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denimatio · 1 year
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Le temps qui venge toutes choses, passe, et rien ne reste. Il engloutit le saint et le pêcheur, le roi et le paysan, la beauté et la laideur. Il ne laisse rien. Toutes choses se précipitent vers ce but unique, la destruction. Notre savoir, nos arts, nos sciences, tout s'y précipite. Personne ne peut endiguer la marée, personne ne peut l'arrêter, ne fût-ce qu'une minute. Nous pouvons essayer de l'oublier, de même que dans une ville où sévit la peste, les gens cherchent l'oubli dans la boisson, la danse, ou d'autres vaines tentatives, et dans l'hébétude qu'ils y trouvent. De même nous essayons d'oublier, nous essayons de créer l'oubli par toutes sortes de plaisir des sens. Et cela c'est Mâyâ. (...) D'un côté il y a par conséquent cette déclaration audacieuse que tout ceci n'est que sottises, que tout est Mâyâ, mais par ailleurs il y a cette autre déclaration pleine d'espérance, qu'au-delà de Mâyâ existe une issue. Les gens pratiques nous disent par contre : « Ne vous cassez pas la tête avec toutes ces niaiseries de religion et de métaphysique. Vivez ici-même ; c'est un bien mauvais monde en réalité, mais tirez-en ce que vous pourrez ». Ce qui, mis en termes clairs, signifie : « Vivez, dans l'hypocrisie et le mensonge, une vie de fraude continuelle, dans laquelle vous dissimulerez vos plaies aussi bien que vous le pourrez. Continuez à raccommoder et à rapiécer, jusqu'à ce que tout soit perdu et que vous ne soyez plus qu'un assemblage de pièces et de morceaux ». C'est ce qu'on appelle la vie pratique. Ceux qui se contentent de ce rapiéçage ne viendront jamais à la religion. La religion commence par un mécontentement intense de l'état actuel des choses et de notre vie, par une haine, une haine violente de ce rapetassage de la vie, avec un dégoût sans bornes pour ce qui est fraude et mensonge. Celui-là seul peut être religieux qui ose parler comme le puissant Bouddha l'a fait une fois sous l'arbre de la sagesse, alors que cette notion du pratique se présentait à lui, qu'il voyait qu'elle n'était que sottise, et que pourtant il ne trouvait pas de solution. Lorsque la tentation lui vint de renoncer à sa recherche de la vérité de retourner dans le monde et de reprendre la vieille vie de tromperies, où l'on donne aux choses des noms qui ne sont pas les leurs, où l'on ment à soi-même et à tous les autres, lui, le géant, triompha de cette tentation et dit : « Mieux vaut la mort qu'une vie ignorante et végétative ; mieux vaut mourir sur le champ de bataille que vivre une vie de défaite ». C'est là la base de la religion. Lorsqu'un homme adopte cette attitude, il est sur la voie où il trouvera la vérité, il est sur la voie qui mène à Dieu. Cette détermination doit être la première impulsion qui nous pousse à devenir religieux. « Je vais me frayer un chemin. Je connaîtrai la vérité ou j'y laisserai ma vie. Car de ce côté-ci, il n'y a rien, tout s'en va et tout disparaît tous les jours ». L'homme qui est aujourd'hui beau, jeune, plein d'espérance, demain sera vieux. Les espoirs, les joies, les plaisirs périront comme des fleurs sous la gelée de demain. C'est un des aspects ; de l'autre côté, il y a le charme puissant de la conquête, des victoires remportées sur tous les maux de la vie, des victoires sur la vie elle-même, de la conquête de l'univers. De ce côté-là, les hommes peuvent tenir bon. Par conséquent ceux qui osent lutter pour la victoire, pour la vérité, pour la religion, sont sur la bonne voie, et c'est ce que prêchent les Védas. « Ne soyez pas dans le désespoir ; le chemin est très difficile, comme si l'on devait marcher sur le tranchant d'un rasoir. Malgré cela, ne désespérez pas, levez-vous, éveillez-vous, et trouvez l'idéal, le but ». — Swâmi Vivekânanda (Jnâna-Yoga, posth., 1936)
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denimatio · 2 years
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En définitive, et du point de vue même de la conscience philosophique indienne, le samsâra se présente comme une illusion naturelle mais, à sa manière, salutaire et nécessaire. Sa conception correspond à l'une des deux manières fondamentales de comprendre l'expérience de la non-mort. On pourrait dire, avec Platon, que la transmigration est une histoire (mythos) que l'âme invente pour elle-même et se conte à elle-même lorsque, sortant de l'extase et replongée dans le cours ordinaire du monde, elle cherche à préserver sa propre cohérence intérieure. La transmigration n'est pas autre chose que le sentiment d'éternité à la fois conservé et perverti parce que projeté dans une forme d'expérience temporelle qui lui fait violence. La transmigration n'en joue pas moins le rôle d'un mythe salvateur parce qu'elle maintient ouverte en permanence la dimension de l'avenir et donne à l'âme tout le temps qu'il lui faut pour comprendre que l'extase est son état naturel et ne se réduit pas à quelque brève et aléatoire remontée vers l'intemporel. Parvenue à cet état, elle n'a plus que faire de cette "construction auxiliaire" (au sens de la géométrie) que représente pour elle le samsara. Les bienfaits "existentiels" de la croyance en la transmigration sont multiples : sentiment d'une certaine indestructibilité de soi-même, confiance massive en l'avenir, perception d'une justice rétributive comme réellement à l'œuvre dans le monde, sens d'une communauté de destin avec l'ensemble des vivants, humains ou non. Face à cela, l'eschatologie chrétienne qui se réfère à l'autre face de l'expérience de la non-mort - celle de la dépendance absolue de l'homme vis-à-vis de la grâce divine - peut apparaître comme le monde de la conscience malheureuse et de la cécité métaphysique. Ne fait-elle pas de la mort une coupure irrémédiable au-delà de laquelle l'homme continue à vivre dans le temps, mais comme un "automate spirituel" privé de liberté ? Ne nous impose-t-elle pas de lire le monde social et historique comme celui où règnent une injustice et un désordre destinés à subsister jusqu'au Jugement dernier ? Cette eschatologie de la rupture et du déchirement ne nous désolidarise-t-elle pas de la foule immense des vivants infra-humains ? N'est-elle pas vouée d'avance aux tentations de l'orgueil et du dénigrement de soi-même, de l'intolérance fanatique, du blasphème et du désespoir ? ~ Michel Hulin (La face cachée du temps, 1985)
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denimatio · 2 years
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En revanche, lorsque l'harmonie se rétablit et qu'elle retourne à sa propre nature, on doit dire que c'est le plaisir qui survient, s'il faut s'exprimer en peu de mots et le plus rapidement possible à propos des choses les plus importantes. Platon (Philèbe, trad. SD, Vrin, 2022)
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denimatio · 2 years
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Au plan phénoménal, en tant que jivas, êtres individuels conscients, nous sommes des personnalités multiples. Nous devenons le rôle que nous jouons et les fonctions que nous assumons ; nous devenons les types de personnes que nous avons nous-mêmes conçus d'être ; nous devenons toutes les identifications que nous formons au sujet des divers aspects de nous-mêmes. Tout en reconnaissant les forces et les conditions qui agissent sur nous, tant sociales que physiques et psychologiques, nous restons leurs victimes : nous leur attribuons un caractère définitif parce que nous ne savons pas ce qui peut éventuellement les remplacer. Tel est, selon l'Advaita, le processus qui nous amène à croire qu'il existe une réalité indépendante du soi individuel, et par conséquent à nier la réalité du Soi. La cause fondamentale de cette erreur est l'avidya, l'ignorance. Nous sommes ignorants tant que nous faisons de notre enveloppe physique, biophysique, mentale ou émotionnelle quelque chose de substantiel, de réel et de définitivement valable, sans réaliser que tout être, toute réalité et toute valeur est fondé et naît de notre véritable Soi. Nous sommes ignorants tant que nous prenons une expression de la conscience (veille, rêve ou sommeil profond) pour celle du plus haut niveau possible de développement de la conscience - sans réaliser que notre conscience, étant identique à l'absolu, ne connaît pas de limites phénoménales. Le Soi est Un, il est non différent du Brahman. Telle est l'affirmation centrale, méta-religieuse ou méta-psychologique de l'Advaita Vedanta. Elle signifie que l'homme est par essence de nature spirituelle et que, dans la dimension la plus profonde de son être, il n'est plus l'individu qu'il croit être d'ordinaire, mais précisément la Réalité elle-même. L'affirmation se fonde non pas sur une spéculation intellectuelle parmi d'autres, mais sur une expérience appuyée sur l'analyse phénoménologique de ce que nous prenons par erreur pour nous-mêmes. Pour l'Advaita, s'affirmer soi-même comme Réalité est un acte d'homme libre. La connaissance de la non-différence conduit à la liberté, à la réalisation de toutes les virtualités que possède l'être humain. ~ Eliot Deutsch (Qu'est-ce que l'Advaita Vedanta ?, 1969)
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denimatio · 2 years
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Or, en nous, il existe une volonté spirituelle secrète, une foi d’âme, une force cachée maîtresse de notre nature, qui est l’instrument individuel de ce Pouvoir et en communication plus étroite avec le Suprême, un guide et un illuminateur plus sûr que l’intellect, une volonté plus essentielle car elle est plus profonde que les activités superficielles de nos pouvoirs de pensée et plus intimement proche de l’identique et absolu. Connaître cette volonté en nous-mêmes et dans l’univers, et la suivre jusqu’à ses fins divines, quelles qu’elles puissent être, est sûrement et nécessairement le moyen le plus élevé et l’aboutissement le plus vrai de la connaissance comme des œuvres, pour le chercheur dans la vie comme pour le chercheur dans le yoga. — Aurobindo Ghose (La Synthèse des Yogas)
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denimatio · 2 years
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Tout ce que je voulais vous faire comprendre, c'est que le sacrifice de soi-même est une passion si dévorante qu'en comparaison, même la luxure et la faim ne sont que vétilles. Celui qui en est possédé est entraîné comme dans un tourbillon jusqu'à se détruire lui-même dans la plus haute affirmation de sa personnalité. Peu importe l'objet du sacrifice, qu'il en vaille la peine ou non. Aucun vin n'est plus grisant, aucun amour plus dévastateur, aucun vice plus impérieux. Quand un homme se sacrifie lui-même, il dépasse en grandeur la Divinité, car comment Dieu, infini et tout-puissant, pourrait-il faire le sacrifice de Lui-même ? Tout au plus peut-il sacrifier son Fils Unique. — William Somerset Maugham (Le Fil du rasoir, 1944)
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denimatio · 2 years
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Un ancien sage des Upanishads envoya son fils s'instruire sur Brahman. Lorsque l'enfant revint, son père lui demanda : « Qu'as-tu appris ? » Et l'enfant énuméra diverses sciences. « Ce n'est rien, répondit le père, retourne-t'en. » Le fils revint encore, et le père lui posa la question. L'enfant énuméra encore autant de sciences, et il dut repartir encore. La fois suivante, lorsqu'il arriva, tout son visage resplendissait. Le père se leva et dit : « Oui, mon enfant, aujourd'hui ta face resplendit comme celle de l'homme qui connaît Brahman. » Lorsque vous connaîtrez Dieu, votre visage en sera transformé, votre voix changera, toute votre apparence sera différente. Vous serez un bienfait pour l'humanité ; nul ne pourra résister au rishi. C'est cela qui constitue le rishi. C'est l'idéal de notre religion. Tout le reste, toutes ces paroles, ces raisonnements et ces philosophies, ces dualismes et monismes, et les Védas eux-mêmes, ne sont que préparations, éléments secondaires. C'est le reste qui est l'essentiel. Les Védas, la grammaire, l'astronomie, etc., tout cela, c'est secondaire. C'est la connaissance suprême qui nous fait réaliser l'Un immuable. Ceux qui l'ont réalisé sont les sages que nous trouvons dans les Védas. Nous comprenons comment le terme rishi désigne un type, une classe dans laquelle chacun de vous autres, vrais Hindous, s'attend à entrer à une époque de sa vie. Et devenir rishi, pour l'Hindou, c'est le salut. Ce n'est pas de croire à des dogmes, d'aller dans des milliers de temples, de nous baigner dans tous les fleuves sacrés du monde, c'est de devenir le rishi, le mantra drashtâ, qui est la liberté, qui est le salut. ~ Swami Vivekananda (Conférence faite à Lahore, 1895, trad. J. Herbert, in : Entretiens et causeries, 1955)
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denimatio · 2 years
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Sache qu'il y a des hauts et des bas dans l'esprit comme il y en a dans le corps. Mais ne perdons pas courage à cause de cela ; restons fermes sans jamais fléchir. Te souviens-tu de la parabole de ces deux hommes, racontée par Sri Râmakrishna ? L'un était laboureur de naissance, l'autre tisserand. Ce dernier, gagnant peu dans son métier, se fit laboureur dans l'espoir de gagner davantage ; mais quand la pluie ne tomba pas pendant un ou deux ans, il se découragea et revint à son ancien métier. Mais le laboureur, qui n'avait jamais connu autre chose que le métier de laboureur, même quand la pluie ne tomba pas pendant douze ans, continua à labourer ses terres patiemment, la charrue en main. De même il existe deux classes de dévots : Le premier possède l'amour Divin inné et ne sait rien d'autre, tandis que le second ne fait qu'essayer de l'atteindre. Le premier ne renonce pas à sa dévotion pour le Seigneur, même s'il rencontre des centaines de difficultés, et si par la lutte d'une vie entière il n'arrive pas encore à Le réaliser ; tandis que le second adore le Seigneur dans un but égoïste ; et quand ses désirs ne sont pas accomplis, il s'écarte de la voie de la dévotion. Un esprit ferme est absolument nécessaire ; sans cela, il n'y a pas de progrès possible. Efforce-toi toujours de dépendre aussi peu que possible des choses extérieures de la vie, ainsi tu gagneras de plus en plus la force intérieure. Sois indifférent aux louanges comme aux reproches ; sois indifférent à ce que les autres disent ou font. Va en avant, marche vaillamment sans être troublé ni par la louange ni par le blâme. Souviens-toi toujours de ce que le Seigneur dit dans la Gîtâ : « Uddhared Atmanâtmânam nâtmânam abasâdaet ». (Si tu veux être libre, ne te permets aucune défaillance.) Dans aucune circonstance tu ne dois céder à la moindre défaillance, à la moindre faiblesse. Sois vigilant, sois ferme, sois un vrai héros. Lève-toi et dis hardiment : « Je suis fort, je suis pur, je suis saint ». Toutes les faiblesses s'évanouiront, toutes les imperfections disparaîtront, et tu deviendras bienheureux, paisible, béni. N'attends rien du dehors ; tourne toute ta pensée en dedans de toi-même, tu y trouveras le Seigneur. Place ton idéal sur l'autel de ton cœur et adore-Le nuit et jour. C'est la plus belle chose qu'on puisse faire en cette vie. Il n'y a pas de bonheur réel dans les choses terrestres. Comment pourrait-il s'y trouver puisque rien n'est permanent en ce monde. Le plaisir est passager, la douleur également ; ils vont et viennent et ne peuvent pas durer longtemps. Supporte-les donc, sachant que ce n'est que pour quelques jours seulement. Il est un vrai héros, celui qui reste impassible dans le plaisir et dans la douleur. Aie patience ; à la longue, la patience surmontera tout obstacle. Nous devons nous tenir fermes comme de vaillants soldats, forts dans notre foi. Le corps ne dure que peu ; mais l'âme reste, le caractère reste. C'est pour cela qu'il faut tout faire pour former le caractère. Tu es pur, tu es libre, la faiblesse ne te sied point. Aie foi en toi-même. Que ta foi soit si grande que tu puisses te rendre maître de l'atome le plus minuscule de ton être. Celui qui doute ne peut atteindre le but. « Celui-là qui n'a pas foi en lui-même est un athée », dit Swâmi Vivekânanda. Sache qu'il est impossible d'avoir foi au Seigneur sans avoir d'abord foi en soi-même. Swami Paramananda (La Voie de la Dévotion, 1913)
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denimatio · 3 years
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Chacun a devant les yeux l’image de l’homme qu’il doit devenir ; tant qu’il ne l’a pas réalisée, sa joie n’est pas parfaite.
Above everyone there hovers an image of what he should be. As long as he is not that, he will not be in full peace with himself.
illustration : Hannah Yata, 2012
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denimatio · 3 years
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Seul l’art peut nous faire saisir la vie réelle à travers l’apparence qu’elle nous offre. Et pour cette raison, l’art n’est parfait et supérieur à l’artifice qu’à la condition de se dépasser lui-même. Telle est Florence, qui donne à la vie la certitude merveilleusement claire d’une patrie. Tandis que Venise n’offre que la beauté équivoque de l’aventure, qui flotte sans racine dans la vie, comme une fleur coupée au gré de l’eau. Le fait qu’elle a été et reste la ville classique de l’intrigue amoureuse n’est que l’expression sensible du destin ultime que devait subir son image : image qui pour notre âme peut être une aventure, mais non une patrie. – Georg Simmel (Rome, Florence, Venise, 1906-1907) photo : Jeanne Moreau & Stanley Baker dans le film Eva (Joseph Losey, 1962)
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denimatio · 3 years
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Le ressentiment est un auto-empoisonnement psychologique, qui a des causes et des effets bien déterminés. C'est une disposition psychologique, d'une certaine permanence, qui, par un refoulement systématique, libère certaines émotions et certains sentiments, de soi normaux et inhérents aux fondements de la nature humaine, et tend à provoquer une déformation plus ou moins permanente du sens des valeurs, comme aussi de la faculté de jugement. Parmi les émotions et les sentiments qui entrent en ligne de compte, il faut placer avant tout : la rancune et le désir de se venger, la haine, la méchanceté, la jalousie, l'envie, la malice.
– Max Scheler (L'homme du ressentiment, 1912)
illustration : Caustic (Hannah Yata, 2012)
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denimatio · 3 years
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Comment mourir ? Nous vivons dans un monde que la question effraie et qui s'en détourne. Des civilisations, avant nous, regardaient la mort en face. Elles dessinaient pour la communauté et pour chacun le chemin du passage. Elles donnaient à l'achèvement de la destinée sa richesse et son sens. Jamais peut-être le rapport à la mort n'a été si pauvre qu'en ces temps de sécheresse spirituelle où les hommes, pressés d'exister, paraissent éluder le mystère. Ils ignorent qu'ils tarissent ainsi le goût de vivre d'une source essentielle. — François Mitterrand, préface à La mort intime, Marie de Hennezel, 1995 illustration : création graphique par endocathexis, 2020 reprenant le tableau Der Tod und das Mädchen (Adolf Hering, 1900)
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denimatio · 3 years
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On sort de l'enfance comme d'un pays. On ne revient pas en arrière. — Monique Corriveau (Le témoin, 1969) photo : filles paysannes, Kuzaranda, République de Carélie, Russie (Dmitry Markov, 2018)
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denimatio · 3 years
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En cette fin de temps qu'une fièvre emporte, propice à toutes les fusions, et où la féminité dans son ensemble se pare d'un dernier et somptueux éclat, au point, semble-t-il, que les femmes n'ont jamais été aussi belles on dirait qu'un type idéal de femme est en train d'atteindre à une unité qui est déjà de l'autre monde et d'apparaître parmi nous pour célébrer par avance les noces fragiles et presque intemporelles de l'intelligence et de la beauté. — Raymond Abellio (Ma dernière mémoire, 1971) photo : Daria Endresen, 2021
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denimatio · 3 years
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La danse est mouvement, qui est vie, beauté, qui est amour, proportion, qui est puissance. La danse pure ne connaît pas de limite. Le petit enfant commence à danser sur les genoux de sa mère… La Danse est le mouvement naturellement rythmique d’un corps qui a longtemps été nié, distordu, et le désir de danser serait aussi naturel que celui de manger, de courir, de nager, si notre civilisation n’avait pas employé d’innombrables moyens, de mettre au ban cette action instinctive et joyeuse de l’être harmonieux. – Ruth Saint Denis, in : Denishawn Magazine (1924-1925) photo : Ruth Saint Denis, pionnière de la danse moderne américaine (Arnold Genthe, in : The Book of The Dance, 1916)
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denimatio · 3 years
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Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau ! photo : observateur de tempête (Storm Watcher), Nuno Milheiro, 2014 [Plage de Granja, Portugal]
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denimatio · 3 years
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Qui se torture l'esprit pour sublimer sa conduite, s'écarte du monde et a des habitudes excentriques, se fait une haute opinion de lui-même et dénigre les autres, celui-là n'a que de l'orgueil. Il n'est qu'ermite des monts et des vallées, homme qui condamne le monde. Tel est l'idéal de ceux qui aspirent à se dessécher par ascèse et à se jeter dans le gouffre.
Qui discourt sur la bonté et la justice, la fidélité et la bonne foi, la politesse et la frugalité, l'effacement et le renoncement, celui-là ne recherche que la perfection morale. Tel est l'idéal de ceux qui veulent assurer la paix du monde et améliorer les hommes en leur faisant la leçon soit en voyageant, soit en lieu fixe.
Qui se propose une haute entreprise pour acquérir un grand nom, fixe les rites entre les souverains et ses sujets, normalise les rapports entre les supérieurs et leurs subordonnés, celui-là ne veut que gouverner les hommes. Tel est l'idéal des gens de cour, qui veulent honorer l'autorité de leur prince et renforcer leur principauté, accomplir des exploits et annexer les autres pays au leur.
Qui hante les étangs ou les lacs et se plaît dans la solitude en recherchant un coin tranquille pour pêcher à la ligne, celui-là n'a pour objet que de ne rien faire. Tel est l'idéal des gens des fleuves et de la mer, qui fuient le monde et trouvent leur bonheur dans l'oisiveté.
Qui expire et aspire en soufflant fort et en soufflant faible, qui crache l'air vicié et absorbe l'air frais, qui se suspend comme l'ours et s'étire comme l'oiseau, celui-là ne recherche que la longévité. Tel est l'idéal de ceux qui veulent nourrir leur corps en l'étendant et le contractant. P'eng-tsou en fournit le meilleur exemple.
Qui a une conduite sublime sans se torturer l'esprit, qui se perfectionne sans s'attacher à la bonté et à la justice, qui se tient dans l'oisiveté sans vivre au bord des fleuves et de la mer, qui atteint un grand âge sans étendre et contracter son corps, celui-là oublie tout et possède tout. Il est paisible et immense. Il réunit en lui toutes les perfections du monde. C'est en lui que réside la voie de l'univers et la vertu du saint.
Il est dit "Le détachement, le silence, le vide et le non-agir constituent l'équilibre de l'univers et la substance de la vertu." Il est dit "Le saint se tient en repos. Le repos lui assure l'équilibre et l'aisance qui lui assurent l'indifférence, écartent de lui les soucis, les malheurs et les influences néfastes. Il conserve l'intégrité de sa vertu et de son esprit."
Il est dit "Le saint vit selon l'action du ciel, sa mort n'est qu'une métamorphose. Son immobilité participe à l'Obscurité, son mouvement à la Lumière. Il ne se crée ni bonheur ni malheur. Il ne fait que réagir au stimulus et ne se meut que sous la pression ; il ne se lève que lorsqu'il ne peut faire autrement ; rejetant toute intelligence et toute intentionnalité, il se conforme à la raison naturelle. Ainsi, il ne subit ni calamité naturelle, ni entrave matérielle, ni critique des hommes, ni reproches des morts. Il vit comme l'on flotte ; sa mort est pareille au repos ; il ne pense ni ne réfléchit ; il n'élabore aucun projet ; il rayonne sans éblouir ; il tient parole sans prendre d'engagement ; son sommeil est sans rêves, son réveil sans souci ; son esprit est pur, son âme est inlassable. Par son vide et par sa sérénité, il rejoint la vertu du ciel."
Il est dit : "Le chagrin et le plaisir écartent de la vertu, la joie et la colère écartent du Tao ; l'amour et la haine sont des égarements de la vertu. Qui n'a ni chagrin ni plaisir atteint à la vertu suprême ; rester soi-même sans jamais se modifier conduit au calme suprême ; ne s'opposer à personne, c'est le vide suprême, n'avoir aucun commerce avec les choses, voilà le détachement suprême ; ne résister à rien, voilà la pureté suprême."
Il est dit : "Quiconque travaille corporellement sans se reposer finit par s'user ; quiconque use de son esprit sans arrêt le fatigue et l'épuise. L'eau qui n'est mélangée à rien est par nature transparente, sa surface est unie quand elle est au repos, mais lorsqu'elle est stagnante, elle perd sa transparence. Elle est l'image de la vertu du ciel." Il est dit "Rester pur, sans mélange, être calme et un sans se modifier, se désintéresser des choses et ne pas agir, régler son activité sur le mouvement du ciel, tel est l'art de nourrir l'esprit."
Quiconque possède quelques célèbres épées que l'on fabrique à Kan et à Yue les garde dans leurs fourreaux. Il n'ose pas s'en servir tant elles sont précieuses ! Or, l'esprit humain va dans les quatre directions et s'étend à tout. Il n'est aucun endroit qu'il ne puisse atteindre. En haut, il atteint le ciel ; en bas, il encercle la terre. Il transforme et nourrit tous les êtres et l'on ne peut lui donner de forme imaginable. Son nom est "identique au Souverain" La pureté et la simplicité maintiennent l'esprit dans son état originel. Qui peut le garder ainsi en préserve l'intégrité ; celle-ci se faisant plus profonde et plus étendue, il s'identifie à l'ordre du ciel.
Un proverbe dit : "L'homme du commun prise la richesse ; le lettré puritain préfète la renommée ; le sage tend vers son idéal ; le saint attache du prix à sa vitalité." La simplicité est ce qui exclut tout mélange, la pureté est ce qui ne gâte pas l'âme. Qui possède en soi la pureté et la simplicité est un homme véritable.
Tchouang-tseu
illustration : Jesus méditant près du mont Kailash au Tibet (Bruce Harman, 2009)
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