Tumgik
#loup hurlant
pourquiteprendstu · 8 months
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jloisse · 5 months
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✅ Je vous conseille de regarder cette courte vidéo.
🔹 Tu es comme un...loup hurlant
bruyamment juste avant la mort !
🔹Tu es comme une... merveille qui dure, mais seulement neuf jours !
🔹 Tu es comme un... papier qui a brûlé vite, toi aussi !
🔹Tu es comme... un appareil affaibli qui est sur le point d'exploser !
🔹...Comme le montre l'écran d'un moniteur cardiaque, ta vie touche à sa fin !
🔥Va au diable !
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ao3feed-peterstiles · 6 months
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Le phénix hurlant et les loups qui l'aiment
Read it on AO3 at https://archiveofourown.org/works/52222636 by MysteryPotato2 "Le phénix hurlant et les loups qui l'aiment" English translation "The howling phoenix and the wolves who love it"   Stiles is a human who was there for everyone. All of their little inconveniences and problems. Each and every one of them. Then one day his friend gets bit by an alpha and starts to turn and he's there for him like any best friend would be except Stiles isn't quite so human. He walks with his friend through his journey and then he starts meeting new people and he finds his mates. Two beautiful wolfs who drive him absolutely insane. However he wouldn't change them for the world.   This does talk about past abuse, rape, victim blaming, and other things along those lines. In this story Stiles dad will be called Noah and well things in the Stilinski household were not good after Claudia died. Words: 1067, Chapters: 1/?, Language: English Fandoms: teen wolf - Fandom Rating: Mature Warnings: Rape/Non-Con, Underage Characters: Noah Stilinski, Stiles Stilinski, Scott McCall (Teen Wolf) Relationships: Stiles Stilinski/Noah Stilinski, Isaac Lahey/Stiles Stilinski, Peter Hale/Stiles Stilinski Additional Tags: Past Sexual Abuse, Past Child Abuse, Past Relationship(s), Creature Stiles Stilinski, Phoenix Stiles Stilinski, Siren Stiles Stilinski, I call him Noah in this, Parent/Child Incest Read it on AO3 at https://archiveofourown.org/works/52222636
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scarlettcharitybaker · 9 months
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Enfant Loup
Venir plus près
Si tu oses
Pendant que je caches dans la forêt
Pendant que je caches à la vue de tous
Venir plus près
Si tu oses
Si tu n'as pas peur
Tsukina vient là
Quand c'est une pleine lune
Après le coucher du soleil
Et sa vraie forme sort
Elle est allongée là
Pendant qu'elle est hurle par la lune
Elle est un enfant sauvage
Si sauvage et libre
Pendant qu'elle chasse le sang
Elle chasse ses ennemis
Cacher dans la forêt
Petite Tsukina
Hurlant par la lune
Elle est si sauvage
Pendant qu'elle joue
Tsukina est un enfant sauvage
Elle va grogner
Si tu t'approches d'elle
Elle fera couler du sang avec ses griffes
Si jamais tu oses la blesser
Si jamais tu oses la toucher
Elle n'a pas peur
Elle chasse qui elle veut
Quelqu'un qu'est près à son territoire
Elle va hurlera par la lune
Quand c'est une pleine lune
Tsukina est un enfant loup
Tsukina est à la recherche de sang
Cacher dans la forêt
Cacher à la vue de tous
Elle vient
Quand c'est la nuit
Quand la nuit tombée
Tsukina est là pour le sang
Elle sent la peur
Pendant qu'elle chasse ses ennemis
Elle est là pour le sang
Tsukina est à la recherche de sang
Cacher dans la forêt
Cacher à la vue de tous
Petite Tsukina
Hurlant par la lune
Elle est si sauvage
Pendant qu'elle joue
Tsukina est un enfant sauvage
Elle va grogner
Si tu t'approches d'elle
Elle fera couler du sang avec ses griffes
Si jamais tu oses la blesser
Si jamais tu oses la toucher
Elle n'a pas peur
Elle chasse qui elle veut
Quelqu'un qu'est près à son territoire
Elle va hurlera par la lune
Quand c'est une pleine lune
Tsukina est un enfant loup
Tsukina est là-bas dans la forêt
Quand c'est une pleine lune
Après le coucher du soleil
Puis sa vraie forme sort
Elle est à la recherche de sang
Chasser ses ennemis
Elle n'a pas peur
Pendant qu'elle est chasser ses ennemis
Pendant qu'elle est à la recherche de sang
Elle ne montres aucune pitié
Alors qu'elle les assassine de sang froid
Tsukina est là-bas dans la forêt
Où elle est hurler par la lune
Où elle est chasser ses ennemis
Où elle est à la recherche de sang
Tsukina est là-bas dans la forêt
Cacher dans la forêt
Petite Tsukina
Hurlant par la lune
Elle est si sauvage
Pendant qu'elle joue
Tsukina est un enfant sauvage
Elle va grogner
Si tu t'approches d'elle
Elle fera couler du sang avec ses griffes
Si jamais tu oses la blesser
Si jamais tu oses la toucher
Elle n'a pas peur
Elle chasse qui elle veut
Quelqu'un qu'est près à son territoire
Elle va hurlera par la lune
Quand c'est une pleine lune
Tsukina est un enfant loup
Tsukina est là-bas pour le sang
Cacher dans la forêt
Cacher à la vue de tous
Elle vient là
Quand c'est la nuit
Quand c'est le crépuscule
Tsukina est là pour le sang
Elle sent la peur
Chaque fois qu'elle est chasser ses ennemis
Chaque fois qu'elle est là pour le sang
Tsukina est hurler par la lune
Pendant dans la forêt
Tsukina est là-bas pour le sang
Cacher dans la forêt
Cacher à la vue de tous
Petite Tsukina
Hurlant par la lune
Elle est si sauvage
Pendant qu'elle joue
Tsukina est un enfant sauvage
Elle va grogner
Si tu t'approches d'elle
Elle fera couler du sang avec ses griffes
Si jamais tu oses la blesser
Si jamais tu oses la toucher
Elle n'a pas peur
Elle chasse qui elle veut
Quelqu'un qu'est près à son territoire
Elle va hurlera par la lune
Quand c'est une pleine lune
Tsukina est un enfant loup
Tsukina est une chienne impitoyable
Chaque fois qu'elle est chasser ses ennemis
Chaque fois qu'elle est chasser pour le sang
Elle va assassiner de sang froid
Sans aucune hésitation
Elle chasses quiconque elle veut
Elle ne montres aucune pitié
Elle n'a pas peur
Tsukina est une chienne impitoyable
Sans aucune hésitation
Tsukina est une chatte impitoyable
Qui n'hésite pas
Petite Tsukina
Hurlant par la lune
Elle est si sauvage
Pendant qu'elle joue
Tsukina est un enfant sauvage
Elle va grogner
Si tu t'approches d'elle
Elle fera couler du sang avec ses griffes
Si jamais tu oses la blesser
Si jamais tu oses la toucher
Elle n'a pas peur
Elle chasse qui elle veut
Quelqu'un qu'est près à son territoire
Elle va hurlera par la lune
Quand c'est une pleine lune
Tsukina est un enfant loup
Tsukina est hurler dans la forêt
Par la lune
Elle est impitoyable
Pendant qu'elle est chasser ses ennemis
Pendant qu'elle est chasser pour le sang
Elle va assassiner quiconque de sang froid
Sans aucune hésitation
Sans aucune pitié
Elle sent la peur
Chaque fois qu'elle est là dans la forêt
Chaque fois qu'elle est chasser
Tsukina est hurler dans la forêt
Par la lune
Cacher dans la forêt
Cacher à la vue de tous
Petite Tsukina
Hurlant par la lune
Elle est si sauvage
Pendant qu'elle joue
Tsukina est un enfant sauvage
Elle va grogner
Si tu t'approches d'elle
Elle fera couler du sang avec ses griffes
Si jamais tu oses la blesser
Si jamais tu oses la toucher
Elle n'a pas peur
Elle chasse qui elle veut
Quelqu'un qu'est près à son territoire
Elle va hurlera par la lune
Quand c'est une pleine lune
Tsukina est un enfant loup
Tsukina est un loup impitoyable
Chaque fois qu'elle est chasser ses ennemis
Chaque fois qu'elle est chasser pour le sang
Les assassiner de sang froid
Elle n'a pas hésitation
Elle n'a pas pitié
Pendant qu'elle est les assassiner de sang froid
Tsukina est là-bas chasser
Chasser ses ennemis
Chasser pour le sang
Elle n'a pas peur
Pendant qu'elle est là dans la forêt
Pendant qu'elle est chasser
Tsukina est un loup impitoyable
Quand elle est chasser ses ennemis
Quand elle est chasser pour le sang
Cacher de ses ennemis
Petite Tsukina
Hurlant par la lune
Elle est si sauvage
Pendant qu'elle joue
Tsukina est un enfant sauvage
Elle va grogner
Si tu t'approches d'elle
Elle fera couler du sang avec ses griffes
Si jamais tu oses la blesser
Si jamais tu oses la toucher
Elle n'a pas peur
Elle chasse qui elle veut
Quelqu'un qu'est près à son territoire
Elle va hurlera par la lune
Quand c'est une pleine lune
Tsukina est un enfant loup
Tsukina est si commis de sang froid
Quand elle est chasser
Quand elle est chasser dans la forêt
Elle n'a pas peur
Pendant qu'elle est là-bas dans la forêt
Pendant qu'elle est cacher dans la forêt
Elle n'a pas hésitation
Elle n'a pas pitié
Chaque fois qu'elle est chasser ses ennemis
Chaque fois qu'elle est chasser pour le sang
Et elle est les assassiner de sang froid
Sans aucune hésitation
Sans aucune pitié
Tsukina est si commis de sang froid
Chaque fois qu'elle est chasser
Chaque fois qu'elle est chasser dans la forêt
Cacher dans la forêt
Cacher à la vue de tous
Cacher de ses ennemis
Petite Tsukina
Hurlant par la lune
Elle est si sauvage
Pendant qu'elle joue
Tsukina est un enfant sauvage
Elle va grogner
Si tu t'approches d'elle
Elle fera couler du sang avec ses griffes
Si jamais tu oses la blesser
Si jamais tu oses la toucher
Elle n'a pas peur
Elle chasse qui elle veut
Quelqu'un qu'est près à son territoire
Elle va hurlera par la lune
Quand c'est une pleine lune
Tsukina est un enfant loup
Venir plus près
Seulement si tu oses
Pendant que je caches dans l'ombre
Pendant que je caches dans l'obscurité
Venir plus près
Seulement si tu oses
Seulement si tu n'as pas peur
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agrego9 · 9 months
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Briancon, julij 2023
Z Majo sva se začetek julija na dopust odpravila v klasično poletno plezalno regijo - Briancon v Franciji. Spala sva kar v avtu, ki je bil poleg neštetih zvezd, najin dom kar 3 tedne. Vreme ni moglo bolj sodelovati, saj sva imela vse dni sončno in hladno vreme (puhovke so zvečer zelo prav prišle). Dopust je kot vedno hitro minil, ostal pa bo v zelo lepem spominu :)
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Ko se zjutraj zbudiš in te iz postelje čaka tak razgled :)
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Tournox, najin dom kakšnih 5 dni.
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Plezališče Tournox. Tudi volkovi so na koncu zapeli :) Po francosko - Loups hurlant 8a+.
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Igra z metuljem xD
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Kanjon Rue des Masques, ponuja odlično plezanje po konglomeratu in osvežitev v reki po uspešnem plezalnem dnevu :)
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Igra proti nočnemu metulju xD
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Šla sva si pogledat plezališče La Saume, ki ni razočaralo, zato sva kar nekaj dni ostala tukaj. Definitivno eno boljših poletnih plezališč v Brianconu.
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Na desni visoka stena, s tudi do 80m dolgimi smermi, v ozadju na levi strani pa manjša stena, s 15m zelo previsnimi smermi. Ambient je fantastičen!
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Za nekaj dni sta se nama pridružila Daša in Robi. Super smo se meli :)
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Saume sweet home 8a. Huda smer v levi steni.
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..so fun :)
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Obiskala sva tudi plezališče Oreac, z nekaj zelo dolgimi previsnimi smermi. V desnem sektorju me do naslednjič čakata še dve.
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Zadnjih nekaj dni sva preživela v popularnem Rocher des Brumes, kjer se je s koncem dopusta uspešno zaključil strike -> 8 plezalnih dni z vsaj eno 8-ko na dan :D
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ellanainthetardis · 9 months
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En tant que fan de Severus, que penses-tu de l'incident de la Cabane Hurlante ?
Je sais que c'est souvent décrit comme une tentative de meurtre de la part de Sirius dans le fandom, et je suis d'accord pour dire que c'était con de sa part de dire à Severus comment accéder à la Cabane, mais pour moi Severus était encore plus stupide de s'y rendre. Il était quasiment convaincu que Remus était un loup-garou, alors quel était son projet en y allant ? Il pensait pouvoir vaincre le loup en duel et montrer son corps inconscient aux autres élèves pour faire virer Remus ? Il voulait abattre Remus sous sa forme de loup ? Il voulait le prendre en photo ? Sinon, perso je ne qualifierais pas ça comme une tentative de meurtre de la part de Sirius vu qu'il n'a fait que lui donner l'information sur le passage secret mais ne l'a pas attiré dans la Cabane ou piégé pour qu'il s'y rende (mais c'est tout de même une énorme trahison envers Remus qui aurait pu voir sa vie complètement détruite du jour au lendemain)
Oui je suis assez d’accord… c’était juste super con pour pleins de raisons. Je pense pas qu’il voulait que severus meure. Peut-être le voir blessé. Mais clairement il a jamais réfléchi plus loin que le bout de son nez à ce que ça aurait pu impliquer pour remus… Ou alors il pensait que severus se dégonflerait avant même de toucher le saule cogneur parce qu’il ne pense pas que severus est courageux.
Quant à severus je pense que c’est une des ces personnalités qui a une curiosité maladive. Il doit savoir. Avoir la preuve concrète de ses yeux vus le valorise dans sa propre opinion de lui-même. Après est-ce qu’il savait qu’il allait se retrouver face à un loup aussi… on sait pas exactement ce qu’a dit sirius, si? Si faut il lui a juste laissé entendre que c’était la qu’ils fomentaient leurs plans machiavéliques… il s’attendait peut-être ps a trouver un loup en liberté…
Disons que c’est pas une tentative de meurtre vraiment mais si severus était mort ça aurait été un homicide involontaire. Un peu prémédité xD
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zehub · 1 year
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VIDÉO. Dans les Deux-Sèvres, des loups annoncent la réplique du tremblement de terre en hurlant
"Les loups nous ont prévenus", affirment les responsables du Sanctuaire des loups qui ont filmé la scène.
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onzedieuxsouriants · 1 year
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Comment Ysengrin trouva Hersent chez Agrion.
Il advint un jour que le Vicomte Ysengrin alla marcher, en peau de guerre, aux portes du palais aux sept halls où demeurait le Comte Agrion.
Les terres de la Comté de Beauté étaient petites, par dix fois plus petites que les terres du maître du Vicomte Ysengrin, qui étaient les bois de la Comté des Loups. Elles étaient faites de prairies de pavots sauvages et de haies de roses, avec, ça et là, un village blotti sous le soleil. Les blés s’y balançaient de jour et les grillons chantaient. Mais la nuit ! La nuit, lui avait-on dit, tout Vicomte soyez-vous, tout loup soyez-vous, en peau de guerre ou en peau de paix, ne marchez pas dans les prés du Comte de Beauté !
Il était, du reste, facile de traverser d’un seul jour de voyage vigoureux ces terres si petites. Il n’en avait pas toujours été ainsi, et autrefois, paraissait-il, le domaine de Beauté s’était étendu aussi large que ceux de tous les Comtes. Mais son maître était fragile autant que vicieuse et avait juré contre la guerre qu’iel ne savait pas faire. Et iel avait laissé manger ses terres, se tordant les mains auprès de la Reine, qui ne s’en préoccupait guère. Le Comte des Aulnes avait pris cela, la Comtesse Carnasse avait pris ceci, et tout le reste, le Comte Versipelle, le maître d’Ysengrin, l’avait arraché.
Aux portes du palais, donc, s’annonça le Vicomte et toute sa suite. Les portes étaient gardées par deux très belles statues de pétales de rose, l’une blanche, l’autre rouge.
« Qui vient au Domaine de Beauté, qui s’avance au palais de Beauté, qui s’annonce au Comte de Beauté, la Dame Agrion, Maître de la Menée Belle, Premier Consort de la Reine Changeline ? fit la statue blanche.
- Je suis le Vicomte Ysengrin de la Menée Hurlante, et je viens au nom de mon maître, le Comte Leu le Versipelle. Derrière moi est ma menée.
-Et qu’est-ce qui amène le Vicomte Ysengrin de la Menée Hurlante à réclamer, au nom de son maître, le Comte Leu le Versipelle, l’entrée du palais de Beauté, l’accueil du Comte Agrion de Beauté ? » fit la statue rouge.
Ysengrin remonta le col de sa peau de guerre, hérissée de poils collés comme des aiguilles. Ses troupes étaient tout autant hérissées et les deux gardes n’avaient rien en main. Le protocole n’était que cela : protocolaire, car les portes s’ouvraient déjà. Il répondit du bout des crocs :
« Le sort de Dame Hersent m’amène ! »
Et les portes s’ouvrirent sur le premier des halls. La statue blanche allait répondre, et Ysengrin allait sortir les griffes, quand il vit s’avancer Agrion, une main tendue en guise d’apaisement. Le Comte de Beauté portait ce jour là un visage pâle et souriant, aux longs cheveux en cascades de coquelicots, et aurait presque pu passer pour humain. Les manches bouffantes de son habit faisaient de ses deux paires de bras, une seule, et les yeux surnuméraires de son visage étaient modestement clos et cachés sous des points de maquillage – rouge, bien évidemment. Iel était en habit modeste de diamants blancs et de rubis rouges, presqu’humain, humble et, Ysengrin le sentit sur sa langue de guerre, effrayé.
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Une main posée sur le cœur, Agrion s’inclina.
« Nous sommes navrés d’apprendre que nos lettres n’ont point atteint les terres versipelles, concernant Dame Hersent. Je vous en prie, Vicomte Ysengrin, entrez, car la nuit tombera bientôt et, si je ne doute pas que vous courriez vite et puissiez sans mal atteindre les frontières de mon domaine avant le crépuscule, il me déplairait de vous laissez repartir sans faire montrer d’hospitalité, puisque vous êtes ici. »
Iel parlait avec une voix rauquement douce, presque éplorée. Ysengrin n’avait doute que tout cela était destiné à l’attendrir et à l’apitoyer. Pauvre Comte Agrion ! Pauvre créature de Beauté dont la plus terrible armée étaient une paire de topiaires ! Pauvre menteuse, manipulatrice, pétasse de consort ! Ses mots mielleux ne l’apaiseraient pas. Ysengrin posa le pied sur la marche de marbre la plus haute et saisit brutalement la main tendue du Comte, pour y déposer le baisemain le plus furieux qui fut.
« Vous êtes trop aimable, Comte. Et nous resterons, en effet, le temps qu’il sera nécessaire pour retrouver la Dame Hersent. »
« Doux Seigneur ! Si j’entends votre mission, je dois vous avertir… non, entrez, avant tout, entrez dans mes halls et défaites-vous de vos peaux de guerres… si, si, j’insiste ! Il n’est guère approprié de porter tels atours au sein du Domaine de Beauté, quoique j’apprécie l’audace et la fraîcheur de me les présenter ainsi… ! »
Ysengrin sourit de toutes ses dents.
« Avez-vous fait laisser sa peau à l’entrée à Dame Hersent, Comte ? Hé bien ? »
« Ciel, non ! J’entends, gentil seigneur, tous vos soupçons, cependant je n’ai pas déparé Dame Hersent, et c’est de sa peau vêtue qu’elle entra ici… néanmoins, le confort ! Vous ne serez guère aise dans ces grandes peaux de guerre, si je dois tous vous recevoir dans le premier de mes halls… et je n’oserais séparer votre menée, de crainte que vous ne me craigniez. »
Le premier hall était grand et d’un bleu frais comme le ciel d’été. Les talons d’Ysengrin et de ses troupes y résonnèrent, Agrion trottant aux côtés de son « invité », les poings serrés sur les pans de sa robe pour s’en dépêtrer et rester à sa hauteur.
Le visiteur fit quelques pas conquérants avant de daigner répondre.
« Fort bien, nous n’avons pas, je le vois, besoin de peaux de guerre. » Le hall était presque vide, et les seuls à s’y attarder n’étaient que des serviteurs de verre filé et de promesses d’enfance, des choses fragiles et belles qui ne leur opposeraient aucune résistance. La plupart des courtisans du Comte semblaient bien timides et effrayés, presque autant que leur maîtresse, à l’arrivée de la menée. Bien, songea-t-il. Bien.
Mais la peur, il le savait aussi, menait au désespoir, et le désespoir n’était pas toujours celui que l’on aime dévorer ; parfois, c’est celui des derniers actes de brillance et de gloire. Le Comte semblait bien lâche et fragile, ellui aussi, mais, et Ysengrin ne risquait pas de l’oublier, c’était en son domaine qu’Hersent avait disparu. Le Vicomte passa ses mains à l’entournure de son visage et entreprit de retourner sa peau. Une servante d’Agrion s’avança pour l’aider, et il gifla violemment sa main écorchée hors de portée. Les versipelles n’étaient pas de précieux courtisans. Ils retiraient leurs propres bottes et retournaient leurs propres peaux. Ysengrin cracha au sol, comme il est de coutume quand on déteste les serviteurs de quelqu’un et rajusta son col de peau tendre. Il portait, ces derniers temps, si peu sa peau de paix que son propre regard le surprit dans le miroir que lui tendit un de ses serviteurs. Il rajusta une oreille velue qui s’était décalée, mira le gris de ses tempes et celui, plus clair de ses yeux, constata quelques rides nouvelles et soupira en son for intérieur. Voilà ce qui arrivait lorsqu’une peau passait sa vie retournée : elle fripait ! Peu lui importait cependant, car il n’était pas un dindon vaniteux, et sa peau de guerre portait tant que cicatrices que sa peau de paix pouvait bien tomber en lambeaux sans risquer de lui faire de l’ombre.
Derrière lui, ses gens aussi s’étaient retournés et s’ajustaient. Il constata avec amusement, et une certaine fierté, qu’il ignorait jusqu’au visage de paix de certains de ses vétérans les plus fidèles.
A côté, les gens de Beauté les avaient observés, l’œil fixe, doux et luisant tout à la fois. Agrion tendit une main fascinée pour passer quelques longs doigts blancs sur l’avant-bras velu d’Ysengrin.
« Pardonnez, Ô Vicomte, car je n’ai jamais vu de près… ! » et le Vicomte saisit ces doigts dans son poing, serrant et repoussant tout à la fois. Il y avait quelque chose de malaisant au contact délicat de la main du Comte de Beauté.
« Et vous pouvez voir sans toucher. »
« Diantre, que vous êtes méchant, mon doux seigneur Ysengrin ! » Iel eut un petit rire. Ysengrin se souvenait de son maître, qui lui avait dit de ne pas plus laisser Agrion le toucher qu’il ne devait traverser son domaine nuitamment. « Ce n’était que la fascination, car, le savez-vous ? Votre menée et la nôtre ne sont pas si différentes sur ce point. Vous retournez vos visages, et nous, gens de beauté, en portons cent. Je n’avais jamais vu un versipelle se changer d’aussi près. »
En de gestes grâcieux, l’hôte ordonnait ses serviteurs, tout en continuant la conversation auprès d’Ysengrin. La peur se sentait moins à présent, et la langue humaine d’Ysengrin ne percevait guère plus que les goûts ténus et fades des parfums du palais. Porter la peau de paix, c’était nager dans un coton sensoriel. La vue, seule, et peut-être un peu le toucher, s’amélioraient de ce côté de la pelisse.
« Ma chère Comte, vous portez des masques pour l’apparat. Nos peaux sont pour la guerre. » 
« La beauté est une guerre en soi, mais j’entends que ses champs de bataille ne vous évoquent rien. »
Agrion se retourna vers lui avec un sourire modeste. Derrière cette modestie, la plus grande arrogance du monde. Ysengrin n’était pas courtisan ; c’était, même en peau de paix, un guerrier et un conquérant. Le Versipelle avait arraché son immense domaine des mains des autres Comtes de Fée. Agrion avait gagné le sien dans le lit de la Reine Changeline. Oh, en lui demandant de remettre sa peau de paix, iel avait dû penser ramener Ysengrin dans son domaine, là où les mots faisaient tout, là où iel était la mieux armée. Où iel se pensait la mieux armée, en tout cas. Ysengrin se moquait bien qu’on le dise laid, mais il fallait décrocher le sourire du Comte. Son poing se tendit et attrapa le sautoir d’Agrion, tira violemment jusqu’à voir les rubis rentrer dans la chair du cou, tira jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que l’espace d’un soupir entre leurs deux visages. Celui du Comte s’était figé. Très lentement, très délibérément, Ysengrin siffla :
« Ne m’insultez pas. Je suis venu pour une chose, et avec ma peau ou non, je l’obtiendrai de vous. Où est Hersent ? »
L’autre ferma les paupières et souffla doucement. Sa main blanche se glissa sur le poignet du Vicomte, pour tenter de desserrer la prise. Là c’était assez proche pour le sentir de nouveau, ce goût de peur, même avec une langue engourdie. Bien.
« La Dame Hersent vint, il est vrai, porter comme vous les respects et présents du Seigneur Leu, votre maître. Ce que j’espérais vous dire, Ô doux, aimable, gentil, tendre seigneur, autour d’un dîner et non point sur mon paillasson, c’était que la Dame s’en est allée, et que je puis vous assurer, sans menterie aucune, qu’il n’est ici nulle Dame Hersent. Il n’y a que moi, et vous savez que je n’ai pas de vassaux majeurs ou de châteaux secrets où cacher une vicomtesse de la Menée Hurlante. Mon domaine n’est que plaines et ce palais, que je vous invite de mon plein gré à visiter. Vous savez également pour principe, doux seigneur, doux seigneur, que je ne tue point. »
La voix, qui se voulait égale, trembla très légèrement. La main blanche sur son poing s’était faite pressante, sans parvenir à dénouer les doigts d’Ysengrin. Un véritable Comte de Fée était aussi immortel que puissant, mais Agrion… ah, réalisa Ysengrin, la chute est encore plus proche que l’on ne le pense, s’iel ne peut même pas se libérer de l’emprise de ma peau de paix.
Le doute s’insinua en Ysengrin. Le Comte de Beauté était la plus grande des menteuses, c’était indéniable. Mais ce qu’iel disait était tout aussi dur à nier. La Comté n’était pas grande et la menée l’avait écumée en passant. Hersent n’était pas facile à cacher et encore moins à maîtriser ou à tuer.
« Et la nuit ? »
« La Dame n’est point partie de nuit, mais peut-être y est-elle restée. Qui sait ? Je ne sais point. Je vous le répète, il n’y a, ici, que moi. Je vous expliquerai son séjour si cela peut vous apaiser et vous lancer sur la piste de votre épouse. »
Alors, seulement alors, Ysengrin relâcha son emprise sur le collier. Il avait serré si fort que les pierres rouges et blanches avaient percé ses paumes d’humain fragile. Autour de la gorge d’Agrion, des ruisselets de sang formaient des rayures, qui descendaient jusqu’à teinter le col de sa robe blanche. Son visage était doux et impassible, avec, de nouveau, ce petit sourire. Différent de l’odeur de peur qu’iel dégageait. Les illusions ! Les masques illusoires, les glamours, étaient à la Menée Belle ce que les peaux étaient à la Menée Hurlante. Il suffisait maintenant à Ysengrin de savoir que ce petit sourire arrogant n’était pas réel. Un bref instant, l’envie de tâter le visage de son interlocutrice, de ses poings, lui passa. Quelles expressions, voire quelles difformités, se cachaient sous la peau blanche et sous le maquillage rouge ? Iel ne devait pas pouvoir tout cacher.
« Restez cette nuit, Ô bel Ysengrin, dînez avec moi et peut-être comprendrez-vous ce qu’il est advenu de votre Dame. En attendant, voyez mon palais et assurez-vous que nulle Hersent ne s’y trouve. »
Iel s’avança et lui offrit son bras, qu’Ysengrin saisit sans pouvoir s’empêcher de l’écraser, juste un peu. Si iel le sentit, iel ne le montra pas, cette fois.
Sept grand halls furent visités, presque intégralement vides. Les bougies colorées qui y brûlaient illuminaient les pistes de danse et les fosses orchestrales pour bien peu de servants, très peu d’hommes ou de femmes de compagnie. Certains humains, certains fées mais aucun, pourtant, de haut rang. Des portraits en pied ornaient les murs immenses, et, quoiqu’ils représentassent tous des personnages différents, Ysengrin eut rapidement la certitude qu’il n’y avait là que des portraits d’Agrion. Les masques d’Agrion. Les déguisements d’Agrion. Les maquillages d’Agrion. Agrion en jeune humain visitant incognito son domaine, Agrion en musicienne colorée, Agrion insectoïde en amante de la Reine. Les peintures étaient toutes exécutées de main de maître, mais ni le nez, ni les yeux humains d’Ysengrin ne le trompèrent. Elles commençaient toutes à être piquée d’eau et de pourriture. Certaines étaient même lourdement balafrées, maladroitement recousues et repeintes. Comme si un guerrier ne savait pas reconnaître une cicatrice !
Hersent n’était nulle part. Son odeur même avait disparu, semblait-il, quoiqu’il fût difficile pour le Vicomte de se fier au nez de sa peau de paix. Les serviteurs qui laissaient pourrir les portraits avaient dû prendre bien soin d’effacer sa Dame… lorsque, au bout de deux heures, ils achevèrent leur visite du septième hall, Ysengrin sentit de nouveau la colère monter en lui.
Mais tuer le Comte n’était pas possible maintenant. Ces choses là ne se faisaient que par la grâce de la Reine Changeline, et un Comte sans domaine pouvait toujours bien prétendre à son immortalité. Pourtant… tout cela semblait si facile à prendre, si offert ! Ysengrin songea que le Seigneur Leu lui avait bien demandé, si possible, d’humilier un peu sa rivale… non, si possible de l’humilier beaucoup. Mais il n’avait rien mentionné à propos du fait de la dévorer et de prendre le pouvoir. Prendre le pouvoir au Comté de Beauté, cela semblait si simple ! Mais le tenir sans s’attirer les foudres du Comte Leu le Versipelle, cela paraissait dangereux.
« A quoi songez-vous, doux seigneur ?
-Que vous avez une dernière chance de me dire la vérité. Et arrêtez de m’appeler doux seigneur.
-N’en veuillez pas à un artiste de rêver que ses mots finissent par vous toucher. Mais je puis vous appeler rude seigneur s’il vous plaît mieux.
-Comte Ysengrin, ce sera suffisant. 
-Oh, Comte ? M’auriez-vous gardé quelque terrible nouvelle de la Comté des Loups ? Comment va le Comte Leu ?
-Je le représente. Je sais que vous vous moquez de moi depuis tout à l’heure. Je sais qu’un VICE-comte doit être appelé Comte. Vous pensez vraiment que le Comte Versipelle ne se ferait représenter que par des brutes, n’est-ce pas ? Vous m’appelez Vicomte depuis tout à l’heure. Vos servants aussi. Mais c’est Comte. Je représente le Comte Versipelle. Je suis le Comte Ysengrin, POUR VOUS.
-Je ne présume rien de ce que peut faire le Comte Versipelle, car je n’ai point l’habitude de traiter avec ses représentants… Comte Ysengrin. »
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Ils voltèrent enfin, la dernière tenture rouge atteinte et inspectée, et commencèrent la marche inverse, vers le premier hall où le dîner, et la majorité de la Menée Hurlante, étaient restés.
« Le Comte Versipelle et moi-même, croyez-le ou non, avons habituellement une relation plus proche. Oh, je ne dirais pas complice, et je ne pense rien avoir à apprendre à un fin politicien concernant nos relations parfois violentes… si vaste est son domaine, ces derniers temps, que j’entends fort bien qu’il ne puisse plus en sortir pour rendre visite à ses plus anciennes amies. »
Ysengrin avait toute la peine du monde à imaginer Leu et la méprisante petite Comte proches de quelque manière que ce fût.
« Vous êtes surpris ? Nous sommes tous deux chasseurs, pourtant. Leu est le maître de la chasse carnassière. Je suis la maîtresse de la chasse spirituelle. Quelles que soient par ailleurs ses aspirations vis-à-vis de ma Comté, nous sommes proches et nous échangeons souvent.
-Je ne vous vois pas chasser.
-Mais je chasse ! Je chasse la plus terrible et la plus dangereuse des choses, je chasse la Beauté, je chasse l’Art ! Parfois, au détour d’un chemin, on l’aperçoit, on le poursuit, lèvres écumantes… haletant, on s’arrête pour tirer un trait. Parfois, cela fait mouche, parfois cela manque. Nous l’accrochons au mur ensuite, mais nous savons, n’est-ce pas ? Vous, moi, ce cher Leu également, et assurément votre douce Hersent, que ce qui est grisant dans la chasse, ce n'est pas le trophée, c'est la poursuite. Toujours nous chassons. Et de cette façon, le Comte Leu et moi somme de parfaits rivaux et de parfaits amis. »
Le visage du Comte Agrion s’était illuminé de ferveur. Sa main blanche s’était serrée sur le bras d’Ysengrin, quoique sa poigne fut toujours d’une faiblesse risible. Iel était franche, pour la première fois peut-être. Cela ne dura qu’une fraction de seconde. Iel eut un soupir et posa sa tête contre l’épaule de son interlocuteur. Les dizaines d’ailes de libellule qui lui tenaient lieu de chevelure bruissèrent contre le cuir de l’armure d’Ysengrin.
« Ô gentil seigneur… Ô Comte Ysengrin, je sais que vous devez me haïr pour la disparition de votre épouse, mais restez auprès de moi ce soir. Nous parlerons, et vous verrez qui je suis – et si vous ne désirez pas parler, nous ferons ce que vous désirez. Depuis qu’Hersent est partie, je n’ai plus ici de compagnie. J’espérais une visite du Comte Versipelle, las ! Et ma Reine Changeline a bien peu de temps à accorder, même à son Premier Consort… ce n’est point pour moi la saison des bals, pour que mes gens ici s’amusent et m’amusent de leurs pas… mes halls sont tristes et vides, si, si ! Et à leur image, le Comte de Beauté… »
« Je vais vous frapper. » fit Ysengrin en secouant son épaule pour la libérer du contact (au travers du cuir, délicat et si dérangeant) de la peau d’Agrion. Cellui-ci sourit et se tapota les lèvres de l’index.
« Est-ce une menace ou une proposition ? Les deux peut-être ? Allons dîner avant. »
Et juste ainsi, en un temps incertain, Ysengrin réalisa qu’ils avaient traversé les sept halls, de nouveau, et que le hall bleu, magnifié de musique s’étirait autour d’eux. Il semblait plus grand encore qu’à son arrivée en ce palais absurde. Une immense table, bleue elle aussi, avait été dressée le long du hall, et la menée d’Ysengrin tout comme les courtisans d’Agrion s’y étaient installés. Les serviteurs de filigrane, les statues de choses délicates, avaient tous disparus. A la place, les choses qui erraient le long de la table, armées de cruches de vin et de bols de lupins, étaient d’étranges constructions.
Le regard glissait sur elles comme s’il était dans leur nature que d’être ignorées. Tout au plus pouvait-on percevoir qu’elles avaient un corps, et que ce corps avait certainement des mains, et que ces mains, certainement, tenaient des objets pour les servir aux convives. Au-dessus de ces corps, il y avait des masques, effrayants de beauté et parfaitement inexpressifs. Tous ces masques-là, d’une manière si fine que l’on aurait dit de la chair, étaient taillés aux traits de la maîtresse des lieux. La chevelure d’ailes de libellule, la peau blanche, les deux yeux rouges et les cinq autres points rouges sous lesquels on devinait cinq autres yeux. Les lèvres figées en un petit sourire arrogant.
« Ne dit-on pas que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même ? Si, si ! Cela se dit chez les humains de mon domaine. Maintenant, vous avez amené une certaine troupe avec vous et je serais bien mauvaise hôtesse si je ne les nourrissais point. Ainsi notre table est bien longue, aussi vous proposerai-je de vous installer à ma place, en chef, et je me placerai à la vôtre, à votre gauche ou à votre droite, la main qu’il vous plaira. Réservons l’autre chef de table à Dame Hersent, si elle survient. Oh, vous semblez penser que je me moque ! Mais je ne me moque pas, doux sire, voyez le respect que j’ai pour vous. Prenez ma place. Pour soupe, nous avons de la soupe-miroir : c’est une spécialité locale, c’est très bon avec un peu d’estime râpée. Pour le plat, nous avons désiré faire honneur à vos talents de chasseur. Le dessert vous surprendra peut-être mais c’est une spécialité locale, et c’est très bon à sa manière. Cela n’est guère pesant. »
Ysengrin s’installa. Le hall bleu ciel, bleu d’été, était si vaste et si clair qu’il lui sembla, bien qu’il fasse nuit dehors, que l’on dînait à ciel ouvert. Il avait marché toute la journée, en peau de guerre et en armure. Ce jour illusoire lui donnait le tournis. La musique qui y résonnait était magnifique mais ses accents, ses basses étaient horriblement grinçantes et lui remontaient au bord des lèvres.
« Qu’est-ce que c’est que cette musique, Agrion ?
-Ah ! Vous avez l’oreille et je ne sais pas pourquoi je m’en étonne. Vous êtes un loup, après tout… cela, mon cher, cela illustre la plus chère de mes croyances ! Qu’en chaque chose est son contraire. Voyez et sachez qu’au Comté de Beauté, nous ne nous amusons point des petites vanités princières de nos sœurs et de frères féées des autres domaines. Nos vanités, doux sire, sont énormes et sérieuses. Nous ne faisons pas qu’observer la beauté, nous la cherchons. Et la beauté se meurt quand on la capture, car ainsi se déroule une chasse. Vous comprenez cela.
-Mh-hm.
-Mais une beauté qui meurt, c’est une hideur qui s’embellit. La fadeur d’une fleur coupée, c’est le ravissement de découvrir les formes que ses pétales font en tombant. Ou la beauté de la dance des vers qui la dévorent lorsqu’on la jette en terre.
-Vous êtes complètement folle, Comte.
-Oui ! Merci ! Dans la beauté de nos violons, nous injectons la hideur de mille ongles crissant, parce que c’est là ! Dans son contraire ! Que chaque chose se trouve. Beauté et hideur se nourrissent l’une l’autre et ne meurent jamais. »
La peau de paix d’Ysengrin commençait à sérieusement le déranger. Il aurait voulu la retourner. Mais maintenant ? C’eut été un aveu de faiblesse. Il était las, las et habitué à la guerre, pas à ces mondanités absurdes. La Comte folle et ses explications insensées, sa passion à peine voilée pour l’autodestruction, n’étaient pas une menace.
La soupe-miroir fut servie. Elle était fidèle à son nom et Ysengrin y mira longtemps le gris de ses propres yeux et de ses propres tempes. Il n’aimait vraiment pas ce visage humain si tendre et si fragile. Pourquoi avait-il retourné sa peau ?
Agrion, de son côté, légèrement en contrebas du trône qu’iel lui avait donné, n’avait pas de reflet. Lorsqu’iel nota le regard d’Ysengrin, iel dressa le menton et une expression mutine à son attention.
« Les illusions interfèrent avec ces choses-là. Mais je me suis dit que la spécialité vous amuserait, vous qui avez aussi deux visages. Le bon seigneur Leu aime assez cette soupe.
-A quoi ressemblez-vous sous votre illusion, j’me demande…
-Ah… je me demande aussi.
-Vous ne savez même pas ?
-Je suis très vieil, Ysengrin. Et nous nous ressemblons, mais nous ne sommes pas les mêmes. Vous n’avez que deux visages. Je suis cent visages. Mais vous pourrez me toucher plus tard et deviner si vous le souhaitez. »
Ysengrin essuya d’un revers de manche la soupe qui lui dégoulinait dans la barbe. Il commençait à en avoir assez. Il grogna :
« Je suis venu chercher ma femme et vous passez votre temps à vouloir que je vous touche, hein ?
-Ah, je ne souhaite point vous faire oublier votre quête. Simplement, vous n’appréciez peut-être pas ma compagnie, mais moi, j’apprécie la vôtre, Comte Ysengrin. J’ai rarement l’occasion de parler avec des personnes qui ne sont ni de ma station, ni mes propres gens. J’ai oublié le goût des autres, en vérité. Ma Reine me manque terriblement. Votre maître me manque aussi…
-Je ne suis pas mon maître.
-Mais vous le représentez, Ô Comte Ysengrin ! fit l’hôte avec un sourire amusé. En toute honnêteté, Dame Hersent et vous êtes à lui semblables comme mes serviteurs me sont semblables… ce que j’aime chez Leu, je le hais aussi chez vous.
-Où est Dame Hersent ?
-Ah, voilà notre plat ! » Fit Agrion avec un petit cri de ravissement. Un des serviteurs masqués, titubant sous un plat aussi grand et aussi lourd que lui, s’avança pour poser avec fracas la pièce de venaison du jour devant les deux Comtes, dans une volée de sauce.
Bien sûr, c’était Hersent.
Elle, là, l’œil glauque et ouvert, sa peau de paix ruisselante de sauce, l’épaule craquelée par la chaleur. Evidemment, c’était Hersent.
Ysengrin se dressa avec fracas. La salle était tombée muette. L’était-elle vraiment ? Non, mais tout était assourdi. Il était conscient, quelque part, de la musique, du brouhaha de ses hommes. Mais il sentait le sang bourdonner à ses oreilles, ses foutues oreilles humaines. Ses mains trouvèrent la gorge d’Agrion et serrèrent. Que firent ses hommes ? Il ne pouvait rien leur dire. Rien faire sinon serrer.
Ce visage, ce visage blanc, toujours blanc, toujours impassible. Et il serra. Les mains écorchées d’Agrion tiraient sur ses poignets, avec force mais sans parvenir à les déloger et il serrait toujours. Et toujours Agrion le regardait d’un visage inexpressif, avec un petit sourire mutin. Deux yeux rouges le fixaient de derrière le masque. Il serrait. Et les mains se débattaient, mais il serrait et serrait et elles finirent par glisser de ses poignets. Il continua de serrer.
« Doux Seigneur, Ô doux Seigneur. Ô Comte Ysengrin. » Fit la voix d’Agrion, sans que les lèvres du visage face à lui ne bougent. « Doux Seigneur ! » fit la voix insistante. « Votre repas refroidit. »
Ses oreilles semblèrent soudainement se déboucher et il sentit le corps de la servante lui échapper et retomber, inerte, au sol. Dans une confusion ivre, il tourna la tête. Agrion était à sa place et le rôti avait été tranché. Dans le grand plat, il n’y avait plus qu’une viande noire et sirupeuse.
« Ceci, mon tendre Vicomte, est du rôti d’angoisse. Un sentiment prédateur aussi dur à capturer qu’il est difficile d’en échapper. Ah, ne faites pas attention à cette chose, vous me l’avez abîmée mais j’en ai d’autres. »
Un nouveau serviteur masqué d’avança avec une aiguière de sauce, la posa, et recula en tirant la morte par un pied.  
« Je suppose qu’un grand veneur comme vous a peut-être déjà goûté de ceci, mais elle n’est bonne que brûlante ou glacée, c’est pour quoi… vraiment, si vous voulez abîmer des serviteurs, cela peut attendre. Prenez une part d’angoisse.
-Vous vous foutez de moi. Je vais vous tuer, Agrion.
-Si vous voulez, gentil seigneur, mais prenez du rôti. »
Il ne sut pourquoi, mais Ysengrin s’affaissa sur le trône qu’on lui avait attribué. Il se sentait las. Si las. Drogué ? Non, juste las. Les bruits étaient trop forts. La journée avait été trop longue. Il venait de tuer quelqu’un sans raison. Le hall était trop grand. Les doigts des deux mains gauches de l’hôte se posèrent sur son poignet et pianotèrent doucement. Ysengrin les gifla et grogna.
« Dites-moi juste ce que vous avez fait de Dame Hersent. »
« C’est une chose que les mots seuls ne peuvent exprimer. Mais j’essaie de vous le dire, Ysengrin, j’essaie depuis que vous êtes ici. Il advint un jour que la Vicomtesse Hersent alla marcher, en peau de guerre, aux portes du palais aux sept halls où demeurait le Comte Agrion. Elle vint et nous parlâmes, comme nous le faisons à présent, et je lui offris un festin, comme je l’ai fait pour vous. Je ne souhaite que parler, Ô doux seigneur, je n’ai envie que de compagnie. On s’ennuie si vite ici. Ah, Ysengrin ! Ne me prenez pas pour votre ennemi. Vous ne pouvez pas l’être. »
Sa voix était triste. Sous ses tons précieux, sa voix bourdonnait comme des ailes de libellule.
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« Demeurez, Vicomte, encore un peu à mes côtés. Je m’ennuie, Vicomte. Enragez-vous. Montrez-moi votre haine, je la trouverai jolie ! Ou l’amour que vous teniez pour Hersent, n’est-ce pas ? Vous aimiez Hersent ! Demeurez ! Demeurez ! Parlez-moi de votre amour ! Ah, tenez au moins jusqu’au dessert, Ô Vicomte.
-Qu’est-ce que… qu’est-ce que la nuit fait en Beauté ?
-Toutes les horreurs du monde. Si, mon gentil, aimable seigneur, et vous pouviez le deviner. La nuit, ce sont toutes les horreurs. Ce sont elles qui préservent notre Comté. Il faut qu’en chaque chose soit son contraire.
-Et moi, déglutit-il, qu’est-ce que vous m’avez fait ?
-Je vous ai touché, Ysengrin. Vous vous portiez avec une telle allure ! Si sûr d’être mon égal, Ô Vicomte, que je vous aurais cru… je voulais croire ! Si sûr de prendre tout ce que j’ai, j’aurais aimé que vous le fassiez, car je ne demande qu’une chose, c’est que l’on me détruise et que j’en refleurisse. Mon palais aurait été vôtre, mon corps, ma vie, tout ce que vous vouliez ! Si vous aviez été aussi fort que vous le pensiez. Vous auriez résisté à ma volonté, si, si ! Je vous aurais aimé ! Mais vous n’êtes pas Leu, ce pourceau, vous n’êtes que son rejet… je voudrais vous haïr comme je puis le haïr, mais vous êtes MORNE, YSENGRIN ! Vous êtes MORNE et TERNE et BANAL ! Je voulais quelque chose de REEL, YSENGRIN ! Quelque chose de BRUT ! Quelque chose de BEAU ! »
Les quatre mains pâles étaient autour de son cou. Les sept yeux rouges étaient ouverts. Il crut un instant qu’Agrion le tuerait. Las, si las. Les doigts blancs étaient rentrés à travers de sa peau, à travers de son esprit, avaient tout massé, tout lassé, tout doucement. Toute la soirée. Tout fouillé, à la recherche d’une étincelle qu’ils avaient eux-mêmes pincée par mégarde. Les doigts passèrent sous son menton et cherchèrent les bords de sa peau. Se glissèrent sous sa pelisse.
« Non. » cracha le Vicomte Ysengrin en décochant un poing vers Agrion. Ses phalanges percutèrent le menton du Comte et il s’entendit hurler. Quelque chose pour sa menée. Aux armes ou fuyez ? Les sept yeux du Comte étaient dans les siens. Un ruisselet rouge coulait entre ses lèvres souriantes. Deux de ses mains encadraient son visage, de nouveau, et les deux autres fouillaient dessous, aux limites de sa peau.
« Vous ne pouvez pas me faire de mal, Ysengrin. Je n’y arrive même pas moi-même, et croyez-moi, j’essaie. »
Il sentit les doigts se refermer sur les bords de sa peau. Et tirer.
Nul ne retourne ou ne retire la peau d’un versipelle pour lui. Hersent seule… Hersent… ! Il sentit le froid, comme il ne l’avait pas senti depuis des siècles. Lorsque la peau passa au-dessus de son visage, une obscurité plus profonde que la nuit vint. Il n’avait plus ni œil de loup, ni œil d’homme. Et bientôt, le monde fut tout aussi sourd. Pourtant, le Comte parlait toujours, et Ysengrin le percevait.
« Hersent ? »
« ll n’y a pas de femme du nom d’Hersent dans ce palais. Il y fut et y demeura et n’y est plus. »
Le froid passa sur ses épaules comme une vague brutale. Sans geste brutal, mais implacablement, Agrion le déganta, et l’homme tendit désespérément ses mains libres et fragiles vers l’avant. Il y avait la peau de sa terrible adversaire, mais il passa à côté de cela. Il saisit la table. La table était en bois. Sans la voir ni l’entendre, la légère ombre du Comte sembla soudain tourner autour de lui, passer dans son dos et il la sentit tirer d’un coup sec pour dépecer ses jambes. Il était nu. Le poids de sa peau n’était plus sien.
Ni homme, ni loup, le versipelle pelé tâta devant lui. Sous ses doigts écorchés, il sentit une forme.
« C’est le dessert, Ysengrin. Vous pouvez le toucher. »
Le dessert était d’une matière si fine que l’on aurait cru de la chair. Comme de la chair, elle était légèrement tiède, et sept boutons humides y étaient répartis. Ses doigts trouvèrent une aspérité et en dessinèrent le contour. Deux fines demi-lunes, imbriquées dans leur arrogance.
« C’est votre visage, c’est ça ? »
« Notre visage, très cher. Mettez. »
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Le fort des troupes fut en la ville près de midi. Compagnies au cours de la route sondant portes et devantures à grands coups de lances et béliers, mais ne pillant que le surplus, un peu de fournil çà et là, quelques caves, aucun forfait de gravité, légions légères et franches lances un peu plus tard, puis escuyers du Roi, d'escorte, chevauchant enrubannés, pétulants palfrois, à résilles cramoisies, brocards, éperons d'or, harnais d'atour, ferrures aux blasons damasquinés, longues oriflammes à panaches. Ainsi devançant le monarque vers la cathédrale, caracolaient à gros échos à travers ruelles et marchés, tout évuidés de ses marauds.
Clodion, frère du roi, l'Évêque, douce âme pieuse et pâtissante agenouillée devant l'autel, à Sainte Christianie, au beau milieu des suppliants, préludait à divin mystère, offrant au ciel piété brûlante, vœux de cœur pur, humble et gémissante ferveur, implorant Dieu que son frère Roi touché par la grâce, épargne tant de pauvres gens, fourvoyés, tout autour de lui, navrés défaillants abîmés de larmes sous les voûtes, dans l'ombre du chœur aux ténèbres, pénitents en râles abîmés.
Le Roi bien après le charroi, le défilé des compagnies, du trésor au camp et butins de guerre, survint vers le coucher du jour, seul fut devant le grand portail. Chevauchant rare palfroi d'ébène, adorné de lourdes argentières, à carapaçon. Demeurant là sur le parvis, bien à la proue de ses troupes, rassemblées à puissante montre, toutes cohortes déployées, à provinces, duchés, baronnies, gardes Scythes, furetants Tartares, Kirghyzes des portes de Hongrie et le grand Khan des hordes baltes, escadrons à hennir au frein, en l'air du soir, piaffants au sol, tout chamarrés de dépouilles, têtes vaincues pendantes aux fontes, débris d'hommes souqués aux pommeaux. Tout le souffle de l'armée du Roi, bêtes et gens dans l'attente, ronflant soufflant dans l'écho, comme une forge au cyclope. Le Roi suivi des estafettes, pages gracieux et babillants, de ses chiens en meute hurlante, molosses à Ia force de bœufs, féroces plus que lions, bondissaient farouches alentours. On entendait leurs abois, loin sous les voûtes sacrées, tout au fond des cryptes, à l'épouvante des fidèles.
Le Roi se rapprochait encore du porche de cathédrale, toujours chevauchant l'ébène, ne devisant avec nul, fort soucieux, tout froncé de mine. Ses corps francs tout à la ronde tenaient les abords du parvis, les compagnies lansquenètes, déjà récurées, ravaudées, mises aux soins depuis la bataille, au port de [illisible], grand attirail, la plume au casque. Ainsi faraudes prêtes aux honneurs.
Le Roi demeurait là campé devant le porche, ne mouvant mie, tout songeur, le poing à revers sur la hanche, tout casqué, pesant de cuirasse, à chevaucher sa bête fière, hennissante en le vent qui passe. Autour de lui, ses chiens furieux, gambadent, bondissent, mènent bataille de chiens, d'humeur sauvage et ravageante, tels dogues métisses de loup, ravagent à travers le parvis, entre les soldats au port d'armes.
Le Roi fit signe à son cornette que trompes sonnent, bugles et cornes, longs et retors, coudés et nets, aiguës et graves, le tout ensemble, s'élance aux cieux. Cruelle et discorde musique de tous les goûts, dix, vingt ensemble, de toutes les armes en l'appel. Partout l'écho porte en la ville et dans la nef le strident son. Les battants du grand porche pleurent, gémissent et s'ouvrent doucement. L'on voit au-dedans la crypte les cierges à miroiter dans l'ombre, et l'on entend la prière de toute la ville en détresse, là réfugiée sous les voûtes, l'énorme bourdon de la peine, le glas des pauvres voix meurtries, à venir battre contre le Roi, contre l'armée campée dehors, toute éployée sur le parvis.
Le Roi toujours ainsi campé, lève le bras, fait signe aux barons qu'ils s'avancent, qu'ils pénètrent aux cryptes. Tous se signent, mais ne peuvent entrer. Tellement dense, grappue est la foule, la cohue gisante aux pavés, suppliante à tous, hurlante à merci, navrée, basculante au seuil, à glapir. Firent grands efforts sans parvenir. La houle reflue vers le seuil. Le Roi que la faim saisit hèle de loin son coq au camp, lui fait mander quartier de boeuf, à l'os tout cru dévore à même, déchiquette à grands morceaux, le sang découle à sa cuirasse, sur les mailles de son ébène piaffant là, au frein retenu. Les barons forcent toujours arqueboutés aux battants, peinant à repousser la foule, loin sous les voûtes. Les chiens voyant manger le Roi, bondissent, jaillissent de tous côtés aboyant à l'hallali.
Le Roi les fouaille à plaisir s'amusant fort de leur rage. De sous le porche grand ouvert parviennent répons et cantiques et grandes rumeurs de prières et merveilleux chants de supplique à bourdons d'orgue. Le Roi tout digne escoutant chiens esbattant là tout autour, pages esquivant leur furie, partout dérobant à tire-d'aile.
Tout en retrait de l'escorte, sur une mule équipée, tout engoncé de fourrures, le bonnet profond sur les yeux, la mine grise et chafouine, tordu de l'épine comme faux, les yeux de malice luisants, deux grands sacs d'or à sa selle, se tenait le devin du Roi, Basile Excelras, fort scavant homme et médecin, survenu depuis deux années au service de la Haute Cour, après maints pèlerinages, de Compostelle à l'Euphrate, de Viborg aux Deux-Siciles, bien en faveur et fort discret, toujours au plaisir du Roi, le suivant en ses batailles, en ses tournois, en ses lices, en ses conseils, de mille ressources, toujours au lever petit, au coucher de même, bien au secret des grands desseins, là toujours et point avec bruit, heureux de l'ombre du grand Roi, à jubiler dans le moment, assujetti sur sa mule, à pesant d'or, autres cadeaux sous ses mailles, mais toujours sans mener grand train, de jubilance sous barbe, qu'il avait noire, pointue, frisée, de quelque façon sarazinne.
Le Roi le fait rapprocher, lui baille bribe de son os, par faveur et gage courtois. Le mage croque à dents pointues, à mine serve et tors sourire, n'estimant viande ainsi parée de sang blète et rouge goulue. Les chiens mènent puissant vacarme tout autour en vue de la viande, à bondir après le devin.
Le Roi devant le grand porche résout d'avancer en l'abside, en grand équipage ainsi, chevauchant carapaçonné, sans rien quitter de son harnois. Il pique aux deux flancs de son cheval. Il fait geste aux pages d'être cois, lui seul chevauchant vers l'autel, mais les chiens ne voulant rompre, plus féroces encore, bondissaient à travers la crypte, mordant, déchirant ci et là, bien des pauvres gens à genoux, le cheval du Roi aux naseaux, celui-ci cabrant de souffrance faillant verser bas le monarque. Telle était grande la panique. Ce fut confusion bien affreuse sous les voûtes au profond de l'ombre lorsque la meute, furieux départ ! Au sang flairant ! dogues en rage, tout rugissants, assaillirent à crocs les fidèles. Alors glapirent femmes au meurtre, clameurs d'aveugles, piaillements de moutards, grands trépignements de corps, amoncelés, jonchant le marbre et les chapelles, refluant loin vers les portiques en grandes rafales de cris.
Le Roi chevauchait vers l'autel écartant la foule, au pas de sa bête, toujours campé, altier en selle, le regard au-delà des ombres, achevant son fruste repas. Tout alentours dogues furieux, bondissant à tors, à travers lacéraient à crocs les fidèles, leur déchirant hardes et membres. Suppliants jonchaient en prières le sol, le marbre, expiraient aux flaques de sang. Le palfroi du Roi vint buter contre les corps en amonts. Les pages tentent la traverse mais sont engouffrés sous la houle. Alors le Roi poignant en viande le quartier qu'il mord se détourne et de puissant trait balance la viande après l'os loin derrière lui, tout à travers la cathédrale, la faisant voler par la porte. Toute la meute bondit hors, acharnée, sautant à la viande. Toute la foule délivrée retombe en prière, implorant à deux genoux, grands cris et sanglots résonnent tout après le Roi.
« Pitié Krogold ! Pitié de nous ! « Pitié ! mourants à ton pas ! « Au cœur de père nous supplions ! « Au cœur de père nous gémissons ! « Au cœur de père notre salut ! « Devant la Sainte en notre Foi ! « Blanche à l'autel ! Christianie ! « Devant la Sainte auprès du ciel ! « Vois nos yeux tout pleurants Krogold ! « Vois notre faible main qui tremble ! « Entends-nous bouches à gémir ! « Entends notre cœur meurtri ! « Vois nos pauvres corps sans feu ! « Vois nos pauvres bras brisés ! « Vois nos pauvres pieds saignants ! « Vois en nos âmes la mort ! « Pitié de nous vaillant Krogold ! « Roi bienaimé ! »
Le Roi passait au beau milieu, parmi la foule agenouillée, ne disait mot, chevauchait ainsi vers l'autel, les lourds sabots du cheval bourdonnant fort loin sous les voûtes. Baoum ! Baoum !
Puis un instant demeurant-là, s'arrête pile, à contempler au loin son frère Clodion l'évêque allant et venant, à l'autel, en l'office du Saint-Mystère, prosterné près du tabernacle, puis au missel, entouré de diacres chantants, puis le Saint Ciboire élevant haut dessus sa tête. Alors le Roi, de son cheval, dégainant sa luisante épée, baisa le fil une et deux fois, puis loin dessus les suppliants lança l'arme d'un terrible envol, jusqu'aux marches de l'autel, retombant au marbre à grand bruit, de tel écho dessous les voûtes que le vitrail au faîte brisa, cascadant miettes de lumière.
Ainsi le Roi baillait merci à cité félonne et traîtresse, désarmant au chœur en l'abside, tout au milieu de ses sujets, pleurants à genoux.
Et ce fut grand vivat de liesse, grande félicité de rires, énorme chant jubilant, tout éclatant dessous les voûtes.
Clodius frère du Roi, l'évêque, reçut l'épée devant l'autel, ainsi gisante aux pieds de Dieu, l'élève alors en ses bras, de grand respect, la baise au fil, une et deux fois, de même, puis l'élève haute sur sa tête, en forme de croix et bénit tous. Alors ce fut joie bien sublime, grande ivresse à travers foule, pieux délire.
Le Roi en sa barbe fluente passait la main. Le Roi demeurait là campé, écoutant le Saint Office, ainsi fort glorieux à cheval. Tous les soldats du parvis entrèrent céans, priant de même, toute l'armée sous les voûtes, écrabouillant les citadins, entassés, bourrés à foison. Ne restèrent dehors que la meute, les chiens à hurler la bataille, tout à travers l'esplanade, toute désolée à présent, et puis Excelras le devin qui ne pénétrait en l'église, toujours chafouin sur son mulet, retiré au coin du portique, à sourciller dessus la foule, achevant son repas d'os.
Et puis une messe après l'autre, Clodion l'évêque, reprit l'office deux et trois fois de ferveur sublime et chants de gloire et de pardon et bienaimée miséricorde. Puis l'on vit un ange descendre au moment du soir et voleter dans la nuit, à travers la forêt de cierges, qu'une plume d'aile en brûla par-dessus la foule, avec une odeur si forte de musc, d'ambre et d'encens que nombre tombèrent en extase prosternés privés de sens et voyant Dieu.
La Volonté du Roi Krogold, chap. VI, Louis-Ferdinand Céline.
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para--bellum · 1 year
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Les groupes de Para Bellum
TW : violence, gang, sang, prostitution, criminalité.
Ci-dessous, un début de présentation des groupes de PB.
Les Hartigan's / Il y a cet insigne qui brille sur leur poitrine, cette fausse étoile qui les honore d'un statut particulier. Flic, commissaire, chasseur.se de primes, poulets multiples, comme on aime ici les appeler, les hartigan's ont pour certain une véritable croyance en la justice. Et puis il y a les autres, les ripoux, les balances, les corrompu.e.s. Celleux qui n'œuvrent qu'en apparence pour leur justice, et pour le bien ; le loup qui se cache derrière le joli costume de la morale. Enfin, il y a les maire.sse.s, les politicien.ne.s de toute espèce, qui se gorgent de ce qu'iels peuvent dans cet océan du néant.
Les Goldie's / Il y a des agneaux qui se sont perdus, au fil du temps, des âmes viciées qui prennent un plaisir non dissimulé à cette noirceur qui empoisonne de plus en plus la cité de Leavenworth. Il y a les profiteur.se.s, celleux qui usent des faiblesses de ce système venimeux, celleux qui se lancent dans des trafics, des deals, des vols en tout genre, laissant derrière leur sens moral qui les a tant fait souffrir. Les petites frappes, qui terrifient la veuve et l'orphelin, qui se croient toutes permis, qui aspirent à plus grand mais qui sont encore trop petites. Ces âmes ne sont pas encore totalement perdues,  peut-être qu'un rien peut les faire dévier.
Les Callahan's / Il demeure encore quelques agneaux dans ce monde trop noir pour eux. Des âmes blanches et pures, angéliques, qui tentent tant bien que mal de ne pas sombrer, de ne pas se laisser prendre par ce venin qui empoisonne la ville, la détruit, peu à peu l'asphyxie. Iels voguent sur le monde, tantôt dans la crainte, tantôt dans le déni, l'aveuglement des âmes trop bonnes. Mais ces agneaux ne sont pas juste naïfs et innocents, ils ont sans doute la plus grande force qui soit : celle de résister à ce poison, celle d'être les dernier.e.s détenteur.ice.s de la morale.
Les Roark's / Enfin, il y a celleux qui étendent sur Leavenworth leur empire. Les dominant.e.s de ce monde détruit, les lion.ne.s hurlant à la nuit, celleux qui ont peu à peu laissé Leavenworth sombrer dans l'oubli, pour y apposer leur marque. Il y a les têtes pensantes, les gangs multiples, le crime organisé, ces différentes branches qui prennent au cou la jolie Leavenworth et la gangrènent de fond en comble, de la plus petite ruelle au squat le plus perdu. Pas un endroit de la ville ne leur échappe, c'est ce qu'il semble - la mafia étend sa toile, et les guerres de gang ne sauraient se faire attendre, peu importe ce qui se dressera sur leur passage.
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n-a-colia · 2 years
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À l’Abordage !
Nouvelle du : 13/10/22
Défi : Ecrire une nouvelle à partir d'une image aléatoire.
         Le trajet en bus était fascinant ! Nous pourfendîmes les vagues de nuages qui s’échouaient sur la montagne titanesque ! Avec mon équipage, nous défions les routes torturées qui serpentaient dans des courbes absurdes pour descendre le mont vert conquis. Comme si cette route pouvait nous arrêter ! En me tenant à une rampe d’acier, je m’écriai :
« Haha ! Il en faudra plus pour faire choir Joseph ! Le plus grand capitaine de ces mers de goudron !
— Hayo capitaine ! » me répondirent mes moussaillons.
Notre chauffeur exprima sa joie dans un hurlement de loup, puis il accéléra plus encore. Nous étions la terreur de ces lieux, les maîtres des mers modestes de la montagne de l’Ouest !
« Par ici, capitaine ! » m’avertit Jeanne.
Je me précipitai à ses côtés, m’accrochant à une autre barre juste avant un virage serré qui fit chavirer les âmes des moins habiles.
« Relevez-vous matelots ! » leur ordonnai-je.
Puis, je regardai dans la direction qu’elle m’indiquait.
         Un autre navire de fer et d’acier semblait nous narguer. C’était un grand cube de métal, peut-être deux tonneaux de plus que le mien, mais il avait osé klaxonner lors de notre approche. Il allait vite et dans la même direction que nous. Un membre de leur équipage sortit sa tête d’un hublot, puis, il commit l’irréparable… Il me lança une grimace. C’en était trop ! Je m’élançai vers la proue de mon vaisseau en m’exclamant :
« Chauffeur, doublez ces saltimbanques !
— Oui, capitaine !
— Nous allons leur montrer ce qu’il en coute de se moquer de la flotte de ses dames ! »
Lors de ma marche difficile en direction de l’avant du bus, je dégainai mon sabre et le pointai vers mon équipage.
« Chargez les canons à tribord !
— Chargez les canons à tribord ! » répéta mon second.
         J’arrivai enfin à côté du chauffeur. Je lui fis signe d’ouvrir les portes et il s’exécuta. Nous étions à côté de leur rafiot ridicule et je me maintins à la barre d’un siège réservé aux personnes handicapées pour me pencher vers l’extérieur du bus. Nous allions à toute allure et le vent faisait chanceler mes cheveux malgré mon chapeau de corsaire. Je fusillai du regard, l’homme au gouvernail de mes ennemis, puis…
« TIREZ ! » m’égorgeai-je en brandissant mon sabre.
         Les boulets de métal déchirèrent leur coque et leur navire chavira vers tribord… Puis il revint vers bâbord, un peu plus que lors de leur route paisible et je saisis l’occasion :
« À l’abordage ! »
Je sautai sur la fenêtre du conducteur et pénétrai dans le bus ennemi. Dans mon élan, je frappai le conducteur d’un coup de pieds bien placé et il s’évanouit.
« Suivez le capitaine ! » ordonna mon second.
Mon vaisseau se rapprocha du leur et tout mon équipage s’élança à ma rescousse.
         Les bruits de sabres qui s’entrechoquent résonnèrent dans l’enceinte de leur bus. Ils jouaient la partition de la plus belle musique du monde ! La mer était déchainée, mais nous savions mieux que quiconque, la dompter. Cette belle femme qui, trop souvent, nous avait bénit de ses flots calmes et tendres. Je me jurai de lui faire honneur une fois de plus en m’aventurant au cœur de la bataille. L’odeur de soufre fut remplacée par celle de la sueur de nos ennemis, tandis que je combattais comme cinq hommes !
C’est alors que je vis ma mie en difficultés. Jeanne était surmontée, elle faisait la guerre à deux couards à la poupe de leur bateau. Elle se faisait renverser par l’un d’un coup de pied, tandis qu’elle déviait tant bien que mal, le sabre de l’autre. Je me hâtai de la rejoindre en hurlant. J’enjambai les hommes à terre et je me balançai de sièges en sièges pour ne pas trébucher sous la force centrifuge des déviations ininterrompues du vaisseau accosté.
Mais un coup de sabre me barra la route ! Il avait été envoyé juste devant moi par le capitaine ennemi. Il voulait que l’on règle cela à l’ancienne et je ne pouvais qu’accepter son duel. Je fis virevolter mon arme au-dessus de ma tête pour qu’il recule, puis je tentai un coup d’estoc qu’il para. Il avait les yeux injectés de sang et une détermination rare. Il me repoussa d’un coup d’épaule, puis reprit sa garde.
« C’est donc tout ce que vous savez faire ? » ricana-t-il.
Je jetai un œil derrière son épaule. Jeanne était toujours en vie, mais elle n’allait pas tarder à se faire occire si je ne faisais rien…
         Le capitaine ennemi était un homme expérimenté et mon combat contre lui s’annonçait long et éprouvant. Il fallait que je trouve un moyen de le tenir à distance, et vite ! C’est alors que mon chauffeur nous hurla :
« Virage droit devant ! »
Un virage était la dernière chose dont j’avais besoin. Nous étions pris au piège, dans le tombeau de métal qu’allaient engloutir les mers de goudron montagneuses… Mais une idée géniale vint percuter mon esprit.
         Je fonçai sur le capitaine en face de moi et choquai mon sabre contre le sien. L’espace exigu autour de lui l’empêcha de s’échapper et il fut contraint de garder la prise, sabre contre sabre.
« Matelot, chargez et tirez ! » criai-je.
Mon équipage s’exécutait et j’estimai que je n’avais plus que dix secondes avant l’inévitable.
         Je sortis mon pistolet à poudre et donnai un coup de crosse au capitaine ennemi ce qui l’étourdit suffisamment pour que je puisse tourner mon attention vers Jeanne. Puis, je tirai la seule balle que j’avais sur l’homme qui ne cessait de donner des coups de sabre dans sa direction. L’homme s’effondra mais ma douce ne réalisa pas que le temps était compté… Plus que cinq secondes.
« Jeanne, fuyez ! » lui hurlai-je.
Mon équipage avait déjà regagné mon navire et il ne restait plus que nous deux.
         Mais mon amour m’eut trahi. Il avait tellement corrompu mon cœur, que je ne pus voir à temps, la lame du capitaine me transpercer le ventre…
« Si je coule, vous coulez avec moi… » me murmura-t-il d’un air haineux.
J’étais envahi par le désarroi. Non pour ma vie, mais pour celle de celle que j’aimais. Je tournai mon regard vers elle. Elle avait réussi à se relever et elle me regardait en pleurs. J’utilisai alors les derniers souffles que j’avais pour lui dire d’autres mots que ceux que j’aurais aimé :
« Jeanne, fuyez… C’est un ordre… »
         Je m’effondrai à genoux sur le sol du bus décrépi, la lame de mon bourreau toujours dans le corps. Mais une dernière lueur vint me faire sourire… Sur ma droite, Jeanne se tenait maintenant accroupie dans l’encadrure du hublot de leur navire. Elle tourna son beau visage vers moi, et, en sanglots, elle termina :
« Je vous aime, Joseph… »
         Elle sauta à bord de mon vaisseau juste avant qu’il ne tire une rafale de boulets noirs. Une salve de mort… Le bus ennemi tourna brusquement et le capitaine tomba à terre à mes côtés. J’étais le plus heureux des hommes…
         On chantera les louanges de mes exploits et de mes amours à travers le monde durant des siècles ! « Joseph, le capitaine de ses dames » : Voilà comment on m’appellera… Jeanne, merci.
         Mon vaisseau ralentit et reprit sa voie sur la route. Dans cette manœuvre, je pus voir une dernière fois le visage de mon équipage triste. Ils me faisaient leurs adieux et je ne pouvais pas leur répondre… Le virage tant redouté arriva et le bus qui me transportait se dégagea de la route, exécutant un vol inopiné et magistral pour rejoindre les rochers, au bas de la montagne… Le choc fut si terrible qu’il me réveilla.
« Joseph ! » me réclamait-elle.
         J’ouvris les yeux et constatais que tout était normal. J’étais aux côtés de Jeanne, sur mon siège collé à la vitre du bus. Le brouhaha de chahuts ambiant m’indiquait que les autres enfants étaient encore là.
« Jeanne ? demandai-je, étourdi. J’ai… Fais un rêve super bizarre… »
Elle me sourit en balançant ses jambes au-dessous de son siège.
« Un rêve, c’est pas si grave ! Ce qui compte, c’est que tu le réalises s’il est bien. »
         Du haut de la montagne, notre bus rouge descendait lentement, prenant les virages avec la plus grande des précautions. Le ciel était blanc, ses yeux étaient noirs. Elle faisait chavirer mon cœur de mille coups de canon en un regard… Je rapprochai mon visage du sien alors qu’elle fermait ses paupières comme pour imiter les grands, puis, je lui donnai un bisou sur la bouche…
« Beurk ! Dégueu ! » m’exclamai-je en me réfugiant vers la vitre.
Ses lèvres étaient toutes molles et roses… C’était horrible… Affreux… Mais avec les années, j’appris à l’apprécier, car il y avait là, un baiser innocent. Avec le temps, j’appris à le réclamer. Avec l’âge, j’appréciai la douceur de ses lèvres. Avec Jeanne, je fus bientôt le plus heureux des hommes… Et toujours je me souviendrai, de cette sortie scolaire aux effluves d’un premier baiser.
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sauvesparlekong · 2 years
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⚓️ ⛵️ Belle-Île-en-Mer, la Bien nommée ! « Les aiguilles de Port-Coton sont quelques stacks (rochers marins) formant un des sites les plus remarquables de Belle-Île-en-Mer (Morbihan, France) se situant dans la commune de Bangor. Situées sur la côte sauvage (côte ouest) de Belle-Île, au sud de Port-Coton, non loin du grand phare et de Port-Goulphar, les aiguilles de Port-Coton font partie de la commune de Bangor. Elles sont facilement observables depuis la RD 190 qui se termine par un parking sur une hauteur juste en face de ce groupe d'îlots. Port-Coton est une ria encaissée, terminée par une minuscule plage de sable grossier, inaccessible depuis la terre. Les aiguilles prolongent l'arête sud de cette anse. Les rochers qui forment les aiguilles de Port-Coton entretiennent l'imagination des spectateurs qui croient y reconnaître un petit mont Saint-Michel, un chien ou un loup hurlant, une poule en couvaison, un sphinx ou encore un buste de Louis XIV. Leur nom vient de l'écume projetée par les vagues au pied des rochers par forte houle, cette écume ressemblant à un voile de coton. Les aiguilles de Port-Coton ont été le sujet de plusieurs œuvres de peintres renommés, Claude Monet en 1886, John Peter Russell en 1890, Charles Cottet en 1900. Les Pyramides de Port-Coton, mer sauvage, Claude Monet, 1886, se trouve au musée Pouchkine. » #sauvespourlebac #sauvesparlekong #sauvepourlebac #sauvesparlapoesie #alchimieduverbe #carnetmagique #sauvesparlequiz #bac2023 #bacfrancais #baccalauréat #sauvespourlaphilo #longlivethebook #tutoring #privatetutoring #uncafeavecrimbaud #hongkong #philo #baccalaureat2023 #baccalauréat (à Aiguilles De Port Coton) https://www.instagram.com/p/Cg5FqJsDgnH/?igshid=NGJjMDIxMWI=
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Charles Lapicque "Le loup hurlant dans la nuit" ink color on paper 22x16 cm.
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pitite-xena · 3 years
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Hier au travail j'ai repris contact avec un enfant que je suivais il y a deux ans. Il est arrivé au SESSAD en hurlant "elle est où le Manooooooooon? Je suis trop content de te revoiiiiiiiiiir" et mon dieu ça fait tellement du bien. J'avais envie de lui faire un gros câlin (mais je l'ai pas fait). En tout cas il m'a mis des paillettes dans le cœur ce petit loup :)
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mysadecstasy · 2 years
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Le sang de l'aube
Épaule contre épaule tes cheveux au vent Douce brise de la nuit qui tarde Contre la meule de paille après la belle étoile Regarde le sang de l’aube Rose et jaune et blanc et bleu Regarde le sang de l’aube déchirer la nuit Couler sur l’horizon comme la marée laboure la grève Avons-nous trop attendu ? Je ne sais pas Le temps s’étire et tire avec lui les derniers espoirs du juste tempo Stravinsky étoilé de la cadence folle Qui donne le La ? Épaule contre épaule je sens ta chaleur Ma main court sur tes côtes saillantes au-dedans de ton sein pointé vers le ciel Vautrés contre la paille piquante Ébahis Extasiés du sang de l’aube Meurtris du temps perdu qui brule les doigts Comme un puits de feu comme les laves des dragons dont tu rêves Chevaucher des Léviathans crachant du feu et revenir ici dans le plus simple appareil Naïve et touchante Écœurée et heurtée dans un dédale d’or Émerveillée et écartelée dans les mailles du réel Où es-tu maintenant ? Je m’éveille sous les guides du pôle Seul comme un escargot mort Et j’attends tous fluides glacés le sang de l’aube Il jaillit à ma figure je suis maculé Je frotte et je frotte mais les souvenirs ne partent pas ainsi Il faut les manger les phagocyter les avaler sans s’étrangler C’est tout une science d’oublier T’oublier toi Et pourquoi alors ? Pourquoi tu courais avec moi dans les vagues brisées sur la plage ? Pourquoi tu grimpais sur la dune et suivais ma course folle ? Pourquoi ces baisers ? Et cet amour tendu comme un arc Impossible et délirant Pourquoi ? Si peu si proche et pourtant tant Tant de beauté et de coups suave Des coups dans le foie Pour toutes ces fois Et la dernière fois Contre la paille Ta bouche nouée comme un cierge sacré Tes seins ornés comme des loups pendus Suspendus les amours Enuclées pervertis dévergondés démolis anéantis égorgés vulgaires et crasses Adieu la mort bonjour la vie Et le sang de l’aube qui coule sans fin Tu ne m’auras donc laissé que de quoi souffrir pour une vie ou deux Dans tes grands yeux toutes les promesses de l’aube nouveau brillaient pourtant comme mille soleils hurlants Et là plus rien Le vide La paille dure La nuit froide Je suis dans un train qui fonce vers nulle part La fenêtre dévore le paysage sans cesse renouvelé Je prie pour qu’il déraille que l’on s’abime Seul dans le champ des blés fauchés je repense à tes côtes dessinées sous ton chemisier A ton souffle court émerveillé de la beauté du jour Je pense à toi Quand pour moi se lève une aube en sang Bientôt exsangue Une aube en sang Bientôt extatique et blanche sur mes rêves perdus dans un jour cru comme le fruit défendu
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