Tumgik
unehistoirealafois · 4 years
Text
Ophelia ; 1
C’est de ces jours où il faut faire semblant, de ces jours où il faut plaquer sur le visage un sourire factice, un sourire forcé, un sourire répété. C’est de ces jours où le trou dans la poitrine est trop grand, béant, le vide qui prend tellement d’espace sans prévenir, et où il n’y a pas d’autre choix que de le laisser faire. De le laisser se nourrir, de tout ce qu’il peut trouver : sentiments, regrets, doutes, peurs, espoirs, amours. Il dévore tout sans un regard sans aucune pitié. Il dévore tout jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien, pas même un bout d’os à sucer. C’est de ces jours comme elle les hait, où l’envie de rester au lit est si grande. Tout serait tellement plus simple, dormir jusqu’à demain, ouvrir de nouveau les yeux et se rendre compte que tout va mieux. Mais elle n’a pas le droit. Elle n’a jamais eu le droit. 
Ophelia finit par rejeter la couette, tout son corps lui semble lourd, douloureux, mais elle se force jusqu’à la salle de bain, passe surement trop de temps sous l’eau chaude pour essayer d’émerger. Rien n’y fait. Gestes mécaniques pour se préparer, avoir l’air à peu près humaine en coiffant ses cheveux en pagaille, en appliquant son maquillage pour camoufler les cernes, les quelques boutons provoqués par le manque de sommeil, les dernières traces de bleu violet sur sa gorge. Les simples gestes du quotidiens l’épuise déjà, alors qu’il faut encore réussir à tenir toute la journée, une envie de pleurer alors qu’elle se regarde dans le miroir. “Tu vas y arriver”. Murmuré à son reflet, l’index qui trace délicatement le rebord de l’objet. 
Il n’y a personne dans l’appartement, deux nuits que Maze n’est pas repassé par l’appartement, son absence devrait l’inquiéter, mais au fond Ophelia se sent peut même un peu soulagée. leur engueulade résonne encore entre les murs, elle revoit la scène dans une grimace, la violence de la colère de Mazeo, le verre jeté contre le mur, des éclats ramassés à la main comme si rendre le salon de nouveau immaculé pouvait réparer leurs sentiments brisés. Elle reste encore un instant à regarder le salon trop vide, avant d’attraper sa valise et sortir de l’appartement.
Les rues de Strawberry Field sont toujours froides le soir, un mélange de pénombre, de brouillard, et de lumières vacillantes. Les touristes se plaignent toujours, prétextent ressentir l’impression d’être acteur d’un vieux polar foireux où l’on trouve des cadavres à chaque coin de rue. Ils n’ont pas tort au fond, il n’est pas rare de trébucher sur le corps d’un homme entrain de se vider de son sang, une balle entre les yeux, les poches vides d’argent. Mais ça Ophelia ne le remarque plus. Une caractéristique de tous ceux nés à Strawberry Field, cette même lueur éteinte dans le regard, cette même façon de marcher le dos légèrement courbé, penché, et puis l’absence de peur dans l’aura, juste….De l’indifférence, des années à assister à la même chose encore et encore, une habitude qui s’est installée. Ophelia fait parti de ces gens là, de ceux qui ne tic même pas quand un coup de feu résonne dans la nuit. Elle se contente de trainer sa valise jusqu’au Bella’s Lair, les écouteurs dans les oreilles, la musique trop forte comme pour essayer de se convaincre de ne pas faire demi-tour, de ne pas déserter.
Personne n’est encore arrivé parmis les clients, juste une salle qui se prépare, le larbin qui passe la serpillère, Ophelia dépose un baiser léger sur sa joue mal rasée avant de toquer à la porte du bureau de Bella. “Je vais me changer” qu’elle annonce en saluant la brune qui se tient debout au milieu de la pièce, une liasse de papiers dans les mains. “Ha oui, pas de soucis, vois avec Sean pour ton passage, je crois que Cherry est absente ce soir”. Elle retient un encore ? qui lui brûle les lèvres avant d’hocher la tête. “Ca va Bella ?” d’un geste du menton elle désigne la liasse de documents, documents que la brune s’empresse de jeter sur le bureau avant de soupirer. “Oui, ne t’en fais pas, juste une histoire à propos de Moriarty, tu sais comment c’est…” Nouveau hochement de tête, Ophelia sourit tristement. “Je vois, courage pour ça…” avant de tourner les talons pour aller se changer.
Les loges sont calmes ce soirs, quelques filles déjà là qu’elle salue d’un hochement de la tête avant de s’installer à sa coiffeuse. Une nuit comme les autres à se préparer, finir le maquillage, camoufler la misère à coup de paillettes et de strass. Linn l’aide à serrer son corset, fort, très fort, trop fort, jusqu’à lui couper le souffle. Cela ressemble presque à une punition, la douleur pour pour la maintenir éveillée. La soirée s’annonce longue. “Il va y avoir encore personne ce soir” soupire Linn. “C’est mauvais tout ça…” Qui dit soirée calme, dit peu de clients, qui dit peu de clients, dit peu d’argent, qui dit peu d’argent, dit tout une tonne de problèmes pour les filles du Bella’s Lair. “Je suis certaine que ça va passer.” Répond Ophelia en se redressant, dernière touche finale, le miroir lui renvoie une toute autre image : de la pauvre gamine de 24 ans aux cernes mal camouflées. Même après des semaines de show, elle ne s’habitue toujours pas à se voir comme ça. Femme. Non. Forte. “J’y vais, je crois que Sean veut me faire passer en première”. 
La musique sur scène crépite un peu, une vieille musique tirée d’un album d’hardrock des années 70 alors qu’Ophelia monte sur scène. Rapidement elle parcourt la salle du regard, en effet les tables sont presques vides. Les mains qui agrippent la barre, elle ferme les yeux pour se couper du reste du monde, tout oublier juste danser. Et elle ne voit pas, au fond de la salle, l’homme assis à sa table. Le même, encore. Toujours le même. Son regard glisse sur Evander sans même le voir, pendant que ce dernier, ne semble pas pouvoir détourner ses yeux de la scène. Il connaît par coeur sa routine pourtant, à attendre dans un coin de table, café fumant, la cigarette au bord des lèvres, le coeur battant. Non. Elle ne le voit pas. Toujours pas. Et ça lui convient comme ça.
Un jour peut être il prendra son courage à deux mains pour lui offrire un verre.
Un jour peut être. 
Mais pas ce soir.
Ni demain.
Mais un jour, c’est certain.
0 notes
unehistoirealafois · 5 years
Text
Tumblr media
Identité : Ophelia, d’origine grecque (οφελος) et signifie “Aide”.
Surnom : Poppy, pavot, opiacée qui éponge la douleur.
Âge : 23 ans environ, en paraît parfois moins, parfois plus, visage changeant selon les artifices. 
Date de naissance : 25 juin, plein après midi. 
Métier : Enchaîne un peu tout ce qui lui tombe sous la main, femme de ménage, serveuse, infirmière de secour. Nouvelle danseuse au Bella’s Lair, pas tous les soirs, juste de quoi arrondir les fins de mois. 
Caractère : Douce, loyale, empathique (surement un peu trop), coeur en verre, altruiste, solitaire, un brin naïve, peut se montrer ferme quand c’est nécessaire, mélancolique, ordonnée, créative, en cage. 
Apparence : Caucasienne, pas très grande, brune aux cheveux mi-long, les yeux marrons, souvent cernés. Fine, peut être un peu trop, visage de poupée, les lèvres rouges, toujours soignée. Style vestimentaire un peu vieillot, pudique, ne montre que rarement sa peau : manches longues et collants, se cache comme elle peut sous des jupes à volants. 
Relations : En couple, bientôt fiancée paraitrait que c’est le bon cette fois, cette blague. C’est houleux et violent, c’est pas très beau, des bleus au corps et au coeur, mais c’est comme une dernière chance.
Famille : Nombreuse, soudée, famille d'immigrés liés à la pègre, deux frères en prison et une soeur six pieds sous terre, ils ont pas une bonne réputation dans le quartier. Mouton noir de la famille, trop sensible, incapable de se salire les doigts, pourtant elle fait tout pour les aider, panse leurs blessures de guerre, vient pleurer au commissariat pour les sortir de là.
Particularités physiques : Des cicatrices le long des bras, sur le ventre et puis les cuisses, qu’elle cache comme elle peut. Plusieurs tatouages, une fleur de pavot sur le poignet notamment. 
Particularités mentales : Bipolarité diagnostiquée, une mélancolie qui colle à la peau, trop semblable à sa grand mère et à sa tante. 
Aime : Les choses bien ordonnées, danser, le jazz, cuisiner, sa famille, l’aube.
N’aime pas : L’odeur du tabac froid, les conflits, qu’on s’en prenne à sa famille, les mensonges
Personnalité : Défenseur ; ISFJ-T
Signe Astrologique : Cancer
Arcane : Le Pendu
Alignement : Loyal - Bon
Fleur : Pavot 
Chanson thème : Trouble - Halsey (x) & Crier tout bas - Coeur de Pirate (x)
1 note · View note
unehistoirealafois · 5 years
Text
Evander ; 01
Un café, deux cafés, trois cafés, et la même ambiance moite qui colle à la peau. Les néons rouges de mauvais goûts, et sur la scène, cette femme qui danse, comme si elle tirait sa révérence. Un autre café ? Oui, un quatrième, et surement un cinquième, de quoi tenir la nuit, la route, de ces heures dans le vide à attendre l’instant fatidique. Toujours la même scène, la cigarette entre les lèvres et la fumée qui s’envole, ici personne ne viendras t’embêter pour que tu l'éteigne, condamnés nous le sommes tous un peu, au fond, et c’est pas un cancer de plus qui pourrait nous effrayer. J’ai plus de chance de mourir d’une balle entre les côtés que d’une métastase des poumons. Les statistiques sont les mêmes pour tous les habitants de Strawberry Field : tu y nais, tu te bats, et puis tu meurs - souvent douloureusement - une place déjà réservée pour toi au cimetière.
Nouveau café, nouvelle cigarette, et l’action qui ne vient toujours pas. La nuit est déjà bien avancée pourtant ma cible n’est pas encore arrivée. Peut être que demain sera plus concluant. Qui sait. Je laisse un instant mes yeux dériver vers la scène, la femme est partie, remplacée par une autre, que je n’ai encore jamais vu. Une nouvelle. Surement. Un peu trop jeune, ça se voit à ses mouvements, à son maquillage appliqué avec insistance, à son regard de biche prise dans les phares d’une voiture un soir d’été. Pauvre gosse, certes, mais je ne pleurerais pas pour elle ce soir, ni demain, elles sont trop nombreuses à tomber dans les filets de la nuit, trop nombreuses à se faire avoir, pour une dette à payer ou l’absence d’avenir, on leur promet des diamants et des fourrures, et les voilà enlacées dans de la résille bon marché, à s’accrocher à une barre usée, comme si leur vie en dépendait. La nouvelle ne fait pas exception, je m’imagine un instant ses raisons, avant de me détourner de la scène, écraser ma cigarette dans le cendrier, c’est pas ce soir que Moriarty se pointera, pas besoin de continuer d’espérer. A demain Ev’ ? un hochement de tête alors que je remonte mon col, billet de 10 en plus sur la table pour Madeleine et ses cafés. Oui à demain. Et à après demain. Et ainsi de suite. Comme si j’étais déjà en enfer, et que mon supplice était de hanter les planchers du Gentlemen’s, sans jamais pouvoir réellement savourer.
1 note · View note
unehistoirealafois · 5 years
Text
Le Projet
Strawberry Field c’est un projet qui me tient à coeur. Des années de création de personnage, à écrire un peu partout sur les forums, sur internet, pour en arriver là : des âmes un peu perdues, qui ne cherchent qu’à prendre vie. C’est cet homme aux tatouages mystérieux, c’est cette femme avec la rage au ventre, c’est cet enfant perdu dans les rues et les genoux explosés, c’est cette gamine à l’envie dévorante de tout savoir sur tout, et encore plus.
Strawberry Field c’est un univers, un monde rêvé, une ville fantasmée. Quelque part ailleurs, entre réalité et imaginaire, ni en France, ni sur Mars, juste à l’intérieur de ma tête qui pense un peu trop le soir. Il fait pas forcément bon de vivre à Strawberry Field, malgré le nom douceâtre, les lumières sont ternes, la pluie présente, et la morosité qui colle à la peau comme une odeur tenace. Pourtant Strawberry Field grouille de vie, de tout et de rien, de ces personnages qui veulent exister, survivre, dans la jungle urbaine. Ces personnages qui ont leur propre mot à dire, leur envie de crier qu’ils sont encore là et qu’ils n’ont pas finit de respirer. Ils sont coriaces mais attachants, de ceux qui se font une place dans votre coeur au fil du temps.
J’espère que vous resterez avec moi tout au long de l’aventure, j’espère que tout cela vous donnera envie de prendre un billet pour vous rendre là bas, j’espère que vous tomberez amoureux de ces personnages au fil des lignes. N’hésitez pas à me faire votre retour, positif ou négatif, on a toujours quelque chose à améliorer pour avancer.
Zoé
1 note · View note
unehistoirealafois · 5 years
Text
Explications
Bonjour, bonjour.
Si t’es arrivé ici, c’est que je t’ai passé le lien et le mot de passe (sinon ça veut dire que t’es un bon hacker) (enfin bon c’était pas compliqué).
Bref pour faire simple je me remet petit à petit à écrire et je voulais un endroit pour poster mes idées concernant mon projet : Strawberry Field, et puis partager tout ça avec vous pour avoir des retours.
Y aura surement de tout, des brouillons, des fiches descriptives des personnages, des morceaux de texte par ci par là. Je sais pas trop si je serais active, si je posterais régulièrement ou non, si je tiendrais le projet jusqu’au bout mais bon. On y est !
Zoé
2 notes · View notes