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#l’oiseau quitte le nid
mialecomte · 2 years
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New home, new life
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art-e-miss · 4 years
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L’OISEAU OU L’ENFANT
Une prison. L'oiseau aura beau recevoir tout l'amour du monde et les plus belles graines de son maître, il n'en cessera pas moins de rêver du ciel bleu et vaste. De quelle maison lui parlez-vous, lui qui ne parvient pas à déployer ses ailes immenses.
Le seul moyen de garder un oiseau près de soi toute sa vie est de lui préparer une mangeoire bien remplie, où il pourra se poser quand il lui plaît. Pas de barreaux, même faits d'or et d'argent, pas de maison aux portes closes qui laissent passez le froid mais à peine l'air.
L'oiseau, l'enfant. La cage, la maison. Une métaphore vieille comme le monde, je sais. Je me demande si l'oiseau des dictons s'est senti aussi honteux que moi lorsqu'il a laissé le nid derrière lui.
S'est-il trouvé égoïste de dédaigner l'amour, l'eau et les graines qui l'ont fait grandir. Son cœur s'est-il brisé quand il a franchi la grille restée ouverte, tout en se rappelant la caresse d'une main sur sa tête fragile. A-t-il souhaité, lui aussi, qu'on l'envoie au loin de force afin qu'il cesse de se reprocher ses désirs d'ailleurs ? Ou s'est-il envolé librement, sans d'autre soucis que celui de savoir où il se poserait demain ?
J'ai grandi dans une famille un peu spéciale, tous le foyers le sont, mais la mienne avait sa façon unique de l'être. Quelques générations plus tôt, peut-être aurait-elle tout eu de classique. Pas de télévision, pas d'internet, presque pas de chauffage en hiver, et des étés entiers à explorer les mêmes 32km2. Pas non plus de famille ou d'amis à aller visiter, sans bus pour faire le trajet qui aurait permis cette autonomie.
D'une certaine façon, pas d'échappatoire à la routine des jours, exceptée la plus belle et la plus porteuse de rêves.
Je me suis construite dans les pages des livres. À travers bien des mondes, des idées et des philosophies différentes. On ne m'a jamais limitée dans mes lectures et c'est le plus beau cadeau que l'on m'ait fait.
À dix ans j'avais mon propre univers, bien plus vaste que leur monde, à eux, fait d'écrans et de réseaux sociaux. Je bataillais dignement avec Dumas, je voyageais avec Tolkien. Je me plongeais dans des valeurs de chevalerie, de connexion avec la nature, convaincue de la nécessité de la quête d'un soi sage et spirituel.
J'adorais ce que j'étais. Me sentir emplie des émotions que je découvrais me conférait un réel plaisir. Jusqu'à ce que j'aperçoive l'autre monde.
Je l'ai d'abord observé avec une curiosité innocente, cet univers à moitié connu que j'entrevoyais à l'école mais qui se poursuivait bien après, le soir dans les chambres quand les parents croyaient leurs enfants endormis.
Puis, comme je le devinais inaccessible, la curiosité s'est transformée en envie. Tous mes livres ne m'étaient soudain d'aucune aide. Les références, les rêves, les discours étaient différents et moi qui voulait par dessus tout participer à cette vie qui me captivait, je me suis retrouvée observatrice.
Le monde entier s'attendait à ce que je connaisse noms d'inconnus, expressions codées venues de dieu sait où et discussions "MSN". Alors que j'aurais tout donné pour parler bouquins ou courir après un ballon. Mais j'étais déjà assez garçon manqué comme ça, habillée quelque fois des anciennes fringues de mon frère et trop accoutumée à me mesurer à lui, sur tous les terrains.
Désormais, il ne fallait plus bouger. Les filles devaient se comporter en fille, les garçons en garçons. A la maison non plus on ne pouvait plus faire de bruit. Il nous fallait jouer en silence, suivre le mouvement et ne pas avoir d'avis contraire. Si la vie m'a apprise quelque chose, c'est que ce genre de situation ne tient jamais très longtemps. Quelque part, l'on finit toujours par exploser.
Là vient "la crise d'adolescence", si toutefois crise il y a eu. Comme toutes les insurrections, la légitimité de l'initiative n'est qu'une question de point de vue. Je nourrissais ma colère contre tout ce qu'on m'imposait. Les règles aussi innombrables que rarement cohérentes, les ordres, les sautes d'humeur auxquelles il fallait répondre par le sourire, et surtout, oh oui surtout, tous ces pourquoi. Ces questions irrémédiablement suivies d'explications que j'ai vite détesté donner.
Bien sûr, les questions de mes amis. Pourquoi tu ne connais pas ça, et ça. Ah tu n'as ni la télé ni internet, tu as l'électricité au moins ? Pourquoi tu ne demandes pas à l'avoir, tes parents sont pauvres ? Pourquoi tu ne viens pas à mon anniversaire ? Pourquoi tu paniques parce qu'on nous demande un papier, il suffit de demander à tes parents.
Celles des professeurs aussi. Les devoirs donnés sur l'intranet auquel je ne pouvais pas accéder, ma famille qui ne venait pas aux réunions, les voyages scolaires que je ne faisais pas. Et ces journées entières passées en permanence parce que l'on refusait de venir signer le registre pour me laisser sortir, résultat de quelque obscure lubie.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi...
Pourquoi la vie, aurais-je dû leur répondre au lieu de m'épuiser à fournir des explications sur des décisions qui m'étaient extérieures.
Je n'ai jamais manqué de rien. Ce ne sont pas les quelques choses que je n'avais pas qui entretenaient ma solitude mais l'incompréhension que l'on m'opposait de partout. J'en suis venue à me demander s'il n'y avait pas quelque chose qui clochait chez moi pour que je ne trouve pas au moins une personne qui vive la même dissonance. Ceux qui quittent leur culture parlent de mal du pays, j'avais le sentiment de plus en plus angoissant de ne me retrouver nulle part.
Aujourd'hui, c'est dans ma famille que je me retrouve le moins. Le changement est flagrant. J'ai enfin réussi à rattraper mon retard sur ma génération, mais le décalage s'est créé ailleurs. Pas dans la compréhension, ma famille reste ma famille et je sais leur manière de fonctionner, mais dans les aspirations. Mon père m'a longtemps répétée que nous étions heureux, que nous avions de la chance et que nous n'avions pas besoin de ce qu'avaient les autres. Et d'une certaine manière, c'était vrai. Tant que je ne n'avais pas vécu autre chose.
Leur mode de vie est louable, j'en apprécie certains aspects, d'autres me manquent sincèrement, mais il y a toujours eu un vide. "Leur" bonheur ne signifie pas nécessairement "mon" bonheur. La conclusion semble simple, pourtant il m'a fallut un monde pour la trouver et un autre pour l'accepter. Qu'est-ce que ces pensées font de moi ? Une gamine ingrate et arrogante qui se croit meilleure que ceux qui l'ont élevée ? Ou une égoïste, qui prend sans jamais donner ?
Petit oiseau se pose bien des questions, alors qu'on ne lui reproche rien. Peut être a-t-il simplement peur de faire le grand saut.
Un dernier passage dans la cage, quelques graines d'affection picorées en surveillant que les barreaux ne se referment pas.
Finalement, l'oiseau quitte le nid.
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mollymawkwrites · 5 years
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Bones & feathers
Le bateau est parti tôt le matin. Le ciel et la mer sont d’un gris acier qui donne à tout un aspect monochrome. Même en restant sous la protection de la baie de Kaikoura, les vagues sont suffisamment grosses pour faire se soulever la petite vedette comme un simple bateau en papier dans les remous d’une baignoire. La proue fend à peine l’eau et s’écrase sur la surface dans une grossière imitation de montagnes russes. Une dizaine de minutes à peine après le départ et certains ont déjà nourri les poissons du contenu de leurs tripes. J’ai moi-même le cœur dans la gorge, plus par appréhension que par les mouvements chaotiques de notre embarcation.
Essayez de passer un an en Nouvelle-Zélande sans vous prendre d’amour pour ses oiseaux. On les croirait parfois sortis directement d’un Disney : il m’a fallu observer par moi-même le squelette d’un moa (l’inspiration derrière l’oiseau de paradis de Là-Haut) pour croire en son existence. Récemment, les ossements d’un perroquet vieux de 20 millions d’années ayant pu mesurer près d’un mètre de haut ont été identifiés. Des aigles aux ailes d’une envergure d’environ trois mètres pouvaient s’attaquer à des hommes adultes il y a moins de six cents ans. Les 200 espèces endémiques qui vivent encore aujourd’hui en Nouvelle-Zélande ne manquent pas d’originalité non plus, qu’il s’agisse du symbole national, le kiwi, ou de mon petit préféré, le kakapo.
Malgré tous les oiseaux colorés aux parades nuptiales excentriques des forêts vierges, j’ai toujours préféré les oiseaux marins. Sûrement en grande partie à cause des longs étés passés à bord du bateau de mon père à les dessiner par ennui, mais je pense, et j’en suis presque sûre maintenant, que m’être retrouvée avec Jonathan Livingston le Goéland dans les mains à un moment ou à un autre de mon enfance a dû jouer un rôle quelque part. Jonathan Livingston fait partie de ces livres qui, comme Le Petit Prince, ne nous quitte jamais vraiment. Est-ce une coïncidence si ils ont tous deux été écrits par des pilotes ? L’Humanité a toujours rêvé de conquérir le ciel. Certains l’accomplissent par la science, d’autres par les mots. Avec Jonathan Livingston j’avais appris à voler.
Une autre coïncidence a fait que ce soit le premier livre que j’ai lu en arrivant en Nouvelle-Zélande, dans la salle commune parcourue de courants d’air d’une auberge de jeunesse. Quelques jours plus tard, j’apprenais que l’on pouvait observer des albatros en liberté dans certains régions de l’île du Sud. C’est devenu un des buts de mon voyage, et après avoir quitté l’île du Nord, j’ai dépensé presque tout ce qu’il restait de l’argent gagné en travaillant dans les champs de kiwi pour me payer le tour en bateau qui me permettrait de les approcher.
Nous avions donc quitté la terre ferme depuis une dizaine de minutes, et je scrutais les alentours pour ne pas rater le premier albatros. Ma vue est terrible, et même avec mes lentilles j’avais peur de ne voir que des silhouettes lointaines et de devoir m’en contenter comme de ma première (et probablement unique) rencontre avec le géant des airs qui dans mon esprit avait toujours été symbole de liberté.
Mais le groupe s’agite, et je vois des gens pointer du doigt loin vers la traînée d’écume que laisse le bateau derrière nous. Et là, au détour d’une vague, je l’aperçoit, le premier albatros. Le capitaine nous apprend que c’est un albatros Royal, une femelle plutôt âgée, qui a déjà donné naissance à plusieurs petits. D’ailleurs, c’est l’un d’eux que l’on voit apparaître rapidement après. Ils nous suivent à distance, disparaissant de temps à autre derrière les vagues, semblant profiter des remous provoqués par notre embarcation comme d’un chemin tracé dans la neige. Leurs ailes sont tendues dans un arc quasi immobile, la pointe de leurs rémiges primaires effleurant parfois la surface argentée, comme pour jouer avec leur propre reflet. Je dois l’avouer, en les observant, quelques larmes me viennent aux yeux.
Les albatros sont des voiliers, c’est-à-dire qu’ils utilisent les différents courants aériens pour parcourir de grandes distances avec le minimum d’efforts. Ils planent dynamiquement en plongeant dans le creux des vagues, où le vent est presque nul, puis en remontant au-dessus de la crête pour s’exposer au vent arrière. Ces boucles se rapprochent de celles formées par les particules d’eau dans un mouvement de houle. C’est ce qu’on appelle le vol de gradient, une technique qui utilise les vitesses distinctes de deux masses d’air différentes en les traversant de manière répétitive pour gagner en énergie cinétique. Un tendon au niveau de l’épaule bloque l’aile pendant que l’oiseau plane, lui permettant de garder les ailes déployées à leur maximum sans forcer sur les muscles. Dans les mers du Sud, les albatros peuvent ainsi parcourir plusieurs milliers de kilomètres sans battement d’ailes notable, parfois jusqu’à une vitesse de 140 Km/h.
Les oiseaux reconnaissent notre bateau. Ils savent que sa sortie en mer signifie « nourriture gratuite ». Rapidement, les deux albatros sont rejoints par d’autres, des albatros hurleurs, les plus grands et les plus lourds de toutes les espèces, et des albatros de Buller, plus petits ; ainsi que des mouettes, des puffins, des pétrels. La vedette ralentit et s’arrête, la houle se calme. Des dizaines d’oiseaux nous entourent, leurs cris ne sont pas sans rappeler les meilleurs bruitages de Jurassic Park.
Le capitaine coupe le moteur puis lance un filet attaché à la rambarde rempli de graisse et de restes de poisson par dessus bord. Les oiseaux se jettent sur la nourriture, les albatros en premier, faisant régner l’ordre de par leur taille imposante et leurs cris d’avertissements. Les pétrels de Hall, qui sont presque aussi impressionnants avec leurs ailes approchant deux mètres d’envergure, s’aventurent parfois à les défier pour approcher la nourriture, mais n’osent pas attaquer directement. Les plus petits oiseaux se contentent des miettes.
Les voir d’aussi près est impressionnant. Ce qui est un peu moins impressionnant, c’est le décollage et l’atterrissage. On peut penser ce qu’on veut du poème de Baudelaire, il n’était pas loin de la vérité en décrivant la maladresse du « roi de l’azur ». Rien à voir avec l’animal qui inspire écrivains et ingénieurs de son vol gracieux. En même temps avec des ailes de près de 3,5 mètres de long, j’aimerais bien vous y voir.
Les albatros passent plus de 80 % de leur vie en mer, et un jeune qui quitte le nid pour la première fois ne reviendra pas sur la terre ferme pendant 3 à 5 ans. Ils sont si bien habitués aux voyages de longues distances qu’ils dépensent plus d’énergie au décollage et à l’atterrissage que durant le vol lui-même. Pour décoller, ils sont obligés de courir, ou même de frapper la surface de l’eau avec leurs pattes palmées, afin de permettre à suffisamment d’air de se déplacer sous leurs ailes pour créer de la portance. Cependant, ils sont dépendants des vents et des vagues pour se déplacer et, incapables de soutenir un vol battu par temps calme, ils sont obligés de se poser sur l’eau et d’attendre que le vent se relève à nouveau, comme un bateau à voiles.
Leur vulnérabilité dans cette situation peut parfois être fatale, par exemple lorsqu’un prédateur comme le requin tigre en profite pour se faire un petit en-cas, mais ça n’est qu’une cause minime de la mortalité des albatros. Le véritable danger est bien plus vicieux.
18 espèces d’albatros sur 22 sont en voie d’extinction, et on peut en citer les causes habituelles : la surpêche qui les prive de nourriture, la pêche à la palangre qui tue plus de 100 000 albatros adultes par an, l’introduction d’espèces invasives qui s’en prennent aux œufs ou aux poussins dans les aires de nidification… mais l’ennemi public numéro 1, le fléau des océans, le tueur en série qui empoisonne ses victimes et les achève à petit feu, c’est le plastique qui pollue chaque étendue d’eau de notre planète. Les albatros adultes ingurgitent des kilos de déchets en les méprenant pour leur nourriture habituelle, les bouts de plastique souvent recouverts des nutriments dont ils ont besoin. Pire encore, les albatros nourrissent leurs petits en régurgitant cette pêche empoisonnée, tuant involontairement les poussins. Vous avez sûrement déjà vu passer les photographies de Chris Jordan, images d’albatros au ventre ouvert révélant le contenu de leur estomac et la raison de leur agonie : le résultat du consumérisme. Si vous avez l’estomac bien accroché, je ne peux que vous recommander Albatross, son documentaire incroyable qui explore avec dureté et poésie la réalité injuste que l’on impose à ces muses ailées qui ont inspiré la science comme la littérature.
Au moment où j’essaye de stabiliser suffisamment mon appareil pour réussir à prendre quelques photos nettes, je sais déjà que le plastique détruit la faune et la flore marine de façon irréparable. Il faut être un ermite ou un sacré climatosceptique pour ne pas le savoir. Mais c’est le genre de connaissances qu’on garde en toile de fond, parce qu’il y a déjà tellement de valeurs à défendre, de causes pour lesquelles s’engager. Au final, c’est peut-être mieux, puisque ça m’a permis de faire de cette expérience une des plus belles de ma vie. Ça m’a également donné l’implication émotionnelle suffisante pour me sentir indéniablement concernée en faisant les recherches nécessaires pour cet article. On ne peut pas rester insensible à la douleur d’un être après l’avoir vu défier le vent et la mer avec une aise qu’aucun Homme n’a jamais pu imiter.
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curvatio · 6 years
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17. La morale des oiseaux
     Une alouette sur un mur, une maman-poule au pied du mur… J'ai ébroué longtemps mes ailes imaginaires. Longtemps je me suis préparée pour un homme qui ne viendrait jamais. Longtemps j'ai vécu de pain dur.
    On dit que les oiseaux remplissent leurs nids de petits trésors pour y attirer les oiselles. Longtemps j’ai volé des trésors. J’ai prélevé toutes les pages des livres pour me faire une beauté avec. J’ai cousu des chemisiers en soie. J’ai acheté des dentelles noires. J’ai perché à mes doigts des bagues, et des colliers à mes poignets. Des nuages de poudre et de parfums. J’ai rempli mes oreilles d’anciens films muets – pour dépayser l’homme à venir. J’ai feuilleté des atlas, des bestiaires, des herbiers, j’ai feuilleté des cartes du ciel pour qu’il déploie ses ailes sur moi, et pour ne pas mettre le nez dehors. J’ai appris les noms des pierres, des allusions, des infusions. J’ai cessé d’avoir peur des ailes des papillons. Je me suis drapée de poèmes, d’heures anciennes et d’onagres sur les parois des cavernes. Qu’en ont dit les oiseaux volages ? L’homme n’est pas venu. Il a tendu le poing, et je m’y suis posée, puis l’homme m’a quittée. (Il me quitte sans arrêt. Dès que j’éteins la lumière, il m’empaille. Un épouvantail.)
     Tant pis pour l’homme, me suis-je dit, je me ferais belle pour l’enfant. Je suis devenue pélican. Pour l’enfant j’ai strié le dos de la galette, j’ai ouvert grand les yeux, j’ai ôté le papier, j’ai allumé le poêle, je suis devenue le nid – brindille après brindille. Album après album. Mais un matin, devant les grilles de l’école, mon ventre a compris avant moi : je n’aurai pas d’enfant. Je l’ai compris, à vingt-deux ans : je ne suis pas de celles qu’on aime – je ne le suis pas à ce point là. Je suis dans le goudron des mots. Je ne suis pas dans les familles. Alors je me suis repliée sur les herbes du potager. J’ai bulletiné des dictionnaires, avalé parfois de travers. J’ai dansé des mauvais augures.
    J’avais des serres en dessous de la peau. J’étais l’oiseau tombé du nid – celle, inanimée, dans les gares, sans connaissance dans les trams, tombée par terre sur les quais. Je n’avais pas vu que mes lignes étaient des fils téléphoniques. Cervelle d’oiseau, maison de moineau… Trois tire-d’ailes et puis s’en vont : je suis revenue sur mes pas, la tête entre les plumes – j’ai suivi les miettes, l’odeur du pain grillé, les chemins dans le ciel – je me suis abritée chez les miens. Et, peu à peu, j’ai mieux compris. La morale des oiseaux, c’est léger, c’est fidèle : toujours préférer la lumière naturelle. Toujours dormir la fenêtre ouverte, pour laisser rentrer les oiseaux. Toujours poser des vases fleuris, des guirlandes envolées au vent – toujours des granulés d’amour, les maïs et les champs de blés. Peut-être écrire au garçon qui sauvait les oiseaux. Savoir qu’il ne répondra pas. Devenir une oisellerie, devenir diverse et fleurie, et boitiller d’un pied sur l’autre, en attendant, quoi ? la morale ?
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ghostandbot · 4 years
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Père et mari ne font pas bon ménage
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Version 2 (essai corrigé) du 12/11/2020
Lorsque l’on a souffert dans son enfance, les traces sont indélébiles.
Je ne vais bien sûr pas faire une quelconque hiérarchie car rien n’est comparable et ce qui pourrait paraître bénin pour l’un peut être dévastateur pour l’autre.
Des pères absents, sévères, violents, humiliants, il y en a malheureusement un nombre très important. Que va-t-il se passer quand on va devenir père mais aussi mari ?
Je m’intéresserai plus à la deuxième partie.
Une enfance déscolarisée, une vie sociale aux abonnés absents, des humiliations permanentes sur mon physique quelque peu ingrat, surtout venant de la gent féminine, peuvent créer très facilement un rejet de soi-même. Cette situation, si elle perdure, peut être obsessionnelle et limite les chances de trouver son âme sœur, son âme de cœur.
Pourtant rien n’est impossible, mais quel type de mari devient-on ?
Il n’y a pas de réponse inéluctable à cela. On peut reproduire le comportement de son propre père, on peut fuir, incapable de gérer la situation, en se focalisant sur le travail, les copains, les soirées… Ou on peut vouloir compenser et être pour sa famille le père que l’on aurait voulu qu’il soit.
C’est ce troisième cas qui m’interpelle. L’inconscient ayant fait son travail, le conscient aussi au passage, on porte en soi les blessures de l’asocial et du rejeté. On a la chance d’avoir une conjointe, je dis bien « chance » car ce n’était pas gagné, on va tout faire pour la garder.
Il n’est pas rare, dans ce contexte, que la conjointe ait elle aussi ses fragilités avec une histoire qu’elle porte elle aussi comme un karma.
Le père arrive alors en sauveur. S’il n’est rien physiquement, sans confiance en lui donc sans atouts facilement discernables, il va surcompenser et tout faire pour aider sa conjointe à s’élever, à vaincre ses traumas et prendre confiance. C’est un processus long mais tellement valorisant pour celui qui le fait. Il est père, il gère non pas pour dominer son conjoint, mais pour lui donner un cadre de vie au sens large lui permettant son évolution comme devrait le faire un père avec ses enfants.
Commence alors une épuisante ascension de la montagne où on soutient son conjoint pour arriver au sommet, Graal de son accomplissement.
Aimer, c’est désintéressé, c’est donner la priorité à l’autre, c’est être « père » dans son rôle de conseiller, c’est être « frère » pour le côté consolateur, c’est être « amant » pour le côté qui pétille et puis surtout c’est être là quand ça ne va pas.
Dans le cas présent, cette définition s’applique sans problème car le père peut revêtir tous ces rôles. Nombre d’enfants n’ont pas de frères.
Amant ? Là le bât blesse car de façon inconsciente de toute façon, un père n’est pas l’amant de ses enfants.
Le sommet de la montagne est là, il est enfin atteint. Mais comme un enfant, une fois « armé », il quitte le nid pour vivre sa vie.
C’est malheureusement ici la même chose. Le conjoint, fort de son état nouveau peut enfin partir découvrir d’autres horizons.
Et le monde s’écroule, on retombe en bas de la montagne, dans la fosse même, mais seul car « l’oiseau est parti ».
Tout ce qui nous paraissait essentiel à bien sûr permis la construction d’une personne mais vous détruit du jour au lendemain.
Une autre façon « moins élégante » de présenter la situation est celle d’avoir vécu avec un vampire. Une fois le sang, l’énergie, suffisante puisée, il choisit une autre proie. Après tout, Émile-Michel Cioran disait ; « L'art d'aimer ». C'est savoir joindre à un tempérament de vampire la discrétion d'une anémone »
Freud disait : « Sisyphe reconnaît la futilité de sa tâche et la certitude de son sort, il est libre de réaliser l'absurdité de sa situation et de parvenir à un état d'acceptation »
Ce n’est pas mon cas.
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wikprod · 4 years
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Le gouffre s'étend, du nord au sud, jusqu'à la mer. Large de plusieurs dizaines de mètres, quelques centaines par endroits, on n'en voit pas le fond, comme une plaie béante à même la terre, une bouche assoupie, exhalant un souffle chaud.
Des aiguilles de pierre surgissent de l’abîme, reliées par des chaines immenses, comme des serpents de rouille. Les édifices ont une structure creuse, où siffle le vent. Pour traverser la faille il faut voyager sur ces ponts gigantesques, ces maillons de titans, et trouver son chemin dans les Villes Creuses.
Les Villes Creuses
Plus personne ne vit là. Mais l'on doit y avoir vécu. Forcément. On n’aurait pas construit ces structures, ces immenses tours obliques, autrement. A moins…
Car chaque aiguille est une ville. Les vestiges d'habitats de quelque espèce, quelque race, où l’on tombe parfois sur des restes d'habits, quelques os blancs, les contours d'un crâne oblong, aux six orbites vides envahis par le sable.
Un long scolopendre lapis s’échappe des os et court entre tes jambes. Tu frissonnes et quittes la structure.
Dehors, tu débouches sur un large balcon face au vide. Le souffle du vent est chaud, il active les pales d’un petit moulin d’agrément surplombant un jardin miniature. Un arbre fruitier rachitique pousse un peu plus. Ses racines ont creusé la pierre blonde, il porte de petits fruits orange dont le goût te rappelle l’amertume du kuma de ta planète natale. Quelques livres trainent au sol, feuilletés par le vent. On a tissé une corde d’étoffes disparates, qui enjambe le balcon et descend sur une chaine-pont au-dessous. L’endroit semble avoir été quitté à la hâte.
Tu empruntes la corde et descend sur le pont.
De grandes colonies d'oiseaux blancs, qui viennent de la mer, planent entre les villes-aiguilles du gouffre, jouant sur les courants chauds, les ascendants, le foehn qui souffle une fois par an. Tu les vois mieux maintenant que tu es sur la chaîne. Ton codex de poignet les a répertoriés dans ses bases de données. Crétiers siffleurs, t’indique l’écran orangé. Leur long bec, effilé comme une rapière, leur permet de piquer sur leur proie depuis les cieux, avec un puissant et bref sifflement d'où ils tirent leur nom. Le sifflement attire ton attention et tu perçois un crétier fondre sur toi. L’oiseau te frôle et transperce de son bec une vipère violette qui rampait vers toi. L’échassier pose sur toi son regard vert et, sa proie inerte entre son bec, repart d’un claquement d’ailes vers les cieux. L’oiseau est magnifique, d’une blancheur immaculée. Tu le vois s’éloigner, regagner son nid dans la fenêtre d’une des villes. Une plume blanche tournoie et tombe derrière lui.
Tu l’attrapes, la fixes à ton chapeau et déploies les ailes de ton voltigeur rouge.
Tu t’élances sur un courant chaud et passes au-dessus des villes et du gouffre. Quelques instants plus tard, tu rejoins la mer.
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78682homes · 5 years
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« Mon bébé », quand l’oiseau quitte le nid 78682 homes
http://www.78682homes.com/mon-bebe-quand-loiseau-quitte-le-nid
« Mon bébé », quand l’oiseau quitte le nid
Grand prix du festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez, le long métrage de Lisa Azuelos relate à nouveau une histoire personnelle en laquelle bien des mères se reconnaîtront.
homms2013
#Informationsanté
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enrutvers2017-blog · 7 years
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Portrait : Le Pen, la vie sous-Marine
 Née le 5 août 1968 à Neuilly-sur-Seine, Marine Le Pen grandit dans le manoir de Montretout, qui cache plus de choses que son nom l’indique, surtout que l’indic’ n’est jamais connu. Logiquement fille du père, Le Pen arrive malgré tout à se faire un non, contre l’Europe, l’immigration et le système, pour se refaire un nom, pourtant sali par les scandales paternels. Elle épouse alors Louis Aliot, qui ne devient pas Aliot-mari pour autant, et comme autant emporte le vent, on oublie vite le silence gênant qui a succédé à cette chute…
 Une chute que ne connaît pas Marine, elle qui a toujours préféré le parachute. Entrée au cabinet de Maître Wagner, la v’la qui rit chez cet intime du père mais sa carrière d’avocate, trop pressée, finit en guacamole. Soutenue par le noyau familial, c’est alors au nom du père, mais pas du sain d’esprit, qu’elle rentre au parti pris du FN : la priorité nationale, ou priorité à droite si vous êtes en train de conduire.
 Petit à petit, pendant que l’oiseau fait son nid, Marine fait son trou pour mieux y pousser son père en 2015, alors qu’ils sont en désaccord sur l’un des grands enjeux économiques du monde contemporain : la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi débarrassé de son fondateur, l’affront national veut redevenir Front National, et sa nouvelle présidente se veut extrêmement droite sur les sujets polémiques. L’ancienne génération apprend de fait, mais pas de fête, ce qu’est la vie sous-Marine : un monde du silence sur les sujets sensibles, où il faut s’exprimer sans faire de vague. Quitte à buller tranquillement aux frais du contribuable européen. Tandis que d’autres, comme Marion Maréchal - la voilà - veulent sortir la tête de l’eau et remettent en question la ligne d’un parti qui tient pourtant la forme…
 Car Marine surfe sur une vague populiste bleue marine, bien qu’orange aux Etats-Unis, et ne Trump plus personne : elle sera au second tour. Un bien mauvais tour pour beaucoup et un tour de reins pour Strauss-Kahn, récent favori à se faire sortir pour des casseroles. Marine préfère noyer le poisson dans la soupe, afin que ses électeurs se demandent si c’est du lard ou du cochon. Certainement les deux pour un parti qui prône le GUD du terroir et le goût du tiroir lorsqu’il s’agit de ranger les casseroles au placard.
 Alors Marine joue sur ses thèmes de prédilection, et prédit l’élection serrée, dans l’espoir de la gagner. Partisane d’un retour au franc du collier, son bijou reste le frexit, sorte de sortie de secours sans issue, sauf pour les étrangers. Car du traité de Rome à la traite des roms, Marine veut faire le ménage, sauf à Béziers où l’on fait déjà le Ménard. Plutôt à l’économie sur les sujets économiques, loin d’être sa préférence nationale, elle appelle à la secousse son communiquant Philippot, car il slamme sur les sujets sensibles. Mais alors Florian, sous-Marine, est-ce que la France coule ?
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