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philippesollers · 11 months
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Le divin Philippe Sollers
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Par Alexandre Folman (La Revue des Deux Mondes)
MAI 18, 2023
Avec la disparition de Philippe Sollers survenue le 5 mai 2023, c’est une certaine idée de la littérature qui s’en va. Philippe Sollers y voyait une affaire  à prendre très au sérieux, même la plus importante qui soit.
Il tenait la littérature pour la plus secrète matrice de notre monde, celle qui transcende les contingences du présent et éclaire les mystérieuses ruelles escarpées et zigzagantes de l’esprit humain, forcément vénitiennes pour cet amoureux de la Sérénissime et du Tintoret. Sollers considérait que « l’existence est une illusion d’optique : la littérature est là pour la renverser. »Il avait compris mieux qu’un autre la valeur heuristique du roman. Elle l’habitait. Il y a consacré sa vie.
C’est-à-dire qu’il considérait vraiment la littérature comme le lieu de la vérité de l’être, au sens le plus heideggérien du terme qui soit, absolu, sans voile, tel qu’à lui-même. En ce sens, Sollers était donc déjà d’une certaine façon à lui tout seul un personnage de roman, parlant depuis et avec les livres.
En y repensant, c’est d’ailleurs l’impression fascinante qu’il pouvait donner parfois par son style extrêmement libre, d’une virtuosité constante dans son usage du langage. L’air madré et exégète, il semblait en permanence être détenteur d’ésotérismes jubilatoires ou d’apocryphes précieux. Il paraissait appartenir à un infra monde et arpenter ses lignes de force en voyageur du temps.
Joueur et rieur, il aimait les masques
Sollers naquit Joyaux, ça ne s’invente pas.Il incarna cinquante ans durant, en tant qu’écrivain et éditeur, la figure radicalement solaire de l’homme de lettres germanopratin, érudit en diable et à l’élan vital débordant. Deux traits de caractère foncièrement imbriqués pour celui qui s’était choisi pour pseudonyme quasi homophonique « tout entier art » en latin. Cela annonçait donc la couleur : chatoyante et intelligente, celle d’Éros et d’Hermès, des Lumières étincelantes du XVIIIe sa seconde patrie. Sollers ou le perpétuel hymne à la joie, donc Mozart. Sollers ou le gai savoir, donc Nietzsche. Et tant d’autres : Dante, Voltaire, Casanova. Joueur et rieur, il aimait les masques et être où on ne l’attendait pas.
Cela avait démarré avec ses deux improbables parrains à tout juste 20 ans, et pas des moindres, Mauriac et Aragon, pour Une curieuse solitude, premier roman qui marqua son entrée en littérature. L’Église et le Parti. Sollers d’emblée Janus, tout à tour maoïste puis ultramontain. Brouiller les pistes, toujours. L’art de la dissimulation, de l’esquive, du clair-obscur était chez ce lecteur averti des Jésuites, une seconde nature. Sa profession de foi. La guerre de Sollers, celle du goût comme il l’avait nommée, se voulait souterraine et subversive, à la fois patiente à travers l’édition dont il fut le condottiere au Seuil puis à « la Banque centrale » Gallimard, soudainement éclatante et gentiment machiavélique à travers les médias dont il fut l’enfant chéri (Apostrophes, Le Monde des Livres).
Mais une guerre qui était aussi et surtout exigeante. Sollers a été un véritable stakhanoviste. Et pour cette raison, son œuvre restera. Il a publié et fait publier plusieurs centaines de livres. Il y eut bien sûr aussi les revues, fondamentales. D’abord Tel Quel avec Jean-Edern Hallier au Seuil. Haut lieu expérimental de rencontre entre l’avant-garde et les classiques qui fédéra notamment Roland Barthes, Michel Foucault, Jacques Derrida, Francis Ponge. L’époque qui s’y reflétait était au maoïsme, à la psychanalyse et au structuralisme. Puis vint L’Infini chez Gallimard avec ce même souci d’exploration esthétique, frondeur et précurseur au risque de fréquenter les infréquentable. La moraline ce n’était pas le genre de Sollers. Il eut le courage de regarder en face certains astres noirs de la littérature, qu’il s’agisse de Céline, de Sade, d’Artaud, de Bataille et d’autres antimodernes. Certainement pour mieux voir le monde ? Pari réussi.
Sollers fut à lui seul le centre de gravité de la vie littéraire et des idées des cinquante dernières années. Ce n’est pas rien et ce n’est pas si fréquent. Vite, la Pléiade pour le divin Sollers !
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philippesollers · 8 years
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philippesollers · 9 years
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Philippe Sollers LOGIQUE DU FRANÇAIS
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Dada
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Julia Kristeva Philippe Sollers « Du mariage considéré comme un des beaux-arts »
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Julia Kristeva Philippe Sollers "Du mariage considéré comme un des beaux-arts"
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Julia Kristeva et Philippe Sollers : L'expérience intérieure à contre-courant
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Interlocution - DOMINIQUE ROLIN - PHILIPPE SOLLERS
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philippesollers · 9 years
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Philippe Sollers "Les Demoiselles d'Avignon", Réalisation: Laurène L'Allinec, 1988
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philippesollers · 9 years
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philippesollers · 9 years
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N’essaie surtout pas d’atteindre le silence ou le vide. Ça, c’est la pose. Au contraire, joue comme si tu étais en pleine rue, au cœur du vacarme… Avec des ronflements, des marteaux piqueurs partout, des radios hurlantes, des ambulances en folie. - Ph.Sollers, Passion fixe>
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philippesollers · 9 years
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"J’aime les stylos Parker de taille moyenne, ni trop grands ni trop petits. Les miens sont à plume, avec une pompe à encre bleue et le logo de la marque qui rappelle que les mots sont comme des flèches. D’ailleurs, il sort du sang de cette pompe et lorsque je remplis mon stylo, c’est comme si je me piquais avec une drogue puissante. J’ai choisi ces plumes en particulier car elles glissent parfaitement sans faire de bruit sur le papier « velouté » et à gros carreaux de mon cahier Clairefontaine à spirales. Toujours le même. J’ai fait une grande provision d’encre bleue à Venise en imaginant qu’elle serait imprégnée de l’air de la lagune. J’écris d’abord au stylo puis je tape le texte à la machine à écrire. L’écriture fonctionne comme un indicateur de mon état de santé. Quand je vais bien, je peux écrire très longtemps et sans ratures ; quand je vais mal ou que je suis malade, j’écris très peu de temps. Il faut être capable de se déconnecter de ce à quoi l’on veut nous connecter. Plus le monde se précipite dans le digital, plus je me tiens à l’écart. Loin des tweets et des blogs. Pourtant cela ne m’empêche pas de me renseigner sur mon époque.”
Philippe Sollers
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philippesollers · 9 years
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Fugues. Philippe Sollers.
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philippesollers · 9 years
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"L’argent passait pour largement criminel, mais raisonnable. Tout le monde sait désormais qu’il est fou. L’argent fou est la preuve de la folie générale elle-même."
Philippe Sollers Médium 2014
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philippesollers · 9 years
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Philippe Sollers - Littérature et politique
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