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56 / Amougies Festival: Le Show continue
56 / Amougies Festival : le Show continue
Les Zoo démarrent (9 musiciens) la journée où midi est bien dépassé et la plus part des aficionados sont partis. Set court et largement instrumental ce qui a été accueilli froidement. Il est vrai quand Joël Daydé chante de sa voix forte et en anglais ça se passe autrement par exemple quand il entonne « If you lose your woman » matiné de musique progressive.  Ils jouent du jazz-blues à fortes influences psychédéliques – guitares électriques, violon électrique, orgue Hammond, saxophone, section rythmique très chargée.
Ils étaient allés au village de quoi ramener des victuailles pour se faire des super sandwiches. Marc avait l’âme de cuisinier et Fred suivait se contentant de payer quand il lui demandait à raison.
Dehors, il y avait pas mal de gens qui étaient assis en tailleur dans l’herbe sur des sacs ou autres protections – certains avaient allumés des feux. Ils jouaient de la guitare, du tambourin, de la flûte au milieu d’odeurs d’encens. Ils étaient sûrement saturés de sons amplifiés – besoin de décompresser près des vaches qui viennent brouter juste auprès du chapiteau.
Evidemment ils ont recroisé Mouna…, son vélo…, et ses fans… (Et ses dreadlocks avant l’heure) ­– Ça faisait un peu boy-scout et kermesse mais la musique est de bonne qualité et la foule décontractée au grand dam des politiques et de certains journalistes français des “grands“ médias.
Un grand dégingandé barbu, une sorte de Merlin l’enchanteur vêtu d’une redingote noire, parcourt la scène à longues enjambées avec son violon électrique et son chapeau large de paysan. Voilà East of Eden : un batteur, un bassiste chanteur, un violoneux à la formation classique, un sax électrifié co-fondateur du groupe avec le guitariste tendance rock.
— Je suis fan de ce groupe : premièrement parce qu’il y a un violon de formation classique qui ne peut qu’apporter à une rythmique rock-blues – deuxièmement parce que j’ai acheté leur album “Mercator Projected“ et que je l’ai écouté attentivement maintes et maintes fois tout en me méfiant de l’artifice des studios – en tout cas en essayant d’y faire abstraction car en public tous les effets tombent à l’eau, déclare Marc.  
Ils entament avec “Gum Arabic / Confucius“ : une musique de désert avec les tintements de clochettes assez longuet – évidemment on imagine le troupeau de chévres, puis la flûte magique, sautillante, discursive matinée d’Orient qui chantonne en leader comme Merlin et qui donne le rythme – thème repris à la basse comme riff d’un Jazz /Indo / Arabo / Psychédélique. En arrière-plan improvisation du saxo électrifié…
—  C’est une autre forme de Prog-rock  avec ici des sons et mélodies orientales parce que tout bonnement Dave Arbus (le violoniste, multi-instrumentiste) est allé en Arabie alors que les autres reprennent des mélodies classiques, du moyen-age, du folk de la renaissance, etc., commente Marc.
— C’est long mais pas désagréable – un peu intello tout de même ! concède Fred.
— Je t’avoue que je ne le connaissais car il n’est pas tout simplement sur le LP que j’ai. Mais il développe avec plus de facilité le travail commencé sur “Mercator“ ce qu’on devrait entendre par la suite.
— Le sax touche pas mal !
Le groupe enchaîne un autre morceau :
— Ça je reconnais le démarrage spatial c’est « Communion » puis le riff flûte et violon qui met une tension permanente et un sentiment d’urgence ainsi la batterie déroule une cavalcade de roulements. C’est parait-il une conversation drôle mais inutile de café-bar avec un serveur parlant presque couramment la langue serbo-croate (un truc bizarre en effet) avec à la fin une blague chantée en serbo croate du style un cheveu ou une mouche sur la soupe.
— Etrange, effectivement !
Le morceau “Northern Hemisphere“ hard-rock-blues-psyché au riff de guitare accrocheur où l’on rencontre dans les forêts les gnomes, et où les choses les plus étranges se produisent, ainsi un magicien disparaît et réapparaît, et de belles choses arrivent, des oiseaux qui volent autour des arbres de diamant, puis le vaisseau spatial décolle dans les larsens. Suivi de “Waterways“ chant sur des vautours roses, bleus et blancs, crocodiles, gondoles noires, pyramides, tombes secrètes des rois, capes écarlates, ailes d'or vers Babylone… plainte du violon en intro puis solos orientaux, tambourins…
Marc reconnaît “Bathers“ les baigneurs du lac hongrois de Balaton – « Parfois il y a des sorcières sur la plage qui s’envolent sur les routes de sable… puis se sont jetées à l’eau au son des flûtes gitanes“ chant mélancolique qui surfe sur la mélodie jouée par la basse. Et puis une gigue irlandaise au milieu de leur set qui surprend Marc et tout le public, avec roulement de tambour en intro ainsi que le violon dansant appelant la batterie qui cavalcade.
— Ils ne font pas que dans l’apport oriental ! Ils font également du folk… irlandais, je pense ? demande Fred.
— Je ne connaissais pas ce morceau. En tout cas il ne fait pas partie du LP.
 Ainsi le groupe continua leur exploration parfois expérimentale bordée de solos orientaux noyant la foule dans une « World Music »  avec toujours le sax free-jazz en rappel.
— Epoustouflant ! conclut Fred.
La foule subjuguée, a suivi et applaudi à tout rompre.
“The next band“ comme ils disent en anglais – Sam Apple Pie. Les puristes n’aiment pas – du rock-blues bien gras & bien couillu aux riffs à deux accords avec Frank Zappa aux soli – Moonlight ça s’appelle. Des spectateurs se lèvent et dansent un peu défoncés tout de même. Le chanteur également harmoniciste se livrent à une bataille de soli avec Zappa.
— Après les intellos, ça nettoie les neurones, commente Fred.
— Oui ! C’est bien qui n’est pas mis tout de suite Soft Machine car deux grands groupes musicalement parlant l’un derrière l’autre, on aurait saturé comme l’autre nuit avec le Gong qu’on a pas écouté, rappelle Marc.
— Absolument ! Mais c’est des “musikos“ qui ont fait la programmation ou des gens dont c’est le métier. Par contre il n’y a pas la dimension sociologique ou anecdotique de Woodstock qui « dit » des choses sur l’évolution ou une tendance d’une génération pour une nouvelle forme de consommation.
— Tu y es allé ?
— Non ! Mais j’ai étudié la possibilité car Rock & Folk proposait des billets avion+concerts pour toute la durée du festival mais ça me faisait trop cher. Concrètement ça me revenait à un mois de salaire sans « l’alimentaire » et les à-cotés. Par contre j’ai lu des reportages et vu pas mal de  photos  dans  la presse spécialisée – rock musique.
— Je n’ai même pas calculé l’éventualité d’y aller car je n’aurais pas eu tout simplement l’argent étant étudiant qui essaie de joindre les deux bouts. Mais quand l’opportunité s’est faite pour Amougies après toutes les défections connues, je n’ai pas hésité.
— Idem pour moi !
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Le Bouquineur / The Bookworm a 5 ans aujourd'hui !
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Golf Drouot Special # 3
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Golf Drouot Special # 2
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Golf Drouot Special # 1
Golf Drouot Special
 The fitted petrol blue Mod's-style English jacket worn by Freddy in the queue under the neon arrow of the Golf Drouot pointing to the front door – recognizable physique among a thousand with his hunched shoulders like a puny boxer who has taken too much stories of proletarian…, and his vertically striped trousers too short on British orange boots, in the middle of other spectators dressed in dull & conventional colors – had not escaped the eyes of the photographer-designer for the cover of a record ( “Golf Drouot Special”).
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Amougies Festival 1969 : 4h00 du matin, mardi 5ème jour
55 /  Amougies Festival 1969 : 4h00 du matin, mardi 5ème jour
« Il est 4 heures du matin et on est mardi : une journée qui commence par la fin de l’autre. Etrange, pense Fred. »
— Normal ! aurait dit son pote (compère) volant.
Sauf qu’il n’a pas dormi.
Les Pretty Things le groupe beatnik par excellence – rock mâtiné de  solos  à l’orientale attaque « Alexander » avec son lick particulier décalqué sur un plan de basse. Le batteur remonté sur scène, a repris sa place que le bassiste avait assurée en partie sur « Blow your mind ».
         — C’est un groupe que je voulais voir. J’ai toujours en mémoire ces photos de S.LC. de groupes anglais dont les Pretty Things qui posaient avec une dégaine pas possible tel des clochards dans une rue pourrie de ville british industrielle sous les poutrelles métalliques du métro aérien, avec les cheveux hyper longs affichant le look volontairement sale et dangereux. Ça tombe bien que le batteur nous ait réveillés.
         — Moi aussi ! C’était les concurrents des Rolling Stones ; d’ailleurs le guitariste Dick Taylor (qui n’était pas là mais remplacé par un musicien qui joue comme lui – assez étrange d’ailleurs) a tenu la basse chez les pré-Stones puis l’a quitté à cause de Brian Jones qu’il lui avait pris la place à la “six cordes“.
         — Ça je ne le savais pas. Par contre, j’ai lu que le nom du groupe vient d’une chanson de Willie Dixon interprétée par Bob Diddley « Pretty thing » à la rythmique très syncopée en étouffant les cordes puis en appuyant sur les notes par intermittence. A ce propos il suffit d’écouter qu’effectivement ils développent un phrasé musical qui s’en inspire beaucoup. Ce n’est pas spectaculaire ; ça fait un peu pub dancing mais c’est carré. Peut-être que cette démarche leur a coûté un certain succès et ont été obligés pour leur alimentaire de faire des films ou une production pour un fils de milliardaire.
         — Sûrement ! Mais il parait que les Stones les empêchaient de passer à la TV notamment dans l’émission « Ready Steady Go ! »… Bob Diddley, c’est celui qui avait une guitare rectangulaire comme les cigar-box ?
         — Exact ! Son nom de scène vient d’un instrument primaire des joueurs de blues avant la guitare électrique : le Diddley Bow consiste à tendre une corde de guitare un la, un sol ou un ré, sur une planche en mettant une bouteille dessous pour tendre la corde faisant office de chevalet et un boulon avec écrous de l’autre côté pour le sillet et ça se joue avec un bottle-neck. C’est l’invention du slide où l’on retrouve la pentatonique suffisant pour jouer le blues.
         — Génial ! Certainement, leurs morceaux ne sont pas très originaux mais puissants – carrés comme tu dis.
         — Ça vient du rythme qui s’appelle d’ailleurs le Bob Diddley Beat provenant du Mambo et du Hambone.
         — Quésacko ?
         — Je ne joue pas au musicologue ; je l’ai lu parce que je m’intéressais aux « Pretty Things » et j’ai découvert que le Hambone consiste aux chanteurs et chanteuses de blues de s’accompagner de percussions en se tapant sur les cuisses, les jambes et les genoux ainsi que sur les joues.
         — J’ai déjà vu ça.  Ça me dit quelquechose. Effectivement les rythmes sont proches. Ça peut être l’explication.
— Ceci dit ils ont fait 3 titres et ça fait une heure. C’est certainement l’habitude des pros dans les pubs.
— Toi qui semble les connaître. Les solos du guitariste sont très spéciaux et courts.
— Je dirais que c’est plutôt des licks qui découlent de cette musique syncopée. Mais si tu écoutes Bob Diddley ; il fait des licks identiques. La différence c’est que le lead-guitar des “Pretty” joue des accords barrés etc., en standard alors que Diddley est accordé en open.
— C’est-à-dire des licks ? Et Accordé en open ?
— Lick, lécher ! Des coups de langues mot à mot mais on comprend ce que cela veut dire : Des courtes séries de notes utilisées dans les solos et les mélodies. Le riff c’est la même chose mais grosso modo avec les accords. En standard, on fait les accords que tu connais. En open, les accords sont différents certes mais tu as la particularité d’avoir à vide un accord sans mettre les doigts ou le bottleneck  dans la clé dans laquelle tu t’es accordée. C’est-à-dire si tu es en Sol Majeur et bien tu joues toutes les cordes et ainsi de suite ? Tu as donc le La à la 2ème case et par conséquent, toute la gamme pentatonique  en simple barré,
en slide ou avec le doigt (l’index).
— C’est vraiment particulier la guitare ; c’est un instrument qui n’est pas figé qui peut évoluer tout le temps.
— C’est pour ça qu’il est moderne et que des millions et des millions de jeunes veulent en jouer.
— Pour revenir au groupe évidemment le look du groupe de sales gosses interpellent mais en dehors de ça il y a l’influence américaine du blues très particulier d’ailleurs et leur manière de jouer pratiquement tout en accord à part quelques petits solos ça et là – dû parait-il à leur façon au début de jouer du “Rhythm & Blues trash“ et à leurs explorations psychédéliques dixit Phil May le chanteur.
Puis ils ont fait SF Sorrow l’un des premiers opéra rock en 1968 ; qui raconte la vie de Sebastian F. Sorrow enfant né dans l’Angleterre pauvre, l’usine, premiers émois sexuels, la guerre, la dépression, le désenchantement et la vieillesse.
Et il y a une autre chose qui me plaît chez Dick Taylor c’est son choix de guitares : Gibson 335, Hutchins copie Harmony H78 ou encore une Höfner verithin – un son trash tel une guitare bas de gamme fabriquée en Asie, guttural dans les basses et carillon dans les aigus comme dit l’autre.
— Bien vu ! Complètement d’accord !
Dave Burrell / le grand nettoyage sonore et le recyclage du verre / le lavage des scories et écouvillons du cerveau / plus de force de concentration pour écouter seulement submergé  par les vagues ardentes…
Surman /  Fatigue /  Froid /  Humidité  /  leitmotiv qui revient sur les lèvres des veilleurs / “Grandes vagues souples“, segments mélodiques explorés puis accélération… puis l’aube blanche à travers la toile de tente.
         Fred & Marc se lèvent et plient grosso modo leurs duvets puis jettent un œil sur la scène où le Gong s’est installé sur l’autre plateau pendant que les autres jouaient. Ils en écoutent un peu puis un musico’s prend un tambour “napoléonien“ ; et là c’est le trop-plein assommés comme ils le sont – et même si Daevid Allen ex-Soft Machine mérite leurs écoutes. Ils battent retraite.
         Les gardiens avaient ouvert en grand la porte d’entrée du chapiteau ; la (l’odeur de la) campagne s’invitait dans la tente, diaphane et calme. Le brouillard s’était dissipé et la pluie disparue ; un grand soleil était venu les remplacer. Cet éblouissement d’un ciel sans bruit pesait tel un grand manteau blanc en hiver sur des âmes épuisées.
         Peu de dialogues dans le chemin de terre boueux vers la tente (du – le - gîte) des couchages. Tout à chacun semblait noyé dans ses rêves, les sens encore (labourés) torturés par la rage sonore électrifiée. Mystifiés, transis par l’accumulation massive de concepts musicaux inédits, savants, ou inconnus…  
Dés l’entrée, ils assistent à une scène hyperréaliste de hippies telles les peintures du même nom – l’herbe du pré qui commençait à jaunir en touffes accueillait à même le sol des festivaliers assis sur le bord d’un plancher saisis dans leurs vêtements de sortie (d’apparat hip), écrasés par le sommeil.
A leurs têtes des détritus de toutes sortes mais aussi aux pieds de celles et ceux qui ne voulaient pas se coucher dans la “fange“ et restaient stoïques, assis sur le bord des praticables (modules) de la piste de salle de bal avant de sombrer la tête sur leurs genoux. Ils faisaient un peu 16ème comme celles et ceux qu’ils croisaient au Golf. Ils portaient des habits sans aucune froissure ? Tous leurs vêtements réfléchissaient une palette de couleurs chatoyantes.
D’autres étaient avachis sur les planches les bottes de cow-boy (en l’air) à l’air libre se reposant sur les coudes. Certain(e)s arboraient des tee-shirts car la tente était chauffée et de plus elle était quasiment remplie de spectateurs qui se reposaient. Fred & Marc durent se faufiler entre les corps affalés ou assis pour trouver une place.
Les coiffures avec les cheveux longs des types blonds, noirs, bouclés…etc, et celles des filles autrement plus sophistiquées dans le relâchement, laissait souffler un esprit de liberté (aurait dit Dylan) mais pas communautaire – chacun(e)s restaient dans son pré carré. Des chapeaux s’affichaient ça & là.
Des gens paradaient debout en discutant attifés avec des fripes des Puces de Clignancourt ou des vestes léopards du Carreau du Temple. Cela leur permettaient d’exercer une vigie dialoguée socio-musico-analytique en survolant du regard la masse informe des sacs de couchages à leurs pieds – évidement les cheveux (étaient) bouclés, crêpés et jetés nonchalamment  sur
les épaules.
Arrivés dans le milieu de la tente, ils trouvèrent de la place pour étendre leurs  duvets  puis Fred retira sa parka se retrouvant avec sa chemise à fleurs bleues et violettes époque d’Antoine en sur-chemise dont il remonta les manches sur un pull noir. Puis ils s’engouffrèrent dans leurs sacs en se couvrant le visage pour atténuer la lumière et recharger leurs batteries neuroniques.
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Amougies Festival 1969 : 4ème jour de festival
54 / Amougies Festival 1969 : 4ème jour de festival
         Lundi matin : 4ème jour de festival où la musique est devenue environnement, nouvelle nature ou forêt vierge, les nouveaux « sauvages » ne cherchent plus à écouter des « compos » sonores mais vivre une autre destinée en communauté pleinement musicale. Le mur du « son » est franchi. On vit.
         Fred déambule un peu sonné, groggy comme les autres au milieu des sacs de couchages et se retrouve dehors et croise Pierre Clémenti avec des amies un sac de couchage sur les épaules qui se dirige vers une DS commerciale bourrée d’oreillers, de couettes et de couvertures. Freddie le reconnaît et déclame en le dépassant : « J’ai tué mon père, j’ai mangé de la chair humaine et je tremble de joie… » Clémenti se retourne et sourit en amorçant un commentaire mais son entourage lui parle… le reprend… et le froid… et la tête dans les étoiles… et les vappes… Les carapaces ne sont pas toutes entièrement tombées ; Fred passe son chemin.
         Le public du W.E. est parti, il ne reste que les aficionados et Marc le voltigeur du soir qui fait sa tournée d’entretien :
         — On ne va pas parler des groupes français car ça va tourner à l’obsession ! attaque-t-il.
         — Aujourd’hui j’ai flâné, pris une douche… J’ai reconnu
Eric Bamy et je l’ai entendu au retour sans les écouter tel un mur sonore,… un environnement avec son groupe Les Frogeaters que j’avais vu au Golf il y a quelques temps qui était déjà dépassés  mais là  le public les a trépassés  sans  mauvais  jeux  de mots, enfin !
         — On a encore deux jours de musique ; il faut en profiter au maximum. Ne nous laissons pas gagner par la lassitude !
         — Absolument de ton avis ! Ecoutons ! Enregistrons ! Mémorisons !
     — Je retourne dans mon jardin comme on dit dans les coulisses du spectacle, ironise-t-il en s’apprêtant comme à son habitude à volter tel l’oiseau de nuit au-dessus des sacs de couchages.
         Arthur Jones d’où il retrouve l’atmosphère du disque Scorpio un piano en plus – beaucoup plus structuré : des descentes et des remontées de gammes à fond de cale sur son alto déferlent sur des roulements de toms et de grosse caisse à l’africaine de Claude Delcloo ; les solos de la basse de Bob Guerin empruntent les mêmes chemins de vitesse filant en opposant les basses aux aigus tel un dialogue soutenu entre deux comparses. Morceau suivant : déchaînements-enchaînements du motif comme l’écrit Henri Michaux – fricassé de caisse claire boostée par les semonces de frappe de grosse caisse – cris d’alerte incantatoires à l’alto voire de discours. Puis la mélodie romantique de Sad Eyes qui fout le spleen le long d’un nulle part désertique en dehors de son imagination arpentant, flânant au gré des néons agressifs et autres lumières de Greenwich village pour se rassurer des immeubles en briques zébrés d’escaliers en fer et de la chaleur des clubs de jazz qui se dégage de l’intérieur…  porte ouverte. 4ème morceau blues cool de “Brother B.“ au commencement puis déchirure, cris, et trilles incantatoires appels modulés en hurlements stridents du sax – du cool à la rage puis le calme revient et la ballade romantique peut recommencer vouée à l’apaisement des âmes du blues – grande maîtrise du début à la fin.
         N’étant pas spécialiste de jazz et encore moins de free-jazz, Fred se laisse emporter depuis le début de cette session de « free » par le changement de souffleur & leader Kenneth Terroade et au violon Alan Silva en gardant la même section rythmique basse/batterie/piano et débarque dans une jungle sonore ; y’a du son partout ! se dit-il. Mais bien vite la jungle devient urbaine et New York transparaît dans les brumes des Bermudes d’Alan Silva même si son violon électrique veut célébrer la lune comme il l’a fait sur un disque. Là ce n’est pas le désert mais le fracas des sons et des stridences à l’instar des sirènes en tous genres qui supplantent toutes échappatoires ou fuites, pense-t-il.
       Finalement Fred se fait du concert cette déduction (réflexion) (citation) suivante: « C’est l’homme qui est immobile ; alourdi par la pesanteur,  les pieds dans la boue, ancré dans la terre, il n’y a que les âmes qui voyagent (quand ils sont morts). Et puis les églises se mirent à danser. » Des décennies plus tard il apprit que Kenneth était retourné en Jamaïque et qu’il faisait le missionnaire et continuait également de jouer à New York ou ailleurs.
       Toujours la même  formation  mais annoncée  maintenant comme celle de Clifford Thornton dont personne s’en plaint – plutôt excellents musiciens. Celui-ci joue d’un instrument qui ressemble à un hautbois et se nomme d’après les connaisseurs qui sont allés aux Indes, installés à proximité de son sac de couchage : un shehnaï. Là ça déménage d’emblée en Afrique avec les congas comme un carnaval panafricain… intello tout de même. Un duo percussions et le Shehnaî qui entraîne tout le monde progressivement dans un solo de l’alto Joseph Jarman splendide que le public applaudit ainsi que la prestation du groupe.
         Retour au “tcha poum poum“ avec YES : Fred se demande s’il ne va pas en profiter pour pousser un roupillon. D’emblée, il est conquis par le guitariste qui développe un jeu de guitare (sur une Rickenbaker 330 blanche demi-caisse à la découpe particulière en double pans coupés nets de part et d’autre au bas du manche avec un post collé du nom du groupe)  très personnel hormis sa gestuelle forcée qui avec l’organiste essaient de bouger le chanteur pop par excellence qui ont ou le producteur, choisi de « variètisé » le classique sur des chansons folks américains et une rythmique rock. D’ailleurs Peter Banks le guitariste et peu après l’organiste (membres fondateurs) ont quitté le groupe à cause de rajout sur les bandes des disques de violons et violoncelles à la place de leurs solos qu’ils avaient composés. Bref, le premier morceau invite à cavaler dans la nuit et écouter les sons que vos oreilles n’entendent pas dixit la chanson. Puis une reprise des Byrds comme « I see you » montage de séquence en arpège à la guitare, de plages jazziques etc… De 3mn l’original ils en font 15mn ; d’autres chansons folks notamment « Everydays » des Buffalo Springfield hachées à l’électricité et à la batterie. Des berceuses énervées. Progessive rock, sommeil progessif pour Freddy. « It’s love » chantent-ils. Pourquoi pas ! se dit-il.
         Engoncé dans son duvet à moitié endormi voire complètement comme la plupart des spectateurs à cause du froid et de l’humidité. Dans son sommeil Freddy entend crier :  « Get up ! Get up ! Get up ! Get up !... » . Il voit le batteur Twink des Pretty Things avec un pied de cymbales qu’il frappe comme un malade puis descend de scène tant bien que mal et fend la foule endormie dans les sacs en leur marchant dessus puis grimpe à la plateforme de régie pour escalader un des mâts du chapiteau tout en martelant la cymbale.
         C’est là que son copain volant de l’aube – eh oui, déjà ! survient :
         « Il a bien fait de nous réveiller en plus je voulais les écouter, dit-il en sous-entendant le groupe.
         — Tu dormais aussi ?
         —  Oui !  Après toutes  ces  journées  et  nuits,  la  fatigue commence à nous gagner. Je ne sais pas si t’as remarqué mais pratiquement tout le monde roupillait… J’espère qu’il ne va pas se casser la gueule ?  dit-il  en regardant  Twink  en  position  très instable qui raisonné par les technos de la plate-forme redescend.
         — T’as vu qu’il commence à faire jour !
         — Pas tout à fait !
         — Ça va pas tarder !
         — Alors le Free Jazz ? Les 3 compères Arthur Jones, Ken Terroade et Clifford Thornton, tu les a écoutés ?
         — Oui ! Et j’ai apprécié. Peut-être qu’à force d’en entendre on s’y fait. Derrière cet agrégat de rythmiques syncopés, fracassés, il y a des mélodies hyper-intéressantes, très travaillées.
         — Absolument d’accord. Ce mælstrom comme tu dis, m’immerge comme dans une musique de film avec des climats, des tensions, des aplats, des phases calmes, des périodes enragées…, etc. Ça rejoint ou découle quand même de la musique classique toutes ces atmosphères ; la différence c’est que cela se passe à l’ère industrielle ainsi que dans les banlieues suburbaines.
         — Bien vu enfin bien entendu. T’as remarqué que les morceaux ont toujours un début et une fin comme dans une histoire. Ils racontent ou jouent plutôt une Histoire avec un grand H. Leur  Histoire.
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Amougies Festival 1969 : la bohème au festival
53 / Amougies Festival 1969 : la bohème au festival
         Et les voilà partis avec leurs bardas qui traînent au sol dans l’herbe, dans la rosée….  En passant  devant  les  camions de frites déjà ouverts, ils prennent des cafés et des pains au chocolat.
         A l’intérieur, des places sont encore vacantes ça & là. Ils s’installent vite fait dans le milieu où il fait bien chaud puis ils piquent un somme après avoir grillé une cigarette qui les emmène jusqu’à 1 heure de l’après-midi – un besoin légitime de récupération après toutes ces nuits quasiment blanches.
         Dimanche après avoir effectuées leurs toilettes, ils rejoignent le chapiteau.
     Après bien des péripéties au démarrage digne d’un festival qui se veut pédagogique en l’occurrence politique s’additionnant à la promotion de groupes français qui ne passent pas, des mottes de terre et des bouteilles arrivent sur scène et le pianiste du GERM de Mariètan prend une canette sur la tête.  
      Evidemment le concert s’interrompt. Le présentateur s’interpose et invective les fauteurs de trouble, en tout cas dans leur direction – de fascistes ! Décontenancés par la charge, ils ne se manifestent plus. Mariètan tel un héros, revient seul et joue un morceau au piano.
       Marc qui n’en loupe pas une s’exprime pendant qu’il joue dans l’optique de se faire entendre par l’entourage immédiat car il n’appréciait pas toute la programmation :
         « Faire de la pédagogie musicale un dimanche après-midi, c’est peut-être pas le bon credo horaire ni le bon jour. Il faudrait peut-être qu’ils s’interrogent de temps en temps plutôt que de s’en prendre à des ploucs en les insultant de fascistes, analyse-t-il ironiquement.
         — Il pousse un peu loin ! Geogakarakos a semble-t-il, dû enregistrer un paquet de groupe de free et de contemporain et se retrouve avec des piles de disques à vendre dans son magasin rue de Rome. Alors il veut en faire entendre un maximum pour les écouler petit à petit, renchérit Freddy.
         — C’est un public qui est venu pour danser pas pour découvrir la musique expérimentale, assène-t-il.
         — Absolument !
         — Tu viens ? Je vais aller de l’autre côté. Comment t’appelles le côté gauche de la scène déjà ?
         — Jardin !
         — Je vais donc à jardin car je préfère écouter de côté-là. Tu viens ?
         — Non ! Je reste toujours pas très loin de la sortie. Je n’ai aucune confiance dans le personnel dit de « sécurité ». T’as vu l’autre jour, ils ont tout ouvert pour rien. Mais le jour où il faudra le faire ; ils ne seront tout simplement pas à leur poste… comme d’habitude, argumente-t-il.
         — Comme tu veux ! J’y vais !
         — O.K. ! A plus tard !
         Fred se retrouve « seul » au milieu du public du W.E. assez éloigné de la scène où Caravan se produit ; distance qu’il met à profit pour se laisser glisser dans une introspection. La première impression qu’il a, c’est le deuil, la mort et surtout l’agonie.  L’agonie de son emploi qu’il exècre de plus en plus mais qu’il supporte par la force des choses pour son « alimentaire » alors qu’au lointain sur la scène Caravan chantent qu’ils veulent un endroit à eux parce qu’ils entendent vivre comme bon leur semblent même « stoned »… « Ne vous inquiétez pas », ajoutent-ils à ceux qui s’en alarmeraient.
           « Comme je me sens mourir » « As I feel I die » titre l’une des chansons correspond à l’état de son esprit du moment. Beaucoup de personnes dans le public aspirent également à une autre vie ; c’est la raison de leur présence ici.
         Mais aussi l’agonie de Paris qui s’est de nouveau déglingué à supposer qu’il ne l’était plus. Statufié. Pétrifié. Tel les arrivistes figés dans leurs convictions lors de la manif sur les champs en 68. Réac, quoi !
           Le retour des vieux chanteurs anars à Bobino qui déjeunent à La Belle Polonaise en face du music hall… et les jeunes qui bouffent leurs sandwichs midi, matin, & soir et même le W.E. quand ils trouvent une place au comptoir et snobent même les self-services.
            Au  loin,   « Caravan »  poursuit  dans   cette   atmosphère somme tout campagnarde, un genre de bohème au festival. Les artifices vestimentaires des premiers jours ont fait place aux gros pulls col roulé fait main, aux pantalons de velours, aux écharpes, aux anoraks, aux parkas car le froid domine même si le chauffage par ventilation assure un minimum dû à des ouvertures de sécurité permanentes sur tout le pourtour du chapiteau.
         Le soir, c’est une marée bleue de sacs de couchages qui s’étalent en majorité entrecoupée de toiles beiges ou kaki. Les spectateurs écoutent assis ou couchés, les yeux dans les halos de lumière, recouverts par les duvets alors que d’autres dorment carrément.
       Les cheveux non coiffés voire non lavés pour certains transforment tout ce monde en une immense foule de vagabonds new style. Des peaux de moutons retournées Afghans brodées ou des ponchos mexicains égayent les allées improvisées des quelques personnes qui naviguent en sautillant d’un corps à un autre comme son copain Marc.
         — Aujourd’hui les concerts, ça été le bouquet. J’espère que « Nice » va remonter le niveau. Plein de gens disent du bien de Keith Emerson l’organiste, constate Marc.
         — J’ai lu quelque chose de similaire dans Rock & Folk qui écrivait qu’ils mélangeaient avec virtuosité le classique notamment Tchaïkovski et Prokofiev avec le rythme rock-jazz et la distorsion. Le rock progressif, qu’ils appellent ça… les anglais, renchérit Fred.
         —  T’as entendu  cette  après-midi  les  groupes  français ;
c’est une calamité. Il y a vraiment un problème d’autant qu’ils se donnent du mal pour faire des morceaux. Mais toi, qui va au Golf ? C’est ça, que tu écoutes ?
         —  Oui !  Mais,  ce n’est pas pareil dans un club et sur une grande scène internationale comme ici. Au Golf, c’est comme un local de répète donc on tolère tout car on joue pour beaucoup en amateur – de la même façon. Après, il y a des « musikos » pro, souvent des studios qui ne se sentent plus péter et qui se prennent pour les grands compositeurs et inventeurs de la nouvelle musique rock mondial. Ici, leur grandiloquence a fait plouf ! Et c’est leurs arrogances que les spectateurs n’ont pas appréciées.
         — Par moment, ils jouent bien ; les riffs sont vraiment bien construit comme « Triangle » sur le titre « Peut-être demain » puis badaboum : le chanteur chante à côté du riff comme dans la chanson française, dans les bals ou dans la "variètte".
         — De l’humilité, qu’il leur faut ? Ecoute ça, The Nice entrain de jouer « «Karelia Suite » de Jean Sibelius façon rock certes, mais c’est une référence musicale ; la Carélie, c’est un pays partagé en deux comme l’Allemagne, par la Finlande et l’URSS. Toute une histoire ! Le compositeur est un finlandais qu’un copain de voyage en Suède, un fou du grand nord qui connaît les musiciens, les musées, le folklore, les baleines… et qui s’intéresse aux  langues  &  dialectes  des  Lapons  et  j’en   passe,   m’a   fait découvrir… comme le Solveig de Krieg entre autre, ajoute Fred.
          — Connais pas !
        —  Eh bien ! Ecoute !...  J’aime  pas  l’orgue  mais  je  dois admettre qu’il touche superbement bien.
         — … Génial ! déclare-t-il au bout d’un moment.
         Ils savourent les déhanchements et autres contorsions du claviériste debout qui secoue en même temps l’instrument et le public avachi ; les flux de la basse à l’archet et de la batterie l’accompagne tel une locomotive lancée dans les grands lacs & les forêts du Grand Nord tel un prototype de scooter des neiges ou de traîneau qui slaloment entre les conifères… mais c’est surtout la dextérité & la virtuosité de Keith Emerson qui fait le spectacle en bousculant l’instrument voire en soulevant le « Hammond » puis en le laissant retomber dans un fracas de distorsions produit par les lampes de l’ampli qui flashent sous les chocs, faisant exulter les rockies que nous sommes tous.  
         — Ça je reconnais ! dit Marc en entendant l’intro du nouveau morceau : C’est le « Blue rondo à la turk » de Dave Brubeck ! J’adore ce mec !
         Après ce tourbillon, ils eurent droit à Archie Shepp dont ils attendaient beaucoup suite aux bonnes critiques qu’ils avaient lues l’un & l’autre mais ce fut une marche funèbre : « Malcolm is dead » en leitmotiv réitérait tous les membres du groupe. Shepp, ils ne l’entendirent quasiment pas jouer donc impossible de se faire  une  idée  du  musicien ;  un  deuil  que  les  spectateurs  ne purent partager. Dommage pour le free-jazz.
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Amougies Festival 1969 : le « Zeppelin » d’Amougies
52 / Amougies Festival 1969 : le « Zeppelin » d’Amougies
         Le samedi matin, Freddy quitte cette maison en construction et sait qu’il n’y reviendra pas quoiqu’il arrive ; cette espèce de communauté qui reproduit la cellule familiale l’exècre au plus haut point. Et il laisse Marc seul organiser sa collectivité comme il l’entend.
         D’emblée, il se rend au “Zeppelin” comme il le surnomme qui effectivement ressemble vraiment à un OVNI posé au milieu des prés, et les spectateurs à des extra-terrestres…, hippies pour les autochtones. Les vaches s’y sont habituées et broutent le long des bâches.
         En pénétrant dans l’enceinte après les formalités d’entrée, il apprend qu’il y a une autre tente plus petite équipée de rangées de planchers pour dormir dans les sacs de couchages ainsi que de toilettes et de douches et il découvre que des gens sont restés à l’intérieur toute la nuit et certains & certaines y sommeillent encore ; la nuit prochaine il sera des leurs.
         Il pose son sac et s’en va voir les lieux dont le contrôleur lui a parlé.  Au passage, il prend du café dans les camions frites & sandwichs à l’extérieur et se restaure en schneks. Une douche un peu frisquette le requinque définitivement.
         Dans l’après-midi, les concerts reprennent et la foule cette fois arrive en masse.
         Blues Convention fait l’ouverture et se plante :
         «  Décidément, à chaque fois qu’un groupe du Golf Drouot joue, il fait non seulement un bide mais en plus se fait huer ; ils sont même obligés d’arrêter le set avant la fin et de quitter la scène sous les sifflets, râle Fred. »
         Le suivant n’est pas mieux mais il est anglais ; se nomme « Freedom » et s’adresse aux ados du samedi après-midi avec une « Bubble Pop » et vont même jusqu’à demander au public de taper dans les mains et de répéter :
         « One, Two, Three… Banana !
         — Et puis quoi encore ? Au suivant ! se rebelle Freddy. »
         Noah Howard & Frank Wright, se livrent un duel de chiens aux saxos sur une pluie de notes au piano, accompagnés de roulements sur les toms et au-delà…, de Muhammad Ali. Impression de grande liberté pour les musiciens. Impression seulement car ils retombent toujours sur leurs pattes.
         Alexis Korner & New Church, soi-disant le sorcier blanc du blues blanc mais sa discrétion à la guitare annihile tout blues pour du R’n B de studios.
            Don Cherry : jazz orientalisant. Zen. Relaxant & stimulant.
      Retour au jazz dur européen avec Joachim Kühn & Jacques Thollot en déménageur de    syncopes. Musique contemporaine. Jazz Classique. Orientalisant parfois.
         Et puis Pink Floyd que tout le monde attend, Fred compris :  Intro  sur le mi grave à la  guitare,  distorsion  et  reverb  à fond, frappé de manière répétitive, prêt pour le décollage ; puis le mi majeur plaqué et maintenu se perd dans l’écho des galaxies lointaines suivi d’une descente d’un demi-ton pour stabiliser le vaisseau. Et voilà le public parti pour “Astronomy Domine’’.
     Des arpèges aigus descendants semblent évoquer les planètes croisées ou à atteindre. Des accélérations sur les basses suivies d’un lâcher d’accords réverbérants permettent la poursuite du voyage cosmique dans la stratosphère, psychédélique diront certains.
         Ils enchaînent des morceaux moins planants avec chants de Gilmour ou cris angoissants de Waters puis la folie reprend avec “Interstellar Overdrive” où Frank Zappa les rejoints pour une jam-session  en délivrant des solos orientalisants.
         Attaque identique sur le bourdon de la guitare saturée d’écho puis déconnection assurée sur un riff haché descendant. L’envolée spatiale s’accélère tout autant que sur “Astronomy’’ en martelant les cordes basses des accords (deux morceaux de Syd Barrett, se rappelle Fred) puis lâchage sur un accord plaqué, appuyé, contenu, s’évaporant dans l’immensité interstellaire.
         A la longue la fatigue aidant, Fred s’endort la tête dans les étoiles du light show qui a couvert tout le set des Pink Floyd de photos projetées et de protoplasmes gélatineux colorés qui se meuvent doucement, se désagrègent puis se recomposent en d’autres formes sous la chaleur des projecteurs.
         Devant  la  marée  endormie de sacs  de  couchages,  l’Art Ensemble of  Chicago sonne le tocsin à la trompette et le fracas à la batterie. Fred se trouve doublement chagriné comme tout le monde par ce réveil intempestif mais aussi par la jeune fille qui dormant à ses côtés, tous les deux en chien de fusil, était venue se coller et vice & versa contre lui, s’écarte brusquement réalisant sa (ou leurs) méprise (s) inconsciente (s). Ils se retrouvent obligés de prêter l’attention par la « force » des choses. A ce sujet, il est extrêmement difficile pour un gars de parler à une fille qui se déplace en groupe souvent accompagné de garçon, frère ou ami — voire mission impossible à l’instar du Golf Drouot et ses nanas du 16ème.
         Marc se fraie un chemin au milieu des duvets en évitant de marcher sur quelqu’un et s’assoit près de Fred :
         « Ils ont réveillé tout le monde !
      — Oui ! Mais ils ont été à mon avis mal programmé juste après les Pink Floyd et puis à cett’heur’…, ça fait beaucoup !
         — Ce sont pourtant de bons musiciens et ils font une bonne musique mais sont obligés de faire tout ce cirque pour se faire entendre, justifie Marc.
         — Absolument ! Ils m’ont l’air de profs en train d’improviser  dans un cours-atelier.
         — C’est vrai ! Il y en a un qui fait un thème puis les autres jouent dessus.
         — C’est très cool comme musique. Ça explique peut-être que le sax s’est mis à poil en jouant de la guitare en singeant les guitaristes pop car leur musique n’est pas agressive ni violente… aux Etats-Unis, ils ne connaissent que ça alors ils essaient certainement d’y échapper.
         — Mais ils veulent se faire entendre… qu’on les écoute !
         — Oui ! C’est qu’on fait… maintenant qu’on est réveillés ! glisse Fred ironique.
         Après ces pitreries de potaches, ils finissent tous par rejoindre morphée. Marc apparemment avait laissé la « communauté » dans son pavillon puisqu’il avait son sac de couchage mais Fred ne lui posa même pas la question.
         Néanmoins le matin de bonne heure vers les 6h30-7h00, les vigiles ouvrent en grand les bâches entourant le sas d’entrée sur plusieurs mètres provoquant un afflux d’air froid réveillant une bonne partie du public.
         « Qu’est-ce qu’il leur prend ? s’exclame Marc en colère.
         — C’est peut-être pour aérer ? temporise Fred.
         — Mais j’ai envie de dormir ! insiste-t-il.
         Fred voyant la situation s’envenimer car d’autres récriminations se faisaient entendre avec des noms de gros oiseaux, propose :
         — Et bien, viens ! Il y a une autre tente pour dormir avec des planchers. Peut-être, il y a de la place. Allons voir !
         — O.K. ! dit-il en ramassant son sac de couchage et ses affaires.
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Amougies Festival 1969 : en camp retranché
51 / Amougies Festival 1969 : en camp retranché
          L’épicerie s’est organisée comme un camp retranché  avec un long comptoir avec les conserves, boissons et autres marchandises derrière sur des étagères grimpant jusqu’au plafond. Devant une vitrine avec des produits réfrigérés et des bancs de fruits & légumes sur lequel trône la balance. A la boulangerie et à la charcuterie c’est un peu pareil.
          « On dirait qu’ils se sont préparés pour parer à la fauche ! confie Fred.
          — Ils doivent avoir été prévenu par les autorités et s’attendre à un déferlement de jeunes un peu marginaux dans le public. »
          Fred s’était laissé guidé par son copain de stop pour les achats et put ainsi se restaurer sans se préoccuper. Des cigarettes passaient de main en main pour faire comme les beatniks.
          En début d’après-midi toujours dans le brouillard, ils vont au chapiteau sorte d’immense zeppelin atterri dans les pâturages au milieu des vaches et des prés, pouvant contenir 15 000 à 20 000 personnes, écouter le 1er groupe français de pop music prévu pour l’ouverture du festival que Fred connaissait déjà – « Alan Jack Civilization ».
          L’herbe étant encore mouillée, ils cherchent sur quelle assise ils pourraient s’asseoir. Fred opte pour la revue Actuel qu’on leur distribua en arrivant sous titré « magazine de Jazz, musique contemporaine, théâtre & poésie » avec en couverture une photo d’un trompettiste endormi sur un canapé complètement affalé,  en tenant son instrument  sur  les  genoux. C’est cette  image  qu’il lui donna l’idée d’en faire un siège.
          Auparavant,  il avait feuilleté entièrement le numéro  mais le Jazz et la musique contemporaine n’étant pas sa tasse de thé préférant le blues, le folk et le rock.
          Là, le groupe se fait huer par certains ; les autres restent silencieux mais n’applaudissent pas.
          « Ils ne sont plus au Golf Drouot ou dans un club avec leurs copains et leurs copines ! déclare Fred péremptoire.
          — Tu les connais ? relance Marc.
          — Oui ! Je les ai vu au Golf juste quelques semaines avant de venir ici pour présenter les morceaux de leur album produit chez Byg d’ailleurs.
          — C’est l’organisateur du Festival, me semble-t-il ?
          — Oui ! Georgakarakos ou Jean Karakos un nom comme ça, le patron de la maison de disques.
          — Mais comment étaient-ils sur scène ?
          — En club, ça va ! Mais là, c’est l’international c’est-à-dire Tolérance Zéro ! La preuve ! appuie Fred. »
          D’autres formations suivent tel Zoo, Indescriptible Chaos Rampant, les Frogeaters ne déclenchant pas l’enthousiasme espéré.
          « Ceci dit, cela a eu le mérite de chauffer les oreilles, perçoit Marc.
          — Le chapiteau est encore pratiquement vide ! constate Fred.
          — Oh ! T’en fais pas. Ils vont tous arriver le W-E… habillés en hippies, rétorque-t-il. »
          Sur le podium,  il y a deux scènes côte à côte  quand  l’une joue sous les projos l’autre installe dans la pénombre le groupe suivant.      
          Le présentateur annonce Colosseum dont deux anciens, le batteur et le sax, ont joué avec John Mayall ; ce qui rassure et provoque quelques applaudissements.      
          La particularité scénique du groupe s’affiche avec le sax et ses grosses lunettes qui souffle en même temps dans un ténor et un soprano sur certaines interventions.
          Malgré ce côté spectaculaire, le morceau s’avère bien construit ; « Valentyne Suite » qu’il s’appelle. Il l’attaque à l’orgue par une progression d’accords inspiré de « la Toccata & fugue en Ré mineur de J.S. Bach » ; s’ensuit des solos “orientalisants“ le tout sur une rythmique rock & Jazz offrant ainsi une mélodie relaxante, méditative qui n’est sans rappeler à Freddy la gamme pentatonique japonaise Iwato qu’il avait étudiée. Les anglais surnomment  ce genre de musique « Progressive Rock ». Il y perçoit également une influence de la musique renaissance anglaise ainsi que dans une partie chantée, une complainte digne des comédies musicales de Broadway.
          En dehors d’une écoute attentionnée, Fred, le teenager du Golf Drouot prend ses distances par rapport à ces nouvelles musiques mélangeant en gros le classique et le rock que les britishs désignent très justement rock progressif. Ce travail ne résout pas les questions qu’il se pose, sur l’incompatibilité des langues européennes avec la rythmique rock ou blues : Autrement dit, le « peuple » ou les « masses » se retrouvent sans voix contrairement aux américains qui peuvent contester voire résister à la révolution industrielle en “empruntant“ dans les trains de marchandises, sa propre rythmique “ ta-da, ta-da…“ des boggies sur les chemins de fer alors qu’en Europe seuls les aristos et les bourgeois voyageaient dans “ l’Orient-Express “…, enrage-t-il.
          Burton Greene présenté comme free-jazz lui apparait plus dépendre de la musique contemporaine et du jazz pour le rythme…, le détournant ainsi de son analyse.
          Après vient le tour d’Aynsley Dunbar Retaliation également ex-batteur chez Mayall qui prend sa revanche avec Frank Zappa comme guest star. Evidemment le batteur étant le leader, il impose le rythme & le riff du chef qui ne fait pas dans le détail mais dans le lourd ; les accords de l’organiste vient uniquement cingler les espaces laissés libres et les solos de Zappa s’intègrent dans le reste délivrant des blues épais & compacts.    
          Pierre Lattès présente les « Ten Years After » en mangeant les « r ». Fred s’attend à du rock blues grand public : après un morceau bien « Good morning school girl », Alvin attaque « Help me » et là les solos sont d’une autre trempe : sa rapidité, sa dextérité sont effrayantes et il est assez audacieux pour chanter en même temps. Il passe de la guitare rythmique, à la voix de blues et aux solos qui flambent fluides & rapides. Il met au point des blues-licks qui vont de haut en bas du manche avec une facilité déconcertante créant une intimité tentaculaire. Il donne l’impression au public que le morceau peut s’étirer et se renouveler dans des variations infinies.
          Sur “Spoonful’’, le bassiste frappe les cordes comme un malade à limite de les casser ou en tout cas de les désaccorder tandis qu’Alvin Lee double les licks & la voix y compris les « oooh » dans une superposition digne d’un chanteur de jazz. Epoustouflant de maîtrise ! Avec sa tête de minet, jamais ils ne pouvaient imaginer qu’il a étudié la guitare de jazz à haut niveau.
          A la fin du set du groupe, ils s’en vont :
          « Maintenant c’est au tour du free-jazz ! dit Marc. Et ce n’est pas ma tasse de thé, justifie-t-il.
          — Moi, non plus ! ajoute Freddy. » 
          Dehors, il fait toujours froid et humide. Il brouillasse par intermittence. Ils évitent les flaques d’eau et la gadoue au maximum.
          Dans le sous-sol,  des nouveaux arrivants ont squattés les places. Marc s’active pour faire valoir & reprendre ses droits d’antériorité. Quant à Fred, ça ne le chagrine pas plus que ça car ce lieu ne lui plaît pas. Si l’herbe du chapiteau n’avait pas été aussi mouillée, il serait resté sous la tente même avec le free.
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Amougies Festival 1969 : La route du Mont de l’Enclus
50 / Amougies Festival 1969 : La route du Mont de l’Enclus
         En plein brouillard, crapahutant sur le bas côté dans l’herbe et la gadoue, coincés entre les voitures embouteillées et le fossé gorgé d’eau, Fred & son compagnon de stop amer, affrontent également la pluie, le froid, le vent et un crachin qui giflent les visages & les mains :          « En fait, ils nous ont éjectés ! rage son copain »          Effectivement, ils avaient été débarqués dès le panneau Amougies franchi. Le chauffeur leur avait signifié qu’ils étaient arrivés et qu’ils pouvaient descendre.          « On met pas les gens dehors par un temps pareil avec la nuit qui commence à tomber. On aurait pu rester dans la voiture au moins le temps de trouver un abri voire la nuit s’il n’y a rien, poursuit-il en marchant dans la boue.          — Ils avaient peut-être prévu de dormir dans le véhicule à leur aise, alors que là on était serrés comme des sardines, tempère Fred tout en luttant contre la pluie et le sol bourbeux & glissant.          — Peut-être ! Mais t’as vu le temps ?          — On va essayer de trouver un café d’ouvert !          — Espérons qu’il y a un café ! Ça a l’air d’être un trou en pleine campagne. »          Le brouillard tombe de plus en plus. Au loin, ils aperçoivent un halo de lumière sur les maisons :          « Il y a de la lumière blanche là-bas. Il me semble qu’il y a également  de  la  bleue.  Peut-être  un  bar ?  dit  son  camarade d’infortune.          — C’est bien possible ! Souhaitons qu’il ne ferme pas de bonne heure ! ajoute Fred. »          Le premier réconfort est la chaleur de la salle du café qui les enveloppe comme une doudoune en forme de bienvenue :          « Au moins, on peut se réchauffer. Je ne sais pas jusqu’à quand… ? dit Fred frigorifié.          — Y’a déjà beaucoup de monde. Et la plupart ne me semblent pas des autochtones.          — Tant mieux, au moins ils ne pourront pas nous mettre tous dehors. Par contre, il faudrait qu’on se trouve une table.          — Tout est pris !          — Il faut qu’on guette ! Dès qu’il y en a une qui se libère, il faut qu’on se jette dessus, préconise Fred accoudé au comptoir en lampant son café. »          Dehors, sur le haut des baies vitrées où il n’y a pas de buée, ils peuvent voir à la lumière des réverbères, la pluie qui continue à tomber forte & drue. Et le froid qui rentre dès que quelqu’un pousse la porte complètement transi & détrempé.          Son copain qui était parti aux toilettes l’appelle en lui demandant de faire fissa car  un  guéridon  vient  de  se  libérer. La salle haute de plafond décorée de  motifs  espagnols  aux  tons  pastel,  s’avère être la salle de bal du coin.          « Dans une salle attenante, ils louent 2 mètres carrés de plancher pour étendre leurs sacs de couchages mais il n’y a plus de place, rapporte son copain à l’affût des infos alors que Fredo accuse le coup.          — Il y a quand même beaucoup de monde qui sont déjà arrivés alors qu’on est que jeudi, constate Freddy.          — Oui et non ! Car le chapiteau prévu est de 15 000 places alors qu’ici on doit être une petite centaine ! »          La patronne leur propose une assiette de soupe et un morceau de pain qu’ils acceptent après s’être renseignés du prix tellement ils ont été gelés pour arriver jusqu’ici.        Après bien des péripéties le festival de pop music français  du 24 au 28 octobre 1969, se fait en Belgique pour faire le pendant au festival de Woodstock dont la presse s’est gargarisée pendant des mois.          Dans la matinée de ce jeudi, Fred prend le train à la gare du nord pour Tournai puis change à Mouscron. Il trouve un stop avec des jeunes plus âgés que lui qui se rendent également au festival.          En direction du Mont de l’Enclus et de Renaix, ils se perdent parce que les panneaux d’indication routière sont positionnés dans l’autre sens (Flandre-France).          A un carrefour giratoire,  le chauffeur  énumère  les  noms de direction et cite Ronse.          « Oui, c’est la direction de Ronse. Je crois que c’est Renaix en français, intervient Fred. »          Les essuie-glaces battent les trombes  d’eau  à  qui  mieux-mieux et le conducteur commence à s’énerver de ne pas trouver la route. Le brouillard et la pluie augmentent l’angoisse d’autant que le crépuscule entame sa descente.          « Le Mont de l’Enclus… ? répète-t-il en sous-entendant un homonyme vulgaire.          — C’est Amougies le nom du village ! Peut-être, c’est indiqué sous cette appellation ! suggère Fred.          — Oui ! Mais sur RTL, ils ont dit de suivre la direction du Mont de l’Enclus ! »          Assurément, RTL & Ricard étant les deux gros sponsors du Festival, ils sont donc supposés fiables.        Après avoir rejoint Ronse, ils font demi-tour puis reviennent sur la N48 avec pour mission pour tous les occupants de surveiller les panneaux. Et là, à une bifurcation au milieu de maisons en brique, dissimulé derrière un poteau électrique en ciment apparu le sésame sur fond bleu « Amougies – Anseroeul » et en dessous sur fond blanc moins visible « Mont de l’Enclus ».          « Effectivement, Amougies est indiqué en premier par contre ce n’est pas indiqué en venant de Tournai, reconnaît-il en s’adressant à Fred à l’aide du rétroviseur intérieur. »          Une dizaine de kilomètres plus loin, la route s’avère complètement bouchée par des véhicules se rendant sûrement  au festival, vu des immatriculations en majorité de la région parisienne et ils se font débarquer juste sous le panneau d’entrée à Amougies.          Au bistrot, ils demandent ensuite après avoir ingurgité  leurs  soupes, des cafés pour essayer de rester éveillés mais l’un et l’autre se retrouvent bien vite affalés sur la table à roupiller. Néanmoins, personne n’est venu les houspiller pour les mettre dehors.          Le lendemain matin à l’aube, ils prennent du café et des tartines beurrées et arrivent tant bien que mal, chacun leur tour à se débarbouiller dans les toilettes. Avec son compagnon d’infortune ou de fortune Marc car ils avaient quand même passés la nuit sur une table et des chaises certes à l’abri de la pluie et du froid mais pas dans un lit, ils se mettent en quête de trouver le lieu des concerts :          « Le chapiteau n’est pas encore monté ! leur dit-on. »          Des rencontres au hasard leurs indiquent des maisons en construction pour y loger. Ils s’y rendent et s’installent dans les sous-sols de l’une d’elles, parés de fenêtres car le rez-de-chaussée n’en a pas.          Il fait frisquet ; la pluie tombe toujours par intermittence ; et le vent gèle les derniers rêves de la chaleur du bistrot. L’esprit maussade comme le temps, ils déambulent dans la boue.          Dans  la  première  maison  pratiquement   terminée   une communauté c’est déjà installée. Un moustachu brun cheveux mi-longs, joue sur une guitare folk style Gibson J45 accompagné par un blond de type nordique aux tambourins. D’autres festivaliers debout les écoutent à la dérobée couvertures ou sacs de couchages sur les épaules. Certains & certaines sont habillés en hippies arborant des peaux de moutons, des tissus indiens, des bandeaux sur le front ou des chapeaux mous et bien sûr les éternels colliers de perles multicolores ou en métal pendent à leurs cous ou aux poignets.          Ils prennent donc celle qui est derrière mais la construction s’avère peu avancée et le rez de chaussée n’est pas pourvu de fenêtres ; ils s’installent ainsi dans les sous-sols.  Son camarade de stop organise les couchages au fur & à mesure des arrivées qui débarquent par vagues tel un chef de clan.          Malgré les vasistas, le froid et l’humidité transpercent les parpaings brut de maçonnerie. Quand ils parlent, de la buée sort des bouches en volutes.          Marc déniche un robinet de chantier près de la maison et informe tout le monde. Quelques-uns en profitent pour l’étrenner malgré le froid.          « Bon ! Si on allait chercher un peu à manger ? dit-il en s’adressant à Freddy et à quelques autres. Ceux et celles qui n’ont pas encore faim pourraient garder nos affaires puis s’y rendre à leur tour quand on reviendra.          — Parfait ! dit l’un avec sa compagne ; on reste là et on ira quand vous rentrerez. »
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Festival Amougies 1969
Vintage Seventies Life:
https://chroniquesvintag.blogspot.com/
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Le Star Club, Hambourg
42/ Le Star Club, Hambourg
Publié le 16 juin 2016 par guyfrugger
https://seventiesrevival.blogspot.com/ 
     Après le repas à l’Auberge de Jeunesse, son copain un peu plus âgé que lui exprime ouvertement son désir de changer de style touristique et se renseigne pour aller à la rue des vitrines voir les filles ni plus ni moins… que les adultes lui déconseillent ou non. Les sensations de vertige et de tangage dans la tour ne lui ont manifestement pas suffi.
      Dare-dare les renseignements pris, il entraîne Fred dans sa recherche où ils se retrouvent à l’opposé dans des dédales de rues et de places alors que c’était tout droit. Tournevire, ils finissent par repérer la rue et se heurtent à des paravents qui obstruent complètement la route de part en part.
     Sur chaque côté des panneaux, une affiche sur fond rouge en anglais et en allemand stipule un avertissement que seul les hommes de plus de 18 ans ont le droit de pénétrer mais pas les femmes ; ni une ni deux, ils se glissent par l’ouverture entre les cloisons et découvrent une rue pavée avec deux ou trois pelés aux regards un peu obsédés sur les bords qui mâtent les vitrines des magasins aux devantures modifiées où des filles de face assises sur des tabourets de bar, jambes croisées, maquillées & vêtues de sous-vêtements de couleurs tiennent la pose en les aguichant.
      Toutes les maisons ont leurs devantures côte-à-côte dans laquelle les femmes sont alignées devant des rideaux tirés sous un éclairage approprié affichant leur meilleure posture : une jambe légèrement pliée et une main sur la hanche soit en se recoiffant, soit en plaçant un pied chaussé de talons aiguilles sur le rebord de la baie vitrée ou en fumant une cigarette & en se considérant les ongles ; d’autres ouvrent la fenêtre et se penchent en apostrophant le client.
       Son compère va de vitrine en vitrine naviguant de chaque côté de la rue en n’en ratant pas une. Quant à Fred, ils les trouvent beaucoup matures, trop mornes parfois laides et beaucoup trop grandes pour lui – le nabot.
      Foin de romantisme et d’érotisme, ils sont dans « le » clinique. Pour Fred, le gamin qu’il est encore, elles lui font presque peur comme les infirmières avec leurs piqûres. La chair est triste surtout en pleine après-midi où l’éclairage rougeoyant n’opère pas. D’ailleurs, elles ne s’y trompent pas et ne les interpellent pas ni l’un ni l’autre.
         Une fois les barricades franchies son pote déclare :
       « Il n’y en a pas une de belle ! Et puis, elles sont toutes vieilles ! dit-il déçu avant d’enchaîner sur d’autres lieux où il a vu des canons. »
       Delà, ils remontent et poursuivent leur virée dans le quartier rouge, le Pigalle de Hambourg, jusqu’à la Grosse Freiheit (grande liberté).
       Au début de la rue, grouillante d’enseignes multicolores dont certaines traversent de part en part la route, son acolyte apparemment bien documenté stoppe puis affirme en se tournant vers Fred :
      « C’est dans cette rue que les Beatles ont commencé leur carrière notamment au Star Club ! ».
       Puis il chante:
      « Love love, love me do / you know I love you / love-me dou-ou! C’est ici qu’ils ont composé cette chanson ! »
      Pour Freddy, les Beatles qui n’ont jamais été sa tasse de thé, ont été dépassés depuis par bien des groupes ; d’ailleurs à cette époque ils étaient séparés.
      Arrivés pratiquement au bout de la rue, une enseigne sur fond rouge souligné d’un bandeau vert mât semblable à celle d’un magasin de chaînes Hi-fi avec ses trois marches et son entrée dégagée, signale le Star Club noyé au milieu des restos et des boîtes.
     Dans le hall, passé la caisse protégée par une imposante grille métallique, ils enfilent le couloir et s’engouffrent dans la salle d’un ancien cinéma porno dont les gérants ont conservé le balcon. Comme au Golf, les jeunes traînent, discutent & dansent.
        Sur la scène, les « Trémors » délivre une pop Bubblegum pour les ados. Fred ne s’attendait pas à autre chose en découvrant les immenses posters des « Liverbirds » de chaque côté de l’estrade, groupe de rock féminin allemand yéyé des années 60 précédé dans la salle par un des « the Who » et de l’autre d’un groupe posant sur une locomotive.
        En musique le temps passe vite et l’orchestre cède la place sous le coup des 18h30-19h aux « Junior’s Eyes » un groupe british autour de Mick Wayne un guitariste de plomb qui joue un rock progressif ou psyché tiré pour la plupart de l’album qu’ils viennent de sortir « Battersea Power Station » (Centrale électrique de Battersea) et que Fred a pu écouter plus tard pour repérer grosso modo l’ordre des chansons ou des reprises lors du concert.
      Comme à son habitude Fred campe devant le tremplin alors que son pote s’éclate sur la piste de danse.
        Pendant les chansons aux structures complexes et aux cassures de rythmes fréquentes, il rêve devant la peinture naïve de New York la nuit sur le mur du fond de scène derrière les rideaux ouverts : au premier plan en perspective quattrocento l’East river bordée de vieux immeubles en brique aux façades victoriennes dont certaines fenêtres sont allumées, couronnée au second plan par les vagues des câbles soutenant les piles des ponts de Brooklyn et les gratte-ciels au fond, bleu nuit piqués de lumière jaunes ou ambres dont l’Empire State Building trône avec sa flèche au milieu des géants de béton & de verre.
        Les morceaux épiques provenant de l’album concept aux atmosphères sombres et aux lyrics engagés attaquent sur les chapeaux de roue : « What makes people unsatisfied is that they accept lies ! » (Ce qui rend les gens [le peuple] insatisfaits est qu’ils acceptent des mensonges !) – « Total war », se voulant une diatribe politique sur des collages de musique atonale, larsen et compagnie. Puis ils enchaînent une ligne de basse percutante tel un phrasé de batterie ou un slogan dans une manif, ponctuée de « Hey » et sans transition le morceau se poursuit par une ballade psychédélique tout en progression avec des chœurs à la Beatles de Sergent Pepper’s (Circus Days).
       Ensuite des changements de rythmes endiablés et d’ambiances acides aux riffs durs coupés d’interludes acoustiques parfois joués à la douze cordes jalonnent tout le concert ; ce qui fait dire à Fred que ce sont « les rois du break ! ».
     Le groupe vedette « Earth » attaque d’emblée le titre « Black Sabbath » qui deviendra à leur retour en Angleterre leur nom de scène et de succès : atmosphère particulièrement étrange et envoûtante nimbée de magie noire et de crucifixion due au triton (intervalle de 3 tons dit accord du diable) qui forme le riff stressant à la longue qui pouvait conduire au moyen-âge en prison. Les autres morceaux sont du même acabit : gros son – heavy métal comme disent les anglais, pendant tout le set.
       Fred apprécie notamment le guitariste dont il apprendra des années plus tard que comme Django Reinhardt, il avait les extrémités de deux doigts coupés, remplacées par des prothèses qu’il avait lui-même bidouillées ; ce qui donnait quand il prenait des solos un son singulier.
        Vers 22h30, un barman s’approche de Freddy et lui demande sa carte d’identité et s’aperçoit qu’il a tout juste 18 ans révolus de 4 mois ; il lui fait signe 4 avec les doigts :
        « Just ! ajoute-t-il ».
      Complètement serein, il avait l’habitude du Golf à Paris. Cependant, il ne peut s’empêcher de penser que le climat musical de sorcellerie a déclenché l’opération de contrôle.
      Son pote qui parle et comprend un peu l’allemand, l’arrête tout de suite et lui signifie que c’est la loi en Allemagne : les boîtes ou les bars ont obligation de renvoyer les jeunes de moins de 18ans dès 22h00, la police effectuant souvent des descentes pour la protection des mineurs surtout dans ce quartier.
      Après ce déluge de décibels et de magie rock n’ roll, ils se sont paumés en rentrant ; mais Fred ayant le sens de l’orientation bien développé retrouve le chemin et surtout convainc son camarade de la bonne destination à prendre qui s’entêtait à vouloir partir en sens inverse comme à l’aller d’ailleurs.
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Bulk 2 Texts #
Anyway, Benoît goes down stairs that he takes for those of the subway - on the platforms to find themselves unconsciously together on another one in a machine which does not wash enamel any more, springs which do not support any more if that gets closer. Noises of steps of studded shoes, eIectrical time clock of which B. is not there any more? Apartment (of) B.: shorthand typist in an insurance company, greasy, in the field, close-up of G. (face) sleeping - lodged on her breast a blue cigarette packet. G. - Who knows, Benoit! B. with a resentment of breasts that curve the nylon : - How is it that these artists, intellectuals, activists who are slow... (His face [that] became prophetic), cut business, Comma, discovering that your premium for the contract "yawn of the door" that expands without deodorizing it (him)... is harmless in water. G. : - You know B. drinks. Theatrical gestures, smiles, grimaces, travelling street - It stops in front of a carpark by making crunch Ie gravel. His ear of edge, seeks those necessary for the contact: B. I do not give them the third for the same thing. Interior late afternoon - Store of articles for the change carried out on the van which leaves the parking. G. I didn't hear you come in, and this morning you were sleeping like a loggerhead, like a child playing on the floor with the picture toy. In the foreground Y. then M., - Right-image: G. then B. (Departure magneto). B. I'm going to change my guitar...   G. I don't know and I don't have one. M. taking the bottle : - Yeah, you want some? G. You have to know how to dance, how to converse... Besides, at the office, he talks about these idiots. Afterwards, they come to complain that he would at least bring back..., but he doesn't know anything. Evening - In places and wearing big studded leather shoes. A Ché ¾ profile back in Benoit's suit (with beret) walking through the water in this capitalist system based on exchange carrying pro-union under his arm. In the building, (Benoit) enters wet left field, moss in the joints, a rusty iron railing; Benoit (he) looks at a ring, formed of a ring and a pyramid more suitable for their precise functions in capitalist time, (which) also intensify. Those with the dry and mast resonance, - room where a mattress is spread out on the floor, a small family not the side Whore, Ie fleshy flesh chooses a cigarette still well packed, then breath helping or nothing! G. Eh, no! B. : - I gave them my account yesterday! He raises a shoulder elsewhere? G. : - And the pubic hair stops in it and for good reason! B. : - And if the sons of bourgeois refuse the descent of the desire planet that it refuses! G. : - Good! Put the number of registration, - stayed one (1) extra hour tonight. That will teach you to sleep. She moves forward, cuts her arms without doing: "No! Ah, good! That's good." He enters the field on the buildings and then on the house where (he) lives (on) the top of the gate and examines with the help of the "tournovis", pushes it into the lock, takes a rag with a quick gesture in the other amount of the gate that so much better for you he walks and "sits" on the seller in white coat. B. (glasses (orange) of optician to the passage). Interior evening - Studio - Large room - B. : - Come in!" Noticing these new clothes and then the movement of it when he moves. Discovered on the table cluttered with dishes with half empty and bottles if necessary. B. : - What if it doesn't work?" B. takes his filled cup. Close-up of the Champagne flowing in the glass. (G.:)- They make fun of me because I am a little false, whereas they do not even know how to benefit from the corpus and when he will not have any more dough? He will still come to stick his wrists of his (on my) combination! To his neck is tied a fixed and blurred general plan of the platform. This one (Benoît) began to dry by taking contact with the people according to their desires to consume the steps, he marks a time of stop, amazed - It is 3/4 pro-(...) big grass emerging from the white mosaic. In a corridor whose point is fixed on the ring all out of crystal, at the top of the undead - Pockets stuffed with dope throw themselves on the rails and litter on the sidewalk, - ashamed in front of panoramic through a half-day. We follow her (G.) in reverse pano of a half-turn.
B. M.: - No, I'm fed up with the capitalist machine and a W.C., by way of storage furniture, a table to which believes that when these bourgeois inspirations will be trumpeted..., raising himself on his elbows by crossing them, puts his forearms on his thighs a little spread by pressing a curved back in the space field... - Voyeur mot idiot-fatigue(é) who comes to take refuge in our legs - the proles want to fight on all the levels, he continues. M.: - Why now...(?) Stealing time from the time-awakening which contract designated above will take effect only to Mr. G. : - I have a doctor's appointment tonight, then picks up his faded jeans, socks Against the doorpost of the kitchen : B. B.: - Turn it off!
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Bulk Texts # 2
N’importe, Benoît descend des escaliers qu’il prend pour ceux du métro – sur les quais pour se retrouver inconsciemment ensemble sur un autre dans une machine qui ne lave plus en émail, des ressorts qui ne soutiennent plus si ça se rapproche.
Bruits de pas de godasses cloutées, pointeuse éIectrique dont B. n’y est plus ?
Appartement (de) B. : sténodactylo dans une société d’assurance, graisseuse, dans le champ, gros plan de G. (visage) entrain de dormir – logé sur son sein un paquet de cigarettes bleu.
G. – Qui sait quand même, Benoît!
B. à l’aide d’un ressentiment de seins qui galbent le nylon :
– Comment se fait-il que ces artistes, les intellectuels, les militants qui sont lents… (Son visage [qui] devenait prophétique), coupent les affaires, Virgule, découvrant que votre prime pour le contrat “bâillement de la porte“ qui s’agrandit sans la (le) désodoriser… est inoffensif dans l’eau.
G. : – Tu sais B. boissons.
Gestes théâtraux, sourires, grimaces, travelling rue – Il s’arrête devant un parking en faisant crisser Ie gravier. Son oreille de bord, cherche ceux nécessaire pour le contact :
B. : – Je ne leur donne pas le tiers pour la même chose.
Intérieur fin d’après-midi – Magasin d’articles pour Ie changement effectué sur la camionnette qui quitte le stationnement.
G. : – J’t’ai pas entendu rentrer, et ce matin tu dormais comme un logé, tel l’enfant qui s’amuse sur le plancher avec le jouet-image.
En premier plan Y. puis M., – Droite-image : G. puis B. (Départ magnéto).
B. : – J’vais changer ma guitare…
G. : – Je ne sais pas et j’en ai pas.
M. prenant la bouteille :
– 0uais, t’en veux ?
G. : – ‘faut savoir danser, converser… D’ailleurs au bureau, il cause (que) de ces cons là. Après, ils viennent se plaindre qu’il rapporterait au moins…, mais il ne (n’y) connaît rien.
Le soir –  Par endroits et  chaussé de gros souliers  en cuir cloutés. Un Ché ¾ profil dos en complet de Benoît (avec béret) marchant dans l’eau dans ce système capitaliste basé sur l’échange portant des pro-syndical sous le bras.
Dans le bâtiment, (Benoît) entre dans le champ gauche humide, de la mousse dans les joints, une rampe en fer rouillé ; Benoît (il) regarde une bague, formée d’un anneau et d’une pyramide plus aptes à leurs fonctions précises dans le temps capitaliste, (qui) s’intensifient également. Ceux à la résonance sèche et mât, – pièce où un matelas s’étale à même le sol, une petite famille pas le côté Putain, Ie charnel charnu, la chair choisit une cigarette encore bien tassée, puis souffle aidant ou néant !
G. : – Eh, nan !
B. : – Je leur ai filé mon compte hier ! Il lève une épaule ailleurs ?
G. : – Et les poils pubiens qui s’arrêtent dedans et pour cause !
B. : – Et si les fils de bourgeois refusent la redescente de la planète désir qu’elle refoule !
G. : – Bon ! Mettrez le numéro d’immatriculation, – est restée une (1) heure supplémentaire ce soir. Ça vous apprendra à dormir.
Elle s’avance, coupe ses bras sans faire :
« Non ! Ah, bon ! C’est bien. »
Il entre dans le champ sur les immeubles puis sur la maison où (il) habite (au) dessus de la barrière et examine à l’aide du “tournovis“, l’enfonce dans la serrure, prend un chiffon d’un geste prompt dans l’autre montant du portail qui tant mieux pour vous il marche et “s’assoit“ sur le vendeur en blouse blanche.
B. (lunettes (orange) d’opticien au passage).
Intérieur soir – Studio – Grande pièce –
B. : – Entre toi ! »
S’apercevant de ces nouveaux vêtements puis du mouvement de celui-ci quand il se déplace. Découverte sur la table encombrée de plats à moitié vide et de bouteilles le cas échéant.
B. : – Si ça ne marchait pas? »
B. prend sa coupe remplie. Gros plan du Champagne qui coule dans le verre.
(G. :)– Ils se foutent de ma gueule parce que je suis un peu faux(sse), alors qu’ils ne savent même pas profiter du corpus et quand il n’aura plus de fric ? II viendra encore coller ses poignets de sa (sur ma) combinaison !
A son cou est noué un plan général fixe et flou du quai.
Celui-ci (Benoît) a commencé à sécher par prendre contact avec les gens suivant leurs désirs de consommer les marches, il marque un temps d’arrêt, stupéfait
– Il est 3/4 pro-(…) grandes herbes émergeant de la mosaïque blanche.
Dans un couloir dont la pointe est fixée sur l’anneau tout en cristal, en haut des morts-vivants  –  Des poches bourrées de came se jettent sur les rails et jonchent sur le trottoir, – honteux devant des panoramiques au travers d’un mi-jour. On la (G.) suit en pano inverse d’un demi-tour.
B. : – Non, j’en ai marre de la machine capitaliste et d’un W.C., en guise de meubles de rangements, de table à qui croit que quand ces inspirations bourgeoises seront trompette…, se rehaussant sur les coudes en les croisant, pose ses avant-bras sur ses cuisses un peu écartées en appuyant un dos courbe dans le champ spatial… – Voyeur mot idiot-fatigue(é) qui vient se réfugier dans nos pattes – les prolos ont envie de se battre sur tous les niveaux, poursuit-il.
M. : – Pourquoi maintenant…( ?)
Volant le temps au réveil-temps qui contrat désigné ci-dessus ne reprendra effet qu’à Monsieur…
G. : – J’ai rendez-vous chez le docteur ce soir, puis ramasse son jean délavé, chaussettes…
Contre le montant de la porte de la cuisine :
B. : – Eteins ! 
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47 / The Norwegian border: Solveig's country
Thus the days go by at the rhythm of meetings and emotions. They walk up and down the city, taking the old streets and squares in search of the idealized soul mate.
One evening in the gardens, in the restaurant that borders the ramparts of the keep and overlooks the city, the leaves of the early autumn in Sweden were already invading the lawns; it was only the 22nd of August, however, and they came across a party organized by the local soccer team of Helsingborg that had won either a match or a cup, or etc... ... in any case, the party was in full swing and so nobody paid attention to young people like them - they invited themselves to the party: dancing, disco music; not Fred's style, but his boyfriend had a lot of fun dancing and came to get him to join them because the girls always walk in pairs, one beautiful, one ugly.
In the room, under a cloud of blue and pink light, alternating with green and amber, wet hair and swimming bodies sticking to the clothes, they wiggle as best they can, arms in the air, knees square and turn & turn and flip & face on a music where bass and percussions predominate.
Fred does a few gesticulation numbers to please and then takes a break to get a half. Considering the heat, he goes out quickly to enjoy his beer.
This music without musicians seems to him totally artificial and magical at the same time. He needs a moment of adaptation to melt into this new reality and to accept it as such, namely that these are indeed musicians playing in a studio; in cinema or in literature, he has this same effect of deception and must admit that fiction develops another part of reality. Perhaps this is due to his down-to-earth country upbringing where a cat is a cat and not a picture of the animal on the post office calendar? Nevertheless, he prefers live music.
Anyway, outside along the terrace railings, his imagination switches to the courtyard of his childhood village house where he sings in one of the disused rabbit huts high up like a stage, at the top of his lungs by activating a small piece of wood planted on the field of a faded blue sugar cardboard box, acting as the radio's potentiometer: "By my blonde, it's good, it's good to sleep...", "Make me couscous darling, make me couscous..." and "Fruit salad, pretty, pretty...".
Certainly to catch her father's attention when he was there, glued to the T.S.F. and his green eye as he spent his life constantly on the move and her mother at work with her four children.
Just a flash then a hubbub from inside and people rushing out:
- There's a fight! declares Alain.
- It is normal! They're sportsmen!" asserts Fred peremptorily, listening with one ear to Alain's causes and regrets.
The charm has also left the other guests and participants. They finish their mugs, the girls flirt and everyone goes home.
- It's a pity that it ended like that! It was a beautiful party, he sighs lying on his bed in the room they occupy at the Russian's.
- Oh, you can't expect anything else from soccer players who drink alcohol!
Freddy didn't like this environment even if he had loved the Kopa, Justo Fontaine and Piantoni of the great Stade de Reims era and played soccer after school until nightfall.
From then on, business had taken over this game like horse racing and put pressure on the players who became completely paranoid and often resorted to dope to overcome the tension.
They talked about all this and then the discussion drifted to the outcome of their stay in Sweden:
- I'm glad I went to the Norwegian border, the home of Grieg - Edvard Grieg, the composer of the music for Peer Gynt, a play by Henrik Ibsen, who was also Norwegian, and that I brought out a lot of ancestral Norwegian folklore and many other compositions, but especially "the Solveig's song", whose melody I love.
With that, he grabs his mandolin and greedily enjoys the romantic musical phrases of unprecedented intensity in A minor that evokes the great north, reindeer, snow, frozen rivers, ice...
Fred realizes that the mandolin is a very popular instrument among Scandinavians and Russian speakers, both in classical and folk music. It sticks like the violin to the ancestral songs of the long winters as Solveig underlines it in her singing supported then flown to the paroxysm on certain syllables as in the opera.
He notices, contrary to himself, that Alain has documented and is passionate about the populations and customs of these countries of the extreme north. He realizes his childhood dream brought on by reading "White Fang" or "The Call of the Wild" by Jack London for Alaska or Canada; thus the trolls and other elves are familiar to him.
- But did you cross the border or stay on the Swedish side?
- I crossed the border and went down to the Kornsjo station in Norway, which is a few kilometers away and also serves as a customs post. They didn't really understand what I wanted to do but they left me alone; I could walk here and there. Nevertheless the station of Kornsjo looks like a majestic & imposing castle in the neo-roman style of red-brown color with immaculate white door and window frames with on the side of the rails a gable facade in the center of the building but not on the opposite side; what gives a disturbing dissymmetry for the reference marks because you think on the return to be mistaken of building. This is striking; many stations along the route look like churches.
- But did you have time to look around?
- Yes, I saw while waiting for the train back to Goteborg, the edge of the great forests with tall, lanky fir trees as far as the eye can see, lakes, rivers, fjords especially from the train and the wild, rugged nature and imagine the vastness that it must be covered with snow & ice. Impressive. Truly, another continent!
- In fact, did you stop before in Goteborg?
- Absolutely! It's almost 6 hours by train to get to the border; luckily I left at 6 am. Did you see at what time I came back; it was at least 10:30 pm!
- That's right! And what did you visit in Goteborg?
- Oh, the Alvsborg suspension bridge, 45 m high to let the boats pass, which some people compare to the one in Brooklyn, even though it is only half as long. Luckily, I always met friendly people who showed me the right direct streetcars; afterwards, I quickly turned around to go to the "Naturhistorika Museum", the natural history museum in the "Slottskogen" park where a huge African elephant (Angola) of 6 tons dominates, but mainly to see the blue whale of 16 m long and 25 tons, the first stuffed cetacean which generated a lot of adventures to make it. But there are also polar bears, brown bears, deer, an orca, birds, butterflies, etc.; I like the fauna of these countries.
- It's funny that you go to see naturalized animals; I would rather see you visit a museum of paintings or fine arts!
- Yes! but I didn't have much time and I wanted to see the whale first of all, which rocked my childhood dreams and which represents well the culture of the extreme north or south for that matter. In Paris, I have a lot of magazines and books on the Inuit people and particularly on the Lapps. This is the reason why I would like to travel to Helsinki by train one day, maybe next year, and stop here and there in Lapland, then go back down to Stockholm. It is this nature made of water, forests and sometimes frozen earth, and of waiting as Solveig sings so well for her lover, that makes me envious...
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