraire à l’humanité,
et mon premier jour d’école
je buvais les gouttes de pluie sous l’arbre de la cour.
Je n’ai pas demandé plus
que l’odeur du thé fumé
et d’un livre les soirs d’hiver,
mais c’est trop tard, il a fallu vieillir,
il a fallu penser,
il a fallu voir malades ceux qui faisaient l’enfance
et parler de la fin aux repas de Noël.
Il a fallu penser que cela ne serait plus
un moyen d’être au monde
mais un métier,
un faire-valoir,
un acte de vente.
Or, plus le temps passe,
et plus je suis convaincu
que les cartons de Vivian Maier
ont plus d’impact sur l’âme
que les étoiles montantes des centres dramatiques nationaux
et le dernier Goncourt.
Seul, j’ai mené la barque,
trop occupé par l’ascétisme
pour demander la main tendue ;
c’est seul qu’on devient le plus sage,
qu’on trouve la réponse.
Quelques jours de printemps m’ont ôté la parole,
et depuis je n’ai su
m’exprimer qu’en poème,
avec ses failles,
ses détours,
ses manques.
Le temps qu’il fera,
le repas du soir,
ça va, oui, non, peut-être,
tout le reste,
je n’ai pas su.
J’ai essayé,
j’ai parcouru des mers entières,
j’ai lancé ma canne à pêche
dans le grand lac des âmes,
j’ai porté mes poèmes sur le dos comme on porte un enfant,
j’ai voulu colorier les soleils les plus noirs,
et j’ai tenu à la lumière
dans chaque obscurité,
mais je n’ai pas compris.
Je n’ai pas compris où allait le poème,
quel souffle le tenait,
quelle mission éreintante il demandait d’accomplir
pour un jour,
un jour, peut-être seulement
se reposer.
Avant,
bien avant,
avant même le temps des printemps solitaires,
je croyais encore que les rires des amis
et la mousse de la bière
suffisaient à calmer les orages –
mais je n’avais pas imaginé
qu’un jour, même le poème
ne puisse plus répondre.
Peut-être
n’y avait-il pas de question,
pas de choses à comprendre.
Peut-être était-il impossible
de saisir le monde entier dans l’espace de ses bras,
peut-être n’y avait-il
qu’un regard d’enfant sur les feuilles rouges des arbres d’automne
qui tombent
lentement.
🍁 1er novembre 2021. © Pierre Comandu et les poèmes du contrejour. 🍁
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poemesdujour · 3 years
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poemesdujour · 3 years
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poemesdujour · 3 years
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poemesdujour · 3 years
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J’ai écrit dans mes notes intimes d’aujourd’hui : « Comment transmettre, comment traduire, livrer aux autres ? Les poèmes construits que je livre sont une traduction des pensées, des sensations, du contexte. Ce que j’écris ici [dans l’intime] est le soubassement, mais tout ne se voit pas. J’écris dans ma langue, pour mieux traduire. »
N’ayant d’autres langues que les mots (et, peut-être pire, ou mieux, que le poème), j’avance encore avec Charles Juliet : « Outres percées que les mots. Ce que je dépose en eux avec tant d’amour, ils le perdent, et quand tu les accueilles, toi, l’ami lointain et inconnu, ils n’ont que peu à te donner*. »
Quelque part, il doit bien exister un horizon à l’écrit, que je cherche, inlassablement.
* Charles Juliet, Ce pays du silence, in Ce pays du silence, précédé de Trop ardente et L’Inexorable, Paris, P.O.L, 1992, p. 99.
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poemesdujour · 3 years
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Quelque chose à dire, encore, en haïkus et en tanka du soir. J’explore beaucoup en ce moment, dans l’intimité de mes cahiers. Je me demande souvent quelle est la part intime et la part publique de ce que je livre. J’y ai écrit ce soir : « Je partage des choses ciselées, une fois construites, une fois conscientes. Cela met des garde-fous, évite de m’y dilapider tout entier. Je ne donne à voir que la partie d’un ensemble. »
En 1976, le metteur en scène Antoine Vitez se représentait, dans un entretien fondamental pour la conception de l’écriture théâtrale, « […] l'ensemble des textes qui ont été écrits jusqu'à maintenant, ou qui s'écrivent à la minute où je parle, comme un gigantesque texte écrit par tout le monde* ». De tout ce qui est vécu, j’extrais ici une partie d’un tout. Partie choisie, ciselée, verrouillée parfois pour mieux conserver et protéger l’intimité, d’un grand tout.
* VITEZ, Antoine, « Faire théâtre de tout », entretien avec Danielle Sallenave, in Le Théâtre des idées, anthologie proposée par Danièle Sallenave et Georges Banu, Paris, Gallimard, « Pratique du théâtre », 1991, p. 199.
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poemesdujour · 3 years
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🌱 Parfois, il m’arrive d’écrire simplement des haïkus. Parfois, un poème construit sans autre contrainte que la beauté. Et parfois, un seul poème composé de plusieurs haïkus formant un ensemble. Poème pour saisir un jour fin d’été, dans une ambiance ressemblant étrangement aux poèmes du jour du printemps 2020. 🌱
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poemesdujour · 3 years
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🌱 Panorama du matin au soir, ou presque. Publiant un panorama le soir, j’épure le jour. Le haïku dessine une fenêtre, ou plutôt une baie vitrée, sur le jour et le monde. Il ne s’agit pas tant de chercher le poème que de partager des morceaux de présent qui cherchent à s’exprimer. Quelques photos, pour garder trace et créer un écrin. Quelque chose redevient pur et net comme en automne, et dans le calme soir, j’ai confiance dans la liberté que le poème saura trouver ce nouveau format. Si manque il y a — car le haïku ne suffit pas toujours —, ce manque permet à des mots plus grands, plus diffus, plus amalgamés, de se rassembler pour devenir un jour de grandes peaux de soie. Et parfois, tout simplement, le haïku suffit. Tantôt, j’ouvre les vannes ; tantôt, je les referme. Ici, sous les images, comme un bref journal de quête. 🌱
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poemesdujour · 3 years
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🌱 Trois haïkus nocturnes pour revenir au calme, dire le poème, l’instant et le silence. 🌱
« L'événement est grand. La nuit aussi est grande, mais que peut-elle ? Mille astres de la nuit n'éclairent pas un seul lit. Ceux qui savaient ne savent plus. Ils sautent avec le train, ils roulent avec la roue. »
Henri Michaux, « La lettre », in Épreuves, Exorcismes, Paris, Gallimard, 1989 [Première édition 1946, renouvelée en 1973], p. 51.
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poemesdujour · 3 years
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poemesdujour · 3 years
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poemesdujour · 3 years
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poemesdujour · 3 years
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Rare et fidèle, la pluie d’été m’est douce. Quand elle point en contrejour des grands soleils, elle frappe à la porte, amie venant à l’improviste prendre le thé. Elle s’installe dans un fauteuil, parle littérature, reste le temps qu’il faut, une petite heure ou toute la journée. Elle dépose sa frêle douceur sur les matins puis s’en va, comme les âmes qui laissent dans nos vies une trace si brève qu’on les pense venues d’un rêve.
Quand le soleil s’abat, il enfonce la porte du jour et s’impose sur la nappe du temps. Le soleil force à se souvenir, à le regarder aveuglément, à rester hébété, chaque matin, par sa trop grande lumière.
La pluie, elle, ne demande rien. Elle goutte du souvenir de chaque saison, mais non des saisons entières. Elle porte en elle un peu d’automne et d’hiver, de printemps et d’été plus rarement. La pluie se donne, généreuse, riche de sa dépossession.
Elle me laisse tout juste le temps de la saisir, en fines gouttelettes, en poème frais déposé sur la pente sèche de l’été. Les ombres nettes sous la glycine, la couleur dorée de l’herbe et le chant jovial des oiseaux sont maintenant revenus. Mais l’envie paisible de poursuivre la pluie en me jetant dans les eaux fluides du temps, livre à la main, loin des regards, comme une orageuse soirée d’octobre, est restée intacte. Quelle étrange idée que la lumière.
🌱 12 août 2021 🌱
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poemesdujour · 3 years
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Quatre heures des matins. Au creux de mes insomnies se joue la quête de de ce que j’ai à exprimer. Elle est faite de bribes, se dessine par percements sur la toile du temps. Ce qui parvient d’elle n’est que fragmentaire, corps de soldats couchés sur le champ de bataille. Hier, la seule page blanche de mon cahier fini l’est resté : je m’aventure dans l’inexprimé. Le poème se passe de moi ; il m’écrit, ou ne m’écrit pas, à sa guise. Avant, j’écrivais. Par force, par envie, par défi, sans savoir encore que tout cela s’était toujours fait sans moi. Alors, pour me fuir, le poème se faufile dans d’autres espaces. Il cherche à s’exprimer là où je ne suis pas. De notre dissension naît un espace fécond, dur et amer, mais porteur comme un océan. Il s’agit de sentir la satiété, le bref instant de l’écriture et de la journée où le poème est satisfait. Peut-être, alors, me laissera-t-il dormir.
Ces jours, c’est La Mémoire et la mer qui hante mes nuits, comme souvent depuis ce jour d’été lointain où je l’ai entendue. Une part de ce qui bat en moi a décidé de s’y loger. Elle m’exprime. Devant le flux et le reflux, je songe à ce qui manque. Dans un enregistrement de 1991, je retrouve en Léo Ferré une chère absence, dont je n’ai su parler. Sous ses cheveux blancs, comme des moutons d’infini, il nous dévisage en répondant à l’appel de la mer : « Allez viens la mer, prends-moi, emmène-moi avec toi ! Comme ça j’emmerderai plus personne. Plus personne… ». Puis, lentemenent, comme à marée basse, nous embrasse. Quelque part, dans une religion du bout du monde — peut-être du cargo — Dieu ressemble à Léo Ferré.
Au creux des insomnies, je prends souvent la mer avec ce qui n’est plus. À Paris, l’été revient, après septembre. Peut-être est-ce juste la chaleur : bientôt, les nuits seront plus fraîches et je dormirai mieux. Lavé, épuré, dépossédé, j’irai lire en terrasse et m’enivrerai mieux. Puis, je partirai dans une ferme où nous boirons entre amis de la liqueur de thym sous le soleil du sud. Bientôt, tout ira bien.
💫 Photo : Cassis, 19 juillet 2020. 💫
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poemesdujour · 3 years
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Les jours d’été sont calmes, l’air doux
Juillet prend le thé chez septembre
Il y a un souffle d’air dans la ville
Les lacs sont loin, la mer est cachée
Au 11 rue Daval, on prend l’apéro au Tiny Café
Avec du vin rouge et du saucisson
Et le café de l’Industrie au 16 rue Saint-Sabin
A l’odeur du vingtième siècle
Parfois, le poème me laisse en paix
Et m’abandonne à des marches, des lectures, des musiques
Des nappes de temps
Plus grandes que lui
Parfois il toque, puis s’en va
Comme nous sonnions aux portes en pouffant de rire quand nous étions enfants
Parfois il revient, attendant
Que je ne l’attende plus
Il lui arrive de se moquer du vers
De se moquer du son
Il se passe de moi
Il se moque de moi
Il m’invite à prendre un verre
Au Tiny Café ou à l’Industrie
Je crois avoir compris
Que le poème s’en fout
Le poème est un trentenaire actif un vendredi soir de juillet en terrasse d’un bar branché
Le poème est un aoûtien bronzant nu dans les calanques des Goudes
Le poème passe sa journée devant Netflix
Et se lève à midi
Le poème n’est ni fin, ni grossier, ni court, ni long, ni beau, ni laid
Le poème est – qu’y puis-je ?
Dans cette nuit qui me tient lieu de jour
Chantent des mouettes, et des klaxons
De rares voix s’éteignent
Et les cafés, bientôt, s’endorment
Les faibles lueurs me chuchotent
Ce n’est pas si grave, un poème
Ce n’est pas si grave.
🌾 Poème du weekend du 18 juillet 2021 🌾
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