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#Le livre d’un homme seul
alexar60 · 9 months
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La lumière sous la porte
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Les livres ont une grande place dans mon cœur. J’aime les lire, les toucher, les sentir. J’aime les exposer, voir leur couverture même si je ne les ai pas encore lus. J’aime les livres mais à trop en acheter, ils prennent de la place. J’en ai stocké dans des cartons, qui à leur tour, se sont imposés dans mon petit appartement. Je ne savais plus quoi en faire. Pas question de m’en débarrasser.
J’ai eu cette idée après avoir visité Amsterdam. A mon retour de voyage, j’ai réalisé qu’une pile de livres ressemblait beaucoup aux maisons hollandaises. Du coup, je me suis amusé à créer des rues, utilisant chaque bouquin pour faire une maison ou un petit immeuble de deux étages. Avec différents papiers, j’ai dessiné puis découpé des portes et des fenêtres. Je me suis appliqué à décorer de volets, des rideaux ainsi que des dormants et des impostes de portes. Je confectionnais des toits à l’aide de carton.
Chaque dos de livre devenait l’entrée d’une maison ou la devanture d’un vieux magasin Je me suis tellement appliqué que mes amis furent fascinés par mon travail. Ils parlaient d’œuvre d’art. Ils me proposèrent d’exposer car d’après eux, mon talent devrait être connu. Au début, trop méfiant et voulant éviter de participer à un diner de cons, je me contentais de donner une seconde vie à des livres que j’ai tant aimés lire. Cependant, j’eus un tel succès que je dus me résigner à accepter leur proposition. Dès lors, après avoir exposé dans une galerie, je me suis mis à vendre des piles de livres décorés et refaits en petites rues.
Je garde mes préférés dans une bibliothèque particulière. En effet, elle ne contient que des livres décorés. Chaque étagère représente une rue. J’ai même ajouté quelques petits pavés devant les livres pour donner un côté plus réaliste aux maisons. J’aime les observer le soir avant d’aller me coucher. Parce qu’elles ont une apparence féerique et j’imagine des habitants vivre dedans. Je les imagine en train de marcher, ouvrir les fenêtres ou les portes et vivre paisiblement ; une ménagère à la fenêtre étendant un drap, un homme rentrant du boulot.
Un jour, en les admirant de nouveau, je remarquais quelque-chose d’étrange. Sur le moment, je pensais à un reflet lié à la lumière de mon salon. Mais en approchant, je découvris de la lumière sous une porte. C’était une porte décorée et collée par mes soins, comment de la lumière pouvait apparaitre ? Je pris le livre, l’ouvris mais ne constatais rien de particulier entre les pages qui se dépliaient correctement. Dès lors, je replaçais le livre et retournais à mes occupations. En éteignant la lampe de la salle, je constatais un petit fil lumineux sous cette même porte. La lumière était réapparue !
Je ne savais son origine. Je pouvais prendre le bouquin, l’ouvrir, le secouer, tourner les pages. Rien n’y faisait, dès que je le rangeais, la lumière réapparaissait. Je cognais de l’index sur la porte ; bien entendu, personne ne répondit, personne n’ouvrit.
C’était étrange que de voir cette lumière sous cette porte fictive. Tous les soirs, je constatais qu’elle apparaissait pour disparaitre uniquement au lever du jour. Je passais les semaines suivantes à surveiller cette anomalie, d’autant qu’elle était la seule porte à laisser passer de la lumière. Même la fenêtre en plastique, collée au dos de ce livre ne montrait rien.
J’aurais pu me débarrasser du livre, le vendre ou simplement le donner. Néanmoins, ma curiosité insistait à surveiller ce phénomène. Je regardais donc ce livre, dont je ne me souvenais plus de l’histoire, laisser passer cet étrange trait de lumière. Et puis, je découvris de la lumière sous la porte d’un autre recueil. Hier soir, la lumière traversait la fenêtre, comme si quelqu’un habitait dans ce livre.
J’ai doucement frappé à la fenêtre et à la porte. Je n’ai vu personne, pas de petit bonhomme ou autre farfadet magique. Je suis resté bêtement à observer cette lumière qui scintillait dans le noir. Mais ce soir, je déposerai quelque-chose devant ce livre. Un petit morceau de pain ou, une demi-fraise, histoire de sympathiser. En espérant que la porte s’ouvre et qu’il y ait un habitant.
Alex@r60 – août 2023
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auboutdespages · 3 months
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AU BOUT DES PAGES
Hey les papivores 2.0, aujourd’hui nous allons plonger dans un univers mélancolique. Katherine PANCOL célèbre romancière française, est une écrivaine dont le style se caractérise à l’américaine marqué par de nombreux dialogues et ses récits qui décrivent souvent des destins chaotiques de femmes indépendantes.
ROMAN
« Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi », Katherine PANCOL.
Le PITCH, d’abord !
Souvent la vie s’amuse.
Elle nous offre un diamant, caché sous un ticket de métro ou le tombé d’un rideau. Embusqué dans un mot, un regard, un sourire un peu nigaud.
Il faut faire attention aux détails. Ils sèment notre vie de petits cailloux et nous guident.
Les gens brutaux, les gens pressés, ceux qui portent des gants de boxe ou font gicler le gravier, ignorent les détails.
Ils veulent du lourd, de l’imposant, du clinquant, ils ne veulent pas perdre une minute à se baisser pour un sou, une paille, la main d’un homme tremblant.
Mais si on se penche, si on arrête le temps, on découvre des diamants dans une main tendue…
Et la vie n’est plus jamais triste. Ni le samedi, ni le dimanche, ni le lundi…
Mon AVIS, humblement !
Belles tranches de vies que nous livre ici, en grand chef, Katherine Pancol, tartinées tantôt de miel, tantôt de pâte à tartiner bon marché, mais toujours accompagnées de son fameux tea time dont elle seule à le secret.
On lui pardonnera sans problème cette éternelle histoire d'amour manquée entre Philippe et Joséphine (mais où va-t-elle chercher les prénoms de ses héroïnes ??), mais on l'attend au détour des traits de cet étonnant Junior, surdoué improbable qui casse quelque peu la véracité des propos.
Bien moins malin celui qui trouvera dans ces pages le fil rouge qui a fait le succès de l'opus précédent (La Valse lente des tortues)... on le cherche mais on ne le trouve point, perdu qu'il est peut-être entre les tourments de cette croqueuse d'Hortence (décidément, les prénoms sont un mystère pour Madame Pancol... ) et les pérégrinations de cette bonne vieille Henriette.
Toujours est-il qu'une unité de ton se propage dans les méandres de cette saga familiale à l'américaine, digne des meilleurs Dallas, un questionnement uniforme sur le rapport étroit entre hommes, à l'image du Petit Jeune Homme, vers de terre amoureux d'une étoile filante, de Gary poursuivant un père fantoche ou de Junior devenant un homme au contact du paternel.
Pancol nous en met plein la vue cette fois, en nous faisant entrer dans de nombreux mondes qui nous sont contemporains : celui des affaires internationales, évocant cette "crise financière" si proche de nous ; celui du "gratin" parisien, celui de l'écriture et de sa longue introspection ; une belle galerie de personnages, connus ou nouveaux, nous est alors donnée en pâture, donnant au livre un beau relief qui explique ses presque 1000 pages. Le lecteur en a pour son argent, il est content, content également de refermer ce troisième opus, dernier d'une longue saga qui menace de tourner en rond s'il propose un quatrième volet.
Bref, un écrin brillant et divertissant comme on les aime aujourd'hui, même s'il souffre de quelques incongruités.
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wistfulcynic · 4 months
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savez-vous pourquoi on a les tournesols
i learnt about @ecclesiasticallatinfest um, yesterday, but i thought it was a great idea and wanted to participate so i knocked up a quick translation of my shortest fic. i'm an experienced translator but i always do french to english so going the other way was a challenge. Fortunately i knew exactly what the author meant by everything though she is a bitch for the flowery prose. i may have taken a few liberties with the french language, including disposing entirely with the passé simple because i cannot be arsed, so i hope gentle readers you will be kind.
original fic is here
translation is here
Stede Bonnet ressemble parfaitement à un des hommes dans son tableau préféré. Un jour, il rencontre l'homme qui ressemble à l'autre. Ça donne l'impression d'être destiné.
(Il l'est.)
savez-vous pourquoi on a les tournesols
Stede Bonnet adore les musées. 
C’était toujours comme ça, depuis sa première visite, lors d’un voyage scolaire. Un voyage qui était, à tous les autres égards, bien peu mémorable. Les tourments habituels des jumeaux Badminton et de leur cohorte, la solitude habituelle de Stede, lui seul avec ses livres et ses pensées. 
Mais il se souvient du tableau. 
Il se souvient de ces deux hommes sur le pont de leur navire, si vivement rendus par touches d’huile qu’il avait l’impression de sentir lui-même le vent qui fouettait dans leurs cheveux et gonflait les voiles de leur vaisseau. Il se souvient de la fierté de leur posture, l’absence total de peur. Il se souvient de leur unité, le fil de leur lien impossible de nier, palpable même depuis une peinture et à travers trois cents années. Il se souvient du désir ardent qui animait sa jeune poitrine. C’était ça ce qu’il voulait. Cette unité. Ce lien. Ce quelqu’un qui le regarderait du manière dont les pirates du tableau se regardaient. 
Personne n’avait jamais regardé Stede Bonnet comme ça. 
Même aujourd'hui personne ne le regarde comme ça. Ni ses parents, ni son ex-femme. Même pas ses enfants. Il traverse la vie comme il traverse les rues de Londres, seul parmi les foules bouillonnâtes des gens—familles, amis, amants. Mais pas pour lui. Jamais pour lui. 
Mais il adore toujours les musées. 
Il est aujourd’hui le conservateur de l’aile du XVIII siècle de la National Gallery de Londres, un boulot de rêves pour lequel il a travaillé toute sa vie. Il devrait se sentir triomphant, et il l’est, vraiment. Mais… doucement triomphant, et pour la plupart à soi-même. Le fait qu’il n’ait personne avec qui le partager ne fait rien, pas vraiment. Aller chaque jour au musée, savoir que c’est sa place, une place qu’il a méritée, c’est ça qui lui rend heureux. Plus heureux qu’il n’a jamais été. Ça suffit. 
Lorsqu’il acquiert le tableau, le tableau, celui qu’il a vu pour la première fois à Auckland il y a tant d’années, son bonheur est complet. Chaque jour il va dans sa gallérie et se tient debout en face de ce tableau et le regarde. Il se tient debout et il regarde et il ressent à nouveau ce désir presque douloureux dans sa poitrine. 
Peu à peu il se rend compte de quelque chose, une quelque chose très particulière dont il ne sait pas trop quoi faire. Un des hommes du tableau, celui du droit, l’homme blond à la barbe courte et pointue et à l’allure fringante, sa chemise blanche flottante et sa ceinture en soie turquoise autour de la taille, cet homme… il ressemble à Stede. 
Exactement comme Stede. À tel point que c’en est bizarre. Il ne l’a jamais remarqué autrefois, évidemment, comment aurait-il pu? Mais maintenant qu’il est plus âgé—du même âge, semble-t-il, que l’homme du tableau—le ressemblance est indéniable.
Il se laisse pousser la barbe, par curiosité académique, il se dit. Juste pour voir si la ressemblance est renforcée ou entravée. Il se laisse pousser également ses très courts cheveux, afin de mieux ressembler les boucles du tableau. Il introduit de la couleur dans sa garde-robe, les bleus vifs et les verts joyeux, même un petit jaune impertinent, de temps en temps. Il découvre qu’il adore la couleur, et la mode, et qu’elles l’adorent en revanche. S’habiller le matin devient un plaisir et non plus un corvée. 
Ne plus il se heurte les gens dans la rue parce qu’ils ne le remarquent pas. Plutôt, les inconnus hochent la tête à son passage et lui rendent ses sourires amicales. Ils arrivent même de faire la bavardage dans les queues. Ils gloussent s’il tente une petite blague. Il commence à faire des blagues exprès. Les gens rient. Ils rient d’amusement et pas de moquerie. Pour Stede, ça change tout. 
Ce Stede avec plus de confiance, plus de couleur, débordant d’une exubérance naturelle enfin libérée et tellement ravi de se ressembler si parfaitement à l’homme du tableau, commence à tourner plus fréquemment envers l’autre. Cet homme que, même enfant, il a trouvé presque trop magnifique pour apercevoir. Cet homme grand, beau, tout vêtu en cuir, sa barbe et ses cheveux longs fouettés par le vent et glorieux, qui contemple le doppelgänger peint de Stede avec le regard le plus doux qu’il n’ait jamais vu. 
Ce regard. La douleur dans sa poitrine devient insupportable lorsqu’il y pense, mais il y pense tout de même, et fréquemment. 
Malgré sa confiance en lui récemment trouvé, il n’existe toujours personne qui a jamais regardé Stede Bonnet comme ça. 
--
“Sacré tableau, n’est-ce pas, mon pote?” 
Stede se détourne de sa contemplation matinale du pirate vêtu en cuir, surpris et ravi d’entendre la cadence d’un accent familier. C’est rare qu’il rencontre un autre Kiwi à Londres, même si la ville accueille des gens venus des quatre coins du monde.
“Vous savez, c’est drôle,” reprend la voix. Elle est profonde et résonnante et elle caresse la peau de Stede comme du cachemire. “Je me souviens une fois, lorsque mon enfance en Nouvelle-Zélande, j’ai vu ce tableau. J’y suis resté en regardant pendant une bonne vingtaine de minutes. Les autres gamins se sont partis sans moi et le prof a dû revenir m’emmener pratiquement à l’écart. Je me rappelle plus le nom du prof mais je n’ai jamais oublié ce tableau.” Il se tourne vers Stede qui peut maintenant voir tout son visage. “Peut-être que ça vous paraisse fou, mais diriez-vous—pensez-vous que cet homme, celui de la gauche… vous pensez qu’il me ressemble?” 
Stede rest sans voix, bouche bée. Parce que oui, il dirait, oui. L’homme du tableau te ressemble vachement et s’il existe personne qui peut le déclarer avec autorité c’est Stede. C’est lui, après tout, qui avait regardé ce tableau chaque jour et tous les jours pendant tout de l’an dernier. L’homme à son côté a la même taille, les mêmes cheveux longs et barbe magnifique. Et lorsqu’il se retourne et leurs yeux croisent, Stede a le souffle coupé. Les yeux aussi se ressemblent, ce marron doux et chaleureux. Ils traversent le visage de Stede et ils s’écarquillent, signe de reconnaissance d’abord, puis d’émerveillement. 
“C’est toi,” il chuchote. “Cet homme, l’autre. C’est—c’est toi.”
Stede sait qu’il doit dire quelque chose, n’importe quoi, et donc il lance les premiers mots qui lui viennent de l’esprit. 
“Es-tu réel?” 
C’est une question de merde et il se sent ridicule pour la poser, mais les beaux yeux de l’homme se plissent sur les bords et il rit. Il rit d’amusement et non de moquerie. Le Stede d’aujourd’hui connait la différence. 
“Aussi réel que toi, mon pote. Je m’appelle Ed.” Il lui tend la main. 
“Stede,” répond Stede, en la prenant. Un frisson électrique parcourt sa peau, du point de contact jusqu’à l’extrémité de toute terminaison nerveuse qu’il possède. Il retient à peine son souffle. “Je suis le, um, conservateur. Du musée. Fin, pas du musée entier, seulement l’aile du dix-huitième siècle, mais c’est pas important en fait, ce que c’est important c’est que moi aussi.” 
“Toi aussi?” répète Ed. 
Stede hoche la tête avec enthousiasme. “Moi aussi, j’ai vu ce tableau lorsque mon enfance en Nouvelle-Zélande. J’arrivais pas à me détourner, moi non plus. Et je—” 
“Ne l’a jamais oublié?” 
“Ne l’ai jamais oublié! Je l’ai acquis à la première occasion. Ce n’était qu’après que je me suis rendu compte que, er—que l’homme dedans avait—” 
“Ton visage?” 
“Ouais.” Stede hausse légèrement les épaules. “Mon visage.” 
“C’est un bon visage,” dit Ed. La frisson électrique s’intensifie. Il découvre qu’il tient toujours la main d’Ed. 
“Sais-tu ce que j’aime le plus?” il demande. 
“À propos de ton visage?” 
“Non!” Stede proteste, avant de se rendre compte qu’Ed le taquine. Il sent ses joues rosir mais il continue. “Non, pas à propos de mon visage. Dans le tableau.” 
“Qu’est-ce que tu aimes le plus dans le tableau?” 
“C’est la manière dont ils se regardent,” dit Stede. “Ils sont si connectés et les expressions sur leurs visages, c’est—” 
“L’amour,” finit Ed. Sa voix est bourrue. “Ils se sont amoureux.” 
“C’est ça.” Les mots se coincent dans sa gorge. “En tant que garçon je ne pouvais pas le voir. C’est à dire, je l’ai vu mais je ne savais pas ce que c’était. Tout ce que je savais c’était que je voulais quelqu’un à me regarder comme ça. Mais personne ne l’a jamais fait.” 
“Jamais?” 
“Non. Pas—” Stede s’arrête, happé par les yeux d’Ed. Ce regard lui coupe le souffle. 
Ed maintient son regard tout en relâchant la main de Stede, tout en entourant la mâchoire de Stede de sa main, ses doigts s'enfonçant dans ses cheveux, s'enroulant autour de l'arrière de sa tête et l'attirant plus près de lui. 
"Pas jusqu'à ce moment,” murmure-t-il, puis ses lèvres se posent sur celles de Stede. 
Le baiser est d'abord doux, hésitant. Stede n'a jamais vraiment aimé embrasser ; il est peu expérimenté dans ce domaine et même moins enthousiaste, malgré ses dix ans de mariage. Mais ce baiser, ce baiser, l'illumine de l'intérieur ; ce picotement électrique travers sa peau et s’infiltre dans ses os. Il se retrouve penché sur le corps d'Ed, agrippant sa taille, poussant un petit gémissement impuissant qui attire un gémissement plus profond de la part d'Ed. Le baiser devient chaud, humide, tout à fait inapproprié pour un mardi matin pluvieux sur son lieu de travail, mais Stede s’en fout pas la gueule.
Après, ils restent en se regardant, yeux écarquillés et haletants, et puis en unisson parfait ils se tournent comme tirés par un fil, vers le tableau. 
Les deux hommes leur sourient, leur sourient, il n’existe pas la moindre doute. Le sosie d’Ed leur fait un clin d’oeil, tandis que celui de Stede hoche sa tête avec un sourire fier et content. “J’étais sûr que tu l’aurais trouver,” Stede entend dire sa propre voix, dans sa tête évidemment mais les mots sont aussi clairs que comme s’il les avait dit lui-même. 
Il se retourne vers Ed. “T’as entendu—” 
“Ouais,” réplique Ed. “J’ai entendu.” 
Ils regardent à nouveau le tableau, qui est précisément comme il a toujours été. 
“Viens déjeuner avec moi,” dit Ed, abruptement. 
“Il est dix heures et demie du matin!” 
“Un brunch, alors. Je sais un bon lieu, pas loin d’ici.” 
“Ah, oui?” Stede est tellement heureux qu’il a l’impression que son sang a été remplacé par du champagne. “C’est où ça?” 
“Mon restaurant.” Ed lui sourit. “Je viens de l’ouvrir. Blackbeard’s Bar and Grill, il s’appelle.” 
“Ooh, nom fabuleux. Et donc tu… vises rester à Londres?” 
“Aussi longtemps que Londres veut bien de moi,” dit Ed, et Stede sait qu’il ne parle pas seulement de Londres. “Et bien. Brunch? J’ai de la marmelade.” 
Stede reste bouche bée. “Comment—comment sais-tu que j’aime la marmelade?” 
“J’ai eu de la chance,” dit Ed. Ses yeux pétillent, de chaleur et affection et interêt et reconnaissance, et oui c’est enfin réel, ça se passe vraiment. Quelqu’un regarde Stede Bonnet Comme Ça. 
Ici au milieu de son musée bien-aimé, devant son tableau le plus précieux, le plus bel homme qu’il ait jamais vu, soit peint ou en personne, lui regarde de la manière dont il a si longtemps rêvé mais n’aurait jamais pensé savoir. 
Et dans sa poitrine il se sent à nouveau cette douleur mais ce n’est plus la douleur exquise. C’est la douleur d’une joie trop forte d’être exprimée. C’est le bonheur complet. 
C’est l’amour. 
“Le brunch serait super,” dit Stede. “C’est parfait.” Ça donne l’impression du début de quelque chose de spectaculaire. 
Et c’est ça qu’il est.  
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mmepastel · 4 months
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Rholala ! Premier énorme coup de cœur cette année !
C’est ma libraire préférée qui me l’a déniché… elle commence à me connaître… elle m’a tendu ce livre qu’elle n’avait pas encore mis en rayon avec un air entendu…
BINGO ! En effet, c’est une belle pioche.
Tout d’abord, qu’est ce que j’ai ri ! L’autrice suédoise a un humour assez décapant, et un langage fleuri.
Faire connaissance avec ces sept sœurs finlandaises crasseuses et mal éduquées c’est comme une collision brutale et frontale. On les découvre à la foire, rare lieu où elles daignent frayer avec leurs semblables (quoique… elles semblent en effet faites d’un autre bois), dégoûtantes, provocantes, grossières, analphabètes et gouailleuses ; elles vendent framboises sauvages, peaux de bêtes -d’ours notamment. Bien obligées si elles veulent acheter bière, gnôle, cigarettes et essence pour le quad, saucisses et chips.
Johanna, Tania, Tiina, Simone, Aune, Laura et Elga ont toutes un caractère bien distinct, même si elles font corps pour survivre depuis qu’elles sont orphelines. L’ainée, Johanna, voue un culte à son père décédé, célèbre chasseur d’ours, et applique ses règles : se méfier de la société des humains et particulièrement des hommes, du pasteur, des assistantes sociales, de l’école, des huissiers. Elles sont hors registres, complètement sauvages dans la forêt, en autarcie. Et elles vont fuir encore plus loin, pour être sûres de ne pas risquer d’être embêtées, pour vivre à leur façon, la seule qu’elles connaissent à vrai dire. Elles rotent, pètent, pissent debout, se bagarrent sans cesse, jurent comme des charretiers.
L’entente entre elles, une force, une nécessité mais aussi une limite, se complexifie lorsqu’elles s’isolent complètement dans un endroit reculé de la forêt, et qu’elles font face à la faim et au froid. La rudesse de l’aînée, son radicalisme, empêchent certaines des plus sensibles de s’épanouir, comme par exemple Elga qui rêve de lire et d’exploiter ses fraîches connaissances en la matière, ou Laura qui n’aime rien tant que de sculpter des petits figurines malgré ses yeux de myope.
On lit ce livre avec le nez, et les odeurs ne sont pas toujours ragoûtantes. Ça ne sent pas que le sapin ou l’écorce de bouleau. Ce ne sont pas des grandes fans de savon, ni de ménage, et les peaux d’ours écorchés corsent l’affaire. On suit leur cheminement avec passion tant l’immersion est totale dans cet univers brut et sauvage, en s’émerveillant des reparties salées qu’elles se servent mutuellement, avant de se cogner jusqu’à faire valser des dents. Mais cheminement, il y a. Je n’en dis pas plus car le roman, inspiré d’un conte finlandais racontant les aventures de sept frères, est turbulent et haletant de bout en bout. Vont-elles survivre dans le froid ? Comment vont-elles échapper à la ville qui semble être le seul salut possible ? Ne vont-elles pas s’entretuer ou sombrer dans la folie ?
J’ai adoré cette histoire et le ton. Ces sœurs sont de vraies dures à cuire, des âmes bouillonnantes qui font jaser toute la région. Leur évolution est habilement menée, et leur amour de la forêt et de la liberté ne se trahit pas. On assiste à l’éclosion de leurs natures profondes. Il s’en est fallu d’un cheveu pour qu’elles y parviennent seules. Un conte féministe oui, assurément, avec de vraies héroïnes fortes et courageuses, un récit au verbe haut, débordant de vie et culotté. De la dynamite.
Je suis un peu dépitée de l’avoir si goulûment dévoré, aussi goulûment que Tiina aurait bu sa flasque de whisky, je ne crois pas que ce type de livre coure les rues. J’espère que d’autres romans d’Anneli Jordahl seront traduits, je suis addict de son écriture rigolarde et irrévérencieuse.
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« Si l’on en croit le journaliste Jean-Raymond Tournoux, spécialiste des secrets d’État, au lendemain de l’exécution de Jean Bastien-Thiry, voici cinquante ans, le général de Gaulle aurait dit : « Celui-là, ils pourront en faire un héros, il le mérite ! » Ce propos donne à réfléchir. Il n’est pas nécessaire d’approuver l’action de Jean Bastien-Thiry pour reconnaître à sa figure une hauteur qui détonne dans notre époque de médiocrité. Ajoutons qu’il est naturel et légitime que les proches et les admirateurs de Jean Bastien-Thiry voient en lui avant tout la victime d’une injustice et d’une vindicte qui n’ont pas grandi l’homme contre qui il s’était dressé. Ce n’est pourtant pas le visage de la victime qui me semble à retenir. Après s’être levé par lucidité et volonté pure contre le puissant personnage qui, à ses yeux, avait corrompu tant de valeurs constitutives de notre patrie, Bastien-Thiry est allé jusqu’au bout de son engagement. Comme l’a écrit son frère Gabriel dans un livre émouvant : « Ce qu’aucun homme de métier n’avais osé faire, il l’a tenté ». De fait, bien qu’officier, il n’était pas homme de guerre, mais un savant et un intellectuel. Il fut pourtant l’homme d’un projet conduit envers et contre tout, le seul projet cohérent, il faut bien le dire, de la résistance française à la politique d’abandon de nos compatriotes d’Algérie. Puis, devant le tribunal qui le jugeait sur ordre, loin de chercher à esquiver, il a prononcé contre l’homme qu’il combattait un réquisitoire implacable qui le condamnait à une mort certaine. Bien entendu, il était trop lucide pour ne pas en être conscient. Seul celui qui met sa vie en jeu échappe à l’imposture fréquente du discours moral. Le discours peut mentir, l’acte ne ment pas. Et seul celui qui répond de son honneur sur sa vie est authentifié dans sa vérité. La mort de Jean Bastien-Thiry atteste qu’il existe des valeurs plus hautes que la vie elle-même. Voilà ce qui mérite d’être retenu, au-delà de toute pensée partisane. »
Dominique Venner
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kamomille9 · 1 year
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Fanfic Pendranièvre : Le Coeur a ses Raisons... Chapitre 5
Hello Everybody !
Oui, je sais je vous ai fait attendre mais je ne vous oublie pas !!
Bonne lecture et dites-moi ce que vous en pensez !!!  
Chapitre 5 : La Conviction
Guenièvre de Carmélide n’aurait jamais pensé apprécier autant ce voyage avec le chevalier gallois. Il était un peu simple d’esprit et pas très adroit mais d’une gentillesse incroyable et d’un humour tordant. Toute sa vie, elle avait été habituée aux hommes bougons et repliés sur eux-mêmes. A contrario, Perceval ne se privait pas pour dire ce qu’il pensait. Il n’avait aucun filtre, ses émotions étaient toujours sincères et ses paroles dépourvues de toute méchanceté.
Oui, Guenièvre n’avait vraiment pas l’habitude…
Ainsi, ils discutèrent de tout et de rien, ne s’arrêtant que la nuit pour se reposer, jusqu’à ce qu’enfin ils aperçoivent la grande maison bourgeoise appartenant à sa tante.
Ils se présentèrent aux gardes à l’entrée qui firent relayer l’information. Quelques minutes plus tard, une petite dame brune, coiffée d’un chignon compliqué, vêtue d’une robe rouge bordeaux et or, se précipitait vers eux.
_ Ma Reine ! Pourquoi ne m’avez-vous donc pas prévenu de votre visite ? Cela vous aurait épargné cette attente !
Les gardes laissèrent entrer les deux voyageurs et Guenièvre en profita pour prendre sa tante dans ses bras.
_ Ma très chère tante, comme je suis heureuse de vous voir ! Toutes ses formalités sont à présent inutiles, je ne suis plus Reine et je viens humblement vous demander refuge…
Fraganan ouvrit grand les yeux mais préféra se taire en jetant un coup d’œil furtif aux gardes.
_ Venez, entrez donc ! Vous devez êtres épuisés après ce long voyage.
_ Je vous présente le Seigneur Perceval, un chevalier du Roi, qui a tenu à m’accompagner jusque chez vous.
_ Je vous remercie Seigneur Perceval d’avoir pris soin de ma nièce durant ce long voyage.
Le chevalier gallois exécuta une brève révérence avant de répondre :
_ J’allais pas la laisser toute seule quand même ! Elle dit qu’elle est plus la Reine mais pour moi elle sera toujours l’épouse du Roi Arthur et donc notre Reine à tous !
_ Quelle fidélité ! Je dois dire que c’est agréable d’avoir encore de valeureux chevaliers capables d’une telle qualité !
Guenièvre sourit doucement à Perceval en secouant la tête.
_ Perceval a tendance à dire ce qu’il pense sans réfléchir. Je lui suis reconnaissant mais il sait très bien que ma décision d’annuler ce mariage est complètement justifiée !
_ Vous allez me raconter tout ça devant un bon déjeuner ! Vous devez avoir faim !
Alors que Perceval acquiesçait joyeusement, Guenièvre ne pouvait s’empêcher de penser que la boule formée dans sa gorge, même après trois jours de marche, n’était pas encore descendue…
-o-
Le repas fut plaisant. Guenièvre était ravie de revoir son oncle Owen, duc de Lindon. Il était le seul homme de sa famille à préférer la parole aux actes. C’est un érudit qui aime les livres et le calme. Rien à voir avec son père ou son grand-père ! Yvain restait un cas à part… Mais après ce qu’elle avait vécu, c’était ce dont elle avait besoin : le calme. Après avoir mangé, Fraganan accompagna Guenièvre à sa chambre laissant son mari avec Perceval.
_ Seigneur Perceval, je vous remercie d’avoir amener ma nièce ici. Je pense que c’est le meilleur endroit pour qu’elle puisse faire le point et se ressourcer.
_ C’est pas faux. Je souhaitai vous demander un service que je préfère que la Reine ne m’entende pas.
_ Guenièvre n’est plus Reine mais je vous écoute.
_ Non mais laissez tomber, elle sera toujours la Reine pour moi ! Je voudrais prévenir la bonniche de la Reine que nous sommes bien arrivés sans encombre mais je ne sais pas écrire…
_ Je vois… N’avez-vous point peur qu’écrivant à cette jeune femme, le roi finisse par l’apprendre ?
_ Bah si… mais justement, je voudrais aussi rassurer le Roi… Je suis certain qu’il doit s’inquiéter pour sa femme…
_ Seigneur Perceval, Guenièvre n’est plus la femme du Roi !
_ Oui mais ça c’est comme le fait d’être Reine, pour moi elle sera toujours la femme du Roi Arthur et je sais qu’il aime sa femme le roi.
_ Vous avez l’air bien sûr de vous…
_ Je sais pas pourquoi tout le monde pense que le Roi il aime pas sa femme. Moi j’ai toujours su qu’il aimait Guenièvre.
Owen regarda intensément ce chevalier plein de convictions. Sa femme était très proche de la Reine. Il savait donc que Guenièvre, même si elle ne leur avait jamais clairement dit, n’était pas heureuse avec son mari. Il avait donc du mal à croire et comprendre ce que lui disait Perceval. Toutefois, une telle conviction, une telle foi, une telle confiance en ses propos, faisaient douter le duc de Lindon…
_ Très bien Seigneur Perceval. Nous allons écrire ensemble cette lettre et nous l’enverrons par la suite sans que ma nièce ne le sache…
_ Ça me gène un peu de pas lui dire mais j’ai peur qu’elle soit pas très joisse si elle l’apprend…
_ Non, vous avez raison ce n’est pas nécessaire qu’elle le sache… Et puis, comme elle le dit si bien, elle n’est plus la Reine, elle n’a donc aucun ordre à vous donner en la matière !
Perceval esquissa un sourire. Il ne comprenait pas tous les mots du duc mais il en saisissait le sens. Guenièvre avait eu raison de venir ici. C’était beaucoup plus calme que Kaamelott. La preuve : il n’y avait eu aucun cri pendant le repas…
-o-
_ Comment as-tu fait pour faire annuler ton mariage ? C’est un vrai tour de force !
En tête à tête avec sa nièce, Fraganan ne s’était jamais formalisée avec les formules de politesse. Guenièvre en avait toujours été sincèrement heureuse. Ses parents ne l’avaient jamais respecté même en tant que Reine mais avec Fraganan c’était différent. Elle aimait que sa tante si douce et calme reste aussi proche d’elle malgré son accession au trône, si on peut appeler ça comme ça…
Guenièvre expliqua donc à sa tante ce qu’il s’était exactement passé. Elle n’omit aucun détail et s’autorisa même à vider son sac pour toutes les années de maltraitances émotionnelles qu’elle avait subi. Elle n’avait jamais abordé tout ça avec personne, autre que Lancelot, car elle ne voulait pas que la rumeur puisse se propager sur le sujet. Le peuple était déjà conscient que le Roi n’était pas amoureux de la Reine et cette humiliation était bien suffisante à son goût.
Une fois le récit terminé, Fraganan se contenta de s’approcher de la jeune femme et l’a pris dans ses bras. Elle l’avait laissé parler et avait bien écouté tous les déboires qu’elle n’avait jamais su voir lorsque Guenièvre venait leur rendre visite. Là, bercée tendrement par sa tante, Guenièvre soupira de soulagement, comme si elle avait retenu sa respiration durant toute son histoire, et pleura. Elle pleura sur sa vie, sur son mariage, sur son ex-mari qu’elle aimait malgré tout et sur son impuissance à le rendre heureux.
_ Pourquoi ne pas avoir tenté ta chance avec Lancelot au lieu de venir ici ? demanda Fraganan quand sa nièce fut calmée.
_ J’ai besoin de réfléchir… Je ne suis pas amoureuse de Lancelot. Je suis peut-être naïve mais en quinze ans je n’ai pas su voir qu’il était amoureux de moi…
_ Il y a une raison à ça ?
_ Une simple, évidente et triste : je suis amoureuse d’Arthur…
La sœur de Léodagan acquiesça doucement. Elle le savait mais était-ce bien raisonnable de continuer à aimer quelqu’un qui vous a fait tant de mal…
_ J’ai besoin de me poser loin de tout ça. De peser le pour et le contre. Je ne sais pas si cet amour que je voue à Arthur pourra partir en jour… Je ne sais pas non plus si je suis capable d’aimer sincèrement Lancelot. Tout ce que je sais c’est que je veux être heureuse, aimer et être aimée complètement. Je ne veux plus de demi-mesure. Arthur ne m’a jamais aimé… Je dois donc simplement savoir si je veux donner une chance à Lancelot ou pas…
_ Je comprends… Reste ici autant que tu le souhaites. Tu sais que tu es la bienvenue ici…
_ Merci beaucoup…
_ Néanmoins, es-tu consciente qu’en annulant ton mariage, tu as également ouvert la porte à tous les bons partis du pays qui vont vouloir épouser la princesse de Carmélide ?
_ Je sais… C’est pour ça que je suis partie sans dire où j’allais.
_ La rumeur va finir par se répandre Guenièvre. Nos serviteurs vont forcément en parler autour d’eux et la nouvelle atteindra tout le pays. Comment feras-tu alors ?
_ J’ai encore un peu de temps avant que cela n’arrive et tous ses prétendants devront d’abord passer par mon père !
_ Le connaissant, il voudra sélectionner le meilleur parti possible…
_ Ou faire tout ce qu’il peut pour que je redevienne Reine…
_ Tu serais prête à envisager cette possibilité ?
_ Un mariage sans amour, sans respect, sans gentillesse ? Certainement pas non…
Guenièvre soupira bruyamment sous le triste regard de sa tante. Elle n’était certainement pas opposée à redevenir la femme d’Arthur Pendragon… Cependant, elle ne voulait plus de sa vie d’avant… Depuis trois jours, elle retournait cette histoire dans sa tête. Elle savait qu’elle avait pris la bonne décision. Elle l’assumait et si elle devait rester malheureuse toute sa vie autant qu’elle soit libre plutôt qu’enchaîner à son Roi.
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jpbjazz · 3 months
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LÉGENDES DU JAZZ
SUN RA, ‘’L’EXTRA-TERRESTRE’’ DU JAZZ ‘’My whole body changed into something else. I could see through myself. And I went up... I wasn't in human form... I landed on a planet that I identified as Saturn... they teleported me and I was down on [a] stage with them. They wanted to talk with me. They had one little antenna on each ear. A little antenna over each eye. They talked to me. They told me to stop [attending college] because there was going to be great trouble in schools... the world was going into complete chaos... I would speak [through music], and the world would listen. That's what they told me.’’
Sun Ra
Né le 22 mai 1914 à Birmingham, en Alabama, Herman Poole Blount était le fils de Cary Blount, un travailleur de l’industrie du chemin de fer, et d’Ida Jones, une serveuse de restaurant. Herman devait son prénom au magicien de vaudeville Black Herman, qui avait exercé une profonde influence sur sa mère. Surnommé Sonny durant son enfance, Herman avait un frère, Robert, une demi-soeur plus âgée, Mary, et un demi-frère, Cary Blount Jr. Après le divorce de ses parents, Herman avait été élevé par sa grand-mère maternelle, Margaret Jones, et sa grande-tante Ida Howard.
Pendant des décennies, les premières années de la vie de Sun Ra avaient été entourées d’énormément de mystère, ce qui avait contribué à alimenter sa légende. Comme tout personnage de fiction, Sun Ra était souvent évasif lorsqu’on le questionnait sur son enfance. Il donnait également des réponses contradictoires et souvent insensées au sujet de sa vie personnelle. Sun Ra affirmait aussi être un parent éloigné d’Elijah Poole, mieux connu sous le nom d’Elijah Muhammad, le leader de la Nation de l’Islam. Pendant des années, la date exacte de la naissance de Sun Ra était demeurée inconnue. Les recherches du biographe de Sun Ra, John F. Szwed, ont finalement permis de découvrir que le chef d’orchestre était né le 22 mai 1914.
Même si elle était très religieuse, la famille Blount n’était membre d’aucune église chrétienne. Même si Herman avait très peu d’amis proches à l’école secondaire, il avait laissé le souvenir d’un jeune homme gentil, tranquille et studieux qui adorait la lecture. Afin d’assouvir sa passion pour les livres, Herman se rendait régulièrement à la Black Masonic Lodge, qui était alors un des seuls endroits où les Afro-Américains pouvaient avoir un accès illimité aux livres. Les ouvrages de l’institution portant sur les Francs-Maçons et les autres concepts ésotériques avait laissé une forte impression sur Herman.
Enfant prodige, Herman était un pianiste très doué durant sa jeunesse. Sa mère lui avait d’ailleurs offert un piano pour son onzième anniversaire de naissance. Dès l’âge de onze ou douze ans, Herman pouvait lire la musique et avait même commencé à composer. À l’époque, la ville de Birmingham était une escale importante pour les musiciens en tournée. C’est ainsi qu’Herman avait pu voir jouer des musiciens importants comme Fletcher Henderson, Duke Ellington et Fats Waller, entre autres. Sun Ra avait déclaré plus tard: "The world let down a lot of good musicians".
Doté d’une mémoire phénoménale, Herman pouvait assister aux concerts des big bands de l’époque et transcrire avec exactitude les pièces qu’il avait entendues. Au milieu de l’adolescence, Herman avait commencé à jouer du piano en solo de façon semi-professionnelle, ou comme membre de divers groupes de jazz et de rhythm n’ blues.
Herman avait fréquenté l’Alabama Agricultural and Mechanical College, une école pour enfants de couleur aujourd’hui connue sous le nom de Parker High School. Son professeur de musique était John Tuggle "Fess" Whatley, un partisan de la discipline qui était très respecté et qui avait enseigné à plusieurs futurs musiciens professionnels. C’est d’ailleurs avec le Sax-o-Society Orchestra qu’Herman avait commencé sa carrière professionnelle. Herman avait déclaré plus tard au sujet de son séjour à l’Alabama Agricultural and Mechanical College: "I think I studied everything in that college except farming".
Une des premières compositions d’Herman était intitulée ‘’Chocolate Avenue’’. Herman, qui avait écrit la pièce vers 1929 et 1930, avait décidé de l’envoyer en 1933 à Clarence Williams à New York. Williams avait éventuellement enregistré la pièce sur disque, mais il avait omis de créditer Herman sur le disque et ne lui avait même pas fait verser un sou de droits d’auteur. C’est à partir de ce moment-là qu’Herman avait commencé à se méfier de l’industrie de la musique.
Depuis son adolescence, Herman était atteint de cryptorchidie, une maladie des testicules qui dégénérait parfois en hernie chronique et le rendait souvent inconfortable. Son biographe John F. Szwed a d’ailleurs émis l’hypothèse qu’Herman se sentait honteux d’être atteint de cette maladie et que celle-ci avait contribué à son isolement. DÉBUTS DE CARRIÈRE Après avoir décroché son diplôme d’études secondaires en 1932, Herman était parti en tournée avec les Society Troubadours. Il avait par la suite formé son propre groupe appelé The Nighthawks of Harmony.
En 1934, Sun Ra avait obtenu un premier emploi comme musicien à plein temps avec Ethel Harper, son professeur de biologie du high school, qui avait formé un groupe pour poursuivre une carrière de chanteuse. Devenu membre de l’Union des Musiciens, Sun Ra était parti en tournée avec le groupe de Harper dans le sud-est et le midwest. Lorsque Harper avait quitté la formation après trois semaines pour tenter sa chance à New York avec le groupe vocal Ginger Snaps, Sun Ra avait pris la direction du groupe qu’il avait rebaptisé le Sonny Blount Orchestra. Le groupe avait poursuivi la tournée durant plusieurs mois avant d’être dissous pour cause de non rentabilité. Même si cette première version du Sonny Blount Orchestra n’avait pas obtenu de succès sur le plan financier, la formation avait obenu des commentaires positifs des amateurs de jazz et des autres musiciens. Après la dissolution du groupe, Sun Ra avait collaboré avec plusieurs groupes de Birmingham.
À l’époque, les clubs de Birmingham étaient souvent pourvus de décors exotiques comme des murales et des éclairages éclatants qui ont possiblement influencé Sun Ra dans l’élaboration de ses futurs concepts. Si le fait de jouer dans des big bands inculquait aux musiciens de couleur un sentiment de fierté et d’entraide, ils devaient aussi se montrer disciplinés et disposer d’une bonne présentation, car ils étaient le symbole de la communauté noire. Cette bonne apparence était aussi un gage de succès auprès de la population blanche, qui engageait régulièrement des musiciens de couleur pour se produire dans des événements prestigieux, même si toute relation formelle avec les spectateurs blancs continuait d’être strictement prohibée.
Après avoir obtenu une bourse pour étudier à l’Alabama Agricultural and Mechanical Institute for Negroes en 1936, Sun Ra s’était inscrit à une majeure en éducation qui lui avait permis d’étudier la composition, l’orchestration et la théorie musicale. Il avai également étudié le piano avec Lula Randolph. Sun Ra avait cependant abandonné ses études au bout d’un an. Plus tard, Sun Ra avait justifié l’abandon de ses études par le fait qu’il avait eu une vision qui avait exercé une influence à long terme sur lui.
À la fin des années 1930, Sun Ra était au milieu d’une grande crise religieuse lorsqu’il avait prétendu qu’une lumière brillante était apparue autour de lui. Comme il l’avait expliqué plus tard: ‘’My whole body changed into something else. I could see through myself. And I went up... I wasn't in human form... I landed on a planet that I identified as Saturn... they teleported me and I was down on [a] stage with them. They wanted to talk with me. They had one little antenna on each ear. A little antenna over each eye. They talked to me. They told me to stop [attending college] because there was going to be great trouble in schools... the world was going into complete chaos... I would speak [through music], and the world would listen. That's what they told me.’’
Même si Sun Ra affirmait que l’événement s’était produit en 1936 ou 1937, les musiciens les plus proches de lui avaient déclaré que cette apparition n’avait pu survenir avant 1952. Se contredisant lui-même, Sun Ra avait aussi prétendu que l’incident s’était produit pendant qu’il vivait à Chicago, où il ne s’était établi qu’à la fin des années 1940. Sun Ra avait continué de raconter cette vision, sans modification notable, jusqu’à la fin de sa vie. Le soi-disant voyage de Sun Ra s’était produit au moins une décennie avant que le phénomène des ‘’soucoupes volantes’’ ne soit soumis à l’attention du public américain, plus particulièrement après la rencontre de Kenneth Arnold avec un OVNI en 1947. Le voyage de Sun Ra s’était aussi produit environ quinze ans avant que George Adamski ne fasse état de sa rencontre avec des supposés extra-terrestres, et environ vingt ans avant que Barney et Betty ne rapportent leurs propres rencontres avec des OVNI en 1961. Comme l’expliquait le biographe de Sun Ra, John F. Szwed, "even if this story is revisionist autobiography... Sonny was pulling together several strains of his life. He was both prophesizing his future and explaining his past with a single act of personal mythology."
Quoi qu’il en soit, après avoir quitté le Collège, Sun Ra était devenu un des musiciens les plus actifs de Birmingham. Dormant très peu, Sun Ra passait son temps à citer ses idoles Thomas Edison, Leonardo da Vinci et Napoléon Bonaparte. Sun Ra avait même transformé le rez-de-chaussée de la résidence de sa famille en une sorte de conservatoire-atelier, où il partageait son temps entre la composition, la transcription d’enregistrements et les pratiques avec différents musiciens de passage. Sun Ra, qui s’intéressait à tout, discutait même de concepts bibliques ou ésotériques avec quiconque était prêt à l’écouter.
Durant cette période, Sun Ra était également devenu un client assidu de la Forbes Piano Company, une compagnie possédée par des blancs. Sun Ra se rendait dans l’édifice Forbes pratiquement une fois par jour afin de jouer de la musique, d’échanger des idées avec le personnel et la clientèle, ou transcrire des feuilles de musique dans ses cahiers.
À la même époque, Sun Ra avait formé un nouveau groupe. À l’instar de son premier professeur John T. "Fess" Whatley, Sun Ra insistait pour que ses musiciens pratiquent sur une base quotidienne. Les résultats ne s’étaient pas faits attendre: le Sonny Blount Orchestra était rapidement devenu un des groupes les plus impressionnants et disciplinés de la région. Reconnu pour sa polyvalence, le groupe pouvait jouer dans une grande variété de styles sans jamais sacrifier la qualité. De 1939 à 1943, Sun Ra avait également été membre du populaire groupe vocal Rhythm Four avec Morris Ridgl, Richard Cannon et Clarence Driskell. Le groupe qui se produisait quotidiennement sur les ondes de la station de radio WSGN-AM, faisait également des apparitions dans les danses et les spectacles de variété tant devant des spectateurs blancs que de couleur. OBJECTEUR DE CONSCIENCE Après avoir été mobilisé par l’armée en octobre 1942 dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale, Sun Ra, qui s’appelait toujours Herman Blount à l’époque, s’était déclaré objecteur de conscience. Après avoir invoqué des principes religieux qui s’opposaient à la guerre et au meurtre, Sun Ra avait ajouté qu’il devait subvenir financièrement aux besoins de sa grande-tante Ida. Il avait également mentionné l’hernie chronique dont il souffrait. Même si les autorités militaires aient rejeté sa demande, Sun Ra avait fait appel devant le National Draft Board en déclarant que le faible nombre de noirs mobilisés comportait des relents d’’’hitlérisme.’’ Même si sa requête avait été rejetée, Sun Ra avait refusé de se joindre à l’armée, ce qui avait grandement embarrassé sa famille. Certains de ses parents l’avaient même renié. Sun Ra avait éventuellement été autorisé à compléter un service militaire à temps partiel au Civilian Public Service Camp de Pennsylvanie.
Ne s’étant pas présenté comme prévu le 8 décembre 1942, Sun Ra avait été arrêté en Alabama. Lors de sa comparution en cour, Sun Ra avait prétendu que le service militaire à temps partiel (‘’alternate service’’) était inacceptable. Sun Ra, qui était très articulé, avait ensuite discuté avec le juge de points de droit et de la façon dont on devait interpréter les textes bibliques concernant le meurtre et la guerre. Dans sa décision, le juge avait statué que Sun Ra avait enfreint la loi et risquait d’être conscrit par l’armée et d’être envoyé sur le front. Peu impressionné, Sun Ra avait répliqué qu’il se servirait des munitions fournies par l’armée pour abattre le plus d’officiers militaires possible ! Après l’avoir condamné à une peine de prison, le juge avait déclaré à Sun Ra: "I've never seen a nigger like you before." Sûr de lui, Sun Ra avait rétorqué: "No, and you never will again."
En janvier 1943, Sun Ra avait écrit au United States Marshals Service depuis sa cellule du comté de Walker, à Jasper, en Alabama. Dans sa requête, Sun Ra avait expliqué qu’il faisait une dépression nerveuse imputable au stress de l’emprisonnement, qu’il avait des tendances suicidaires et qu’il vivait dans la crainte constante d’être agressé sexuellement. Lorsque son statut d’objecteur de conscience avait été finalement reconnu en février 1943, Sun Ra avait été escorté jusqu’en Pennsylvanie. Comme les conditions de sa libération le prévoyaient, Sun Ra faisait du travail forestier durant le jour, mais pouvait jouer du piano pendant la nuit. Si les psychiatres avaient décrit Sun Ra comme ‘’une personnalité psychopathe [et] pervertie sur le plan sexuel’’, ils l’avaient aussi qualifié d’’’intellectuel coloré et très bien éduqué.’’
En mars 1943, après avoir été classé par l’armée dans la catégorie 4-F en raison de son hernie, Sun Ra était retourné à Birmingham rempli d’amertume. Après avoir formé un nouveau groupe, il avait recommencé à jouer professionnellement. Après la mort de sa tante adorée Ida en 1945, Sun Ra ne voyait plus de raisons de demeurer à Birmingham plus longtemps. Après avoir mis fin aux activités de son groupe, il avait décidé de s’installer à Chicago. LA PÉRIODE DE CHICAGO (1945-1961) À Chicago, Sun Ra s’était rapidement trouvé du travail, notamment avec la chanteuse de blues Wynonie Harris, avec qui il avait fait ses débuts sur disque en 1946 en enregistrant les simples ‘’Dig This Boogie/Lightning Struck the Poorhouse’’ et ‘’My Baby's Barrelhouse/Drinking By Myself.’’ ‘’Dig This Boogie’’ avait aussi été son premier véritable solo enregistré au piano. Au cours de cette période, Sun Ra avait également joué avec le groupe de Lil Green en plus de se produire durant des mois dans des clubs de stripstease de Calumet City. Il avait aussi joué avec le saxophoniste ténor Gene Ammons et la chanteuse Billie Holiday. En août 1946, Sun Ra avait décroché un long contrat au Club DeLisa avec le réputé chef d’orchestre Fletcher Henderson. Sun Ra admirait Henderson depuis longtemps, même si la carrière de ce dernier était en net déclin depuis que le swing avait perdu de sa popularité. Henderson, qui s’était jadis produit avec les meilleurs musiciens de jazz, n’attirait plus que des musiciens de seconde zone, en grande partie en raison de son instabilité émotionnelle liée à un accident d’automobile qui avait considérablement détérioré sa santé mentale et physique.
Engagé comme pianiste et arrangeur avec l’orchestre d’Henderson, Sun Ra devait assurer la relève de Marl Young qui venait de quitter la formation. Au début, Sun Ra avait composé des arrangements influencés par le bebop, mais les membres du groupe ne s’étaient pas montrés très réceptifs, et ce, malgré l’encouragement d’Henderson. Lorsque Henderson avait mis fin aux activités du groupe en 1947, Sun Ra avait été le pianiste et le copiste du groupe durant cinq ans.
En 1948, Sun Ra s’était aussi produit brièvement avec un trio composé du saxophoniste Coleman Hawkins et du violiniste Stuff Smith. Même si le trio ne semble pas avoir laissé de traces sur disque, un enregistrement maison d’un duo entre Smith et Sun Ra a été publié en 1953 sur étiquette Sound Sun Pleasure. Sun Ra a également participé en 1992 à un hommage à Smith enregistré en compagnie du violoniste Billy Bang.
À l’époque, Chicago était un important centre de mobilisation des Afro-Américains et de mouvements religieux plus radicaux comme les Black Muslims et les Black Hebrews, qui tenaient de nombreux débats en plus de publier de nombreux tracts et publications. Tout en étant très attentif à cette effervescence, Sun Ra avait été particulièrement fasciné par certains édifices et monuments de la ville influencés par le style de l’Égypte ancienne. Sun Ra avait aussi été un lecteur assidu de l’ouvrage de G.M. Stolen, ‘’Stolen Legacy’’, qui prétendait que la philosophie classique grecque avait ses racines dans l’ancienne Égypte. Par la suite, Sun Ra en était venu à la conclusion que l’histoire et les accomplissements des Africains avaient été systématiquement niés et détruits par les cultures européennes. Doté d’une personnalité plutôt excentrique, Sun Ra prétendait également être né sur la planète Saturne.
Au début des années 1950, Sun Ra avait formé un groupe de pratique qui avait éventuellement naissance au futur Arkestra. Le but de Sun Ra en formant son orchestre était de pratiquer durant dix ans avant de se produire sur scène. Même si le groupe jouait dans les clubs pratiquement à chaque soir, un musicien avait estimé que l’orchestre avait pratiqué 180 heures pour chaque heure de performance. John F. Szwed écrivait dans sa biographie de Sun Ra: "Rehearsals were exhausting but exhilarating ordeals, half musical instruction, the other half teaching, prognostication, and spiritual and practical advice…he nonetheless lectured them on personal discipline; on the history of black people and their role in the creation of civilization; on the use of music in changing the world; and on etymology and numerology, on astronomy and astrology…spiked with jokes, wordplay, biblical interpretation, and anecdotes about famous jazz musicians." Sun Ra, qui fournissait la nourriture et le toit à chacun de ses musiciens, leur avait demandé en retour de s’abstenir de consommer de l’alcool et des drogues. On les incitait également à éviter toute relation charnelle avec la gent féminine. Tout musicien qui était pris à enfreindre ces règles se voyait retirer le droit de jouer des solos ! En 1956, Sun Ra avait commencé à enregistrer pour sa propre maison de disques, les disques Saturn, devenant ainsi un des premiers musiciens de jazz à produire et à vendre ses propres albums. De 1956 à 1988, la compagnie avait enregistré soixante et onze albums, la plupart d’entre eux étant vendus lors des concerts avec une couverture peinte à la main. Mais comme la majorité de ces albums n’avaient été publiés qu’à raison de soixante-quinze copies à la fois, les musique de Sun Ra était surtout connue de non-initiés.
À la même époque, Sun Ra avait aussi fait des tournées avec les groupes de Wynonie Harris et Fess Whatley, et accompagné les chanteurs Joe Williams et Lavern Baker.
En 1952, Sun Ra dirigeait le Space Trio avec le batteur Tommy "Bugs" Hunter et le saxophoniste baryton Pat Patrick, deux des musiciens les plus accomplis qu’il n’avait jamais rencontrés. Le trio se produisant régulièrement, Sun Ra avait commencé à composer des pièces de plus en plus complexes. C’est le 20 octobre 1952 que Blount avait changé légalement son nom pour adopter celui de Le Sony'r Ra. Sun Ra avait déclaré par la suite qu’il s’était toujours senti inconfortable avec son nom de baptême d’Herman Blount.
Comme la plupart des anciens descendants d’esclaves, Sun Ra avait hérité d’un patronyme appartenant à une famille blanche. Considérant Blount comme un nom d’esclave, Sun Ra avait donc décidé de le rejeter, un peu comme Malcolm X et Muhammad Ali l’avaient fait à la même époque. Dans une entrevue accordée au magazine Esquire, Sun Ra avait déclaré au sujet de son ancien nom de famille: "People say I'm Herman Blount, but I don't know him. That's an imaginary person." Sun Ra avait utilisé plusieurs autres pseudonymes au cours de sa carrière, dont Sonny Lee, Sunni Bhlount, Armand Ra et H. Sonne Bhlount. Le Sun Ra Arkestra avait aussi été connu sur plusieurs autres appellations, comme le Myth-Science Arkestra, le Solar Myth Arkestra et l’Omniverse Arkestra.
À l’époque, le saxophoniste baryton Pat Patrick avait quitté le groupe de Sun Ra pour aller s’installer en Floride avec sa nouvelle épouse. Le saxophoniste ténor John Gilmore s’était alors joint à la formation, avant d’être rejoint par le saxophoniste alto Marshall Allen. Si Patrick avait continué de faire des aller-retours avec le groupe jusqu’à la fin de sa vie, Allen et Gilmore avaient été deux des membres les plus assidus de l’Arkestra. On avait d’ailleurs souvent critiqué Gilmore pour être demeuré avec Sun Ra durant plus de quarante ans alors qu’il aurait pu diriger ses propre formations. Le saxophoniste James Spaulding et le joueur de trombone Julian Priester avaient aussi enregistré avec Sun Ra à Chicago, ce qui ne les avaient pas empêchés de diriger leurs propres groupes. Le vétéran saxophoniste ténor Von Freeman avait aussi fait un bref séjour avec l’orchestre de Sun Ra au début des années 1950.
C’est à Chicago que Sun Ra avait fait la rencontre d’Alton Abraham, un adolescent précoce qui était très intelligent en plus de posséder des dons de voyance. Abraham était éventuellement devenu un des plus fervents amateurs du groupe ainsi qu’un des plus proches amis de Sun Ra. Tout en étant considérés comme des marginaux et en partageant un intérêt commun pour l’ésotérisme, les deux hommes avaient des qualités qui leur permettaient de se compléter. Si Sun Ra était un chef d’orchestre discipliné, il était souvent trop introverti et manquait de sens des affaires, Abraham était très informé et très pragmatique. Même s’il était encore adolescent, Abraham était progressivement devenu le gérant effectif de Sun Ra: il négociait les contrats, suggérait des musiciens et introduisait même des chansons populaires dans le répertoire du groupe. Avec l’aide d’autres collaborateurs, Sun Ra et Abraham avaient également formé une sorte de club de lecture informel appelé Thmei Research qui leur avait permis d’échanger des idées et de discuter de leurs préoccupations. Le groupe avait aussi publié un certain nombre de pamphlets dans lesquels les membres pouvaient développer leurs conclusions et leurs idées. Le groupe parcourait même les rues de Chicago afin de partager ses interprétations de la Bible et de l’histoire des Noirs. Certains de ces pamphlets ont été réunis en 2006 par les critiques John Corbett et Anthony Elms et publiés dans un recueil intitulé ‘’The Wisdom of Sun Ra: Sun Ra's Polemical Broadsheets and Streetcorner Leaflets.’’
En 1957, Sun Ra et Abraham avaient fondé une compagnie de disques indépendante qui avait souvent changé d’appellation mais qui était généralement connue sous le nom d’El Saturn Records. Après avoir d’abord produit les disques 45-tours de l’orchestre et d’autres artistes du même genre, la compagnie Saturn Records avait publié deux longs-jeux : ‘’Super-Sonic Jazz’’ (1957) et ‘’Jazz In Silhouette’’ (1959). Le producteur Tom Wilson avait été le premier à publier un album de Sun Ra par l’entremise de la compagnie de disques indépendante Transition Records en 1957. L’album était simplement intitulé ‘’Jazz by Sun Ra.’’ À la même époque, Sun Ra avait également enregistré le premier d’une série de douze simples mettant en vedette des chanteurs de doo wop et de R&B. Plusieurs de ces simples ont été réédités par Evidence Records dans un coffret de deux CD intitulé ’’The Singles.’’
À la fin des années 1950, Sun Ra et son groupe avaient commencé à porter des vêtements et des coiffures inspirés de l’Égypte ancienne ou de l’univers de la science-fiction. Ces parures poursuivaient plusieurs objectifs: exprimer la fascination de Sun Ra pour l’Égypte ancienne et la conquête spatiale d’une part, mais aussi de rendre l’orchestre plus facilement identifiable, de façonner son identité, tout en ajoutant une touche d’humour aux spectacles du groupe (Sun Ra croyait que les musiciens d’avant-garde avaient tendance à se prendre un peu trop au sérieux). Décrivant l’approche théâtrale de Sun Ra, le critique Peter Watrous écrivait: “No one else in jazz except Dizzy Gillespie,” had “come close to that sort of mixture of vaudevillian carnival and musical intelligence.” LA PÉRIODE NEW-YORKAISE (1961-1968) Sun Ra s’était installé à New York avec son orchestre à l’automne de 1961. Afin d’économiser de l’argent, Sun Ra vivait en communauté avec les membres du groupe dans un bâtiment appelé le Sun Palace. Le fait de vivre proche de ses musiciens permettait aussi à Sun Ra d’organiser des pratiques spontanées à n’importe quel moment. À la même époque, Sun Ra avait également collaboré avec le poète Amiri Baraka (LeRoi Jones) au Black Arts Repertory Theater/School de Harlem. En 1966, l’orchestre de Sun Ra avait d’ailleurs fourni la musique pour la pièce de théâtre de Baraka intitulée ‘’A Black Mass.’’
C’est également durant son séjour à New York que Sun Ra avait enregistré l’album ‘’The Futuristic Sound of Sun Ra.’’
À partir de 1965, les compositions de Sun Ra étaient devenues beaucoup plus complexes. Les concerts de l’Arkestra duraient aussi beaucoup plus longtemps, s’étendant parfois jusqu’à cinq ou six heures.
En mars 1966, l’Arkestra avait été engagé pour donner un concert tous les lundis soirs au Slug's Saloon, ce qui lui avait permis se faire connaître d’un nouveau public et d’augmenter sa visibilité. La popularité de Sun Ra avait atteint un sommet durant cette période, à une époque où l’influence de la ‘’beat generation’’ et du mouvement psychédélique battait son plein. Durant un an et demi (et de façon plus intermittente au cours des cinq années suivantes), Sun Ra et son orchestre avaient commencé à rejoindre un public beaucoup plus large.
Au cours de son séjour à New York, la musique de Sun Ra était devenue de moins en moins tributaire des influences de blues et de stride qui avaient marqué le début de sa carrière, pour prendre un caractère beaucoup plus avant-gardiste et expérimental. Lors de cette période, la musique de l’orchestre, qui était marquée par l’utilisation de nombreux batteurs et percussionnistes, était aussi devenue beaucoup plus lourde. C’est également à cette époque que Sun Ra avait commencé à recourir de plus en plus aux nouvelles technologies. Les enregistrements et les concerts du groupe s’appuyaient souvent sur l’emploi d’instruments inusités et un recours systématique à l’improvisation libre, en particulier dans les passages collectifs.
Même si la musique de Sun Ra ne faisait pas toujours l’unanimité, l’orchestre s’était attiré les éloges de deux des plus importants leaders du bebop, Dizzy Gillespie et Thelonious Monk. Invitant Sun Ra à ne pas de décourager, Gillespie avait déclaré: "Keep it up, Sonny, they tried to do the same shit to me." Quant à Monk, il avait répondu à un critique qui jugeait la musique de Sun Ra trop avant-gardiste: "Yeah, but it swings."
Toujours en 1966, Sun Ra avait collaboré avec des membres de son orchestre à l’enregistrement de l’album ‘’Batman and Robin’’ du Al Kooper's Blues Project. L’album avait été publié sous le pseudonyme de ‘’The Sensational Guitars of Dan and Dale.’’ L’album était principalement constitué de variations instrumentales sur le thème de Batman et sur des extraits de musique classique qui étaient passés dans le domaine public. Malgré les efforts du groupe visant à économiser de l’argent, les coûts du maintien d’un orchestre aussi important à New York étaient rapidement devenus prohibitifs, ce qui avait éventuellement forcé Sun Ra à s’installer à Philadelphie. LA PÉRIODE DE PHILADELPHIE (1968) En 1968, lorsque l’édifice dans lequel ils habitaient avait été mis en vente, Sun Ra et son orchestre s’étaient installés à Germantown, un quartier de Philadelphie. Sun Ra s’était établi dans une maison de Morton Street qui était la propriété du père du saxophoniste alto Marshall Allen et qui était devenu la base des opérations de l’Arkestra jusqu’à la mort du compositeur. L’édifice avait éventuellement été connu sous le nom d’’’Arkestral Institute of Sun Ra.’’ Exception faite de quelques plaintes occasionnelles au sujet des bruits des pratiques, Sun Ra et son orchestre étaient considérés comme de bons voisins en raison de leur comportement amical, de l’absence de consommation de drogues et de leurs excellentes relations avec les jeunes. Un des membres du groupe, le saxophoniste Danny Ray Thompson, était d’ailleurs propriétaire du Pharaoh's Den, un magasin très apprécié de la communauté.
Devenu rapidement un partenaire inestimable de la communauté, Sun Ra faisait des apparitions fréquentes sur les ondes de la station de radio WXPN. Il faisait aussi des lectures publiques en plus de visiter régulièrement les bibliothèques de la ville. Au milieu des années 1970, l’Arkestra se produisait parfois dans le cadre de concerts gratuits dans un parc de Germantown.
À la fin de l’année 1968, Sun Ra et son orchestre avaient fait une première tournée sur la Côte ouest, mais les réactions du public avait été mitigées. Les hordes de hippies habituées à assister aux performances psychédéliques de groupes comme The Grateful Dead étaient souvent dépassées par la musique de l’Arkestra. À l’époque, le groupe comprenait de vingt à trente musiciens, sans parler des danseurs, chanteurs, mangeurs de feu et des éclairages plutôt élaborés. Le critique John Burks du magazine Rolling Stone avait cependant livré un compte rendu positif du concert du groupe au San Jose State College. Sun Ra avait d’ailleurs fait la couverture du magazine le 19 avril 1969, ce qui avait contribué à augmenter le nombre de ses admirateurs. Durant la tournée, un étudiant en arts de San Jose, Damon Choice, s’était même joint à l’orchestre comme vibraphoniste.
Au cours de cette période, l’orchestre de Sun Ra avait semblé abandonner la musique expérimentale au profit d’une musique plus conventionnelle qui incorporait souvent des standards de swing de Jelly Roll Morton ou de Fletcher Henderson, même si ses enregistrements et ses concerts continuaient d’être assez éclectiques et remplis d’énergie, plus particulièrement dans le cadre de longs solos de percussion. Dans les années 1970, Sun Ra avait aussi développé un intérêt particulier pour les films de Walt Disney. L’orchestre interprétait d’ailleurs régulièrement des extraits des films de Disney dans le cadre de ses concerts. À la fin des années 1980, l’Arkestra s’était même produit à Walt Disney World. ''NO BULSHIT C.O.D.'' En 1970, Sun Ra avait égalemen commencé à faire des tournées internationales, se produisant notamment en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Il avait même joué en Égypte en 1971. Sun Ra avait continué de jouer en Europe jusqu’à la fin de sa carrière. À cette époque, le saxophoniste Danny Ray Thompson était devenu une sorte de gérant d’affaires non officiel pour l’orchestre. Thompson s’était fait une spécialité de ce qu’il appelait le "no bullshit C.O.D.", c’est-à-dire qu’il demandait à se faire payer d’avance avant de se présenter sur scène ou d’enregistrer des disques.
Au début de l’année 1971, Sun Ra avait été engagé coomme artiste en résidence à l’Université de Californie, à Berkeley. Il avait donné un cours intitulé ‘’The Black Man In the Cosmos.’’ Même si peu d’étudiants s’étaient inscrits au cours, sa salle de classe était souvent remplie de curieux provenant de la communauté environnante. La moitié du cours de Sun Ra était consacrée à des lectures (incluant des devoirs qui devaient être réalisés à la maison), et l’autre moitié à une performance de l’orchestre ou de Sun Ra au piano solo. La liste des lectures obligatoires comprenait des oeuvres de Madame Blavatsky et d’Henry Dumas, ainsi que le ‘’Livre Tibétain de la Mort’’, ‘’Les Deux Babylones’’ d’Alexander Hislop, ‘’The Book of Oahspe’’ sans compter des ouvrages portant sur les hiéroglyphes égyptiens, le folklore afro-américain et d’autres sujets. Pendant que Sun Ra donnait ses cours à l’Université Berkeley, l’Arkestra avait élu temporairement domicile dans une maison appartenant au mouvement des Black Panthers.
Toujours en 1971, Sun Ra s’était rendu en Égypte avec l’Arkestra à l’invitation du batteur Salah Ragab. Sun Ra était d’ailleurs retourné en Égypte en 1983 et 1984 pour enregistrer avec Ragab. Ces enregistrements avaient donné lieu à la publication des albums ‘’Live in Egypt’’, ’’Nidhamu’’, ’’Sun Ra Meets Salah Ragab’’ et ’’Egypt Strut and Horizon.’’
En 1972, les producteurs John Coney et Jim Newman, et le scénariste Joshua Smith de la station de télévision KQED avaient collaboré avec Sun Ra pour produire un film d’une durée de 85 minutes intitulé ‘’Space Is the Place.’’ Le film mettait en vedette l’Arkestra et un groupe d’acteurs qui avaient été réunis par l’équipe de production. Tourné à Okland et San Francisco, le film, qui était basé sur l'album du même nom, était une sorte d'.hommage aux films de science-fiction des années 1950 et 1960. En 1975, Sun Ra s’était produit avec l’Arkestra dans le cadre d’un concert à Cleveland qui mettait aussi en vedette le groupe Devo en première partie.
Le 20 mai 1978, l’orchestre avait également fait une apparition sur la populaire émission de télévision Saturday Night Live. Au cours de sa carrière, Sun Ra avait aussi fait des apparitions sur d’autres émissions comme le ‘’Today Show’’ ainsi que sur le réseau MTV. Dans le cadre de ces émissions, Sun Ra en profitait souvent pour prendre position sur les grands dossiers de l’heure comme les dangers de l’énergie atomique, de la guerre nucléaire ou de la pollution.
À l’automne 1979, l’Arkestra avait été engagé comme groupe-résident au Squat Theatre de la 23e rue, qui servait aussi de salle de spectacle à la troupe d’avant-garde de l’Hungarian Theater. Le gérant de la troupe, Janos, avait transformé le théâtre en un club de nuit pendant que les comédiens se produisaient en Europe. La chanteuse Debbie Harry du groupe Blondie, John Cale du groupe The Velvet Underground, Nico du groupe Factory days d’Andy Warhol, John Lurie du groupe The Lounge Lizards et d’autres musiciens pop et d’avant-garde étaient aussi des habitués du théâtre. Même si Sun Ra était resté discipliné et avait bu seulement du soda pendant le concert, il n’avait pas tenté d’imposer son code de conduite à ses musiciens. Grâce à son tempérament doux et charismatique, Sun Ra avait dirigé son orchestre tout en jouant de trois synthétiseurs en même temps.
L’orchestre de Sun Ra avait continué de faire des tournées et d’enregistrer durant les années 1980 et 1990.
Après avoir été victime d’une attaque en 1990, Sun Ra avait continué de composer, de jouer et de diriger son orchestre. À la fin de sa carrière, Sun Ra avait aussi fait la première partie du groupe rock new-yorkais Sonic Youth. Lorsqu’il était trop malade pour jouer ou participer aux tournées, Sun Ra demandait souvent au saxophoniste John Gilmore de diriger l’orchestre. Après sa mort en 1995 des suites de l’emphysème, le saxophoniste `Marshall Allen avait assuré la relève.
À la fin de 1992, Sun Ra était retourné dans sa ville natale de Birmingham afin de vivre avec sa soeur aînée, Mary Jenkins. Devenue son infirmière, Mary avait pris soin de son frère avec ses cousins jusqu’à ce qu’il soit admis au Princeton Baptist Medical Center de Birmingham à la suite de problèmes cardiaques, respiratoires et de circulation sanguine. C’est là que Sun Ra a rendu l’âme le 30 mai 1993. Il a été inhumé au Elmwood Cemetery. On peut lire sur sa pierre tombale l’inscription "Herman Sonny Blount aka Le Sony'r Ra". Sun Ra n’avait jamais été marié et ne semble pas avoir laissé de descendance.
À la suite de la mort de Sun Ra, John Gilmore avait pris la direction de l’Arkestra, suivi de Marcus Allen, qui avait enregistré en 1999 l’album intitulé ‘’Song for the Sun’’, qui mettait notamment en vedette le batteur Jimmy Hopps et le joueur de trombone Dick Griffin. À l’été 2004, l’orchestre était devenu le premier groupe de jazz américain à jouer à Tuva, dans le sud de la Sibérie, dans le cadre du Ustuu-Huree Festival. L’Arkestra avait continué de présenter des concerts et de faire des tournées jusqu’en juillet 2019. Le jeu de Sun Ra au piano était influencé par plusieurs styles. D’abord fasciné par le boogie woogie, le stride et le blues, son jeu rappelait tantôt le style de Count Basie, de Duke Ellington et d’Ahmad Jamal, et tantôt celui de Thelonious Monk ou de Cecil Taylor. Également influencé par les musiciens classiques, Sun Ra avait souvent mentionné Chopin, Rachmaninoff, Schoenberg et Chostakovich comme ses compositeurs favoris. Au début de sa carrière, la musique de Sun Ra avait été particulièrement influencée par son bassiste Ronnie Boykins, qui avait été décrit comme "the pivot around which much of Sun Ra's music revolved for eight years."
Même s’il avait souvent été associé à l’avant-garde, Sun Ra ne croyait pas que son travail devait être considéré comme de la ‘’free music.’’ Il expliquait: "I have to make sure that every note, every nuance, is correct... If you want to call it that, spell it p-h-r-e, because ph is a definite article and re is the name of the sun. So I play phre music – music of the sun."
Des centaines de musiciens étaient passés dans l’orchestre de Sun Ra au cours des années. Si certains comme John Gilmore étaient demeurés avec le groupe durant des décennies, d’autres comme Pharoah Sanders n’avaient fait que passer et n’avaient participé qu’à quelques concerts ou enregistrements.
Même si la vision du monde de Sun Ra avait souvent été décrite comme une philosophie, le chef d’orchestre avait rejeté ce qualificatif. Décrivant sa façon de pensée comme une ‘’équation’’, Sun Ra avait expliqué que la philosophie était basée sur des théories et des raisonnements abstraits, alors que sa méthode s’appuyait sur la logique et l’observation concrète des faits. La pensée de Sun Ra s’appuyait sur des sources aussi diverses que le Kabbalah, le rosicrucianisme, la canalisation (''channeling''), la franc-maçonnerie, le mysticisme de l’Égypte ancienne, ainsi que le nationalisme noir.
Le multi-instrumentiste James Jacson, qui avait étudié le boudhisme zen avant de se joindre à l’orchestre de Sun Ra, a identifié de profondes similitudes entre les enseignements et les pratiques zen et la pensée du chef d’orchestre, qui se réflétait parfois dans ses réponses absurdes à certaines questions. Pour sa part, le batteur Andrew Cyrille admettait que, malgré leur caractère apparemment irrationnel, les commentaires de Sun Ra étaient souvent très intéressants, ‘’whether you believed it or not. And a lot of times it was humorous, and a lot of times it was ridiculous, and a lot of times it was right on the money."
Selon son biographe John F. Szwed, Sun Ra avait admis que ses relations avec le peuple noir avaient changé radicalement avec le temps. À l’origine, Sun Ra s’était senti très concerné par les revendications du mouvement pour le Black Power, et percevait sa musique comme un élément-clé de l’éducation et de l’émancipation des gens de couleur. Mais avec la radicalisation du mouvement du Black Power dans les années 1960, et plus particulièrement avec l’émergence des Black Panthers, Sun Ra avait progressivement perdu ses illusions. Se percevant de plus en plus comme un citoyen du monde, il avait expliqué en 1970: ‘’I couldn't approach black people with the truth because they like lies. They live lies... At one time I felt that white people were to blame for everything, but then I found out that they were just puppets and pawns of some greater force, which has been using them... Some force is having a good time [manipulating black and white people] and looking, enjoying itself up in a reserved seat, wondering, "I wonder when they're going to wake up." Sun Ra, qui demeure à ce jour un des musiciens les plus originaux et audacieux de l’histoire du jazz, avait innové sur plusieurs plans. Sun Ra avait été un des premiers chefs d’orchestre à utiliser deux contrebasses et aussi un des premiers à utiliser la basse électrique, à jouer des claviers électroniques (dès 1956), à explorer la musique modale et à utiliser l’improvisation libre tant comme soliste qu’au niveau collectif. Commentant le travail de Sun Ra, le trompettiste Miles Davis avait déclaré que le compositeur “gives the impression that he has been withholding his most visionary music from a species not yet prepared for it”. Sun Ra a influencé de nombreux musiciens de jazz au cours de sa carrière, dont John Coltrane et Pharoah Sanders.
Sun Ra a également remporté de nombreux honneurs. Intronisé au sein du Alabama Jazz Hall of Fame en 1979, Sun Ra a remporté en 1982 un Jazz Master Award du National Endowment for the Arts, le plus grand honneur pouvant être remis à un musicien de jazz aux États-Unis. La ville de Philadelphie lui a également décerné un Liberty Bell Citizenship Award pour couronner l’ensemble de sa carrière en 1990. Sun Ra a aussi été intronisé au sein du temple de la renommée de la Germantown Historical Society en 1998.
Compositeur prolifique, Sun Ra a enregistré plus de 1000 de ses compositions. Il a participé à l’enregistrement de plus de 120 albums au cours de sa carrière. Sun Ra, qui était aussi poète, a également publié plusieurs recueils de poésie.
L’Université de Chicago possède une importante collection des oeuvres de Sun Ra et de ses objets personnels. La collection, qui a été réunie par l’ami et gérant d’affaires de Sun Ra, Alton Abraham, est conservée au Special Collections Research Center de la Bibliothèque Regenstein. On peut avoir accès à la collection sur demande. Le Special Collections Research Center a d’ailleurs souvent organisé des expositions des oeuvres de Sun Ra.
Quelques documentaires ont été consacrés à la carrière et à la vie de Sun Ra, dont le film de Robert Mugge ‘’Sun Ra: A Joyful Noise’’, réalisé en 1980, qui contient des extraits de ses concerts ainsi que des commentaires du chef d’orchestre sur différents sujets depuis ses souvenirs d’enfance jusqu’à sa place dans le cosmos. Le film de Don Letts intitulé ‘’Sun Ra – Brother from Another Planet’’, réalisé en 2005, tout en incorporant certains éléments du documentaire de Mugge, comprend quelques entrevues additionnelles avec Sun Ra. Enfin, le documentaire d’Ephrahaim Asili intitulé ‘’Points on a Space Age’’, tourné en 2009, reproduit quelques entrevues avec le musicien entrecoupées d’extraits de concerts. Sun Ra a également participé au tournage de deux autres films: ‘’The Cry of Jazz’’ (1959) et ’’Space Is the Place’’, une version filmée de l’album du même nom (1971) qui rendait hommage aux films de science-fiction des années 1950 et 1960.
Après la mort de Sun Ra, la majorité de ses albums ont été réédités sous forme de CD pour la première fois par Evidence Records et Ihnfinity Music. ©-2023-2024, tous droits réservés, Les Productions de l’Imaginaire historique
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bigoudibouclebrunes · 6 months
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Bigoudi Bouclebrunes et les deux Cours, partie 3 (Barbàboisbois)
Résumé des épisodes précédents : Grandoulf avait trouvé l’Anneau de pouvoir du Seigneur GrosCon et l’avait remis au gentil hobbit Bigoudi Bouclebrunes pour qu’il le détruise dans la Montagne du Destin. Avec l’aide de Laurentgorn Duvernay-Tardif, héritier du Gondor, Broromir, le fils de l’intendant du Gondor, Legrandslack, un grand elfe trippant sur les triscuits, Kimchi, un nain grognon, ainsi que le jardinier hobbit Samsauge et de leurs confrères Pépin et Méridien, étaient devenus la Communauté de l’Auto, aidant Bigoudi et Grandoulf dans leurs aventures. Après avoir perdu Grandoulf aux mains d’un France-Hélaine Duranceaurog  dans les Mines de la Malartic et avoir perdu Broromir tombés devant les hordes d’orcs et goblins des zinternet en protégeant les hobbit Pépin et Méridien, ces derniers furent hobbitnappés et la Communauté de l’Auto fut bel et bien dissoute. Bigoudi et Samsauge prirent la route vers le Nord, prenant en pouce Conspiragollum, tandis que Laurentgorn, Legrandslack et Kimchi prirent la route du Brohan, croisant ainsi Éomec et ses Brohirrims, des dude-bros qui ne se lassent pas de te rappeler qu’au gym, faut aussi faire son « leg day ». Poursuivant leur route sous l’œil bienveillant des Brohirrims, Laurentgorn, Legrandslack et Kimchi entrèrent dans la forêt de Fandom où ils furent rejoint par la réincarnation de Grandoulf… Grandoulf Juste-Leblanc.
Bigoudi Bouclebrune et les deux Cours, partie 3
Barbàboisbois
« Je vous le dis, mes amis, il est inadmissible que nos jeunes garçons n’aient pas de modèles virils! Il est extraordinaire de penser que les jeunes garçons soient aussi perdus. On les féminise. Et qu’entends-je par « féminiser »? J’entends par là qu’on les force à avoir des émotions, à communiquer clairement leurs besoins, à être plus empathique, plus consciencieux de leur environnement, à être de bons êtres humains capable de reconnaître des milieux nocifs, de se transformer pour être plus compréhensifs, plus vocaux et moins agressifs, bref, d’être des gens capable de se comprendre et de comprendre les autres et d’agir dans le bien de tous. Quelle horreur! C’est pour cela que les féministes, de par leur dénonciations et leur militantisme pour la reconnaissance des droits des femmes et des femmes trans, ont créé l’Übermensch, le surhomme tellement beau, tellement sexy, tellement intelligent que je me dois, cher lecteur, de vous dire que je m’astique la nouille à la seule vue de cet être suprême et j’ai nommé… Andrew Tate. Quel homme. Quel être viril qui, pour avoir un dialogue avec une femelle, comme il les appelle, ne fait que crier plus fort qu’elle pour avoir le dernier mot! Quel homme pour avoir créer une entreprise d’esclaves sexuelles en Roumanie! Mais tous ses mauvais travers sont à cause des féministes! Elles montrent à nos enfants mâles à être de parfaits petits humains, mais elles oublient qu’Andrew Tate leur apprend à être ce que je considère être le summum de la masculinité : un être agressif, une brute, un animal qui ne contrôle pas ses pulsions et qui détruit tout sur son passage. Je suis en pâmoison devant ce Grand Singe Suprême! Ah moi, mon Dieu! Donnez-moi mes sels de réanimation! »
Bigoudi referma le journal du Mordor. Encore une fois, Mahieu Cock-Bôté se plaisait à titiller les parties sensibles de la droite de la Terre du Milieu et de favoriser le côté obscur. Bigoudi pensa aussi à ce que projetait le chroniqueur de par sa personne, un être zozottant légèrement, habillé de petites laines et au physique plutôt ordinaire… il était si loin de son idole et de ce qu’il voulait être! Bigoudi se désola que les propos de ce monsieur trouve écho dans les pages d’un journal, même d’une feuille de chou. Il regarda par terre quelques minutes pour reprendre ses esprits. Puis, il regarda aux alentours et les reperdis presque aussitôt. Assis à ses côtés, un Conspiragollum chétif s’amusait à lire le seul livre qu’il avait emporté pour le voyage, soit Harry Potter et la Chambre à Échos. Il eut fallut faire des pieds et des mains pour faire reconnaître à Conspiragollum que la Covid était encore bien de ce monde et qu’il devait porter un masque s’il était malade. Bigoudi avait réussi quelques fois, mais il s’était résigné depuis peu. Samsauge, quant à lui, faisait griller un petit repas apprêté vite fait et qui constituait de :
Pains multi-grains et aux raisins tartinés de beurre frais avec du cheddar fort, des petits fruits ou encore de la tartinade au chocolat, bacon double épaisseur nature, bacon double épaisseur à l’érable, quelque petites saucisses aux fines herbes et fromage, des patates rissolées dans du gras de canard et saupoudré de rondelles d’oignons verts et de ciboulette, une plat d’épinards cuits dans du lard avec petits morceaux de bacon fumés, des galettes de patates pilées rôties avec un peu de ketchup maison, un plat de petits fruits nappés de crème fraîche avec un petit bol de crème fraîche vanillée, des scones nature avec de la crème anglaise et des petites confitures de groseille, de la marmelade ou encore de cerises, fraises ou framboises. Il y avait des œufs frais, miroir, brouillés, cuits durs, pochés à volonté ainsi que quelques croquettes de légumes au fromage, un petit gratin de pommes de terre et une soupe réconfortante aux poireaux, carottes, patates, kale et saucisses. Le tout était suivi de quelques fruits et même des poires que Samsauge avait réussi à glaner sur le chemin, des petits carrés de chocolats pour célébrer les premiers brins de neige et de grands bols de lait au chocolat pour remonter le moral de nos comparses.
Un maigre repas qui ne leur permettrait pas de survivre convenablement, mais qui était, selon Bigoudi, TRÈS apprécié par les temps qui courraient. Les efforts sur-hobbit de Samsauge pour leur trouver un peu d’espoir et de confort le rendait plus ému qu’il ne le cru.
- LES SAUCISSES DONNENT LA 5G, MON PRÉCIEUX! TADROSS! TADROSS! éructa Conspiragollum, faisant s’envoler les quelques miligrammes de paix qu’il restait à Bigoudi.
- Si vous n’aimez pas cela, ne les mangez pas! Dit alors Samsauge, exaspéré.
- Nenon, j’pense qu’il aime ça, Samsauge… sinon, il aurait recraché les saucisses en disant que ce sont des saucisses pédo-sataniques-francs-maçonniques-qui-tuent-des-enfants. Le reprit Bigoudi.
Bigoudi regarda l’horizon. Il leur restait un sacré bout de chemin avant d’arriver à Dégelis-Sur-Mur, le dernier village avant les plaines d’Emyn Muil Abraham, les plaines où l’Alliance des elfes, des hommes et des nains avaient combattus les forces du Mordor, il y a de cela des éons.
***
Pendant ce temps, Pépin et Méridien avaient fuit loin, trop loin dans la forêt de Fandom. Ils avaient élu un petit domicile de fortune sous les cîmes des hauts arbres, des arbres anciens… ils se trouvaient sur le terrain subventionné à heuteur de 240 millions par le gouvernement Mordoréen au lieu de payer la réelle valeur de 80 millions pour développer cette terre donnée à une entreprise suédoise. Nos deux hobbits s’étaient blottis contre un immense peuplier… qui, alors qu’ils s’étaient assoupis, se mit à bouger, les réveillant en sursaut au passage.
- Quiiiiiii êtttes voooooooous? Demanda l’arbre, agrippant Pépin par la cheville et le regardant fixement du regard.
- Nous… nous sommes des hobbits! Nous avons fuit les hordes d’orcs et de conspiragoblins! Dit Méridien.
- Deeeeees… hobbiiiiiits? Dit l’arbre vivant lentement.
- Oui! S’il vous plaît, ne me faites pas de mal! J’ai rien fait! Cria Pépin.
- Vouuuuuus n’êteeeees paaaaaas les Kiiiiiings de LA? Dit alors l’arbre.
- Ne… non! Confirma Pépin. On trouve ça cave de dépenser c’t’argent-là au lieu d’investir en transport en commun ou tsé, dans les corps professoraux et médicaux!
- Maintenant, lâchez mon ami! Il n’a rien fait! Et si vous continuez, je n’aurai d’autre choix que de me fâcher et de vous transpercer à coups d’épées argumentatives! Et je n’en ai nul envie! Cria Méridien, sachant très bien que de se battre contre ce peuplier lui donnerait le plus grand mal.
L’arbre reposa Pépin doucement.
- Mooooon noooooom eeeeeest Barbàboisbois. Dit alors le grand arbre. Jeeeeeee m’oooooppppoooose auuuuu rèèèèègne des orcs et conspirrrraaaaagoooobliiiiins quiiii onnnnnnt détruiiiiiiit cesssss teeeeeeerrrrres. Ààààà caaaause duuuuu sorciiiiieeeeer auuuuuux couleuuuuurs de vooooomis : Nannnnntelroumane et leeeee Seeeeeigneeeeur des Tééééénèèèèèèbres… Dupleeeessis…
- Vous voulez dire François Legault, son ancien nom?
- Ouiiiiiiiiii, c’eeeeeessst celaaaaaaaa. Mêêêêêêêê chooooose, maaaaaaissss diiiiiifffférrrrent.
- Ah! Bin si c’est ça, on peut peut-être vous aider! Son château-fort n’est pas loin d’ici… on pourrait peut-être foutre le bordel dans son auditoire! Dit alors candidement Méridien.
- Illlllllll ffffffaaaaaudrrraaa ennnnn paaaaarler auuuuu consssseillll dessss saaaages. répondit Barbàboisbois.
Barbàboisbois les amena avec lui vers le conseil des sages arbres. Après plusieurs jours de conciliabule, Barbàboisbois, sage entité détenant le savoir, se retourna vers nos hobbits, ayant dormi tout le temps des pourparlés et leur déclara d’une voix lente :
- Nooooous avooooons décidéééééé de déééécleeeeeencher laaaaa Grèèèèèève Généraaaaaale Ilimitéééééééée des saaaaages. Nouuuuuuus vouuuullllonnnnnnns de meillleurrrrrreees conditionnnnns de viiiiie.
Méridien et Pépin se regardèrent. Ils n’avaient jamais vu cela. Mais ils étaient TELLEMENT IN! La lutte sociale, ENFIN!
***
Vers le Sud, la compagnie de Laurentgorn, Legrandslack, Kimchi et maintenant Grandoulf se dirigaient vers Edorien, la capitale très polie du Brohan. Grandoulf voulait parler de vive voix au Roi Théodentiste, qu’il soupçonnait d’avoir abandonné Éomec et les Brohirrims d’une manière qui ne lui ressemblait pas. En entrant dans la salle du Trône, ils furent acceuillis par Sognia Languedeserpent, une hideuse petite femme repliée sur elle-même, aux cheveux noirs et aux petits yeux serpentesques.
- Le Roi Théodentiste ne peut vous recevoir, sussura-t-elle.
- Il nous recevra. Insista Grandoulf.
Sognia Languedeserpent alla se réfugier proche de son Roi et lui glissa quelques mots à l’oreille.
- Nous vous offrons 14, 8% d’augmentation sur 5 ans et vous n’aurez pas le droit de négocier sur vos conditions de travail ou vos horaires. À prendre ou à laisser. Dit d’un souffle emphysèmique le pauvre roi Théodentiste qui ressemblait davantage à une momie désséchée qu’à un homme d’une 50taine d’années.
- Eh bien, je laisse! Répliqua Grandoulf. Vous vous êtes négocier un salaire de 30% cette année, j’estime que votre offre farfelue n’est pas à la hauteur. Surtout lorsque vous répondez les mêmes paroles que le Seigneur des Ténèbres, à savoir que vous ne reviendrez pas non plus sur le 7 millions de dollars octroyé à une équipe de hockey dont tout le monde se fout et pour avoir osé payer un terrain 3 fois plus cher en subvention alors que vous dites que le gouvernement n’a pas d’argent pour payer ses employés. Franchement, roi Théodentiste… je vous implore de retrouver la raison!
Sognia Languedeserpent se pencha encore vers le roi et lui dit quelque chose à l’oreille.
- Vous n’êtes pas les bienvenus à cette table de négociation si vous ne faites pas preuve de bonne foi! Répondit le roi.
- Ah bin ça va faire, là. Dit Grandoulf d’un air agacé.
Grandoulf poussa sa cape grise d’un coup d’épaules plein de swag et révéla la blancheur éclatante de ses robes nouvellement acquise. Il était devenu un des plus puissant sagicien de la Terre du milieu. À la vue de la lueur éclatante de la conviction de Grandoulf, Sognia Languedeserpent se protégea les yeux, fit un « HIIIIIIIIIIISSSSSSSS », puis parti rejoindre son maître, le Seigneur GrosCon.
Le Roi Théodentiste retrouva alors la raison et rajeuni d’au moins 80 ans. Il avait l’air de son âge, un homme aux allures de Christian Bégin.
Il remercia Grandoulf de l’avoir remis sur le droit chemin, lui qui s’occupait bien de ses Brohirrims jusqu’à ce que Sognia Languedeserpent ne vienne le cueillir à son plus bas.
- C’est comme cela que les gens en situation d’autorité utilisent leur pouvoir à mauvais escient… en faisant miroiter le bien, alors que c’est le Mal qu’ils vous amènent… Mais notre chemin ne se termine pas ici, mon cher Théodentiste… Avec mes amis Laurentgorn, Legrandslack et Kimchi, nous nous devons de faire face, avec votre aide, au groupe qui nous gouverne… le gouvernement du Mordor.
Fin du chapitre
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thebusylilbee · 7 months
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"Que peut-il y avoir de plus dévastateur pour une mère, pour un père, que la perte d’un enfant ? Tant d’espoirs partis en fumée, tant de rêves transformés en cauchemars, tant de projets engloutis. Nul ne peut vraiment mesurer cette tragédie s’il ne l’a pas vécue. Et chaque parent tremble à l’idée de recevoir un appel téléphonique l’informant d’un tel drame. Cette calamité peut résulter d’une maladie, on ne peut blâmer alors que le « destin » ; d’un accident, on peut accuser le chauffard, s’il est responsable ; d’un acte « terroriste », qui frappe ici une école, ailleurs un supermarché, là un simple passant. Qui blâmer alors ? Le terroriste, naturellement, qui d’autre ?
Et pourtant… Nous sommes le 4 septembre 1997, rue Ben-Yéhouda, en plein centre de Jérusalem. Trois kamikazes du Hamas se font exploser, tuant cinq personnes, dont une jeune fille de 14 ans prénommée Smadar, sortie de chez elle pour acheter un livre. Elle porte un nom prestigieux en Israël. Son grand-père, le général Mattityahou Peler, a été l’un des artisans de la victoire de juin 1967, avant de devenir une « colombe » et l’un des protagonistes de ce que l’on a appelé les « conversations de Paris », premières rencontres secrètes entre des responsables de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et des Israéliens « sionistes ». En cette année 1997, M. Benyamin Netanyahou était déjà premier ministre et avait promis de détruire l’accord d’Oslo signé en 1993, ce qu’il réussira à faire. Il connaît aussi la mère de Smadar, Nourit, une camarade d’école et une amie de jeunesse. Quand il l’appelle pour lui présenter ses condoléances, elle lui rétorque : « Bibi qu’as-tu fait ? », le tenant pour responsable de la mort de sa fille (1).
« Pour moi, il n’y a pas de différence entre le terroriste qui a tué ma fille et le soldat israélien qui, en plein bouclage des territoires, n’a pas laissé une Palestinienne enceinte franchir un barrage pour se rendre à l’hôpital, si bien qu’elle a finalement perdu son enfant. Je suis persuadée que si les Palestiniens nous avaient traités comme “nous” les traitons, “nous” aurions semé chez eux une terreur cent fois pire. » Dans son texte, Nourit termine en qualifiant M. Netanyahou d’« homme du passé » ; elle s’est malheureusement trompée puisqu’il demeure le visage de la politique israélienne. Malgré les critiques qui le visaient depuis des mois en raison de son projet de réforme de la justice, la grande majorité de la société s’est regroupée derrière lui pour justifier la politique criminelle — selon le droit international — qu’il mène à Gaza (lire « Fragile union sacrée en Israël »). Dans les décombres fumants de cette enclave grandit la prochaine génération de combattants palestiniens, plus déterminée que la précédente, le cœur rempli de rage et d’une inextinguible haine.
L’action des commandos-suicides des années 1990 et 2000 comme l’assaut du 7 octobre du Hamas allié aux autres organisations palestiniennes sont constitutifs d’un crime de guerre, comme le sont le blocus et les bombardements de Gaza. Ils posent une nouvelle fois la question du terrorisme et de sa définition. C’est un exercice laborieux tant les groupes rassemblés sous la rubrique « terrorisme » sont hétérogènes (2). Peut-on ranger sous le même label la milice américaine d’extrême droite qui a commis l’attentat d’Oklahoma City, le 19 avril 1995, Al-Qaida, l’Armée républicaine irlandaise (IRA) ou encore le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ? Cette incrimination implique de considérer ces mouvements comme l’incarnation du Mal absolu, avec qui tout compromis est impossible et contre laquelle la seule stratégie serait l’éradication pour assurer la victoire du Bien. Pourtant, l’histoire a souvent prouvé, que ce soit en Irlande ou en Algérie, que les « terroristes d’hier » sont les dirigeants de demain.
Quand des journalistes somment quiconque intervient sur Gaza de dénoncer le Hamas comme « organisation terroriste » (lire Clara Menais, « En direct des chaînes d’information en continu »), ils oublient que cette désignation, entérinée principalement par l’Union européenne et les États-Unis, n’est adoptée ni par les Nations unies, ni par de nombreux États qui maintiennent des canaux de communication avec cette organisation. Même Israël a, pendant des années, entretenu des contacts avec elle et autorisé le Qatar à convoyer des centaines de millions de dollars vers Gaza en espérant ainsi « acheter » le mouvement. Peut-on croire qu’une formation qui a recueilli environ 44 % des suffrages parmi les Palestiniens lors des élections législatives de 2006 peut être purement et simplement éradiquée ?
L’inscription du Hamas sur la liste des organisations terroristes par l’Union européenne au début des années 2000 à la suite de la seconde Intifada avait suscité bien des débats. La France, convaincue qu’il valait mieux pouvoir échanger avec le mouvement islamiste, souhaitait le dissocier des Brigades Izz Al-Din Al-Qassam, qui figuraient déjà sur la liste, comme les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa avaient été distinguées du Fatah, la principale branche de l’OLP. Paris a finalement cédé à la pression de ses partenaires mais rejette toujours l’inscription du Hezbollah sur cette liste, le mouvement étant un parti politique présent au Parlement libanais et un acteur majeur de la politique intérieure du pays du Cèdre (3).
Le cas du PKK condense les contradictions des politiques occidentales. Il figure sur les listes des organisations terroristes établies par l’Europe et les États-Unis, et il est ainsi possible d’être inculpé d’apologie du terrorisme si on le soutient verbalement. Pourtant, en 2014-2015, les Occidentaux lui ont transféré des armes pour arrêter l’offensive de l’Organisation de l’État islamique (OEI) en Irak et défendre la ville syrienne de Kobané avec un héroïsme qui fut largement salué à travers le monde (4).
On peut tomber d’accord sur le fait qu’il existe des « actes terroristes », ceux qui visent ou qui touchent principalement des civils. Cette méthode de lutte a été utilisée par nombre de mouvements de libération, à une échelle plus ou moins grande selon les circonstances. Avant de s’en indigner, il faut rappeler qu’ils affrontaient des armées modernes, dotées d’avions, de chars, de missiles, dans un combat totalement inégal. Et que la terreur quotidienne, invisible pour les colonisateurs, parfois exterminatrice, frappait depuis des décennies les populations sous occupation, créant colère, frustration et rage.
« Il est facile de ne pas remarquer la terreur, notait l’écrivain Manès Sperber. Elle se cache sous l’indifférence de ceux qui ne sont pas concernés, c’est-à-dire l’écrasante majorité (5).  » Il parlait de la terreur fasciste dans l’Europe des années 1930, mais la terreur coloniale restait encore plus invisible pour l’écrasante majorité des populations des pays colonisateurs, qui s’étonnaient de la « barbarie » en retour des colonisés.
La lutte sud-africaine ne se réduit pas à un « pacifisme » bien intentionné
Le terrorisme n’a pas occupé la même place dans tous les mouvements de libération et certains ont réussi à en limiter l’usage. Le cas sud-africain est exemplaire, même si sa lutte ne se réduit pas, comme beaucoup le croient en Occident, à un « pacifisme » bien intentionné. Le Congrès national africain (ANC) a aussi utilisé la violence et, de manière ponctuelle, le terrorisme. Les conditions de sa lutte ont facilité un choix de modération. L’ANC disposait d’alliés solides à l’échelle internationale, engagés concrètement avec lui dans son combat. Il pouvait compter sur le soutien de l’URSS et de ses pays affiliés, d’un mouvement des non-alignés déterminé et du puissant mouvement de boycott en Occident — que personne ne songeait à criminaliser et qui ébranla l’apartheid et les soutiens du capitalisme sud-africain. Enfin, l’intervention militaire cubaine en Angola, et notamment la bataille de Cuito Cuanavale en janvier 1988, quand l’armée de Fidel Castro porta un coup fatal à la machine de guerre de Pretoria, constitua, selon Nelson Mandela, « un tournant dans la libération de notre continent et de mon peuple (6)  ». Dans ce contexte, il était possible d’éviter le recours au terrorisme. Au contraire, aujourd’hui, ce sont les Palestiniens qui sont abandonnés à leur sort, y compris par plusieurs gouvernements arabes (lire Hasni Abidi et Angélique Mounier-Kuhn, « Riyad - Tel-Aviv, coup de frein à la normalisation »), et c’est Israël qui dispose du soutien inconditionnel des Occidentaux. La position de ces derniers ne sera même pas affectée par l’arrivée au pouvoir à Tel-Aviv de ministres fascistes, « suprémacistes juifs » (7).
Pour comprendre les dilemmes propres à l’OLP et à ses composantes, il faut revenir sur la lutte palestinienne qui a suivi l’occupation de 1967. Après une période d’euphorie marquée par l’extension de l’action des fedayin (combattants) palestiniens, ceux-ci furent expulsés de Jordanie en 1970-1971 (8), tandis que s’affermissait le contrôle israélien sur les territoires occupés. C’est alors l’existence même de la lutte palestinienne qui était en danger et avec elle tout espoir de libération. On assista ainsi à une multiplication d’actions violentes transnationales, avec la création de l’organisation Septembre noir, qui s’illustra dans la prise d’otages d’une partie de la délégation israélienne aux Jeux olympiques de Munich de 1972. Comme l’expliquera Abou Iyad, ancien numéro deux de l’OLP, « l’organisation a agi en auxiliaire de la résistance, à un moment où cette dernière n’était pas en mesure d’assumer pleinement ses tâches militaires et politiques. (…) Ses membres traduisaient bien les profonds sentiments de frustration et d’indignation qui animaient tout le peuple palestinien face aux tueries de Jordanie et aux complicités qui les ont rendues possibles (9)  ». Parallèlement, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), dirigé par le Palestinien chrétien Georges Habache, multipliait les détournements d’avion et organisa, avec l’Armée rouge japonaise, l’attaque contre l’aéroport de Lod (Tel-Aviv) le 30 mai 1972.
Qu’est-ce qui amena l’OLP à arrêter ses « opérations extérieures » ? D’abord une reconnaissance croissante des pays non alignés et des pays socialistes, ce qui lui permit d’accéder à une légitimité internationale et se traduisit par l’invitation de Yasser Arafat à l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1974. Elle commença à être associée au jeu diplomatique et ouvrit ses premières représentations officielles en Europe, notamment à Paris en 1974. La France, qui condamnait évidemment le terrorisme, joua un rôle majeur pour persuader ses partenaires que la clé de la solution du conflit était la fin de l’occupation israélienne et qu’elle passait par la reconnaissance du droit des Palestiniens à l’autodétermination ainsi que par la négociation avec l’OLP (déclaration européenne de Venise de 1980). À l’époque, le premier ministre israélien Menahem Begin accusa les Européens de vouloir le forcer à négocier avec le Fatah, dont « les textes résonnent comme le Mein Kampf de Hitler ». Un parallèle que reprend M. Netanyahou pour stigmatiser le Hamas. Cette avancée européenne ouvrit une fenêtre diplomatique et amorça un processus politique. Un court moment, les Palestiniens purent espérer concrétiser leur rêve d’un État, et ils parièrent sur la paix.
Des combattants criant « Ceci c’est pour mon fils ! »
Il n’est pas question ici de refaire l’histoire de l’échec du processus d’Oslo, mais il est incontestable qu’il joua un rôle dans la victoire électorale de 2006 du Hamas. Ce qui va, pendant des décennies, continuer à nourrir la violence, c’est la situation concrète des Palestiniens, l’extension de la colonisation, la répression de toute activité politique, l’emprisonnement de masse et la violation systématique du droit international. En Cisjordanie, où l’activité du Hamas est réduite, l’action israélienne est-elle plus « modérée » ?
Israël applique cette maxime d’un expert allemand de la fin du XIXe siècle : « Le droit international ne devient plus que des phrases si l’on veut également en appliquer ses principes aux peuples barbares. Pour punir une tribu nègre, il faut brûler ses villages, on n’accomplira rien sans faire d’exemples de la sorte (10).  » Cette terreur, souvent invisible pour les Occidentaux, qui ne s’émeuvent que quand meurent des Israéliens, est le sort quotidien des Palestiniens. Elle est marquée dans leur chair. Des vidéos circulant après le 7 octobre ont montré des combattants criant « Ceci c’est pour mon fils ! [que vous avez tué]  », « Ceci c’est pour mon père ! [que vous avez tué]  » (11).
[...]"
Alain Gresh - Directeur du journal en ligne Orient XXI, coauteur (avec Hélène Aldeguer) d’Un chant d’amour. Israël-Palestine, une histoire française, Libertalia, Montreuil, 2023 (nouvelle édition mise à jour).
(1) Lire Nourit Peled-Elhanan, « Bibi qu’as-tu fait ? », Le Monde diplomatique, octobre 1997.
(2) Lire l’éditorial de Dominique Vidal dans Manière de voir, n° 140, « Vous avez dit terrorisme ? », avril-mai 2015.
(3) Nathalie Janne d’Othée, « Liste des organisations terroristes. Quand l’Union européenne s’emmêle », Orient XXI, 10 janvier 2022.
(4) Lire Dora Serwud, « Les héros de Kobané », dans Manière de voir, n° 169, « 1920-2020, le combat kurde », février-mars 2020.
(5) Manès Sperber, Et le buisson devint cendre, Odile Jacob, Paris, 1990.
(6) Lire « L’Évangile selon Mandela », Le Monde diplomatique, juillet 2010.
(7) Lire Charles Enderlin, « Israël, le coup d’État identitaire », Le Monde diplomatique, février 2023.
(8) Lire « Mémoire d’un septembre noir », Le Monde diplomatique, septembre 2020.
(9) Abou Iyad, Palestinien sans patrie (entretiens avec Éric Rouleau), Fayolle, Paris, 1978.
(10) Sven Lindqvist, Exterminez toutes ces brutes !, Le Serpent à plumes, Paris, 1999.
(11) Ramzy Baroud, « A day to remember : How “Al-Quds Flood” altered the relationship between Palestine and Israel forever », The Palestine Chronicle, 10 octobre 2023.
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alain-keler · 1 year
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Journal du mercredi 22 mars 2023.
Résumé des épisodes précédents :
  Je travaille sur un projet personnel sur les minorités dans l’ex-monde communiste d’Europe, projet qui verra la parution d’un livre en 2000 « vents d’Est » et qui obtiendra en 1997 à New York le prix Eugene Smith.
  Mon troisième voyage me conduit dans l’enclave arménienne du Haut-Karabakh, enclave découpée par Staline selon un adage bien connu : diviser pour mieux régner, et  dont les résultats amèneront jusqu’à aujourd’hui des conflits après la dislocation de l’empire soviétique. Je loge dans la maison de MSF à Stepanakert, capitale du Haut-Karabakh.
Lundi 11 avril 1994.
 J’avais obtenu grâce à  mon interprète Vahagh la permission d’aller au front et nous avions été logés dans des baraquements militaires. La nuit fut très bruyante, et le lendemain matin on nous demanda de retourner à Stepanakert. La guerre venait de reprendre.
Les moyens de transport étaient très rares, voire inexistants, nous avons dû faire du stop, et la seule voiture de la matinée à utiliser cette route s’arrêta et nous emmena jusqu’à l’entrée d’un petit village à quelques kilomètres, puis rien, plus de trafic. Assis  au bord de la route, à côté d’un champ, un homme attendait patiemment un autobus pour aller subir une opération à Stepanakert. Il nous invita à nous asseoir avec lui puis il allât cueillir des oignons  dans le champ voisin. Agrémentés de sel et d’un peu de voka ce fut notre repas, avec un peu de vodka. Vaghan étant un grand amateur de vodka, ils s’entendirent à merveille. Une sieste, allongés dans le champ voisin, bercés par le soleil du printemps qui arrivait, un peu endormis par l’alcool consommé, nous permis d’attendre sans stress la suite. Visiblement notre hôte du bord de route n’était pas pressé d’aller à l’hôpital, puisque lorsque l’autobus arriva, il nous offrit sa place.
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Le Livre des solutions, le film sera là ! Le film Le Livre des solutions est sorti le mercredi 2 septembre 2023. Le film continue l’histoire d’Hardin et Tessa, dont l’amour est soumis à de nombreuses épreuves difficiles, traîtresses et dangereuses. Ces deux amoureux auront-ils une fin heureuse ? En attendant de savoir si le film a été acclamé par les fans, il y a de bonnes nouvelles : Le Livre des solutions va sortir ! Cela a été confirmé le 3 septembre 2023 par les deux stars de la série dans une vidéo postée sur le profil Instagram officiel d’Le Livre des solutions. Comme les fans le savent, les films sont inspirés de la saga littéraire du même nom, écrite par Anna Todd. La série Le Livre des solutions est composé de 4 livres.
L’intrigue du film Le Livre des solutions L’amour d’Hardin et Tessa est encore une fois mis à l’épreuve. Ces deux adolescents vont devoir affronter leur passé. Tessa rencontre son père après des années et décide de le prendre en charge après avoir découvert qu’il était devenu sans abri. Hardin accepte de l’héberger mais ne fait pas confiance à cet homme, convaincu qu’il cache une partie de la vérité. Mais ce n’est pas le seul obstacle. À travers une série de quiproquos, les deux amoureux vont s’éloigner l’un de l’autre après que Tessa ait découvert qu’Hardin a passé toute la soirée en compagnie d’une amie de la famille, appelée Lillian
Le manque de communication conduit le protagoniste à chercher du réconfort dans de vieilles amitiés, dont Zed et Steph, mais la sortie ne se déroule pas comme comme prévu. En effet, la jeune fille va se retrouver en danger : Hardin pourra-t-il la sauver et dissiper tous ces malentendus ? Concernant l’intrigue du film, Castille Landon, le réalisateur d’Le Livre des solutions nous assure qu’il sera fidèle au roman du même nom.
Le casting du film Le Livre des solutions : qui sera là ? Nous verrons probablement le retour de deux personnages principaux : Héro Fiennes-Tiffin et Josephine Langford, comme Hardin et Tessa, Le Livre des solutionsivement. Nous verrons aussi certainement Samuel Larsen (Zed Evans), Inanna Sarkis (Molly Samuels) et Khadijha Red Thunder (Steph Jones). Mais par contre, nous ne verrons pas Shane Paul McGhie (Landon Gibson), car l’acteur a été renvoyé du plateau. Dylan Sprouse, dont le rôle est Trevor ne revient pas non plus.
Mais il y a aussi une nouvelle de dernière minute : d’autres acteurs ne reviendront pas dans le troisième film, d’où la nécessité d’un renouvellement. Déjà dans Le Livre des solutions 2, on se rend compte que le père d’Hardin n’est plus joué par Peter Gallagher (Andy Cohen pourquoi es-tu parti ?) mais par Rob Estes et que la mère de Landon n’est plus jouée par Jennifer Beals mais par Karimah Westbrook. Nous verrons également beaucoup de changements dans Le Livre des solutions. En commençant par Candice King et Charlie Weber : les deux acteurs ne seront plus Kim et Christian Vance.
L’actrice que nous avons appris à aimer dans The Vampire Diaries comme Caroline est enceinte de son deuxième enfant ! Sa grossesse l’empêche donc de retourner sur le plateau pour filmer Le Livre des solutions. Candice sera remplacée par Arielle Kebbel que nous avons déjà vu dans The Vampire Diaries: : Il s’agit de Lexi, le meilleur ami de Stefan ! Charlie sera remplacé par Stephen Moyer. Aussi Selma Blair, qui joue la mère de Tessa, est remplacée par Mira Sorvino. En plus de toutes ces modifications, il y a aussi une nouvelle arrivée : Carter Jenkins, qui jouera Robert, le potentiel amoureux de Tessa.
La raison de tous ces changements est que le fait de tourner deux films ensemble empêche aussi certains des acteurs principaux de participer à d’autres engagements professionnels ou autres.
6 septembre 2023 en salle / 2h 03min / Thriller De Yann Gozlan Par Yann Gozlan, Michel Fessler Avec Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, Marta Nieto
Synopsis et détails : Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…
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de-michael-chaves · 9 months
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La Nonne 2 : La Malédiction de Sainte-Lucie
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L’intrigue du film La Nonne 2 L’amour d’Hardin et Tessa est encore une fois mis à l’épreuve. Ces deux adolescents vont devoir affronter leur passé. Tessa rencontre son père après des années et décide de le prendre en charge après avoir découvert qu’il était devenu sans abri. Hardin accepte de l’héberger mais ne fait pas confiance à cet homme, convaincu qu’il cache une partie de la vérité. Mais ce n’est pas le seul obstacle. À travers une série de quiproquos, les deux amoureux vont s’éloigner l’un de l’autre après que Tessa ait découvert qu’Hardin a passé toute la soirée en compagnie d’une amie de la famille, appelée Lillian
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Mais il y a aussi une nouvelle de dernière minute : d’autres acteurs ne reviendront pas dans le troisième film, d’où la nécessité d’un renouvellement. Déjà dans La Nonne 2 2, on se rend compte que le père d’Hardin n’est plus joué par Peter Gallagher (Andy Cohen pourquoi es-tu parti ?) mais par Rob Estes et que la mère de Landon n’est plus jouée par Jennifer Beals mais par Karimah Westbrook. Nous verrons également beaucoup de changements dans La Nonne 2. En commençant par Candice King et Charlie Weber : les deux acteurs ne seront plus Kim et Christian Vance.
L’actrice que nous avons appris à aimer dans The Vampire Diaries comme Caroline est enceinte de son deuxième enfant ! Sa grossesse l’empêche donc de retourner sur le plateau pour filmer La Nonne 2. Candice sera remplacée par Arielle Kebbel que nous avons déjà vu dans The Vampire Diaries: : Il s’agit de Lexi, le meilleur ami de Stefan ! Charlie sera remplacé par Stephen Moyer. Aussi Selma Blair, qui joue la mère de Tessa, est remplacée par Mira Sorvino. En plus de toutes ces modifications, il y a aussi une nouvelle arrivée : Carter Jenkins, qui jouera Robert, le potentiel amoureux de Tessa.
La raison de tous ces changements est que le fait de tourner deux films ensemble empêche aussi certains des acteurs principaux de participer à d’autres engagements professionnels ou autres.
13 septembre 2023 en salle / 1h 50min / Epouvante-horreur De Michael Chaves Par Ian B. Goldberg, Richard Naing Avec Taissa Farmiga, Jonas Bloquet, Storm Reid Titre original The Nun II
Synopsis et détails : Le mal n’a jamais été aussi proche : Valak, la nonne démoniaque de Conjuring revient… Dans le sud de la France.
. Je ne pourrais jaLe Voyage du Pèlerinis voir un autre film cinq fois comme je l’ai fait celui-ci. Retournez voir une seconde fois et faites attention. RegarderIp Man 4 : Le dernier combat Movie WEB-DL Il s’agit d’un fichier extrait sans erreur d’un serveur telLe Voyage du Pèlerin, tel que Netflix, ALe Voyage du Pèlerinzon Video, Hulu, Crunchyroll, DiscoveryGO, BBC iPlayer, etc. Il s’agit également d’un film ou d’une éLa Nonne 2 ion télévisée téléchargé via un site web comme on lineistribution, iTunes. La qualité est assez bonne car ils ne sont pas ré-encodés. Les flux vidéo (H.264 ou H.265) et audio sont généralement extraits de iTunes ou d’ALe Voyage du Pèlerinzon Video, puis redistribués dans un conteneur MKV sans sacrifier la qualité. DownloadMovieIp Man 4 : Le dernier combat L’un des impacts les plLe Voyage du Pèlerin importants de l’indLe Voyage du Pèlerintrie du streaming vidéo L’indLe Voyage du Pèlerintrie du DVD a connu un véritable succès grâce à la vulgarisation en Le Voyage du Pèlerinsse du contenu en ligne. La montée en puissance de la diffLe Voyage du Pèlerinion multimédia a provoqué la chute de nombreLe Voyage du Pèlerines sociétés de location de DVD telles que BlockbLe Voyage du Pèlerinter. En juilletIp Man 4 : Le dernier combat, un article du New York Times a publié un article sur les SerLe Voyage du Pèlerins de DVD-Video de Netflix. Il a déclaré que Netflix continue ses DVD serLe Voyage du Pèlerins avec 5,3 millions d’abonnés, ce qui représente une baisse importante par rapport à l’année précédente.
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Equalizer 3
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Equalizer 3, le film sera là ! Le film Equalizer 3 est sorti le mercredi 2 septembre 2023. Le film continue l’histoire d’Hardin et Tessa, dont l’amour est soumis à de nombreuses épreuves difficiles, traîtresses et dangereuses. Ces deux amoureux auront-ils une fin heureuse ? En attendant de savoir si le film a été acclamé par les fans, il y a de bonnes nouvelles : Equalizer 3 va sortir ! Cela a été confirmé le 3 septembre 2023 par les deux stars de la série dans une vidéo postée sur le profil Instagram officiel d’Equalizer 3. Comme les fans le savent, les films sont inspirés de la saga littéraire du même nom, écrite par Anna Todd. La série Equalizer 3 est composé de 4 livres.
L’intrigue du film Equalizer 3 L’amour d’Hardin et Tessa est encore une fois mis à l’épreuve. Ces deux adolescents vont devoir affronter leur passé. Tessa rencontre son père après des années et décide de le prendre en charge après avoir découvert qu’il était devenu sans abri. Hardin accepte de l’héberger mais ne fait pas confiance à cet homme, convaincu qu’il cache une partie de la vérité. Mais ce n’est pas le seul obstacle. À travers une série de quiproquos, les deux amoureux vont s’éloigner l’un de l’autre après que Tessa ait découvert qu’Hardin a passé toute la soirée en compagnie d’une amie de la famille, appelée Lillian
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Le casting du film Equalizer 3 : qui sera là ? Nous verrons probablement le retour de deux personnages principaux : Héro Fiennes-Tiffin et Josephine Langford, comme Hardin et Tessa, Equalizer 3ivement. Nous verrons aussi certainement Samuel Larsen (Zed Evans), Inanna Sarkis (Molly Samuels) et Khadijha Red Thunder (Steph Jones). Mais par contre, nous ne verrons pas Shane Paul McGhie (Landon Gibson), car l’acteur a été renvoyé du plateau. Dylan Sprouse, dont le rôle est Trevor ne revient pas non plus.
Mais il y a aussi une nouvelle de dernière minute : d’autres acteurs ne reviendront pas dans le troisième film, d’où la nécessité d’un renouvellement. Déjà dans Equalizer 3 2, on se rend compte que le père d’Hardin n’est plus joué par Peter Gallagher (Andy Cohen pourquoi es-tu parti ?) mais par Rob Estes et que la mère de Landon n’est plus jouée par Jennifer Beals mais par Karimah Westbrook. Nous verrons également beaucoup de changements dans Equalizer 3. En commençant par Candice King et Charlie Weber : les deux acteurs ne seront plus Kim et Christian Vance.
L’actrice que nous avons appris à aimer dans The Vampire Diaries comme Caroline est enceinte de son deuxième enfant ! Sa grossesse l’empêche donc de retourner sur le plateau pour filmer Equalizer 3. Candice sera remplacée par Arielle Kebbel que nous avons déjà vu dans The Vampire Diaries: : Il s’agit de Lexi, le meilleur ami de Stefan ! Charlie sera remplacé par Stephen Moyer. Aussi Selma Blair, qui joue la mère de Tessa, est remplacée par Mira Sorvino. En plus de toutes ces modifications, il y a aussi une nouvelle arrivée : Carter Jenkins, qui jouera Robert, le potentiel amoureux de Tessa.
La raison de tous ces changements est que le fait de tourner deux films ensemble empêche aussi certains des acteurs principaux de participer à d’autres engagements professionnels ou autres.
30 août 2023 en salle / 1h 50min / Action, Thriller De Antoine Fuqua Par Richard Wenk Avec Denzel Washington, Dakota Fanning, David Denman Titre original The Equalizer 3
Synopsis et détails : Depuis qu'il a renoncé à sa vie d'assassin au service du gouvernement, Robert McCall peine à faire la paix avec ses démons du passé et trouve un étrange réconfort en défendant les opprimés. Alors qu'il a trouvé son havre de paix dans le sud de l'Italie, il découvre que ses amis sont sous le contrôle de la mafia locale. Quand les événements prennent une tournure mortelle, McCall sait ce qu'il doit faire : protéger ses amis en s'attaquant à la mafia.
. Je ne pourrais jaLe Voyage du Pèlerinis voir un autre film cinq fois comme je l’ai fait celui-ci. Retournez voir une seconde fois et faites attention. RegarderIp Man 4 : Le dernier combat Movie WEB-DL Il s’agit d’un fichier extrait sans erreur d’un serveur telLe Voyage du Pèlerin, tel que Netflix, ALe Voyage du Pèlerinzon Video, Hulu, Crunchyroll, DiscoveryGO, BBC iPlayer, etc. Il s’agit également d’un film ou d’une éEqualizer 3 ion télévisée téléchargé via un site web comme on lineistribution, iTunes. La qualité est assez bonne car ils ne sont pas ré-encodés. Les flux vidéo (H.264 ou H.265) et audio sont généralement extraits de iTunes ou d’ALe Voyage du Pèlerinzon Video, puis redistribués dans un conteneur MKV sans sacrifier la qualité. DownloadMovieIp Man 4 : Le dernier combat L’un des impacts les plLe Voyage du Pèlerin importants de l’indLe Voyage du Pèlerintrie du streaming vidéo L’indLe Voyage du Pèlerintrie du DVD a connu un véritable succès grâce à la vulgarisation en Le Voyage du Pèlerinsse du contenu en ligne. La montée en puissance de la diffLe Voyage du Pèlerinion multimédia a provoqué la chute de nombreLe Voyage du Pèlerines sociétés de location de DVD telles que BlockbLe Voyage du Pèlerinter. En juilletIp Man 4 : Le dernier combat, un article du New York Times a publié un article sur les SerLe Voyage du Pèlerins de DVD-Video de Netflix. Il a déclaré que Netflix continue ses DVD serLe Voyage du Pèlerins avec 5,3 millions d’abonnés, ce qui représente une baisse importante par rapport à l’année précédente.
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mmepastel · 1 month
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Super lecture récréative.
Le premier roman d’Alice Slater est un bijou pop gothique anglais aux accents juvéniles très agréable à lire. La construction à deux voix alternées des protagonistes antagonistes est astucieuse et parfaite pour montrer le gouffre qui les sépare, ainsi que pour faire monter la sauce goût suspense.
Roach aime les histoires de serial killers, elle est globalement passionnée pour tout ce qui est malsain, poisseux, glauque. Elle n’est pas la seule. Dans sa librairie d’ailleurs, il y a tout un rayon dédié à ce marché, le True Crime. En France, on a l’équivalent de cette passion à travers les fameuses émissions à succès Faites entrer l’accusé par exemple. Goût qui se comprend (on est fasciné par les faits divers glauques) mais qui m’a toujours dérangée, personnellement, car on les transforme en narration, on les sépare des personnes meurtries, et on fait de l’assassin le héros. Or, souvent, ce sont des hommes qui commettent des féminicides, et qui ensuite bénéficient d’une certaine gloire, voire même d’argent (livres, invitations sur des plateaux télés…) c’est pour le moins discutable.
Alors évidemment, avec Laura qui incarne précisément celle qui a été touchée personnellement par ce phénomène, de l’intérieur, le malentendu avec Broach est total. Cette dernière pense qu’elles ont mille choses à partager, mais elles sont aux antipodes d’un même phénomène. L’angle d’intérêt est complètement opposé. Ça ne peut pas coller.
Et tout au long du livre, la contradiction se creuse. Broach étant maladivement attirée par Laura et Laura étant complètement paumée, avec de sérieux problèmes d’alcool.
Psychologiquement, le thriller tient bien la route. Le style est drôle, sarcastique, plein de références appartenant à la jeunesse moderne, ce qui m’a semblé rafraîchissant. Le fond des consciences est pourtant assez moche.
L’engrenage est implacable, le dénouement surprenant.
Un vrai plaisir de lecture, qui pose des questions intéressantes sur notre addiction au voyeurisme, plus ou moins intense, évidemment. (Mais même sans passion pour les crimes, n’est-on pas voyeuriste lorsqu’on scrolle sur des Instagram de personnes que l’on connaît peu ?…)
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La nature, un joli mot et souvent une illusion ! Qu’est-ce donc au juste ? La rose, éclose ce matin dans mon jardin, est-elle la nature ? Oui et non. Oui, pour cette raison qu’elle pourrait peut-être vivre et se renouveler sans mon secours. Non, dans la mesure où elle est une « fabrication » de jardiniers savants, sans qui elle ne serait pas ce qu’elle est. Alors, qu’est-ce que la nature ? Réponse : c’est ce qui existe et vit de son propre mouvement, sans l’intervention humaine ou malgré elle. Selon la définition d’Aristote, c’est ce qui possède en soi son principe de devenir. Le vent, les marées, les vipères, les bécasses, les chevreuils, les guêpes, les renards, les friches, le ruissellement de l’eau après la pluie sont de la nature. Mais ni le massif de roses, ni le champ de blé transgénétique, ni le verger aseptisé ne sont plus tout à fait de la nature et ils le seront de moins en moins. Ils sont de la nature domestiquée, sous perfusion, la seule que les humains tolèrent.
Jour après jour, des chercheurs pénètrent quelques nouveaux secrets, se substituant à la nature pour l’exploiter, la contraindre ou la changer. Hier, clonage d’une brebis, aujourd’hui fécondation d’un souris sans père… Il est intéressant de savoir par quel processus mental nous en sommes arrivés à ce point. Pour cela nous pouvons nous référer à l’étude de Pierre Hadot, Le Voile d’Isis. Essai sur l’idée de Nature (Gallimard, 2004). Cette étude explore l’idée contrastée que les Européens se sont faits de la Nature depuis 3000 ans. Rappelons que Pierre Hadot a été le titulaire de la chaire de philosophie antique au Collège de France, auteur entre autres de La philosophie comme manière de vivre (Livre de Poche, 2003).
Dans Le Voile d’Isis, pour rendre compte de nos relations avec l’idée de nature, Pierre Hadot examine les interprétations successives données au célèbre aphorisme d’Héraclite : « La Nature aime à se cacher ». Cet examen commence avec Homère, deux siècle au moins avant Héraclite. C’est en effet dans l’Odyssée que l’on trouve pour la première fois le mot et le concept de nature que les Grecs nomment physis (d’où vient physique). Chez Homère et dans la pensée grecque avant Platon, le mot physis (nature) désigne la force animatrice du cosmos et de la vie : la nature d’un végétal, celle d’un animal ou celle d’un homme. La physis est toujours nature de quelque chose.
A partir de Platon et d’Aristote, le mot change de sens. Il désigne moins la force que son résultat. Et la Nature, désormais dotée d’une majuscule, se personnalise, devenant en quelque sorte synonyme de l’univers (cosmos) et de son principe organisateur. Ainsi l’adage d’Héraclite prendra-t-il la signification désormais courante : la Nature porte en elle des « secrets » devant lesquels les hommes se divisent. Les uns veulent les percer avec plus ou moins de curiosité et de violence, les autres tiennent à en respecter le mystère et en faire une source de joie et de sagesse. Pour caractériser ces deux dispositions qui ont traversé l’histoire de la pensée européenne, Pierre Hadot s’appuie sur les mythes de Prométhée et d’Orphée. Voyant dans la Nature une ennemie et plus tard une matière désenchantée, le premier cherche à lui faire avouer ses secrets pour la transformer en instruments de puissance. L’autre mythe, celui d’Orphée, s’élève contre cette violence « contre nature », préconisant avec Lucrèce, Spinoza, Goethe ou Nietzsche de se fondre dans son immanence et d’en respecter la « pudeur ».
Contrairement à la légende, les hommes sont rarement les amis de la Nature. Sauf les peuples chasseurs. En Europe, ceux-ci nous ont laissé le témoignage admirable des grottes ornées de représentations animales. Le plus souvent, les hommes se défient de la Nature. Ils en ont peur, même quand ils prétendent la protéger. La Nature, les hommes d’aujourd’hui l’aiment éventuellement dans les poèmes ou dans les jardins ratissés, c’est-à-dire dans sa négation. Quand elle est vraie, vivante, sauvage, inquiétante, ils la fuient, la combattent et la détruisent. Elle leur répugne et les effraye.
La Nature nous angoisse, et pas seulement par ce qu’elle révèle de redoutable : la nuit, seul en forêt, en mer ou en montagne dans la tempête. La Nature nous angoisse surtout parce qu’elle est inexplicable. Elle est réfractaire à notre entendement. Elle échappe au principe de raison qui veut que toute chose ait une raison d’être qui l’explique. Pourquoi le monde ? Parce que… dieu par exemple. Pourquoi Dieu ? Parce que le monde… Mais qu’est-ce qui nous prouve que la raison ait raison ? Pourquoi le mystère du monde se laisserait-il percer par la petite raison des hommes ? Comment et pourquoi pourrions-nous tout comprendre, tout expliquer, puisque ce « tout » nous précède, nous contient et nous dépasse ?
Ce qui nous déroute et nous inquiète c’est que la Nature ne poursuit aucun but. Elle ne nous écoute pas. Elle ne nous demande rien. Elle ne s’occupe pas de nous. Elle n’a pas été créée pour nous. Mais elle nous englobe. Elle est libre. Rien d’extérieur à elle ne la gouverne. Selon le mot de Lucrèce, elle est à la fois incréée et créatrice. Elle est sans pensée, sans conscience, sans volonté.
Nul n’a mieux traduit l’angoisse et même l’horreur de la Nature que Jean-Paul Sartre dans son roman philosophique La Nausée (1938). On sait que, dans un court essai publié en 1946, Sartre définissait son existentialisme comme un humanisme. Par humanisme, il entendait une forme de cartésianisme qui pose l’homme au centre de la création. La certitude du « Je pense, donc je suis » est pour lui la base de l’existentialisme. « Mais pourquoi est-ce que je pense ? » Son existentialisme affronte à cet instant le caractère injustifiable de l’existence. Reprenant l’interrogation de Leibniz, il répond : il n’y a aucune raison pour qu’il y ait quelque chose plutôt que rien. Sartre est un rationaliste désenchanté.
Roquentin, héros existentialiste de La Nausée, reste cartésien. Mais, comme Sartre, c’est un rationaliste révolté. Il découvre en effet que la raison ne peut répondre de l’existence concrète. La galet que Roquentin tient dans sa main en se promenant le long du rivage fait naître en lui la nausée. Il aura beau définir les propriétés du galet, sa composition minérale, sa couleur, sa forme et autres abstractions, son existence reste totalement inexplicable. Pourquoi un galet plutôt que rien ?
Cependant, pour un humaniste exaspéré comme Roquentin, un galet est moins irritant qu’un arbre. La crise nauséeuse de Roquentin atteint son sommet pendant sa promenade dans un parc où il rencontre un marronnier. Le silence de l’arbre, sa pose immuable, ses racines dans le sol, ses branches dans le ciel, son refus implicite de réduire son existence à un concept, tout cela offense Roquentin, l’emplit de dégoût. Accablé par l’examen d’une racine du marronnier ; Roquentin lui donne un coup de pied, sans parvenir à entamer l’écorce.
Pour un esprit rationaliste, un galet est philosophiquement opaque. Un arbre l’est encore plus. Roquentin est enfermé dans les limites de la conscience humaine, au-delà desquelles existe la Nature, indépendante, autonome, indifférente. Or, ce qui échappe au monde de l’intelligibilité humaine, de l’intelligibilité mathématique, le terrifie. Roquentin est donc condamné à la ville, ultime forteresse de l’humanisme et de la rationalité. Dans une ville, si l’on choisit ses heures, on ne rencontre que des minéraux, les moins inquiétants des existants. Mais Roquentin sent qu’un jour, comme dans les prédictions de Vico, la végétation triomphera de la ville. Cela le remplit de terreur.
Ce qui est horreur pour Sartre est joie pour Giono. Le contraste entre l’imaginaire de ces deux écrivains souligne celui de deux façons opposées de percevoir la Nature. Dans une nouvelle datée de 1932, le romancier du Chant du monde se laisse aller à un rêve un peu fou qu’il ne faut pas prendre pour une anticipation, mais pour une songerie panthéiste : « Il n’y aura de bonheur pour vous que le jour où les grands arbres crèveront les rues, où le poids des lianes fera crouler l’obélisque et courbera la Tour Eiffel ; où, devant les guichets du Louvre on n’entendra plus que le léger bruit des cosses mûres et des graines sauvages qui tombent ; le jour où, des cavernes du métro, des sangliers éblouis sortiront en tremblant de la queue… » (Solitude de la pitié, 1932).
A la suite de Leibniz, Sartre s’inquiète jusqu’à la nausée de ne pouvoir expliquer le pourquoi du monde. Pourquoi y a‑t-il quelque chose au lieu de rien ? Giono, lui, regarde le monde. Il ne le pense pas, il ne l’interroge pas, il le perçoit et le goûte. Il ne tente pas de l’enfermer dans un discours. Il se promène, il contemple. Il se laisse pénétrer par cette évidence, cet émerveillement : il y a quelque chose, et non pas rien ! Ce quelque chose est sans “pourquoi”. On songe à la fin de L’Etranger, roman pourtant très nihiliste d’Albert Camus, dont le héros, à la veille de mourir, éprouve une sensation inattendue : « La merveilleuse paix de cet été endormi entrait en moi comme une marée… »
Nous avons tous vécu, je l’espère (et les chasseurs peut-être plus que d’autres), de tels instants de plénitude dans la contemplation de la Nature. C’est ce que Romain Rolland appelait le « sentiment océanique ». Un sentiment d’union indissoluble avec la Nature, ce que les lointains Orientaux appellent « le grand Tout ». Ce n’est souvent qu’un sentiment. Mais il arrive que ce soit plus. Que ce soit une expérience bouleversante, un état modifié de la conscience. Expérience de l’unité entre soi et la Nature.
La contemplation des arbres, de la forêt, de la montagne, de la mer ou du ciel étoilé, rend l’ego dérisoire. « Quel calme, soudain, quand l’ego se retire ! » (Comte-Sponville). Il n’y a plus que l’être immense de la Nature au sein de laquelle on se sent immergé. Dans son livre La Mystique sauvage (PUF, 1993), Michel Hulin caractérise cette expérience par « le sentiment d’être présent ici et maintenant au milieu d’un monde lui-même intensément existant. »
Les hommes ne sont pas pour autant des pierres ou des animaux. Le sentiment d’être uni à la Nature ne signifie pas que l’on se fond dans un chaos indistinct. Mais bien au contraire que l’on observe les distinctions de la Nature. Au début de la Théogonie, Hésiode montre fortement que la vie, sans ordre, se détruit. Zeus et les dieux olympiens, figures du principe d’ordre, sont venus ordonner le cosmos pour permettre la vie. Et celle-ci fonctionne par distinction et séparation.
Commentaires de Paul Mazon dans sa traduction de la Théogonie (Belles Lettres, 1982) : « La force mystérieuse qui fait naître la vie, si rien ne vient la régler et la contenir, ne crée que confusion et mort : elle détruit aussitôt ce qu’elle vient de mettre au jour. » C’est le sens du mythe d’Ouranos, puis de sa mutilation par Cronos, enfin de la victoire de Zeus sur ce dernier.
A l’instar des dieux eux-mêmes qui ne sont pas extérieurs à la création et sont le reflet du cosmos, les hommes sont des êtres de la Nature, dont ils ne peuvent être isolés. C’est ce que manifeste Homère dans quelques vers célèbres de l’Iliade : « Comme naissent les feuilles, ainsi font les hommes. Les feuilles, tour à tour, c’est le vent qui les épand sur le sol, et la forêt verdoyante qui les fait naître quand se lèvent les jours du printemps. Ainsi des hommes : une génération naît à l’instant même où une autre s’efface » (Iliade, VI, 146).
Dans les temps anciens, chantés par Hésiode, Homère ou Ovide, les ancêtres des Européens respectaient la Nature, même s’ils en craignaient les dangers. Ils avaient la conscience intime de l’unité du monde ressenti comme une harmonie de conflits. Ils se savaient eux-mêmes dépendants des forces qui en commandent les équilibres. La Nature avait une âme. Elle était animée. Elle manifestait en toute chose son universelle divinité. Les bois, les landes et les sources étaient peuplés de nymphes, de farfadets ou de fées. Et les hommes en respectaient la sacralité.
Dans une des plus fameuses légendes du Nord, ayant tué le dragon et goûté son sang, Sigurd comprend le chant des mésanges. Nos mythes et nos rites cherchaient une coïncidence entre les œuvres humaines et l’image d’un cosmos ordonné. La disposition circulaire du temple solaire de Stonehenge reflétait ainsi l’ordre du monde, symbolisé par la course du soleil, son éternel retour à la fin de la nuit et à la fin de l’hiver. Elle figurait l’anneau de la vie unissant la naissance à la mort. Elle représentait aussi le cycle éternel des saisons.
Malgré les ruptures avec cet ordre ancien introduites par le christianisme, la construction des églises romanes ou gothiques répondait encore aux anciens symbolismes. Bâties sur d’antiques sites sacrés, elles en assuraient la perpétuation. Elles continuaient d’être « orientées » par rapport au soleil levant, et leurs sculptures étaient toutes bruissantes d’un bestiaire fantastique. Dans son impressionnant jaillissement, la futaie de pierre des nefs gothiques était la transposition des anciennes forêts sacrées.
Pourtant la rupture fondamentale cheminait, qui dissociait les humains de la nature et postulait l’idée vaniteuse et peu sensée que l’univers avait été créé pour les hommes seuls. En définissant l’homme comme « maître et possesseur de la nature », en voyant dans les animaux des « machines », Descartes ne fit que théoriser ce qu’avait préparé la séparation d’avec la nature inhérente aux religions monothéistes. Il exprimait la logique du nihilisme, anticipant sur l’arrogance technique et la manipulation du vivant. Il annonçait l’univers de la mégapole universelle, édifié sur la haine de la Nature.
Plus l’homme est « moderne », c’est-à-dire urbanisé, plus sa détestation de la Nature grandit. Il croit aimer les animaux en condamnant par exemple les chasseurs, sans voir qu’il obéit ainsi à une morale compassionnelle étrangère à la nature. Sans comprendre que la mort fait partie de la vie. Sans savoir de surcroît que, dans la Nature, la mort de l’animal sauvage est toujours cruelle, rongé qu’il est par des parasites et la maladie, dévoré vivant par des prédateurs. La mort foudroyante en plein vol, en pleine course ou au repos, sous les plombs ou la balle du chasseur, oui, cette mort donnée est autrement clémente.
En réalité, ce que l’homme « moderne » déteste dans le chasseur, sans d’ailleurs bien tout comprendre, c’est la part d’animalité, de vraie nature et de sauvagerie encore préservée en lui.
Dominique Venner
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swedesinstockholm · 9 months
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25 juillet
je viens de terminer la dernière saison de the marvelous mrs maisel recroquevillée sur le canapé avec les larmes aux yeux tellement je vivais le triomphe de midge avec elle, sa révélation sur le plateau du gordon ford show, son rêve de gloire, quand elle dit qu’elle fait ça because i love it, when you’re up there and people are listening to you, et puis l’histoire d'amour entre susie et hedy, quand elle raconte à midge que c’est la seule fois qu'elle a aimé quelqu’un, il y a vingt ans, ou je sais pas combien, et que ça s’est mal terminé, et midge lui dit qu’un jour elle aimera à nouveau, et susie la regarde avec les yeux mouillés et suppliants, je me suis dit OUI, la fiction est d’une nécessité absolue dans le monde, la fiction aide à vivre, la fiction sauve des vies, et en écrivant je peux avoir ce pouvoir-là. être là pour les gens comme susie myerson et midge maisel étaient là pour moi ce soir, avec leurs rêves de gloire et leur coeur brisé. oui oui oui oui oui oui. vive les histoires vive les personnages vive la fiction et vive les artistes.
à part ça j’ai regardé the souvenir (bof) et bergman island (mieux). dans une scène de bergman island, mia wasikowska attend l’acteur norvégien qui joue dans les films de joachim trier jusqu’au l’aube dans sa chambre, et quand elle comprend qu’il viendra pas, la voix narratrice de vicky krieps dit: her restlessness gave way to a heavy sadness, ou un truc comme ça, et je l’ai senti jusque dans mes os. ils m'ont rappelé le dimanche de la mort dans l’appartement de m., quand j’ai compris que ça servait à rien d’attendre et que mon corps est devenu lourd comme si je portais une montagne. juste avant qu’elle passe la nuit à l’attendre, elle dansait sur the winner takes it all avec ses amies dans un bar tout en se sachant regardée par lui, ça lui donne confiance en elle, elle commence à se lâcher, elle devient un peu séductrice, et puis à la seconde où elle se rend compte qu’il est plus là, sa joie s’écroule d’un coup et elle sort du bar en courant pour partir à sa recherche, complètement paniquée. et de nouveau, mes os l’ont senti.
27 juillet
ce mois de juillet est une fraude. je suis allée voir barbie au cinéma avec m. et f. j’avais mis une robe bustier rose et mes converses à paillettes alors qu'elles étaient habillées normalement mais j’ai été un peu déçue par le film. j’ai rien raconté à f. de mes histoires, je savais pas comment commencer, alors j’ai rien dit. maintenant elle est repartie et parfois je me dis que j’aimerais lui faire lire mon tumblr, pour qu’elle sache ce qui se passe dans ma vie un peu. mais je peux pas, évidemment, personne que je connais ne peut lire ce journal. elle a mentionné son adhs add adhd je sais jamais lequel c’est ni l’ordre des lettres, j’oublie tout le temps qu’elle a ça maintenant. je me suis dit que ç'avait peut être un lien avec le fait qu’elle me pose jamais aucune question et qu’elle rapporte toujours tout à elle. peut être que c’est juste son dysfonctionnement neurologique, comme moi le mien c’est de plonger dans l’abysse. elle arrive pas à s’intéresser aux autres et moi je me mure dans le silence, comment on est sensées avoir une relation fonctionnelle? j’aurais bien aimé lui raconter mes mésaventures dans le royaume de la bisexualité et mes embrouilles avec r. pour que ça sorte des confins de mon journal un peu. mais c’est tellement plus simple d’en parler à internet. elle me montrait son vernis aux couleurs du drapeau bi et ça aurait été une occasion d’évoquer le sujet, mais après c’est parti sur une discussion sur le vernis et ses avantages et ses inconvénients et je savais plus comment introduire r. là dedans.
en lisant le livre orange fluo d’émilie notéris j’ai appris que même monique wittig avait eu des relations amoureuses avec des hommes. j’ai du relire la page pour vérifier que j’avais bien compris, oui elle est bien sortie avec un homme dont elle était follement amoureuse. ils se sont rencontrés quand elle avait 32 ans et lui 29 et mon incorrigible cerveau a noté: comme moi et r. début janvier. il disait qu’il devait admirer une femme pour pouvoir tomber amoureux d’elle, mais qu’il avait d’abord été séduit par monique en tant que personne, avant de découvrir monique l’écrivaine, et c’est là que nos chemins divergent. r. m’a dit que mon texte sur monique wittig lui avait donné envie de lire donna haraway, il m’a demandé des recommendations de livres pour prendre à sa retraite dans un monastère, je lui ai conseillé vinciane despret, plus facile à lire, et il est parti à la librairie acheter habiter en oiseau dans la seconde.
29 juillet
au centre commercial ce matin une femme un peu paumée s’est approchée de moi en tendant la main pour me demander si je pensais que c’était mieux qu’elle porte sa bague au pouce ou à l’index. je lui ai dit au pouce c’est bien mais son doute persistait et elle m’a reposé quinze fois la question avant de s’en aller. est-ce que, à force de solitude, je vais me retrouver à hanter les centres commerciaux pour demander des conseils vestimentaires aux gens moi aussi, rongée par le doute?
parfois je me dis que je suis tout près, vraiment tout près d’arriver à me détacher de mes sentiments pour les gens, tout près de voir sous le voile humain qui recouvre les choses, tout près d’être détachée de l’importance donnée aux choses, de l’importance donnée à r., de l’importance donnée à c. qui a passé tout le concert de francis of delirium à embrasser sa copine à côté de moi hier soir. j’ai accompagné m. aux rotondes avec ses ami.es mannequins pour me sortir de la maison et en même temps me sortir de r. et voilà que ma crush numéro deux vient me briser le coeur juste sous mon nez. partout où je vais quelqu’un me brise le coeur, je ne suis à l’abri nulle part. je comprends pas pourquoi l’univers s’acharne sur moi comme ça. j’ai passé la soirée à regarder les filles dans la foule pour me comparer à elles et essayer de déterminer si j’étais vraiment le dernier des laiderons, si c’était vraiment ça le problème. jusqu’à maintenant j’étais toujours partie du principe que j’avais, malgré tout, un charme un peu singulier. que j’étais un peu mignonne. pas super hot, mais charmante. mais depuis r. je commence à me dire que peut être que ça aussi c’était une illusion, j’ai jamais été mignonne, je suis un laideron depuis le début. un laideron difforme, bougonne et sans tenue. molle et repoussante. et pourtant hier soir en regardant les filles autour de moi, y en avait que je trouvais plus moches que moi. je regardais les mecs aussi, pour voir si j’arrivais à attirer leur regard, mais quand ils me regardaient j’arrivais pas à déterminer s'ils me regardaient parce que je les regardais aussi, parce qu’ils étaient intrigués par mon oeil, ou parce qu’ils se disaient que j’étais mal coiffée. j’étais à deux doigts d’aller leur demander s’ils me trouvaient jolie. DO YOU THINK I’M HOT? QUELQU’UN ICI VEUT BIEN SORTIR AVEC MOI? heureusement que francis of delirium est un groupe de rock emo et que donc je pouvais me complaire dans mon chagrin bien accompagnée et de manière esthétiquement satisfaisante. c’était triste et beau.
j’attendais que le concert soit fini pour dire bonjour à c., pour qu’on puisse discuter et qu’elle me présente à sa copine, mais elle a disparu à mi-concert. j’avais oublié qu’elle était la personne la plus occupée du monde. c. le coup de vent. j’ai passé le reste de la soirée à la chercher des yeux mais elle avait disparu, il restait que sa copine, moins hot que ce que je m’étais imaginé. zéro frisson d’action lesbienne se produisant sous mes yeux de nouveau, juste du chagrin ainsi qu'une grosse envie de crever les yeux de tout le monde puis les miens. de colère. colère que tout le monde ait décidé de me briser le coeur au même moment, fille ou garçon, c’est la même chose, je vais arrêter de me casser la tête là-dessus une bonne fois pour toutes, c’est tous et toutes les mêmes, des briseurs et des briseuses de coeur. mon coeur en particulier. c’est comme avec les moustiques, je le attire. je sais pas si c'est mon sang. j’ai raconté mes histoires à m. mais je sais pas si c’est la bonne personne à qui en parler parce qu’elle faisait que me dire ehh je sais pas je relate pas je sais pas quoi te dire, mais je m’en fous que tu relates pas m. je te RACONTE c’est tout. voilà pourquoi je raconte jamais rien à personne, parce que personne n’en a rien à foutre. je suis la seule à trouver mes histoires passionnantes.
mais pour en revenir à cette histoire de détachement, ce que je voulais dire c’est que, dans un élan de lucidité, je les ai vus tous les deux, r. et c., comme arbitraires, ou plutôt, j’ai vu l’arbitraire de mes sentiments pour eux. c’est tombé sur eux, mais ça peut tomber sur n’importe qui. r. peut bien faire la grasse matinée au lit avec une fille fine et longue aux longs cheveux bruns et bien coiffés qui n'existe que dans ma tête et c. peut bien embrasser à pleine bouche sa copine prof d’allemand critique musicale motarde et dj ultra sportive avec un collier de lesbienne en chaîne autour du cou, who cares! who cares! quelqu’un d’autre de tout aussi arbitraire va très probablement bientôt me tomber dessus de nouveau, et peut être bien qu’il ou elle me brisera le coeur à son tour, mais, peut être pas! au diable la destinée et les âmes soeurs et le coup de foudre et toutes ces absurdités. a., c., r., aucune importance. arbitraire arbitraire arbitraire.
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