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carolinedejoie · 4 years
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Baba Yaga, tête flottante et cetera - Mars 2019
Animalités dorées - Mai 2019
Baubo - Mars 2019
Obéis Trans Gresse - Mars 2019
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carolinedejoie · 4 years
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La peau les poils les cheveux le cou l'encre les seins les tétons les côtes les plis les ombres les ongles les bourrelets les boutons les grains de beauté les griffures les cicatrices la chair les os le ventre le nombril le pubis l'aine les cuisses les genoux la couette l'ennui les souvenirs les crayons les couleurs les tâches les détails les petites fleurs sur le drap la série l'ordinateur le hors champ la solitude le lit la flemme les vacances les rideaux la lumière la chaleur la nudité les voisins la fenêtre le carnet tous les dessins les essais le téléphone le filtre la semie satisfaction la story le bleu le vert le rose le doré l'argent le violet et les contours au feutre noir.
Août 2020
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carolinedejoie · 4 years
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Sexualité ABCD
Avril 2020
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carolinedejoie · 4 years
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carolinedejoie · 4 years
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carolinedejoie · 4 years
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Petites oiselles de mauvais augure ou l'amour et la violence de Procné et Philomèle
Atelier corps genre art – EFFiGiE Réponse à l'appel à projets pour l'exposition « L'Amour et la Violence » Proposition de performance
Caroline Dejoie
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PROTOCOLE :
J'aimerais proposer une tentative de réappropriation du mythe de Procné et Philomèle, librement inspirée de la version issue des Métamorphoses d'Ovide. L'amour sororal et la récupération de la violence s'y font outils de sortie de la condition féminine riquiqui et étouffante, pour transitionner vers un devenir-autre chose : volatiles mutantes, ogresses queer hybrides et animalEs plurielles à mille têtes, misandres, perverses et plus que jamais, puissantes.
Le texte est enregistré et monté au préalable par moi. Il est diffusé dans l'espace d'exposition.
Nous sommes deux femmes sur scène. Nues et debout. Nous appliquons minutieusement du miel et des plumes sur le corps de l'une et l'autre pendant toute la durée de l'enregistrement (environ 15 minutes), afin de muter en oiselles hybrides / ogresses siamoises à plumes / sirènes volantes / harpies vengeresses, etc.
Ma partenaire sera mon amie Patrycja Toczec.
NB : Le texte est susceptible d'être légèrement modifié pendant la phase de travail.
Matériel : plumes, miel, dispositif de diffusion sonore, lumières (à définir).
TEXTE :
TW : Viol, violences mysogines, infanticide, cannibalisme.
« Je suis Procné. Ma soeur Philomèle, est une survivante. Elle a survécu au viol. C'est mon mari, Térée, qui l'a violée. Ça aurait pu être n'importe quel autre mari, n'importe quel autre mec, n'importe quel autre homme de n'importe quelle autre histoire. À la place de Philomèle, ça aurait pu être moi, ou toi, ou elle, ou n'importe laquelle d'entre nous. Car c'est nous contre eux, moi et ma sœur contre Térée, nous toustes contre nos violeurs.
J'ai été mariée à Térée sans le connaître, dans les mythes antiques ça se fait beaucoup. Il était roi de quelque chose mais ça n'a pas d'importance, ce n'est pas son histoire. C'est celle de Philomèle et la mienne. Je vivais avec Térée loin de ma famille. Mais Philomèle me manquait tant que j'ai demandé à mon mari d'aller la chercher pour qu'elle vienne vivre avec nous. Il a accepté, il ne la connaissait pas, ne l'avait jamais vue. Alors il est allé la chercher chez mon père. Et là, l'histoire raconte qu'elle était tellement belle qu'il n'a pas pu résister à ses charmes, et donc il l'a violée. Voilà ce que l'histoire raconte. Moi ce que je raconte c'est que ce genre d'histoires poussent les hommes cis hétéros à penser que le physique des femmes* justifie qu'ils les violent. Voire qu'ils les tuent. Et que ce sont eux les victimes dans l'histoire, piégés par les méchantes femmes fatales.
La suite de l'histoire est assez révélatrice de comment se passent les choses dans la mythologie comme dans la vraie vie, pour celles d'entre nous qui survivent au viol. On nous empêche de parler. Térée a coupé la langue de Philomèle. On peut difficilement faire plus littérale comme métaphore. Ensuite il l'a enfermée dans une putain de bergerie, il a ordonné à son garde de l'y garder pour toute la vie, et il est rentré à la maison où je l'attendais avec un gigot d'agneau et ses pantoufles, et il m'a dit, tout peneau, qu'il était trop déso mais que ma sœur n'avait pas survécu au voyage.
J'ai beaucoup beaucoup beaucoup pleuré. J'ai continué à faire des gigots d'agneaux et à aligner les pantoufles près du canapé, j'ai laissé mon mari me faire un enfant : on l'a appelé Itys. Mais je n'étais plus complètement vivante. En réalité, j'étais à moitié morte. J'avais le cœur brisé. J'avais perdu ma sœur.
Un jour, ma servante m'a amenée une tapisserie en secret. Je l'ai étendue au sol. Et là... toute l'histoire y était racontée. Philomèle, dans sa bergerie, avait brodé toute la vérité et me l'avait faite parvenir. Je comprenais. Je reprenais vie. Un feu s'était allumé en moi, m'avait sortie de ma torpeur : c'était de la colère, c'était de la rage, des sentiments que je ne m'étais jamais autorisée à ressentir auparavant.
Le lendemain c'était les fêtes de Dyonisos. J'ai semé Térée. J'ai retrouvé ma sœur. J'ai libéré Philomèle. Une fois réunies, nous étions enfin capables de voir la vérité : Térée ce chien de la casse ne méritait que le pire. Sur le chemin du retour vers lui, nous avons relu Valérie Solanas, écouté Virginie Despentes dans Les Couilles sur la Table nous dire que tant que les mecs n'auront pas peur de se faire taillader la bite à coups de cutter, ils continueront tout simplement de nous violer. On a acquiescé, calmement. Et puis on a fait un brainstorming pour mettre au point notre vengeance. Le problème n'était pas Térée, mais le système tout entier, cela dit on avait quand même vachement envie de le faire souffrir. J'ai repensé à Chloé Delaume qui parle dans ses livres de « la bonne mère de famille, blanche, bien assignée, qui d'un seul coup peut utiliser le mixeur à d'autres fins que de nourrir la famille ; voire même elle peut s'en nourrir. ». J'avais trop envie d'être ce genre de femme. En fait j'avais carrément envie de cesser d'être une femme parce que la définition qu'on m'en avait donné était trop étriquée pour contenir toute la rage, toute l'énergie et la violence que je sentais bouillir en moi. Je réévaluais mes modèles de féminité, et tout en haut de ma liste de femmes* inspirantes, je plaçais ma sœur Philomèle, que le mutisme, la colère et des années de séquestration avec des moutons, avaient transformée en une créature puissante et terrifiante. Un feu brûlait dans sa poitrine, dans ses bras ses jambes et son ventre, c'était électrique, elle avait soif du sang des agresseurs, et c'était communicatif.
Je crois que c'est ça l'amour. Aimer quelqu'une si fort qu'elle fait surgir des contrés inexplorées de notre être. Se sentir transformée. La rage et la violence, je les ai probablement toujours eu en moi, et Philomèle aussi. On avait simplement été dressées pour l'oublier. Ça s'appelle l'hétérosexualité. L'amour de ma sœur m'a permis de gratter le vernis qu'on m'avait appliqué, de découvrir tout ça et de me faire sortir de la case riquiqui de la féminité dans laquelle j'étouffais.
Alors nous n'étions plus qu'une, ogresse hybride à double tête partageant une parole unique. Nous étions plus que deux, les voix de celles qui inspiraient notre vengeance à venir se mêlaient à nos corps désormais pluriels. Monstrueuses et pailletées, nous avancions sûres de nous, en excès de vitesse sur la nationale qui nous ramenait à ce violeur de Térée.
Une fois à la maison, nous avons tué Itys, mon fils. Dans le système hétéro, n'oublions pas que les enfants sont aussi l'instrument de la domination des femmes, et ce gosse avait tout l'air d'être parti pour devenir la copie conforme de son père, un homme cis het blanc bourgeois qui me prenait pour sa bonniche et envisageait une école de commerce après le bac. On ne s’émouvra donc pas de sa mort.
Térée avait passé une mauvaise journée aux fêtes de Dionysos. Et comme je n'étais pas là, il avait cherché ses pantoufles toute la soirée. Quand il me vit, il m'envoya fissa lui préparer un gigot d'agneau. Alors, seules dans la cuisine, Philomèle et moi avons cuisiné le fils pour le servir au père. Une fois qu'il eut fini de dîner, Térée demanda où était Itys, et je répondis, tandis que Philomèle surgit derrière mon épaule et fit rouler la tête du garçon jusqu'aux pieds de mon mari :
« Ton fils est avec toi »
Philomèle et moi aurions dû mourir ce soir là. Mon mari aurait dû nous tuer. Mais ce ne fut pas le cas. Pour une fois, le mari floué ne tua pas son épouse et sa belle sœur. Pas de double féminicide dans cette histoire. Car nous n'étions déjà plus des femmes. L'amour et la violence que nous avions trouvé en nous, nous avaient transformées en quelque chose d'autre. Quelque chose de bien supérieur à Térée, de bien supérieur aux hommes. Nous prîmes la forme d'oiseaux – moi rossignol, elle hirondelle. Petites oiselles mutantes de mauvais augure, sirènes siamoises d'un autre temps, hyènes infanticides et hystériques, sœurs perverses, violentes, et misandres, ensemble nous avions fait exploser la cage de la féminité dans laquelle nous avions été élevées. Nous avions muté, abandonné la condition de femmes dorénavant incompatible avec nos ailes.
Redirige ton amour vers tes sœurs. Récupère la violence qu'on t'a confisqué. Alors nous volerons. »
REFERENCES, CITATIONS ET INSPIRATIONS
Bibliographie indicative :
CAEYMAEX Florence, DESPRET Vinciane, PIERON Julien (textes réunis et rassemblés par), Habiter le trouble avec Donna Haraway, Dehors, 2019.
CREISSELS Anne, Prêter son corps au mythe. Le féminin et l'art contemporain, Félin, 2009.
DELAUME Chloé, Les Moufflettes d'Atropos, Seuil, 2000.
DELAUME Chloé, Mes bien chères sœurs, Seuil, 2019.
DESPENTES Virginie, King-Kong Théorie, Grasset, 2006.
DESPENTES Virginie, Baise moi, Florent Massot, 1994.
HARAWAY Donna, Manifeste cyborg et autres textes, anthologie établie par Laurence Allard, Delphine Gardey et Nathalie Magnan, Exils Éditeur, 2007.
LARUE ïan, Libère-toi cyborg ! Le pouvoir transformateur de la science-fiction féministe, Cambourakis, 2018.
OVIDE, Métamorphoses, traduction de Georges Lafaye, Folio, 1992.
PRECIADO Paul B., Un appartement sur Uranus, Grasset et Fasquelle, 2019.
SOLANAS Valérie, SCUM Manifesto (1967), traduction d'Emmanuèle de Lesseps, Mille et une nuits, 2005.
Banque d'images inspirantes :
Rebecca Horn, Federfinger, 1973 (Page issue du catalogue d'exposition « Rebecca Horn. Théâtre des métamorphoses », Centre Pompidou Metz, 2019)
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Ana Mendieta, Bird Transformation, 1972
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Blood and feathers, 1974
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Maxime Colin Yves, Première pluie, 2018
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@fifilariflette, Scylla, 2019
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Illustration issue du fanzine réalisé par mon COVEN (projet à l'initiative de l'artiste Nina Santes) octobre 2019 – légende issue du Manifeste de COVEN rédigé en juillet 2019
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Images non sourcées : Philomèle et Procné changées en oiseaux
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Merveilleuses représentations de chimères non sourcées issues du compte instagram @medievalmarginalia
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Je vous remercie de votre attention,
Caroline Dejoie
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carolinedejoie · 4 years
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Les sorcières ne sont pas des femmes
Proposition de performance Exposition « Sorcières d'aujourd'hui » MPAA Bréguet Sabin Automne 2019
PROTOCOLE :
Selon la sorcière et plasticienne Camille Ducellier, la sorcière est celle qui occupe l’entre-deux, qui reste en suspens et en mouvement permanent. Cela participe à expliquer le statut singulier qu’elle occupe partout, sa marginalité voire son exclusion (parfois volontaire, souvent subie) de tout groupe ou communauté qu’elle traverse. La sorcière semble incarner un point d’équilibre entre deux états, deux lieux que nos sociétés binaires opposent. La sorcière explore les états-frontières, occupe des espaces considérés comme des lieux de passage, où l’on ne s’attarde pas, que l’on ignore souvent (la forêt, la rivière...). Elle occupe aussi des états d’entre-deux du corps (biologique ou social) : entre féminin et masculin, entre enfant et adulte, entre vivant et mort. En ce sens elle est une figure queer et intersectionnelle puissante. Elle peut même explorer la fusion entre différentes formes de vies, humaine, animale, végétale, machine... et s'apparente alors à la figure de la cyborg (Donna Haraway).
Que se passe-t-il lorsqu’un corps change d’état ? Y a t-il un moment où le corps n'est pas en train de changer ? La sorcière semble avoir la capacité d’occuper en permanence l’étape liminaire, étape intermédiaire et cruciale de tout rite de passage (van Gennep) : période trouble, indéterminée, correspondant à l’auto-transformation performative du sujet, qui passe mystérieusement d’un état à un autre. La sorcière se distingue par son refus de transitionner d’un statut à un autre, elle choisit de rester dans l’état liminaire, transitionnel, elle reste sur le pont, performe un rite de passage qui n’en finit pas de passer, refuse de traverser.
La sorcière est métamorphe, elle traverse les époques et les cultures, multipliant les visages, s’adaptant et se transformant en permanence. Elle se réinvente constamment, mute, elle est multiple, en devenir perpétuel. Sa capacité à occuper l’entre deux, à refuser la binarité, la stabilité et l’immobilité, provoque le système hétéro-patriarcal en place, fondé sur une hiérarchisation strictement verticale des genres, races, classes, etc. Or la sorcière est fluide, plurielle, une et tou.te.s à la fois, symbole de queerness et également de sororité voire d’adelphité [pendant neutre de fraternité (masc) et sororité (fém)].
Pour toutes ces raisons la figure de la sorcière est envisagé comme symbole de liberté et de lutte via un processus de réappropriation du terme sorcière – construit originellement comme une insulte, une marque d’infamie – qui peut, dans un contexte où les chasses aux sorcières n’existent plus, devenir marque de fierté et de rassemblement des minorisé.e.s (c'est le cas dans les 60's et à nouveau aujourd'hui). Le philosophe Paul B. Preciado nous dit qu’il faut « établir une alliance transversale et universelle des corps vivants qui veulent s’extraire de ces normes. » Nous pensons que la sorcière peut être le symbole de cette nouvelle révolte des corps vivants, notamment parce qu’elle peut incarner l’hybridation de toutes les formes de vie (humaine, animale, végétale, minérale, astrale, machine…). Cette révolte suppose l’horizontalité, l'égalité (même plus : la fusion) des différentes formes de vies, et intervient dans la continuité et la résurgence des luttes écoféministes des années 1980-90, qui identifiaient l’oppression systémique des femmes et la destruction organisée de la nature comme deux effets d’un même système patriarcal.
Je propose d’expérimenter le devenir continuel propre à la sorcière en performant ma transition, mon passage d’un état d’humainE à celui d’autre chose, sorte d’assemblage hybride d’autres formes de vies. Le temps de la performance/rituel est celui de ma transformation, cet état liminaire que je tenterai d’étirer au maximum (10-15 minutes), pour évoquer son éventuelle éternité et l'infinité du devenir.
Sur scène, dans un cercle de sel, à l’aide de toute sorte de matériaux préparés en amont (branchages, fleurs, poils, plumes, animaux empaillés, argile, peinture, paillettes, film plastique, scotch, prothèses en plâtre ou papier mâché…….) je m’hybride, j’explore l’état frontière, je deviens autre. Rite de passage qui ne finit jamais – j’arrive habillée (état préliminaire), puis étends le plus possible l’état liminaire (me déshabiller = j’abandonne mon statut de femme ; puis me transformer = je deviens autre chose), il n’y a pas d’état final, la transition n’est jamais complètement finie, je suis en perpétuel devenir, je reste dans l’entredeux, mi femme mi homme mi bête mi plante mi machine etc. Autre chose qu’une femme, surfemme, ogresse, monstre.sse, cyborg, figure puissante sœur de la sorcière, partageant avec elle un fort lien à la nature, la dangerosité, la marginalité, la capacité de muter et de lutter pour le droit à une identité fluide et instable, libre de toute binarité et stabilité restrictives et stériles, capable – on espère – de faire trembler les fondations du patriarcat.
Vous trouverez plus bas une ébauche de texte (en cours de travail) qui sera préalablement enregistré et diffusé pendant l'action.
RÉFÉRENCES ET INSPIRATIONS :
TEXTES : Camille Ducellier, Starhawk, Paul B. Preciado, ïan Larue, Donna Haraway, Judith Butler, Anne Creissels, Valeska Gert, Adel Tincelin….
OEUVRES :
Ana Mendieta
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Olivier de Sagazan
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Rébecca Chaillon
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Rebecca Horn
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Collectif Art orienté objet
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Moon Ribas
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TEXTE  :
« (...) Vous ne renoncez pas à ce flottement mystique au-dessus de l'eau. Vous êtes restée sur le pont avec sérénité. Ils vous disent insaisissable, entre deux, en suspens constant. C'est étrange comme vous ne vous êtes jamais attardée dans aucune communauté, comme repoussée sans cesse à l'extérieur par une force inconnue. Vous êtes joueuse et c'est pire qu'avant. Vous voilà désormais à vous balancer impunément, à provoquer votre vertige, giflée par les vents contradictoires. »
Camille Ducellier, Le guide pratique du féminisme divinatoire
“J'ai la peau qui gratte. J'ai des boules qui poussent sur les épaules et sur les cuisses. On dirait qu'il y a quelque chose qui demande à sortir de moi. Mon corps se transforme ou en tous cas demande à devenir autrement. Ca me démange, je gratte le vernis sur les ongles, regarde j'ai des bourgeons qui poussent au bout des doigts ! Sous la peau, les écailles, sous la jupe les poils, l'écorce, la sève et la peau d'agrumes. Jeudi j'ai trouvé un essaim d'abeilles dans mon chignon. Hier soir encore il a percé mon front et une corne en est sortie. N'est pas licorne qui veut mais sur le coup ça m'a fait bizarre j'avoue. Je me transforme je transitionne je deviens autre chose et sans trop savoir ce que c'est j'aime bien ça me chatouille sous la peau et peu à peu je prends plus de place. C'est agréable de m'étendre, de me répendre, de laisser s'éloigner les limites de mon corps. Je crois que c'est parce que j'ai beaucoup lu ces derniers temps.
Simone m'a dit qu' « on ne naît pas femme mais [qu']on le devient ». Je ne voyais pas trop le rapport avec moi jusqu'à ce que je décide de laisser pousser mes poils sous mes aisselles, et puis un jour des plumes en sont sortis, j'étais un peu estomaquée. Parlons en de mon estomac. Clairement quelque chose ne va pas ça bouge dans tous les sens et ça circule en forme de spirale. Je mange je mange je mange c'est peut être pour ça que je déborde de partout ? Ma peau ne suffit plus à contenir tout mon dedans, jamais je n'aurai pensé être aussi grande, la peau s'étire et se craquelle au dehors pour laisser grossir le dedans.
Judith m'a expliqué qu'en fait le terme femme renvoie lui-même à un processus, un devenir, une expression en construction dont on ne peut pas, à proprement parler, dire qu'il commence ou qu'il finit. Alors c'est ça ? On ne finit jamais de devenir une femme ? Devenir est une activité prenante et qui dure toute la vie pour toutes les filles, et même pas que les filles, d'après Judith (et je la crois car elle n'est pas n'importe qui), on deviendrait toustes quelque chose en permanence. Elle appelle ça la performativité. Performer notre devenir perpétuel, jouer le jeu du genre auquel on nous a assigné.e, ou bien un autre, ou bien plusieurs, ou bien tout mélanger.
Quand j'ai lu ça j'ai tenté d'abandonner le rôle de femme auquel je commençais pourtant à m'habituer. On s'habitue à se ratatiner. J'ai d'abord redoublé la couche de mascara jusqu'à ce que mes cils m'en tombent, puis j'ai constaté qu'à la place de mes cils, des branches de cerisier ont poussé, et quand au printemps mes cils ont fleuris, je n'y voyais plus grand chose mais j'ai trouvé ça joli.
A force de marcher pieds nus j'ai de la corne sous les talons. Rien d'anormal me direz-vous alors je ne me suis pas inquiétée mais l'autre matin j'ai constaté que des racines avaient poussé sous mes pieds. Enracinée, j'ai failli m'offusquer du cliché : une belle plante. Mais plantée dans ma moquette et sous la terre deux étages plus bas, et les bras écarquillés vers le ciel imaginaire de mon plafond, j'ai senti un drôle de truc : j'étais pile entre les deux. J'étais comme la fleur qui puise l'énergie de la terre en même temps qu'elle capte celle du soleil. Au bout de quelques jours même si des fourmies me grimpaient sur les hanches et que mon menton bourgeonnait pas mal, j'ai développé quelques beaux pétales tout autour de la tête.
Ma peau s'ouvre, elle est poreuse comme jamais, et si je pense à m'arroser régulièrement j'aurai bientôt toute une pelouse sur les mollets. Les limites de mon corps s'étendent, et même en me concentrant j'arrive à toucher du bout des branches le coeur des autres. Niveau vulve je surveillais, j'avais hâte de voir les changements, jambes ouvertes devant mon miroir de poche. Au début j'avais espéré des lys à la Georgia O'Keefe, j'y croyais encore quand j'ai vu la tige mais au final j'ai eu un gland. Un très beau gland. Rond et brillant, rose écarlate et tendu vers le monde, plein d'électricité. Une merveille ! Ma voix aussi a changé : j'ai mue. Jusqu'ici haut perchée et couverte par le bruit du vent et des hommes qui m'expliquent la vie, elle gagne en fermeté, neutralité et universalité. J'ai la voix qui part en sucette. Ca part du ventre et ça n'a pas de tête. Une voix hachée, désincarnée, une voix sans bouche ou avec toutes les bouches. Ce n'est plus tout à fait ma voix, j'aime à penser que c'est la notre, à nous toustes.
Avec tout ça j'ai compris que ma transformation allait au-delà d'un soi-disant retour à la nature. Retour vers quand ? Monique me dit « fais un effort pour te souvenir », mais je veux aller ailleurs. Nature de quoi ? Ça n'avait pas beaucoup de sens depuis le début, ma chatte n'est pas un potager à cultiver et j'étais déjà cocotte poulette bécasse chienne cochonne et féline à la fois merci pour ça. Non je ne veux pas être Gaïa ou une de ses jumelles parce que j'ai bien écouté quand Donna a dit qu' « il vaut mieux être cyborg que déesse ». Je suis cyborg. Je suis hybride. Je suis plurielle. Je suis tout à la fois. J'ai abandonné la condition de femme parce qu'elle était incompatible avec nos libertés. Je renonce à m'objectifier, je m'animalise, me végétalise, me masculinise, me démasculinise, me minéralise, me robotise, me défiminise, me reféminise, me surféminise. Je ne choisis pas. Je prends et je ne jette rien alors forcément je gonfle un peu mais comme ça on me voit mieux. Je te montre que ça n'a aucun sens puisque je vais dans tous les sens. Je m'indigne, je pleure et je suis allongée par terre, je m'étends partout, je répands mes liquides, je suis en train de devenir autre chose. Je mêle mon désir d'horizontalité à mes envies d'hybridité. Je mute, je lute pour me sortir de ta binarité qui me fait mal aux yeux qui me fait mal au dos et écrabouille mon plexus solaire. Je m'articule à toi et à toustes les autres, humains et non humains.
Paul B. pense qu'il faut « établir une alliance transversale et universelle des corps qui veulent s'extraire des normes. » J'ai porté mon corps volontaire pour participer à amorcer cette alliance. Mi femme mi homme mi bête mi plante mi pierre mi machine mi tout. Je reste là, sur le pont, entredeux, entre plus que deux en fait. Je ne choisis plus de côtés et c'est tant mieux. Comme ça je suis plus grande et on m'entend mieux quand j'appelle mes soeurs sorcières sirènes centaurEs fantômettes méduses amazones et putains en tout genre. Toustes ensemble on mute, on précipite l'apocalypse et tant mieux : qu'il meurt ce monde fatiguant ! Qu'il laisse nos multitudes kaléidoscopales éclore et s'exhiber, s'exciter toutes seules et toutes ensemble, exercer leur puissance trans, briller sans retenue, déblatérer leurs histoires pas encore écrites ou bien jamais écoutées, et vivre.”
Caroline Dejoie
Je vous remercie de votre attention.
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carolinedejoie · 4 years
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carolinedejoie · 4 years
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Putanat et hétérosexualité
Je suis entrée dans le putanat l’année de mes 22 ans, et y suis restée un peu plus d’un an. Cela fait quatre ans que je n’ai pas fait de passe et pourtant je me considère toujours travailleuse du sexe, et suis persuadée que j’y reviendrai un jour, au moins de façon occasionnelle.
Au début, j’avais commencé avec une amie. Nos motivations n’étaient pas les mêmes. Pour elle, un besoin financier, pour moi, une envie d’explorer mes fantasmes et d’affirmer ma liberté en termes de sexualité. Nous faisions des rendez-vous à trois : elle, moi, le client. C’était une formule très vendeuse, ça permettait de faire monter les prix rapidement, et l’idée de ne jamais être seules nous rassurait. C’était une expérience qui nous rapprochait, où nous pouvions compter l’une sur l’autre. Très vite pourtant, elle a arrêté, car elle n’aimait pas ça, tout simplement. Moi, j'adorais ce travail. C'était même la première fois que je faisais un travail que j'aimais. J’adorais rencontrer les clients, j’apprenais beaucoup sur moi, sur mes désirs, ce que j’aimais, ce que je n’aimais pas, j’adorais l’argent facile. Je gagnais en confiance en moi et me réconciliais avec mon corps. Lorsque je couchais avec un client, je me sentais désirée, belle, puissante, indépendante. Quand mon amie a arrêté, nous sommes parvenues à un accord : elle gérerait dorénavant le secrétariat : poster les annonces, faire le tri dans les demandes, expliquer les prestations, gérer les négociations, virer les mecs problématiques, fixer les rendez-vous... Elle était aussi mon back-up, la personne au courant du lieu et de l’heure de rendez-vous, prête à agir si je ne donnais pas de nouvelles à l’heure dite. Je lui reversais la moitié de ce que je gagnais en échange de tout ça. Nous n'avions alors aucune idée qu'aux yeux de la loi, elle commettait ainsi un délit de proxénitisme. Parfois une autre amie se joignait à moi pour les passes, mais je préférais de plus en plus y aller seule, j’avais mes habitudes.
Durant toute cette période, nous formions à nous trois un groupe de femmes puissantes aux liens indéfectibles, nous nous faisions entièrement confiance, le jugement était absent de nos relations, et nous nous amusions beaucoup. Mes relations aux hommes n’étaient pas au cœur de mon expérience de pute. C’était ma relation à ces deux femmes, cette sororité, qui importait vraiment.
Mon expérience de pute coïncide avec le début de la formation de mon féminisme. Au début, les paradoxes étaient nombreux mais pas insolubles. Les dépasser m’a permis d’analyser et d’entamer la déconstruction de mon rapport au patriarcat et à l’hétérosexualité, les différents conditionnements auxquels j'étais soumise et mes possibilités d’émancipation. Étudiante en licence de lettres à ce moment-là, je m’entourais d’autrices dites subversives qui incarnaient pour moi des modèles de féminité putassière puissantes et fières. Il y avait Nelly Arcan, Annie Sprinkle, Wendy Delorme, Raffaëla Anderson, Griselidis Réal, Virginie Despentes, Chloé Delaume, La vie sexuelle de Catherine M, puis les livres et les documentaires d’Ovidie, Catherine Deneuve dans Belle de Jour, La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan... Une constellation de putains - certaines fictives et en partie fantasmées, mais pour la plupart bien réelles - m’entourait et m’aidait à comprendre et à accepter que j’avais finalement trouvé dans la putasserie le moyen de m’épanouir sexuellement, individuellement, intellectuellement, financièrement et professionnellement, tout en restant en accord avec mes valeurs politiques et éthiques.
Ça n’a pas été facile. Le spectre de la « mauvaise féministe » planait au-dessus de moi et je crevais de culpabilité. Défendre ma liberté sexuelle, la libre disposition de mon corps et mon autonomie financière était une chose, mais comment justifier (aux autres et à ma propre conscience d’abord) que je prenne autant de plaisir à performer sous mon nom de pute une féminité ultra-normée, ultra-stéréotypée, ultra-soumise aux injonctions patriarcales, que je dénonçais par ailleurs dans mes activités et mon discours féministes ?
En me présentant comme « jeune étudiante bi, timide mais fêtarde, peu expérimentée mais adorant le sexe, mince, blanche, blonde, épilée, petits seins et beau cul, plutôt soumise, a très envie d'apprendre et d'être corrigée », ne participais-je pas à diffuser l’idée d’une féminité tronquée, lissée, objectifiée, toute entière dédiée au plaisir masculin ? Et ce faisant, ne participais-je pas à renforcer la culture du viol, n’encourageais-je pas ces hommes à estimer normal et acceptable de disposer, voire d’exiger des femmes de tels attributs artificiels et un tel empressement à satisfaire tous leurs désirs ?
Très vite pourtant j'ai compris que puisque j'exigeais de l'argent en retour, les choses étaient claires : je fournissais un service, je leur proposais une performance que je ne leur devais pas. Avant d'être pute et même après, dans ma sexualité gratuite, je ne suis jamais parvenue à faire comprendre aux hommes cis hétéros avec qui je couchais que je ne leur devais rien. Contrairement aux clients, mes amants gratuits considéraient normal que je me tienne à leur disposition, que j'accepte toutes leurs demandes. Ils exigeaient que je fournisse, en plus du service sexuel que je leur offrais gracieusement, un soutien émotionnel et affectif, le tout non rémunéré. C'est ça, l'hétérosexualité. Les hommes cis hétéros considèrent que les femmes leur doivent un ensemble de services sexuels, émotionnels et/ou domestiques, sans compensation aucune. En étant pute, je fournissais un service d'ordre sexuel, rien d'autre, et j'étais payée en conséquence. Mes clients respectaient cela.
Parfois je culpabilisais, je me disais qu'il serait préférable que je sois domina par exemple : incarner une féminité puissante et profiter de ma position de pute pour inverser les rôles et sortir de mes conditionnements plutôt que de les réaffirmer. Mais je n'ai jamais aimé dominer. J'aime être soumise, être prise, secouée, pénétrée… et si possible sans ménagement et avec brutalité – et comprendre que j'avais été éduquée et conditionnée pour aimer cela n'y change rien : c'est la sexualité que j'aime. Avant mon entrée en putanat, c'était la sexualité que je menais gratuitement avec des hommes que je ne connaissais pas. Le sexe était satisfaisant mais je ne supportais pas la manière dont ils me considéraient perdante dans l'échange. J'aimais la soumission, j'en retirais du plaisir. Eux aimaient me soumettre et chacun.e aurait pu être être gagnant.e dans l'histoire mais ils partaient constamment du principe qu'ils « m'avaient bien eue ». Ils m'avaient eue, c'est sûr. Mais parce que je le voulais. Parce que j'en retirais du plaisir. Je n'étais pas perdante dans l'échange, nous étions à égalité, mais la masculinité toxique est dure à déconstruire et ces hommes adoraient se croire chasseurs et refusaient que je puisse être autre chose que leur proie. Quand je leur disais, ils se vexaient et me traitaient... de pute.
C'est tout cela que j'avais en tête quand j'ai rédigé ma première annonce. Puisque j'avais une sexualité stéréotypée, je voulais acter que je l'avais choisie et qu'elle me convenait, me satisfaisait pleinement. Et puisqu'il était si dur de croire que je puisse retirer du plaisir de ces rapports, l'argent me permettait d'être visiblement et matériellement enrichie par eux. J'étais doublement gagnante. C'est de là que provenait mon sentiment de puissance : j'étais la chasseuse et eux les proies, les pigeons, et tout le monde le savait, même si techniquement, c'est moi qui me faisait baiser.
J'avais alors bien amorcé ma déconstruction, mon devenir-pute était salvateur et je me sentais bien. Jusqu'à ce qu'un viol et une MST me fassent tout remettre en question. Un client n'avait pas respecté le contrat et m'avait sodomisée de force et sans capote. Il m'a violée, et si maintenant j'ai conscience que le risque d'être violée est constant, partout, dans la vie de toutes les femmes, putes ou pas putes, l'avis général de mon entourage proche était que je m'étais mise en danger. C'était alors ma faute. J'ai donc cessé les passes, et me suis mise en couple avec un homme qui, je le saurai lors de notre rupture trois ans plus tard, n'était rien d'autre qu'un manipulateur abusif qui m'a peu à peu détruite psychologiquement jusqu'à ce que je parvienne à me sortir de son emprise, et qui continue aujourd'hui encore à me harceler. Peut-être, je dis bien peut-être, que si ce soir-là, j'avais pu aller porter plainte contre mon violeur, ou si la putophobie ambiante ne m'avait pas persuadée qu'en étant pute, je m'étais mise en danger (autrement dit, que je l'avais bien cherché), je n'aurais pas arrêter les passes, je n'aurais donc pas perdu toute confiance en moi, je ne serais donc pas tombée dans les bras de cet homme toxique, je n'aurais pas été financièrement et affectivement dépendante de lui, je n'aurais pas perdu trois ans de ma vie à être sans cesse rabaissée et humiliée par lui... Qui sait ? Peut-être que si nous ne vivions pas dans un état et une société putophobes et sexistes, j'aurais pu éviter tout cela.
Depuis cette rupture, j'ai cessé de fréquenté romantiquement des hommes cis hétéro. La pansexualité m'est toujours apparue évidente et naturelle, pourtant pour les raisons politiques développées plus hauts, je ne veux plus être en couple avec des hommes cis hétéro. Par ailleurs, je pense de plus en plus à reprendre le putanat. Car si (cis)men are trash, on peut toujours coucher avec eux, et d'autant plus lorsqu'ils nous payent pour cela. La question que je me pose aujourd'hui est comment articuler ce métier à une vie de couple, même non-hétéro ? Mon amoureux a beau être trans, il a tendance à reproduire – bien malgré lui – les mécanismes du couple cishet patriarcal tels que la monogamie, l'exclusivité sexuelle, la jalousie... et ne cesse de me dire qu'il serait « très mal à l'aise » si je me prostituais à nouveau. Je me retrouve donc, encore, à adapter mes envies et mes décisions, pour faire plaisir à l'homme que j'aime. Et je m'entends penser très fort lorsque j'attends une autorisation de sa part pour me remettre au TDS, « y a-t-il plus hétéro que cela ? ».
- Caroline Dejoie
Ce texte a été publié sur les comptes de Par et pour, tenus par Tan Polyvalence, qui lutte pour la visibilité des travailleu.r.se.s du sexe et travaille à la collecte de témoignages.
Merci à elle de sa confiance et pour ce travail important !
https://www.instagram.com/par.et.pour/
https://www.facebook.com/Paretpourtds/?ref=search&__tn__=%2Cd%2CP-R&eid=ARD95PL7HcTmSayWzlxMamGvSzgCkqagOtSvCRii_6FoWICBYIMZg65CUIl-Ak7yrQljNbmrAvCaBB4c
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carolinedejoie · 4 years
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carolinedejoie · 4 years
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Cohabitation harmonieuse jusqu’à partager la même peau chez Kiki Smith
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J'ai vu l'exposition Kiki Smith au 11 Conti 🐺☄🧿🌙
Alice devenue bergère s'est assoupie au milieu de la grande salle du musée de la Monnaie. Les mouton.ne.s veillent sur elle et lui tiennent chaud comme iels peuvent. Paysage pastoral sur carrelage en échiquier, on déambule on tourne autour et alors le bronze devient tronc d'arbre, les pieds qui dépassent de la jupe deviennent champignon et si je continue mon tour les corps ne sont plus séparés. Voilà que vues de dos l'animalE et l'humaine ne sont plus qu'une.
Tout autour les vitrines m'aident à tisser les liens : petites sculptures où toutes deux cohabitent paisiblement, puis s'approchent, se reconnaissent, jusqu'à fusionner. Devenir Une : sirène centaurE ou sphinx aux seins pointus. Alice ou Jeanne d'Arc, chez Kiki Smith les jeunes filles se démultiplient, les torses sont souvent plats et la Vierge Marie n'est jamais très loin avec sa peau bleue et ses paumes caractéristiques ouvertes vers le plafond.
Parfois elle se mêle à Frida les cheveux coupés elle-même hybridée avec une copine et de cette constellation toute féminine naît une vierge queer en costume trois pièces, tranquillement perchée sur son socle. D'autres sculptures impudiques montrent leur cul, la tête entre les jambes elles contemplent le monde depuis l'envers et font dégouliner leurs liquides sur le parquet ciré. Elles crient que derrière la sainteté se trouve d'abord des corps de femmes même si ce n'est pas autorisé.
Sainte Geneviève sort des entrailles du loup - son corps est moulé sur celui de l'amie de Kiki, Geneviève. Là encore on redonne corps à ces saintes qui en sont privées, ces femmes bibliques sans matérialité. La vierge écorchée est une merveille toute en chair en sang et en réalité.
Tout ça parle de réincarnation, de passages d'un corps à un autre, de montrer nos facettes les unes après les autres. Vénus sortie des eaux dans sa coquille Saint-Jacques 24 carats n'aurait pas mieux fait : le petit chaperon rouge renaît des entrailles du loup, iels ont fait la paix jusqu'à partager la même peau. Iels se quittent bons amis, adelphes, conscient.e.s du lien qui les uni.e.s.
🐺🐺🐺🐺🐺🐺 🌗 🐺🐺🐺🐺🐺🐺
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carolinedejoie · 4 years
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Les sorcières ne sont pas des femmes et j’ai la tête comme une orange
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La tête comme une orange bleue traversée par des plumes, on fait des essais et on se dit qu'au pire, tout ça fait partir d'un processus ; qu'une nuit on se retournera avec tendresse ou ironie, on se rappellera le goût du miel et on appréciera le chemin parcouru, comme les racines ont poussées et comme les saisons sont passées. Les branches au bout des doigts seront plus longues et les poils de cuisses aussi, mêlés aux plumes, aux paillettes et à la bonne odeur de terre.
C’est tant mieux.
En attendant on continue d'avancer et les lumières tournent tout autour 🌱
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carolinedejoie · 4 years
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carolinedejoie · 4 years
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Sororités dorées
Des déesses sont derrière moi et aussi à l'intérieur de moi. Elles sont tout autour en même temps que je les enveloppe. On s'emmêle bras dessus bras dessous. Pas certaine de la place qu'occupent ces figures dans ma vie. Des modèles de féminité, puissantes et rayonnantes, comme des alternatives à la norme proposée, étouffante et étouffée.
Quand elles bougent à l'intérieur de mon ventre leurs peaux tremblent et leurs chairs se tendent, leurs fesses rebondissent et mes organes vibrent.
Elles sont aussi toutes les femmes qui m'entourent, ces amies ces sœurs qui m'aident chaque minute à devenir moi. Des femmes dorées qui me tournent autour de la tête au rythme des sons qui nous enveloppent, les sons de la ville, ceux du ciel et ceux des racines qui poussent sous nos pieds et nous relient les unes aux autres.
Avec ces déesses on renverse et on réinvente. Et puisque tout geste est renversement, on apprend à être en équilibre, on flotte au dessus du ruisseau, on s'entraîne à prendre plus de place sans s'excuser.
Sororité dorée.
Bras ouverts et pieds plantés.
Mythologies réinventés.
Et puis on souffle.
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carolinedejoie · 5 years
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Les sorcières ne sont pas des femmes
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Ça me grattait depuis longtemps de porter mes mots avec le corps, et donc je me suis lancée. Du 8 octobre au 7 novembre, l'installation et la vidéo accompagnant ma première performance seront exposées à la MPAA/Bréguet, dans le cadre de l'exposition Sorcières d'aujourd'hui.
Tentative performative de sortie de la case riquiqui de la condition féminine, rite de passage qui n'en finit pas de passer, on s'hybride en se branchant aux autres corps vivants écrasés par l'oppresseur-dominateur commun : le patriarcat, qui nous brûle le bout des ailes et des branches depuis trop longtemps. On lutte pour s'extirper de la petite case de la féminité, pour s'autoriser à devenir "autre chose" : sorcière sirène centaurE amazone méduse et putain tout à la fois....
... Cyborg .
C'était une première, j'avais le feuillage qui tremblottait pas mal mais j'ai quand même senti mon corps s'étendre et se répandre sur tou.te.s les gentEs présentes ce soir là, et puis c'était bon de les toucher du bout du plumage.
Je performerai à nouveau Les Sorcières ne sont pas des femmes le jeudi 7 novembre à la MPAA/Breguet, et si tu as envie de t'hybrider à coups de douche de miel, de paillettes, de plumes et de branches de cerisier dans les yeux, tu peux (re)venir t'articuler à moi, et toustes ensemble on mutera pour mieux lutter. Bisou. 
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carolinedejoie · 5 years
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Les Sorcières ne sont pas des femmes
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J'ai la peau qui gratte. J'ai des boules qui poussent sur les épaules et sur les cuisses. On dirait qu'il y a quelque chose qui demande à sortir de moi. Mon corps se transforme ou en tous cas demande à devenir autrement. Ça me démange, je gratte le vernis sur les ongles, regarde j'ai des bourgeons qui poussent au bout des doigts ! Sous la peau, les écailles, sous la jupe les poils, l'écorce, la sève et la peau d'agrumes. Jeudi j'ai trouvé un essaim d'abeilles dans mon chignon. Hier soir encore il a percé mon front et une corne en est sortie. N'est pas licorne qui veut mais sur le coup ça m'a fait bizarre j'avoue. Je me transforme je transitionne je deviens autre chose et sans trop savoir ce que c'est j'aime bien ça me chatouille sous la peau et peu à peu je prends plus de place. C'est agréable de m'étendre, de me répandre, de laisser s'éloigner les limites de mon corps. Je crois que c'est parce que j'ai beaucoup lu ces derniers temps. Simone m'a dit qu' « on ne naît pas femme mais [qu']on le devient ». Je ne voyais pas trop le rapport avec moi jusqu'à ce que je décide de laisser pousser les poils sous mes aisselles, et puis qu'un jour des plumes en soient sorties, j'étais un peu estomaquée. Parlons-en de mon estomac. Clairement quelque chose ne va pas ça bouge dans tous les sens et ça circule en forme de spirale. Je mange je mange je mange c'est peut-être pour ça que je déborde de partout ? Ma peau ne suffit plus à contenir tout ce qu’il y à l’intérieur, jamais je n'aurais pensé être aussi grande, la peau s'étire et se craquelle au dehors pour laisser grossir le dedans. Judith m'a expliqué qu’on n’en finissait jamais de devenir femme, que c’était un processus, un devenir, une expression en construction permanente. Une boucle. Un masque, un rôle, une mascarade. Une arnaque. Elle appelle ça la performativité. Et il n’y a même pas que les femmes : on jouerait toustes à devenir quelque-chose en permanence. Jouer le jeu du genre auquel on nous a assigné.e à la naissance, ou bien un autre, ou bien plusieurs, ou bien tout mélanger. Je choisis de tout mélanger parce que ça me permet de me réconcilier avec mes différentes facettes. Alors j’ai eu envie d’abandonner le rôle de femme auquel je commençais pourtant à m'habituer. On s'habitue à se ratatiner. J'ai d'abord redoublé la couche de mascara jusqu'à ce que mes cils m’en tombent, puis j’ai constaté qu’à la place de mes cils, des branches de cerisier ont poussé, et quand au printemps mes cils ont fleuri, je n’y voyais plus grand-chose mais j’ai trouvé ça beau. A force de marcher pieds nus j'ai de la corne sous les talons. Rien d'anormal me direz-vous alors je ne me suis pas inquiétée mais l'autre matin j'ai constaté que des racines avaient poussé sous mes pieds. Enracinée, j'ai failli m'offusquer du cliché : une belle plante. Mais, plantée dans ma moquette et sous la terre deux étages plus bas, et les bras écarquillés vers le ciel imaginaire de mon plafond, j'ai senti un drôle de truc : j'étais pile entre les deux. J'étais comme la fleur qui puise l'énergie de la terre en même temps qu'elle capte celle du soleil. Au bout de quelques jours même si des fourmis me grimpaient sur les hanches et que mon menton bourgeonnait pas mal, j'ai développé quelques beaux pétales tout autour de la tête. Ma peau s'ouvre, elle est poreuse comme jamais, et si je pense à m'arroser régulièrement j'aurai bientôt toute une pelouse sur les mollets. Les limites de mon corps s'étendent, et même en me concentrant j'arrive à toucher du bout des branches le cœur des autres. Niveau vulve je surveillais, j'avais hâte de voir les changements, jambes ouvertes devant mon miroir de poche. Au début j'avais espéré des lys à la Georgia O'Keefe, j'y croyais encore quand j'ai vu la tige mais au final j'ai eu un gland. Un très beau gland. Rond et brillant, rose écarlate et tendu vers le monde, plein d'électricité. Une merveille ! Et ma voix aussi a changé : j'ai mué. Jusqu'ici haut perchée et couverte par le bruit du vent et des hommes qui m'expliquent la vie, elle gagne en fermeté, neutralité et universalité. J'ai la voix qui part en sucette. Ça part du ventre et ça n'a pas de tête. Une voix hachée, désincarnée, une voix sans bouche ou avec toutes les bouches. Ce n'est plus tout à fait ma voix, j'aime à penser que c'est la nôtre, à nous toustes. Avec tout ça j'ai compris que ma transformation allait au-delà d'un soi-disant retour à la nature. Retour vers quand ? Monique me dit « fais un effort pour te souvenir », mais je veux aller ailleurs. Nature de quoi ? Ça n'avait pas beaucoup de sens depuis le début, ma chatte n'est pas un potager à cultiver et j'étais déjà cocotte poulette bécasse chienne cochonne et féline à la fois merci pour ça. Non je ne veux pas être Gaïa ou une de ses jumelles parce que j'ai bien écouté quand Dona a dit qu' « il vaut mieux être cyborg que déesse». Je suis cyborg. Je suis hybride. Je suis plurielle. Je suis tout à la fois. J'ai abandonné la condition de femme parce qu'elle était incompatible avec nos libertés. Je renonce à m'objectifier, je m'animalise, me végétalise, me masculinise, me démasculinise, me minéralise, me robotise, me déféminise, me reféminise, me surféminise. Je ne choisis pas. Je prends et je ne jette rien alors forcément je gonfle un peu mais comme ça on me voit mieux. Je te montre que ça n'a aucun sens puisque je vais dans tous les sens. Je m'indigne, je pleure et je suis allongée par terre, je m'étends partout, je répands mes liquides, je suis en train de devenir autre chose. Je mêle mon désir d'horizontalité à mes envies d'hybridité. Je mute, je lute pour me sortir de ta binarité qui me fait mal aux yeux qui me fait mal au dos et écrabouille mon plexus solaire. Je m'articule à toi et à toustes les autres, humains, humaines, non-humains, non-humaines. Paul B. pense qu'il faut « établir une alliance transversale et universelle des corps qui veulent s'extraire des normes. » J'ai porté mon corps volontaire pour participer à amorcer cette alliance. Mi-femme-mi-homme-mi-bête-mi-plante-mi-pierre-mi-machine-mi-tout. C’est une histoire de trait d’union. Je reste là, sur le pont, entre-deux, entre-plus-que-deux en fait. Je ne choisis plus de côtés et c'est tant mieux. Comme ça je suis plus grande et on m'entend mieux quand j’appelle mes soeurs sorcières sirènes centaurEs fantômettes méduses amazones et putains en tout genre. Toustes ensemble on mute, on précipite l’apocalypse et tant mieux : qu’il crève ce monde fatiguant ! Qu’il laisse nos multitudes kaléidoscopales éclore et s’exhiber, s’exciter toutes seules et toutes ensemble, exercer leurs puissances trans, briller sans retenue, déblatérer leurs histoires pas encore écrites ou bien jamais écoutées, et vivre.
Caroline Dejoie, octobre 2019
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carolinedejoie · 5 years
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Créatrices - L’émancipation par l’art, on tricote et on s’épluche comme une clémentine.
J'ai vu l'expo Créatrices, L'émancipation par l'art, au Musée des Beaux Arts de Rennes ✊🍊
Commissariat de Marie-Jo Bonnet et Anne Dary, jusqu'au 29 septembre. 🍊
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C'est rare une expo dans un grand musée qui se dit d'emblée FÉMINISTE. Pour une fois, ça tricote à tout va et ça appelle une chatte un abricot - parce qu'avant l'ère des performeuses c'est d'abord par la nature morte que ça s'est passé cette histoire d'émancipation par l'art. Libère toi de ta condition de femme. Fais ce qui est interdit, mute, deviens surfemme, ogresse, sorcière, géante, nana gigantesque - ouvre le bal et chante le blues, on est toutes avec toi.
Niveau transdisciplinarité t'es pas déçue, le textile enfin mis à l'honneur, ferme les yeux et savoure le moment.. Enfin les tricoteuses vénères sont visibles. Mon cocon est protection mais j'en sors si je veux, et puis surtout on tisse la toile ensemble, on brode les mots miso pour mieux les bazarder, ça s'effiloche de partout jusqu'aux dentelles d'Elisabeth Vigée Le Brun. C'est d'une histoire de l'art féministe qu'il s'agit, et d'une histoire féministe de l'art aussi, alors on tricote, on tisse les liens. Toutes reliées, toutes sœurs, toutes ensemble face à une histoire de l'art sexiste et on est fatiguées.
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Alors on peint des fleurs, on peint des fruits. On cherche la déesse en nous, sous la peau, on s'épluche comme une clémentine, et si on a pas d'ongles parce qu'on préfère les filles, on hésite pas à mettre les dents.Parfois on est violente - Léa Lublin venge Artemisia Gentileschi au fusain et Louise Bourgeois nous sculpte en transe, suspendues, hystériques ou sorcières, tournoyantes au-dessus du sol, folles mais surtout dangereuses, révoltées, libérées. 🍊 
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