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henripaquette · 14 days
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Séance #13 — Les géants du numérique à la défense de la démocratie!
Ces géants ont été à la source de différentes controverses ces dernières années, allant de la divulgation de discours haineux jusqu’au blocage des contenus d’actualité, au Canada, dans le cas spécifique de Meta. Nul doute que les responsables de ces médias numériques ont été vivement critiqués dernièrement, mais aujourd’hui, j’aimerais plutôt souligner un de leurs bons coups.
Je salue leur volonté d’agir contre la désinformation par intelligence artificielle (IA) que leurs plateformes pourraient déployer en contexte électoral. Dans un article de La Presse, l’on apprenait que cet engagement provenant de 20 géants numériques a été annoncé en février dernier lors de la grande conférence de Munich sur la sécurité (MSC). Évidemment, nous pourrions toujours les questionner davantage pour savoir quels moyens concrets seraient envisagés afin de limiter ces risques.
Mais je préfère être de bonne foi aujourd’hui, et ce, pour la simple et bonne raison que ces géants reconnaissent enfin leur responsabilité dans un risque de dérive antidémocratique. En fait, il est plutôt rare de voir ces plateformes reconnaître publiquement leur responsabilité sociale dans un enjeu. Mais récemment, elles ont néanmoins décidé de se regarder dans le miroir, de faire preuve d’introspection et de placer la démocratie et le respect du processus électoral en priorité, et pour cela, je les félicite. Brad Smith, vice-président du conseil d’administration de Microsoft, l’a bien démontré à en croire ses propos recueillis par l’Agence France-Presse : « Nous avons une responsabilité pour que ces outils [d’IA] ne deviennent pas des armes dans les élections ».
Les risques sont bien réels en contexte de campagne électorale. Une simple requête permet de créer une toute nouvelle image qui peut paraitre réelle alors qu’elle ne l’est tout simplement pas (Agence France-Presse, 2024). Des hypertrucages pourraient changer le cours d’une campagne d’une manière illégitime, puisqu’en fait, ils ne se basent sur aucun fait avéré.
D’autres risques provenant de ces plateformes peuvent aussi être d’ordre géopolitique. Selon monsieur Smith, certains pays – la Russie par exemple – pourraient utiliser ces outils à des fins de désinformation lors d’élections en Occident (Agence France-Presse, 2024). Les géants concernés souhaitent donc coopérer pour éviter des dérapages accrus d’ingérence étrangère dans les processus électoraux.
Il est rafraîchissant de voir les géants numériques reconnaître leurs lacunes et d'agir pour le bien commun. J’aimerais voir de telles actions de leur part plus souvent à l’avenir.
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henripaquette · 20 days
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Séance 12 — Les risques que courent les travailleurs de plateforme
Le travail de plateforme est un phénomène directement lié au développement numérique de notre modèle économique actuel. Ses travailleurs sortent du cadre du salariat en étant des travailleurs autonomes auprès de plateformes de service en ligne. Mais cette liberté dans le travail peut-elle être entravée par des risques rattachés à ce nouveau type d’emploi? Certainement!
Le premier risque en liste a trait à ce que le Labo Société Numérique appelle une « atomisation du marché » (2023, paragr. 9). L’on entend ici que les plateformes numériques de travail prévoient leur modèle d’affaire selon une « économie de la demande » (Ibid., paragr. 8) qui place les consommateurs en importance, relayant ainsi les travailleurs au second plan : « […] [l’]atomisation du marché […] donne une certaine primauté au droit de la concurrence […] sur le droit du travail et de la protection sociale, destinés à encadrer les relations de travail » (Labo Société Numérique, 2023, paragr. 9). Le bien-être des travailleurs s'en retrouve donc affecté d'une manière négative.
Deuxièmement, en matière de conditions de travail, ces travailleurs de plateforme disposent de ressources inégales pour les accompagner dans leur emploi. Par exemple, certains d’entre eux se réunissent en collectifs pour se mobiliser, alors que d’autres, malheureusement, subiront de la discrimination sur la base de leur degré d’éducation, leur origine ethnique ou leur identité de genre. Cela les empêche d’avoir accès à des mesures adéquates d’aide physique ou psychique liées à leur travail (Labo Société Numérique, 2023, paragr. 16-17).
Comme troisième risque, figure le caractère autonome de ce type de travail, qui « […] va de pair avec une responsabilisation et un transfert des risques sur le travailleur » (Labo Société Numérique, 2023, paragr. 18). Or, la grande majorité de ces travailleurs ne possèdent pas une protection sociale satisfaisante. Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), environ seulement 40 % d'entre eux possédaient une assurance maladie en 2021, alors qu’en termes de protection pour le chômage et les accidents de travail, ce chiffre s’élevait à peine à 15 % (Association internationale de la sécurité sociale, 2023, paragr. 4).
Finalement, à la lumière des données précédentes, il est clair qu’il faudrait réglementer davantage ces emplois afin qu’ils puissent offrir des programmes de protection sociale plus élaborés pour leurs travailleurs. De cette manière, ces derniers seraient moins à risque de se retrouver dans une situation précaire.   
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henripaquette · 1 month
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Séance #10 — Santé mentale : l’importance d’encadrer l’utilisation des agents conversationnels
Si l’intelligence artificielle (IA) est source d’innovation dans les traitements en santé mentale, sa non-réglementation peut parfois aussi engendrer des drames irréversibles chez des personnes en détresse psychologique, de là la nécessité de réglementer les agents conversationnels.
C’est dans un article de La Presse (Goyer, 2024) que nous apprenions qu’un tel drame s’était bel et bien produit en mars 2023. Un Belge de 32 ans s’était alors suicidé après avoir suivi des recommandations émises par ChatGPT qui avaient pour but de calmer son écoanxiété. La journaliste Maude Goyer, de passage au Festival international de l’IA à Cannes, avait alors interviewé la chercheuse Mieke De Ketelaere pour mieux comprendre les circonstances entourant ce suicide. Cette dernière est en fait convaincue de la responsabilité qu’a eue l’agent conversationnel dans ce dénouement malheureux : « J’ai lu les échanges et dans les derniers moments, le chatbot a souligné qu’il n’était qu’un esprit alors que lui, il vivait avec un esprit et un corps, et puisque ce dernier le faisait souffrir, il valait mieux le quitter » (Goyer, 2024, paragr. 4).
Comme l’a remarqué Carl Mörch, spécialiste de l’IA en psychologie, un nouveau phénomène s’observe dans nos sociétés, soit celui du recours de plus en plus fréquent à des robots conversationnels par des personnes mentalement instables (Stavart, 2023, paragr. 12). Cela, comme nous le montre bien l’article de La Presse, peut constituer un réel danger pour certaines personnes. Ce même chercheur admet toutefois que les professionnels en santé mentale devraient davantage être aux faits de ces nouvelles technologies afin de bien comprendre leur fonctionnement (Stavart, 2023, paragr. 13). Ainsi, ces professionnels seraient à même de mieux encadrer leurs patients si ces derniers venaient à utiliser des agents conversationnels comme conseillers.
Il convient aussi de faire une éducation aux nouveaux fonctionnements des médias selon l’expert en communication Jean-Claude Domenjoz, car les algorithmes d’IA se font de plus en plus présents et peuvent contrôler les comportements : « […] les robots communicants […] [simulent] des comportements humains qui pourront faire illusion » (Domenjoz, 2023, paragr. 11). En d’autres mots, sans être sensibilisés, certains utilisateurs pourraient penser que ces machines sont dotées d’une raison et d’émotions et pourraient prendre exemple sur celles-ci.
Bref, ignorer les risques des agents conversationnels n’est pas enviable. Il faut adapter les méthodes d’aide aux victimes de maladies mentales en prenant désormais en compte l’influence qu’ont ces algorithmes.
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henripaquette · 1 month
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Séance #9 – La gratuité est-elle à l’origine de la désinformation?
Les médias traditionnels et les médias socionumériques relèvent de deux modèles complètement différents : si les premiers continuent parfois de réclamer des abonnements pécuniaires, les deuxièmes semblent plutôt opter pour une gratuité d’utilisation, laquelle favorise un phénomène de désinformation.
Plusieurs étapes méritent d’être décortiquées pour bien comprendre mon propos. Tout d’abord, en 2023, seulement 11 % des Canadiens disaient payer pour avoir accès à des nouvelles en ligne provenant de médias traditionnels (Saint-Arnaud, 2023, paragr. 10). Plus encore, la tranche d’âge qui aurait vu la plus forte chute d’abonnements fut celle des 18-24 ans avec une baisse de 7 % par rapport à l’année 2022 (Ibid., paragr. 12). Ces données traduisent, selon moi, un comportement de la population visant à se détacher des médias traditionnels pour s’informer. Elles consistent en un bon exemple d’une transformation majeure dans le domaine de la consommation d’information en contexte numérique.  
La deuxième étape concerne justement la gratuité. Les données précédentes nous montrent que les Canadiens sont froids à l’idée de payer pour du contenu d’information. Colette Brin, directrice du Centre d’études sur les médias (CEM), avait alors mentionné que « plusieurs médias de qualité restent gratuits. La conséquence, bien sûr, c’est que s’il y a une offre gratuite intéressante, c’est moins attrayant de payer » (Ibid., paragr. 15). Or, cet incitatif économique ne s’applique pas uniquement à certains médias traditionnels, mais aussi aux médias socionumériques, qui, pour leur part, sont « […] systématiquement gratuits » (Ibid., paragr. 14). Toutefois, ces mêmes plateformes numériques sont aussi porteuses de désinformation, de fausses nouvelles et de canulars (Ibid., paragr. 14) causant d’importants dérapages.
Un exemple notable a trait au « Convoi de la liberté » de l’hiver 2022 à Ottawa. Nadia Seraiocco, chercheuse à l’École des médias de l’UQAM, a d’ailleurs cherché à expliquer comment des groupes rattachés à ce mouvement, notamment Rebel News, avaient abondamment utilisé la pratique de la redocumentarisation en ligne à des fins de désinformation (Seraiocco, 2023, p. 8).
Bien que l’action de s’informer par le biais des médias traditionnels ne semble plus avoir la cote, il importe de rester prudent sur les réseaux sociaux face aux fausses nouvelles. Pour cette raison, même s’ils sont gratuits, je tente de ne plus les utiliser pour m’informer, et je pense qu’une grande partie de la population aurait intérêt à faire de même.
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henripaquette · 2 months
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Séance #6 - Les deux extrêmes de l’identité numérique
Les réseaux socionumériques ont cette particularité fabuleuse de permettre à leurs utilisateurs de se créer une identité virtuelle, laquelle peut être publique (et réelle) ou anonyme selon le désir de l’internaute. Pendant que certaines personnes se présentent de manière décomplexée et répétitive devant leurs publics élargis, d’autres, opèrent sur les réseaux sociaux en ne révélant jamais leur identité réelle. Découvrons ces deux possibilités qu’offrent ces technologies numériques.
La première consiste, pour l’utilisateur, à exposer et à dévoiler de manière claire l’image qu’il souhaite véhiculer de lui-même. Le but pour l’individu est alors de se construire une personnalité, un profil, qu’il pourra présenter à ses abonnés. Cette possibilité revêt d’une situation où l’individu étale une partie de son identité personnelle sur la place publique. Ainsi assistons-nous souvent au recours à certaines techniques pour y arriver, par exemple l’utilisation d'égoportraits (« selfies ») ou encore de « reels ». À cet effet, une publication de la vice-première ministre québécoise, Geneviève Guilbault, résume bien mon propos.
Vers la fin du « reel », nous apercevons la ministre en compagnie de ses jeunes enfants pour aller saluer le Bonhomme Carnaval. Constat : « la barrière entre la vie professionnelle et privée s’amenuise avec les réseaux sociaux. Plus les gens s’y affichent, plus les personnes de leur entourage peuvent tout savoir sur eux » (Noovo Moi, 2024, paragr. 11).
Au contraire, la deuxième possibilité permise par les réseaux socionumériques mise beaucoup plus sur la discrétion des individus souhaitant ne pas révéler leur identité personnelle en ligne. De là sont apparues d’autres formes de représentations pour ces utilisateurs, comme les pseudonymes et les avatars. Selon Barbara Seigne, blogueuse pour le réseau professionnel « Metricool », les utilisateurs matérialisent leurs avatars lors de leur connexion en ligne pour ne pas avoir à présenter une image véritable de leur personne (Seigne, 2023, paragr. 6). Cette description correspond à ce que l’on pourrait appeler une pratique de « travestissement identitaire » utilisant « l’anonymat […] afin d’expérimenter de nouveaux soi [représentations de soi] » (Raffin, 2011, p. 18).
Bref, comme nous avons pu le constater, les réseaux sociaux permettent un éventail de possibilités en termes de représentation de soi. Ils permettent à chaque utilisateur d’utiliser la technique de leur choix parmi toutes celles proposées allant de l'identité numérique réelle à l'identité anonyme.  
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henripaquette · 3 months
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Séance #5 – Communautés virtuelles : un problème de société majeur
Les communautés virtuelles sur les médias socionumériques peuvent certes représenter des avantages dans le monde d’aujourd’hui. Mais, dès lors que l’on se détache un moment de ces communautés virtuelles pour retrouver des interactions hors ligne, l’on se rend vite compte que ces dernières souffrent d’un grave problème.
C’est le constat auquel est arrivé le rédacteur en chef du Courrier de la Nouvelle-Écosse, Jean-Philippe Giroux, dans un de ses articles lorsqu’il a déploré que la dépendance aux médias sociaux décourage l’engagement communautaire chez les nouvelles générations. Pour lui, « plus de temps est consacré en ligne à former des communautés virtuelles ou à organiser des mouvements sur diverses plateformes, dans le confort [des maisons]. Les frontières se brouillent et la vie communautaire peut dépasser les bornes de délimitation d’un village » (Giroux, 2024, paragr. 3).
Vous me direz : « à quoi bon parler d’engagement communautaire? », « quel est le lien avec le numérique? ». Limitons-nous seulement à la notion même d’engagement. Celle-ci se définit comme étant « […] le moyen de parvenir à la réalisation [d’]objectifs définis […] [et] se [rapprocherait] du militantisme […] » (D’amours, 2023, p. 5). Cette notion a drastiquement évolué depuis quelques décennies. Je considère qu’autrefois, l’engagement des individus se pratiquait à des échelles physiques limitées ainsi qu’avec un cercle social réduit (la population d’un village, par exemple). Avec la réalité numérique, cette notion d’engagement a changé de sorte que les individus peuvent désormais faire partie de grands regroupements sociaux en ligne. Ils prennent part à des communautés virtuelles immenses dans lesquelles les frontières physiques ne représentent plus un problème. Les membres peuvent établir des contacts d’un bout à l’autre de la planète, bref, la barrière de l’éloignement n’est plus. Cette nouvelle forme d’engagement permet d’être en relation avec énormément d’individus en même temps tout en étant plongé dans une forme d’individualisme des plus importantes en étant seul derrière son écran. C’est la description que je donnerais de l’individualisme connecté.
Pour moi, cet individualisme créé par les communautés virtuelles désagrège les relations humaines et sociales. C’est pourquoi je suis d’accord avec l’inquiétude de monsieur Giroux. La faute revient à ce « progrès » numérique si notre sens de la communauté disparait peu à peu, malheureusement.
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