Tumgik
#ces soirées passées seul avec ses angoisses et ses doutes
clochardscelestes · 10 months
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Incapable de trouver le sommeil pour l’instant. Trop d’émotions refaisant subitement surface ce soir.
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selidren · 1 year
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Automne 1899 - Champs-les-Sims
3/4
Constantin essaie aussi de se montrer un peu plus présent ces derniers temps, même si il est accaparé par les études. Rose montre également des signes de jalousie à son égard car Grand-Mère refuse toujours catégoriquement de la laisser étudier la médecine plus tard, même si d’autres femmes le font déjà. C’est un sujet récurrent de disputes entre elles, ce qui n’est pas arrangé par le fait que notre grand-mère la traite encore comme une petite fille, bien qu’à treize ans elle soit déjà presque aussi grande qu’elle. Si ma grand-mère s’évertue à faire de la résistance même après que Rose ait passé son baccalauréat (et avec succès, il ne fait aucun doute qu’elle est au moins aussi brillante que son frère), je n’aurai d’autre choix que d’user de mon statut pour lui forcer la main. Constantin est majeur cette année, mais personne ne se fait d’illusions sur le fait que je resterai de facto le chef de famille encore un long moment, et le bonheur de mes cousines est important pour moi.
Chaque jour qui passe, elle ressemble davantage à Tante Clémence, et je crois que cela nous perturbe tous un peu. Penser à elle, ou même évoquer son nom, est une source de malaise pour mes cousines, et il ne se trouve plus que Constantin pour parler avec émotion de sa mère et espérer qu’elle reviendra un jour. J’ai conscience que cela n’arrivera jamais, mais la seule fois où j’ai tenté d’aborder le sujet avec lui, il s’est mis dans une colère noire. Du fait de leurs relations souvent difficiles, mon cousin s’est assez vite remis de la nouvelle du décès de son père, mais sa mère lui manque toujours effroyablement. Cela ne fait que renforcer mes propres angoisses vis-à-vis de mon fils. 
Transcription :
Eugénie : Rose ! Amène Alexandre. Il ne cesse de geindre, il est trop fatigué pour jouer avec toi.
Rose : Grand-Mère ! Regardez plutôt qui est venu nous rendre visite !
Eugénie : Oh Constantin mon petit ! On ne t’attendait pas avant la semaine prochaine !
Constantin : Bonjour Grand-Mère. Vous avez raison, mais mon emprunt du livre de Victor Loret a du être reporté. La personne qui l’emprunte actuellement a du retard, donc le mien est repoussé. J’avais prévu de l’étudier en détail cette semaine car il relate les découvertes de KV35. Vous savez de quoi il s’agit Grand-Mère ?
Eugénie : Je n’en ai pas la moindre idée, mais tu auras tout le temps de m’en parler. Que dirais-tu de venir te promener avec moi jusqu’aux caveaux ? Il s’agit d’autres genres de tombes après tout.
Constantin : D’accord. Cela vous intéresse vraiment ?
Eugénie : Je m’intéresse à tout ce que tu fais mon petit, peu importe que je n’y comprenne rien.
Rose (chuchote) : L’accolade Constantin !
Eugénie : Combien de temps reste-tu ? Deux semaines ?
Constantin : D’abord je voulais rentrer pour la semaine prochaine, pour pouvoir aller emprunter le livre, mais Adelphe aimerait que je reste un peu plus longtemps. Il m’a dit qu’il voulait passer du temps avec moi autant que possible car entre son fils et son travail, il n’a pas beaucoup de temps libre. Et puis Rose et Juliette veulent aussi que je leur consacre mes soirées. Rose dit que Juliette est trop aisée à battre.
Rose : Quoi ? Mais non ! Je n’ai jamais dit ça !
Constantin : Si tu l’as dit puisque je t’ai entendue.
Eugénie : Et donc ?
Constantin : Oui, je reste deux semaines.
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pehella · 4 years
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La cascade des Sautets
Les flammes du feu de camp réchauffaient les cœurs après cette journée de marche dans les montagnes. Je demandais alors à mes amis s’ils connaissaient la légende de cette vallée. Un vieux du village m’avait raconté cette histoire de la jeune fille à la robe blanche qui apparaît parfois la nuit par temps clair et pleine lune. La dernière personne à l’avoir vu c’est Antoine le fils du boulanger. Il rentrait d’une soirée chez des amis et se hâtait pour aller allumer le four à pain lorsque elle lui était apparu.
Avant lui beaucoup d’autres hommes du village avaient fait cette rencontre nocturne, même si beaucoup n’avaient jamais osé l’avouer de peur de passer pour des arriérés, des crétins des Alpes…
Mais Antoine lui ne se souciait pas des cancans et autres commérages, il était sûr de ce qu’il avait vu, et avait raconté son aventure à l’assemblée des buveurs de gentiane le soir même au bistrot.
Car il faut noter que ce sont uniquement les hommes à qui cette apparition se révèle, c’est là aussi toute la particularité de cette histoire, d’après ceux qui osent en parler, aucune femme de la vallée n’a jamais eu cette révélation.
Tout à commencé vers la fin du XIXème siècle sous la 3ème république avec l’arrivée du premier instituteur de l’école laïque. Il arrivait de Chambéry avec sa femme et leur petite fille Geneviève qui devait avoir quatre ou cinq ans.
Geneviève était très enjouée et curieuse, sa peau blanche et ses cheveux blonds lui donnaient une apparence gracile et légère. Elle fut bien vite connue dans tout le village et les hommes surtout l’intéressaient particulièrement. Elle aimait bien se faire admirer dans sa belle robe blanche en passant près du banc devant la mairie, où les vieux devisaient en fumant leur pipe, ou saluer les gars attablés aux terrasses des cafés sur la place. Il faut dire qu’elle n’était pas comme les autres enfants du village et même si elle jouait parfois avec eux, elle aimait beaucoup être seule, explorer les ruelles ou aller au début des alpages aux beaux jours. Elle s’asseyait dans l’herbe tendre, cueillait des fleurs pour sa mère, parlait aux vaches qui ruminaient là paisiblement dans les patûres.
Le temps avait passé, et maintenant Geneviève, que tout le monde avait fini par surnommer Miette, car c’était plus court et délicieux, Miette donc, devenait une belle jeune fille, presque une femme.
Il était facile de se rendre compte que tout ce que le village comptait d’hommes jeunes ou moins jeunes n’avaient d’yeux que pour sa beauté enchanteresse. Même s’ils se voulaient discrets, la tentation était irrésistible de jeter un coup d’œil sur ses belles courbes, ses hanches, son décolleté et ses yeux bleus intenses. Ils étaient comme ensorcelés par sa beauté éclatante.
Les jeunes blanc-becs, le François, le Pierre et les autres, en rêvaient la nuit dans les moments agités et tendus par leur virilité naissante. Le soir venu, les pères de famille fantasmaient tous un peu en pensant à elle en se retournant sans bruit sur leurs oreillers pour ne pas réveiller leur matrone qui ronflait auprès d’eux. Les papy sur le banc se sentaient rajeunir dans leurs vingt ans lorsqu’elle passait devant eux et leur décochait son sourire éclatant.
Mais Miette ne s’en souciait guère, toujours absorbée dans ses pensées, vivant dans son monde fantastique, celui de la montagne, des alpages, des troupeaux, des bêtes sauvages, des insectes et des fleurs.
Lorsqu’il y avait fête au village, pour la St Jean ou pour la fête de l’Automne à la fin des récoltes, lorsque le violoneux les faisaient danser toutes et tous, nombreux étaient ceux qui se pressaient pour l’inviter pour un quadrille ou une valse. Ce n’était pas pour la gêner, elle adorait danser et acceptait volontiers, dansant et dansant encore jusqu’à ce que la dernière note s’évanouisse au fond de la vallée dans le creux de la nuit.
Pourtant un seul jeune homme n’avait jamais osé lui demander une danse, même s’il en mourrait d’envie, c’était Valentin, le fils du forgeron. Valentin c’était le bossu du village, celui qu’on montrait un peu du doigt, la cible des railleries. Petit garçon il avait eu un grave accident lorsque travaillant avec son père, il s’était retrouvé coincé sous une charrette qui avait vacillé de son support qui s’était dérobé alors que son père en recerclait la roue. Après des mois de souffrance et de convalescence il s’en était sorti, mais avec cette infirmité qui lui donnait cette démarche courbée et légèrement inclinée sur le côté gauche. Sinon c’était un garçon aux traits fins et aux cheveux clairs avec un regard doux et sensible. Tout le contraire de son père, l’homme au torse velu qui bâtait le fer rouge avec son énorme marteau, ce qui lui avait sculpté un corps musculeux de gladiateur. Il tenait sans doute plutôt ça de sa mère, une femme discrète qui occupait la fonction de couturière auprès des femmes de la bourgeoisie locale.
Timidement Valentin s’était rapproché de Miette et elle avait accepté qu’il l’accompagne dans ses randonnées en dehors du village ; ils aimaient tous les deux musarder dans les alpages, patauger dans l’eau glacée des torrents,s’allonger dans l’herbe tendre et regarder les cimes des grands pins qui se perdaient dans l’immensité bleue d’un ciel d’été qui ne finirait jamais.
Cette complicité ne plaisait pas à tout le monde, et surtout pas aux autres garçons de leur âge à qui Miette n’accordait pas les mêmes faveurs. Sans doute Miette n’était pas naïve malgré la légèreté apparente dont elle faisait montre et son instinct de femme lui avait fait comprendre que certains hommes cachaient quelque chose de malsain derrière leurs sourires forcés lorsque leurs regards se croisaient.
Alors elle fréquentait de moins en moins la place et les ruelles, et préférait se réfugier plus loin dans les alpages. Elle avait obtenu du vieil Isidore la permission d’aller dans son chalet qu’il n’utilisait plus depuis que le grand âge l’avait cloué dans son lit à la ferme des Montets. Miette en avait fait son refuge et elle y passait de plus en plus de temps, après la classe, durant le congé de fin de semaine ou pendant les vacances.
Ses parents n’y avaient pas opposé de résistance, car leurs valeurs éducatives progressistes de gens de la ville avaient penché en faveur du besoin de liberté de leur jeune fille qui était presque adulte maintenant.
Et c’est ainsi que Miette en était arrivée à se rapprocher de la vie paysanne, tant et si bien que Albert, le fils d’Isidore, avait accepté de l’employer pour s’occuper du troupeau à l’estive. Et au fil des saisons elle avait su s’imposer comme une vraie fille de la montagne, de plus en plus aguerrie aux travaux agricoles, les fenaisons, les récoltes, la garde du troupeau, elle savait maintenant toutes les pratiques nécessaires à la vie montagnarde.
De son côté, Valentin travaillait à la forge avec son père, et tout en frappant le fer rougeoyant il se prenait à rêver de l’alpage et du chalet de Miette. Quand il avait un peu de temps libre il partait la rejoindre pour quelques heures. Leur connivence était restée la même que pendant leurs plus jeunes années, Miette l’accueillait toujours avec son beau sourire, elle lui préparait une infusion des plantes sauvages qu’elle avait glanées dans la montagne et dont on disait tant de bien des vertus et des soins qu’elles savaient prodiguer à ceux qui prenaient le temps de les découvrir.
Miette descendait de moins en moins au village, et Valentin montait de plus en plus souvent au chalet, et de quelques heures ses visites s’étaient parfois allongées jusque tard le soir et on l’entendait parfois au milieu de la nuit refermer la lourde porte de la forge le plus discrètement possible. Certains prétendaient même l’avoir vu redescendre seulement au petit jour juste pour reprendre sa place au soufflet de la forge. Ça jasait, on en parlait dans les cafés, sur le banc de la mairie, autour des tables familiales. Comment le bossu avait-il pu s’attirer les graces de la petite ensorceleuse de l’alpage ? Oui, sans doute cette fille était un peu étrange, elle si belle et lui si bossu ce n’était pas ordinaire.
Les jalousies se développant comme la moisissure au milieu d’un cageot de vieilles pommes, bientôt tout le village n’avait de mots que pour cette liaison contre-nature.
Le forgeron avait bien essayé de dissuader Valentin de retourner là haut, de rompre cette relation avec cette petite perverse, il ne s’attendait pas à la réaction virile de son fils qui malgré son handicap lui avait montré combien il était homme et prêt à le prouver.
L’instituteur et sa femme n’avaient pas dérogé à leurs principes, et exprimaient clairement à ceux qui en auraient douté, que leur fille était maintenant une jeune femme libre, une fille de la République, une femme émancipée, et qu’ils n’avaient pas à lui dicter sa conduite.
Mais l’idylle de Miette et Valentin fut de courte durée. Les tensions, les rancœurs et la bêtise humaine faisant leurs œuvres dans les cerveaux agités des villageois, bientôt tous avaient quelque chose à dire ou à médire de cette situation. A la fin de cet été, la chaleur était devenue insupportable, le soleil brûlait les alpages, asséchait les torrents, la canicule commençait à mordre de ses crocs les résistances nerveuses des montagnards les plus coriaces.
Bientôt la fontaine sur la place ne coulait pratiquement plus et cela faisait encore plus s’échauffer les esprits et grandir une angoisse sournoise dans la population.
Seuls Miette et Valentin semblaient épargnés, passaient au travers de cette peur collective, car le petite source qui alimentait leur chalet coulait encore, et leur vie n’avait semble-t-il pas été bouleversée par les affres de cette météo infernale.
Alors, comment tout cela est arrivé est encore mystérieux, mais fatalement seule une catastrophe pouvait mettre un terme à cette situation, il ne pouvait pas en être autrement.
C’est ainsi qu’un matin on découvrit le cadavre du bossu au fond d’un fossé à l’entrée du village. Personne ne savait ce qui avait bien pu se passer, qui avait osé finalement s’en prendre à lui, mais tout le monde soupçonnait tout le monde, son père, son frère, son voisin. De fait personne n’osait en parler, les regards se faisaient fuyants et sombres. Mais comme il est de coutume, tout le village fut quand même présent à l’enterrement du pauvre jeune homme, tout le village se rassemblât à l’église pour la messe des obsèques, et l’on pouvait sentir la chape de plomb qui écrasait cette foule de toute la culpabilité qui l’envahissait. La foule qui restât tout aussi silencieuse et grave autour du trou  dans lequel le cercueil fut descendu. Au moment où l’on mettait la dernière pelleté de terre à la tombe, Miette se retourna vers les villageois silencieux, les regarda intensément, tous pensèrent qu’elle allait leur dire quelque chose, mais elle se retourna simplement et disparu aussitôt en direction de son chalet.
Chacun rentra chez soi, le mystère de la mort du bossu restait non résolu, la canicule continua à faire souffrir les corps et les âmes plusieurs jours, les récoltes furent mauvaises, l’Automne qui suivit fut pourri de pluies diluviennes. Chacun luttait pour survivre à l’entrée de l’Hiver, et personne n’avait remarqué immédiatement que Miette avait disparu elle aussi.
C’est le vieil instituteur qui en fit la révélation lors-qu’après plusieurs jours sans nouvelles de sa fille il était monté jusqu’au chalet. Il avait trouvé la porte entre-baillée, l’intérieur rangé, propre et désespérément vide. Il demanda l’aide des hommes du village pour organiser les recherches, il battirent la montagne, ils ne retrouvèrent jamais la trace de Miette.
Ce n’est qu’un peu avant Noël de cette année là que la première apparition eu lieu. Hector le charpentier rentrait d’un hameau éloigné du village où il travaillait à la réfection du toit d’une grange, il faisait très froid ce soir là, un froid sec qui glace le visage, la pleine lune était bien ronde et lumineuse dans son dos, au dessus de la crête des montagnes, il forçait l’allure pour rentrer au plus vite.
Soudain, près de la cascade des Sautets, alors que l’ombre des pins sous la Lune prenait de la profondeur, que le chemin se faisait soudain plus sombre, il fut aveuglé par une lueur blanche devant lui qui semblait flotter dans l’air ; Miette était là devant lui dans sa plus belle robe blanche, il fut saisi de stupeur et se figea incapable d’avancer. Miette le regardait fixement de ses yeux bleus clairs qui brillaient comme des torches et elle lui dit d’une voix cristalline qui résonnât dans le fond du vallon « Je trouverai celui qui m’a enlevé Valentin, il ne reposera jamais en paix ». Puis il y eut comme un éclair, Miette avait disparu, tout était étrangement calme et silencieux. Hector couru jusqu’au village et arriva chez lui hors d’haleine, à bout de souffle. Il ne parla d’abord à personne de sa mésaventure, mais souvent la nuit il était hanté par ce cauchemar, Miette flottait au dessus de son lit dans sa robe blanche. Comme lui beaucoup d’hommes du village firent la même rencontre, mais aucun n’osait en parler de peur de s’attirer la vengeance de Miette. Pourtant, au fil du temps il se chuchota ici et là que les hommes de ce village étaient envoûtés par la jeune fille à la robe blanche, et qu’ils n’auraient de tranquillité que le jour où l’on éclaircirait le mystère de la mort de Valentin.
Toute cette histoire est bien ancienne maintenant, sans doute qu’il ne faut pas trop accorder plus d’importance à ces croyances d’un autre temps, même si certains prétendent encore qu’il vaut mieux ne pas traîner du côté de la cascade par les nuits de pleine Lune.
C’est ainsi que je terminais de raconter cette histoire à mes compagnons, autour du feu de camp, sous un ciel clair illuminé d’une magnifique pleine Lune, au pied des montagnes silencieuses, alors que l’on n’entendait plus que le chant de l’eau à la cascade des Sautets juste à côté de notre campement.
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damnitrickfox · 4 years
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4.11.19 Après une descente compliquée vers Madrid, pendant laquelle notre carlingue a été balancée d’un nuage à l’autre, je me suis écroulé sur le lit de ma chambre d’hotel. J’ai répondu à quelques mails puis je me suis décidé à aller courir dans le parc adjacent, le Parque Juan Carlos 1. Un endroit étrange et interminable, vestige d’un urbanisme artificiel des années 90, avec des sculptures abstraites, des avancées de béton, des cascades minuscules, le tout sous un ciel apocalyptique et un vent puissant, celui là même qui nous a giflé lors de notre descente angoissée. A certains moments, j’ai senti une bruine s’éclater violemment contre mes joues, comme lorsqu’on longe une fontaine un jour venteux. Elle s’est tue un moment, pas le vent, puis de lourds nuages gris foncés ont débarqué dans un ciel bas, comme pour cacher le coucher de soleil que j’aurais voulu regarder entre les oliviers. La bruine est revenue, toujours aussi excitée, puis elle s’est transformée en une fine pluie, qui venait tremper mes cheveux, mes bras, mes jambes. Désorienté dans ce parc immense, je longeais la rivière artificielle en espérant trouver une sortie. Ce fut le cas une dizaine de minute plus tard, plus au nord que celle par laquelle j’étais entré. J’ai fini mon footing en longeant les immeubles de verre - car personne n’habite ici, c’est un quartier d’affaire - et suis rentré m’abriter dans le confort de mon executive room, résultat d’un surclassement bienvenu, où le minibar est offert. J’ai à peine couru 5km, mais j’étais heureux de retrouver mon lit confortable, probablement plus fatigué par mon agrichage à la coque de l’avion que par ma course avortée.
22.11.19 Quelques heures à tourner autour de ce qui est attendu de moi, des tâches qui me sont demandées. Je me demande souvent comment se comporterions-nous si les attentes portées en nous n’étaient en rien le résultat d’un désir de consommation. Je me comporte au travail comme je fais mes cadeaux de Noël : avec les désir de finir rapidement mais efficacement - j’aimerais réèlement faire plaisir aux destinataires- et le plus tôt possible, en évitant les samedis irrespirables sur les grands boulevards. C’est probablement très symptomatique de ce que je peux être que cette comparaison s’applique entre ma manière de produire et celle que j’ai de consommer. La poule et l’oeuf, le serpent qui se mord la queue. Parallèlement, la reconnaissance que ces deux actes est doucement jouissive, elle permet de continuer à le faire, en se regardant constamment, pour être sûr de s’aimer toujours. Comme si c’était la seule chose qu’on cherchait, s’aimer.
6.12.19 Je crois que j’arrive à essayer d’explorer mes blocages dans le 16ème arrondissement, en parlant, en expliquant pourquoi je suis comme je suis, en m’ouvrant, en citant des noms. Mais essayer de les débloquer pour de vrai, sans se cacher, sans rester immobile parce que terrorisé par la prise de risque qu’engendre le mouvement, voilà l’enjeu. Le risque de perdre ce que j’ai construit minutieusement, pendant si longtemps, voilà ce qui empêche d’avancer. Et je ne parle pas forcément de ce que j’ai construit avec les autres, je parle de ce que j’ai construit en moi, du semblant d’équilibre sur lequel je dépose mon grand corps décevant et mon cerveau fatigué de trop penser, tout le temps, pour rien, sans en tirer quoi que ce soit, parce que trompé constamment par mes angoisses. Pédaler dans la semoule. Brasser du vent. Tout ça pour finalement choisir la facilité, comme lorsqu’on devait synthétiser nos lectures pour des professeurs de littérature qui voulaient nous faire rentrer dans une forme fixe, construite de la même façon pour tous, des HLM intellectuels. Il était alors facile de monter quatre murs, une façade, une peinture fraîche. Elever un beau bâtiment, quasiment attirant, avec des chambres témoins qu’on invitait à visiter par des citations comme une table sur laquelle nous avions déposé des gâteaux secs et une bouteille de jus d’orange lors d’une journée porte ouverte. Bien nous allait que la visite soit rapide, intense, déjà remplacée par un autre projet, car ainsi personne ne regardait les fondations. Celles-ci étaient flasques, pleines de boues, imprécises, elles disparaissaient comme elles apparaissaient, rien n’était stable. Le talent minime qu’on avait pour la construction, la décoration, l’exécution permettait d’oublier le manque de connaissance profond en architecture. Le manque de vision, en somme. La plupart du temps, ça passe, car le monde est globalement construit sur ces fondations mouvantes. Jusqu’au jour où quelqu’un remarque la fraude, et alors tout s’écroule lentement, comme un paquebot qui coule. Sans bruit, sans fracas, car cela est réservé aux gens intéressants.
8.12.19 J’ai l’impression d’être bloqué depuis hier. J’ai envie d’en dire plus, mais c’est comme si mes remous intérieurs étaient en pause. Enfin, pas forcément les remous, mais en tout cas la possibilité de les raconter, de les ouvrir. Ca, et l’imagination. Je crois que l’imagination a toujours été un problème ceci dit. Je n’ai jamais réussi à penser sur commande, que la commande vienne de moi ou d’un autre, j’ai d’ailleurs toujours été terrorisé par l’idée du brainstorming. Lorsque je dois créer et rendre un document, je préfère le garder ouvert pendant des jours, au cas où une nouvelle idée apparaitrait plus tard. C’est rarement le cas, mais clôturer une pensée, une idée, est quelque chose qui me terrorise. J’ai du mal à imaginer la possibilité de finir une histoire de fiction, de fermer définitivement la porte à toutes les voies encore possibles lorsqu’elles n’existent pas. Est-ce que ça dit quelque chose sur ma capacité à faire des choix? Sur mon absence d’imagination? Comme si j’attendais toujours qu’une idée me tombe dessus, m’apparaisse d’un coup, éveillé ou endormi. Alors, j’aurais évité l’effort de me forcer à la réflexion, de créer dans mon cerveau un moment dédié à la concentration, car cela me parait bien au delà de mes forces. J’ai pourtant besoin d’absorber constamment des milliers d’informations, je m’en rend compte par mes promenades sur les réseaux sociaux, mon obsession à écouter la radio, de la musique ou un podcast lors des moments de silences, mais je choisis toujours des informations qui sont confortables pour mon intellect, pour lesquelles je n’ai pas besoin de faire un effort inconsidéré, que je peux absorber sans contracter les muscles de ma masse nerveuse, sans transpirer cérébralement. Elles peuvent traverser mon cerveau, le garder éveillé et diverti pour quelques temps, puis repartir vivre leurs vies. Et alors, j’avance, sans apprendre, sans digérer mais avec l’impression d’avoir bien mangé. Mais au fond, le seule chose que j’ai réussi, c’est d’avoir coupé ma faim.
11.12.19 Je me déplace dans la ville comme une amibe sur une eau fangeuse. Une eau souillée et lourde, sur laquelle il est douloureux de glisser, sous laquelle on ne peut pas respirer. On ne peut même pas voir, on tourne autour des obstacles, on évite ainsi les regards car chacun est concentré sur son parcours, où amener son corps, quel geste lui fera-t-on exécuter lorsqu’on y arrivera, quel stimuli il y interprétera. Est-ce qu’alors, on sera heureux? Je me suis réveillé au milieu de la nuit avec le doute de l’avoir vue dans un rêve confus. Sur un bateau, énorme, au milieu d’autres, avec un physique différent mais similaire à la fois, comme un masque manqué. Manqué dans le sens de l’acuité de la ressemblance, pas dans celui de la beauté, qui elle, était toujours bien réelle, mais c’était une beauté de l’altérité, le caractère de ce qui est autre. Elle était autre mais elle était elle. Je n’ai pas su quoi faire, comme souvent. J’ai cru voir son visage si fréquemment que mon corps s’est pétrifié, que mes mouvements se sont figés. Dans l’eau sombre, je pouvais voir. Mais alors, je n’avais plus de gestes à exécuter, plus de stimulis à interpréter. Je ne savais pas si j’étais heureux. 20.12.19 Je passe mon temps à éviter d’écrire sur un sujet. Parce que je ne sais pas l’aborder, parce qu'en écrivant sur autre chose, je veux penser à autre chose. La conception complète de ce que tout ça implique est satellite à mon cerveau, elle tourne autour, sans jamais rentrer dedans. J’évite des formules que j’ai trop utilisées, qui m’ont amenés à me détester, à me regarder de l’extérieur et à ne voir qu’une personne hideuse. Yet Another Example of the Porousness of Certain Borders. Alors je regarde les fondations, de loin, sans m’en approcher, car je suis incapable de me concentrer assez longtemps pour le faire. Je suis rentré depuis trois jours chez mes parents et je passe deux heures par jour à jouer laborieusement du piano. Hier, j’ai appris les accords de Heaven, de Bryan Adams. La coordination des doigts impliquée par l’apprentissage d’un instrument que je ne maitrise pas est probablement l’une des seules activités que j’ai trouvé qui nécessite une attention totale, au moins pendant quelques secondes. Une fois cette coordination acquise et lorsque mes doigts redeviennent automatiques, alors je repense au sujet ou au plan de face sur le visage d’Olivia Williams dans Rushmore. C’est signe que je dois apprendre un nouveau morceau, une nouvelle suite d’accords, une nouvelle mélodie qui me paraitra d’abord hostile, puis finalement, grace à ce bref effort, familière et machinale. Je ne me lis même plus, pourquoi le ferais-tu?
27.12.19 J’avais inscrit le dernier livre de Blandine sur ma liste de Noël. Elle utilisait un pseudonyme à l’époque des blogs, Maeva. Je me souviens assez peu de ses écrits, à part qu’ils étaient impressionnants, notamment par la richesse du vocabulaire. Je ne me rappelle plus des thèmes non plus, mais je n’ai pas oublié l’habillage du blog, la photo prise à la webcam au dessus de sa description où sa beauté m’intimidait un peu. Nous avions passé une soirée de nouvel-an ensemble à Rennes, alors qu’elle sortait avec Félix, mais je ne suis pas sûr d’avoir échangé plus de 10 phrases avec elle. Elle était plutôt effacée dans cette soirée où elle ne connaissait que son petit ami, j’étais avachi dans le confort de ma relation avec Claire, de mon amitié avec Karine et Benoît. J’ai suivi sur les réseaux la suite de sa vie, je l’ai vu apparaitre dans des autres cercles sociaux que je fréquentais de très loin, ou plutôt où je trempais le petit orteil, majoritairement pour des raisons professionnelles alors que je travaillais dans le milieu de la musique. Des réseaux un peu mondains, assez faux, où les égos se percutent comme ces costumes en forme de bulles en plastiques qu’on voit dans des vidéos sur internet. J’ai trouvé ça un peu surprenant mais elle avait l’air de s’y épanouir, plus en tout cas que lors de ce nouvel an où elle n’avait pas reçu l’attention qu’elle méritait. Je crois qu’on était plusieurs, ce soir là, qui auraient préférés être ailleurs, peut être au moins dans une pièce sans quelques personnalités trop imposantes et autres relations dysfonctionnelles d’un cercle d’ami qui n’était pas le notre. Ca n’est pas arrivé, nous nous sommes lancés des sourires gênés. Lorsque le premier roman de Blandine est sorti, je l’ai lu avec délectation, j’ai eu l’impression de retrouver les mots que je lisais à 16 ans dans l’intimité de nos réseaux restreints. Je n’ai jamais eu la sensation d’être proche de ses écrits ou d’elle, mais retrouver cette familiarité couplée avec le thème humble et doux de son roman m’a transpercé. Je suis allé acheté le nouveau hier, car on ne me l’a pas offert à Noël.
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Réussite de la vie monotone.
3/4 DÉSIRER
La vie a repris son cours. Un soir F est arrivé pour dîner et il a dit qu’il avait eu une autre opportunité, qu’il allait changer de travail et que c’était une bonne chose. Que nous allions prendre un peu de  temps pour nous et partir en vacances. Les soirées à deux ont pris le pas sur la vie sociale. Le calme est revenu. Pas de vagues. Rien ne s’était produit.
Et dans le vide des soirées, je repensais parfois à l’année dernière. Aux larmes enfouies depuis, à comment j’avais su faire taire sans un mot la colère et la jalousie.
Pendant un temps, ça m’allait. Brouiller la mémoire, en faire ce que je voulais. Remplacer les faits par des histoires inventées. Puis au fur et à mesure du temps, j’ai senti le coeur qui s’arrête et l’envie de cracher à la gueule de F le soir. L’envie de hurler un peu.
Un matin, il y a une semaine. Forte de tout ça et dans une envie folle de fracas, j’ai appelé M.
Je lui ai dit de se la boucler, que je voulais la voir jeudi 16h au café La Famille. Puis, j’ai raccroché.
En une fois, la voir réapparaître, la voir apparaître physiquement, pour la première fois dans ma vie. J’étais armée jusqu’au dents. J’avais préparé la révolte. Une tasse de café bien chaud en face l’attendait ce matin là.  Pour lui foutre dans la gueule! Lui faire payer les insomnies, le coeur qui se brise, le calme sourd qui régit ma vie.
Je pense que c’est vraiment là, que tout s’est rompu en moi.
Que les mois, les semaines et les heures passées à la détester si fort se sont évanouis.
Je l’avais tant tuée dans ma tête, pourtant, la voir enfin là, devant moi, sublime avec ses yeux sombres . Triste, anéantie. Putain. De la voir me parler comme ça et de sentir que c’était pas F le soucis, que la tristesse ne venait pas de ça, qu’elle semblait venir de la perte de quelqu’un d’autre.
De l’amitié qui c’est barrée et des erreurs faites.
Quand j’ai saisi que le chagrin plaqué dans ses yeux m’était adressé, j’ai explosé.
Un torrent de larmes. Je savais même plus vraiment parler, marcher. J’étais perdue. J’étais foutue.
C’est là que M, m’a prise contre elle. M m’a ramenée chez moi deux rues plus loin. C’est flou. Dans ma mémoire tout s’est mélangé . Le chemin parcouru , ce qu’elle a dit. De comment on est arrivées dans l’entrée de l’appartement, devant le miroir. Comme si ma mémoire ne devait plus que se concentrer sur le moment d’après. Se rappeler le hors champ. La folie. Cette chose qui ne me quitte plus depuis. Le corps de M qui m'enlace. Et dans le silence ahurissant qui nous tenait l’une en face de l’autre, ses lèvres venant en une fois percuter ma bouche.
C’est sa langue qui lèche mes larmes le long des joues, et les siennes que je goûte comme un breuvage sacré.
Sa façon de me tenir, me tenir droite. Me retenir de tomber vraiment. Le corps tenu entre ses mains pour ne pas qu’il s’échappe et qu’il s’écrase par terre, une bonne fois pour toute.
Le jeu de ses lèvres venant sur mes pommettes, le creux de la bouche, mes yeux et mon cou.
C’est ma peau si durcie, si tannée, si sombre.
Ma peau trahie par F et touchée par M.
Ce visage là,  embrassé comme ça.
Elle n’a pas appelé après. Pas de messages. Un songe. De nouveau, une idée dans ma tête et pas la réalité. Sauf que je n'arrivais plus à trouver le sommeil. L’impression de la voir partout. A chaque fois que je rentrais dans cet appartement et que mon reflet croisait le miroir. Tout le temps. Toutes les nuits. Incapable de comprendre le désir qui monte entre mes cuisses, ma chatte qui gonfle en pensant à ses lèvres. Un putain de tourbillon à la con. Le matin, j’étais incapable de me lever. Je voulais garder le songe de la nuit encore un peu. La possibilité de rêver de ça et de m'enivrer de sommeil. C’était la seule chose qui me restait de ce moment, la possibilité d’y repenser, de me caresser le corps en pensant à elle.
Très vite m’en vouloir de faire ça. Rien ne tournait rond, c’était absurde. Encore plus que ce désir inassouvi que j’étais obligée de placarder sur le corps de F. Je lui sautais dessus plusieurs fois par nuit et les matins aussi. Dès que son corps pouvait me faire penser à leurs caresses échangées dans mon dos. Je me disais que, peut être il l’avait vue lui. Qu’ils se voyaient encore en douce, comme avant les messages et les nuits de colère et les bouches qui se cognent.  
Que peut être,il lui avait bien léché la chatte en ce début de soirée après le travail dans un hôtel de la ville et qu’après sans doute, il avait dû en foutre partout sur elle. Comme cette idée me faisait vibrer de désir.
J’étais devenue une autre. Ces images dans ma tête, en boucle, m’étaient jusqu'alors étrangères. Bien-sûr j’avais déjà voulu être désirée. Mais c’était ça toute la différence. Pour la première fois, c’était moi qui désirais. C’était moi qui décidais des scénari. J’étais obnubilée par les corps. Son corps à elle. J’étais obsédée. Son visage, ses seins, son sexe.
Je la voulais, je voulais la posséder de manière absolue. Comme une chose. Comme ma chose. Comme mon propre corps.
La lécher, l’embrasser, la toucher, mieux encore, la pénétrer.
Oui, c’était ça que je voulais lui faire. Lui rentrer mes doigts dans les chairs, pour mieux la sentir, pour qu’elle n’ai plus rien d’inconnu à mes sens.  
J’ai plus pu, hier matin, j’ai plus su vivre dans le désir renié, enfoui, caché. Je l’ai appelée. Une fois, deux fois, trois fois, dix fois. J’ai laissé des messages par poignées entières. Je lui ai dit mon désir, que je n’en pouvais plus. Qu’on devait se voir.
Et pour la première fois de ma vie, j’ai supplié.
En fin d’après midi elle m’a envoyé un message.
“Hotel Pantone, 17H. Je t’envoi la chambre quand j’y suis.”  
J’ai passé la journée à me préparer. Être Ariane dans Belle du Seigneur. Des heures dans la salle de bain. Essayer des produits. M’enduire, sentir, me glisser sous les draps et me toucher un peu en pensant à la fin d’après- midi. Puis, me ressaisir, les angoisses, reprendre un bain, penser à toutes les choses qui pourraient ne pas se produire. L’anxiété montée d’un cran.
Non, je ne peux pas y aller.
Me tordre dans le bain et sentir la chaleur entre les cuisses, le liquide couler de moi, la vulve et le clitoris se raidir, se gonfler.  
J’ai fini par enfiler une robe cache-cœur que F m’avait offerte, j’ai pris un petit sac, ma blouse en jeans et des sabots à talons aux pieds.
Je suis arrivée dans ce hall d'hôtel inconnu et j’ai pensé que F devait le connaître, lui, ce hall là.
Quelques personnes se parlaient sur le côté, j’ai fait comme si je rejoignais ma chambre. J’ai senti en moi le feu dans le bas du ventre.
J’ai prit l’ascenseur et je tremblais. J’étais en sueur. Je flottais dans ma robe.  De plus, rien bouffé  depuis des semaines.
Elle était là. M portait la même robe que moi. J’ai pensé que je n’avais jamais regardé une fille comme ça avant. Jamais ressentis ça, jamais sentis la sueur me dégouliner du dos de la sorte.
Elle était assise contre la tête de lit, j’ai parlé, j’ai comblé le vide pour éloigner le désir dont on ne savait pas encore quoi foutre. Je me suis assise sur le rebords et je l’ai regardée. La télé allait en fond c’était la fin de l’après midi, il avait plu un peu plus tôt dans la journée et il faisait moite, dans cette chambre d'hôtel bruxelloise.
Crédit photo:  @maxwellswift (IG)
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jimmysabater · 5 years
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J’étais tellement contente à l’idée de ne pas avoir ma mère sur le dos en soirée, que j’ai passé l’aspirateur dans presque tout l’appartement et même épousseté plusieurs meubles du salon. Maman était aux anges. Mais ce sourire béat n’avait rien à voir avec mes prouesses domestiques qu’elle n’a sans doute pas remarqué. Elle affichait déjà cet air benêt à son réveil. Le fait de passer la soirée avec Léonard la lovait dans un nuage de coton où plus rien ne pouvait l’atteindre. Après s’être pomponnée et rendue chez le coiffeur, sa joie de vivre a laissé place à la nervosité et l’inquiétude. Elle craignait de ne pas être à la hauteur face à son nouveau Dom Juan qui ne m’inspirait toujours pas la moindre confiance. Je n’aimais pas du tout la voir sous l’emprise de cet homme qui me paraissait cacher son jeu. Je devais pourtant avouer qu’au final, lorsque j’ai photographié Maman devant le grand miroir de la salle de bains, elle était radieuse :
— Je risque de rentrer tard, m’a-t-elle prévenue avec une moue coupable. Alors tu n’ouvres à personne et tu m’envoies un sms avant de te coucher. Compris ? N’oublie pas les croquettes du chat. Il reste du bœuf bourguignon, tu n’auras qu’à te faire des frites au four pour l’accompagner, si tu veux.
Maman m’a presque inspiré de la pitié à être si gentille avec moi, alors qu’au fond je ne souhaitais que la voir disparaître pour me consacrer à mes activités secrètes. Je l’ai regardée s’éloigner depuis la fenêtre de la chambre de Clark, Moka sous le bras, en lui faisant un signe de la main, m’assurant du même coup qu’elle ne rebroussait pas chemin. Une fois disparue dans les ruelles de Mortevor, je me suis précipitée dans ma chambre pour enfiler un manteau, récupérer mon téléphone rechargé à bloc et me précipiter dans la rue.
Le brouillard descendait lentement sur la ville, apportant avec lui une humidité pénétrante contre laquelle mon petit manteau noir ne me protégeait pas suffisamment. Je n’avais plus le temps de me changer, tant pis. J’ai couru jusqu’à la station de tram pour me rendre dans le vieux quartier proche du Marais des Verraq. Nous nous étions donné rendez-vous à dix-neuf heures trente au premier étage du Café du Cirque. Tous les jeunes s’y retrouvent, car il n’est pas loin du centre historique, la salle du premier étage offre une vue imprenable sur les plans d’eau et elle n’est pas surveillée par des adultes.
Je me suis installée face à Alexandre avec mon coca. Lorsque j’ai vu qu’il portait à nouveau le sweater de Clark, nos regards se sont croisés et il a semblé très reconnaissant, ce qui m’a touché droit au cœur.
— Tu as couru ? m’a-t-il demandé gentiment, tu es toute rouge.
— Ma mère est partie plus tard que prévu et je suis gelée, ai-je fait en posant mes bras sur la table.
Alexandre a spontanément saisi mes deux mains pour les frictionner activement. Ce geste était si naturel que personne n’y a prêté attention, à part moi qui avais grand peine à cacher ma satisfaction. Cette délicatesse balayait soudain toutes mes angoisses de la veille. Je n’étais pas encore totalement folle. Il se passait bien quelque chose de particulier entre Alexandre et moi.
— Je ne peux pas rester longtemps avec vous, a commencé à se plaindre Wendy en tenant son chocolat chaud avec ses mitaines, sa doudoune sur le dos. Mon père a décidé de m’emmener au cinéma à la séance de vingt-deux heures. Je ne traînerai pas, sinon il va encore me dire que je suis distante avec lui.
— Mes vieux reçoivent mon oncle et ma tante, a enchaîné Corentin qui portait la sangle de la Gopro de son père enroulée autour de son crâne en lui donnant un air de mineur à charbon. Avant, j’étais obligé de me taper tous les repas de famille, mais un jour j’ai mis la honte à mes parents en racontant des trucs débiles à table et depuis ils préfèrent me donner des thunes pour que je vide les lieux.
— Mon… Mon père, il garde mon petit frère, a ajouté Alexandre, un peu gêné de n’avoir rien d’autre à raconter, avant de lâcher mes mains pour saisir son verre d’eau sans plus s’intéresser à moi.
Corentin a fait glisser son portable de sa poche pour nous montrer des dessins de la Gruve et nous aider à la reconnaître dans le brouillard.
— Monstrueux ! a commenté Wendy en faisant la moue. Si je vois ça, je détale comme une fusée ! On n’a pas idée d’être si horrible !
— Mais, non ! Justement, il faut la filmer, la prendre en photo, sinon ça ne sert absolument à rien de venir ici ! s’est énervé Corentin tout en scrollant les images sur l’écran avec son doigt plein de la graisse de ses frites.
Comme la nuit était déjà tombée, nous sommes rendus au premier sentier menant autour du Marais des Verraq. Il faisait un froid polaire pour la saison et le brouillard s’est épaissi à mesure que nous nous approchions des plans d’eau, là où les éclairages publics disparaissaient.
— On ne voit carrément rien du tout ! a remarqué Wendy. Ce qu’on risque plutôt ici, c’est de tomber dans l’eau et par ce temps, je ne le souhaite à personne !
— Je suis déjà congelée, ai-je ajouté en frissonnant, je ne sens même plus mes phalanges.
— Il faut rester groupés et surtout regarder nos pas, nous a conseillé Corentin en allumant une lampe torche pour éclairer le sentier. Dès l’instant où nous rencontrerons de la végétation, nous reviendrons vers la terre battue. C’est trop dangereux sinon, vous avez raison.
— On devrait tous se donner la main, a proposé Alexandre qui était posté derrière moi.
J’étais ravie de cette suggestion et je m’imaginais déjà marcher à ses côtés comme un véritable couple, quand Wendy a détruit ce petit rêve.
— Hors de question que je donne la main à Corentin, a-t-elle aussitôt protesté, il mange avec ses doigts et il ne se lave même pas les mains. Je ne suis pas une poubelle !
Elle m’a aussitôt rejointe pour saisir mon poignet. Du coup, seul Alexandre pouvait servir de maillon entre elle et Corentin. J’étais dégoûtée.
Nous avons avancé ainsi pendant une vingtaine de minutes, tandis que Wendy se plaignait, trébuchait, riait et se faisait rappeler à l’ordre par Corentin pour qui cette expédition était extrêmement sérieuse.
— Comment voulez-vous que l’on découvre quoi que ce soit si vous bavardez sans arrêt comme des pipelettes ? s’est-il écrié avant que chacun se taise. Les bruits de la ville ont fini par disparaître laissant place à un silence de mort vraiment flippant. Nous entendions plus que nos souffles et nos semelles s’enfoncer dans la terre humide et spongieuse du sentier. Je pensais que nous allions revenir bredouilles, quand un cri terrifiant s’est fait entendre dans l’obscurité, sur notre droite, au milieu du marais.
— Qu’est-ce que c’est ? a murmuré Wendy en se serrant contre moi, grelottant.
— On aurait dit un animal, a fait Alexandre en s’approchant de nous.
— Filmez ou prenez des photos, plutôt que de jacasser ! s’est à nouveau énervé Corentin en allumant sa caméra :
— Il est tard. Je dois rentrer, mon père va m’engueuler, a poursuivi Wendy en me lâchant pour allumer nerveusement son téléphone portable.
Mais un nouveau hurlement beaucoup plus fort et plus près nous a terrorisés.
Corentin a éclairé les roseaux au moment où des bruits d’eau s’approchaient très rapidement de nous. Le brouillard a soudain semblé s’épaissir de façon presque instantanée et en quelques secondes nous avons perdu toute visibilité.
— Qu’est ce qui se passe ? a demandé Corentin en tournant sa torche vers une barque qui tanguait au bord du bassin. Mais sa lampe avait davantage pour effet de se réfléchir dans l’épais brouillard plutôt que de dissiper l’opacité alentour. Et lorsque quelque chose a remué dans les fourrés, nous n’avons rien pu distinguer à part une lueur blanche. Tout s’est ensuite passé très vite.
— Il y a quelqu’un ? a demandé Wendy, d’une voix hésitante, au moment où nous commencions tous à gravement flipper. C’est une bête ?
— Il n’y a personne. Quelqu’un a dû amarrer sa barque ici et elle a bougé avec les remous de l’eau, a commenté Alexandre. Ce n’est rien du tout.
Le silence est revenu, encore plus angoissant que cette barque et cette chose qui venait de se mouvoir dans le buisson. Y avait-il une cinquième personne autour de nous ? Est-ce que la Gruve s’était si facilement laissée appâter ? Allait-elle faire une victime parmi nous ?
Une main a saisi la torche de Corentin et sa lumière s’est mise à vaciller au rythme d’une lutte inégale. La lampe s’est élevée dans l’air comme une masse et on a un entendu un coup sec et très brutal avant que Corentin s’effondre au sol, la torche finissant par s’éteindre dans une flaque de boue...
Les Enquêtes d'Émilie Frinch: Ados et à cran
de Jimmy Sabater
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L’histoire sans fin...ou presque  **3ème  Partie**
Durant les années qui suivirent, LJ et moi nous sommes revus, reparlés, et avons réussi à reconstruire notre relation amicale qui m’avait vraiment manquée. Nous étions même voisins durant quelques temps. J’avais remis le couvert avec Malek, et LJ fréquentait Lisa, qui se trouvait être en lien avec ma famille. Quand je vous dis que le monde est petit dans nos campagnes, je n’exagère pas.
Le temps défile et je change du tout au tout en un claquement de doigts. Ma vie rangée finit au placard d’un coup de sang et je décide de quitter mon pays pour voir plus grand.
Je vois LJ, une dernière fois avant mon départ, entourée d’autres amis. On se dit bye, le premier d’une longue série.
Juin 2010, je rentre au pays. Je viens de passer 7 mois à l’autre bout du monde, à vivre mes rêves et apprécier le goût de la liberté. J’ai voyagé seule, ai fait des rencontres improbables, appris une nouvelle langue, apprivoisé une autre culture, fait des millions de jobs. Je reviens changée, complètement, je le sais.
Je suis excitée de revoir mes proches, de fouler à nouveau le sol français, et de profiter de l’été.
Tournée berruyère qui commence, telle une star, je passe de maison en maison, je fais mon show, chante mes voyages et découvertes. L’excitation est à son comble.
3h du matin, jetlag insistant, rue Barbès, feu rouge, je me stoppe. Je jette un coup d’œil dans mon rétroviseur et quelle ne fut pas ma surprise! Il est là, derrière moi, le vrai et l’unique : Mon LJ.
Warning enclenchés, frein à main, claquement de portière, je m’envole vers lui.
- Heyyy !! Comment ça va toi ! T’es rentrée quand ! me lance-t-il
- Ce matin mon cher ! je m’esclaffe.
- Sérieux ? c’est fou ! C’est trop cool de te revoir ! t’es parmi nous pour combien de temps ? tu vas repartir ou tu restes ?
- Aucune idée, j’aviserai. J’ai tellement de trucs à te raconter, t’imagines même pas !
- Je me doute. J’ai hâte de savoir tout ça. Une bière très vite ? on se cale ça ?
- Avec plaisir ! je t’appelle très bientôt. On se tient au jus.
On se serre dans les bras, une nouvelle page de notre livre est en train de s’écrire, mais nous ne le savons pas encore.
Après plusieurs échanges de textos, pour convenir du meilleur moment pour déguster une bière et profiter du soleil d’été en terrasse, nous voilà, LJ et moi assis à la même table d’un bar de notre charmante ville. A l’ancienne.
Le temps défile sous nos paroles, et les verres de bières aussi ! Il fait chaud, et les effets secondaires de l’alcool commencent à se faire ressentir. On rit, on se frôle, on retrouve notre complicité des anciens jours. C’est fun, c’est simple, c’est facile. Aisance innée.
Il me parle de ses avancées professionnelles, de ses projets de ses idées, de sa séparation récente avec Lisa. Je lui conte mes beaux voyages, mes belles plages et mes découvertes. Mes nouveaux hobbies et expériences de travail à l’opposé de nos formations, de mes conquêtes amoureuses rocambolesques et touchantes à la fois qui m’ont faites vibrer. Il m’écoute, me dévisage, me sourit. Je me sens bien, et rassurée.
Depuis que je suis revenue à mon ancienne réalité berruyère, j’avoue que nombreuses angoisses et questions m’étaient survenues. En sa compagnie, celles-ci s’envolent très loin, très vite. C’est instantané.
La soirée bien entamée, il commence à se faire tard, mais la fatigue est loin de nous abattre.
- Un dernier verre chez moi, propose-t-il. J’ai un petit rosé au frais qui pourrait être parfait pour conclure notre souper!
- Ben oui let’s go, on y va ! Qu’est-ce qu’on attend. !
Arrivés à destination, il me fait faire un petit tour du propriétaire: son atelier, sa cour, et son petit appartement de ville bien cosy. Je prends place dans son canapé, pendant qu’il me sert un verre de vin, en simulant des gestes de barman créateur de cocktail. J’esquisse un sourire, je n’y peux rien si le moindre de ses gestes me fait rire.
Il s’assoit à ma droite, posant nos boissons sur la table, et jette ses yeux vert émeraude dans les miens. Je peine à déglutir ma gorgée de vin.
- Marine, sérieux, je suis vraiment content pour toi, de ce que tu as vécu. Honnêtement, t’avais vraiment besoin de ça, je pense. Pour déconnecter, te recentrer sur toi, kiffer ta vie ! T’as assez donné dans le mélodramatique avec Malek, tes histoires de couple etc. Je te sens tellement libérée, je ne peux pas t’expliquer sérieux, mais je te sens BIEN. Et ça me ravit de te voir aussi épanouie et bien dans ta peau. Tu le mérites, t’es une fille bien.
- Waouh, merci que me vaut cet élan de gentillesse et de compliments? Ça me touche pour vrai ce que tu me dis LJ. Malgré nos ‘’petits’’ différents à certain moment, je n’ai jamais cessé de te considérer comme quelqu’un d’important dans ma vie.
- Ah oui ? tu fais allusion à quoi dans ‘’petits’’ différents ?
- Fait pas ton innocent ! m’exclamai-je
- Non sérieux, de quoi tu parles ?
- Ben la ! après qu’on se soit fréquentés d’une manière plus ‘’amoureuse’’ qu’amicale, on ne va pas se mentir, que j’ai coupé les ponts pendant un petit moment.
- Ah ça ! oui, bon on était plus jeunes, ce n’est pas grave. T’avais juste plus envie, tu m’as zappé. On ne va pas en faire un drame.
T’avais juste plus envie, tu m’as zappé.
Ces mots résonnèrent en moi. De son point de vue, j’étais la responsable qui avait mis fin à notre relation.
J’AVAIS JUSTE PLUS ENVIE DANS SA TETE !! NON MAIS PAS DU TOUT !!!
- Je t’arrête direct mon coco ! je pense que là tu es dans le déni complet de chez complet !
- Hein ? de quoi ?
- Fais pas l’innocent! On va remettre les pendules à l’heure mon chéri ! je ne t’ai plus donné de nouvelles certes j’avoue et j’assume, mais pas parce que j’étais tannée de toi. Parce que j’étais blessée !
- Blessée ? de quoi tu parles? … tu te fous de moi avoue. Tu blagues ?
- LJ, t’es sérieux ?
- Oui, je ne comprends pas. Vraiment, explique –moi.
Il me remplit ma coupe de vin.
- Tu sais pourquoi je ne t’ai pas rappelé du jour au lendemain ?
- Non.
- Tu te rappelles au moins que la dernière fois qu’on s’est vus ‘’ensemble’’, je me suis retrouvée en soutif culotte sur ton canapé et que tu m’as fait comprendre que rien de plus ne se passerait ?
- Humm, j’ai fait ça moi?
Sa face devint rouge.
- Oui tu as fait cela !
- Ok, mais en quoi ce n’était pas correct ? je pense t’avoir respecté, je n’ai pas fait le crevard ou le dalleux.
- Ce n’est pas cela le problème, LJ. Juste que ce jour-là, tu étais le deuxième mec de ma vie avec qui j’avais envie de franchir le cap, et tu m’as mis un gros stop. Ma fierté de fille a pris cher, crois-moi.
Un silence s’installa, interrogations et réflexions flottaient dans l’air. Il était perdu dans ses pensées. Je savais qu’il essayait d’analyser tout ce que je venais de lui dire afin de pouvoir formuler la meilleure des réponses qui le sortirait de ce merdier.
- Marine, dit-il calmement, je suis sincèrement désolé de t’avoir fait ressentir cela. Ce n’était pas du tout mon but.
- T’inquiète je sais bien, c’est digéré, et pardonné. C’est juste que je t’aimais vraiment beaucoup, et ça m’a fait de quoi ce ‘’rejet’’
- Est-ce que, par hasard, je peux me rattraper ici et maintenant ?
Mon visage se figea dans les airs, avais-je bien entendu ?
- Comment ça ? te rattraper ? je ne comprends pas.
Il posa son verre sur la table, approcha ses lèvres des miennes, ramena mon visage vers le sien et m’embrassa sans hésitation, sans sursaut, sans crier gare. Un baiser langoureux et chaud qui me fit tressaillir d’excitation. À la fin de ce long échange buccal, et inopiné mais loin d’être déplaisant, on se scruta un instant avant de partir dans un fou-rire.
- C’est bizarre, non, la tournure de cette soirée ‘’ retrouvailles’’ lançai-je.
- Tu n’as pas apprécié ?
- Bien au contraire, je dois dire que ce baiser fut un bel élément de surprise.
- J’ai envie de recommencer pour ma part.
- Ne te gêne pas, continue sur ta lancée, tu étais bien parti me semble.
On laissa donc aller nos pulsions adolescentes quelques longues minutes. Je retrouvai mes 20 ans, l’excitation des premiers jours qu’il m’avait influé à cette époque de nos vies. Il fit une pause juste d’un instant pour me dire :
- Est- ce que tu es prête pour rattraper le temps perdu ? à ce qu’il parait, il n’est jamais trop tard ! Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
Je n’ai même pas eu le temps d’aligner un oui qu’il m’attrape et me jette sur ses épaules tel un sac de voyage ! Je me mets à rire, signe de mon acquiescement à la suite qui s’en venait. Clairement, on remontait dans le wagon du train, là où il nous avait laissé 5 ans plus tôt.
Il me dépose délicatement sur son lit, apprivoise ma bouche. Ses doigts s’enchevêtrent dans mes cheveux, son souffle chaud fait un aller-retour de ma nuque jusqu’à ma poitrine. Ses lèvres remontent doucement à l’une de mes oreilles, il se stoppe.‘’Tu m’excites’’ se fait susurrer dans le creux de celle-ci. Je vacille, mon corps est en éveil. J’aime sentir la poigne de ces mains sur le haut de mes cuisses. Je deviens pantin désarticulé entre les bras et doigts experts de mon marionnettiste. Il tire sur les bonnes ficelles pour donner à mon corps le mouvement qu’il attend et qu’il prévoit. Sa bouche fait un festin de ma peau, et de mon intimité. Je commence à me perdre totalement dans les méandres de ses draps. Je sens la jouissance monter à pas de géant dans toutes mes veines, mon sang bouillonne dans ma tête lorsque soudain, j’entends :
‘’Avoue, personne ne t’a jamais léché ta petite chatte comme ça !’’
Mon âme qui s’envolait doucement dans les cieux du plaisir, n’eut pas de parachute de secours à l’écoute de cette réplique digne d’un film X. Je suis passé de la Belle au bois dormant à Clara Morgane en 5 minutes. Blocage de pensée, de mes membres, raideur interloquée. On ne me l’avait jamais sorti celle-là, surtout en plein ébat. Je lève mes yeux vers lui. Il a un regard de prédateur. Le mec est clairement dans son rôle. Je ne peux m’empêcher d’exploser de rire, mais un fou rire franc, avec des pleurs incontrôlables car ce n’est pas crédible. Il me suit de bon cœur dans mon délire. Notre spasme s’atténue, et laisse place à la suite de la nuit, bestiale et sans accrocs.
4h du matin, putain faut que je rentre chez moi. Je n’ai pas le goût… Je me rhabille à pas de louve, l’embrasse dans le cou, il m’agrippe, me retient et déboutonne mon jean : LJ, vraiment, je dois y aller… Oui je vais quitter, mais une heure plus tard.
L’été de nos retrouvailles, fut bercé de RDV clandestins, de fous-rires, de silences calmes, de nuits sans sommeil…J’adorais être avec lui, me perdre dans ses bras, mais je savais que je ne restais pas. J’allais repartir, à nouveau, loin très loin de Bourges, de nos anciennes vies. Je m’obligeais à garder mes distances, je ne voulais pas ressentir quelque chose qui aurait été plus fort que mon envie de voyages et de liberté. Je ne voulais pas AIMER. Ce mot m’effrayait, j’avais trop souffert lorsque j’avais ouvert mon cœur. L’amour, c’était le frein à mon moteur.
Je savais que LJ pouvait générer facilement ce sentiment chez moi. Je me devais de le repousser, et de lui montrer la facette sans pitié de la nouvelle Marine. Moins tu montres tes sentiments, moins tu es vulnérable, et plus tu as le pouvoir sur autrui. Je me mettais clairement un doigt dans l’œil comme à l’accoutumer. Moi et mes ‘’idées de merde’’. Moi et la facilité dont je faisais preuve pour me bercer de fausses illusions. Je me suis prise à mon propre jeu. Classique.
J’ai écumé plusieurs ‘’plan G’’ par la suite de nos échanges. Il était occupé, avait déjà des trucs de prévus. Je lâchai prise, en me convainquant que c’était aussi bien, jusqu’à l’un de ses appels inattendus.
- Tu fais quoi ce soir ?
- Je suis tranquille chez moi, je relaxe.
- Je suis sur la route, je rentre d’Espagne avec les gars, je peux passer ?
- Je ne pense pas, je suis tranquille là LJ, je n’ai pas le gout que tu te pointes à pas d’heure…
- Je peux être là dans une heure. Allez je viens, promis je serai gentil, tu seras contente d’avoir de la compagnie si tu es toute seule.
- Arffff, je ne sais pas. Tu ne veux pas qu’on se capte demain à la limite ?
- Demain c’est trop loin, j’arrive à tantôt, je fais vite.
Pas eu le temps de débattre, il avait déjà raccroché. Fuck…
Une heure plus tard, comme convenu, Monsieur arriva la bouche en cœur, émanant des effluves d’alcool et le regard un peu vitreux du mec qui n’est pas là pour faire jasette. Mon côté ‘’bonhomme’’ refit surface en quelques secondes.
- Je te le dis mon gars, si tu crois que tu viens la juste pour te donner ton petit plaisir et rentrer chez toi, tu t’es gouré d’adresse.
- Haha ! tu fais la rebelle ?
- Non, je fais ma conne frigide.
Il s’assied à côté de moi et me prend dans ses bras.
- Je suis venu pour te voir, reste tranquille, mets un film et profite de mes bras, Calme-toi Mademoiselle Muhammad Aly. Range tes gants de boxe s’il te plaît. Au moins pour ce soir. On ne va pas s’embrouiller pour rien. On peut juste être relax ?
- Ok, ce plan-là me va.
Le film finit, et ma colère redescendue, l’ambiance fut plus agréable. Mais je tenais mon bout. Pas de sexe ce soir, je ne suis pas un self-service. Tu as refusé de me voir les dernières fois, tu dormiras sur ta crampe aujourd’hui. À cet instant, l’amour est comme du business, pas de sentiments en affaire, que le plus têtu de nous deux gagne.
Malgré ma détermination, qui se lisait de manière très claire sur mon visage, il entreprit tout de même une approche nébuleuse pour obtenir ce qu’il était clairement venu chercher. Ma fierté étant trop forte, ni une ni deux, LJ s’est retrouvé sur le pas de la porte avec ses affaires dans les mains. Il me supplia une dernière fois comme un chiot devant un bout de chocolat.
- Tu vas regretter de me mettre dehors me dit-il en esquissant un sourire.
- Non mon beau LJ, je ne suis pas une ‘’option’’. Aucun regret.
- Tu n’es pas sérieuse ? allez Marine, toi et moi cette nuit.
- Non juste moi et moi-même cette nuit, rentre bien.
Je lui jette un bisou furtif, et lui claque la porte au nez, tourne le verrou et rideau !!
Trois semaines plus tard, je reprends l’avion pour la Nouvelle-Zélande, deuxième round, LJ est déjà loin de mes pensées.
à suivre...
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capitanogiorgio · 7 years
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Un Fake Dating AU pour le CHB où ils sont meilleurs potes depuis toujours - mais les parents de l'un des deux le fait chier genre "ben alors pourquoi t'es toujours pas en couple", donc pour qu'ils lui lâchent la grappe il dit qu'il est en couple avec l'autre. Romance and fluff s'ensuivent.
Anon, je suis toujours opé pour les Fake Dating AU (d’autant que je peux yglisser de l’angst mwahahah) ! J’ai pris mon temps, j’ai développé ça bien lus que j’aurais du, c’est presque une semi fic, wow qu’est-il advenu de ma vie. Enjoy !
C’est les parents de BH qui le charrient qu’il soit toujours seul alors queses frères et sœurs ont tous quelqu’un depuis quelques temps. Sauf lui. Et ilen a de plus en plus assez des éternels “Alors les amours ?” ou “Ohun garçon beau comme toi célibataire ? Je n’y crois pas !”
Un dimanche, alors qu’ils sont en plein repas de famille avec lespartenaires de ses frères et sœurs, et que quelqu’un lui demande quand est-cequ’il ramènera quelqu’un avec lui. Il s’énerve un peu avant de dire “T’façonj’suis en couple avec Arnaud donc c’est bon, arrêtez avec ça.”
Silence autour de la table, regards médusés sur BH. Quand sa mère luidemande depuis combien de temps, il reste vague, que ça s’est fait plus ou miendans le cours naturel des choses. Regard plissé de sa mère “Et tu ne me disça que maintenant ? Tu aurais pu me le dire quand même, on l’aurait invité, jesais à quel point il aime manger en plus.” Elle le harcèle jusqu’à sondépart pour qu’il accepte un repas la semaine suivante.
Quand BH rentre chez lui (en fait la colloc qu’il partage avec AM, oui j’aidécidé qu’ils étaient en colloc), AM n’est pas là, il ne rentre que lelendemain d’un week end chez ses parents en Bourgogne. BH se passe les mainssur le visage et grogne : il s’est empêtré dans un sale pétrin.
Il ne sait pas s’il doit l’appeler tout de suite ou attendre. La question letaraude toute la soirée avant qu’il n’envoie un “Faut qu’on parle demain” auxalentours de minuit. Ce qui inquiète AM quand il voit le message.
Le lendemain, quand BH rentre à l’appartement, AM est là. Il lui offre unsourire un peu nerveux car il ne sait pas à quoi s’attendre.
“Ecoute voilà, ma famille me bassinait avec ça et pour qu’ils arrêtentj’ai dis qu’on était en couple.” “Ah ok.” le soulagement sur la tête d’AMde voir qu’il ne s’agit de rien de plus grave. “Euuuuh… Arnaud ? T’asentendu ce que j’ai dit ? Mes parents pensent qu’on est ensembles maintenant.Et ils veulent nous avoir à déjeuner la semaine prochaine.” “Je croyais que tuvoulais m’annoncer quelque chose de plus grave. Et puis on fera avec. On ferasemblant pendant un moment et puis t’annonceras plus tard que je t’ai plaqué ettu seras tranquille.”
BH approuve le plan d’AM et ils élaborent une histoire bateau sur commentils ont sauté le pas entre amitié et amour à raconter aux parents de BH,pendant qu’ils regardent un documentaire en pyjama avec un plateau repas.
Arrive la semaine suivante et le repas chez les parents de BH. BH est ultranerveux, il se répète que c’est la pire idée qu’il ait jamais eu, il est sûrque ça va foirer et il se sent coupable d’entraîner AM dans son mensonge. AMlui pose les mains sur les épaules et le rassure, ce qui marche un peu.
Quand ils arrivent chez les parents de BH, la maman les accueille toutecontente et complimente AM sur son apparence. AM qui répond, en enroulant sonbras autour des épaules de BH, tout naturellement “c’est grâce à votrefils madame.”
BH a pas l’habitude, il est nerveux, et un peu rigide, alors AM passe samain de haut en bas de son dos, lentement et discrètement. BH qui a unesensation bizarre, des frissons avec le geste d’AM et il secoue la tête pourque ça passe. AM a retiré son bras mais offre un sourire rassurant à BH.
Pendant tout le repas, AM est parfait, joue le gendre idéal et affermit soncapital sympathie auprès des parents de BH. Il prend parfois la main de BH, luilance des regards attendris, joue l’amoureux transi et attentionné. A tel pointque quand les parents de BH sont dans la cuisine, BH glisse à AM qu’il en faitpeut-être un peu trop et qu’ensuite ses parents seront beaucoup trop tristesquand ils auront "rompu”. Et ça les fait rire un coup et BH se sentun peu mieux, surtout après toutes les sensations étranges qu’il a ressentis àchaque touché d’AM.
Ils pensent être un peu tranquilles et ils en rigolent le soir en regardantun film avec un pot de glace, mais les parents de BH sont tenaces, ils sontré-invités pour la semaine suivante et la mère de BH trouve une bonne excusepour que BH accepte de venir avec AM.
La supercherie se poursuit chaque semaine et sans qu’ils s’en rendentvraiment compte, ils sont un peu plus tactiles l’un envers l’autre. Quand ilsregardent la télé, AM a souvent son bras étendu sur le dos du canapé et la têtede BH qui s’y repose. Quand ils font parfois une bataille d’eau en faisant lavaisselle ou une bataille d’oreillers (ce sont de gros gamins), ils s’effleurent plus souvent sansvraiment s’en rendre compte, ils rient plus souvent contre l’épaule de l’autre.
Un jour, le pot aux roses a failli être découvert par la maman de BH qui estvenu à l’improviste un matin pour leur faire une surprise et qu’ils enparlaient juste avant.
Comme ils se sentent un peu pris au piège à proximité des parents de BH, etqu’ils ont un peu de vacances qui arrivent, AM décident d’inviter BH chez luien Bourgogne. Grossière erreur.
C’était sans compter leurs parents qui s’entendent très bien et quidiscutent et qui se glissent quelques confidences. Alors quand ils arrivent enBourgogne, les parents d’AM ne leur montre qu’une chambre, celle d’AM, et leurdit que la chambre d’ami est occupée par sa tante et qu’après tout ça ne lesgênera pas de partager un lit.
Chacun proteste quand ils sont tous les deux, à dire qu’ils dormiront parterre. Et puis en voyant qu’ils n’arriveront pas à un trouver un accord, ils serésolvent à partager le lit dans l’ancienne chambre d’AM. Après tout, le lit estassez grand et ce n’est que pour quelques nuits.
La nuit venu, ils sont chacun d’un côté du lit et ils essayent de s’endormirtant bien que mal. Au réveil, ils constatent qu’ils se sont trouvés dans lanuit car ils ont une jambe et/ou un bras affalé sur l’autre. Ils sont d’abordun peu embarrassés, mais en fait ils ont bien dormis et c’est assezconfortable. Ce qui les embarrasse encore un peu plus. Ils décident de ne pasen parler, de ne pas s’en faire, après tout ils bougent dans la nuit, ça neveut rien dire.
Ils passent du bon temps en Bourgogne, à bien manger, à faire des baladesdans la campagne, à se reposer, à faire des visites dans la région, ousimplement à ne rien faire.
Les seuls moments où ils sont gênés c’est le soir dans la chambre quand ilspartagent le lit d’AM. Ils mettent souvent du temps à s’endormir, chacun tournéde son côté et ils se réveillent toujours beaucoup plus proches qu’ils ne l’étaientau départ, quand ils ne sont pas affalés l’un sur l’autre.
Ca les fait beaucoup réfléchir, parce qu’au début c’était juste pour que BHsoit tranquille avec ses parents et ils étaient toujours aussi complices. Maislà, ils se rendent comptent qu’ils se sentent bien aussi quand ils font “semblant”justement parce qu’en fait, ils ne font pas vraiment semblant. Les matins oùils se sont réveillés l’un contre l’autre, aucun ne voulait ouvrir les yeux oufaire le premier geste parce qu’à bien y réfléchir ils se sentaient bien, àleur place.
Ca angoisse BH, parce qu’il ne veut pas gâcher son amitié avec AM qui dure depuislongtemps, il essaye de se convaincre que cette fausse histoire lui monte à latête et c’est tout. Mais quand ils sont de retour à la coloc’ et que BH a dumal à dormir la nuit parce qu’il pense à tout ça et qu’il se rend compte que laprésence d’AM à côté de lui, ça lui manque, il est obligé de reconnaître que c’estbien plus que ça.
Mais du coup il devient aussi très conscient des moindres de leurs gestes etun bras passé autour des épaules ou un coup de coude gentil dans les côtes, desgestes tout à fait naturel entre eux auparavant, ça devient une torture pourBH, il est très mal à l’aise et souvent il s’écarte d’AM.
Il va faire beaucoup plus de sport aussi, il va courir pour se changer lesidées et se sortir AM de la tête parce qu’il pense à AM de plus en plus, toutle temps. AM comprends pas ce qu’il se passe, il a envie de demander à BH ce qu’ilse passe mais d’habitude quand ils ont envie de se dire quelque chose, ils n’ontaucun problème, ils se disent les choses naturellement alors AM ne veut paspousser BH, ça passera sans doute.
Un soir AM rentre à l’appart’ pour annoncer à BH qu’il a décroché un CDIsuper important et super prisé. Il est super content et machinalement il prendBH dans ses bras. Et là BH le repousse “me touche pas.”
AM comprend pas, c’est un gars tactile de base et ça ne posait jamaisproblème à BH avant, et en plus ça le blesse vraiment parce que BH ne l’a mêmepas congratulé. AM lui demande ce qu’il y a, il avance sa main pour toucher BHmais il s’arrête en voyant le geste de recul de BH et un “Me touche pas j’tedis.”
“Est-ce que je peux savoir ce qu’il se passe ?” Silence de BH. “Ben ?J’ai fait quelque chose de mal ? Dis-moi si c’est le cas, que je rectifiemon erreur.” BH ne sait pas quoi faire, parce que quand il voit AM sidéboussolé et blessé, il aimerait pouvoir faire quelque chose. “C’est pas toi,enfin pas vraiment. C’est moi en fait mais je… En fait je crois que jepréférerais retourner chez mes parents pendant un moment.” “Pardon ?” AMne sait pas ce qu’il se passe, il a l’impression que malgré ce que dit BH il yest pour quelque chose et ne pas savoir pourquoi lui fait mal parce que c’estau point que BH ne veut plus vivre avec lui alors qu’il n’y avait aucunproblème.
“Je peux plus vivre avec toi.” C’est le coup de grâce pour AM. Il arrive àmurmurer un ‘d’accord’ de l’autre monde et part se réfugier dans sa chambre. BHs’en veut immédiatement, c’est pas ce qu’il voulait, et là il est sûr d’avoirgâché leur amitié. Il reste planté dans le couloir avant de se décider à allerchercher quelques affaires pour rentrer chez ses parents. Quand il passe devantla porte de la chambre d’AM, il entend renifler et il hésite une seconde àaller le voir avant de se dire que ça ne ferait qu’empirer les choses et il sedépêche de partir.
Quand il arrive chez ses parents, ils le regardent inquiets, mais il a levisage fermé et il monte directement se coucher dans sa vieille chambre. Autantdire, qu’aucun ne passe une bonne nuit.
Les jours suivants, BH alterne entre aller au boulot et rester prostré dansson lit, les yeux dans le vague. La mère de BH parle avec lui, ça suffit defonctionner comme un zombie et il finit par vider son sac. Elle le console etlui remonte le moral autant qu’elle peut mais il est toujours aussi misérable.
Comme les jours passent et qu’il est toujours aussi déprimé, elle finit parintervenir, même si elle se sent en partie responsable pour la situationactuelle. BH a besoin de récupérer des affaires qu’il a oublié à l’appartementmais il ne veut pas tomber sur AM. Sa mère lui dit qu’elle a eu la mère d’AM autéléphone et qu’avec son nouveau travail, il ne fait plus que dormir à l’appartement.
BH y va donc, un peu nerveux mais l’appart’ est vide quand il arrive. Ilrécupère ses affaires, il a envie de faire vite et en même temps il prend sontemps parce qu’il repense encore au visage d’AM la dernière fois qu’ils se sontparlés. Il soupire un bon coup et il va pour partir quand la porte s’ouvre etil tombe sur AM.
Surprise et grand silence. “Qu’est-ce que tu fais là ?” “Oh j-je, j’aijuste récupéré des trucs que j’avais oubliés” silence. Ils ont tous les deux leregard fuyants et BH décide de tout lui dire, quitte à ce qu’il gâche tout,autant qu’AM sache pourquoi et qu’il l’oublie ensuite. “Ecoute… Je. J’suisdésolé de ce que je t’ai dit la… La dernière fois qu’on s’est vu. C’est justeque…” il a encore de petites hésitations. Il pose ses affaires et s’assoit surle canapé. AM l’imite, appréhensif.
“Voilà. C’est notre arrangement en fait. Tu sais, qu’on fasse semblant d’êtreensemble.” “Oh. T-tu veux qu’on arrête ?” BH se gratte la nuque et prendsun moment avant de répondre. “Le truc tu vois, c’est que ça m’a fait réfléchiret… Et j’arrive plus à faire semblant.” “Donc on arrête ?” “Non, t’as pascompris.” Regard appréhensif d’AM “J’arrive plus à faire semblant parce qu’avectoi je veux plus faire semblant. J’aimerais que ça soit vrai. Et j’ai pété lesplombs la dernière fois parce qu’il fallait toujours que je me rappelle que c’étaitpas vrai et qu’on était pas vraiment ensemble, et que toi aussi tu faisaissemblant et…” “Ben ?” “Q-quoi ?” BH sent que c’est la fin, qu’AM valui dire de partir, qu’il ne veut plus le voir et là : “Est-ce que… Est-ceque je peux te prendre dans mes bras ? Sans faire semblant”
BH ne s’attendait pas à ça et il répond d’un tout petit oui et AM se jettelittéralement dans ses bras et BH comprend enfin qu’AM réciproque sessentiments et ils s’accrochent fermement l’un à l’autre. “Ben ?” “Oui ?” “Est-ce que je peux t’embrasser pour de vrai ?” BH rougit, sa tête dans lecreux de l’épaule d’AM et il hoche la tête avec un sourire timide. AM amène sonvisage vers le sien et ils partagent leur premier baiser (le premier d’unelongue série), et tout va bien maintenant, ils sourient bêtement et rient deleur propre comportement stupide et BH envoie un message à sa mère pour luidire qu’il ré-emménage à l’appart’ et lui et AM passent la soirée à regarderdes comédies, blottis l’un contre l’autre, en partageant un pot de glace.
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Ma chère Solitude.
Ma chère, Ça fait longtemps que j'ai envie te parler, est-ce que j'ai le droit de m'adresser à toi directement ? Je sais que je ne t'ai pas habituée à ça, j'imagine que ma familiarité soudaine t'incommode et que ce tutoiement te surprend. Je le sais en fait, je te connais bien. À vrai dire, on se ressemble beaucoup toi et moi. Mais aujourd'hui il me semble important de faire ce pas vers toi. Je crois que j'ai beaucoup de choses à te dire et que j'ai déjà trop attendu. Allez, fais pas cette tête !  Ce n'est pas comme si on ne se connaissait pas. Ça fait bientôt vingt-cinq ans qu'on cohabite. Je conçois que cette lettre va te paraitre un peu étrange, comme aux autres qui la liront d'ailleurs. On ne parle pas souvent de toi ici. À vrai dire, quand il s'agit de toi, le sujet est un peu tabou. La plupart des gens te présentent comme un monstre à abattre ou une maladie incurable. Ils sont prêts à toute sorte d'arrangement pour t'éviter. Je m'étonne de leur entêtement, je m'en irrite parfois. Quand je sors des arguments en ta faveur, on me répond que c'est si triste d'être seul. On me parle de ces mamans célibataires qui galèrent ou des SDF, de ces gens au chômage, à la retraite. Tu sais, ces vieux qui meurent tout seuls chez eux, qu'on ne remarque qu'un an après à cause de l'odeur. Pourtant, ton prénom, quand il sort de ma bouche, n'a rien à voir avec tout ça. Je crois qu'ils te confondent avec l'abandon ou l'isolement, avec une sorte de manque. Pour moi, tu représentes avant tout un retour à soi. Un appel à découvrir ses désirs, ses rêves, sa liberté. Une pause dans ces relations qui sont toujours plus compliquées, dans ce monde qui s'essouffle, cette société qui s'effrite. Très tôt, on nous éduque à vivre ensemble, à jouer ensemble, à travailler ensemble. On nous inculque le compromis, la patience, on nous apprend à communiquer, à mentir surtout. On nous convainc que tu es incompatible avec le bonheur, avec l'amour, et que, contrairement au dicton, il vaut mieux être avec n'importe qui, plutôt que seul. Alors j'ai essayé moi aussi. De faire partie d'un groupe, d'une communauté, d'un couple. J'ai passé des années à supporter des compagnies que je jugeais ennuyeuses pour me sentir acceptée, normale. Le plus généralement parce qu'on me le demandait et que ça inquiétait ma mère de me voir avec toi. Mais la vérité c'est que je me sens bien plus seule en soirée, entourée par le monde, les lumières, les sons. Je me mêle aux autres, je parle avec ces gens, je me sens vraiment bien parfois, mais souvent, d'un coup, j'ai le sentiment d'être seule au monde. J'ai l'impression que nos paroles sont insensées, tellement superficielles, et qu'il n'y a aucun espoir que l'on se comprenne un jour. Ça t'ai déjà arrivé à toi aussi ? On rabâche sans cesse les mêmes propos stériles, entendus à la télé, dans les médias, sortis de la bouche des plus cons de ce monde. On s'emporte les uns contre les autres pour des broutilles et on évite soigneusement les vrais sujets. Je crois qu'à vivre continuellement en groupe on finit par régresser intellectuellement. On laisse les autres réfléchir à notre place, parce que c'est plus simple sur le moment. Mais avec les années on perd tout esprit critique. Comment veux-tu qu'on soit capable de tolérance, de jugement, si l'on n'est même pas aptes à nous faire nos propres idées ? Malgré ça, je m'interroge : est-ce que je suis folle ? Est-ce que je suis la seule à te trouver belle, et plutôt positive ? Est-ce que ça fait vraiment de moi quelqu'un d'asocial de passer du temps avec toi ? Très jeune je remettais déjà en cause le pouvoir, l'autorité, l'adulte. Je crois que je n'ai jamais été quelqu'un de docile. Depuis toujours on me traite de fière ou de rebelle, on me dit que ce n'est pas comme ça que je vais plaire ou me faire des amis. Ça me fait un peu sourire quand je pense aux gens formidables qui habitent ma vie. Je crois que le seul moyen d'être soi-même et quelque peu épanoui est d'arrêter d'avoir en permanence recours à l'autre, à son regard ou son avis. Mais la société dans laquelle on a grandi a fait de nous des assistés émotionnels. On passe notre temps à essayer de faire plaisir, à vouloir rendre fiers nos parents, à écouter des conseils qui ne nous correspondent pas, et on finit par suivre une voie qui n'est pas la nôtre. Mais la vérité c'est que personne d'autre que moi ne peut raisonner à ma place, personne n'est dans ma tête, personne ne peut me dire ce qui doit faire mon bonheur ou quel chemin suivre. Cette idée est effrayante, voire même douloureuse, mais quelle vie m'attend si je refuse encore de la reconnaître ? N'est-ce pas ça, d'ailleurs, devenir adulte ? Se rendre compte que l'on est responsable de sa propre vie ? Se prendre en main et faire face, plutôt que d'accabler l'autre ou l'appeler au secours ? Je crois que cette prise de conscience est le commencement de tout. C'est tout un art les rapports sociaux, tu sais bien que ça m'a souvent dépassée. J'ai l'impression que le partage véritable et l'honnêteté entre humains est plutôt utopique. En fait, j'ai le sentiment, et c'est ce qui me dérange le plus, qu'aucune relation n'est vraiment gratuite. Que quand on passe du temps avec quelqu'un, c'est très souvent intéressé. Ce n'est pas forcément conscient, et encore moins malintentionné, mais les gens ont tellement besoin qu'on les rassure, qu'on les guide, qu'on les rende heureux. Je ne m'en sens pas le pouvoir. C'est trop. Tu n'imagines pas la gueule de mes proches quand je leur dis que je n'ai pas besoin d'eux. Bon, dit comme ça, je peux les comprendre aussi... C'est vrai que je ne suis pas souvent très délicate dans mes propos. Mais ce que je veux dire c'est que je n'ai pas ''besoin'' d'eux. Je suis là, je suis moi, je suis complète, (...) je suis contente ! Évidemment, ils rajoutent à mon bonheur quotidien, ils m'apportent énormément, et on crée de belles choses ensemble, mais c'est un plaisir, ce n'est pas un besoin. Je n'espère rien d'eux, je les aime comme ils sont, sans forcément attendre de retour, simplement parce qu'ils existent. Je suis fière de pouvoir aimer comme cela. Dis -moi, on a le droit d'être pas commode ? D'être sauvage et sociable en même temps ?_Depuis trois ans on me questionne sur mon choix de voyager seule. On me félicite ou on me plaint, on me qualifie de courageuse ou on me demande ce qui cloche chez moi. Tous les avis se superposent, s'emmêlent, et à moi il m'a fallu tout ce temps pour comprendre les raisons de notre rencontre. Je t'écris aujourd'hui comme à une amie, mais il faut que je t'avoue que durant des années, moi aussi je t'appréhendais un peu. Quand je t'ai embarquée avec moi pour la Norvège, lors de mon tout premier voyage, tu n'étais pas vraiment voulue. J'avais juste besoin de partir, vite, d'aller voir ailleurs, et personne d'autre que toi n'était prêt à me suivre. À cette époque, je ne connaissais pas encore tous ces forums qui regroupent les voyageurs, toutes ces annonces où les uns et les autres recherchent des compagnons d'aventure. Et Dieu merci.Ces voyages avec toi m'ont profondément changée. Durant ces longs mois, à ne pouvoir ne compter que sur nous-mêmes, je crois que j'ai vraiment grandi. La route et toi faites des enseignants formidables. Vous m'avez appris l'humilité, la bienveillance, la persévérance, et surtout, le courage. Vous m'avez obligée à surmonter le difficile. Je ne pensais pas être si forte. Alors non, tu n'as rien de facile. Et tu n'es pas vraiment douce non plus. D'aussi loin que je me rappelle tu n'as jamais essayé de me préserver. Au contraire, tu me poussais déjà à bout. Tu m'impressionnes un peu avec tes grands airs et tes excès. Des fois tu m'inquiètes. J'ai peur de m'approcher trop près de toi et de ne plus être capable de rentrer chez moi. Des fois j'ai peur que tu me rendes folle. Tu me fais un peu penser aux histoires d'amours passionnées. Comme elles tu demandes un abandon et un dévouement total, comme elles tu peux t'avérer terriblement blessante, ou sublime. Tu es une épreuve à part entière. Tu coûtes cher, mais le prix à payer et la récompense sont les mêmes : la liberté. Aujourd'hui, je ne peux plus me passer de toi. Tu es devenu un choix réfléchi, et même plus que ça, un engagement. J'ai passé un accord avec toi, celui de vivre avec attention et courage, avec lucidité et respect. Nos rencontres comme un rendez-vous avec moi-même. On a encore du chemin à faire toi et moi. Je n'ai pas encore tout compris, je n'ai pas encore fait la paix avec les autres, ni même avec moi. Je crois que c'est ça le vrai but de ces voyages : apprendre à me connaître, à me respecter et à m'aimer. C'est aussi pour cela qu'ils sont solitaires : ils ne mènent qu'à mon propre salut. On me demande comment je fais pour oser toutes ces aventures. Je crois que tu y es pour beaucoup. Je ne ressens plus le besoin de parachute, de semaines routinières, ou de l'assurance d'avoir quelqu'un dans mon lit toutes les nuits. C'est toi qui me sécurises. Je sais que quoiqu'il se passe, si dans ma vie je traverse des moments de doute ou de peine, je retrouverai toujours mon souffle à tes côtés. Je sais que quand les angoisses seront trop présentes, et que la situation semblera bloquée ici, mon secours ultime viendra d'en haut, de toi.  C'est donc vrai : « L'âme cesse d'être solitude quand elle devient sanctuaire. » Avec amour et dévotion, Julia. 
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L'étudiant a pris la défense d'un couple agressé à Lyon. Les coups violents qu'il a reçus lui ont laissé de lourdes séquelles. En avril dernier, il a rencontré le Pape.
Cet après-midi de 11 novembre 2016, veille de week-end, Marin veut s'acheter un manteau et parcourt le centre commercial de La Part-Dieu, à Lyon. Un jour férié qu'il passe avec sa petite amie, Clémentine, dont ils fêtent l'anniversaire le soir même. Marin vient d'avoir 20  ans. Après un bac mention très bien, il est étudiant en double licence droit et sciences politiques, Clémentine prépare un BTS. Ils n'ont pas trouvé ce qu'ils cherchaient dans les boutiques. La nuit commence à tomber. Ils marchent vers l'arrêt du bus C1.
Sur le parvis du centre commercial, Yacine *, 17 ans, ne sait que faire de ce 11 Novembre. Il a fugué de chez sa mère depuis des semaines, est en rupture de ban avec l'école, les éducateurs et toute forme d'autorité. Parfois, pourtant, l'armée l'attire. Peut-être une façon d'oublier «les hauts et les bas», comme il les appelle, de sa propre famille. Les «hauts», entre un père violent et une mère toxicomane, s'il y en a eu, personne n'en parle plus. Les «bas» remplissent les pages d'un dossier judiciaire qui porte déjà vingt et une condamnations, un séjour en prison en 2014 et des échecs à la pelle. Dans le jargon psychosocial, cela se transforme en «parcours chaotique», en «manque d'investissement» dans les obligations de soins pour toxicomanie, en «manque d'implication» dans les formations proposées. Ce vendredi après-midi, les heures s'étirent, tuées à coups de vodka et de joints. Yacine «zone» sur le parvis du centre commercial lyonnais. L'envie de cogner, n'importe qui, n'importe quand.
Un couple est assis à quelques mètres, à l'arrêt Part-Dieu - Vivier Merle, ligne du bus C1. L'homme et la femme, la cinquantaine, viennent de se retrouver. Lui est un gendarme à la retraite, elle vit dans une autre ville que Lyon. Ils s'embrassent.
«Y a des hôtels pour ça!, jette Yacine au couple.
- Va te faire enc…!, réplique l'ancien gendarme.
- Répète!»
«Vous devez vous préparer, dire au revoir à votre fils. Son cas est… désespéré»
L'embrouille, l'escalade… La femme qui accompagne l'ex-militaire tente de s'interposer. Marin voit la scène toute proche, s'avance vers Yacine avec l'idée de calmer le jeu, s'adresse au jeune de son âge: «C'est bon… Il a rien dit. J'ai rien entendu.» Des mots pour faire retomber la pression. Deux petits gabarits se font face. Marin, 1,65 m, «taillé dans une allumette», dit-on dans sa famille. Yacine, 1,70 m. Rien d'un poids lourd non plus. Des coups partent. Yacine est devenu enragé. Marin, lui, croit encore qu'un sourire et de la bonne volonté peuvent faire tourner le monde plus rond.
Voilà l'autobus. Enfin. Monter dedans, quitter ce parvis. Laisser là cet abruti. Clémentine pousse Marin à l'intérieur. Le couple qui s'embrassait monte aussi. Les quatre passagers s'assoient ensemble. Personne ne voit que Yacine, après avoir attrapé la béquille d'un autre jeune qui traîne avec lui, a grimpé dans le bus par la porte centrale. Il vise la tête de Marin. Trois coups, d'une extrême violence, par l'arrière. Yacine prend la fuite.
Le sang coule de l'oreille de Marin, qui convulse. Les passagers du bus ne comprennent pas encore bien la raison de ces cris, de cette agitation. En quelques secondes, tout a basculé. L'après n'est que douleur.
Audrey, la mère de Marin, a les yeux secs et la voix qui ne tremble pas lorsqu'elle raconte la vie de Marin depuis le 11 novembre 2016. Elle donne rendez-vous dans le bar d'un hôtel, quartier de La Part-Dieu. L'arrêt du bus C1 tout proche? «À chaque fois que j'y passe, je fais une petite prière», reconnaît cette femme énergique, sympathique, qui a décidé de s'accrocher à chaque progrès, au plus mince espoir. De remuer ciel et terre pour son fils. Chacun réagit comme il peut. Le père - le couple s'est séparé avant les 2  ans de Marin - préfère rester discret. Il habite un autre département, travaille dans le secteur automobile, entoure beaucoup son fils. «Un homme bon et doux», résume son avocat, Me Jean-Félix Luciani. «Des gens bien. Exceptionnels même. Ils ont toujours voulu l'apaisement», complète Me Anne Guillemaut, avocate de Yacine.
C'est d'une voix toujours décidée, sans pathos inutile, que la mère décrit son fils
Novembre 2016, hôpital de Bron. «Vous devez vous préparer, dire au revoir à votre fils. Son cas est… désespéré» : dans le service de neurochirurgie où Marin est hospitalisé, les larmes, la stupeur, le chagrin… Et les heures d'attente après l'opération destinée à stopper cette terrible compression du cerveau provoquée par l'hématome sous la boîte crânienne. Audrey se souvient de tout: «On nous avait expliqué: “  Sur l'échelle de Glasgow (indicateur de l'état de conscience), Marin est à 3.” Je m'étais dit: “3, c'est déjà ça.” Je ne savais pas que l'échelle commençait à 3 pour monter à 15…»
Mais, peu à peu, la parole revient. Des bribes puis une première phrase intelligible alors que le jeune homme a déjà passé plusieurs semaines en réanimation, dans le bruit, le va-et-vient des soignants: «C'est un hall de gare ici, sans déconner!» Audrey sourit: «Tout Marin est dans cette phrase…» Et quand, à l'approche de Noël, sa grand-mère s'enquiert d'un cadeau, la réponse de celui qui est depuis trop longtemps alité, fuse: «Un coccyx!»
C'est d'une voix toujours décidée, sans pathos inutile, que la mère décrit son fils. «Marin est un enfant brillant même s'il ne “ pousse ” pas trop. Il a confiance en lui, en la vie. Il a une belle plume. Une passion pour le foot aussi. Il a commencé très jeune, a toujours joué et continuait à la fac. Un sportif et un bon vivant à la fois, fêtard.» Des phrases au présent.
Lourdes séquelles
C'est aussi au présent que Marin remplit sa page Facebook, un an après le drame, le 11 novembre 2017. «J'ai, depuis un petit moment désormais, abandonné tout espoir de redevenir le Marin d'avant, celui qui pouvait jouer au foot, danser avec ses amis et son amoureuse en soirée.» Malgré les quatre opérations au cerveau, les séquelles motrices et neurologiques sont lourdes. Du mal à marcher. Le risque de chuter à tout moment. Un fauteuil roulant pour les longs trajets. Aux problèmes physiques s'ajoutent ce qui, sans doute, est le plus cruel et insupportable: «Un an que je suis mentalement submergé par mes TOC (troubles obsessionnels compulsifs, NDLR), que je compte tout, etc. Un an que je subis une sorte d'allergie qui provoque éternuements et démangeaisons à répétition. Un an que je souffre d'un problème de désinhibition (très) embêtant.»
Comment un garçon de 20 ans décide de s'interposer dans une querelle qui prend mauvaise tournure? D'aider son prochain? De tenter d'éviter que l'agression ne tourne vraiment vinaigre? En un mot, d'être «héroïque»? Réponse d'Audrey: «Marin est très courageux. Pourquoi? Je ne sais pas. Il déteste l'injustice. Nous avons ce qu'on appelle “des valeurs”. On est dans ce monde. On aide facilement autour de nous.»
Cour d'assises des mineurs du Rhône, mai 2018, deuxième journée du procès de Yacine pour «violence avec usage d'une arme suivie de mutilation ou infirmité permanente». Marin est invité par la présidente à s'exprimer à la barre. Aidé de ses notes, il répond puis se tourne vers le box. Là, il n'a rien préparé. Un dialogue se noue. Les assises retiennent leur souffle.
«Je regrette ce que je t'ai fait. J'ai détruit ta vie et celle de ta famille, commence Yacine.
- Je ne peux pas excuser ton geste, mais peut-être qu'un jour je pourrai te pardonner, répond Marin.
- Ce n'est pas pardonnable, je le sais. Je vivrai toute ma vie avec ce que j'ai fait.
- J'espère que tu vas te construire, que tu vas changer, que tu vas faire des études, pour ne plus être le même homme.»
Marin retourne à sa place. Il a oublié «plein de choses» qu'il voulait dire à son agresseur. Tant pis. L'essentiel a eu lieu. Il a affronté ce face-à-face. Le lendemain, Yacine est condamné à sept ans et demi de réclusion. Le jury a retenu l'excuse de minorité, le maximum de la peine encourue étant de quinze ans.
Yacine a rejoint sa prison, sa formation de CAP en électricité, ses rendez-vous avec les psychologues. Les premiers mois de sa détention n'étaient guère encourageants. Des outrages et violences, un téléphone portable découvert dans sa cellule…
Marin habite seul mais est aidé chaque jour, presque chaque instant, par sa maman, qui a dû arrêter de travailler. Un quotidien qu'on devine épuisant, où l'exploit consiste à aller au bout de la rue. Sans tomber.
Marin habite seul mais est aidé chaque jour, presque chaque instant, par sa maman, qui a dû arrêter de travailler. Un quotidien qu'on devine épuisant, où l'exploit consiste à aller au bout de la rue. Sans tomber. À ne pas oublier son portefeuille n'importe où, ce qui est déjà arrivé deux fois. Audrey, qui se décrit «volcanique» sous son calme apparent, a appris à ne pas s'énerver quand Marin, saisi par ses angoisses, se met à tout compter. Les points au Scrabble dix fois, comme les carreaux de la salle de bains. À ne pas exploser quand son fils, sans filtre social, se met à dire des grossièretés. À ne pas s'effondrer en pleurs quand il est triste. La peur d'être un fardeau pour les siens…
«Marin, dit Audrey, ne se trouve pas héroïque.» Parfois, il se met carrément en colère, répétant: «Mais comment peut-on s'acharner sur quelqu'un comme il l'a fait?» Ou se révolte: «Quelle injustice d'être tombé sur quelqu'un d'aussi con!»
C'est ce garçon plein d'humanité mais aussi une boule de nerfs qui est allée rencontrer le Pape en avril dernier. «Marin a été élevé dans la foi, mais il ne va pas à la messe tous les dimanches non plus!, s'amuse Audrey. C'est lui qui a eu l'idée de demander cette audience. Je pense qu'il pense qu'il y a un Dieu. Quand on a frôlé la mort…» Avec François, le jeune homme a parlé du handicap, de sa vie ralentie, de son avenir en pointillé. Et du pardon. Il n'a pas été question d'héroïsme. Ou plutôt si. Le Pape a simplement dit à Marin: «Tu es courageux.»
* Le prénom a été modifié.
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L'homme de la colline
Un très joli conte pour enfants mais triste avec une belle moralité derriere.
Sur une île lourde d’un passé douloureux du nom de Kéa, au sommet de la colline Hélvère, se trouvait un vieil homme sans âge.
Je l’ai rencontré lorsque j’avais huit ans.
Je lui rends toujours régulièrement visite dès que je le peux, mais mes parents prétendent connaître cet homme depuis fort longtemps et n’apprécient pas nos entrevues, trop fréquentes à leur goût.
Les villageois se moquent de lui et racontent toutes sortes de sombres histoires à son sujet. La rumeur laisse croire que le vieil homme aurait la faculté de dompter les espèces sauvages de la région, comme les loups et les renards. Certains racontent même que « l’homme de la colline » était là bien avant les premières maisons bâties sur l’île, il y a de cela 150 ans...
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Il ne descend presque jamais au village afin d’éviter les railleries qui irritent ses oreilles fatiguées. Cet homme vit en autarcie complète, grâce à son élevage de volailles, aux légumes géants qu’il cultive dans son jardin et au poisson qu’il pêche lorsque les marins dorment encore, enivrés par des soirées sans fin, dans les bouges sordides des îles voisines.
Pourtant, j’aime aller lui rendre visite lorsque mes parents sont couchés. Il m’apporte l’affection d’un grand-père que je n’ai jamais eu.
Cet homme est profondément gentil et attentif à mon égard. Il a le visage bruni par le soleil et sa peau est tannée comme la veste en daim que je lui ai toujours vue.
Ses cheveux blancs comme la neige, parcourent son dos pour s’arrêter au bas de ses reins. Ses longs doigts fins qui me font penser à des baguettes noueuses de peuplier, sont maltraités par les intempéries et son pantalon bien trop large laisse deviner une maigreur incroyable.
Il vit dans une petite cabane de bois qu’il a entièrement construite. Son intérieur est très humble, mais tellement chaleureux ! La décoration se limite à quelques filets de pêche troués, et à un tableau représentant une femme entourée de bébés loups. Dans un bocal ébréché, des pinceaux aux poils rabougris reposent patiemment, dans l’attente d’une incertaine utilisation.
Je m’y sens bien, dans la demeure du vieil homme.
Personne ne lui a rendu visite, depuis des printemps évaporés dans les calendriers. Ses yeux sans teint ont oublié le relief des beautés qui l’entourent, depuis son accident de cheval. Cependant, je ne l’ai jamais vu triste. Aucune larme ne semble jamais avoir perlé sur la sécheresse de ces joues maigres.
Pour mon quinzième anniversaire, « l’homme des sommets » m’a offert une canne à pêche fabriquée par ses mains habiles. Elle est faite d’un manche sculpté de petits poissons ailés, c’est un objet magnifique.
Il m’a confié l’avoir fabriquée avec des bois rares et précieux dont il tient la provenance soigneusement secrète. Il m’a fait boire un élixir aux saveurs insolites, à base de lait chaud de sa brebis et du miel de sa ruche. Il y a même ajouté, m’a-t-il dit, des épices aux pouvoirs magiques. Dans l'après-midi, nous sommes allés à la rencontre des poissons au bord d’une rivière cachée dans la clairière. Je n’en avais jamais attrapé d’aussi gros. Alors, avec son air malicieux, il m’a raconté que la canne avait elle aussi un certain pouvoir.
Et je riais des histoires extraordinaires qu’il me contait.
Lorsque je suis rentré chez moi, à une heure jugée tardive, mes parents étaient furieux.
Sans explication, mon père cassa sur ses genoux le cadeau offert par le vieil homme aux yeux délavés.
J’étais désemparé. Je me mis à pleurer, et mes sanglots durèrent une bonne partie de la nuit dans ma chambre.
Je suis quand même retourné voir mon ami le lendemain, pour lui raconter ce qu’avait fait mon père. Attendri, il me donna son arc pour me faire oublier ma peine.
Nous partîmes chasser les oiseaux non loin de chez lui, dans la « forêt aux murmures ». Amusé par mon inexpérience et percevant mes maladresses, il me proposa de retourner chez lui pour que je me repose.
Nous étions assis devant sa cabane et dégustions un breuvage face au bleu turquoise de la mer. Je profitai de ces instants de calme et de douceur pour me hasarder à lui poser quelques questions qui m’intriguaient depuis un certain temps.
« Est-ce vrai ce que l’on raconte au sujet des loups que vous apprivoisez ? »
Il me répondit sur un ton réconfortant : « Non, mon garçon, je ne les apprivoise pas. C’est eux qui m’ont adopté dans leur grande famille qui se trouve de l’autre côté de la colline, à cinq jours de marche. Mais tu sais, les biches et les écureuils aussi nous ont ouvert la porte de leur coeur, à moi ainsi qu’à la solitude qui me tient compagnie chaque jour. Je leur parle de mes journées fragiles qui se ressemblent, et ils me comprennent, répondant par de petits cris tendres et affectueux. Même le ciel me prévient à l’avance de ne pas sortir de chez moi en se manifestant par de sourds grondements, quand la tempête menace.
« De quoi vous souvenez-vous avant...
- L’accident ?… dit-il en finissant ma phrase avant moi. Je chevauchais un bel étalon gris. Nous étions dans la forêt aux murmures avec ma compagne, lorsque le cheval s’est emballé tout à coup. En tombant, ma tête a heurté violemment une pierre, et depuis je suis devenu ce que tu peux voir. Un vieil homme aux cinq sens endoloris. Désormais, mes rêves sont hantés de souvenirs angoissants, et d’autres choses aux contours imprécis. Cependant, j’ai en mémoire les vastes étendues de verdure qui entouraient ma demeure. Mais hélas, ces immenses prairies où vivaient en parfaite harmonie une multitude d’espèces animales ne sont plus, depuis l’arrivée des « hommes du bas ».
Ce sont ces mêmes gens qui interdirent à leurs enfants de me rendre visite les jours de fête, en leur racontant toutes sortes de légendes amères pour les effrayer. Je ne me baigne plus dans la rivière, de crainte d’être emporté par le courant et de ne pas retrouver mes repères. J’ai une image assez floue des couleurs extraordinaires de certains papillons rares, isolée dans un recoin caché de mon esprit. Heureusement qu’il me reste les odeurs pour ne pas oublier... Par contre, j’ai l’impérissable souvenir d’une jeune femme très belle que j’ai tant aimée... Avec elle, j’ai connu un immense bonheur pendant des années dans ce lieu. Puis un jour elle est partie, afin de fuir la cruauté et les récits imaginaires que ceux d’en bas prennent un malin plaisir à raconter à mon sujet. »
J’exprimai l’émotion qui m’avait envahi par de lourds sanglots. Le vieil homme était aussi touché, mais aucune larme ne sortait de ses yeux transparents.
Le coucher de soleil à l’horizon m’indiqua qu’il était temps pour moi de descendre retrouver ma famille pour le dîner. Je pris soin de cacher l’arc que mon ami m’avait offert.
- Sur la table de la salle à manger, mes parents m’avaient laissé un mot dans lequel ils me demandaient de les rejoindre à L’Alcôve, le bar du village. Arrivé au lieu dit, je pus percevoir avant même d’avoir franchi la porte, l’excitation malsaine des habitants. Je pénétrai timidement dans un univers hostile et enfumé, impregné de relents d’alcool. Des bouteilles vides jonchaient les tables sales.
Une poussière lourde recouvrait le sol. Les rideaux jaunis aux fenêtres interdisaient à la lumière de pénétrer.
« Y’en a marre ! Faut en terminer ! C’est la huitième depuis le début de l’année ! »
« Ouais ! T’as raison, ça peut plus continuer ! »
« Assez parlé ! Allons-y ! »
Je demandai à mes parents la raison de cette révolte.
« Des vaches et des brebis ont été retrouvées égorgées par des loups, dans l’enclos de la ferme de Jo », me répondit mon père d’une voix agacée.
« C’est la faute de ce fou et de ses bêtes, je l’ai vu s’en aller de l’autre côté de la colline, il y a une semaine ! » éructait mademoiselle Léane, fidèle dévouée à notre sainte paroisse de Kéa. « C’est lui qui les a envoyés pour nous punir ! Il faut qu’il parte ! »
« Ouais ! elle a raison, faut en finir ! » répondirent-ils tous ensemble.
Je réalisai que le vieil homme courait un grand danger, et je partis immédiatement en haut de la colline pour le prévenir de ce qui se préparait contre lui au village. Essoufflé par une folle course, je cognai de toutes mes forces contre la porte de son cabanon.
« C’est moi ! Ouvrez vite ! » criais-je, « La colère gronde en bas, ils veulent vous chasser ! Comme jadis ils ont chassé votre bien aimée !»
Seul le silence répondit à mes cris aigus. Soudain, un léger doute m’envahit lorsque je repensai aux accusations de mademoiselle Léane...
Mais déjà, j’entendais au loin des bruits de pas sourds, accompagnés d’aboiements féroces. Les ombres vives se faisaient de plus en plus précises.
Les hommes forts du village arrivaient !
Dans la plus grande des fureurs, ils défoncèrent la porte à l’aide de leurs larges épaules. Nous constatâmes dans un silence pesant, que le vieil homme avait disparu, emportant avec lui ses modestes affaires.
Très peiné, je retournai chez moi, avec pour seul réconfort le souvenir des instants merveilleux et secrets passés en sa compagnie.
Des souvenirs agréables, d’une rare intensité, remontaient à la surface, m’inondant d’un bonheur apaisant.
Je ne revis le vieil homme que quinze jours plus tard, au hasard d’une balade en forêt. J’étais si heureux et tellement surpris de le retrouver, que je lui sautai maladroitement au cou, et l’étouffai de tendresse.
« Où étiez-vous parti ? balbutiai-je. Savez-vous que les habitants veulent vous chasser d’ici ?
- Du calme mon garçon, je vais bien, rassure-toi. Je suis juste fatigué de mon voyage. »
Il me caressa affectueusement le visage, puis me serra très fort dans ses bras pendant un long moment.
« J’ai entrepris une longue route pendant dix jours... »
Je marquai un court instant de réflexion et me défis brusquement de son étreinte. Il continuait de me parler, mais je ne l’entendais plus. Le doute, de nouveau s’insinuait dans les méandres de mon cerveau et s’y installait pernicieusement, faisant écho aux accusations des villageois qui résonnaient de plus en plus en moi.
Dans une colère incontrôlée, je lui jetai :
« Dix jours ! Mais ... c’est le temps qu’il vous a fallu pour aller et revenir de l’autre côté de la colline, là où précisément vivent les loups ! ... Alors c’est donc vrai ce que l’on raconte en bas, c’est bien vous qui avez ordonné à ces animaux d’attaquer le bétail de la ferme de Jo !
- Mais non mon garçon, comment peux-tu croire pareille sottise, je me suis absenté pour te ramener quelque... »
Son visage grimaçant et sa voix posée comme celle d’un acteur de théâtre jouant à la perfection un rôle machiavélique, me rebutaient.
« N’en dites pas plus ! Vous m’avez menti ! Menti depuis toujours ! Vous avez abusé de ma naïveté, joué avec mes sentiments ! Vous m’avez trompé ! C’est eux qui ont raison… Je ne peux plus avoir confiance en vous ! Adieu ! »
« Attends... Reviens... Ne pars pas !... »
Précipitamment, je me mis à courir en direction du village. J’entendais de plus en plus faiblement le bruit sec de sa canne frapper la terre, comme s’il essayait de me poursuivre de son pas inégal.
J’avertis mes parents du retour de « l’homme aux loups ». Ma mère s’empressa de prévenir le voisinage de la nouvelle, et en moins d’une heure, tous les habitants emplis de haine étaient rassemblés au pied de la colline, décidés à bannir « l’homme des cimes » de son territoire.
Lorsque nous arrivâmes au sommet de la colline, « les hommes d’en bas » lui ordonnèrent de partir sur-le-champ. Sans contestation, le vieil homme rangea d’une main tremblante ses habits et quelques babioles poussiéreuses dans un vieux sac de peau. Puis me tournant le dos, il partit dans la direction opposée au mont Hélvère, là où personne ne s’était jamais aventuré jusqu’alors, de crainte d’être attaqué par les prédateurs, ses amis.
J’étais resté éloigné de lui. Pourtant il marqua une pause, et son visage se tourna vers moi. J’avais l’impression qu’il me fixait. Pendant ces longues secondes, il me sembla voir une larme couler de ses yeux, glissant entre les sillons des joues ridées.
Une semaine s’est écoulée depuis son départ. Nostalgique de l’ambiance qui régnait chez « l’homme de la forêt », j’ai voulu retourner une dernière fois dans sa demeure, encore tiède des événements bouleversants dont elle fut le théâtre.
Je poussai la vieille porte qui avait été défoncée.  
L’unique pièce était déserte. Il n’y avait plus d’effets, plus rien, à l’exception d’un colis sur sa table, accompagné d’une lettre, probablement oubliés dans la hâte de son départ. Curieux, je pris la liberté d’ouvrir l’enveloppe et d’en lire le contenu :
« Je suis désolé mon petit, que ton père ait cassé la canne à pêche le jour de tes 15 ans. Si tu ne m’as pas vu ces derniers temps, c’est que je suis allé loin dans la forêt, chercher ces bois rares dont elle était faite. Le mal est réparé, je t’en ai fabriqué une autre. J’espère qu’elle te plaira. Joyeux anniversaire mon garçon. »
La terre bascula sous mes pieds. En un instant je venais de comprendre ma terrible erreur. Je crois n’avoir jamais autant pleuré de ma vie d’adolescent.
Seize longues années ont passé depuis que j’ai été séparé de « l’homme de la colline». Il m’arrive de temps à autre d’être pris de remords lorsque je repense à celui qui fut mon unique ami. Cependant ces sombres pensées se dissipent rapidement devant le sourire de mon fils, qui a cinq ans aujourd’hui. Je vais souvent à la pêche avec lui. Il est heureusement trop jeune pour analyser les sentiments des grands, car il ne comprendrait pas pourquoi son père verse des larmes, chaque fois qu’il prend un gros poisson.
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debiscotte · 7 years
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Les traces du passé ne s'effacent pas du jour au lendemain, certaines restent indélébiles.
Ce restreindre à une vie d'angoisse et de peur, sans pouvoir avancer car demain est fait d'inconnu.
Ce méfier de chaque être nous approchant, finir seul pour éviter de souffrir.
Commencer chacune de ses interminables journées de la même façon, trois pas en avant, quatre pas en arrière, bloqué dans un cercle continue.
Prendre, dans un élan de folie, quelques risques, je t'ai laissé entrer dans ma vie durant ce cours instant de relâchement.
J'ai appris, avec le temps que l'homme n'était pas parfait et qu'on en attendait parfois trop.
Est-on condamné à devoir se contenter du minimum, ne peut-on pas espérer s'approcher de nos rêves ?
J'aimerais être celle qui te redonne goût à la vie et à ses bons côtés même s'il est difficile, parfois de les apercevoir, n'oublie pas de lever la tête, d'admirer les étoiles durant ces longues soirées d'insomnie et si l'envie te viens, prend ma main, ne la lache jamais, je veillerais toujours sur toi.
Oublie tes doutes, tes angoisses quelques secondes, juste le temps de t'imaginer une autre vie et quand celles-ci reviendront, regarde moi fixement, tu verras dans mon regard toute la tendresse que je te porte, tu te sentiras moins seul et le monde t'apparaîtra moins effrayant.
Il n'y a pas d'histoires parfaites, mais certaines valent la peine d'être vécu, certaines te détruise, te change, d'autres apaisent et réparent.
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strangears · 7 years
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Les discographies que je me suis faites à/de Manchester
1-Joy Division / New Order
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     Autant je n'aurais rien à reprocher à Joy Division. Je comprends tout à fait que l'on considère leurs deux albums comme des chef d’œuvres et je me rend compte maintenant de leur influence sur la musique d'aujourd'hui, même si personne, à mon humble avis, n'est arrivé à atteindre quelque chose d'aussi sombre, angoissant et oppressant qu'un Unknown Pleasures ou un Closer. J'ai moi-même été hanté durant tout mon séjour à Manchester par la marche funéraire de « The Eternal ». Ian Curtis, en partant de lui-même, a réussi à matérialiser la bande-son du fantôme industriel de la ville, de son temps fréquemment pluvieux et gris comme une malédiction, et de sa part obscure, comme cette affaire de « drogue du zombie » qui a transformé une bonne partie des SDF avant que je quitte l'Angleterre.
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     Autant je n'aurais rien à reprocher à Joy Division donc, autant je suis souvent passé à côté de New Order. Je ne sais pas si c'est une histoire de song-writing ou de performance vocale, mais je trouve les deux souvent mous, voire paresseux, exacerbés par une certaine nonchalance agaçante. Et on ne peut pas dire qu'au fil des albums, le groupe ait porté une forte évolution là-dessus, préférant accorder plus de place à la technique et au style, passant du post-punk à la House, non sans problèmes.
     Movement est encore trop influencé par Ian Curtis pour ne pas souffrir la comparaison. Les premières pistes électros apparaissent sur Power, Corruption & Lies, un peu maladroites, que ce soit « 5-8-6 » avec ses effets de répétitions pas toujours bien vus (qu'ils useront encore souvent) ou le vocoder d' « Ecstasy ». Puis arrivent Low-Life et Brotherhood, leurs meilleurs albums selon moi, post- « Blue Monday » oblige. Leur patte mi-rock, mi-dansante est plus maîtrisée, et même si la qualité est encore une fois peu constante tout au long, ils semblent s'être trouvés. Enfin, à partir de Technique, ils essayent de faire évoluer leur style au fil des modes de production, avec une réussite et une envie variables.
     Si aucun des albums ne rentrera dans mon panthéon, il leur est arrivé de rencontrer bien plus de succès dans les charts et leur milieu des années 80 regorgent de bons gros tubes ; je pense à mes préférés « Confusion » ou « Sub-Culture ». D'ailleurs, pour la dernière, j'aurais même tendance à préférer sa version remixée avec la chanteuse, (Quoi ? Sacrilège?!) preuve s'il en est que  je ne me serais jamais fait à la voix de Bernard Sumner.
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2- 10cc
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     Vous connaissez sans doute le groupe pour son tube « I'm Not in Love », également présent dans le Awesome Mix du premier « Gardiens de La Galaxie ». Ne vous attendez pas à une atmosphère et une réussite similaires dans le reste de leur discographie ! Alors oui, il y a toujours cette ironie distillée tout le long, les joyeux lurons commencent d'ailleurs avec des parodies en tout genre ; Doo-wop, Blues, Rock, Prog, Reggae et osent des titres comme « The Worst Band in the World » ou « The Wall Street Shuffle ».      10cc a cette tendance à partir dans tout les sens, et si on s'amuse beaucoup, cela peut aussi être considéré comme un défaut. L'aspect « compilation » de chaque album les rend forcément inégaux en qualité, voire inconsistant. En passant du coq à l'âne, parfois même au sein du même titre, ils donnent l'impression de ne pas réussir à rester concentrer, de ne pas réussir à aller jusqu'au bout de la construction d'un morceau autrement qu'en collant des idées de ce qui auraient pu être plusieurs morceaux différents.
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     Prenons pour illustrer « Feel the Benefit », une de mes potentielles pièces préférées de leur discographie, dont la durée dépasse les onze minutes. Le titre commence comme un grand morceau prog, avec un accompagnement orchestral juste et beau. Puis à 4min20 commence un break latin, où le chanteur nous parle de fumer de la ganja pour s'envoler au-dessus Rio. Si la transition instrumentale vers ce break est réussi, la bande n'arrive pas à rentamer sur le morceau principal et nous avons le droit pour cela à 6min50 à un 'fade out/fade in' que je jugerais tout simplement dégueulasse, quand on imagine ce qu'aurait pu être le morceau. Et on termine avec un solo de gratte inspiré, qui s'arrête bien brusquement.
     Si les quatre membres continuent à explorer différents styles, livrer des chansons bien sympas et de magnifiques pochettes, ils commencent à décliner à partir de 1978 et leur Bloody Tourists. La moitié dite « expérimentale/artistique » de 10cc (Kevin Godley et Lol Creme) a quitté le groupe depuis plus d'un an et ne reste que la moitié dite « commerciale/pop » (Graham Gouldman et Eric Stewart). Le tube « Dreadlock Holiday » signe le début de la fin ; on ne sait pas pourquoi mais ils éprouvent d'un coup une passion sans fin pour le reggae, et si cela donnera lieu à quelques bonnes vibes, (« Welcome to Paradise », « Les Nouveaux Riches »), leur style finira par se répéter et s'alourdir d'album en album, finissant par devenir les tontons relous en soirée. (Le seul titre réussi de Mirror Mirror, leur dernier LP étant une reprise d' « I'm Not in Love »).
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     Terminons sur une connerie que j'ai lu sur Internet, qui disait que « 10cc, c'était Supertramp mais avec de l'émotion ». Il va falloir qu'on m'explique de quelle « émotion » on parle. Car Supertramp est sans conteste un des groupes les plus mélodiques qui ait existé, et l'émotion passe principalement par là en musique. Certes, 10cc a quelques titres vraiment touchant (allez, j'en cite encore un au hasard : « Lying Here With You ») mais la plupart du temps, la seule émotion qu'ils veulent transmettre, c'est la joie et la bonne humeur. Ce qui est déjà pas mal !
Best Of maisons (garantis sans “I’m Not In Love”) : http://www.deezer.com/playlist/3394943502?utm_source=deezer&utm_content=playlist-3394943502&utm_term=7844633_1500731307&utm_medium=web https://open.spotify.com/user/strangeman57/playlist/2rIHErWOCt7uiuvOAN73yA
3- The Hollies
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     Je ne peux qu'éprouver une certaine déception après l'écoute de la discographie des Hollies. Il faut dire que je l'ai écouté en la pensant être dans la continuité de celle des Beatles et des Kinks niveau qualité... après tout, Graham Nash faisait parti de l'équipe ! Oui mais voilà, lui comme Allan Clarke, l'autre leader, n'ont eu de cesse de partir et de revenir dans le groupe, de prendre des pauses, ce qui rend l'ensemble de la discographie vraiment inégale. De plus, après le passage obligé dans le style « beat », leurs chef d’œuvres de 67 Butterfly et Evolution, bien qu'intéressants, soutiennent difficilement la comparaison à « Sergent Pepper's » ou « Something Else ». Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, ça reste très bon ; Butterfly et For Certain Because font sans aucun doute parties des albums à écouter de cette période forte imaginative : vous savez ce qu'il vous reste à faire !
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     Qu'est-ce qui différencie donc The Hollies des autres groupes nés à la même période ? Sans réfléchir plus longtemps, je répondrais leurs vocalises, cette façon de monter dans les aigus et de continuer à sonner si massif, qui inspirera sans doute des groupes comme Supertramp par la suite (faut que j’arrête avec eux... je sais...) Cela leur permet d'insuffler une beauté supplémentaire à leurs compositions tout comme à leurs nombreuses reprises... N'oublions pas qu'ils ont consacré un album de covers à Bob Dylan, pas forcément indispensable mais pas non plus désagréable et que leur classique « The Air That I Breathe » est au départ un morceau d'Albert Hammond. Après ce succès, ils sortiront ce que je juge leur dernier grand album Another Night porté par le single « I'm Down », qui mise encore une fois beaucoup sur les voix. Après la tentative Disco Russian Roulette, qui offre encore quelques bonnes chansons, on les perdra à jamais dans de mauvaises productions.
     Au final, ils ne feront que suivre les modes au cours des années, avec une tendance à revenir souvent vers un style plus folk et pop rock, en apportant leur patte vocale et leur lot de bonnes compositions, flirtant de plus en plus avec le mauvais goût en fin de carrière pour sonner comme des sous-Bee Gees dans les années 80, montrant même  une mauvaise maîtrise de leurs claviers (je pense à l'album What Goes Around). Notons aussi de belles pochettes début 70 pour Romany et Distant Light que vous pouvez retrouver dans le classement que j'ai fait ici de leurs albums : https://www.senscritique.com/top/Les_meilleurs_albums_des_The_Hollies/1748637 Si leur discographie manque de consistance, The Hollies reste un grand groupe qui aura marqué son époque.
Mes best-of maisons ne sont pas vraiment complets puisque j’ai essayé de ne pas dépasser un titre par album (très difficile pour leurs trois classiques que je vous re-recommande), en essayant de garder le meilleur. http://www.deezer.com/playlist/3395307982?utm_source=deezer&utm_content=playlist-3395307982&utm_term=7844633_1500735870&utm_medium=web https://open.spotify.com/user/strangeman57/playlist/7hTvmwdZCFxGWlBYoTpyH8
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raynalmarion · 7 years
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Bonjour guys ! Le glas des vacances d’été a sonné. Voyages pour les chanceux, petits jobs pour d’autres, ou combinaison des deux. Farniente sur un transat dans le jardin ou à la plage, vous n’avez pas d’excuse pour laisser fermé ce livre que vous avez acheté il y a des mois de cela, celui que vous vous dites “Je le lirais bientôt, quand j’aurais le temps”. Ce moment est arrivé. Si en revanche vous ne savez pas vers quels ouvrages vous tourner, je vous en propose cinq de nature différente, de sorte qu’il y en ai pour tous les goûts. Enfin presque, il ne s’agit que de romans. Je n’apprécie ni les mangas ni les BD, pardon donc si vous aimez ça car ce n’est pas ici que vous trouverez ce que vous cherchez. Quoique… Après tout, c’est bien de s’essayer à de nouveaux genres, qui sait, vous trouverez peut-être un livre qui vous plait ?
-“L’Étranger” d’Albert Camus : 
  Résumé : ” Meursault est condamné à mort. Sur une plage algérienne, il a tué un Arabe. À cause du soleil, dira-t-il, parce qu’il faisait chaud. On n’en tirera rien d’autre. Rien ne le fera plus réagir : ni l’annonce de sa condamnation, ni la mort de sa mère, ni les paroles du prêtre avant la fin. Comme si, sur cette plage, il avait soudain eu la révélation de l’universelle équivalence du tout et du rien. La conscience de n’être sur la terre qu’en sursis, d’une mort qui, quoi qu’il arrive, arrivera, sans espoir de salut. Et comment être autre chose qu’indifférent à tout après ça ? Étranger sur la terre, étranger à lui-même, Meursault le bien nommé pose les questions qui deviendront un leitmotiv dans l’œuvre de Camus. ”
Mon avis : J’ai lu ce livre pour la première fois en classe de première. Nous l’avons étudié pendant plusieurs semaines, ce qui d’ordinaire de barbe. Pas cette fois. J’ai aimé ce livre car il m’a bouleversée. L’absurdité de l’existence, son absence de sens, l’indifférence du personnage principal… Camus utilise des phrases simples, dénuées de fioritures, et pourtant profondes. C’est une lecture existentialiste mais pas moraliste. Chacun trouve ses réponses, il n’y a pas de règle à suivre pour vivre sa vie.
-“Eat Pray Love” d’Elizabeth Gilbert : 
  Résumé : ” A trente et un ans, Elizabeth Gilbert possède tout ce dont une Américaine ambitieuse peut rêver : un mari dévoué, une belle maison, une carrière prometteuse. Elle devrait nager dans le bonheur, pourtant elle est rongée par l’angoisse, le doute, l’insatisfaction.
S’ensuivent un divorce, une dépression et une liaison désastreuse qui la laissent exsangue et encore plus désemparée. Elle décide de tout plaquer pour partir seule à travers le monde. À elle de se construire la vie qu’elle s’est choisie.
En Italie, elle goûte aux délices de la dolce vita et prend les “douze kilos les plus heureux de sa vie”, en Inde, ashram et rigueur ascétique l’aident à discipliner son esprit (lever à 4 heures du matin, méditation et nettoyage des sols ) et en Indonésie, elle cherche à réconcilier son corps et son âme pour trouver l’équilibre qu’on appelle le bonheur.
Elizabeth Gilbert nous invite à un voyage vers l’inconnu joyeux et émouvant, libérée des mascarades et faux-semblants. À travers une mosaïque d’émotions et d’expériences culturelles, elle a su conquérir le cœur de millions de lectrices qui ont aimé pleurer et rire avec elle. Et qui rêvent de changer de vie, elles aussi. ”
Mon avis : J’ai rédigé un article sur ce livre que je vous invite à lire ici : https://marionraynal.wordpress.com/2016/09/13/eat-pray-love-article-traduit-en-francais/
-“Bianca” de Loulou Robert : 
  Résumé : ” Parce qu’elle devrait manger davantage et n’aurait pas dû s’ouvrir les veines à un si jeune âge, Bianca est admise dans l’unité psychiatrique pour adolescents de sa ville natale. Bianca ne s’élève pas contre cette décision. Elle ne se révolte pas. Même si elle ne voit pas en quoi le fait d’être enfermée et soumise à de multiples interdits peut atténuer la souffrance qui la détruit, Bianca se tait, obéit et regarde. Elle observe le monde chaotique qui l’entoure. Tous, médecins, soignants, patients et familles ont l’air si fragiles, si démunis. Aucun remède ne semble exister, aucune lumière ne paraît capable d’éclairer ce lieu opaque où Bianca a le sentiment effrayant de s’être enfermée toute seule. Et pourtant… La vie est là. Les sensations, les émotions, les visages, les événements, les affrontements, les pulsions, les sentiments vous cernent et vous travaillent au corps. On peut croire qu’on ne sait plus vivre, on vit tout de même. Et Bianca observe avec une attention scrupuleuse ce flot de vie inexorable qui, sans qu’elle n’y puisse rien, l’envahit, la ranime et la submerge. Avec une retenue rare et une lucidité tranquille, Loulou Robert retrace le déroulé de cette traversée singulière. ”
 Mon avis : Pour ceux qui ne le savent pas, je souffre de TCA, à savoir l’anorexie. J’ai également posté un article sur le sujet mais ce n’est pas la question ici. J’ai adoré ce livre car il est vrai. Ayant vécu des choses similaires que l’héroïne ( je précise qu’en revanche je n’ai jamais cherché à me suicider, je parle du rapport similaire à la nourriture, pas autre chose ), j’aurais difficilement mieux relater la réalité que Loulou. J’ai avalé ce roman en quelques soirées, il se lit très facilement. Les mots sont crus, ceux d’une ado en colère et paumée, qui veut mourir mais aussi vivre. Une ado qui malgré tout survit à la vie. J’ai eu la chance de rencontrer Loulou Robert au salon du livre de Villeneuve-sur-Lot en mai dernier. Elle est très simple, et timide. On ne croirait pas car elle est passée à la TV et fait du mannequinnat, mais pourtant je vous assure qu’elle n’est pas à l’aise en face d’objectifs et d’un public. Sa fragilité était touchante, on sent à quel point elle s’est inspirée de son vécu pour écrire “Bianca“. Néanmoins, la faiblesse est loin d’être au centre de l’histoire, la force l’emporte.
-“Une chambre à soi“de Virginia Woolf : 
  This is an undated photo of British author Virginia Woolf. (AP Photo)
Résumé : ” Dans un style mêlant évocation, irritation et ironie, Virginia Woolf détaille les conditions matérielles limitant l’accès des femmes à l’écriture : interdiction pour les femmes de voyager seules pour s’ouvrir l’esprit, de s’installer à la terrasse d’un restaurant pour prendre le temps de réfléchir, de s’asseoir dans l’herbe à la recherche d’une idée ou encore d’accéder à la bibliothèque de l’université. Woolf s’attarde sur les contraintes liées au mariage, à la charge des enfants et du ménage, ne laissant plus le temps aux femmes de se consacrer à l’écriture. À ce vieil évêque qui déclarait qu’il était impossible qu’une femme ait eu dans le passé, ait dans le présent ou dans l’avenir le génie de Shakespeare elle répond « il aurait été impensable qu’une femme écrivît les pièces de Shakespeare à l’époque de Shakespeare » en comparant les conditions de vie de Shakespeare et celles de sa sœur (fictive). Quand bien même les femmes auraient pu braver toutes ces épreuves et publier un livre, elles devraient encore faire face à la critique empreinte de valeurs masculines : Parlons franc, le football et le sport sont choses « importantes ; le culte de la mode, l’achat des vêtements sont choses futiles. Et il est inévitable que ces valeurs soient transposées de la vie dans la fiction. ”
Mon avis : En tant que féministe je ne pouvais pas ne pas lire ce livre. Il est très court, il se lit facilement et il est même drôle. Woolf n’a pas rédigé un pamphlet colérique sur la situation des femmes. Au contraire, elle est calme, n’insulte personne, dresse un état des lieux de la situation féminine en Angleterre mais aussi en général, de son origine eau début du XXème siècle. Un petit coup de gueule dans les dents de machos, et un grand sourire sur le visage de ceux pensant que l’égalité va de soi.
-“Never Let me go” de Kazuo Ishiguro : 
  Résumé : ” Kath, Ruth et Tommy ont été élèves à Hailsham dans les années quatre-vingt-dix; une école idyllique, nichée dans la campagne anglaise, où les enfants étaient protégés du monde extérieur et élevés dans l’idée qu’ils étaient des êtres à part, que leur bien-être personnel était essentiel, non seulement pour eux-mêmes, mais pour la société dans laquelle ils entreraient un jour. Mais pour quelles raisons les avait-on réunis là? Bien des années plus tard, Kath s’autorise enfin à céder aux appels de la mémoire et tente de trouver un sens à leur passé commun. Avec Ruth et Tommy, elle prend peu à peu conscience que leur enfance apparemment heureuse n’a cessé de les hanter, au point de frelater leurs vies d’adultes. Kazuo Ishiguro traite de sujets qui nous touchent de près aujourd’hui : la perte de l’innocence, l’importance de la mémoire, ce qu’une personne est prête à donner, la valeur qu’elle accorde à autrui, la marque qu’elle pourra laisser. Ce roman vertigineux, porté par la grâce, raconte une histoire d’humanité, de conscience et d’amour dans l’Angleterre contemporaine. Ce chef-d’œuvre d’anticipation est appelé à devenir le classique de nos vies fragiles. ”
Mon avis : Kazuo Ishiguro est à mon sens un grand auteur. J’avais lu et adoré “Le géant enfoui” dont j’avais posté une critique : https://marionraynal.wordpress.com/2016/06/24/a-crazy-girl-and-a-forgotten-past/
C’était en terminale que j’ai lu cet ouvrage en langue anglaise, dont le titre est “Never let me go“. J’ai tellement aimé que j’ai dans la foulée visionné son adaptation cinématographique avec Keira Knightley et Andrew Garfield. J’en ai pleuré. La condition et la valeur de la vie humaine sont au centre de ce livre, émouvant, bouleversant, angoissant… Je ne saurais trouver les mots adéquats pour décrire ce que j’ai ressenti. Le mieux est que vous le lisiez, vous comprendrez.
Avez-vous déjà lu un ou plusieurs de ces livres ? Si vous avez des recommandations, n’hésitez pas à les laisser en commentaire. Je vous souhaite d’excellentes vacances, prenez soin de vous. A très vite !
Bisous, Marion. 
Cet été, on lit Bonjour guys ! Le glas des vacances d'été a sonné. Voyages pour les chanceux, petits jobs pour d'autres, ou combinaison des deux.
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akigab-blog · 7 years
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BE THERE (06)
Akira
Ton flingue n'est pas placardé sur sa tempe, mais c'est tout comme. En cet instant, tu es maître de la situation Gabriel... Il te suffit d'appuyer sur la détente pour repeindre les murs détruits de ton appartement avec sa cervelle. Son cœur se resserre à cette vision anachronique ; preuve que le temps à passé ; preuve qu'il n'est plus qu'un fantôme inexistant dans ta vie ; qu'un souvenir fugace d'un temps oublié. Cependant, Akira ne détourne pas les yeux, il doit s'imprégner de ce que tu ressens, ce serait un affront d'être aveugle à ta souffrance, à ton incompréhension. Alors son joint retrouve la proximité de ses lèvres alors que son regard noisette guette le moindre de tes faits et gestes. Une pression sur la gâchette et s'en serait fini de lui, une pression sur la gâchette et il deviendrait définitivement un fantôme du passé. Et étrangement, ça l'attriste plus qu'il ne l'aurait cru ; ça le rend fébrile, un brin trop fragile ; sa silhouette si forte devient frêle, la salive ne se produit plus dans les tréfonds de sa trachée ; intérieurement il devient un désert aride. Une inspiration, puis une expiration plus longue alors que l'herbe vient capturer ses pensées, le faisant fuir légèrement dans les méandres de son imaginaire. Que doit-il faire Akira ? Il n'en sait rien. Et ta voix brise ce silence pesant qui vient de le plonger dans les limbes. 'Un putain d'Iwasaki' ouais, c'est bien le mot. C'est un putain d'Iwasaki ; qu'il le veuille ou non, c'est marqué au fer rouge sur sa peau comme sur ton cœur. Tu trouves que c'est vraiment important Gabriel ? Passer outre, ce n'est pas dans tes cordes ? Il aurait préféré ; dans son égoïsme primaire, Akira aurait largement préféré. Et les souvenirs lui reviennent, comme un rêve oublié. Il se rappelle du temps passé ensemble ; raison de sa présence à tes côtés en cet instant. Mais Akira prend cruellement conscience de sa bêtise, de son égoïsme et de son avidité. Pourquoi Gabriel ? Pourquoi le rejeter ainsi alors qu'autrefois c'est ce que tu voulais éviter ? Faire la sangsue, c'est pourtant toi qui le lui a demandé, non ? Un soupir, profond, alors que la fumée vient brouiller cette vision d'enfer dans laquelle tu le plonges. 'Putain' ; c'est le mot qui tourne en boucle dans sa tête, comme un riff de guitare saturée. Qu'il déteste cette situation, qu'il aimerait fuir en oubliant sa raison... Mais non. Faire face, Akira était prêt à tout pour ça ; pour le pire, mais surtout pour le meilleur. Il se contente d'écouter en silence alors que tu sembles te perdre un peu plus dans les méandres de ton propre esprit. Regarde toi Gabriel et regarde le lui ; regardez-vous ; deux hommes luttant contre un monde qui semblait pourtant vous appartenir. Il est con Akira, il est stupide d'avoir crû, il est bête d'avoir espérer ; et il se dégoûte d'avoir succombé si rapidement à des sentiments qu'il considérait comme éphémère. Pourquoi Gabriel ? Pourquoi a-t-il fallut qu'il tombe amoureux de toi ? Et pourquoi ne peut-il tout simplement pas te le dire ? Trop de questions laisser en suspends en interne ; mais que le jeune homme ne peut tout simplement pas énumérer à voix haute. Il ne peut pas te dire tout ça, pas par manque de convictions ; mais parce qu'après ce que tu as vécu, il aurait l'impression d'être malhonnête ; en soit, que ce serait une trahison. Et quand tu bouffes ta lèvres Gabriel, Akira en baisse la tête, fumant comme un pompier pour éviter de cogiter, fumant avec avidité pour fuir la réalité. Il se déteste comme personne, c'est un salopard ; et tu l'savais pourtant, tu l'avais toi-même deviné en cette nuit d'été ; pour son anniversaire et cette soirée arrosée. Tu as beau savoir tout ça, tu sembles en conflit intérieur, mais Akira ne peut rien dire, car il n'est pas dans ta tête et que malgré qu'il soit bon pour cerné les gens, il ne sait toujours pas comment tu fonctionnes. Tu es l'énigme de sa vie Gabriel, tu es cette putain d'équation qui dérègle sa vie, qu'il se doit d'éclaircir pour de nouveau pouvoir tourner rond ; car bordel, depuis qu'il t'as rencontré, il n'est plus lui-même. Le temps passe et tes tremblements se font un peu plus conséquents alors que l'arme semblent plus lourde. Son cœur se brise un peu plus et ses yeux se referment  légèrement de frustration et de tristesse ; sa gorge se serre et les mots ne sortent pas. 'Mais tu es Akira' Non Gabriel ; il n'est plus Akira, il n'est qu'une ombre, celle qui plane autour de toi et qui te ronge. Est-ce que ça change quelque chose qui il est ? Non, il ne peut pas s'en convaincre. Et il aimerait te dire d'arrêter, que ce manège doit cesser, qu'il risque de faire comme cette fumée ; s'évaporer. C'est ce qu'il fait quand ses yeux se rouvrent pour mieux s'écarquiller, que son joint quitte ses lèvres pour mieux rencontrer le sol défoncé ; des larmes. Tu pleures Gabriel. Putain, tu pleures bordel. Et s'il le pouvait il le ferait également. Elles lui démangent les yeux, mais rien. Putain de merde Gabriel. Pourquoi vous ? Pourquoi maintenant ? Et le silence règne alors qu'il se perd encore. Rien ne tourne rond et plus rien ne tournera jamais rond. Vous êtes brisés, vous êtes le revers d'une même pièce incapable de se retourner pour se regarder ; vous êtes destinés à vous séparer ; avant même que tout puisse commencer... Et bizarrement, dans le fond de son cœur, Akira ne peut se résoudre à cette putain d'éventualité. Avançant légèrement, il reste néanmoins sur ses gardes ; car il veut parler, pouvoir te dire tout ce qu'il n'a jamais pu te dire, tout ce qui est resté caché, enfoui au fond de lui ; par peur, pour ne pas t'effrayer. Et voilà que tu repars de plus belle ; son regard se plissant, comprenant à moitié ce que tu racontes... L'italien, t'es tellement perturbé que t'en perd ton anglais, et son cerveau est tellement embrumé et brisé qu'il n'en capte que les grandes lignes. De la confiance. Il sait putain. Il sait que tu galères à faire confiance ; il sait tout ça et il le comprend mieux que quiconque ; Akira peine à y croire, il veut y croire ; ne pas devenir un étranger à ta vie, ne pas être pour toi un putain d'ennemi. L'arme est lâchée et l'écho du bruit du métal percutant le parquet éveil son instinct, le fait automatiquement bouger, arquer un sourcil ; sans le savoir, sans vraiment le réaliser, Akira part en vrille ; approchant d'un pas lent, mais néanmoins résolu alors que tu te recroqueville sur toi-même... « Arrête. » Les mots sortent automatiquement alors que tu t'excuses ; inlassablement, continuellement ; tu le répètes comme un fou, comme si c'est tout ce que tu étais dorénavant capable de faire... Et il s'accroupi en face de toi Akira, son genou tapant le revolver sans y faire attention. « Tais-toi... Putain tais-toi s'il te plaît. » Et ses bras viennent t'envelopper, une étreinte te cachant du monde qui t'entoure, comme si cela pouvait effacer toutes les horreurs, couvrir toutes tes questions, réchauffer toutes tes angoisses. Y'a son cœur qui ne répond plus, qui part dans une rythme imbattable, avec une douleur effroyable, contractant ses muscles à leur paroxysme alors que son front vient se coller au sommet de ton crâne. Et il pleure Akira, de concert avec toi, et sa voix brisée ne lui permet pas de bien s'exprimer... C'est fini bordel, tout est fini. Comment recoller les morceaux de 'vous' ? Alors que vous êtes 'morts'. « Pu... Tain... Arr-arrête ça Gabriel. » Son étreinte se resserre sur ton corps, sa main se glissant instinctivement dans ta chevelure ébène, ses larmes si coulantes si collant naturellement. Il tente de reprendre sa respiration, il tente de se calmer, ou rien ne vous mènera nul part, ça ne peux pas rester comme ça, certainement pas ; il peut pas se résoudre à ça Akira, alors il te serre plus fort, car c'est tout ce qu'il sait faire. « C'es... C'est moi putain... C'est moi qui doit... M'excuser. » Qu'est-ce qu'il doit faire ? Qu'est-ce qu'il peut dire de plus ? Akira ne sait pas, Akira ne sait plus et peut-être que dans le fond, il n'a jamais su. Il confond le passé et le présent, il n'entrevoit même plus le futur. Il ne sait pas où il va, ça non plus finalement il ne la jamais su. C'est horrible, cette douleur lancinante dans sa poitrine, cette peine qui lui lacère les entrailles ; il meurt Akira, il meurt à petit feu... Il n'y avait pas besoin d'une détonation, tes larmes sont pires que les balles Gabriel. « Pardon... Pardon Gabriel... Je suis le pire des cons... Pardon. J'aurais dû être là... Je suis désolé... » Comment avoir confiance ? Lui-même ne sait pas. Il ne mérite pas ça, il ne mérite pas ta compassion, ni même ton attention et ça, Akira l'a toujours su. Alors pourquoi s'écharner à y croire ? Pourquoi continuer ? Sans doute parce que t'es ancré dans sa peau Gabriel et qu'à cause de ça, ses nerfs sont en train de lâcher. « J'ai l'impression de crever putain... » Il pensait l'avoir imaginé Akira, mais non, c'est sorti tout seul, comme une dernière sentence... C'est comme quand il avait rouvert les yeux après un long sommeil ; il avait l'impression d'avoir laissé une partie de lui quelque part ; qu'il était mort... Et ça revient. T'avoir dans ses bras, ça le tue, t'entendre pleurer, ça le crève. Par pitié. Que quelqu'un l'achève...
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brevesdenatlyn · 7 years
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TOMORROW IS ANOTHER DAY
Tome : 2.
Nombre de chapitres: 16 / 27.
Pairings: Nick Jonas & Katlyn Itachi.
Synopsis: "Même si elle était énervée contre lui, Nick n'en restait pas moins son petit-ami... Et elle n'avait aucunement l'intention de rompre avec lui. Elle l'aimait malgré tout et elle ne pouvait pas se séparer de lui. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle accepte de le reprendre à la maison... Seulement s'il la suppliait de le faire."
CHAPITRE 16: LETTRE
→ Un peu plus tôt dans la soirée...
  Katlyn sortit de son bureau, précédée par Julian Baker. Ils avaient longuement discuté de la proposition qu'il lui avait faite par mail. Katlyn avait réfléchi un long moment avant de le contacter. Cette proposition avait beau être tentante, elle avait hésité. Après tout, on l'avait déjà accusée de profiter du nom des Jonas Brothers pour se faire connaitre, ce qui était parfaitement faux. Il était vrai que le fait qu'elle soit la petite-amie de Nick Jonas, le célibataire endurci le plus célèbre du monde, ça avait beaucoup joué. Cependant, elle ne voulait pas qu'on pense qu'elle avait profité de sa notoriété pour se faire connaitre. Que ce soit avec ou sans lui, elle aurait quand même pris le parti de se faire publier. C'était en lui qu'elle avait trouvé l'inspiration de commencer ce roman et, surtout, de le continuer. Par respect pour son travail, Nick n'avait jamais tenté de lire ce que Katlyn écrivait. Il disait toujours qu'il attendrait la sortie du livre pour connaitre l'histoire. De toute façon, elle ne l'aurait pas laissé lire. Elle détestait qu'on sache ce qu'elle faisait avant que ce ne soit publié. Nick était pareil qu'elle sur ce point-là. Penser à lui ramena sa rage oubliée sur le tapis. Il l'avait mise dans une telle colère qu'il lui avait été difficile de faire comme si rien ne s'était passé au moment où Julian était arrivé. Il avait fallu qu'elle fasse appel à tout son self-control pour recouvrer son calme. Elle ne pouvait pas décaler ce rendez-vous. Il était bien trop tard. Au final, ça s'était très bien passé. Julian voulait un premier rendez-vous pour la convaincre d'accepter. Il lui avait détaillé sa façon de travailler, répondant à toutes ses questions, dissipant ses doutes. Il lui avait parlé des grandes lignes, insistant bien sur le fait qu'il respecterait le livre, pas comme tous les autres cinéastes qui n'en avaient fait qu'à leur tête, quitte à produire des navets. Il lui avait laissé une copie de ses notes pour qu'elle puisse les étudier ainsi que ses coordonnées personnelles pour qu'elle puisse le contacter lorsqu'elle aurait pris sa décision. Nick n'était même pas au courant du fait que Katlyn ait été contactée par Julian Baker. Elle ne lui en avait pas encore parlé. Elle doutait de le faire pour le moment. Elle aussi, elle savait pratiquer le mensonge par omission. Contrairement à ce que Nick pensait, Katlyn était parfaitement capable de s'occuper d'elle. Comment croyait-il qu'elle avait fait durant quatre ans ? Kevin et Joe n'étaient pas toujours là. Ils avaient leur propre vie à gérer. Il avait bien fallu qu'elle apprenne à se débrouiller sans eux, comme elle le faisait avant.
  — Ça ne va pas ?
  Plongée dans ses pensées, Katlyn n'avait même pas remarqué qu'ils étaient arrivés devant la porte d'entrée. Julian lui lançait un regard qui se faisait insistant, la rendant mal à l'aise. Elle était obligée de lever la tête pour l'observer. Très grand, il devait mesurer entre un mètre quatre-vingt-cinq et un mètre quatre-vingt-dix. Elle qui n'avait jamais dépassé le mètre soixante, elle se sentait vraiment minuscule maintenant qu'elle était assise dans ce fauteuil. Julian avait un visage bien découpé avec de beaux yeux noisette - qui ne valaient pas ceux de Nick, cependant. Rasé de près, il était homme à toujours être impeccable lorsqu'il travaillait. Les cheveux courts et frisés, un visage à faire craquer plus d'une femme et tout en muscle, Julian Baker était attirant, très attirant. Peut-être que s'il n'y avait pas eu Nick... Katlyn se gifla mentalement. Elle ne pouvait pas penser de telles choses. Même si elle était énervée contre lui, Nick n'en restait pas moins son petit-ami... Et elle n'avait aucunement l'intention de rompre avec lui. Elle l'aimait malgré tout et elle ne pouvait pas se séparer de lui. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle accepte de le reprendre à la maison... Seulement s'il la suppliait de le faire. Oui, elle était impitoyable. Monsieur allait devoir apprendre qu'elle n'était pas à son service et qu'elle n'obéissait pas à ses moindres désirs.
  — Si, ça va.
— Vous semblez soucieuse.
— Quelques ennuis. Rien de grave.
— Dans ce cas, j'attends votre réponse.
  Ils se serrèrent la main avant que Phil Connans ne reconduise Julian en dehors de la propriété de Katlyn. Elle savait que ça pouvait paraitre impressionnant, parfois même angoissant, mais c'était la seule façon pour elle d'être en sécurité. Jake rôdait quelque part dehors et cherchait à atteindre Nick. Pour ça, il n'hésitait pas à menacer les enfants ou même Katlyn. Nick n'avait pas l'intention de céder mais la jeune femme avait bien peur qu'il ne finisse par le faire si Jake s'en prenait une nouvelle fois à elle. Phil lui remit une enveloppe bulle avant de raccompagner son invité. Katlyn observa le paquet. Il n'y avait aucune adresse, seulement son nom en capitales d'imprimerie. Qu'est-ce que cela signifiait ? Elle referma la porte derrière elle et se dirigea dans le salon. Chris s'avança vers elle. Il avait l'air exténué.
  — Maman, c'est quand qu'on mange ? J'ai faim, moi !
  Katlyn lui sourit et lui ébouriffa les cheveux, ignorant ses protestations. Chris attrapa les doigts de sa mère avec ses petites mains, l'empêchant ainsi de continuer.
  — Bientôt, mon chéri. Maman va parler avec Demi et après, on passera à table, d’accord ?
— Tu fais vite, hein ?
— Promis.
  Katlyn retira sa main des cheveux de son fils que ce dernier replaça en marmonnant avant de rejoindre Emy devant la télévision. Demi et Katlyn se retirèrent dans le bureau de l'écrivaine. Joe lui avait parlé des réactions de Demi depuis sa sortie de l'hôpital, des réactions qui étaient similaires à celles de Katlyn. Demi avait vécu des tortures semblables aux siennes et portait la même cicatrice dans le dos, cette même marque d'appartenance à ce cartel de la drogue. Elle avait du mal à vivre avec tout ça sur la conscience. Katlyn comprenait. Elle avait mis du temps à s'en remettre aussi. Vu qu'elles avaient vécu la même chose, elle avait accepté de lui parler. Leur discussion dura un long moment et, au terme de celle-ci, Katlyn finit par convaincre Demi de consulter un psychologue. Elles avaient également discuté d'un projet très intéressant. A voir si ça se concrétisait. Demi sortit du bureau, un peu plus détendue. Katlyn prit un instant pour ouvrir l'enveloppe que Phil Connans lui avait remise. Elle contenait un DVD et une lettre.
  Mademoiselle Itachi,
  Vous ne me connaissez pas mais, pourtant, j'ai estimé qu'il était temps pour vous de savoir la vérité sur Nick. Il y a quatre ans, il est venu me voir pour quémander mes services. J'ai d'abord commencé par refuser au nom de son âge, de sa notoriété et de son histoire. Malheureusement, il semble qu'il n'ait pas été lui-même ce jour-là. Il était sur le point de me brutaliser quand j'ai finalement accepté. Je vous écris cette lettre non pas pour vous avertir qu'il courre un danger immédiat mais seulement parce que je ne pouvais plus garder ceci sur ma conscience. Je m'en veux d'avoir cédé à ses exigences cette nuit-là. Rassurez-vous, je ne suis pas malade et nous nous sommes protégés, si bien qu'il n'a rien pu contracter qui vienne de moi. Je pense que vous ne serez pas convaincue par ces quelques lignes, c'est bien la raison pour laquelle j'ai joint la vidéo que j'ai volé chez mon mac. Tout ce qui a été filmé cette nuit-là s'est fait à notre insu. Personne ne doit découvrir cette vidéo. Détruisez-la si possible. Sachez que c'est à contrecœur que je lui ai obéi. Vous semblez avoir une relation sérieuse avec lui, c'est la raison pour laquelle j'ai décidé de vous dire la vérité.
  Pardonnez-moi.
  Jasmine Vasquez
  Choquée par le contenu de cette lettre, Katlyn se décida finalement à regarder les images de ce DVD dont cette Jasmine parlait. Les mains tremblantes à cause de l'appréhension, elle glissa le CD dans le lecteur de son ordinateur. Les images parlaient d'elles-mêmes. Arrêtant précipitamment ce mauvais film, elle prit le soin de le ranger dans le tiroir le plus inaccessible de son bureau. Le choc passa mais les images restèrent dans sa tête, s'amusant à passer en boucle. Ce film amateur lui laissait un goût amer de trahison et de colère. Faisant face à la fenêtre, elle observa la nuit tomber en tentant de se calmer. Cette histoire devait rester entre Nick et elle. Personne d'autre ne devait connaitre l'existence de cette vidéo. En attendant, si Monsieur comptait revenir à la maison dès le lendemain, il allait se faire jeter ! Katlyn se pinça l'arête du nez pour refouler les larmes qui lui piquaient les yeux et essaya de se calmer. Elle avait envie de l'étriper, terriblement envie. Comment avait-il osé lui cacher une telle chose ?! Il aurait dû lui en parler ! Ça datait du temps où il prenait de l'héroïne. Si elle en croyait la date inscrite sur la bande, ils n'étaient même pas encore ensemble à ce moment-là. Elle aurait compris s'il lui en avait parlé dès le début ! Katlyn devait admettre que cette Jasmine avait vraiment eu du cran de lui dire la vérité. La jeune femme porta ses mains à son front alors que les images continuaient de la narguer.
  — Ça va pas, maman ?
  Katlyn baissa les bras, surprise. Du haut de ses trois ans, son fils l'observait, semblant inquiet pour elle. Ses yeux d'un bleu profond étaient rivés à ceux de sa mère. Il ne cessait de se poser des questions. Depuis que Nick était revenu, sa mère n'était plus la même. Les enfants l'avaient remarqué. Chris ne supportait pas Nick. Il avait peur qu'il prenne sa place. Il ignorait seulement qu'il passerait toujours avant cet imbécile qui servait de petit-ami à Katlyn. Cette dernière tenta de sourire à son fils mais il ne se laissa pas duper.
  — Je vais bien.
— Non, c'est pas vrai ! Pourquoi tu mens ?!
— Depuis quand tu sais mieux que moi ?
  Affectueusement, Katlyn appuya brièvement sur le nez de Chris. Il recula d'un pas, surpris.
  — Tu mens toujours quand tu vas pas bien.
— ...
— Maman ?
— Hum ?
— C'est Nick qui te rend triste ? Je vous ai entendu crier tout à l'heure. J'aime pas quand t'es en colère.
— Viens.
  Le petit garçon s'approcha de sa mère. Katlyn le hissa sur ses genoux et l'enlaça tendrement. Il répondit à son étreinte, refusant de la lâcher. Katlyn lui expliqua que Nick avait fait une bêtise et qu'elle était très en colère contre lui car il lui avait fait du mal. Chris resserra son étreinte autour d'elle, marmonnant que Nick n'avait pas le droit de la blesser et qu'il ne le laisserait plus l'approcher. La maman sourit brièvement en réponse à cette attitude. Ils finirent par se rendre tous les deux dans la cuisine où ils préparèrent le diner ensemble. Les mains de Katlyn tremblaient si bien qu'elle s'entailla une paume. Après avoir retenu une flopée de jurons tous plus vulgaires les uns que les autres, elle s'enroula la main dans un mouchoir en tissu et finit la préparation du diner. Elle verrait plus tard pour les soins...
  ×
  L'esprit encore embrumé par les méandres du sommeil, Nick se sentait pourtant le quitter. Engourdi, il décida de ne pas bouger et d'essayer de se rendormir. Refusant obstinément d'ouvrir les yeux, il changea de position et se replongea dans un semi-sommeil. Quelque chose, ou plutôt quelqu'un, vint se blottir contre lui en soupirant. Soudainement alerte, Nick ouvrit brutalement les yeux. Qui était là? Il ignora la brûlure de la lumière du soleil sur sa rétine et regarda autour de lui. Il soupira de soulagement en constatant qu'il ne s'agissait que d'Emy qui semblait profiter d'un profond sommeil contre lui. Rassuré, il tenta de retrouver le sommeil. Sans succès. Maintenant qu'il était complètement réveillé, impossible de se rendormir. Il soupira et finit par regarder sa montre. Il fronça les sourcils en s'apercevant qu'il était quasiment dix heures. Ainsi donc les enfants connaissaient la grasse matinée. Nick se demandait bien ce qu'Emy faisait là. Il ne bougea pas, ne voulant pas la réveiller. Pourtant, l'odeur du café chaud mêlé à l'odeur d'un bon petit déjeuner complet lui parvenait, rendant irrésistible l'envie de se lever. De plus, il avait très envie d'aller faire pipi. Il tenta de bouger sans réveiller Emy. Malheureusement, elle sentit son mouvement et s'agrippa à son T-shirt. Les yeux à demi ouverts, elle le regarda. Elle lui sourit brièvement.
  — Bonjour, toi. Qu'est-ce que tu fais là ?
  Encore endormie, Emy prit quelques minutes avant de lui répondre.
  — J'ai fait un cauchemar. J'ai vu le monsieur qui a fait mal à maman. Y'avait du sang partout. J'avais peur.
  Nick savait qu'elle ne mentait pas. Il voyait toute la peur dans ses yeux. Des larmes coulaient sur ses joues. Emy était traumatisée par ce qui s'était passé quelques semaines plus tôt. Sa maman changeait au jour le jour, se refermant sur elle-même, passant de plus en plus de temps à ruminer seule dans son coin. Elle tentait de donner le change, parfois, sans y parvenir.
  — Viens.
  Nick fit signe à Emy de venir dans ses bras. Elle se jeta à son cou et le serra très fort. Il la consola et la réconforta du mieux qu'il pouvait. Il était temps qu'il parle à Katlyn, non seulement pour s'expliquer mais aussi pour lui ouvrir les yeux. Il fallait qu'elle voie ce renfermement dont elle faisait preuve, l'inquiétude que les enfants nourrissaient à son égard, sa propre peur qu'elle refusait d'admettre... L'estomac de Nick grogna, le rappelant à l'ordre. Emy se détacha de lui et le regarda étrangement, une lueur vaguement amusée dans les yeux. Ça contrastait avec les traces de larmes sur ses joues. Nick les essuya avec son pouce et lui sourit pour la rassurer. Ensuite, il se leva très vite pour s'enfermer dans les toilettes tandis qu'Emy se moquait de lui. Il l'entendait rire bien que la porte soit fermée. Quand il eut fini sa petite affaire, il se lava les mains et retourna dans la chambre. Emy était assise sur le lit, semblant l'attendre.
  — Maman était plus triste quand t'étais pas là.
— Je sais. Allez, viens, on va déjeuner.
  En réponse à sa réplique, Emily essaya de grimper sur le dos de Nick. Ce dernier rit doucement en voyant qu'elle n'y arrivait pas. Il finit par s'assoir sur le lit afin qu'elle puisse enrouler ses bras autour de son cou et ses jambes autour de son torse. Il l'entendait rire alors qu'il descendait à la cuisine où tout le monde était attablé. Katlyn lui lança un regard noir tandis qu'il déposait Emy au sol mais ne fit aucun commentaire, préférant sans doute lui hurler dessus et l'injurier en privé. Apparemment, Nick n'était pas le seul à avoir fait la grasse matinée. Hormis son père, tout le monde était encore en pyjama. Nick s'assit à table et commença à manger en silence. Tout le monde semblait plongé dans la conversation principale. Il ignorait de quoi ils parlaient. Il n'y prêtait pas attention, plongé dans l'étude de son petit-déjeuner. Le temps passa. Nick fut le dernier à avoir accès à une des salles de bains de la maison. Quand il en sortit, il découvrit que les deux Kevin étaient partis. Leah, Demi, Joe, Katlyn et Louna étaient dans le salon, s'amusant avec les jumeaux, ravis de cette attention particulière. Nick pénétra dans la pièce, appréhendant le moment de la discussion qu'il tenait tant à avoir.
  — Je parie que d'ici une heure, Katlyn l'a mis à la porte, murmura Joe à l'oreille de Demi.
  Ignorant les messes basses de son frère, Nick regarda Katlyn droit dans les yeux.
  — Je peux te parler ?
— Non ! s'exclama Christopher.
  Nick se sentit poussé. Tellement obnubilé par l'idée de se faire pardonner, il n'avait pas vu Chris se lever et se diriger vers lui. De ses petites mains, il tentait de le repousser, de l'empêcher d'approcher sa mère. Seulement, bien campé sur ses deux jambes, Nick ne bougea pas d'un pouce, ce qui contraria le petit garçon. Nick décida de l'ignorer.
  — S'il te plait.
— Non ! Je te laisserais pas lui faire mal encore une fois ! Laisse ma maman tranquille ! Va-t’en !
  Chris tentait toujours de repousser Nick sans pour autant y parvenir. Cette scène semblait faire rire tout le monde, sauf Katlyn qui était trop occupée à fusiller son petit-ami du regard. Chris commença à frapper Nick, cherchant à protéger sa mère du mal qu'il pourrait lui faire. Un de ses coups atteignit son bas-ventre, endroit particulièrement sensible, si bien que le jeune homme se plia en deux avant de tomber à genoux sur le sol. Généralement, Katlyn aurait réprimandé son fils pour un tel geste. Cependant, cette fois, elle se contenta de ricaner bêtement. Tout le monde était hilare. Nick se sentait terriblement humilié. Battu par un môme de trois ans et demi, on aura tout vu ! Katlyn s'arrêta à sa hauteur.
  — Dans mon bureau. Maintenant.
  Sa voix était glaciale, comme un couperet. Elle était toujours en colère. Nick se demandait ce que cette discussion allait donner. Se relevant avec précaution, il la suivit tandis que Joe se moquait toujours de lui. Chris n'était pas content que sa mère ait accepté de discuter avec Nick. Ce dernier savait que le petit garçon n'hésiterait pas à recommencer si jamais il merdait une nouvelle fois. Pénétrant dans le bureau, il referma la porte derrière lui. Katlyn fit face à la fenêtre, préférant l'ignorer.
  — Je suis désolé.
— Désolé ?! C'est tout ?!
— Non. Je sais que tu ne crois plus en mes excuses, que j'ai souvent été trop loin, te blessant. Il y a bien trop longtemps que cela dure. Tu payes trop souvent pour mes erreurs et il est temps pour moi d'apprendre à assumer seul.
— Dans ce cas...
— Je n'ai pas l'intention de quitter cette maison.
— Je n'ai pas cru comprendre que tu avais le choix.
— Tu as raison depuis le début. Je suis dépendant de toi. Je suis jaloux dès qu'un autre t'approche parce que j'ai peur, qu'un jour, tu m'abandonnes. J'ai peur que tu choisisses un autre homme et que tu me quittes. Je t'aime tant qu'il me serait impossible de survivre à cette rupture. Tu me connais, tu sais jusqu'où je suis capable d'aller pour toi.
— Hn.
— J'ai appris hier toutes les épreuves par lesquelles tu es passée après mon départ. Moi, je t'aurais crue. Je sais que tu n'es pas folle. Tu avais seulement besoin de te raccrocher à quelqu'un, quelqu'un qui ne te laisserait pas. Je sais aussi que le temps n'a rien effacé de toutes ses souffrances qui t'accablent et que tu en as vécu plus que tu es capable d'en supporter. Tu es forte, Katlyn. Tu as su prendre sur toi et te battre seule durant toutes ces années. Aujourd'hui, je veux être celui à qui tu peux te raccrocher quand rien ne va plus. Je veux être cet homme, Katlyn, mais j'ai besoin que tu m'apprennes à jouer ce rôle. Je n'y arriverais jamais seul.
  Katlyn se tourna vers Nick. Malgré la colère, il aperçut une lueur de surprise dans son regard. Elle ne s'y attendait pas. Son visage se ferma soudainement, ravalant toutes les émotions qui avaient pu le traverser. Elle pointa son index dans la direction du jeune chanteur.
  — Ce dont j'ai besoin, ce n'est pas d'un mec qui me traite de lâche sans savoir, ni même d'un mec qui s'attire des ennuis chaque fois qu'il met le nez dehors. J'ai besoin d'une vie tranquille et d'un mec stable, ce que tu n'es pas.
— Je comprends.
  Nick était blessé. Katlyn était très claire dans ses propos. C'était une invitation à rompre. Elle ne voulait plus de lui. Il lui avait fait beaucoup trop de mal.
  — Cependant, je ne peux pas aller contre mes sentiments et je peux encore moins prendre le risque de te perdre. Je peux t'apprendre à devenir cet homme, c'est vrai, mais je ne le ferais pas.
— Pourquoi ?
— Je dois me venger de ta trahison d'abord.
— Pardon ?!
  Nick ne comprenait absolument pas de quoi elle parlait.
  — Ne fais pas l’innocent ! Tu sais très bien de quoi je parle !
— Absolument pas.
  Le ton montait. Nick essayait de rester calme. Qu'il s'énerve n'arrangerait pas les choses.
  — Arrête de mentir ! Tu me prends vraiment pour une conne ! Tu croyais vraiment que je n'allais pas finir par le savoir un jour ou l’autre ?!
— Mais de quoi tu parles ?!
  Nick ne comprenait vraiment rien. Katlyn lui jeta un regard dégoûté, qu'il n'apprécia que peu, avant de se tourner de nouveau vers la fenêtre, le laissant réfléchir au sens de ses paroles. Il ne saisissait vraiment pas la signification de ces quelques mots pourtant simples. Qu'avait-elle découvert sur son compte qu'il ignorait ? Nick fouilla dans sa mémoire pour se souvenir de quelque chose qu'il aurait fait et dont il ne lui aurait jamais parlé mais rien ne lui vint en tête... Sauf si elle parlait de quelque chose qui s'était passé alors qu'il était sous héroïne. Dans ce cas, il lui était absolument impossible de s'en souvenir. Chose qu'elle savait parfaitement.
  — Tu sais très bien de quoi je parle !
— Non. J'ai beau réfléchir, je ne vois pas ! A moins que tu parles de quelque chose qui s'est passé il y a quatre ans.
— Tu vois, quand tu veux, tu n'es pas si bête !
  Katlyn était ironique mais elle lui faisait ainsi comprendre qu'il avait commis quelque chose de mal quatre ans plus tôt, quelque chose qu'elle avait découvert et qu'elle voulait lui faire payer. Qu'avait-il donc pu faire de si horrible pour qu'elle en vienne à vouloir le jeter dehors pour ne plus le revoir ?
  — Je ne comprends pas.
  Katlyn se tourna de nouveau vers Nick, l'air de dire « Mais tu es con ou quoi ?! ». Il était sûr que c'était exactement ce qu'elle pensait en ce moment-même.
  — Réfléchis donc pour une fois !
— Je ne vois pas à quoi ça servirait. Il s'est passé des tas de choses il y a quatre ans, je suis le premier à l'avouer. Seulement, si tu fais allusion à quelque chose qui s'est passé alors que j'étais encore sous héroïne, je vais avoir beaucoup de difficultés à m'en souvenir.
— C'est ton problème, pas le mien. 
— Katlyn, s'il te plait...
  Nick s'approcha de Katlyn pour la raisonner. Elle l'arrêta tout de suite en pointant de nouveau son index sur lui.
  — Ne m'approche pas !
— Arrête tes conneries, putain ! Comment tu veux que je trouve une explication plausible à quelque chose dont je n'ai aucun souvenir ?!
— Tu veux que je te rafraichisse la mémoire peut-être ?!
— Oui, j'aimerais bien !
  Le ton montait malgré lui. Katlyn était tellement butée ! Quelque chose la dérangeait, quelque chose qu'elle voulait le voir avouer. Seulement, Nick n'avait aucune idée de ce dont elle était en train de lui parler. Comment pourrait-il le deviner ? Katlyn savait très bien qu'il ne pouvait pas s'en souvenir s'il était drogué. En tout cas, elle le méprisait maintenant. Qu'avait-il donc fait ? Elle fouilla dans un tiroir de son bureau et en sortit un DVD qu'elle jeta à côté de son ordinateur.
  — Je te parle de ça !
— Qu'est-ce que...
— Les images de ce DVD t'aideront peut-être à te souvenir !
  Sans un mot de plus, Katlyn glissa le DVD dans le lecteur CD de l'ordinateur qu'elle tourna vers Nick. La curiosité était un bien vilain défaut, il devait l'avouer. Katlyn avait coupé le son mais les images étaient tout ce qu'il y a de plus explicite. Nick resta bouche bée, essayant de se convaincre qu'il n'avait pas fait ça.
  — C'est truqué !
— Non.
  Katlyn tremblait de rage. Les yeux de Nick étaient fixés sur la vidéo qui défilait encore. Il sentait la colère gronder en Katlyn. Il sentait les larmes qui brillaient au bord de ses yeux et qui finissaient par couler. Il sentait tout ça sans la voir. N'y tenant plus, il éteignit cette foutue vidéo qui était en train de ruiner sa vie.
  — Je refuse de croire que j'ai fait ça ! Cette vidéo est truquée, je ne vois pas d'autres explications !
— Moi, j'en ai une ! Tu étais bien trop défoncé pour savoir ce que tu faisais ! Cette fille ne voulait pas céder à tes exigences mais tu l'as menacée !
— N'importe quoi !
— Cette fille a risqué sa vie pour que je puisse voir ces images ! Pourquoi l'aurait-elle fait si c'était du pipeau ?!
— Qu'est-ce que tu racontes encore ?!
— Cette vidéo était chez son mac ! Je parierais cher qu'il cherchait à la refourguer à la presse avant qu'elle ne la vole ! Les gens sont prêts à tout pour se faire du fric ! Surtout quand ils savent qu'ils ont raison ! Tu veux que je te dise ?! Cette fille a été admise à l'hôpital ce matin même et personne ne sait si elle va s'en sortir ! Tu sais pourquoi ?! Parce qu'elle a voulu que je sache la vérité et parce que cette vidéo ne doit en aucun cas devenir publique ! Oui, je t'en veux, Nick ! J'ai des bonnes raisons de t'en vouloir !
— ...
  Nick ne répondit pas, sous le choc. Katlyn jeta le journal du jour sur le bureau. Un encadré sur la première page lui donnait raison, une nouvelle fois.
  « UNE PROSTITUÉE HOSPITALISÉE APRES AVOIR ÉTÉ TABASSÉE A MORT ! »
  Nick n'arrivait toujours pas à articuler quelque mot que ce soit. Il n'était plus capable de bouger.
  — Sors d’ici !
  Nick revint à lui aussi vite que si on l'avait giflé.
  — J'aimerais bien voir comment tu vas t'y prendre pour me faire sortir.
  Il croisa les bras sur sa poitrine, la défiant du regard. Si elle avait pu marcher, aucun doute qu'elle l'aurait foutu dehors sans sourciller. Cependant, la donne était différente aujourd'hui.
  — Un dernier mot avant que je ne t'étripe peut-être ?
— Tu veux vraiment savoir ce que j'ai à dire ?
— Si c'est pour ta défense.
— Je ne vois pas ce que je pourrais dire pour ma défense. Je ne me souviens pas avoir commis cet acte répugnant. Je comprends que tu m'en veuilles mais je ne pouvais pas te parler de quelque chose dont je n'ai aucun souvenir.
— C'est ça !
— D'ailleurs, je trouve qu'on s'engueule souvent à cause de mes conneries ! Je les assume, moi !
— Qu'est-ce que ça veut dire ?!
— Ouvre les yeux et regarde autour de toi, bordel !
— Pardon ?!
  Ils y étaient. Quelle connerie allait-il encore faire ? La vérité. Il devait lui dire la vérité.
  — Tu n'es plus toi-même, Katlyn ! Tu n'es plus celle que j'ai connu ! Je reconnais que c'est de ma faute, que tu as vécu beaucoup trop d'épreuves mais il y a autre chose ! Tu te refermes sur toi-même ! Tu ne laisses plus personne t’approcher ! Même ta fille l'a remarqué ! Tu sais qu'elle fait des cauchemars chaque nuit parce qu'elle revoit sa mère se vider de son sang ?! Tu sais qu'elle est terrifiée à la simple idée d'aller se coucher ?! Qu'elle ne t'en parle pas parce qu'elle sent que tu es inaccessible ?! Non ! Non, tu ne le vois pas parce que tu ne veux pas le voir ! Alors, ouvre les yeux et tu verras qu'on a besoin de toi !
— Sors de cette maison.
  Sa voix était glaciale. Nick sentait la colère de Katlyn parcourir chacune de ses veines. Si elle ne se retenait pas autant, elle le frapperait, il le savait. Ses traits se déformèrent sous le coup de la fureur. Là, il avait peur. Il ne l'avait jamais poussée aussi loin.
  — Ouvre les yeux, Katlyn. Ne commets pas la même erreur que moi.
— C'est fini, Nick. Je ne veux plus te revoir. Sors de cette maison et ne reviens plus jamais.
— Tu vois, c'est toujours comme ça avec toi. Tu refuses de voir la vérité.
— DEGAGE ! Sors de ma maison, de ma vie ! Sors de mon sang et de mon cœur ! Je ne veux plus te revoir ! JAMAIS ! Ne t'avise même pas de remettre les pieds ici et fais attention à ne pas me croiser dans la rue ! Tout est fini, Nick !
  Katlyn enleva la gourmette que Nick lui avait offerte quelques années plus tôt et la lui lança au visage. Elle lui hurlait de partir, de ne plus revenir. Elle ne voulait plus de lui, c'était fini. Nick avait l'impression de tomber dans un gouffre. Devant son manque de réaction, Katlyn lui jeta un livre qui heurta son front avec violence. Réagissant enfin, Nick quitta le bureau en claquant la porte. Il traversa le salon, en silence, sans un seul regard pour toutes les personnes présentes, et passa la porte menant au garage. Il monta dans son pick-up, le poing serré autour de la gourmette de Katlyn. Il ouvrit une main tremblante pour la regarder. Il avait tout gâché, encore une fois. Seulement, maintenant, c'était la fin. Refermant ses doigts autour du bijou, il craqua, libérant toutes les larmes qui lui brisaient le cœur. Comment allait-il vivre maintenant ? Il lui était impossible de vivre sans elle...
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Buy me a coffee?
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Buy me a coffee?
DEBUT DU TOME 1
PART I || PART II || PART III || PART IV || PART V
PART VI || PART VII || PART VIII || PART IX || PART X
PART XI || PART XII || PART XIII || PART XIV || PART XV
PART XVI || PART XVII || PART XVIII || PART XIX || PART XX
PART XXI || PART XXII || PART XXIII || PART XXIV || PART XXV
PART XXVI || PART XXVII
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