Tumgik
a12-textile · 3 years
Text
Tumblr media
Pour ce premier billet, je n’ai pas hésité longtemps avant de porter mon choix sur une fibre textile incroyablement tendance et au rapport qualité-prix intéressant : la viscose.
Histoire (courte) de la viscose
Autrement appelée rayonne ou soie artificielle, la viscose est une matière textile artificielle chimique. Si sa période de création est identifiée à la fin du XIXe siècle, son origine est disputée entre la France, où une première hypothèse indique qu’elle serait née des recherches du Comte de Chardonnet, chimiste et inventeur, et l’Angleterre où des chimistes l’auraient découverte à la même période.
En France, le comte de Chardonnet et Louis Pasteur menaient des recherches sur une maladie dont souffraient les vers à soie, Bombyx du mûrier, et qui impactait de manière considérable la production de soie française. En Angleterre, les chimistes Cross et Bevan menaient des recherches sur la cellulose de bois dans le but de fabriquer du papier.
Au XXe siècle, la viscose connait un essor important au sortir de la Première Guerre Mondiale. Le succès ne se démentira alors plus. En 1940, l’usine France-Rayonne, première entreprise née de la coopération franco-allemande sous le régime de Vichy, devient leader sur le marché et emploie 800 personnes. Durant les décennies suivantes l’entreprise change de nom plusieurs fois. Elle ferme définitivement ses portes en 1980, pourtant la viscose reste encore aujourd’hui l’une des fibres les plus utilisées dans l’industrie textile et en particulier pour l’habillement féminin.
Rayonne, viscose, soie artificielle, comment s’y retrouver ?
La viscose est une fibre qui peut être utilisée seule pour tisser des textiles comme la rayonne ou la soie artificielle ou combinée à d’autres matières naturelles comme le lin, la soie ou encore le coton.
Désormais, tous les tissages artificiels composés de 100 % de fibres de viscose en ont pris le nom. On retrouve aussi, les termes crêpe de viscose, sergé de viscose ou encore popeline de viscose qui apportent une indication sur l’armure du tissu (cela fera l’objet d’un prochain billet).
La fabrication de la viscose
La viscose est obtenue à partir de la cellulose – pâte de bois mais aussi pulpe de bambou ou d’eucalyptus. Il s’agit d’un liquide organique visqueux utilisé pour fabriquer à la fois de la rayonne et de la cellophane. Cette pâte est ensuite transformée en fil qui peut être utilisée pour le tissage.
La viscose est une fibre produite à partir d’un composant végétal existant dans la nature, elle est donc dite artificielle. Cependant pour devenir un fil à tisser elle subit de nombreuses manipulations qui sont aujourd’hui chimiques, notamment via l’utilisation de substances dangereuses. C’est pourquoi la viscose est dite matière textile artificielle chimique.
Aussi, il est important de s’interroger sur l’impact environnemental de la viscose. D’abord, il y a sa production qui est extrêmement polluante et dangereuse pour les ouvrier·ères des usines qui la fabriquent, mais en plus, cette fibre est nocive aussi pour le·a consommateur·trice. Et pourtant, les industriels de la mode et en particulier de la fast-fashion, sous couvert de proposer des alternatives véganes et éco-responsables, inondent le marché de matières artificielles ou synthétiques (nous y reviendrons prochainement). Or, bien qu’obtenue à partir de ressources naturelles et biodégradables, la production et l’utilisation de la viscose ont des effets particulièrement nocifs pour l’environnement.
Et l’écologie dans tout ça ?
L’Ademe, Agence de la transition écologique, a publié une infographie particulièrement intéressante (lien en bas du billet) présentant entre autres les risques liés à la production de la viscose et du lyocell : « Biodégradables, ces matières sont prometteuses mais leur fabrication, elle, a des effets sur l’environnement. Elle implique l’utilisation de produits chimiques très toxiques tels que l’hydroxyde de sodium, l’acide sulfurique et surtout une substance centrale, le disulfure de carbone. Ce liquide hautement volatile et inflammable peut provoquer des maladies graves pour les populations aux alentours des usines de fabrication. » D’autre part, l’utilisation de matières végétales non issues de forêts gérées durablement à un véritable impact sur la déforestation.
Enfin, the last but not the least, chaque passage à la machine à laver de nos articles préférés en viscose contribue à augmenter la pollution des océans. Comment ? Et bien à chaque passage en machine, la viscose (elle n’est pas la seule, hein !) libère des microplastiques qui passent à travers les mailles de la dépollution des eaux et se retrouvent directement au fond de l’océan.
Les microplastiques sont des particules de plastiques d’une taille inférieure à 5 millimètres. Ils ont la particularité de polluer toute la chaine alimentaire car ils sont mangés par les planctons puis ingérés par les mammifères et les oiseaux de mer. Si la question des microplastiques et de la pollution des océans vous intéressent, je vous mets en bas du billet un lien vers un article et une vidéo de la revue Futura assez intéressant et accessible.
Les microplastiques ne sont pas présents uniquement dans les textiles, leur origine peut provenir des déchets plastiques déversés dans les océans, des déchets industriels ou encore des produits cosmétiques. Les microplastiques sont des perturbateurs endocriniens avérés et nuisent à la reproduction des espèces. D’autre part, la présence des microplastiques issus du textile augmente le risque d’accumulation des substances cancérigènes dans la chaine alimentaire de l’homme. Enfin, on estime aujourd’hui’hui que 14 millions de tonnes de microplastiques jonchent les océans.
Des chercheur·es de l’université de Northumbria à Newcastle en Angleterre ont réalisé une étude, en partenariat avec la société Procter et Gamble (Ariel, Dash, Lenor). Il·elles ont ainsi analysé plus d’une centaine de machines à laver dans des domiciles situés à Newcastle. En extrayant les eaux usées de ces machines, les chercheur·es sont arrivé·es à une conclusion sans appel : en Europe, près de 13 000 tonnes de microfibres (les microfibres sont une catégorie de microplastiques) sont immédiatement rejetées dans les océans.
Fatalité ou action ?
L’étude portée par les chercheur·es de l’université de Northumbria a montré que des gestes simples au quotidien pouvaient limiter de façon significative la propagation de ses microfibres :
• Laver nos vêtements à basse température.
• Laver nos vêtements moins souvent et surtout moins longtemps.
Ainsi, les spécialistes ont constaté une baisse de près d’un tiers du nombre de microfibres dans les eaux usées des machines à laver – environ 4 000 tonnes – lorsque les tissus sont lavés à des températures inférieures à 30 degrés Celsius et durant un maximum de 30 minutes.
D’autre part, certains fabricants de tissus sont soucieux de cet enjeu environnemental et font évoluer les comportement dès la création du tissu. Ainsi, plusieurs marques proposent désormais des viscoses certifiées EOKO-TEX. Ce label ne garantit pas des textiles biologiques, mais ils doivent répondre à un cahier des charges assez stricte. Si comme moi vous souhaitez coudre votre propre dressing et appréciez la viscose pour sa légèreté et sa fluidité, les tissus Atelier Brunette ou encore Églantine et Zoé proposent des viscose au mètre certifiées OEKO-TEX.
Mais au fait, quelles sont les qualités de la viscose ?
Les avantages de la viscose
• Grande aptitude à la teinture (propriétés chimiques et tinctoriales proches du coton)
• Grande résistance à la lumière
• Grande résistance aux mites
• Excellente stabilité dimensionnelle
• Peu chère
• Bonne absorption de l’humidité
• Aspect brillant
• Toucher doux et agréable
Les inconvénients de la viscose
• Jauni sous l’effet de la chaleur
• Faible résistance à la traction (surtout mouillé)
• Se froisse facilement
Entretenir la viscose
• Lavage en machine à 30° C – action mécanique réduite. Essorage réduit.
• Chlore : employer de l’eau de javel diluée à froid sur vêtement blanc uniquement
• Température du fer moyenne : 150°C. Repasser sur l’envers et humide.
• Nettoyage à sec : tous les solvants courants de nettoyage à sec sont utilisables selon les processus normaux.
• Séchage en tambour ménager possible. Température modérée.
Utiliser la viscose en couture
• Habillement : chemisier, jupe, pantalon, top, combinaison, doublure, fond de robe, ruban, tulle, etc.
• Lingerie : tissu ou tricot brillant type satin, dentelle
• Pansement, ouate, non-tissé
2 notes · View notes