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“Une oeuvre sichuanaise qui changeait de couleur quand je me déplaçais”

Liquid Art System Gallery - Capri 

Oeuvre de Zhuang Hong Yi

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Capri, ce n’est pas fini.

Nous arrivâmes à Capri. Quel beau spectacle ! Le taxi qui nous accueillit au pied de la montagne était décapotable. Ma peau douce était caressée par la brise fraîche pendant tout le trajet. Un soleil de plomb cuisait le dessus de ma tête. Je pense qu’on aurait pu y faire cuire les oeufs au plat que Salvi aime tant. Lou avait d’ailleurs quelques mèches qui étaient mêmes devenues blondes depuis son arrivée dans le sud de l’Italie. 

Nous nous arrêtâmes dans notre hôtel. Une terrasse paradisiaque surplombait la baie de la marina et cette mer Méditerranée aux reflets tantôt émeraudes tantôt saphirs. Capri était même connue dans ma planète. Certains de mes confrères louaient très cher des costumes d’êtres humains pour pouvoir y aller quelques heures en passant inaperçus. J’avais peur d’en croiser certains, car Mamamangoose et Papamangoose ne comptaient pas me cacher. 

Nous laissâmes nos valises dans une chambre tapissée d’un portrait de Sophia Lauren (elle aussi très connue dans ma planète.. il y aurait même eu des tractations à l’époque pour décider ou non de la kidnapper!). Puis nous marchâmes jusqu’au centre ville de Capri. 

Les gros citrons éponymes ornaient les boutiques et les porcelaines aux formes marines étincelaient aux rayons du soleil. Je visitais la première galerie d’art depuis que j’étais arrivé dans cette planète. Une œuvre sichuanaise changeait de couleur quand on se déplaçait. C’était si beau! Je pense que la même technique est utilisée pour teindre les toges que les Mangoosettes enfilent pour nos cérémonies dans ma planète. Les tissus sont pixelisés de plusieurs couleurs, prenant la lumière de manière irrégulière selon leur positionnement. Le drappé sur la peau douce et à la fois moelleuse de la Mangousette resplendit de couleurs changeantes avec leur mouvements gracieux. Leurs robes sont des outils de séduction... le Mangoose étant naturellement attiré par les couleurs. 

J’arrêtai de penser aux belles mangoosettes et leurs robes de toutes les couleurs pour me concentrer sur Capri. Les vitrines défilaient à la chaîne et les accoutrements étaient très étranges. Un vieil homme avec un énorme appareil photo était en bas de la ruelle. Lou m’expliqua qu’il traquait probablement une célébrité et qu’ils s’appelaient les paparazzi...quel drôle de nom! J’avais l’impression d’être moi-même une célébrité..! Les passants s’arrêtaient pour demander mon prénom ou quel type d’animal j’étais. Je me sentais très important! 

Mamamangoose me dit que j’avais le droit d’être fier de mes attributs avantageux (ma peau très douce, mon corps très moelleux, et ma belle couleur fauve si chatoyante) mais qu’il ne fallait pas que je me sente supérieur aux autres, que l’humilité était un trésor que je devais préserver. Je me sentis alors honteux de m’être trouvé plus beau que ces humaines aux grosses lèvres enflées de botox qui peuplaient Capri... et les regardais à présent avec tendresse et affection.

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Amalfi

Il y a ces bruits rythmés, endiablés qui sont synchronisés avec le soleil. Mamamangoose dit que ce sont des insectes qui ont une sorte de violon avec un archer intégré dans leur corps. Les cigales. Moi, je trouve que le son ressemble plutôt à celui des maracas.

Nous sommes au sommet de la montagne. J’ai été enfermé dans mon sac toute la journée, Papamangoose avait peur que je prenne un méchant coup de soleil.

Quand je pus enfin sortir mon museau du sac, nous étions dans un hall lumineux avec des carrelages jaune citron et une terrasse au fond surplombant la mer Méditerranée. Un bleu profond, azur, reposant et vif à la fois. Un bleu différent de celui de l’océan Atlantique quand nous étions aux Canaries.

Lou me déposa tendrement sur ma chaise, m’attendant prestement sur le balcon. De là, j’absorbai comme du papier buvard ce bleu troublant. Le soleil m’assomma un court instant avant que ma tête s’y habitue et que des gouttelettes perlent autour de mes petites oreilles.

J’étais repu, lézardant parmi les lézards, sur les hauteurs de la côte amalfitaine.

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Mangoose musical

Nietzsche a dit que la vie serait une erreur sans la musique. Je suis entièrement d’accord avec lui. Des scientifiques ont prouvé que la matière moelleuse du Mangoose garde sa texture si particulière grâce aux vibrations que lui procurent l’écoute de la musique.

Hier, j’ai entendu une conversation entre Lou et Salvi à propos des vaches Wagyu. Ce sont des animaux dorlotés, massés et vivant en plein air, on leur fait même écouter de la musique !

Mais les éleveurs de Wagyu les traitent ainsi car leur viande est ensuite plus tendre...!!! Les humains les mangent, après les avoir rendu heureuses...!

Je n’ai pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Pourquoi les humains étaient si gentils avec moi? On me caresse, on me fait écouter de la musique pour que je reste moelleux...est ce qu’on va finir par me manger ?! J’étais terrorisé. Lou a compris mes inquiétudes et m’a rassuré : aucun humain ne mange le Mangoose m’a t-elle promis.

Je me suis rendormi, réconforté.

Que vous utilisiez Deezer, Spotify ou YouTube, que me conseillez vous d’écouter ? Voici ma “Mangoose playlist” du moment ;)

Vous pouvez directement l’écouter sur Deezer ici :)

Skip to the bip - Club des Belugas

Makeba - Jain

The Goose steps hight - George Bruns

Papa loves mambo - Perry

Dat dere - Oscar Brown Jr

Passion flower - Mina

Take it easy - Jorge Ben Jor

Be bop a Lula - Gene Vincent

Booty Swing - Parov Stelar

Liebestraum Liszt

Aquarium - Camille Saint Saens

Into the galaxy - Midnight Juggernauts

All i wanna do - sheryl crow

La machine à rêver - Xray pop

Altogether now - Patrick&Eugene

Ilona Mitrecey - Un monde parfait

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Björk

Certains appellent cette ville Barca. Comme barque. Barcelone. Lou m’avait dit que c’était en Espagne, comme les îles Canaries, pourtant beaucoup de gens parlaient français et aussi une autre nouvelle langue, le catalan.

Le soleil arrosait la ville de ses rayons, et l’effervescence régnait dans les rues.

Je suis arrivé dans un festival. Primaverasound. Un endroit gigantesque où plusieurs scènes étaient dressées au bord de la mer. Le son était assourdissant, et les gens souriants.

La décoration était pleine de lumières réfléchissantes. L’eau était calme et les nuages roses semblaient s’y déverser.

Lou était surexcitée de voir le concert de Björk. Je l’ai reconnue tout de suite, elle était habillée comme les humanoïdes (les humains qui avaient émigré dans ma planète). Je l’avais déjà vue en concert avec mes parents, elle jouait dans une caverne clandestine (où aucun objet connecté n’est autorisé). Nos chants extraterrestres étaient tellement similaires à sa musique, qu’elle avait très peu de succès chez nous… elle n’était pas très exotique.

Ici son orchestre de flûtistes jouait de la musique dans un feuillage luxuriant, et les images de synthèse ressemblaient aux courtes vidéos qui passaient sur les rares écrans de ma planète. J’étais charmé.

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Comment je suis arrivé à Barcelone

J’ai pris le train pour la première fois.

Dans ma planète, nous avions un moyen de locomotion similaire, une longue chenille qui n’existe pas ici, qui louait des parcelles inoccupées de son estomac pour transporter des voyageurs. Elles n’étaient jamais en retard, mais il fallait faire attention lorsque nous étions dans leurs ventres : ne pas trop bouger car cela leur causait des désagréments, des ballonnements. Et puis aussi, il y eut quelques associations de défense des droits des chenilles qui ont parlé de leurs conditions de vies difficiles (elles ne pouvaient manger que la nuit, et qu’une très petite quantité pour n’occuper qu’un seul compartiment réservé à cet effet).  

Il existait une autre planète où ces chenilles vivaient en liberté et faisaient tout pour ne pas être capturées et transférées dans ma planète...

Le train reliant Narbonne à Barcelone était magique. Les paysages qui défilaient étaient composés d'étangs, de marais salant, de grandes étendues désertiques, puis inondées, jouxtant la Mer Méditerranée.

Lou m’expliqua que ce n’était pas l’océan Atlantique des îles Canaries. Les vagues étaient plus calmes et les crustacés moins gros.

Le siège était confortable, même s’il ne pouvait égaler la paroi à mémoire de forme à l’intérieur des chenilles.

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Les îles Canaries

Lou et Salvi sont allés vivre quelques temps dans une petite ville des îles Canaries. Dans une île communément appelée “isla redonda” (île ronde) et officiellement “Gran canaria”, dans la ville Las Palmas qui porte bien son nom puisqu’il y a des palmiers partout !

Le climat me rappelle celui de Singapour sans être aussi chaleureux cependant. La nuit, quand ils dorment et que je me lève, j’entends le vent cogner les fenêtres et les vagues se fracasser sur la plage.

Lou se promène souvent avec moi et j’ai découvert tout un nouveau répertoire de mots. Une autre langue humaine : l’espagnol.

La plage des Canteras est magnifique, elle me fait penser aux plages que nous voyons dans mon ancienne planète lorsque nous reconstituons les temps plus anciens sur des images 3D pour nous divertir pendant que nous dînons dans les cavernes les jours d’hiver. 

Pour la première fois de ma vie, j’ai pris un bateau. Nous devions aller à Fuerteventura (une autre île des Canaries) rencontrer un certain Nriko. J’étais tout intimidé... dans ma planète nous nous déplaçons uniquement dans les airs ! La sensation était tellement étrange.

Là-bas des gens se promenaient avec une énorme planche au bras. Celle-ci faisait leur taille et je ne comprenais pas bien qu’est ce qu’ils faisaient avec. Souvent, je les voyais à plat-ventre dessus suivant le mouvement des vagues. Et parfois, j’en regardais certains se mettre debout dessus !

Et enfourcher les vagues avant de retomber comme des poissons dans l’eau !

Lou parle de “surf” mais je ne comprends pas trop… je pensais que c’était le fait d’aller sur internet.

J’ai commencé à en rêver lorsque je m’endors en plein jour. C’est vrai que je dors souvent. Mais dans ma planète, lorsqu’on rêve, on est connecté à un espace virtuel et généralement on travaille. La plupart d’entre nous, travaillait uniquement lors de ce moment !

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Escales 1.2

Quand je me suis réveillé, nous étions dans le hall d’un hôtel charmant. Beaucoup d’hommes parlaient autour de ces étranges calèches motorisées et j’ai entendu plusieurs fois qu’ils discutaient du “salon de l’auto”.

Lou a pris l’ascenseur (j’adore prendre cette boîte suspendue, elle me rappelle les jeux pour enfants dans ma planète). Et nous sommes arrivés dans une chambre d’hôtel. Exténuée, Lou m’a posé sur le lit, et je me suis rendormi.

 J’ai été réveillé par une forte odeur d’ADN inconnue. En tant que Mangoose, mon museau est très sensible.

Une autre fille que Lou me serrait fort dans les bras. Lou l’appelait Klr. Puis elles m’ont laissé sur le lit en riant sur l’éventualité d’aller au SPA avec moi.

Qu’est ce que le SPA ? me disais-je en glissant doucement vers un repos bien mérité.

Lorsque je me réveillais à nouveau, j’étais encore dans un autre avion sans connaître cette fois ma destination.

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Escales 1.1

Nous sommes allés à l’aéroport. Quand nous sommes arrivés, notre avion était annulé. Une foule de passagers mécontents s'époumonaient au guichet. Un monsieur nous a indiqué de prendre un autobus jusqu’à Genève.

Nous allions changer de pays en l’espace de deux heures! J’étais impressionné (et surexcité)!

Dans mon ancienne planète, les pays étaient très grands! Même en navette supersonique, il était impossible de faire le trajet en seulement deux heures jusqu’à la prochaine frontière!

Sur le chemin, nous avons collés nos nez sur la vitre. Lou s’est endormie et j’ai profité de mon moment de solitude pour regarder le paysage. Il y avait des lacs turquoises et des arbres pointus rassemblés ensemble, j’ai entendu dire qu’on les appelle “forêts”.

Il y avait cette pâte blanche qui les recouvrait. Au début, je pensais que c’était la même pâte que celle que Lou met sur sa brosse à dents. Mais j’ai fini par remarquer qu’elle tombait du ciel et qu’elle fondait au soleil.

Je crois que les humains l’appellent “neige”. Lou en a terriblement peur, je ne sais pas à cause de quel sorte de traumatisme, elle est pétrifiée rien qu’à l’idée de la toucher.

Notre bus s’est garé dans le parking avec des lignes invisibles (dans ma planète, il y a des démarcations avec des barrières physiques, pas avec des simples craies sur le sol!).

Et je me suis endormi à ce moment-là.

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Mangoose est arrivé

Mon univers est un océan de possibles.

Quand je suis arrivé sur cette planète, j’étais seul et différent. J’ai passé un temps fou qui m’a paru interminable dans un tunnel où le temps s’écoulait trop lentement. L’ennui m’a alors permis d’avoir une imagination débordante. Je ne savais pas ce qui m’attendait lorsque le voyage s’arrêterait.

Je suis arrivé dans une boutique chaleureuse, dans un centre commercial très grand et lumineux, au beau milieu de Singapour. Lors de mon voyage à l’air libre, j’ai pu sortir mon museau du carton et découvrir visuellement cette mystérieuse ville. L’air était limpide et les gratte-ciels gigantesques. Le décor ressemblait à s’y méprendre aux contes cyberpunks que l’on nous racontait à l’école, dans ma planète. Un alliage magnifique de technologie et de végétation luxuriante baigné dans une atmosphère tropicale.

Je suis resté peu de temps dans la boutique. Une femme à fossettes est entrée et s’est précipitée sur moi. Elle m’a pris dans les bras et ne m’a plus jamais quitté. Elle m’a appelé Mangoose, sans que je ne comprenne pourquoi. Et c’est ainsi que je pris l’avion pour la première fois !

Cette étrange boîte qui tanguait lentement dans le ciel, était bien plus effrayante que mon tunnel interplanétaire. Heureusement, j’étais entre de bonnes mains. Lou et son amoureux, Salvi, s’étaient blottis contre moi pour s’endormir.

Mon arrivée en France fut marquée par un choc thermique. Ma peau moelleuse ne fit pas penser à mes nouveaux compagnons que j’avais besoin d’être habillé. L’hiver battait son plein à Lyon et Noël approchait à grands pas. Les rues étaient toutes décorées de petites lumières multicolores suspendues à de longs fils au-dessus des rues.Les gens portaient des cadeaux à leurs bras et je reconnaissais parfois des êtres de mon ancienne planète, sans malheureusement pouvoir les saluer puisque notre voix était inexistante ici.

Je fus présentée à la famille de Lou et ce fut une joie partagée. Tout le monde voulait me prendre dans ses bras et s’extasiait de ma forme incroyablement moelleuse ! Ils posaient  des questions à mon sujet, bien entendu, personne ne me parlant directement. Les enfants voulaient me garder et pleuraient de chaudes larmes car Lou ne pouvait pas se résoudre à se séparer de moi.

Pendant ce temps, je m’acclimatais à cette nouvelle température très froide et j’absorbais comme une éponge toutes les discussions des humains pour comprendre les subtilités de leurs langues et de leurs accents. Petit à petit, j’avais intégré assez de vocabulaire pour pouvoir communiquer un jour sans la parole. Et lorsque je me retrouva face à l’ordinateur alors que mes compagnons dormaient, je décida de créer un blog pour raconter mes aventures.

Je sais que je suis un être inanimé et muet, que je viens d’une autre planète, et que cette planète-là, n’a pas encore vraiment connu la révolution robotique. Mais j’ai des atouts qui me rendent agréables et j’ai une soif inextinguible d’apprendre sur les us et coutumes humaines alors j’espère de tout cœur être bien accueilli et traité par vous, très chers humains !

Souhaitez moi bonne chance :-)

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