Tumgik
#zoefernandez
juanganavy · 2 years
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Noël 1560. Les membres de l’expédition descendent difficilement les montagnes andines. Tous, mercenaires, soldats espagnols, prisonniers indiens, esclaves d’Afrique, vont à travers la végétation embrumée, rejoindre les rives du fleuve. Des lamas sont harnachés et transportent des vivres, des munitions et des outils. Les cages pleines de poules ficelées à leur dos, s’échappent parfois, et viennent rouler contre les falaises pour s’y fracasser sourdement. Deux hommes portent une cabine en bois rouge et aux rideaux de velours bleu, qui se balance parmi le cortège. Gonzalo Pizarro, jeune frère du conquistador Francisco Pizarro, ouvre la marche. A ses côtés, Don Pedro de Ursúa, qui prendra bientôt la suite du commandant à la conquête d’Eldorado, cité d’or rêvée, prétendument située au bord de l’Amazone, ou de l’un de ses affluents. Il voyage avec sa maîtresse, à qui appartient la cabine, Inéz de Atienza. Il y a aussi un noble, en armure, Fernando de Guzmán et un prêtre, Gaspar de Carvajal, chargé de convertir les populations amérindiennes, et par qui nous est rapporté le récit de cette épopée, au travers d’un journal. En arrière, on distingue une jeune fille aux cheveux longs, dont on oriente le pas, en contrebas, sur le sentier escarpé. Celui qui tient sa main, c’est son père, un soldat conquérant au passé trouble et violent, oublié au milieu des batailles péruviennes, et qu’on surnommait « Le Fou » (« El Loco ») Lope de Aguirre. Parmi les nuages qui nichent dans les hauteurs, des voix s’élèvent dans le lointain comme émanant de la montagne. Comme la brume, elles semblent y planer, hors du temps, surplombant cette avancée, ralentissant sa course, par le poids d’un héroïsme mystique et retiré.
Werner Herzog était à Rome quand il se souvint de Florian Fricke. Son dernier film, Aguirre, la colère de Dieu, était en post-synchronisation, et n’avait pas encore de bande originale. On cherchait du côté d’Ennio Morricone, sans y trouver son compte. Cela ne collait pas. Fricke était un musicien cinéphile, un temps critique cinéma pour le Spiegel. En 1970, il avait fondé Popol Vuh, un groupe de musique progressive, avec Holger Trülzsch et Frank Fiedler, alors qu’Herzog commençait sa carrière dans la mouvance du Nouveau Cinéma allemand. Les deux hommes s’étaient rencontrés en 1967. Herzog, tournant alors son premier long-métrage Signes de vie, fit apparaître Fricke dans le rôle d’un pianiste solitaire, égaré, au hasard d’une rue, entre mirage et réalité. Cinq ans plus tard à Rome, on passa un coup de fil vers l’étranger, depuis le téléphone d’une chambre d’hôtel.
Fricke composa à partir d’un instrument à clavier nommé « choir-organ », une sorte de Mellotron polyphonique mis au point par son ami, l’ingénieur du son munichois Herbert Prasch. Au cours du mois de juillet 1972, Fricke avait débarqué dans le studio de Prasch pour y installer le synthétiseur Moog III qu’il acceptait de prêter à Amon Düül II, célèbre groupe de Krautrock, le temps de l’enregistrement de leur cinquième album Wolf City. Le choir-organ, tout juste créé, était mis à contribution, sous les doigts du claviériste invité Jimmy Jackson, pour quelques morceaux (Surrounded by Stars, Green-Bubble-Raincoated-Man, Jail-House Frog, Deutsch Nepal). C’est probablement à cette occasion que Florian Fricke en fit pour la première fois l’expérience.
Puisqu’il ne semble pas, à l’heure actuelle, subsister de trace photographique, imagée, de ce qu’avait pu être en son temps le choir-organ, et afin de mieux nous représenter l’instrument auquel Fricke fut confronté, voici ce qu’on en raconta :
Les touches du choir-organ se trouvaient reliées à de fines bandes magnétiques, environ trois douzaines, tournant en boucle parallèlement les unes aux autres, et renfermant des enregistrements de voix d’hommes et de femmes, captées sur de longues notes tenues correspondant aux différentes hauteurs du clavier. Celui-ci était en outre marqué d’un code couleur qui prévenait des touches qui ne fonctionnaient pas. A la manière d’un orgue, cette large installation permettait ainsi l’émission de voix humaines, par le biais d’une manipulation technologique, comme un chœur à portée de doigts. La rotation continue des bandes, donnait quant à elle l’impression d’un chant infini, éternel, allant toujours loin devant, se propageant, s’entretenant comme une flamme sous le souffle ininterrompu. La lumière d’une bougie, dont le halo s’étend, crépite, brille, réchauffe le cœur. Dehors, le vent se lève et rêve d’horizons gigantesques.
Entre naturel et artificialité, là se trouve la musique d’Aguirre  : un chant de la terre des hommes, suspendu, nébuleux, universel, qui s’adresse au cœur et berce l’âme, apaise les maux et ouvre l’esprit, inlassablement, invariablement, toujours, continuellement.
Zoé Fernandez
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Les gens qui sifflent
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Quand les silhouettes mornes le matin se traînent et se croisent, quand les mines éteintes tombent, scrutent le trottoir, quand les échines sont courbes et trébuchent, oubliant la veille, regrettant le soir, quand on presse le pas, avançant droit, n’écoutant que soi, les oreilles fermées, toujours plus bouclées, repliées. Qu’on accepte de les délier, et on entendra tout bas, sortant des bouches ici et là, un extrait de musique soufflée, comme l’échantillon fugace d’un parfum déjà passé, que l’on tente de déchiffrer. Pour peu qu’on le connaisse, on s’y trouve immanquablement projeté, ou largué ailleurs, dans un autre temps, un autre souvenir ressurgi du passé, où les rues ne sont pas grises et les corps anesthésiés. Autrement, on se demandera ce que cela pouvait bien être que cette chanson, ces trois notes lancées au hasard, la tête haute, les lèvres pincées, jetées comme ça, par un inconnu. D’où provenait cette esquisse ? Un morceau aimé ? Un disque entendu la veille ? L'écume restée d’un tumultueux concert ? Ou le jingle entêtant d’une de ces pubs pour les assurances ou le café ? Mais au fond, peu importe ce que ces trois notes sont pourvu qu’elles suggèrent. A l’imagination un drame inextricable ou une scène légère, à l’oreille une symphonie torturée ou une marche militaire. Tout existe, cependant que l’air reste ancré et l’encre en l’air.
Zoé Fernandez
photo : Alexey Bednij © Copyright 
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Miles en sourdine
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Sur les pas de Miles Davis, Ibrahim Maalouf quitte son film en trois dimensions (Diasporas, Diachronism, Diagnostic) et signe avec « Wind » une bande originale pour La proie du Vent (1927) de René Clair. Avec cet album néanmoins très intérieur, le trompettiste franco-libanais joue à fond le jeu de l’hommage en empruntant à Miles Davis les ambiances feutrées de Ascenseur pour l’échafaud, son jeu laconique, la place toute particulière laissée au silence. La trompette à quarts de tons d’Ibrahim Maalouf nous emporte au fil des titres comme à travers autant d’états intérieurs, de moments de vie, de ballades nocturnes qui émergent et disparaissent comme des évocations, des souvenirs. On peut, il est vrai, reprocher à Maalouf sa manière parfois maladroite et un peu « gadget » d’intégrer à l’univers du jazz des éléments de la musique orientale. Dans le morceau « Suspicions » notamment, toutes les couleurs musicales si chères au compositeur-interprète se trouvent condensées dans un motif constamment scandé qui, à force de répétitions, perd de son caractère spontané et en devient presque plombant. Malgré tout, ces quelques remarques n'effacent en rien la cohérence esthétique de l’album. Le contrebassiste Larry Grenadier, le batteur Clarence Penn, et le pianiste et arrangeur Franck Woeste, participent brillamment de ce voyage intérieur en même temps qu’ils préparent l’arrivée en fanfare de Mark Turner et de son saxophone qui mieux que personne sait traduire l’ « Excitment » qui s’empare de chacun à l’écoute de la piste n°6.
Zoé Fernandez
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Sur-sous estimés
Les surestimés
Stromae à votre portée
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Vous rêvez d’être le nouveau “Jacques Brel” ? C’est désormais possible grâce à notre sensationnel « kit » de composition spécial Stromae. Vous y trouverez l’emblématique calepin et son non moins célèbre stylo quatre couleurs qui aideront à la retranscription de vos jeux de mots préférés. Vous en tenez déjà un ? Inutile de creuser davantage. A vrai dire, cela suffira amplement. C’est presque fini ! Scandez à présent ce calembour en vous accompagnant du mini-synthétiseur CASIO mis à votre disposition. Félicitations, voilà votre refrain ! Concernant le nombre de répétitions, c’est à votre guise. Petit conseil, tout de même : “une fois” c’est belge, passé trente-six fois, ça commence à devenir bègue.
L’Empire Chédid
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Matthieu Chédid est-il le Napoléon Bonaparte des temps modernes ? En d’autres termes, comment appelez-vous un homme dans la fleur de l’âge, adepte des vestes à épaulettes et des cheveux hirsutes, qui fut un jour soldat (rose, je vous l’accorde) et s’empressa, une fois le succès assuré, de placer les membres de sa famille à la tête de ses nombreux territoires conquis ? A la sœur Anna, on accorda bien volontiers le royaume des deuxièmes voix attendues et des youhous suspendus, au frère Joseph, celui du touche-à-tout, n’excellant dans rien. Quant au père Louis, revint de droit le trône flottant du patriarche de façade, fantôme originel de cette fabuleuse dynastie.
Les sous-estimés
Demis Roussos, le prince malheureux
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Il était une fois en 1967, la ville d’Athènes, subitement refroidie par la dictature des colonels. Un jeune homme sans le sou apprend le métier de maître d’hôtel pour aider sa famille, endettée par la crise du canal de Suez. Le soir venu, il s’en va chanter, jouer de la trompette, de la guitare, de la basse, dans les clubs de la ville. Il ne tarde pas à rencontrer un certain “Vangélis” Papathanassíou, alors musicien dans un quintette de jazz, avec qui il fonde le mythique groupe de rock progressif : Aphrodite’s Child. Non, Demis Roussos n’a pas toujours été cette grosse créature kitsch et poilue des années 80 françaises. Derrière la bête, dévoilons le prince prisonnier du mauvais sort et écoutons ensemble “Rain and Tears”, le tube extrait de l’album “End of the World”, sorti en 68.
Le charme discret de Donovan
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Que les choses soient claires. Bob Dylan n’a jamais écrit “Catch the wind”. “Hurdy-Gurdy Man” n’est pas une chanson de Led Zeppelin. Les Beatles n’ont pas été n°1 aux États-Unis grâce à “Sunshine Superman”. Les Kinks ne sont pas non plus à l’origine du succès de “Mellow Yellow”, et pour cause. La paternité de tous ces titres revient à un seul et même écossais du nom de Donovan, idole de toute une génération, oublié au profit des nombreux artistes qu’il influença. On sait qu’au printemps 1968, il accompagna en Inde John Lennon et George Harrison, auxquels il offrit une leçon de picking, en même temps qu’il les initia à la méditation transcendantale. Quand on sait tout ce que ce voyage spirituel initia comme innovations décisives pour le groupe, on est en droit de se poser quelques questions, non ?
Zoé Fernandez
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Nos démons de minuit
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Djerba, plage du club-med, août 2001. Une boule disco tournoie follement sous les néons, les enceintes tournent à plein régime et Jean-Marc le prof de golf lance sa première chenille. Affalé sur un vieux transat, tout transpirant, vous viviez alors votre première cuite au punch. Quimper, 22h30, un banal samedi de novembre. Le « music bar » bat son plein avec près d’une dizaine de visiteurs poussés à l’abri par une pluie battante. Au fond de la salle, une scène karaoké improvisée se tient à disposition de qui voudra bien interpréter sa chanson préférée entre une plante en pot et un poster géant de Bonnie Tyler. Paris, 15ème arrondissement, le soir du 31 décembre. Invité par un collègue de bureau, vous réalisez progressivement être pris au piège dans une de ces soirées sur le thème des années 80. Une créature gloussante tout en boa rose, lunettes et paillettes trébuche et vous renverse sa piña colada entre les deux omoplates.
1 - Images – Démons de minuit  (1986)
https://www.youtube.com/watch?v=p_ZxDNZjzVk
Il aura suffi d’une écoute, quelques secondes de musique seulement, pour que tous ces souvenirs resurgissent ensemble des abysses de votre mémoire. Et pour cause, « Les démons de minuit », titre phare du groupe Images, a bel et bien joué un rôle prépondérant dans chacune de ces mésaventures. Et dans bien d’autres d’ailleurs, car depuis 1986, le tube n’a pas raté une occasion de nous faire passer à tous un très mauvais moment. Pour ses 30 ans, nous avons choisi de lui consacrer une playlist démoniaque. Nous lui devions bien ça.
   2 - Ramsdy Jay and Gang – Devil’s Rap  (1986)
https://www.youtube.com/watch?v=WhSf0I0lXCM
  Nous sommes en 1986 lorsque Ramzi Malouki, l’animateur vedette de la radio nancéenne Rockin’ Chair, balance, pour la première fois sur les ondes, « Les démons de minuit ». Le jeune homme, visionnaire s’il en est, perçoit instantanément le fort potentiel artistique du tube et ne tarde pas à en enregistrer une version rap sous le spirituel pseudonyme de « Ramsdy Jay ». A l’instar du « Holiday Rap » de MC Miker G & DJ Sven, sorti la même année, « Devil’s Rap » fait partie de ces morceaux de passage tombés dans l’oubli, et ce malgré des efforts indéniables de la part du chanteur et de son « gang », pour ce qui est de la prononciation de l’anglais, de la qualité des échanges (au hasard : « wow ! », « crazy ! », « let’s go ! ») et de l’enthousiasme collectif, entre autres. 
  3 - The Rocky Horror Picture Show – Creature of the night  (1973) 
https://www.youtube.com/watch?v=JKMpRikJeLI
Qui ne s’est jamais demandé à quoi ressemblerait une pièce de Feydeau, si son auteur, ou son public, ou bien les deux, avaient préalablement consommé du LSD en quantité suffisante ? Incompris et moqué à sa sortie, the Rocky Horror Picture Show, chef d’œuvre du Midnight movie, eut toutefois le mérite de satisfaire ce questionnement général. Par une nuit de pleine lune, la pauvre Janet surprend son fiancé à moitié nu dans le lit du sulfureux Dr Frank’n Furter, qui l’avait elle-même ausculté quelques heures plus tôt. « Ciel, mon mari ! ... » aurait pu s’exclamer la jeune femme, si la scène ne l’avait pas alors laissée bouche bée, « ... a succombé au charme d’un transsexuel mégalo ! ». Au lieu de ça, c’est dans les bras d’une créature de Frankenstein bodybuildée que Janet s’en va trouver refuge, le temps d’une chanson. 
  4 - Michael Jackson – Thriller  (1983)
https://www.youtube.com/watch?v=ZEHsIcsjtdI & https://www.youtube.com/watch?v=sOnqjkJTMaA
Une porte qui grince, le vent qui siffle, des bruits de pas sur la chaussée et déjà, projetés 35 ans en arrière, vous retrouvez en rêve la figure encore humaine de Michael, toute enfoncée dans une veste en cuir rouge rayée de noir, et qui bientôt recouverte d’un maquillage verdâtre, se mettra à dodeliner frénétiquement au rythme des zombies environnants. « Thriller », on la connaît sous toutes ses coutures (sans jeu de mot, Michael) : version courte, version longue, revisitée façon beatbox par un performer fatigué de « Billie Jean », ou encore nonchalamment interprétée par un barbu à ukulélé en mal d’inspiration. Une chose est sûre, c’est qu’avec ses 100 millions d’exemplaires vendus, le roi de la pop a encore eu le nez fin (désolée, Michael). 
  5 - Jean Ferrat – Nuit et brouillard  (1963) 
https://www.youtube.com/watch?v=3k8VsijdTwo
Ici, pas de maquillage, pas de costume, pas de machine fumigène planquée dans le décor. Pas de faux zombies non plus, que de vieux démons. Dans le lointain, le son d’un tambour ouvre la marche. Nous sommes en 1963, moins de vingt ans après la fin de la guerre, et Jean Ferrat rend hommage aux victimes des camps de concentration en même temps qu’à son père, mort à Auschwitz. On se sera souvent moqué du chanteur et de ses convictions faciles, de son engagement presque enfantin, sa façon d’élever le ton toujours comme on brandit un flambeau, prononçant chaque lettre, tordant chaque mot comme pour en délivrer l’essence humaniste. C’est peut-être justement ce qui fait de « Nuit et brouillard » un témoignage universel encore vibrant.    
6 - Midnight Oil – Minutes to Midnight  (1984)
https://www.youtube.com/watch?v=I-0icQQZ-6g
Un accent australien à couper au couteau, un leader qui chante (et rote) faux, des voix parasites tout à la fois reverbées et empêtrées dans un délicieux effet d’écho ? Pas de doute, c’est bien le groupe Midnight Oil, anciennement Farm, qui nous revient du fin fond des années 80. Nul besoin de décortiquer les paroles de leur « Minutes to Midnight », à la recherche de quelque élan poétique, image particulière, ou je ne sais quelle originalité littéraire, qui aurait pu sauver in extremis ces joyeux gaillards de la catastrophe musicale. Toutefois si par hasard, à la nuit tombée, un enfant vous réclame une histoire de fantôme, par pitié, ne parlez plus de vampires, zombies, et autres créatures maléfiques ! Contez-leur plutôt l’histoire de ce groupe de musique australien dont l’abominable chanson fait encore trembler les plus grands.  
7 - Artie Shaw – Nightmare  (1938)
https://www.youtube.com/watch?v=-W59FzOwYIs
Quelque part entre la « Lonely House » de Kurt Weill et le thème de « Casino Royale », Artie Shaw allonge le pas. Sous ses pieds, un roulement chromatique infernal ralentit sa course. Coincée dans ce mauvais rêve, sa clarinette s’élance dans des arpèges lyriques aux sonorités ashkénazes de la musique Klezmer, si chère au cœur d’Artie Shaw, qui sonnent comme des appels au secours, sous les cris perçants et lancinants dont l’accablent quatre trompettes. Avec « Nightmare », le clarinettiste aventure son big band vers des territoires inexplorés, où se dessine une intériorité oppressante, loin du swing tambourinant de Benny Goodman et des contemplations langoureuses de Tommy Dorsey, dont les orchestres respectifs connaissaient à l’époque un succès éclatant.   
8 - Arnold Schoenberg – Erwartung  (1909) 
https://www.youtube.com/watch?v=sJSvA8oP7rw
Au soir du 6 juin 1924, c’est sous la baguette familière d’Alexander von Zemlinsky que Prague découvre « Erwartung », le monodrame atonal d’Arnold Schoenberg, composé quinze ans plus tôt. Sur scène, un décor de forêt. C’est la nuit. Une femme attend son fiancé qui n’arrive pas. Bientôt, des images d’horreur, souvenirs obscurcis de la nuit passée lui reviennent en mémoire, annonçant un malheur refoulé. De par le sujet qu’elle aborde et sa grande complexité polyphonique, l’œuvre pousse à la réflexion, qu’on y voie un questionnement sur l’Inconscient, tout juste révélé par Freud, ou sur la musique elle-même face aux limites de son expression. C’est du moins ce qu’aurait pu en retenir ce critique viennois, qui le lendemain préféra écrire à quel point le plaisir que peut procurer une œuvre de Schoenberg est toujours inversement proportionnel à la distance à laquelle on se trouve de la salle.  
9 - The Young Werewolves – Midnight Monster Hop  (2011)
https://www.youtube.com/watch?v=_7xPpvjE5fQ
Si Buddy Holly et Joey Ramone avaient eu des enfants, ils en auraient eu trois. Trois comme les sympathiques membres de « the Young Werewolves », groupe fondé en 2002 par son chanteur et guitariste Nick Falcon grâce aux réseaux sociaux (merci Myspace !). Le trio, autorevendiqué du Psycho-Pop-Rock-n-Roll-a-Billy, dont on me glisse dans l’oreillette qu’ils sont à peu près les seuls représentants sur Terre, est grand amateur de fantastique, et de créatures en tout genre, auxquelles il voue un véritable culte, à en croire les titres de chansons plus farfelus les uns que les autres, parmi lesquels « Tattooed Aliens », « Curse of the Cocaine Mummies », « Wolfabilly Blues » ou encore « Zombie Car Chase ». Cette fois-ci, ils s’emparent du vieux « Midnight Monster Hop » de Jack & Jim, et en délivrent une version adorablement monstrueuse.   
10 - The Oh Hellos – Danse Macabre  (2015)
https://www.youtube.com/watch?v=fc7XsaUbHGI
A quoi faut-il s’attendre musicalement lorsqu’un groupe originaire de San Marco, Texas, décide d’enregistrer une version « indie folk » d’un classique de la musique romantique française ? Vous l’aurez compris : pas à grand chose. En 1872, Camille Saint-Saëns imaginait sa Danse Macabre à partir d’un texte de Henri Cazalis, d’abord sous la forme d’une mélodie, puis d’un poème symphonique. Près d’un siècle et demi s’était donc écoulé sans qu’on ait imaginé de troisième volet à ce triptyque mortel, et donné de bonne raison au compositeur de se retourner dans sa tombe du cimetière Montparnasse. C’était sans compter sur la bonne volonté de « the Oh Hellos » dont l’altiste, s’étant apparemment endormi sur son malheureux instrument au moment de l’accorder, continue, encore assoupi, de balancer son archet sur les cordes abîmées.  
Zoé Fernandez
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