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#S'il est vrai que l'on doit mener une vie cachée
lounesdarbois · 1 month
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fallenrazziel · 4 years
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Les Chroniques de Livaï #479 ~ IL FAUT TOUJOURS SUBIR POUR CHOISIR (avril 846) Erwin Smith
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes. 
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Je n'étais encore jamais venu par ici. Les brigades d'entraînement du district de Trost grouillent de jeunes gens pleins d'espoirs et de fierté à l'idée de servir un jour l'armée humaine. Les yeux brillants, ils courent d'un bout à l'autre du camp, tenant parfois un cheval par la bride, ou enfilant en hâte leur équipement, les cheveux en bataille, la chemise en désordre... Je me souviens de ces années-là. Ces jeunes savent que leurs examens vont se finir et que bientôt, ils devront choisir un régiment adapté à leurs aspirations. D'autres prendront leur place d'ici un mois ou deux.
Je me demande alors... serai-je présent pour leur déclamer le discours de présentation du bataillon ? Ou alors notre régiment sera-t-il démantelé ?... Détruit ?... L'armée devra-t-elle se contenter de deux corps au lieu de trois désormais ?
Je sais que je suis le seul à pouvoir apporter des réponses à ces questions en ce moment, mais même après en avoir discuté âprement avec mes camarades pendant des jours, je ne sais toujours pas laquelle doit s'imposer... Je suis face à un choix qui me tourmente et je ne peux réussir à trancher qu'en cherchant au fond de moi-même. Ma colère envers ceux qui nous ont infligé cet ultimatum doit rester cachée ; ils seraient trop heureux de me voir perdre mon sang-froid. Je laisse la saine énergie de tous ces cadets m'envelopper, m'envahir... Je prends même le temps d'écouter leurs bavardages, les mains dans les poches, en espérant ne pas être repéré.
Mais bien évidemment, je ne devais pas compter sur cet anonymat bien longtemps. Je les entends alors chuchoter sur mon passage, avec de l'admiration et un peu d'appréhension quant à ma présence en ces lieux. Certains d'entre eux me saluent, la main sur le coeur, et je fais en sorte d'enregistrer leurs traits ; peut-être les retrouverais-je dans mes rangs, après que... que toute cette histoire soit réglée. Si je dois revenir... Si je dois y aller... Toutes ces éventualités me tournent dans le cerveau. Je suis venu pour une bonne raison, alors autant en finir.
Je me dirige vers un groupe de jeunes filles en uniforme qui semblent s'aplatir devant moi lorsque je me place devant elles, et leur demande où se trouve l'instructeur Shadis. Elles m'indiquent en bégayant le terrain d'entraînement en plein air situé derrière la caserne, et je les remercie avec un sourire en hochant la tête. Je m'avance à pas plus larges vers la carrière de terre battue d'où me parviennent des vociférations. Je reconnais instantanément la voix qui résonne dans tout le périmètre. Je vois qu'il n'a rien perdu de son feu, du moins à ce qu'il semble.
Je n'imaginais pas qu'entendre cette voix me ferait tant de bien. Elle me rappelle une époque où je n'étais que le second, jamais en première ligne, quand je devais aller moi-même l'épauler en lui soufflant mes propres stratégies, ou aller le chercher au bar du coin au lendemain d'une expédition médiocre... J'ai assisté à presque toutes ces baisses de moral, ces éclats glorieux, ces écroulements nerveux...
Aujourd'hui, c'est moi qui suis à sa place, et j'ai besoin qu'il me conseille. Qu'il me donne l'ultime indice qui me permettra de choisir mon destin et celui de mes hommes.
Je m'accoude à la barrière et observe la scène qui se déroule au centre du terrain, attendant qu'il finisse. Keith est penché sur un jeune soldat qui semble transpirer, et lui balance au visage des insanités dignes des plus précieux instructeurs. Même Livaï serait en train de prendre des notes ! Je n'adhère pas particulièrement à ces méthodes mais je sais que dorloter les cadets ne les aide jamais ; j'ai moi-même eu un instructeur de ce genre, et je sais que cela permet de faire le tri. Ceux qui ne supportent pas ça et s'écroulent ne sont pas faits pour l'armée.
Je remarque que mon ancien supérieur a déjà perdu quelques cheveux. Le soleil se reflète sur son crâne presque dégarni, mais il n'a rien perdu de sa stature. Sa taille m'a toujours impressionné, et je ne doute pas qu'il fasse le même effet à ces futurs diplômés. Je sais aussi que sa colère envers eux, ses éclats de voix, son mauvais caractère, sont surtout simulés. Il veut s'assurer que tous ont les nerfs solides et survivront à la vie qu'ils choisiront. Il tient à eux, autant qu'il tenait à nous. Il s'est trouvé une nouvelle famille...
Enfin, la session se termine et Keith se tourne vers moi. Il m'avait sans doute déjà repéré ; je sais qu'il a des yeux dans le dos... Il prend son temps pour venir me rejoindre, les yeux fixés sur le bout de ses bottes, tandis que ses élèves, tancés pour la journée, se dispersent. Il vient s'adosser à la barrière à côté de moi, et pendant un moment, je me sens de nouveau son subalterne, attendant ses ordres. Il ne me regarde pas, patientant jusqu'à ce que je dise ce qui m'amène ici.
Je commence par des banalités. Je lui annonce d'abord que je suis heureux de le voir dépenser tant d'énergie positive à former les jeunes. Il ricane en répondant que c'est la meilleure chose qu'il peut faire actuellement, et que les autres instructeurs sont trop mous. Je n'en doute pas. C'était une bonne décision de sa part, de se reconvertir. Il me glisse alors que sa place est effectivement plutôt enviable, comparée à la mienne. Nous y voilà...
Je ne lui ai jamais tenu rigueur de m'avoir nommé au moment de la Chute. C'était une crise qu'on ne pouvait pas prévoir, et il devait ruminer ce projet depuis un moment déjà... Mais... oui, je dois gérer une situation sans précédent. Plus d'une, même. La Chute a été la première et maintenant, celle-ci... Je suppose que vous savez ?
Il hoche la tête, toujours sans me regarder. Il me demande ce que je compte faire. A vrai dire, je me contente de recruter pour l'instant. Et nous avons aussi entamé des modifications architecturales sur les ferries de Trost - Hanji s'en charge. Je vais pouvoir mettre ma nouvelle stratégie à contribution. Nous avons reçu beaucoup de donations, et...
Il m'interrompt pour affirmer que j'ai donc déjà pris ma décision. Pas vraiment, c'est en prévision... Mais, Keith... Tous ces gens... Comment pourrais-je les guider jusqu'à Maria par les terres infestées de titans ? Il répond que c'est effectivement un suicide programmé. Vous ne me rassurez pas. Il continue en affirmant que les parlementaires et les royalistes veulent depuis longtemps la disparition du régiment - oui, je le sais - et que ceci n'est qu'un prétexte pour y arriver. Je vois, vous avez vous aussi compris leur plan. Si je refuse, le bataillon sera démantelé de façon légale et transparente et personne ne pourra y redire. Si j'accepte, j'emmène tous ces civils gênants et mes soldats à une morte quasi certaine.
Il m'interroge sur ce qu'en pense mon état major. Et bien... Hanji pense qu'il faut au moins essayer, même si les risques sont élevés. Mike y est opposé et préfèrerait faire autre chose de sa vie que de nourrir les corbeaux. Quant à Livaï... il n'est pas du tout emballé mais se dit prêt à suivre ma décision, quelle qu'elle soit. Keith siffle entre ses dents et conclut que les avis sont partagés. Oui, c'est pour ça que je suis venu. Il m'en faut un autre. De l'extérieur, mais de quelqu'un qui a été dans ma position. Il me faut le vôtre.
Que feriez-vous à ma place ?
Il reste silencieux un moment, et se tourne à demi vers moi. Je peux contempler son profil pensif et intrigué. Il me demande pourquoi j'ai besoin des conseils d'un major raté comme lui. C'est ce que vous pensez de vous, mais ce n'est pas ce que je pense, moi. J'aimerais une réponse sincère et éclairée. Vous en êtes parfaitement capable. Mon coeur ne peut pas décider seul, il a besoin de votre soutien.
Keith annonce alors y avoir songé malgré lui il y a peu. Il s'était demandé ce qu'il ferait s'il était encore major. Il en a déduit que même s'il refusait de mener les civils vers Maria, et que le régiment était dissout, cela n'empêcherait pas l'Etat de trouver un autre moyen de se débarrasser des indigents qui leur gâchent la vie. Ce ne sont pas les moyens qui manquent, et il trouve même étrange que cela n'ait pas été fait plus tôt. Je vois... Vous me dites que même si je refuse, ça ne changera rien pour les citoyens. Je dois dire que c'est pertinent. Même en faisant abstraction de la volonté de pas mal d'entre eux de mener cette expédition à bien... Les plis de son front se soulèvent de surprise. Oui, ils sont nombreux et veulent même porter l'uniforme, je vous laisse imaginer. Cet enthousiasme serait si positif dans d'autres circonstances... Ils veulent retrouver leurs foyers, même s'ils ne se rendent pas compte de ce que...
Keith se tourne vraiment vers moi et pose une main compatissante sur mon épaule. Ne vous en faites pas, ma propre survie n'est pas mon principal souci. Je n'ai jamais brigué un poste si élevé, en vérité. La vie de mes hommes passent avant la mienne, et c'est leur avenir qui m'importe le plus. Je ne veux pas les sacrifier en vain... Keith murmure alors que si le bataillon doit disparaître, autant que ce soit au combat, dans la gloire ; afin que les morts qui nous ont précédés ne l'aient pas été en vain. Le régiment et son honneur seront saufs et alors, il pourra renaître et continuer la bataille. Il n'imagine personne d'autre que moi pour le faire.
Vous êtes en train de me dire que je dois accepter cette folie ?... Il hoche la tête, et me dit que c'est ce qu'il ferait, lui. Je sais que c'est vrai. Je n'en ai aucun doute. Puis-je ne pas me montrer à la hauteur de mes prédécesseurs ? Je me moque de ce que la postérité retiendra de moi, mais je ne veux pas figurer à la fin de la liste des leaders du bataillon comme celui qui s'est enfui, qui a abandonné la lutte, qui a mis fin aux aspirations à la liberté des humains... Non, je ne veux pas de ça, ce n'est pas ce que j'imagine. Alors, je vais le faire. Même si cela doit signifier notre fin, elle sera à la hauteur de nos vies.
Keith s'écarte de moi et m'observe. Il dit qu'il connaît cette lueur qui s'allume dans mes yeux, et qu'à chaque fois qu'il la voyait, elle présageait des stratégies audacieuses, ou trop coûteuses. Je lui souris amèrement et lui recommande de ne pas s'inquiéter. Il m'a aidé à y voir plus clair, avec peu de mots. Je sais que c'est la bonne décision à présent. Peut-être l'ai-je toujours su, au fond...
Je commence à m'éloigner de la barrière mais Keith me retient par le bras. Il adopte une expression peinée en me regardant. C'est peut-être la dernière fois que nous nous voyons... Il m'avoue se sentir un peu honteux d'avoir du placer tout ceci sur mes épaules ; que parfois, il s'en veut beaucoup. Ne le soyez pas. Je ne sais pas si le destin existe, mais je crois que nous avons tous une voie tracée. Si c'est celle que je dois arpenter, je le ferais. Si la prière fonctionne... pensez à prier pour nous jusqu'à notre départ. Cela ne peut pas faire de mal, en tout cas.
Je le quitte alors sans un mot de plus.
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fabzefab · 5 years
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“Je sais maintenant que l'antisémitisme est une donnée fixe, qui vient par vagues avec les tempêtes du monde, les mots, les monstres et les moyens de chaque époque”. Madame-monsieur l'antisémite, Après avoir lu ce bouleversant témoignage de Marceline Loridan-Ivens, j'ai eu envie de m'adresser à toi. Et puis j'ai fini par réaliser que ça ne servait à rien. Que ta haine des juifs était trop ancrée en toi, qu'elle n'avait plus rien de rationnel, et surtout, que tu seras antisémite aussi longtemps qu'il y aura des juifs et que rien ne pourra changer cela parce que c'est ainsi, parce que tu es né en même temps que le judaïsme et que ni moi, ni Marceline, ni la Shoah ne pourront te défaire de ta haine ancestrale dont les racines sont directement inscrites dans ton ADN. En plus, je me suis dit que j'avais pas d'antisémite dans mes amis facebook, ou alors tu es bien caché, et qu'il était donc complètement crétin de m'adresser à toi via un média qui te t'atteindra pas. Alors j'ai décidé de m'exprimer à ton complice. La madame, le monsieur, un peu con-con, qui, chaque fois qu'on lui parle d'antisémitisme, prend un air grave, dit “oui, oui c'est affreux” puis emploie cette terrible conjonction de coordination “MAIS” avant de partir sur ‘il faut pas oublier pour autant les enfants palestiniens et je te rappelle qu'en France, les Noirs et les Arabes ils souffrent de discrimination, alors ça va bien un moment l'antisémitisme mais y'a pas que les juifs, faut pas l'oublier, hein, quand même". Ce madame-monsieur n'est pas vraiment antisémite. Mais il alimente l'antisémitisme en l'opposant à d'autres souffrances, d'autres racismes, en le vidant de sa substance pour le mettre en concurrence comme dans un vulgaire jeu de carte où celui qui a la plus forte remporte la mise. L'antisémitisme, une fois passé par le système de pensée de ce madame-monsieur, devient un gadget un peu misérabiliste dont se servent les juifs pour jouer les pleureuses et les victimes et tenter de monopoliser le charity business. Ce madame-monsieur là, je sais que je peux m'adresser à elle-lui bikoze que sa bêtise n'est pas la haine. Donc peut-être qu'il-elle peut reprendre ses esprits. De plus, ce madame-monsieur, je sais que je l'ai en ami sur facebook. En plein d'exemplaires. Alors c'est à toi madame-monsieur, que j'adresse cette chronique. Je voudrai que tu lises ce petit livre pas bien épais (83 pages à peine), raconté à la première personne et qui est une longue lettre écrite par Marceline Loridan-Ivens, 86 ans, à son père qui n'est jamais revenu des camps. Marceline et son père ont été déportés à Auschwitz et Birkenau. Elle est rentrée, pas lui.Alors je sais que tu te plains (jamais de façon explicite, car tu n'es pas antisémite) qu'on entende trop parler de la Shoah. Tu en as marre de cette satanée Shoah. Tu trouves, à raison ou pas, c'est une autre histoire, qu'on en parle tellement plus que la Nakba ou l'esclavagisme. Ça t'est insupportable. Comme au gluten te voilà devenu allergique à la Shoah. Je te rassure, même si ce que raconte Marceline de l'enfer des camps est insoutenable et témoigne, une nouvelle fois (et ce n'est pas une fois de trop, y'aura jamais de fois de trop) de ce que fut la barbarie nazie, ce trou noir béant qui s'est ouvert dans l'humanité et qui a absorbé toute forme d'espoir, de bonté, d'amour et de lumière, ce à quoi j'aimerais que tu prêtes attention, c'est au récit de l'après. De la vie après les camps. Que tu découvres, à travers les mots de Marceline, qu'il est impossible pour un survivant de parler de ce qu'il a vécu, qu'il est impossible pour un survivant de mener une existence normale, qu'il est impossible pour un survivant d'oublier, ne serait-ce qu'un instant, ce qui a été vu et vécu dans les camps. Quand elle raconte que son amie Simone Veil continuait à “piquer” des petites cuillères sans valeur dans les café pour ne plus jamais avoir à laper son bol de soupe comme à Birkenau, je te garantis que Marceline en dit plus de l’impossibilité du dépasser le traumatisme que n'importe quel psychiatre venu s'imposer expert en ce domaine sur un quelconque plateau télé. Quand elle parle de son petit frère Michel, qui lui en a toujours voulu d'être rentrée des camps alors que son papa, celui que Michel attendait, celui dont Michel avait besoin, n'est jamais revenu, et que Michel s’est mis à détester Marceline et à la harceler au point de se faire tatouer SS sur l'épaule, normalement, tu devrais commencer à comprendre que le crime nazi ne s'est pas arrêté une fois les camps libérés. Va au-delà de la Shoah. D'ailleurs, Marceline, dans un franc parler salvateur, pulvérise le mythe selon lequel l'antisémitisme en France a soudain disparu après la Libération. Il est resté très virulent et sa résurgence aujourd'hui ressemble plus à une continuité teintée de mutation, qu'à un véritable “retour”. Si je te dis tout ça, madame-monsieur, si j'insiste sur le récit de cette dame incroyable dont la vie est une histoire absolument extraordinaire, ce n'est pas pour te dire “tu vois bien que les juifs ont plus souffert que tous les autres”. Non, je ne suis pas comme toi. Je ne mets pas l'horreur en concurrence. C'est juste pour te rappeler que la Shoah, c'est quelque chose qui n'avait jamais existé avant et qui, probablement, n'existera plus jamais ensuite. Je dis pas que les juifs sont à l'abri d'une nouvelle tentative d'extermination, ce serait un peu audacieux de penser cela dans un pays historiquement antisémite où l'on tue des enfants dans une école parce que ce sont des enfants juifs. Mais sous cette forme là, ça n'arrivera plus jamais. La singularité de la Shoah l'empêche d'être comparée au sort des palestinien ou au racisme et à la discrimination dont sont victimes les Noirs et les Arabes en France. Donc s'il te plait, cesse de brandir ton indignation face au sort des uns pour rabaisser la souffrance vécue par les autres. Ne fais pas ça. C'est complètement con. C'est bête. Quand tu dis “ouais, c’est vrai, y'a de l'antisémitisme, mais quand même, qui c'est qui peut pas louer des appartements ou être embauché facilement ?” c'est d'une débilité dont je suis triste que tu ne te rendes pas compte. On ne peut pas partir de l'un pour arriver à l'autre. C'est impossible, ça n'a aucun sens. Que tu sois indigné autant par la Shoah que par le racisme en France ou la politique infâme du gouvernement israélien, je peux l'entendre. Non, mieux que ça : je le comprends. Et je l'encourage ! Il ne doit pas y avoir de distinction dans l'indignation. Tout est grave. Toute forme d'injustice et/ou de crime doit être combattu. Mais sans être comparé. Sans être mis en concurrence. Juste en conservant la singularité de chaque cas. Car ce dont tu ne te rends pas compte, madame-monsieur, dans ta logique souvent née de ta proximité avec des courants d'extrême-gauche, que je côtoie tout autant que toi sans pour autant devenir débile, comme quoi, y'a un moment où y'a des choix intellectuels individuels à faire, c'est qu'en mettant sur un même pied d'égalité des choses qui ne sont pas comparables, tu invalides tout. Tu invalides l'horreur que fut la Shoah. Mais aussi le sort des enfants mexicains séparés de leurs parents quand tu les compares aux exactions nazies. Comme les deux n'ont strictement rien à voir, tu donnes à tes détracteurs de quoi te traiter - à raison - d'ignare inculte et de te faire la leçon au lieu d'écouter ta légitime indignation. En mettant tout au même niveau, plus rien n'a de valeur. Plus rien n'est sacré. Alors qu'en prenant chaque crime raciste à part, en lui offrant son unicité, en l'inscrivant au cœur de sa propre histoire sans greffer pour le décrire d’imbéciles comparaisons, tu permets de prendre pleinement en compte son infamie, son ignominie, et donc de s'en indigner à sa juste valeur. Alors tu vas peut-être me répondre que le sort des palestiniens découle directement de la Shoah et qu'il est donc impossible de parler des uns sans invoquer l'autre. C'est vrai. Mais recontextualiser n'est pas comparer. On ne te demande pas ensuite de dire c'est qui qu'est le plus méchant. C'est qui qui souffre le plus. On ne te demande pas, chaque fois que tu vois le mot “antisémite” de beugler “Palestine, Palestine !”. Tu peux beugler “Palestine!”, personnellement, je n'y cois aucun inconvénient. Mais ne le fais pas pour minimiser l'antisémitisme s'il te plait. C'est vraiment trop con sinon. Je sais pas si je me suis bien fait comprendre de toi. Parfois, je veux écrire des choses qui sont cristaclaires dans le dedans de ma tête, mais les mots ils sortent un peu dans tous les sens et une fois posés sur la page blanche de ton ordinateur, ils sont moins bien rangés que dans ma esprit et disent pas les choses aussi précisément que ce à quoi je m'étais attendu. Alors juste pour être sûr que tu ne rates pas l'essentiel de ce que je voulais absolument te dire, je vais le résumer en une phrase simple et limpide : s'il te plait, lis “Et tu n'es pas revenu” de Marceline Loridan-Ivens. Merci.
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fallenrazziel · 5 years
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Les Chroniques de Livaï #428 ~ L'HISTOIRE EST A CEUX QUI L'ECRIVENT (décembre 845) Hadulfo Ibsen
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
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Je tapote nerveusement la table du bout des doigts en me demandant si j'ai bien fait de venir ici. Après tout, il s'agit peut-être bien d'un piège. Ce militaire était peut-être brigadier et je prends le risque évident de finir mes jours dans un cachot abandonné, où on me causera un "accident" pour m'évincer. J'aurai dû prendre la peine de me déguiser un peu, pour avoir une longueur d'avance sur mes futurs... interlocuteurs. Mais je n'ai pas beaucoup d'argent et ma garde-robe se limite presque à ce que je porte sur le dos.
J'ai choisis une table à l'écart, dans un recoin abrité, qui me permet de garder un oeil sur la porte d'entrée. Les murs qui m'entourent me garantissent une discrétion absolue. J'en suis déjà à mon troisième café et ma bourse est presque vide. Sina... dans quel guêpier me suis-je engagé ?
Je me fustige moi-même de mon imprudence. Je n'aurais pas dû parler à cet homme étrange... Mais la joie de rencontrer une personne intéressée par le sujet qui a occupé presque toute ma vie m'a fait perdre le sens commun... Il semblait sincèrement intrigué par tout cela. Mais quand il a parlé de ramener quelqu'un avec lui, j'avoue avoir eu peur pour ma vie...
J'aurais pu ne pas venir ; mais me voilà. Si je suis réellement tombé sur un explorateur intègre, alors il reste une chance pour que tout ceci se finisse parfaitement bien. Mais je ne veux pas me créer de faux espoirs. Je vais attendre encore quelques minutes le temps de finir mon café, et si rien ne se passe, je m'en irais, voilà tout.
Au moment où je formule ce projet en pensée, la cloche de la porte se fait entendre et une petite silhouette sombre se présente. Je le reconnais. Le petit homme regarde autour de lui, s'arrête sur moi, et je hoche la tête de façon presque imperceptible. Il n'y a personne avec lui. Ouhla, cela sent les ennuis... Il ressort presque aussitôt et j'entends déjà la cavalcade des gardes dans la rue, prêts à me tomber dessus. Je m'oblige à rester assis mais des fourmis commencent à me monter le long des jambes... Je ne veux pas aller en prison... Pas comme ce bon vieux Jaco...
Je ferme les yeux deux secondes et quand je les rouvre, le petit homme est de retour, et se tient dans l'ombre d'un individu très grand, portant un chapeau et un imperméable très quelconques. Mince, ils n'ont pas l'air de militaires du tout... Je devine le regarde d'aigle du grand homme qui me transperce depuis l'autre bout de la salle, et le bruit des clients semble tout à coup moins fort ; comme si tout le monde retenait son souffle... Pourtant, personne ne regarde les deux nouveaux venus.
Ils se dirigent vers moi à grandes enjambées et je m'attends à présent à les entendre me dire mes droits avant de m'embarquer. Je ne le sens pas du tout, cette journée va finir dans le noir... Mais alors, le grand homme se penche un peu vers moi, me tend la main et m'annonce tout bas que lui, Erwin Smith, est ravi de faire ma connaissance, car son subordonné, le caporal Livaï, lui a longuement parlé de moi.
Je m'efforce de ne pas m'écrouler de soulagement sur ma chaise ! Toute cette tension est mauvaise pour mon pauvre coeur ! Je comprends alors que le petit homme - le caporal Livaï, le champion de l'armée humaine, qui aurait pu le croire ? - a voulu s'assurer que j'étais bien là et seul avant d'aller chercher son supérieur. Mesure de précaution. Ah, quelle idée j'ai eu de m'en faire ! Tout s'explique !
Ils prennent place devant moi et commandent également des boissons ; thé pour tous les deux. Il me reste assez de café pour finir la soirée ; je n'aurais peut-être même pas le loisir de boire, j'ai tant à raconter... Je ne veux pas perdre de temps alors je décide d'y aller de moi-même. Une fois les consommations déposées, je m'assure que personne ne traîne dans les parages et je me lance.
Je suppose que le caporal vous a déjà dit beaucoup de choses sur moi, major. Il répond très poliment qu'il aimerait malgré tout en savoir plus sur ma vie personnelle. Ma vie personnelle ne peut être dissociée de mon travail. Je me nomme Hadulfo Ibsen. Ce nom ne vous dit sans doute rien car bien qu'écrivain, je n'ai jamais signé de mon vrai nom. C'était l'usage dans le cercle que je fréquentais. Celui des... hérétiques.
J'ai toujours été fasciné par l'histoire de nos origines ; celle de notre peuple, je veux dire. Il y avait tant de questions sans réponses valables que je me suis interrogé dès mon plus jeune âge. Les Murs surtout me semblaient une énigme absolue. J'ai vécu à Krolva, à l'ombre de la grande Rose, et quand j'ai levé pour la première fois les yeux sur elle, c'est comme si elle avait voulu me parler, me révéler des choses. Ses deux soeurs m'intriguaient tout autant, alors très tôt j'ai décidé que je ferais d'elles mes muses.
C'était une autre époque. En ce temps-là, on pouvait parler et écrire plus librement. Il n'y avait pas autant de censure qu'aujourd'hui. Certes, il n'était pas conseillé de fanfaronner, mais on pouvait mener des recherches sur ces sujets sans s'attirer les foudres royales. C'est le culte du Mur qui a tout changé. Du temps de ma jeunesse, ce n'était qu'une secte considérée comme un ramassis de fous et d'illuminés, qui ne comptait que quelques membres. J'en ai fait partie pendant un temps. J'avais entendu dire qu'ils connaissaient certains secrets à propos de ce qui m'intéressait. Je n'ai jamais été croyant, mon affection pour les trois déesses était scientifique avant tout. J'ai été très déçu. Ils se contentaient de prêcher et de débiter des prières très banales, même si je sentais la présence d'un genre de discours codé... S'ils possédaient des secrets, alors ils n'étaient connus que des plus hauts placés. On les disait déjà liés avec la famille royale... C'était très intriguant pour un jeune homme comme moi.
Le major n'a encore prononcé aucune parole et semble boire mes mots ; le caporal, lui, cille à peine et son regard est fixé sur moi.
J'ai quitté cette secte sans regret et je me suis lancé seul dans mes études. J'ai rencontré beaucoup de gens exerçant dans divers domaines : l'histoire, l'architecture, le folklore, la géographie, l'art... J'ai visité toutes les villes, tous les lieux pittoresque pouvant me renseigner sur nos origines ; j'ai écouté des mythes locaux, familiaux, des superstitions... Ce qui est ressorti de tout ceci, c'est une évidence. Les Murs ne pouvaient absolument pas avoir été construits par la main de l'homme. A cette époque, si on s'en tient à la chronologie officielle, ils n'étaient pas si anciens. Et pourtant, personne n'était capable de révéler comment ils avaient été érigés ! C'était totalement fou ! Et le pire c'est que personne, à part quelques-uns comme moi, ne se le demandait !
Ici, Smith pose sa main sur mon bras, les yeux brillants, et me dit qu'il a pensé exactement la même chose. Oui, au bataillon d'exploration, vous êtes presque entraînés à penser à contre-courant. Mais c'est très rare en vérité. La majorité des gens vivent dans un flou perpétuel sur leur passé, et pire encore, ils semblent s'en satisfaire comme si c'était normal ! Je ne l'ai jamais compris. C'est comme si un voile était posé sur leurs yeux... Mais pourquoi vous et moi ne sommes pas affectés ? Qu'est-ce qui a conditionné notre clairvoyance ?
Je vais vous donner une partie de la réponse. Le cercle d'initiés dont je vous ai parlé n'a jamais perdu la mémoire, et des récits et enseignements du monde ancien ont été conservés par eux, sous forme orale ou écrite. Le monde ancien, c'est ce qui existait avant que nous venions vivre ici derrière ces murailles. Nous sommes bien venus de quelque part, n'est-ce pas ? Du monde extérieur. Il doit être bien plus vaste encore qu'on ne l'imagine. Les récits sur les océans, les déserts, et tout ce qu'ils contiennent... C'est ce dont se sont souvenus les anciens. Mais à part ça, ils n'ont pas de réponse à donner concernant notre passé ; même à eux cela demeure caché. Les secrets des Murs doivent se trouver à l'extérieur. Mais vous seuls pouvez sortir ; nous, nous sommes coincés ici...
J'avale une gorgée de café qui ne me brûle pas car il est presque froid. Nos ancêtres ont transmis leurs connaissances à certains élus qui les ont transportées ici. Au début, on les a laissés faire, puis on les a persécutés. Vous, Erwin Smith, vous descendez peut-être d'un de ses initiés. Quelqu'un de votre famille peut-être...
Il m'interrompt et me révèle que c'est son père qui lui a appris à être curieux et à poser des questions. Ah ! je le savais ! Je connais cette flamme dans vos yeux, j'avais la même à votre âge ! Votre père devait être un grand homme ! Il a bien fait de vous initier !
Il baisse la tête sans répondre mais je devine avoir évoqué quelque chose de douloureux... Je reprends vite le fil de mon récit afin de ne pas l'embarrasser. Donc, après avoir rassemblé absolument tout le matériel possible au sujet des Murs et avoir constaté que presque rien ne s'accordait avec la version officielle, j'ai décidé d'écrire un livre ; mon seul et unique, l'oeuvre de ma vie, imprimé à nos frais en peu d'exemplaires... Je n'ai jamais eu d'enfant et cet ouvrage est devenu un peu comme mon fils bien-aimé. C'est mon ami Jacoberto qui s'est occupé des illustrations. Un sacré coup de crayon qu'il avait...
Quelques mois après la publication, le vent a commencé à tourner. Les affiches annonçant que certains ouvrages seraient mis à l'index pour cause de sécurité d'Etat se sont multipliées. Jacoberto et moi craignions pour nos vies. Puis un jour, il a disparu. Il avait une famille que j'aurais pu prendre en charge, mais je devais penser à ma survie. Quand j'ai constaté que ma maison avait été mise à sac pendant mon absence, j'ai décidé de disparaître. Quitter à jamais la belle Rose me fendait le coeur... J'ai emporté le strict nécessaire, de quoi remplir une valise, mes livres les plus précieux, et je suis allé me perdre dans les bas-fonds. C'était le meilleur endroit pour disparaître. Je savais bien que je risquais d'y mourir, mais mieux valait partir en jour prochain en homme libre que croupir tout de suite en prison, voire finir pendu.
J'ai vécu pendant des années de petits travaux. Je proposais mes services en tant qu'écrivain pour personnes illettrées, je faisais la lecture. Et puis je suis tombé sur cet orphelinat souterrain, dont le concept m'a plu. J'y ai enseigné un temps l'écriture et la lecture ; et maintenant que j'y pense, il me semble avoir collaboré avec un certain Mr. Smith là-bas. Peut-être était-ce un de vos parents éloignés... Savez-vous quelque chose à ce sujet, major ?
Il secoue la tête négativement mais m'informe tout de même que son père était professeur d'école et qu'il s'absentait deux jours par semaine sans dire où il allait. Il était très jeune et ne s'en souvient pas très bien. Le caporal, lui, précise qu'il se rappelle bien de l'existence d'un établissement de ce genre - les rumeurs courant sur ses origines modestes sont donc fondées - mais qu'il n'y a jamais pénétré. Je vois... Et bien, un jour, lui aussi a disparu, et l'orphelinat a fermé ses portes. C'est à ce moment que la misère a commencé à me serrer la ceinture. Je vivais de presque rien et quand c'était trop insupportable, je devais me résoudre à vendre un livre ou deux au marché noir afin de gagner quelques sous. Mais la lecture me manquait et je finissais toujours invariablement par m'en racheter un au lieu de nourriture.
La peste a presque eu ma peau. J'ai survécu mais je souffre de graves problèmes de santé depuis. Cela n'a jamais arrêté ma passion pour les secrets des Murs. En vivant sous terre, j'ai appris encore d'autres choses stupéfiantes à leur sujet. Tenez, prenez Sina, le Mur contre lequel s'adossent les bas-fonds. On y pense jamais mais Sina plonge très profondément sous terre. C'est déjà stupéfiant, mais il y a mieux. J'ai discuté avec de vieux terrassiers pleins d'anecdotes fascinantes qui se sont transmises. Les bas-fonds sont à l'origine une grotte naturelle quelque peu excavée par la main de l'homme. Ces braves ouvriers m'ont raconté que le Mur Sina ne se contentait pas de traverser les bas-fonds du sol au plafond ; il descendait encore plus profondément, des mètres et des mètres plus bas, si profond qu'on ne pouvait en découvrir la base.
Cela m'a stupéfié. J'avais la preuve ultime que les Murs n'étaient pas une oeuvre humaine. J'ai alors repensé aux discours des révérends du culte du Mur - qui était devenu très puissant durant mes années sous terre. Avaient-ils raison ? Depuis, je suis persuadé qu'une force surnaturelle a présidé à cette construction. Pas un dieu, comme ils le disent, mais quelque chose qui y ressemble... Et ce n'est pas tout. Certains habitants des bas-fonds prétendent que lorsqu'ils se promènent près de la muraille - on ne peut l'atteindre qu'en traversant le quartier est et en se dirigeant vers l'extrémité nord-est du point le plus haut et escarpé du quartier -, ils peuvent parfois entendre comme un profond soupir rauque, cadencé, très lent et très profond ; comme une respiration...
Le caporal émet un tcch incrédule, la joue écrasée sur la paume de sa main, mais le major n'a aucune réaction. C'est le genre d'homme à éprouver des émotions si violentes que pour un observateur extérieur, il aurait l'air de ne rien éprouver du tout. Je ne suis pas fou, je vous assure. Je suis allé vérifier. C'est vrai qu'il y a un son très étrange à cet endroit, mais comme personne n'y va en général, cela passe inaperçu. On pourrait le prendre pour un simple écho souterrain naturel, mais... croyez-le ou non, j'ai eu l'impression qu'il y avait quelque chose là-dedans ; de gigantesque, et qui dormait... et qu'il ne fallait pas réveiller...
Les années ont passé, je n'avais plus un sou, mais j'ai gardé un de mes biens les plus précieux : mes papiers d'identité. Avec eux, je pouvais retrouver la surface. J'ai constaté que j'étais vieux, et que mon passé était derrière moi. Je suis remonté il y a quelque temps et j'ai essayé de me reconstruire une petite vie discrète. Plus d'écriture pour moi. J'ai réussi à récupérer quelques économies que j'avais cachées avant de m'enfuir et je vis de cela à présent. J'écume les marchés pour tenter de me refaire une collection d'ouvrages convenables. J'aime être entouré de livres, voyez-vous ? Et c'est ainsi que je suis tombé sur le caporal l'autre jour ; avec cette belle première édition très rare du "Royaume des Trois Déesses". Son auteur a été très malin. Il a glissé des allusions aux secrets des Murs dans son texte, que seuls des initiés peuvent déchiffrer. Je ne doute pas un instant que vous l'ayez remarqué, major Smith ?
Il approuve, et je m'autorise une petite pause. Narrer ainsi mon histoire m'a fatigué, mais aussi rappelé tant de choses... Cela a quelque chose d'un peu sinistre de se pencher sur sa propre vie et de constater qu'il reste devant vous bien moins d'années qu'il n'y en a derrière... Vous savez, j'ai soixante-huit ans, et je ne peux plus me battre comme auparavant... Les jeunes comme vous, c'est vous qui avez l'Histoire entre vos mains, qui l'écrivez. Moi, je ne suis plus qu'une archive. M'avoir permis de vous parler est déjà un honneur. Je n'en espérais plus tant au crépuscule de ma vie. Si j'ai pu vous être utile...
Smith affirme que je leur ai été plus qu'utile, et que c'est lui qui est honoré de m'avoir parlé. Ecoutez, je peux peut-être faire un peu plus... Je fouille dans mon veston et en sors le livre, racorni, aux pages froissées, à la couverture si familière... Je n'ai jamais pu me résoudre à le vendre, celui-là... C'est sans doute le dernier exemplaire en circulation. Je le pousse sur la table vers Smith qui le regarde avec respect. Ne faites pas attention au nom d'auteur, c'était mon pseudonyme - Bisen Flodauh, une anagramme un peu piteuse, je dois dire. Dedans, vous trouverez le fruit de mes recherches, rien ne manque. Aah ! regardez ce dessin ! Jaco avait vraiment un de ces talents !... Paix à son âme...
Il m'est très précieux mais je vous l'offre. Il ne me sera d'aucune utilité dans la tombe. Vous y puiserez sans doute des vérités utiles. Et pour vous, caporal, voici l'édition récente du sixième tome du "Royaume des Trois Déesses", comme convenu. Vous avez amené l'autre ? Il exhibe alors le volume et nous procédons à l'échange. Ah ! quel bel objet ! Les livres sont vivants, vous savez ? Rien de ce qu'on leur fait dire n'est sans conséquence. La moindre phrase engage toute notre humanité. Nous sommes ce que nous écrivons, ce que nous lisons. Ecrire un livre, c'est accoucher d'un enfant imprévisible... Je vous confie le mien.
J'estime que notre entrevue doit maintenant se terminer ; je suis bien fatigué... Je me lève et coiffe mon chapeau. Smith se lève pour me saluer et je l'informe que je préfère sortir avant eux. Je m'adresse pour la dernière fois à ces deux jeunes hommes. Restez curieux. La vérité est une vertu et quelque chose me dit que vous la trouverez. Il faut se battre pour elle, bec et ongles. Et la transmettre au peuple. C'est un droit. Quels que soient les sacrifices, si vous cherchez la vérité, alors vous serez des hommes de bien.
Retrouvez Maria. Et si vous en avez l'occasion un jour, écoutez battre le coeur de ses deux soeurs...
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