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remykolpakopoul · 2 months
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Quand Caetano chante La Mer, c'est RKK'nniversaire !
► Chaque vendredi, les nouveautés musicales de la semaine font leur apparition sur les plateformes de streaming. Toutefois, le 23 février 2024 n'était pas un vendredi ordinaire. On célébrait le RKK'nniversaire ! Comme un cadeau offert à Rémy Kolpa Kopoul, son chanteur préféré Caetano Veloso ("et s'il n'en reste qu'un...") a diffusé à cette date son nouveau single, la reprise d'un standard de Charles Trenet : "La Mer". ▼
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Dans un français impeccable et en s'accompagnant simplement à la guitare, le brésilien en livre une douce interprétation, co-produite avec Lucas Nunes. Pour l'illustrer, une vidéo contemplative et crépusculaire (conçue par la compagne de l'artiste Paula Lavigne / Uns Produções) a été tournée au bord de la superbe plage Porto da Barra à Salvador de Bahia ▼
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Cette enregistrement en studio confirme l'attrait de Caetano Veloso pour un morceau appartenant depuis longtemps à son répertoire scénique. Son ami Guilherme Araújo (impresario et producteur musical disparu en 2007) le lui réclamait d'ailleurs souvent. Une captation par un spectateur lors d'un concert à l'Auditorium de Rome le 17 juillet 2008 préserve le souvenir d'un hommage émouvant. ▼
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Le projet s'inscrit d'autant plus dans une démarche francophile qu'il s'intègre à la bande originale du nouveau film documentaire de Christine Angot, "Une Famille" (Nour Films). La première mondiale de ce long-métrage s'est tenue à la 74ème Berlinale le 18/02/2024. (Sortie en salles : 20/03/2024)
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À propos de cet immense privilège, la réalisatrice a déclaré : "Que Caetano accepte d'enregistrer une chanson, "La Mer" de Trenet, pour clôturer avec sa voix le film que je terminais, "Une Famille", me paraissait impossible. Inattendu. Je lui ai écrit. Il n'a pas refusé. Il m'a demandé d'expliquer comment je voulais qu'il chante. J'avais entendu son interprétation il y a quelques années, c'était quelque chose d'absolument merveilleux, dans le sens où tous les replis de la sensibilité humaine et toute la beauté de la nature semblaient se fondre dans sa voix. "La Mer" est l'une des plus belles chansons du monde, et avec sa voix on atteint des sommets. L'enregistrement est arrivé par téléphone un matin, à quatre heures, heure française. J'étais allongée avec le téléphone à la main, j'écoutais, je pensais n'avoir jamais rien entendu d'aussi beau et j'ai pleuré."
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La version originale de "La Mer", composée et interprétée par Charles Trenet, est sortie en 1946 mais c'est trois ans auparavant qu'elle lui fut inspirée alors que, voyageant en train, il aperçut non pas la grande bleue mais l'étang de Thau, du côté de Sète...
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Dans un premier temps, le Fou Chantant n'était pas franchement convaincu par sa création. Elle a néanmoins fini par s'imposer et est devenue un de ses classiques, incontournable sur scène ou à la télévision, comme dans cet extrait de l'émission Les Étoiles De La Chanson (ORTF, 29/06/1971). ▼
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Si les paroles débordent de poésie mer-veilleusement française, la mélodie puise sa source outre-atlantique, jaillissant du jazz populaire américain. En 1938, Hoagy Carmichael composa "Heart And Soul" : l'orchestre de Larry Clinton et la voix de Bea Wain ont ainsi pour la première fois entonné cet air devenu familier. ▼
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Les vagues de la liberté atteindront encore les rivages enchantés du jazz... En 1948, Benny Goodman proposera d’abord une adaptation instrumentale de l’œuvre de Charles Trenet. ▼
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Jack Lawrence y ajoutera ensuite des paroles, puis, en 1959, Bobby Darin popularisera "Beyond The Sea" avec succès. ▼
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Ces origines hybrides ne pouvaient que captiver un distingué polyglotte. Caetano Veloso a si souvent pratiqué les langues étrangères à son portugais du Brésil que cela méritait bien une playlist Spotify : Caetano Em Outras Linguas. ▼
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Parmi les 79 titres de cette copieuse sélection, une autre fierté hexagonale figure au palmarès. Avant d'observer le large, le lointain, l'horizon, Caetano Veloso a exalté l'insularité.
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Sur l'album "Outras Palavras" (1981) figurait donc une reprise de la chanson "Dans Mon Île", signée Henri Salvador, autre grand complice de RKK. Caetano l'apprécie tant qu'il la joue souvent, comme au Grand Rex à Paris, le 16/05/2014. ▼
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Le tropicaliste reste ainsi fidèle à l'esprit de Monsieur Henri qui, en 1958, se manifestait ainsi...▼
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Enfin et pour que le panorama du ConneXionneur soit complet, il convient de signaler que Caetano honore également Charles Aznavour : le 28/08/2021 il a régalé la Philharmonie de Paris d'un savoureux "Tu T'Laisses Aller". Tandis que du côté de Charles Trénet, nul n'a oublié que de nombreux amis de Rémy l'ont aussi repris, comme Jaques Higelin, Catherine Ringer ou Rachid Taha avec Carte De Séjour. Plus profond encore que la mer, un océan de talents... LL
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Caetano Veloso ► Wikipédia ● Site ● Facebook ● X ● Instagram ● YouTube ● Apple Music ● Spotify ● Deezer ● Qobuz ● Soundcloud ● AllMusic ● Discogs
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▼ CAETANO VELOSO SUR RKKCOM.COM
À propos de Caetano Veloso ► Conférence de Rémy Kolpa Kopoul à l’Institut Français de la Mode, Paris (04/03/2014)
Kanal RKK ► João Gilberto & Caetano Veloso
RKK Brasil ► Le Grand Remix
Kanal RKK ► Caetano Veloso : Meu Coco !
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▼ PODCAST DE RADIO NOVA
Nova la source - Épisode #1 ► En 1998, un réveillon avec Caetano Veloso
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remykolpakopoul · 2 months
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Le 23 FÉVRIER, c’est RKK’NNIVERSAIRE ! Pour toujours !
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► Pétillante RétrospeKKtive festive des réjouissances
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Et c'est le DIMANCHE 3 MAI 2015 qu'il s'en alla mixer là-haut...
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► Les Délicieux Instants de RKK à Brest en Mai 2015…
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remykolpakopoul · 3 months
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They Shot The Piano Player ► Tenório Jr.
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► Mystèrieusement disparu à Buenos Aires en 1976, le pianiste brésilien Francisco Tenório Cerqueira Júnior est redécouvert grâce à un superbe film d'animation sorti le 31/01/2024 dans les salles françaises : "They Shot The Piano Player". ▼
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Ce long-métrage, conçu comme une enquête journalistique sur un virtuose du Samba Jazz et de la Bossa Nova, a été réalisé par Fernando Trueba et Javier Mariscal : un distingué duo déjà à l'origine de "Chico & Rita" (2011), dessin-animé consacré à la musique cubaine en général et à celle de Bebo Valdés en particulier. Rémy Kolpa Kopoul en raffolait.
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Nul doute que le ConneXionneur se délecterait d'un spectacle avec au menu : Vinicius de Moraes, Antonio Carlos Jobim, Toquinho, João Gilberto, João Donato, Paulo Moura, Gilberto Gil, Chico Buarque, Caetano Veloso, Milton Nascimento, Mutinho, mais aussi Ella Fitzgerald, Stan Getz, Bill Evans, Astor Piazzolla, Bud Skank et... Bebo Valdés (encore lui !).
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La bande-annonce donne un aperçu de cet alléchant programme...▼
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... Tandis que son synopsis permet d'en saisir les louables intentions.
Un journaliste de musique new-yorkais mène l’enquête sur la disparition, à la veille du coup d’État en Argentine, de Francisco Tenório Jr, pianiste brésilien virtuose. Tout en célébrant le jazz et la Bossa Nova, le film capture une période éphémère de liberté créatrice, à un tournant de l’histoire de l’Amérique Latine dans les années 60 et 70, juste avant que le continent ne tombe sous le joug des régimes totalitaires.
(104 minutes - Espagnol, Anglais, Portugais - 16/9 - 5.1)
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L'effervescence créative des années 60 à Rio est joyeusement restituée comme lors de l'apparition surprise de la chanteuse de jazz Ella Fitzgerald dans un night club de Beco das Garrafas. Un souvenir féérique, rythmé et coloré. ▼
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D'un tourbillon à l'autre, de Rio à Paris, de la musique au cinéma, Fernando Trueba rapproche bossa nova et nouvelle vague. Au-delà de leur traduction littérale, ces mouvements contemporains ont eu en commun la liberté des jeunes artistes de cette époque. Une influence mutuelle confirmée par Milton Nascimento, profondément marqué par "Jules Et Jim" de François Truffaut. C'est d'ailleurs aussi un film de ce dernier, "Tirez Sur Le Pianiste", qui a inspiré le titre "They Shot The Piano Player". (Cette relation singulière entre France et Brésil a toujours intéressé RKK, comme dans l'article de son Grand Remix consacré à ces échanges.)
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Dans le domaine discographique, Tenório Jr. a contribué à diverses sessions d'enregistrement pour : Edison Machado, Os Cobras, Wanda Sá, Dóris Monteiro, Gal Costa, Beto Guedes - Danilo Caymmi - Novelli - Toninho Horta, Edu Lobo, Egberto Gismonti, Johnny Alf, Juarez Araújo, Leny Andrade, Milton Nascimento, Nana Caymmi, le projet Samba Nova Concepção (Eumir Deodato) et Victor Assis Brasil.
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▼ Gal Costa : Pontos De Luz (1973) avec Tenório Jr.
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Il n'a toutefois publié qu'un seul album sous son nom, intitulé : Embalo. Si le terme signifie "berceuse", aucun de ces onze instrumentaux n'incite à rejoindre les bras de Morphée. À cinq compositions personnelles, d'une remarquable sophistication, sont associées de brillantes interprétations de standards signés Aloysio De Oliveira, Antonio Carlos Jobim, Bud Shank, Johnny Alf, Durval Ferreira, Mauricio Einhorn, Baden Powell, Vinicius De Moraes et Zézinho Alves.
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Avec : Tenório Jr. (piano), J.T. Meirelles (saxo tenor), Paulo Moura (saxo alto), Pedro Paulo (trompette), Raul de Souza (trombone).
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Pour prolonger le plaisir de cette exploration des ambiances bossa nova et samba jazz, Fernando Trueba suggère une judicieuse sélection. ▼
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Os Cobras : "O LP" (1964), avec Paulo Moura et Tenório Jr.▼
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Edison Machado : "Edison Machado È Samba Novo" (1964) ▼
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João Donato E Seu Trio : "Muito A Vontade" (1962). Tenório Jr. ne figure pas sur ce disque mais les deux pianistes se vouaient une admiration réciproque. ▼
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Une playlist Spotify constituée de 23 titres rassemble la quasi-intégralité de la bande-son. ▼
Quelques images d'archives disponibles en vidéo permettent de percevoir la réalité historique que ce film d'animation révèle :
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En 1974, Tenório Jr. fit une apparition à la télévision brésilienne. Un document aussi bref que rare... ▼
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Dès 1983, Rogério Lima réalisa un documentaire de 22 mn : "Balada Para Tenório Júnior". Plus tard, en 1992, Fantástico, émission de TV Globo, a diffusé un reportage sur la "Disparition de Francisco Tenório Jr.".
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En 2016, Tele Sur, chaîne du Venezuela à vocation pan-latino-américaine, a proposé un sujet consacré à Tenório Jr., 40 ans après le coup d'état en Argentine, avec les participations d'Elisa Andrea Tenório Cerqueira, fille du pianiste, et de Caetano Veloso. ▼
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"They Shot The Piano Player" aborde également les tragiques circonstances de la disparition de Tenório Jr., en mars 1976 à Buenos Aires où il se trouvait pour une série de concerts avec Vinicius de Moraes et Toquinho. Jeff, personnage fictif du chroniqueur musical qui se mue en journaliste d'investigation, délaisse alors Copacabana pour se rendre sur les lieux du drame et y mener son enqu��te.
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Il y découvre que c'est probablement par erreur que l'artiste brésilien à l'allure un peu trop bohème a été kidnappé, séquestré, torturé et tué, comme tant d'autres victimes de l'Opération Condor. [ ► Consulter le site infobae ]
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Cette vaste et sinistre campagne d’assassinats d'opposants politiques, menée conjointement par les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay, bénéficia du soutien tacite des États-Unis, au milieu des années 1970. [ ► Consulter Le Monde Diplomatique ]
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Tenório Jr. avait encore tant d'œuvres merveilleuses à créer. Son destin tragique a causé la perte d'un immense talent . "S'il avait vécu, la musique brésilienne aurait été différente. Parce que c'était un type très spécial. Comme s'il avait été élu pour réaliser des choses."
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Le film s'achève par une scène émouvante : le pianiste João Donato découvre et joue la partition d'un inédit de Tenório Jr. intitulé "Viva Donato". Cet hommage d'un artiste disparu à l'un de ses pairs aurait pu demeurer dans l'oubli mais il est finalement parvenu à son destinataire et enchante désormais les spectateurs de "They Shot The Piano Player". Viva Tenório ! LL
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▲ Affiches du film en version espagnole et made in USA. ▼
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Tenório Jr. ► Wikipedia ● Discogs ● AllMusic ● YouTube ● Apple Music ● Spotify ● Deezer ● Qobuz
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They Shot The Piano Player ► Wikipédia ● Facebook ● AlloCiné ● IMDb ● UniFrance ● Dulac Distribution ● Sony Pictures ● Film Documentaire ● franceinfo ● Que Tal Paris ?
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remykolpakopoul · 4 months
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2024 : d'humeur folâtre ! Tudo Bom ?
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Bonne année 2024, d'humeur folâtre, avec le site de Rémy Kolpa Kopoul ! Tudo Bom ? ♥︎ LL
▲ Photo 2011 © Bruno Charoy ► Instagram ● Notre Presqu'île ● Galerie Jean-Denis Walter ● Pasco & Co ● Artsper
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remykolpakopoul · 4 months
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Pour que les nuits parisiennes étincellent, RKK savait où trouver Delors...
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▲ Photographie prise en 2005 de Rémy Kolpa Kopoul en compagnie de Jacques Delors, décédé mercredi 27 décembre 2023.
Jacques Delors ► Wikipédia ● Le Monde ● Libération ● Le Figaro ● franceinfo / Institut Jacques Delors ► Site ● Facebook ● X ● YouTube ● Instagram
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remykolpakopoul · 9 months
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João Donato, petit prince de la galaxie bossa jazz
► João Donato, pianiste, compositeur et chanteur brésilien que Rémy Kolpa Kopoul surnommait le "petit prince (octogénaire) de la galaxie bossa jazz" est décédé lundi 17 juillet 2023. Quelques jours avant que lui même ne tire sa révérence, le ConneXionneur avait eu le plaisir de l'admirer sur scène et de lui poser quelques questions... ▼
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Sur Facebook, RKK publia : "Il y a une vie (brésilienne) après K-RIO-K @ Nouveau théâtre de Montreuil. Le 16/04/15, fin (en beauté) de l'aventure K-RIO-K. Vendredi 17/04/15, au même Nouveau Théâtre de Montreuil, toujours le Brésil avec, en clôture du Festival Banlieues Bleues, un régal de concert du sémillant pianiste et chanteur octogénaire João Donato, avec Robertinho Silva (batterie) et Luiz Alves (contrebasse). Bonheur contagieux, bel échange avec interview épatante (bientôt un docu par La Huit) et choc d'émotions avec Christiane Taubira, toujours aussi passionnée de cultures d'ailleurs..."
▼ Extrait de ce film réalisé par Gilles Le Mao (disponible à la location VOD sur Vimeo et en streaming sur Qwest TV) : João Donato interrogé par Rémy...
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▼ En moins de 5 minutes et en portugais (sous-titré en anglais), cette vidéo conçue en 2021 lors de la sortie du 7e volume de la série "Jazz Is Dead" résume un fabuleux parcours artistique rythmé de prestigieuses rencontres : João Gilberto, Antônio Carlos Jobim, Chet Baker, Mongo Santamaria, Eddie Palmieri, Tito Puente, Dave Pike, Bud Shank, Astrud Gilberto, Claus Ogerman, Cal Tjader, Eumir Deodato, Joyce, Emilio Santiago, Wanda Sá, Paulo Moura, Marcos Valle, Roberto Menescal, Carlos Lyra, Bixiga 70, Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad...
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Lors de la parution en CD du disque "Piano Of João Donato - The New Sound Of Brazil" (1965) , Rémy Kolpa Kopoul rédigea cette accroche au verso de la pochette, non sans commettre une petite erreur géographique à propos du lieu de naissance de l'artiste :"Natif de Bahia comme son complice João Gilberto, Donato est devenu la coqueluche des studios US. Première réédition de cet album culte tout miel, plus "lounge" que nature, avec acolytes de choc : Claus Ogerman, Richard Davis, Carlos Lyra. "New sound" d'époque avec reflets d'éternité." João Donato est en fait né à Rio Branco, capitale de l'État d'Acre. Ce digipak (sorti chez RCA Victor/BMG France en 2003) n'en est que plus collector !
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▼ En 1975, pour une émission de télévision intitulée "MPB Especial", João Donato interpréta 16 titres, en s'accompagnant au piano ainsi qu'à l'accordéon (son premier instrument), avec en particulier le morceau "A Rã" co-écrit avec Caetano Veloso, l'idole de RKK !
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▼ Autre ambiance, "pour danser", avec cet enregistrement en trio : João Donato (voix et piano), Luiz Alves (basse), Robertinho Silva (batterie). Les mêmes que Rémy rencontrera en 2015...
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▼ En 2001, parut le disque "The Frog - João Donato Trio Live With The Symphonic Jazz Orchestra Of São Paulo*. Au répertoire : "Nossas Últimas Viagens", signé João Donato, João Bosco (grand ami de Rémy) et Aldir Blanc.
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▼ Pour célébrer ses 50 ans de carrière en 2005, un concert de João Donato à l'Espaço Cultural Sergio Porto (Rio de Janeiro) fut publié en DVD sous le titre "Donatural", avec en invités : Gilberto Gil, Marcelo D2, Leila Pinheiro, Joyce, Ângela Ro Ro, Emilio Santiago et Marcelinho da Lua.
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▼ "Lugar Comun", composé avec Gilberto Gil : un des "morceaux de chevet" de RKK, interprété en public et dans une version instrumentale, au Teatro do Sesc Paulista le 06/12/2010.
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▼ En 2018, le quartet de João Donato accueillit Roberto Menescal.
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▼ À l'affiche du Montreux Jazz Festival en 2020 :
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▼ En 2022, au sein du même trio que RKK admira 7 ans plus tôt (avec Robertinho Silva à la batterie et Luiz Alves à la contrebasse), João Donato joua 10 morceaux pour le programme "Cena Instrumental".
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La mémoire de João Donato sera désormais honorée par l'Instituto João Donato, organisation à but non lucratif fondée en 2010. De merveilleux souvenirs à toujours préserver... Obrigado ! LL
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João Donato ► Wikipédia ● Discogs ● AllMusic ● Spotify ● Deezer ● Apple Music ● Qobuz ● Facebook ● Instagram ● YouTube
Instituto João Donato ► Site ● Facebook ● Instagram ● YouTube
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remykolpakopoul · 1 year
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Azuquita, le Seigneur de la Salsa !
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► Du Panama à Paname, il n'y a qu'un pAs : un pas de salsa que dansa et chanta Camilo Azuquita... pour le plus grand plaisir de RKK "mais pas que" ! Au matin du 25 décembre 2022, ce seigneur a hélas tiré sa révérence : un triste Noël qui n'occultera pas ses joyeuses années parisiennes... "ni tout le reste !" ▼
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▲ 1995 : Azuquita, le violoniste cubain Alfredo de La Fé et RKK.
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▲ 1997 : Azuquita, Diego Pelaez, RKK, Angá Diaz et Kutchi.
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▲ Pour commenter le morceau "Guajira Bacan", publié en 1975 et sélectionné dans le coffret "Nova en 25 CD (1956-1980) - La boîte noire", Rémy Kolpa Kopoul présenta ainsi son sémillant interprète : "Il fait ses armes de salsero à New York auprès de Cheo Feliciano. Azuquita (petit sucre !) enregistre avec le mythique boxeur Roberto Duran, Panaméen comme lui. Azuquita sera le premier cador de la salsa qui s’installera à Paris (1979). Il animera la tête de pont du genre, la Chapelle des Lombards. Aynama !"
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En mars 1977, alors qu'une première vague de salsa commençait à déferler sur l'hexagone, le chapiteau de la porte de Pantin accueillit une formation inédite en France pour un concert de Cheo Feliciano avec la Típica 73. Le ConneXionneur y assista, accompagné par un des ses complices du quotidien Libération, et fut le témoin d'une rencontre déterminante... "Debout à mes côtés, la hanche souple et la tête aux aguets, Pierre Goldman mûrissait un truc. Juste avant la pause, il m'a hurlé à l'oreille : "Tu vois, le petit chanteur à la gauche de Cheo, il s'appelle Azuquita, et lui, il faut qu'il vienne s'installer à Paris. Il a déjà une super cote à New York et ici on a besoin d'un jeune énergique comme lui pour installer la salsa dans ses meubles". À l'entracte, il a filé backstage avec une bouteille de cognac, histoire de faire connaissance. Il en est revenu tout excité : "C'est mon pote, tu verras. J'ai son adresse : il va débouler un jour".
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Ainsi, l'intellectuel et activiste d'extrême gauche sut se montrer persuasif. Une fois le lieu idéal trouvé, la Chapelle des Lombards, admirablement tenue par Jean-Luc Fraisse et son épouse Nicole, Azuquita rejoignit la capitale en septembre 1979. Pierre Goldman ne put profiter longtemps de la nouvelle recrue (il fut assassiné le 29ème jour de ce même mois) mais son intuition s'avéra excellente car le succès fut au rendez-vous. Initialement conclu pour quelques semaines, le contrat du chanteur fut prolongé ad libitum.
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▲ Dans l'archive vidéo ci-dessus, Jean-Luc Fraisse explique comment fut constitué le groupe qui accompagna le chanteur panaméen, mélange tropical de musiciens antillais et cubains qui jouaient alors à L'Escale, bar latino incontournable de la rue Monsieur Le Prince. Dans la foulée, fut organisé un grand concert à la Salle Wagram avec en tête d'affiche Azuquita y su Melao ainsi qu'Henri Guédon, éminent jazzman martiniquais : 5000 spectateurs s'y précipitèrent ! Un engouement inattendu... Autre défi brillamment relevé : assurer la première partie de Bob Marley en 1980 au Bourget. Cet enthousiasme se confirma et n'échappa pas à au célèbre percussionniste Mango Santamaría qui, de passage à Paris, conseilla au "petit sucre" d'y poursuivre sa carrière.
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De longues années durant, le résident régulier de la Chapelle des Lombards y combla donc de son talent les aficionados de salsa. Ce document filmé en 1990 en restitue l'ambiance caliente et s'achève tranquillement avec une interview d'Azuquita et Jean-Luc Fraisse. ▼
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Le parcours artistique d'Azuquita ne s'est toutefois pas limité à ses nuits parisiennes. Avant, pendant et après cette glorieuse époque, il s'accomplit aussi sous d'autres cieux, d'autres Amériques et amena le chanteur panaméen à collaborer avec les plus grands représentants des musiques afro-cubaines et latines. En une demi-heure, la sélection ci-dessous permet d'en admirer l'évolution. ▼
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Si l'album "Cé Magifique" de Tito Puente And His Orchestra (Fania Records, 1981) a été enregistré à New York, c'est bien à Paris que se réfèrent son titre, sa pochette et son contenu. Pas étonnant tant Azuquita fut impliqué dans sa conception et en assura avec conviction l'essentiel des parties vocales. Une francophilie avec un charmant accent, capable de délivrer des messages radicaux, comme celui de "No Me Touché Pas", destiné à la police...
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Trois en plus tard, les compères se retrouvèrent avec plaisir sur scène pour une apparition télévisuelle et sensationnelle... ▼
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Francophilie encore, francophonie toujours ! En 1988, la chanson "Paris De Noche" figurant sur "Los Originales" (Frémeaux & Associés), LP en duo avec le pianiste portoricain Papo Lucca, montra à quel point Azuquita était friand de l'art de vivre à la française... ▼
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Plusieurs documentaires ont été consacrés au musicien tel "Azuquita, le petit sucre de la salsa" d'Yves Billon (52 mn, Zaradoc Films, 2001) dont l'extrait ci-dessous dévoile les dix premières minutes. ▼
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Filmé par le même réalisateur - Yves Billon - "Azuquita And Los Jubilados - Cuba Son" (90 mn, Les Films du Village, 2001) illustre la manière dont le chanteur panaméen entama le nouveau millénaire, associé à de vénérables vétérans du son cubain. ▼
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Plus récent et sobrement intitulé "Azuquita", le long-métrage de A Fernandez (90 mn, Letra Cinema, 2019), conçu dans le pays d'origine de l'artiste, en dresse avec fierté le portrait. ▼
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Depuis lors, à Paris, les vagues salsa n'ont cessé de se succéder : certaines ont rafraîchi les mardis du Dancing de la Coupole grâce à Rémy Kolpa Kopoul, d'autres ont soulevé la foule du côté de La Java, avec les Cuban Jam Sessions. Lorsque DJ Fusto, un de ses collègues de platines, disparut prématurément en 2014, le ConneXionneur lui rendit hommage dans sa RKK Niouzletter hebdomadaire en lui dédiant "La Salsa C'est Pas Compliqué" d'Azuquita. Un mode d'emploi réconfortant pour célébrer la vie avec simplicité... Merci, "petit sucre" ! LL
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Azuquita ► Wikipedia ● Discogs ● All Music ● Facebook ● Instagram ● YouTube ● Apple Music ● Spotify ● Deezer ● Qobuz
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remykolpakopoul · 2 years
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Spell 31 ► Ibeyi invoque l'esprit de RKK... Mais pas que !
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► "Spell 31", le troisième album d'Ibeyi, est sorti le 6 mai 2022 (XL Recordings / Beggars). Il se conclut par un morceau dédié à ces défunts toujours présents dans l'univers des sœurs Lisa-Kaindé et Naomi Diaz ... Une liste de noms appartenant à leurs familles de sang et de cœur y est scandée à deux reprises (gémellité oblige), parmi lesquels celui de Rémy Kolpa Kopoul ! ▼
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La trente-et-unième incantation qui donne au disque son titre se réfère au Livre Des Morts de l'Égypte antique. Avec "Los Muertos", Ibeyi invoque donc les esprits qui les guident encore : "Miguel Aurelio Diaz, Angá Diaz, Yanira Diaz, Maria Luisa Diaz, Raymond Levy, Lucie Levy, Monique Fallières, Elsida Amaya, Rémy Kolpa Kopoul, Roy Hargrove, Cachaito, Gil, Camille Poret, Vera Zana, Phylis Whitaker, Prince". Manifestement, le ConneXionneur s'y trouve en bonne compagnie...
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Celle de leur père, en particulier. Le percussionniste cubain Angá Diaz appelait Rémy "padrino" et ses jumelles l'ont aussi naturellement considéré comme leur parrain. Elles étaient âgées de 11 ans lorsque leur prodigieux géniteur est décédé le 9 août 2006 et qu'un hommage lui fut rendu dimanche 24/09/2006 au New Morning, Paris, à l'initiative de RKK.
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Parmi les pointures qui s'y retrouvèrent : Omar Sosa, Childo Thomas, Dee Nasty, Baba Sissoko, Puntilla, Manu Dibango, Orlando Poleo, Stéphane et Lionel Belmondo, Diego Pelaez, Yuri Buenaventura, Raùl Paz, Minino Garay, Mario Canonge, Carlos Esposito, Inor Sotolongo, Felipe Cabrera, Joel Hierrezuelo, Cuchi Almeida, Miguel Gomez, Daniel Charuto, Alain Hoist, Franklin Lozada, Javier Campos, Irving Acao...
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▲▼ Photos © Peter Gabor
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À propos de l'implication des deux demoiselles cette nuit-là, Rémy Kolpa Kopoul écrivit : "Et puis, justement, dans ma volonté de ne distinguer personne en particulier, je voudrais faire une double exception et dire à quel point j'ai été bluffé et chaviré par la présence stimulante de Naomi et Lisa, disponibles, actives, attentionnées, poètes, souriantes. Les filles, quelle leçon de vie ! Ce n'est pas pour rien que vous êtes les filles d'Angá et de Maya. D'ailleurs ce moment de chœur mère-filles dans la session bata-rumba du début de soirée était aussi riche que la lecture par Lisa des extraits de son livre. Adelante, les filles !" Leur maman, l'artiste franco-vénézuélienne Maya Dagnino, lui exprima en retour toute sa reconnaissance.
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D'hommage en hommage, se transmet l'héritage... Le 3 mai 2015, Rémy Kolpa Kopoul rejoignit à son tour l'au-delà. Depuis, Naomi et Lisa n'ont cessé de célébrer la mémoire du ConneXionneur. Dès le lendemain, elles participèrent à un bouleversant mais pétillant Lundi c'est Rémy au Comedy Club. Puis, le 1er août de la même année, la soirée Ladies Night que RKK avait conçue pour le festival Fiest'A Sète - un récital rassemblant Ibeyi, Yael Naïm et 3SomeSisters sur la scène de la plage de la Ola - se transforma en une communion festive. ▼
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Quelques semaines plus tard, le 13/09/2015, Radio Nova et la famille Kolpa organisèrent l'événement Rémy Kolpa Kopoul : Un Dernier Voyage Improbable @ Cabaret Sauvage et purent compter sur d'éminents participants, dont le groupe Ibeyi.
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Parmi les autres noms cités dans "Los Muertos", ceux de plusieurs musiciens se font entendre... Également cubain, le contrebassiste Orlando 'Cachaito' Lopez... Du côté des USA, le trompettiste de jazz Roy Hargrove, le poète Gil Scott-Heron ainsi que la superstar Prince ! Ce dernier faisait partie de leurs premiers fans outre-atlantique. Juste avant le concert donné par Ibeyi le 22/09/2015 au Mill City Nights de Minneapolis, il publia un message de bienvenue sur son compte Twitter : "TWIN SISTERS/TWIN CITIES : WELCOME IBEYI !!!" En ayant pris soin de réserver tout le balcon, il assista à la performance, accompagné par ses protégées 3rdEyeGirl et encadré par deux gardes du corps. Lorsque les sisters retournèrent à Minneapolis pour jouer au Fine Line le 11 novembre 2017, Prince n'était hélas plus de ce monde depuis le 21 avril 2016. Sur Twitter, Ibeyi partagea alors son précieux souvenir. ▼
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PETITE ANEKKDOTE ► La nuit du mercredi 3 au jeudi 4 juin 1981, Prince joua pour la première fois en France au Théâtre Le Palace, à Paris. Parmi l'assistance se trouvait un journaliste du quotidien Libération : Rémy Kolpa Kopoul ! Chargé d'organiser dans cette salle une fête en l'honneur d'un Président de la République récemment élu, le ConneXionneur fréquentait alors le lieu à des fins de repérage. 41 ans plus tard, Ibeyi les réunit...
Ainsi, les jumelles restent fidèles à des figures tutélaires fondamentales tout en inscrivant leur création dans l'air du temps. Les vidéos extraites de ce troisième LP permettent de mesurer toute l'étendue de leur talent, de mélopées yorubas en grooves hip-hop, de rythmes afro-cubains en ballades soul, avec quelques distingués invités (Berwyn, Jorja Smith, Pa Salieu), sous la houlette bienveillante de leur producteur vénéré, british et inspiré, Richard Russell.▼
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Si "les larmes sont notre remède", comme l'affirment Lisa-Kaindé et Naomi Diaz, nul doute à l'écoute de "Spell 31" que la musique d'Ibeyi guérit... Comme les Sangoma ! LL
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IBEYI ► Site ● Facebook ● Twitter ● Instagram ● YouTube ● Deezer ● Spotify ● Apple Music ● XL Recordings ● Beggars ● Bandcamp
SPELL 31 ► Acheter/Écouter ● Les Inrockuptibles ● Vogue ● Madame Figaro ● Que Tal Paris ? + Interview ● Le Monde ● ELLE ● Charts In France ● Pitchfork ● Paris Match ● Sud Ouest ● Bandcamp Daily ● The Guardian
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▼ IBEYI SUR RKKCOM.COM
► Elles s'appellent Lisa et Naomi. Elles sont jumelles
► Ibeyi : Live @ Casino de Paris [ 12/11/14 ]
► “Older” de Yael Naïm et David Donatien ► Album de la semaine du 21/03/15 sur Canal+
► Reportage ► Rémy Kolpa Kopoul : Un Dernier Voyage Improbable @ Cabaret Sauvage [ 13/09/15 ]
► Fiest’A Sète ► Hommage à Rémy Kolpa Kopoul, Plage de la Ola [ 01/08/15 ]
▼ "SPELL 31" SUR RADIO NOVA
► Ibeyi en live dans Chambre Noire [ 19/05/2022]
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remykolpakopoul · 3 years
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Kanal RKK ► Caetano Veloso : Meu Coco !
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► "Et s'il n'en reste qu'un... Caetano Veloso !" Le chanteur brésilien favori de Rémy Kolpa Kopoul ? Mieux que ça : sa préférence toutes catégories. Ultime ! Presque dix ans après Abraçaço et plus de six depuis la disparition du ConneXionneur, Caetano Veloso publie enfin le 22 octobre 2021 son nouveau disque, Meu Coco (Sony Music) ▼
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12 compositions inédites dont l'enregistrement dans le home studio de sa résidence familiale fut contraint par la pandémie de Covid-19. Conçues en compagnie de Lucas Nunes, ces séances n'accueillirent que de rares musiciens sur place (séparément et dans le respect des gestes barrières) : Vinicius Cantuária (guitare), Marcelo Costa (batterie) et Marcio Vitor (percussions). Les autres nombreux contributeurs durent œuvrer à distance, parmi lesquels : Thiago Amud, Jacques Morelenbaum et Letieres Leite (arrangements), Hamilton de Holanda (mandoline), Mestrinho (accordéon), Pretinho da Serrinha (percussions), Carminho et Dora Morelenbaum (voix)...
► Pour la liste complète de tous les participants, consulter cette fiche technique et pour lire l'ensemble des textes, se référer à ce recueil des paroles.
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Nul ne sait quelles lignes étourdissantes cet album au titre évocateur aurait inspirées à RKK, délicatement enivré par le parfum oriental d'un cyclamen du Liban, aspirant la substance infinie d'un fado multicolore ou reniflant les lumineux effluves d'une improbable samba. Sacré coco que ce Caetano ! LL
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Caetano Veloso ► Wikipédia ● Site ● Facebook ● Twitter ● Instagram ● YouTube ● Apple Music ● Spotify ● Deezer ● Qobuz ● AllMusic ● Discogs
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▼ CAETANO VELOSO SUR RKKCOM.COM
À propos de Caetano Veloso ► Conférence de Rémy Kolpa Kopoul à l'Institut Français de la Mode, Paris (04/03/2014)
Kanal RKK ► João Gilberto & Caetano Veloso
RKK Brasil ► Le Grand Remix
▼ PODCAST DE RADIO NOVA
Nova la source - Épisode #1 ► En 1998, un réveillon avec Caetano Veloso
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remykolpakopoul · 3 years
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Kanal RKK ► Lucas Santtana
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Le dernier concert parisien auquel RKK assista ? Lucas Santtana ! Samedi 25 avril 2015 à La Maroquinerie ! Un musicien brésilien, du côté de Ménilmontant, par une nuit de printemps : scène de la vie (peu) ordinaire du ConneXionneur...
▲ Mariana de Moraes, Rémy Kolpa Kopoul & Lucas Santtana @ La Maroquinerie, Paris, 2015 / Photo © Laurent Lafont-Battesti
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▲▼ Documents amateurs filmés par Candice Parola
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Un an auparavant, Rémy Kolpa Kopoul avait brossé le portrait de Lucas Santtana à la demande du label indépendant Nø Førmat que l'artiste venait de rejoindre. ▼
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Son précédent opus, « O Deus Que Devasta Mas Também Cura » avait dépassé « sa » planète Brasil et avait conquis nombre d’oreilles curieuses, en Europe. Voici le nouvel opus, « Sobre Noites E Dias », cette fois sur le label (hexagonal) Nø Førmat. Non pas son second, mais le sixième. Car Lucas Santtana est un homme aux mille vies (musicales et-pas-que…) et à 43 ans, il n’est vraiment reconnu au Brésil que depuis peu. Depuis que dans le reste du monde, on parle de lui comme la relève d’une musique Brésilienne dont les Caetano Veloso, Gilberto Gil, Chico Buarque, héros (pas fatigués) ont atteint un âge « respectable ».
Lucas Santtana, ce sont des cycles, ou plutôt des couleurs : son premier album était percussif, le second, baile funk, le troisième, dub, le quatrième orienté voix et guitare. C’est depuis le cinquième (qui l’a fait connaître en France), qu’il brasse toutes ces influences (et d’autres). « Sobre Noites E Dias », le nouveau, confirme cette confluence, une palette post tropicaliste, à la fois roots et urbaine. En somme, un disque au futur antérieur. Petit cousin d’Arto Lindsay, mais de l’autre hémisphère. Car là où Arto le New Yorkais s’est approprié le portugais du Brésil, Lucas apprivoise l’anglais, d’où un bilinguisme qui les sort tous deux des codes.
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Comme depuis toujours, Lucas compose sa matière, seul ou (parfois) avec complicité de proches, de musiciens qui comme lui échappent aux ornières. Des textes souvent pétris de références féminines, où la poésie fraie avec l’absurde, comme cette « Mariazinha morena clara » : vous vous rendez compte, le soleil du Brésil ne vaut pas les crevettes de la Hollande de… van Persie ! On voit bien là la fibre familiale de son (vrai) oncle Tom Zé. Ses textes en anglais sont plus atmosphériques, comme s’il étirait nonchalamment le temps, à la façon d’un autre cousin des Amériques, Devendra Banhart.
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Ses digressions foutraques dignes d’un Pierrot descendu de sa lune reçoivent un emballage, voire un canapé, qui vont du quatuor à cordes à la grosse basse dubstep, du trio hautbois / basson / clarinette aux guitares du fleuve Niger. Là, le gaillard, caméléon des six cordes, possède son sujet. Tout comme il maîtrise les machines, d’ailleurs organique et synthétique créent un paysage à mille facettes.
Hors Brésil, ses compagnons de jeu sont autant de surprises, comme dans « Human Time » où Fanny Ardant vient pour un final onirique susurrer une équation d’amour, ou bien ce « Diary of a bike » où Féfé (oui, l’ex Saïan Supa Crew !), passé par Rio, a posé ses lyrics « cyclistes » avec un flow pétillant. Autre talent hors Brésil mis à contribution, Vincent Segal, magister de l’archet sur son violoncelle, grand gourmet du Brésil. Et encore le DJ et producteur allemand Daniel Haaksman.
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Parmi les Brésiliens embarqués dans l’aventure, citons notamment ceux qu’on se dispute au Brésil, le fidèle Bruno Buarque (de Barbatuques à Céu), Kiko DiNucci et Thiago França, les trublions de Metá Metá, Une disparate association de bienfaiteurs, des artisans du son.
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On avait quitté Lucas Santtana contant dans son album précédent sa rupture un jour d’orage de fin du monde. On le retrouve amoureux, à la fois taquin et apaisé, incitant les oreilles curieuses à batifoler. Pas étonnant qu’il soit dans la lignée des ses aînés, Baïanes comme lui, Caetano Veloso et Gilberto Gil (avec qui il a d’ailleurs commencé, il y a plus de quinze ans). Il s’est d’ores et déjà affranchi de ce glorieux mais pesant héritage. Mais, puisqu’on est à Salvador de Bahia, il s’attèle à un frevo rigolo comme on aime les reprendre au Carnaval.
A présent, c’est lui qui bâtit un héritage. Après tout, passé la quarantaine, on peut revendiquer d’être maître à bord, tout en s’affirmant comme une découverte. Il mérite sa place dans le bien nommé label Nø Førmat. Le premier Brésilien à faire partie de la famille. Bienvenue ! Seja bem vindo ! RKK
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Depuis le départ de Rémy, la carrière de Lucas se poursuit; sa discographie s'enrichit d'enregistrements inédits et de rééditions choisies.
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Toujours chez Nø Førmat, et dans la même veine, "Modo Avião" (2017) confirme le savoir-faire de son auteur-compositeur-interprète, à la recherche de sophistication sonore. Le suivant, "O Céu É Velho Há Muito Tempo" (2020) prend une autre direction. Épuré, tout en douceur, empreint de gravité mais résolument optimiste, ce superbe album privilégie la simplicité de la voix accompagnée par la guitare acoustique, dans le style de João Gilberto. Le plaisir qu'il procure méritant d'être prolongé, un EP intitulé "O Céu É Velho Há Muito Tempo (Variations)" paraît en 2021.
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En duo avec la chanteuse de Recife Duda Beat, le single "Meu Primeiro Amor" raconte une histoire sentimentale au-delà des différences sociales.
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"Ninguém Solta A Mão De Ninguém" appelle à la résistance et à la solidarité face aux discriminations exercées par le pouvoir en place.
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Plus orienté vers le danceflor, "Eletro Ben Dodô (20 Anos)" célèbre l'anniversaire du premier LP de Lucas Santtana paru à l'orée du nouveau millénaire (Natasha Records) mais toujours très efficace.
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"Mensagem De Amor", délicate reprise du groupe rock Os Paralamas Do Sucesso, contraste radicalement avec les autres morceaux du disque ainsi qu'avec sa version originale.
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Remasterisé en 2021, le paradoxal "3 Sessions In A Greenhouse" (avec le groupe Seleção Natural, 2006, Mais Um Disco) - à la fois spontané et extrêmement produit - marque une étape décisive dans le parcours de Lucas Santtana : un accomplissement dub et tropicaliste.
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La vidéo de "Lycra Limão" en illustre le processus créatif.
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▼ Lucas Santtana ? Le revoilà ! Il vient passer l'été 2021 sur les scènes d'une France déconfinée et ensoleillée. Seja bem vindo ! LL
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Lucas Santtana ► Wikipedia ● Facebook ● Twitter ● Instagram ● YouTube ● Bandcamp 1 ● Bandcamp 2 ● Apple Music ● Spotify ● Deezer ● Discogs ● All Music ● Tour Makers
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remykolpakopoul · 3 years
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Kanal RKK ► Tony Joe White
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► "Le mythique tenant du “swamp” des marais, ce blues rock poisseux qui vous colle à la peau (moi, ça fait plus de 40 ans !)" : ainsi Rémy Kolpa Kopoul annonça dans une de ses RKK Niouzletters hebdomadaires un concert parisien de Tony Joe White au New Morning, le 3 avril 2012. Poisseux mais classieux, le monsieur... ▼
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Quelques mois plus tard, le ConneXionneur sélectionna un de ses titres essentiels pour "la boîte bleue" de Radio Nova (un coffret de 25 CD) et le commenta doctement.▼
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▲ Tony Joe White : "Stockholm Blues"
Le sombre héros du “Swamp Rock” a déboulé dans le paysage à l’orée des seventies. Des tubes pour les autres (“Polk Salad Annie” pour Elvis, “Rainy Night In Georgia” pour Ray Charles et Brook Benton), un disque de temps à autres que l’homme concocte dans sa tanière des environs de Nashville : gueule de outlaw et voix des cavernes, TJW mène carrière pépère, avec une sorte de rock erratique, limite inquiétant, mâtiné, comme ici, de blues hypnotique. Unique.
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▼ Plusieurs vidéos pour illustrer ces propos... Avec d'abord, son standard incontournable, interprété sur un plateau de la TV british en 1970.
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▼ La même année, outre-Atlantique, pour une émission plus coquine, Playboy After Dark, le portrait d'une groupie à la dérive.
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▼▼ Deux séquences de son "Live From Austin, TX" (1980).
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▼ La même chanson mais pas la même période, en 2013 sur la BBC.
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Le 24 octobre 2018, Tony Joe White tira sa révérence - trois ans après Rémy - mais le 7 mai 2021 est paru "Smoke From The Chimney" (Easy Eye Sound), un superbe album posthume. ▼
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9 morceaux inédits mais inachevés, composés au cours de ses 15 dernières années d'existence, ont été confiés par Jody White (le fiston) à Dan Auerbach, chanteur et guitariste du groupe The Black Keys. Pour les finaliser, ce dernier a convié quelques virtuoses de la scène de Nashville : Gene Chrisman (batterie), Paul Franklin (pedal steel), Bobby Wood (claviers), Dave Roe (basse) et Marcus King (guitare), Dan Auerbach touchant un peu à tout, y compris aux percussions. La bande-annonce ci-dessous évoque la création de ce projet. ▼
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3 extraits du disque ont aussi inspiré de chics clips. ▼▼▼
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Forever swamp fox ! Le renard rusé hante toujours le marais... LL
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Tony Joe White ► Wikipedia ● Site ● Facebook ● Instagram ● Twitter ● Apple Music ● Spotify ● Deezer ● YouTube ● Discogs ● AllMusic ● Bandcamp
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remykolpakopoul · 3 years
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RKK’nniversaire ► 23 février
Le 23/02/49, bébé RKK naquit : c'était un mercredi et c'était Rémy !
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Et puis, ce petit galopin grandit...
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Sans négliger de célébrer, chaque année, le jour de sa venue au monde !
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Une fois devenu le conneXionneur, il saisit cette occasion pour rassembler ses amis autour de lui et organiser - avec leur aide précieuse - d’inoubliables fêtes en musique. Retour en images sur quelques uns de ces RKK’nniversaires qui ont enchanté Paname, mais pas que ! Rémy a plus d’une fois délocalisé l’événement du côté de son cher Brésil...
▼ La Chapelle Des Lombards [ 1980 ]
“Je suis sur mon (et mes) 31, avec un masque argenté”
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▼ Le Mi-Centenaire [ 1999 ]
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Si les réjouissances du siècle passé ont donné d’excellents millésimes (@ La Chapelle Des Lombards avec Nicole et Jean-Luc Fraisse / @ Le Satellit Café avec Serge Papazian / 44 fromages pour les 44 ans, sélectionnés par Étienne Roda-Gil / @ Le Dancing De La Coupole avec Manu Dibango s’exerçant au vibraphone...), la dernière récolte du millénaire s’est avérée exceptionnelle. 80 musiciens et DJ’s, salle Confluences. Une quarantaine de fidèles, répartis en commissions spéciales, pour préparer cette nuit pendant les 3 mois qui la précédèrent. Un jubilé jubilatoire qui fit date. Un cinquantenaire qui changea le cours du temps : dès lors, Rémy Kolpa Kopoul compterait à rebours ses balais... 49 ans en 2000, 48 en 2001, 47 en 2002 et ainsi de suite ! L’âge d’or d’un printemps précoce et perpétuel...
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▲▲ Photos du Mi-Centenaire © Bill Akwa Bétotè
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▼ Le Divan Du Monde [ 2003 ]
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Quand prendre de la bouteille confine aux plaisirs dionysiaques...
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▼ Recife, Brasil [ 2009 ]
“Mix d'anniversaire le lundi de Carnaval @ Recife, 40 printemps (enfin, 60 mais à 50, je suis reparti à l'envers !), avec,pas loin derrière, 60 proches venus de France pour curtir (kiffer) o Brasiiiiil !” 
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▼ Recife, Brasil [ 2011 ]
“Un RKK en sucre devant le vrai, royal gâteau d'anniversaire"
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▼ Salvador de Bahia, Brasil [ 2012 ]
“Re-gâteau d'anniversaire, 37 ans (ou 63 pour les nuls en maths)”
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▼ Le Café B [ 2013 ]
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▼ La Bellevilloise [ 2014 ]
Alors que s’achevait le dimanche 22 février, tintèrent les douze coups de minuit, au moment précis où DJ RKK mixait sur la scène de La Bellevilloise (dans le cadre d’Avenida Brasil)... Happy Birthday To You ! Cha-Cha-Cha !
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▼▼ Le Comedy Club [ 2014 + 2015 ]
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À deux reprises, sa soirée Lundi C’est Rémy @ Comedy Club a été le théâtre de Surpreeez Nights. Aucune programmation n’était annoncée mais une kyrielle d’artistes émérites ribouldingua ces RKK’nniversaires, efficacement encadrés par Radio Nova. ► Ce reportage en restitue l’ambiance.
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Tandis que Rémy, flûte à champagne en main, soufflait les 34 bougies de son 66ème et ultime RKK’nniversaire (avec 11 bûches de chèvre et un ½ reblochon en guise de gâteaux), rkkcom.com mettait en ligne le documentaire L'Improbable Portrait : Rémy Kolpa Kopoul, réalisé par Stéphane Jourdain en 2009 (avec l'aimable autorisation de La Huit).
En KonKlusion, un proverbe kopoulien : “bon âne hiver sert (et été aussi)” + une carte de vœux avec dédicace idoine. ▼
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► Le 23 février, c’est RKK’nniversaire ! Pour toujours !    LL
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remykolpakopoul · 4 years
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RKK Klik Klak ► Bye-Bye Bill...
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Jeudi 15 octobre 2020, le photographe Bill Akwa Bétotè s’en est allé. Triste nouvelle... Mais avec Rémy Kolpa Kopoul, tant de joyeux souvenirs marquent encore les mémoires. De précieux moments que son reflex avisé a su capturer... ▲ Photo © Béatrice Lagarde / ▼ En compagnie de Terry Callier : Photo © Frank Tenaille ]
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Témoin privilégié d’un demi-siècle de sono mondiale, à Paris, en banlieue et dans les festivals régionaux, Bill réglait ses objectifs au plus près des artistes : sur scène, en coulisses ou en vadrouille. Parcourir les archives de son site internet impressionne. Personnalités incontournables, musiciens devenus légendaires - beaucoup ont hélas disparu - y sont immortalisés par de captivants instantanés. Ce n’est pas leur célébrité qui intéressait Bill (elle est venue plus tard pour nombre d’entre eux) mais les pulsations rythmant ces nuits brûlantes qu’aucun couvre-feu n’aurait pu contenir. Toute une foule multicolore se révèle dans ses clichés souvent en noir et blanc. Des vedettes donc, venues d’Afrique et d’ailleurs, ainsi que des danseuses, des choristes, des tenanciers de boîtes, des tourneurs, des producteurs, des journalistes, des attachés de presse, des habitués : un milieu pluriel mais un univers singulier. Comment Bill se débrouillait-il pour toujours se trouver dans les bons coups ? Était-ce son vieux frère Rémy Kolpa Kopoul qui le rencardait ? Pas seulement, mais ces deux-là n’ont cessé de s’acoquiner à la moindre occasion (concerts, anniversaires, bringues, cérémonies officielles). Alors forcément, BAB a tiré le portrait de RKK à maintes reprises. La petite sélection qui suit donne un aperçu de leur étroite connivence. ▼
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Quand Rémy est parti, en mai 2015, Bill est resté fidèle à la mémoire de son ami. Il a honoré de sa présence et de son rare talent les dernières soirées que le ConneXionneur avait programmées au Comedy Club et a aussi couvert le superbe hommage rendu à RKK au Cabaret Sauvage… ▼
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Pour finir, un sourire : Autoportrait à la gare de Trente. Bye-Bye Bill et merci. LL
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Bill Aka Bétotè ► Site ● Facebook ● Twitter ● Instagram ● YouTube ● franceinfo ● RFI ● #AuxSons ● Musiques du Monde
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remykolpakopoul · 4 years
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RKK BRASIL ► Le Grand Remix [1/6]
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► En 2013, RKK fit la synthèse... Pour le premier et unique numéro d’un mook (mélange de “magazine” et de “book”) intitulé Le Grand Remix, Rémy Kolpa Kopoul raconta son histoire de la musique brésilienne.
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Actualisant un dossier conçu en 1982 pour la revue Autrement (florilège d’articles publiés par le quotidien Libération), établissant une chronologie pertinente d’événements majeurs, sélectionnant une quarantaine de recommandations discographiques (+ un film) et ajoutant un texte rédigé pour Voyageurs Au Brésil (brochure éditée par l’agence Voyageurs Du Monde), il dressa le bilan balaise de ses goûts et de ses connaissances en la matière.
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Cet inventaire titanesque redonna au ConneXionneur l’envie de réaliser un projet qu’il caressait depuis belle lurette : K-RIO-K, sa grande revue musicale sur le Brésil des années 20 fut présentée au Nouveau Théâtre de Montreuil quelques semaines avant son décès, le 3 mai 2015... Depuis, nul doute que l’évolution politique de ce pays si cher à son cœur affligerait Rémy mais il resterait curieux des sonorités rebelles qui ne cessent d'y retentir, envers et contre tout. Avec sa bienveillance ancestrale de Babá-Egun, peut-être s’y consacre-t-il là où il se trouve désormais ? LL
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PRÉFACE ► BRÉSIL MUSICAL, MODE D’EMPLOI
C’est quelque part une évidence que de traiter le Brésil dans ce n°1 du Grand Remix : le Brésil EST le grand remix. Ce qu’affirmaient haut et fort les intellectuels des années 20, et particulièrement Oswald de Andrade dans son « Manifeste Anthropophage » de 1928. Certes, à l’époque, point question de remix, mais il y était établi que le Brésil avait faim de toutes cultures d’ailleurs pour y nourrir les fondations de la sienne.
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On est loin de la philosophie. Bientôt le Brésil va accueillir le Mondial de football (2014) puis Rio de Janeiro, les J. O. (2016), on va nous resservir des Foz de Iguaçu (le Niagara en version Brasilo Argentine) de clichés, alors histoire de dribbler ( !) les chromos, baladons-nous dans les immensités du Brésil, avec un fil conducteur qui parle à tous en France, la musique.
Une bonne introduction, relativement rationnelle que cet extrait de « Le Brésil, Terre d’Avenir » de l’écrivain juif allemand Stefan Zweig, en fait la préface de son livre. L’homme, torturé par la... Confusion des sentiments (son ouvrage le plus connu) et par un funeste pressentiment qui le fit fuir son pays dès les années 30, a soudain rebondi dans un Brésil où tout était possible, où les racines du futur poussaient plus vite que nos chênes centenaires. Évidemment, dans son enthousiasme, il a oublié les discriminations qui pouvaient exister (et qui existent encore parfois), mais il dessine les traits d’une nation certes disparate, et pourtant gorgée d’optimisme. C’est sans doute cet optimisme impossible à revendiquer, face à une peur panique de vieillir et à un chagrin profond de voir « son » Allemagne courir à sa ruine, qui a conduit Zweig à se suicider en 1942, avec sa femme, dans cet exil brésilien.
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« Le meilleur endroit du monde, c’est ici et maintenant », chante Gilberto Gil. Le Brésil, quand on y met les pieds ? Pas si simple. On mesure cet amour pour ce pays à travers des instants de répulsions, parce que le prix de la vie y est aléatoire, parce que la misère vous donne des claques à un coin de rue, parce que l’arrogance de certains nantis est un défi à la morale. Et puis les sourires, l’accueil, la musicalité de la langue, la musique, tout simplement. En tous cas, seuls rentrent béats du Brésil ceux qui ont refusé d’y voir ses aspérités...
J’ai connu le Brésil... à Paris, quand ont débarqué les exilés politiques d’Amérique Latine, fuyant les dictatures militaires. Au contraire des autres latinos, les Brésiliens n’étaient que peu communautaristes, ils ouvraient leurs portes aux Français et en plus se faisaient envoyer leur collection de disques ! C’est ainsi qu’ils me traduisaient Chico Buarque ou Gilberto Gil, et qu’ils m’ont embarqué à la Mutualité (salle parisienne de meetings politiques) écouter Caetano Veloso, en 1971. Ou plus exactement écouter 1500 Brésiliens chanter avec Caetano, venu de son exil londonien. Soirée fondatrice de ma « Brasilitude » !
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Revenons à ce qui suit. Après Zweig, un résumé télégraphique de cinquante ans de Brésil, histoire de donner des repères, politiques et musicaux, puis un texte écrit pour un numéro spécial Brésil de la revue « Autrement », fin 1982. Après trois longs séjours au Brésil, je pense avoir appréhendé quelques repères de cette foutue musique dans un paysage politique pas encore dégagé (le pouvoir ne sera rendu aux civils qu’en 1985). « Puissance de la musique », donc, car dans ces années sombres de dictature, il est un parti virtuel qui a assumé une opposition frondeuse et impossible à bâillonner, fût-ce par la censure, non pas le parti de l’opposition officielle (le PMDB), mais le Parti de la Musique Populaire Brésilienne (PMPB). La fulgurance tropicaliste, entre racines et psyché rock, baroque et futuriste, les chansons grinçantes de la galaxie carioca et les rock sambaïsé des néo hippies baïanes, autant d’échappées belles...
Très bien, mais c’était il y a trente ans. Entretemps, des milliers de musiques, et moult tribulations politiques. Avec le quintet des Baianes toujours innovateurs, le rock émergeant puis statique, une culture périurbaine explosive du baile funk, des années Lula à la fois prometteuses et attentistes. Mais un don répété pour l’irruption de nouveaux courants, de figures novatrices, pas encore planétaires. De ce point de vue, le Brésil, grande puissance du monde, aura toujours des appendices plus exaltants que ses grands raouts, olympiques ou autres.
En parlant d’appendice : un autre texte, écrit pour « Voyageurs au Brésil » l’an dernier, sur « 100 ans d’amour (et de malentendus) entre la France et la Musique brésilienne », un historique à rebondissements qui ne manque pas de piquant sur cette irrésistible attrait que suscite le Brésil pour les gens d’ici.
Pour conclure, un mot qu’on aime tant entendre résonner : Goooooollll... do Brasil ! Cliché, mais tant pis.
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CHRONOLOGIE
Avant d’arriver au Tropicalisme, fulgurance néo dadaïste sous éclipse militaire, le Brésil est entré de plain-pied dans le 20ème siècle. Cinq bonnes décennies en style télégraphique.
1916 ► Première samba chantée : « Pelo Telefone », célébration d’un nouveau mode de communication par Donga et les Batutas.
1917  ► Entrée du Brésil en guerre aux côtés des Alliés. La même année que les USA.
1918 ► Tout le contingent brésilien meurt de la grippe espagnole devant Dakar, avant de combattre.
1920 ► Traité de Versailles : le Brésil est signataire.
1922 ► Exposition universelle à Rio, pour les 100 ans de l’Indépendance. Semaine du modernisme à São Paulo, les intellectuels d’avant garde se font huer. Le choro de Pixinguinha (swing jazz des tropiques urbaines) triomphe de Rio à Paris.
1927 ► Première radio à Rio, par le pionnier Roquette-Pinto. Première école de samba à Rio, « Deixa Falar » (laisse-les parler).
1930 ► Coup d’Etat militaire, Getúlio Vargas Président (populiste) du Brésil, pour 15 ans. Inauguration de la statue du Christ (Cristo Redentor) à Rio.
1931 ► Tube de Noël Rosa, « Com Que Roupa ». Il mourra en 37, à 26 ans.
1932 ► Getúlio Vargas fait voter des lois travaillistes en faveur des couches inférieures mais emprisonne des communistes.
1935 ► Le Carnaval de Rio devient une vraie fête populaire.
1938-1940 ► Immigration anti-fasciste au Brésil.
1942 ► Le Brésil entre en guerre aux côtés des alliés.
1945 ► Le Brésil est de nouveau dans le camp des vainqueurs.
1950-1958 ► La chanson dramatico-romantique domine le Brésil, de Dalva de Oliveira à Lucio Alves.
1951 ► Getúlio Vargas redevient président de la République. 1ère telenovela à la télé brésilienne.
1951-1958 ► Succès des crooners made in Brasil, Johnny Alf, Dick Farney, Billy Blanco.
1954 ► Suicide de Getúlio Vargas dans son bureau.
1956 ► Juscelino Kubitschek est élu Président du Brésil. « Orfeu da Conceição » est créé au théâtre à Rio sur un livret de Vinicius de Moraes et Tom Jobim.
1958 ► João Gilberto sort « Chega de Saudade », acte de naissance de la bossa nova.
1959 ► « Orfeo Negro », film (français) de Marcel Camus, est palme d’or à Cannes. BO de Vinicius et Tom.
1960 ► Kubitschek, le « Président bossa nova », inaugure Brasilia, la nouvelle capitale, conçue par Oscar Niemeyer et Lucio Costa.
1961 ► Jânio Quadros est élu président du Brésil. Il démissionne 6 mois plus tard, se disant victime de forces obscures. Son vice-président, João Goulart, un homme de gauche, lui succède.
1962 ► Toute la bossa nova brésilienne fait salle comble au Carnegie Hall de New York.
1963 ► Album mythique « Getz / Gilberto », énorme succès aux USA.
1964 ► Coup d’État militaire et État d’exception. Beaucoup d’arrestations. La dictature va s’intensifier.
On arrive dans le texte « Puissance de la musique brésilienne ». Vous êtes armés... pour comprendre la suite ! Ce n’est qu’un début...
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remykolpakopoul · 4 years
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RKK BRASIL ► Le Grand Remix [2]
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PUISSANCE DE LA MUSIQUE BRÉSILIENNE
C’était à l’aube de la décennie 80. Roberto Drummond, journaliste à Canja, une de ces éphémères revues musicales de l’axe Rio-São Paulo, a rassemblé ses souvenirs, jeté un œil sur les deux décennies précédentes, et a énoncé une thèse lumineuse : « Au Brésil, de 64 jusqu’à maintenant, c’est le P.M.P.B. qui, dès le début, a porté le drapeau de l’antifascisme. » le P.M.P.B. ? un sigle enregistré nulle part et inconnu des services de police. Par contre, il existe bien un P.M.D.B. Parti du Mouvement Démocratique Brésilien, unique structure d’opposition tolérée (et encore !) par les militaires depuis le coup d’état de 64, et à présent candidate principale à la prise du pouvoir aux élections de novembre 82. D’autre part, les nouveaux courants musicaux apparus vers la moitié des mêmes « anos sessentos » ont reçu l’appellation générique de M.P.B., Musica Popular Brasileira.
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Alors, il existerait un Parti de la Musique Populaire Brésilienne ? voici quelques questions posées par le même Roberto Drummond, pour sortir de la nébuleuse : « Existe-t-il au Brésil un leader populaire qui exerce sur les foules une fascination aussi grande que Roberto Carlos ? Existe-t-il un héros de la résistance antifasciste aussi aimé, aussi respecté et avec un impact aussi fort sur le peuple brésilien, que Chico Buarque de Hollanda ? Existe-t-il une leader féministe, qui réussisse, à faire passer un message de vie aussi libertaire, du point de vue des habitudes, et qui transmette un message aussi fort, incendiaire et irradiant que Rita Lee ? Existe-t-il une direction politique qui reçoive un écho aussi immédiat auprès des damnés de la terre, des éternels laissés-pour-compte du Brésil, que les chanteurs populaires du Sertão ? »
Questions certes simplistes, à la limite du manichéisme, mais de bon sens. Drummond répond lui-même « non ». Il a raison. Ça n’existe pas. Ce parti informel, sans ligne, sans bureau politique et évidemment sans députés est pourtant la voix cacophonique et discordante dans laquelle un pays sous l’éteignoir s’est reconnu, depuis dix-sept ans.
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QUAND LE ROCK EST LÀ, LA BOSSA S’EN VA...
Le Brésil n’a plus de figure charismatique, et ça ne date pas de 64. L’ultime à avoir fait recette est Getúlio Vargas, mythe du latino-populisme tellement rétro que plus grand-monde n’ose se réclamer de son héritage (d’ailleurs passablement fameux). Après lui, plus de leader de dimension nationale. dans un pays qui fonctionne aisément sur le mode « idoles », les artistes du football ont toujours un piédestal à portée de but, mais le ballet est muet, et quand un Pelé se mêle d’articuler quelques propos sur le terrain politique, ce n’est guère spectaculaire... Restent les artistes de la clé de sol. Dans leur presque totalité nés (musicalement) après 1964. Nés de 64, serait plus exact.
Car la dictature a appris aux enfants des sixties, pêle-mêle, l’insouciance, la ruse, la haine et l’indifférence. Les autorités militaires ont fait taire les politiciens, mais n’ont pas pensé à clouer le bec aux baladins. D’ailleurs, la censure, qui avait le ciseau bien aiguisé, pour « blanchir » les journaux, n’a commencé à ouvrir ses oreilles qu’en 66, et à vraiment sévir qu’en 68. Trop tard, la chanson avait dit son mot, on ne pouvait plus mettre en prison dièses et bémols. Bien mieux, alors que les moyens d’information étaient rendus dociles, le boom de la télévision et la nécessité de remplir les fréquences radio par quelque son que ce soit (des chansons « fixent » davantage les auditeurs que des cris de singe ou des discours de généraux), ont bombardé la musique dans toutes les têtes et devant tous les yeux, surtout par le biais des festivals.
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1964 marque pour le Brésil une conjonction étonnante que seuls les esprits manichéens ont relevée, avec un esprit d’assimilation hâtif : les militaires rayent de la carte géo-politique le populisme gauchisant-errant de Goulart, et le rock des Beatles et autres Rolling Stones déferle sur le monde entier, donc sur le Brésil. Les galonnés ont la sympathie (euphémisme !) des américains, et le rock anglophone pollue les espaces auditifs internationaux. Thèse pour le moins simpliste mais qui ne va cesser de planer sur la presque double décennie à suivre. Dramatique et classique malentendu qui consiste à voir en le rock un impérialisme culturel bouffeur de particularismes, pour déféquer un rock-ersatz pseudo-national et laquais des maîtres du monde.
L’analyse est peut-être plausible dans certains pays. Au Brésil, l’équivoque n’a duré que le temps d’une Celly Campello (yé-yé pré-coup d’état, en 62), d’un Roberto Carlos, minet qui emprunte à Bobby Darin, l’américain joufflu, son premier « hit », Splish Splash, ou de quelques Jett Blacks, Renato e seus Blue Caps, ou Ronnie Cord, copies maladroites du guimauve-rock u.s.
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Dès 65, le rock, pardon le iê-iê-iê, a son courant, « Jovem Guarda » (la jeune garde, rien à voir avec celle des Bolcheviks), son programme télé, ses fans, côté jeunesse aisée, et son King : Roberto Carlos. un Elvis, tendance ballade-sirop, mâtiné de Richard Anthony. Il n’est pas un adepte du borborygme sur fond de guitares saturées, et ne s’aplatit pas sur la scène. Il parle à sa tranche d’âge avec ses propres mots : « Salut les Copains » – milieu des sixties un peu plus ensoleillé. Ça ne fait pas de tort à un régime qui installe sa loi de fer, au contraire, ça distrait la jeunesse. Même si ça froisse le prude nationalisme de certains gardiens de la morale chrétienne. Mais ça fait bouger du monde, et ça prépare le terrain pour ce qui va suivre.
Du coup, la bossa nova, sensuelle urbanité du début des années soixante, est quelque peu mise au rancart par la jeunesse piaffante. João Gilberto bat en retraite devant le iê-iê-iê et va se réfugier... à New York, où la bossa nova (nouvelle vague, en anglais new wave !) va gagner sa qualité de « légendaire ».
La Jovem Guarda vit de brèves riches heures. elle va succomber en 67, victime d’une conjonction déferlante : les festivals de la chanson, télévisés dans une bonne partie du pays, et leur lot de talents neufs, avec de fortes personnalités ; son manque d’inspiration neuve et d’idées post-acné ; le durcissement progressif du régime militaire, qui étouffe la vie quotidienne, donc les accès de ras-le-bol d’une partie de la jeunesse. Seul ou quasiment règnera, et règne encore « o rei Roberto Carlos », assagi et adulé de toutes les générations. Un monument vivant à la mièvrerie, qui ne verra même pas passer les années dures.
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LES DEUX CHANSONS QUI FIRENT FLAMBER LE BRÉSIL
À partir de 66, les chaînes de télévision, Record, Excelsior puis Tupi, se livrent une concurrence frénétique sur le front des festivals de chanson ; ce ne sont pas les interprètes, mais les chansons elles-mêmes qui concourent, d’éliminatoires régionales en finales nationales retransmises en direct. En moins de deux ans, Chico Buarque de Hollanda, Geraldo Vandré, Caetano Veloso, Gilberto Gil, Edu Lobo, Jaïr Rodrigues, Milton Nascimento, Rita Lee, finalistes parmi les trois ou quatre mille inscrits, vont gagner une stature nationale, au milieu d’un tohu-bohu passionnel digne des meilleurs Fla-Flu (derby des deux grands clubs de football de Rio, Flamengo et Fluminense).
En 66, le Brésil s’enflamme. En finale du festival de T.V. Record, deux chansons sont favorites : A Banda, de Chico Buarque, rythme bien samba mais exercice de style littéraire tout en trompe l’œil, et Disparada (la fuite), de Geraldo Vandré, défendu par Jaïr Rodrigues, ballade-épopée d’une cavale dans le sertão nordestin.
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Marcus Pereira, qui deviendra plus tard producteur de disques, témoigne : « Le Brésil entier a commencé à se sentir concerné par la musique. Les trois demi-finales, retransmises en direct, atteignirent une audience jamais vue pour un programme musical (...). Personne, rigoureusement personne, ne demeura à l’écart. Il se forma des camps autour des deux musiques vite apparues favorites. Le choix était réellement difficile. Pour finir, j’ai choisi le parti de Disparada, et j’ai commencé à débiner les défenseurs de A Banda, à coup de on dit et de calomnies, sur leur honnêteté personnelle et familiale. »
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Le jury, sans doute par peur d’une apocalypse télévisée en direct du palais des sports de São Paulo, les classe premiers ex-aequo. le Brésil entier fredonne les deux airs. Leurs auteurs ne tarderont pas à avoir droit à la sollicitude particulière de messieurs les Censeurs.
Les festivals suivants vont déplacer les enjeux. Deux années de confusion, un souffle neuf venu de Bahia qui va monter en ligne et ferrailler tous azimuts : « Garde-toi à gauche », contre les penseurs rationnels, les adeptes de tout poil du marxisme scientifique et une bonne partie du mouvement intellectuel, « Garde-toi à droite », contre les militaires, tenants de l’ordre moral. et, comme si ça ne suffisait pas, « Garde-toi derrière », contre les nationalistes invétérés de la double-croche. rude bataille d’où va émerger la frange la plus flamboyante de ce nébuleux P.M.P.B.. Et toujours sous l’œil papillotant des téléspectateurs « hipno-T.V.-tizados », comme les appelle l’écrivain Augusto de Campos.
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LES TROPICALISTES : DES EMPÊCHEURS DE PENSER DROIT
On les appelle Baianos, et bientôt Tropicalistes. Concept opaque dont ceux qui s’en trouvent affublés profiteront pour y glisser tous leurs délires. Les figures marquantes de ce non-mouvement sont Caetano Veloso et Gilberto Gil, venus de Salvador da Bahia fouiner du côté de São Paulo, la grande métropole du sud. Avec eux des musiciens, des artistes plastiques, des poètes, un grand cinéaste (Glauber Rocha). Ensemble, ils apportent une image, une expression et une pensée neuves, qui contourne un champ politique chaque jour plus cartésien, et un champ musical plutôt pauvre et passablement coincé.
Caetano et Gil ont déjà, en 65 et 66, placé quelques couplets acides, dans une certaine indifférence. Voilà que lors de l’édition 1967 du festival de T.V. Record, Gilberto Gil monte sur scène en compagnie d’un groupe délibérément rock de São Paulo, Os Mutantes (dont la chanteuse s’appelle Rita Lee), et que, sur un rythme nordestin où les guitares électriques répondent au berimbau, il attaque Domingo No Parque, un fait divers surréaliste aux couleurs choc. Ébahissement général.
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À Gil succède Caetano Veloso, lui aussi accompagné d’un groupe rock, style jeune garde, Beat Boys. Veste blanche, chemise rouge, cravate noire à pois rouges, grosses lunettes fumées, Caetano a la dégaine d’un punk un peu chic, dix ans avant l’heure. il entonne Alegria, Alegria :
« Déambulant le nez au vent, Sans mouchoir, sans papiers, Au soleil de décembre ou presque. J’y vais. Le soleil s’émiette en crimes, Navires spatiaux ou guérillas, En Cardinaux tout beaux, J’y vais. En têtes de présidents, En baisers fous d’amour, En dents, en jambes, en drapeaux, En bombes, en Brigitte Bardot, Le soleil sur les kiosques Me rend allègre et paresseux, Qui donc lit toutes ces nouvelles ? J’y vais. »
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La suite est dans le même esprit. les teenagers acclament surtout l’esprit vaguement rock. et virent tout ce qui s’en écarte. Gil et Caetano terminent placés (2e et 4e), leurs propos n’ont pas fini de faire des vagues. La joie de vivre, le nez en l’air, le j’men- foutisme, alors qu’on tue, qu’on torture dans les commissariats, que les prisons sont archi-pleines d’opposants, et que certains ont même pris les armes contre l’armée ? Les Baianes sont des empêcheurs de penser droit. On leur lance les mêmes anathèmes que les Communistes aux Surréalistes dans les années 25.
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VESTIGES DU PURITANISME RADICAL
1968 : le ton monte au même rythme que la tension dans les rues. Geraldo Vandré, émouvante figure solitaire, s’accompagnant de sa seule guitare, est le chantre des étudiants radicaux, avec Pra Não Dizer Que Não Falei De Flores (pour qu’on ne dise pas que je n’ai pas chanté les fleurs), resté jusqu’à ce jour l’hymne de tout protestataire ; le symbole d’une marche obstinée dans un paysage dépouillé. des chansons sans fioriture musicale, des mots simples, sans double sens ; l’esprit rural de Vandré a les faveurs des radicaux urbains.
Les vandréïstes intolérants virent Gilberto Gil et sa chanson à double sens Questão De Ordem (question d’ordre), sifflent et huent Caetano qui leur a dédié fort à propos E Proïbido Proïbir : « Je dis oui, je dis non à non, je dis qu’il est interdit d’interdire. » La provoc’ importée du mai 68 français rend fous les radicaux, qui brandissent des posters de Che Guevara devant la scène. Quelques jours plus tard, on stigmatise les frasques de Caetano, pendant la manif de 100 000 étudiants qui traverse Rio. lors d’un autre festival de T.V. Record, la même année, Caetano, hué au point d’en être inaudible, parvient à lancer à ses détracteurs : « C’est ça, la jeunesse qui dit vouloir prendre le pouvoir ? Vous ne comprenez rien à rien. Si vous faites de la politique comme de l’esthétique »... Le reste se perd dans le brouhaha et les jets de tomates pourries.
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Les Tropicalistes vont tenir en première ligne jusqu’à la fin 68. sans avoir même eu le temps de se demander ce qu’ils peuvent bien faire de ce pouvoir qu’ils se sont approprié, mais qu’ils n’ont pas envie d’exercer. Car voilà Caetano, Gil, Gal Costa, Rita Lee et ses Mutantes, Rogerio Duprat (un chef d’orchestre qui s’est infiltré dans ce délire), et encore Capinam, Torquato Neto, Rogerio Duarte, des poètes-auteurs, réunis sur un disque qui s’appelle Tropicalia.
Ce qui n’est qu’une aventure en commun est immédiatement interprété comme un manifeste. Les intéressés ont beau récuser le fait, quelques-unes des chansons synthétisent bien l’esprit du moment. tel ce Parque Industrial, de Tom Zé, que tous entonnent en final de l’album :
« Qu’on retouche le ciel indigo, Qu’on accroche les banderoles, C’est la grande fête dans tout le pays, Qu’on exhorte à l’aide de prières, Le progrès industriel qui annonce notre rédemption, Au programme, fille à propagande, Gamine qui vole et tendresse, Regarde donc au-delà des murs, Je redeviens gai sur l’instant, J’ai le sourire plutôt figé Voilà déjà étiqueté, prêt à réchauffer et consommer, Le produit Made in Brasil. »
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« BARBARES, CRÉDULES, PITTORESQUES ET TENDRES... »
Là où ils piétinent très joyeusement tous les usages, on les accuse de se limiter à chanter la débilité : « Artistiquement, c’est un fait, et un fait important, mais politiquement, avouons-le, ça n’est rien d’autre qu’une plaisanterie », écrit un journaliste, à l’époque. Diagnostic certes méprisant, mais pas faux. Les images priment sur le discours, le patchwork des couleurs sur le concept. Ce qui permet tous les flous, toutes les assimilations hâtives. Toutes les errances aussi.
Ainsi José Celso, un autre de la bande. Il est un des rares audacieux créateurs, dans le théâtre du Brésil : « Moi-même, qui n’étais qu’un metteur en scène de théâtre, je suis devenu un personnage créé par les media, complètement excentrique, tenant des propos que je n’avais jamais tenus auparavant, et, pour ajouter au folklore néo-colonial, on a inventé pour moi le rôle de représentant de la contre-culture. Ignorant de ces mécanismes, à l’époque, je me suis surpris à trouver scandaleux ce personnage qu’on avait inventé et qui n’était autre que moi. »
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D’autant que dans le vide ambiant et à côté de la parole stéréotypée des oppositions, les Tropicaux s’agitent, on leur donne une émission de télé sur T.V. Tupi. Là, c’est le summum. Leur délire s’introduit dans les foyers, c’est parfois hermétique, toujours impertinent, et ça a des airs de carnaval improvisé. Au moment même où la guérilla urbaine commence à enlever et séquestrer des ambassadeurs étrangers ! À l’heure, aussi, où les « politiques » sont réduits au silence.
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Cette occupation forcenée de tous les terrains possibles, et notamment des espaces médiatiques (même Chacrinha, animateur populaire et amuseur de la T.V., une espèce de Jacques martin fardé, proclame qu’il est le premier des Tropicalistes !), agace de plus en plus les bien-pensants, les orthodoxes de tout acabit. « Barbares, crédules, pittoresques et tendres », la définition édictée par Oswald de Andrade lors d’une semaine d’art moderne, date de 1922 ! Elle s’appliquait à l’esprit brésilien, à travers un « Manifeste Antropophagique ». entreprise traînée dans la boue, à l’époque, mais dont les fondements n’ont rien de rétro quasiment un demi-siècle plus tard.
Le parti pris est certes nationaliste, mais avec comme corollaire l’idée que pour imposer un espace, il faut batailler sauvagement ; tout est bon pour signifier que... tout n’est pas bon ! La guerre est philosophique, esthétique, mais aussi politique. Justement, en cette année 68, José Celso monte, au théâtre, « O Rei Da Vela » de... Oswald de Andrade, et Glauber Rocha présente son dernier film, « Terra Em Transe ». Tropicalia, le disque collectif, est le pendant musical de ce bouillonnement artistique. Beaucoup d’artistes, surtout de chanteurs, qui ont suivi en s’essoufflant, prennent leurs distances.
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L’EXCEPTION ET L’EXIL
Le pouvoir militaire va sévir : il instaure en décembre un état d’exception (AI-5), qui réglemente les libertés. La pire période de la dictature s’ouvre. À la veille de Noël, Caetano Veloso chante un classique, « Anoiteceu » (tombée de la nuit) avec un flingue à la main. Même si les caméras évitent l’arme, ce chant de gloire à la nuit tombante appelle la contre-offensive bestiale : quatre jours plus tard, Gil et Caetano se retrouvent dans la nuit blafarde d’une cellule. Quelques mois de prison puis résidence surveillée, avant de prendre le chemin d’un exil londonien.
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Arrestations parmi tant d’autres. Le pays entier est sous état de siège. La galaxie tropicaliste disparaît, elle n’aura pas eu son crépuscule. Glauber Rocha, lui aussi, s’exile. Rita Lee se retrouve, elle le confessera plus tard, « à moitié orpheline ». José Celso, revenu à son cher Brecht, crache sur les cendres encore tièdes du Tropicalisme, « si vite consumé que j’en ai perdu ta tête ».
Les « politiques », étouffés, bâillonnés, font entrer Caetano et Gil dans la martyrologie déjà conséquente. et on s’aperçoit, mais un peu tard, que ce Tropicalisme irrationnel et insaisissable était en fait très politique : « Il riposte à la fois aux discours libéral, totalitaire et de gauche », écrit Gilberto Vasconcellos, dans son livre « De Olho Na Fresta ». Il délimite les champs clos de la musique-de-protesto : « Le thème essentiel de la chanson engagée est le jour qui viendra, et la confiance en des jours fatalement meilleurs. Qui a la foi doit m’attendre, chantait solennellement Geraldo Vandré. »
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Les lendemains ne vont pas chanter, et l’heure de la rédemption sociale est en panne. Face à ce noir-et-blanc sinistre, les tropicaux, avec leurs couleurs fortes sur trait léger, se sont attaqués au conformisme, donc aux fondements de l’état. Guérilla des mots et des sons qu’ils ne pouvaient pas gagner, face aux militaires rédempteurs. Cette « ligne évolutive » de la M.P.B., comme l’appelle Caetano Veloso, est provisoirement au rancart. Pourtant elle sera une référence dans les années qui vont suivre. Pour le moment, la chanson en a trop dit. Comme le chante Caetano dans « Enquanto Seu Lobo Não Vim » (Pendant que monsieur le loup n’y est pas) :
« Allons défiler dans la rue où Mangueira est passé, Allons sous les rues, sous les bombes, sous les drapeaux Allons sous nos pas, sous les roses du jardin, Allons sous la boue, allons sous le lit. »
Autrement dit, les fanfarons et les pleutres, les grandes gueules et les timides sont dans le même sac. Musique étonnamment prémonitoire. Le Brésil ne s’arrête pas de vivre, mais beaucoup vont rester sous le lit pendant quelques années.
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LE MURMURE DE DIX MILLE BOUCHES COUSUES
Cette vertigineuse année 68 a sonné le glas du délire politico-poétique, les années qui suivent vont balayer la moindre voix qui tente de se faire jour. D’abord, les censeurs se trouvent une âme de mélomanes, et taillent dans le vif ; couplets, refrains, chansons entières valsent au gré des ciseaux, et selon les aigreurs d’estomac. Exemple parmi tant d’autres, la saignée à chaud de Dia De Graça, une chanson de Sergio Ricardo (auteur de la musique de Deus E O Diabo Na Terra Do Sol - Le Dieu Noir Et Le Diable Blond), au quatrième festival de T.V. Record, en 68 : on lui communique d’abord l’interdiction de l’ultime vers, « Je ne dis pas que je chante pour mentir le 1er avril ». Au moment de monter sur scène, on lui annonce que la chanson entière est interdite (sans doute les censeurs ont-ils ajusté leurs binocles). Que faire, devant les caméras et le public ? Il l’entonne, les lèvres fermées, dans le silence d’abord pesant d’une audience médusée, qui va se joindre à lui, en un chœur étonnant de dix mille bouches cousues !
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Le climat est spécialement lourd, vers la fin des années soixante ; l’armée et la police entament une chasse sanglante à la guérilla, en ville comme dans les zones rurales. Même dans une telle atmosphère, le Brésil tout entier ne sombre pas dans la morosité ni la déprime. On continue de composer, enregistrer des disques, faire des shows. Mais comme la musique est susceptible de concentrer les esprits rebelles, on l’épluche, on la quadrille, on l’attendrit, on l’interdit, du côté des services de censure, un secteur en pleine expansion. C’est d’abord le problème des auteurs, qui s’épuisent souvent à ruser. Le public, lui, qui n’écoute que ce qui a réussi l’examen de censure, ne se rend pas tellement compte de cette épée de Damoclès, à moins de se retrouver à la porte d’un show interdit à la dernière seconde, devant un cordon de la Police militaire...
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Par contre, les festivals de la chanson périclitent à l’aube de la décennie suivante : en partie à cause d’une censure versatile qui conduit Chico Buarque, Vinicius de Moraes, Tom Jobim et d’autres à se retirer du jury, Milton Nascimento, Caetano Veloso, Baden Powell, à quitter la compétition. Mais sans doute plus encore à cause de l’indigence chaque fois plus manifeste des festivals, qui tournent à la foire internationale de la variété dégoulinante. Les Mike Brant, Hervé Vilard, Demis Roussos et les autres Romuald, stars éphémères du hit parade ou gagnants de pacotille de l’Eurovision, s’en vont représenter la France au pied du Pain de sucre.
Les tripatouillages, bidonnages et trucages, qui favorisent souvent les sous-produits européens finissent par fatiguer le public et bien souvent humilier les concurrents brésiliens. Cette concurrence tapageuse que personne n’ose plus défendre, si ce n’est les idéologues du développement touristique, va assécher la richesse de la compétition, et en précipiter la conclusion. La section brésilienne de l’internationale-chansonnette se démantibule à jamais en 72. Depuis 69/70, déjà, on ne se passionne plus pour l’entreprise. le mercantilisme a chassé l’esprit « bataille d’Hernani ». La situation politique s’est tendue, la ritournelle mièvre ne fait plus recette.
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À EN PERDRE LE GOÛT DE CHANTER...
Il est temps de passer à une autre étape, plus frondeuse. D’autant que ceux qui ont ouvert un espace qui leur ressemble, leur espace, les Milton Nascimento, Gil, Caetano (qui reviennent en 72 de leur exil londonien !), Chico Buarque et pas mal d’autres, vont y marquer fortement les années 70, et trouver un souffle serein, à l’aube des années 80.
Pourquoi avoir tant insisté sur cette période 66-68 ? En fait elle explique tout ce qui suit. Surtout les 10 années noires pendant lesquelles cet état d’urgence va conditionner toutes les expressions. donc la musique.
Parmi les créateurs, il y a quatre catégories : d’abord, ceux qui font comme si la situation ne comptait pas, et qui pondent leurs petites chansons sans risque de se faire châtrer, Roberto Carlos, par exemple. Lui n’a pas besoin de s’autocensurer, ses benêtes histoires d’amour n’ont rien de suspect. Ceux qu’on a provisoirement écartés, Caetano Veloso ou Gilberto Gil, qui profitent de leur exil londonien pour humer l’air du rock (et faire des albums) ; ceux qui sont en liberté très surveillée, dont on épluche les textes, dont on interdit tout ou partie des spectacles, souvent à la dernière seconde. Chico Buarque en est l’exemple extrême ; enfin, et là, ce n’est plus une catégorie, c’est un bonhomme tout seul, celui qu’on va briser au point de lui ôter le goût de chanter pour longtemps, et sans doute pour toujours : Geraldo Vandré.
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Les militaires n’ont pas encaissé que ses chansons soient devenues des hymnes de la contestation. Oh, ils ne lui casseront pas les doigts, ils ne le tortureront pas à mort comme Victor Jara au Chili, ils vont l’interdire : plus de shows, plus de disques, avec en prime des menaces et intimidations. Vandré, un moment parti en Europe, disparaît de la vie publique pour longtemps, on le retrouvera bien plus tard, modeste avocat au barreau de São Paulo.
On continue, en 82, à chanter Vandré dans les meetings et les usines en grève, c’en est désuet, mais après tout, le Brésil de ces vingt dernières années n’a jamais eu qu’un protest singer, et « Caminhando... » colle toujours mieux au contexte que les chants internationalistes révolutionnaires bolcheviks, de couleur désespérément sépia !
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RUSES POUR DÉJOUER LA CENSURE
Pour les autres, c’est la ruse. L’humour caustique de la rue, celui des réflexions dans les queues d’autobus, les boulangeries ou les cafés, se retrouve souvent tel quel dans les chansons de Chico Buarque, Paulinho da Viola, João Bosco, ou de nouveaux venus comme Gonzaguinha, Fagner. À condition que la censure laisse passer. Là, c’est l’arbitraire le plus total. Les shows sont raccourcis de la même manière que les quotidiens sortent avec des colonnes blanches. Quant aux disques, il faut les remplir, et ça prend parfois du temps.
Car les censeurs ne traquent pas seulement l’allusion politique, ils sont aussi de vigilants gardiens de la morale chrétienne. Pour avoir écrit une chanson où il faisait un jeu de mots avec « sac », Chico Buarque se fait censurer pour « offense à la femme brésilienne » ! Chico, lui-même, avance, autour de 70, le chiffre de deux chansons censurées sur trois. Lui qui sortait habituellement un album par an, se retrouve en rade au bout de 18 mois : « Mes disques ont d’ordinaire dix chansons. Eh bien, à ce moment, je n’arrivais même pas à dix. J’ai été obligé de patienter plusieurs mois pour enregistrer. »
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Plus tard, à propos de Construção, impressionnant château où les mots tiennent comme des cartes, il explique : « Il est évident que j’en suis à faire de l’autocensure. Mais à l’intérieur des limites que je me suis fixées, je crois qu’il existe encore un espace pour faire passer les choses. (...) Les chansons restent dans les limites de ce que, à mon sens, la censure peut laisser passer. S’ils m’obligent à reculer encore davantage, je m’arrêterai. »
Trois ans plus tard, en 74, après une série d’expéditions en Italie, Chico est en panne, pour de bon. Déprimé de devoir soit attendrir soit justifier le moindre de ses propos, las de ne pouvoir présenter des shows mutilés. Fatigué d’être sans arrêt questionné à propos de la censure : « Ça finit par être lamentable de se faire alpaguer dans la rue, et de s’entendre questionner à propos de la censure, et pas de mon travail. Comme artiste, je ne veux être jugé que sur mon travail. Faute de pouvoir travailler, j’ai perdu un an. »
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Dépression passagère, mais Chico est un personnage « à cycles ». Quelque temps plus tard, il interprète plusieurs chansons d’un inconnu dénommé Julinho da Adelaïde, qui ont passé sans encombre la censure, et notamment une, très courte, presque une comptine, Jorge Maravilha, qui dit : « Vous ne m’aimez pas, mais votre fille, elle, m’aime. » Le Brésil entier s’esclaffe. Rien à voir avec une histoire de (belle) famille, la chanson reprend les propos d’un ministre en vue, contredits par l’aveu de sa propre fille. Quant à cet impertinent Julinho da Adelaïde, c’est en fait un élégant pseudonyme de Chico lui-même.
La ruse, l’arme du ridicule. Ces années noires sont une bonne école pour apprendre l’écriture entre les lignes. les Brésiliens sont prompts à déchiffrer, à dénicher un double langage. Mais de la même manière que le mano a mano des guérilleros urbains et des dictateurs n’obsède pas le pays entier, la musique n’a pas forcément un double langage contestataire. Ou alors la contestation change d’espace. La liberté finit par être un concept vague, et une certaine jeunesse, qui n’a pas oublié les Tropicalistes, se sent coincée par un ordre moral de ce siècle. Revendiquer un mode de vie devient une sinécure.
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ZAZOUS DES TROPIQUES ET PATROUILLES IDÉOLOGIQUES
C’est là que les Novos Baianos, très tôt orphelins de Caetano et Gil, vont jouer un rôle de catalyseur : ils vivent en communauté, mettent du rock dans leur samba, leur bossa nova, leur chorinho et prétendent jouer là où ils en ont envie, sur un camion, sur une plage, sur une place, avec le décorum et le délire propres à Bahia. Difficile à contenir, ce mouvement, d’autant que la jeunesse urbaine s’y reconnaît. « On » peut toujours raconter qu’ils font l’amour en groupe, qu’ils se droguent, qu’ils ne se lavent pas. « On » peut même en arrêter un quelques jours pour une broutille mais « on » ne peut pas les faire taire.
D’ailleurs, ce qu’ils chantent n’est pas subversif au sens politique, et le groupe vénère la musique nationale. Cette génération, qui n’a connu que le pouvoir militaire, a décidé de vivre : « Acobou Chorare », les larmes, ça suffit, chantent les Novos Baianos. Zazous des tropiques mêlés d’un « peace and love » irrespectueux : la musique concentre ce mode de vie, et touche une jeunesse qui n’a que faire du champ politique.
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À leur retour d’exil, les aînés des Novos Baianos, Caetano et Gil, ne sont pas à la fête. Une partie de la gauche, surtout parmi les intellectuels, leur reproche la confusion de leur pensée. Ils ne sont pas les seuls à faire l’objet de polémiques. Cinéastes, artistes de théâtre, poètes ou peintres sont sans arrêt sommés de « prendre position clairement ». La ritournelle tend à tourner à l’obsession.
Caca Dieguès, plus tard réalisateur de Bye Bye Brasil, invente un concept qui ne cessera de fleurir jusqu’à la fin de la décennie : celui de « patrouilles idéologiques ». Les polémiques vont bon train, entre les libres-penseurs et les porteurs de bannières rouges de tous acabits, culpabilisateurs et redresseurs de morale. « La soi-disant gauche d’ici n’a jamais eu le recul nécessaire pour regarder les choses d’un œil narquois », dira plus tard Caetano Veloso. « Ils n’ont aucune vision culturelle de l’histoire. Que des slogans et une morale figée. Quant à la fantaisie... »
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LE RÉVEIL NOIR À BAHIA
Surgit aussi la revendication noire. Immense nébuleuse, et tabou ostensible, dans un pays où, selon tous les gouvernements successifs, la discrimination raciale est le mal des autres. Bien sûr, le Brésil n’est pas l’Afrique du sud, mais le « crioulo » costaud, rigolard et simple d’esprit est un cliché séculaire. Vers le milieu des années 70, à Bahia notamment, tout est bon pour affirmer la différence : pêle-mêle le carnaval, James Brown, le candomblé, les Black Panthers, Gilberto Gil, Cassius Clay. Beaucoup de musique dans ces références.
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Là encore, dans les faubourgs noirs de Bahia, on n’idéologise pas, on crée un monde. « Le meilleur endroit du monde, c’est ici et tout de suite », chante Gilberto Gil. Waly Salomão, poète local, parle de « blackitude baiane » (en portugais dans le texte !). On dit du quartier de Liberdade qu’il est un « Harlem baiane », et le carnaval se réafricanise : les afoxés qui prolifèrent ne sont ni des clubs fermés ni des sectes mystiques. Simplement des regroupements de gens qui veulent regarder l’Afrique avec leurs yeux d’aujourd’hui, sans pour autant bâtir un système de pensée référentiel à l’Afrique (comme le Rastafarisme en Jamaïque). Pratiques de quartier pendant l’année, et qui ne s’affiche dans les rues que le temps du carnaval, à Bahia.
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Antonio Risério, dans son très swingant livre, Carnaval Ijexa, décrit bien le phénomène : « Aujourd’hui, quand les afoxés et les blocs afro prennent en charge le carnaval baiane, ils nous montrent clairement que ce carnaval s’affirme comme un espace privilégié pour l’apparition et la revendication culturelle des noirs, avec les implications sociales et politiques qui en découlent. » et de citer Gilberto Gil : « Les noirs commencent à conquérir la possibilité de s’autogérer esthétiquement. »
Encore une fois, c’est la musique qui capitalise ce courant apparu vers 75, et qui n’a cessé de croître depuis. Le régime, là aussi, n’a pas saisi ce phénomène, il a tenté d’assimiler Black Rio, un mouvement culturel et très musical, à une tentative de « Black Panthérisation » importée des U.S.A., manipulée par des éléments radicaux. Assimilation primaire qui est restée sans suite.
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DESSERRER L’ÉTAU
Mesdames-Messieurs, l’ouverture. « Abertura », le pain d’épice favori des militaires qui ont entrebâillé la porte. Le concept, sans doute inventé par le Général Golbery, conservateur éclairé et véritable penseur du régime, a fait recette, depuis 78. une forte pression internationale a poussé le gouvernement à se refaire une crédibilité. Par quel bout appliquer les beaux principes, quand on n’a jamais manié la démocratie ? En desserrant l’étau sur ce qui se voit le plus, le monde de la culture et du divertissement.
On réduit les effectifs de la commission de censure, on limite ses attributions, on n’interdit plus les shows, on autorise ce qui avait été prohibé dix ans durant. Chico Buarque vend 500 000 albums, avec Cálice, chanson mise à l’index par la censure pendant une bonne décennie. On ressort (en catimini, tout de même) un disque de Vandré le pestiféré, on accueille au bercail les exilés, volontaires ou forcés, on autorise des méga-shows dans des stades de 100 000 places et, paradoxalement, on revient aux grands festivals de la chanson qui avaient sombré en 72. Sur le mode médiocre et mercantile.
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Que faire de ce mini espace ? Se le partager, d’abord, il y a la place pour tous, les Nordestins, les Mineiros, les Baianes, les Cariocas, etc. Ce qui bourgeonne depuis longtemps devient latent, les années-dictature ont été un vrai bouillon de culture. Les Tropicalistes quadragénaires, Caetano et Gil en tête, vendent plus de disques que jamais. La nouvelle génération des Moraes Moreira, Alceu Valença, Baby Consuelo, Simone, Pepeu Gomes, Fagner, a déjà passé le cap de la trentaine. Derrière, malheureusement, pas grand-chose à part Djavan. Les mômes et les adolescents n’ont pas beaucoup d’idoles de leur âge.
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Et le personnel politique ? À part Lula, le leader du P.T., aucune figure nouvelle de stature nationale n’est apparue. On retrouve les mêmes qu’il y a dix ans, quinze ans. Là aussi, la relève se fait rare. La carrière politique est négoce ingrat en temps de crise et la population ne se passionne guère pour les feintes, dribbles et lobs de l’avant-élection, entre tenants du titre (gouvernement militaire) et challengers (opposition de gauche ou assimilée). La musique, elle aussi, subit la crise, et les lendemains qui déchantent (côté porte-monnaie) n’engendrent pas vraiment une créativité effrénée.
Ceux qui, comme Chico Buarque, incarnaient la ruse, le pied-de-nez ou le croc-en-jambe, et que la censure ne persécute plus, ne se sentent guère de donner dans le didactisme. Alors, ils voyagent : Chico se fait acclamer en Angola, au Mozambique, à Cuba ou au Nicaragua. Animateur et rassembleur, d’artistes donc de foules, il organise au Brésil des concerts de soutien : pour le syndicat des musiciens (le 1er mai 1981, à Riocentro, deux militaires d’extrême-droite se font sauter devant les portes avant d’avoir eu le temps de déposer dans la salle la bombe qu’ils transportaient), pour des musiciens en difficulté, et même pour des associations populaires de quartier ; en février 82, au stade Morumbi de São Paulo, 100 000 spectateurs en délire font fête à 20 artistes. Raccourci saisissant propre à l’époque, c’est la toute-puissante et quasi monopolistique T.V. Globo qui retransmet le show Canta Brasil dans tout le pays.
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« CE QUE J’AIME CHEZ GEISEL, C’EST SON SOURIRE... »
La gauche intellectuelle, qui n’a visiblement pas compris l’histoire, a tendance à radoter, à ressasser les mêmes critiques qu’il y a quinze ans : Caetano Veloso et Gilberto Gil sont pressés de prendre position sur le nucléaire, choisir leur camp électoral. Gil, du temps de Geisel, le précédent Général-Président de la république, avait déjà lâché : « Ce que j’aime chez Geisel, c’est son sourire. » (Petit détail, Geisel était réputé pour son visage de marbre !) Ce genre de réponse devrait clore le bec aux contradicteurs. Eh bien, non ! ils reviennent à la charge. alors Caetano, Gil et les Tropicalistes ne répondent même plus.
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Les chanteurs et musiciens, s’ils prêtent volontiers leur concours à des concerts de soutien (généralement en faveur de mouvements syndicaux, populaires, ou pour l’amnistie), ne sont guère tentés par la vie politique. Elis Regina s’était affiliée au P.T. de Lula. mais elle est morte au début de 82. Deux autres personnages de la M.P.B. se sont portés candidats aux élections de 82. Le vieux Luis Gonzaga, le roi du Baiao nordestin, comme postulant à la députation d’état, à la Chambre du Pernambouco... pour le P.D.S., parti du gouvernement : « Rien qu’avec mon accordéon, j’ai déjà obtenu pour Exu, ma ville, le téléphone, la télévision, une banque, un parc aux vachers, avec lycée professionnel, artisanat et école (...). Il n’y a que le gouvernement qui fasse quelque chose pour le Nordeste, le reste, c’est du baratin, de la frime, moins que rien. (11) » Dans une région encore passablement imprégnée du règne des « colonels », ces propriétaires terriens tyranniques, la candidature de « Gonzagao » est un coup de prestige du parti au pouvoir. Son fils, Gonzaguinha, jadis spécialement « gâté » par les censeurs, doit faire la gueule...
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UN TOUT DE SUITE QUI CHANTE VAUT MIEUX QUE DES LENDEMAINS QUI...
Autre candidat, tout aussi surprenant : Galvão, âme, penseur et grande gueule des Novos Baianos, se présente pour le P.M.D.B. dans sa ville de Juazeiron, dans le nord de l’état de Bahia. Lui brigue la députation fédérale, à Brasilia. Son programme ne coïncide pas toujours avec celui de son parti : « Dans le P.M.D.B., il y en a qui ont une plateforme défendant les travailleurs. La mienne est une contribution de la vision des jeunes, qui ont toujours été exclus et n’ont jamais participé. (...) Les jeunes vont en prison parce qu’ils fument de l’herbe. C’est absurde. On envoie les jeunes en prison pour un rien, et en même temps, on laisse en vente les cigarettes parce qu’elles sont américaines, parce que l’État reçoit sa part de taxes. (...) Je suis dans un parti, et on m’y respecte. Les autres voient bien que je ne suis pas fou et que je vais dans le même sens qu’eux. Ils ont admis ma plateforme, ce qui n’est pas évident, qui aurait pu être combattue parce qu’elle était nouvelle. Certains des points que je défends sont taxés de crime par la droite et d’aliénation par la gauche. Pourtant, cette jeunesse marginalisée n’est pas aliénée. »
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Propos guère surprenants dans une conversation, mais qui touchent au surréalisme quand ils sortent de la bouche d’un candidat à la députation d’une bourgade de l’intérieur Baiane. la génération des Novos Baianos n’en finit pas de surprendre. Gonzaga et Galvão restent des exceptions dans un monde politique qui mêle le rationnel à l’esprit.
Western. Fernando Gabeira, ex-guérillero, kidnappeur d’ambassadeur-prisonnier-exilé, à présent amnistié, de retour sur sa terre et qui vend des centaines de milliers de livres mêlant ses aventures et son regard aigu-sensuel, constate que les partis politiques, sans exception, se battent pour des causes dépassées (il n’englobe pas le credo de Galvão, proche de ses idées).
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L’apprentissage de la démocratie passe trop souvent par une décalcomanie des vieux modèles occidentaux. Les politiciens feraient mieux de prendre exemple sur les tenants de cet imaginaire mais puissant Parti de la Musique Populaire Brésilienne : capable d’enflammer des dizaines, des centaines de milliers de gens avec une mélodie et quelques mots simples. un tout de suite qui chante vaut mieux que des lendemains qui, peut-être, quoique...
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remykolpakopoul · 4 years
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RKK BRASIL ► Le Grand Remix [3/6]
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NOUS, PAR EXEMPLE… ► LE CLUB DES CINQ TOUJOURS AU TOP
Février 2013, soit trente ans et des poussières après la publication de cet article dans la revue Autrement, bien des choses ont changé. Mais d’autres, pas du tout. Avant d’égrener ces trois décennies malgré tout riches en nouveautés, force est de constater qu’un état des lieux déjà ébauché en 1982 est devenu évidence, au moins d’un point de vue international : le Brésil reste un pays de jeunes dont les chanteurs phares sont des anciens (entre cinquante-cinq et quatre-vingts ans !). En tout cas, nombre d’entre eux sont toujours au top worldwide.
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Revenons à nos cinq Tropicalistes baianes, ceux qui en 1964 ont ensemble présenté au théâtre Vila Velha de Salvador un show au titre prémonitoire, « Nós, Por Exemplo... » (Nous, Par Exemple...).
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Par exemple… Caetano Veloso le charme. Même à soixante-dix printemps, il en garde son capital intact. Après quelques échappées belles dans la classieuse roucoulade espagnole (« Cucurrucucu Paloma », qu’il chante dans Parle Avec Elle de Pedro Almodóvar) ou dans la geste crooneur en anglais (A Foreign Sound), Caetano semble durablement ancré dans un post-rock tropical… très piquant. Il demeure visionnaire, en avance sur son temps, et définitivement intrépide. Au point de, parfois, souffler sur les braises, histoire de lancer une polémique que le nouveau siècle et ses réseaux sociaux ne manqueront pas d’amplifier. Comme ce jour de 2009 où, annonçant son vote aux présidentielles pour la candidate écologiste, il déclare à Estado de São Paulo : « Elle n’est pas analphabète comme Lula, qui ne sait pas parler, il a un langage frustre, mal dégrossi. » Oups. C’est sa mère, Dona Canô, cent un ans à l’époque, qui le mouche en appelant Lula pour s’excuser des propos de son fils : « Lula ne mérite pas ça, c’était une attaque gratuite. On vote Lula si on veut, mais pas besoin de blesser ou de chercher des histoires. » Et toc… Ce à quoi Lula répond : « Ne vous inquiétez pas, je vous aime bien, j’aime beaucoup Caetano aussi, ces choses-là arrivent. » Eh oui, on pardonne toujours à Caetano. Surtout quand arrive un nouveau disque. il ne doit pas être loin des cinquante albums. Par contre, ses visites en France, pas plus d’une dizaine en trente ans, sont d’autant plus précieuses qu’elles se font relativement rares. Caetano n’est pas un acharné des tournées.
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Par exemple… Gal Costa une vraie muse des Tropicaux, avec voix cristalline. Maria da Graças (son vrai prénom) a régné sur les 70’s, brillé dans les 80’s, vécu sur ses acquis dans les deux décennies suivantes. Jusqu’à Recanto, paru début 2012. Re-chante (bien vu le titre), c’est un retour au futur, avec la voix de ses vingt ans sur des chansons et des arrangements electro minimale, le tout signé par… Caetano Veloso, avec son fils Moreno. Évidemment, ça déconcerte le public « saudosista » (nostalgique), mais voici une relecture post- tropicale qui cultive la dissonance. Tout simplement bluffant, une résurrection.
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Par exemple… Gilberto Gil ministre de la Culture sous les deux mandats de Lula, cinq ans au total (un record de stabilité dans cette valse… ministérielle). Toujours en tournée mondiale dans cette période, en mission (beaucoup en Afrique, au siège de l’O.N.U. à New York, guitare à la main !) ou sur les scènes planétaires. Il pratique, à l’occasion, le mélange des genres, ce qui lui vaut la désaffection d’une partie du milieu artistique. Mais dans la cadre étriqué de son ministère, il fait ce qu’il peut avec les (faibles) moyens dont il dispose. Avant, pendant et après cela, en bon gestionnaire (il est, rappelons-le, diplômé en administration d’entreprise), Gil construit sa carrière internationale en tournant chaque année dans le monde entier. En France, on l’associe aux premiers pas de S.O.S. Racisme, témoin sa chanson « Touche Pas À Mon Pote » (en français dans le texte). Ces dernières années, libéré de ses obligations ministérielles, c’est un Gilberto Gil à facettes qu’on voit passer, soit forrò du Nordeste brésilien, soit reggae, soit plus afro. Toujours prêt… à tourner, et étendard planétaire du Brésil.
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Par exemple… Maria Bethânia. Pour les intimes, c’est-à-dire le Brésil entier, elle est Bethânia. une diva forever ! La (petite) sœur de Caetano Veloso est depuis longtemps sur un piédestal. Après avoir été le temps d’un show théâtral la passionaria du protest song (posture qu’elle a tôt fait de fuir) à la fin des 60’s, elle reste celle qui ne se montre que parcimonieusement, mêlant littérature et musique (elle consacre un disque à la poétesse Clarice Lispector), exhumant de vieilles sambas de roda (musique et rythme de sa région, proche de Salvador, le recôncavo) ou des chants du candomblé, le culte afro-brésilien de Bahia. Grande dame au profil à la Barbara, corps flexible et toison ambrée, on la voit à la Mutualité de Paris pour la Journée des Femmes le 8 mars 82, devant un public 100 % féminin. On raconte que quelques hommes se seraient travestis pour s’infiltrer ! Son emphase dramatique et sa prédilection pour le « pot-pourri », en portugais (!) dans le texte (trois ou quatre chansons en une), agacent parfois. Mais c’est la fascination qui l’emporte. Dans les 90’s, Bethânia compte quelques brillantes têtes mondiales pour ses collaborations scéniques ou discographiques : Nina Simone, la Belgo-Congolaise Marie Daulne (Zap Mama), la comédienne Hanna Schygulla, Pavarotti, le chœur sud-africain Ladysmith Black Mambazo et, plus récemment, un bouleversant duo avec une autre grande dame, la diva cubaine de Buena Vista Social Club, Omara Portuondo. Fuyant les chemins balisés de la promo traditionnelle, Bethânia reste au Panthéon, sa voix grave et fluide fait toujours autant frissonner.
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Par exemple… Tom Zé l’underground qui dérange. C’est le cinquième de la bande des quatre. Né en 1936, l’aîné des Tropicalistes de Vila Velha n’a pas suivi le chemin de ses petits camarades, ni triomphe ni exil à la fin des 70’s. D’ailleurs c’est à São Paulo, et non à Rio, qu’il se fixe. Capitale de l’underground, São Paulo est le terreau idéal pour celui qui, vu sa stature de chétif, prétend tout juste à s’élever « au niveau de la masse ». De disque passé inaperçu en album quasi clando, Tom Zé tisse la toile d’un monde à sa hauteur, foutraque et branque. Le Brésil entier passe à côté mais pas David Byrne, ex-Talking Heads, qui pour son nouveau label, Luaka Bop, cherche des munitions pour une compilation de samba, au milieu des 80’s. On lui livre trente albums du genre. Dont Estudando O Samba de Tom Zé, qui ne l’est pas du tout, samba, à part dans le titre ! Du coup, le premier artiste signé sur Luaka Bop est Tom Zé, avec une compile de deux anciens albums. Et, plus tard, deux disques de création. Tom Zé rattrape le temps, il est relancé, l’Europe le découvre. Des shows ahurissants, où il éructe tel un punk première génération, sur fond d’une musique super-pointue qu’aurait aimée Frank Zappa. Apocalyptique, mais avec construction de texte inspirée de la poésie concrète (remember Mallarmé), charpentée d’une structure musicale tarabiscotée mais implacable. Quelque part entre Gaudí et le facteur Cheval, Tom Zé donne le vertige mais fascine tout ce que la planète compte d’oreilles malicieuses. Dans l’album Jogos De Armar (jeux de construction), il fournit même dans un second CD tous les samples d’instruments du premier album, idéal pour les apprentis remixers. À plus de 76 ans, l’aîné des Tropicalistes bricole encore un disque tous les trois ans. Le dernier en date (fin 2012) a pour titre Tropicalia, Lixo, Logico. Tropicalisme, poubelle, logique, tout un programme… politique.
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Par exemple… les autres de João Gilberto, pape de la bossa, octogénaire qui sort encore occasionnellement de sa tanière pour quelques concerts aux antipodes de son état de Bahia natal, à Chico Buarque, qui a troqué le micro pour la plume, et la scène pour les étagères des libraires (trois romans à ce jour, sans pour autant oublier de sortir un disque de loin en très loin), les noms qui font l’image du Brésil à l’étranger ne sont pas légion, et aucune jeune pousse parmi eux : Jorge Ben, le crack de la samba rock, Milton Nascimento, le chant baroque, Paulinho da Viola, gardien de l’éternité samba, puis Djavan, João Bosco, les « nouveaux » arrivants, Lenine, Marisa Monte. Même le cadet, Seu Jorge, le dernier à avoir percé en Europe, est un quadra.
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remykolpakopoul · 4 years
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RKK BRASIL ► Le Grand Remix [4/6]
Sur le marché intérieur, les choses sont bien différentes. Mais pour cela, nous allons reprendre le fil du temps là où l’article « Puissance de la musique » en est resté, en 1982. Un flashback par décennie, pour voir que la fin du régime militaire (en 1985) achève de libérer beaucoup d’énergies.
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LES ANNÉES 80 ► OUVERTURE TOUS AZIMUTS
La décennie brésilienne qui s’est ouverte est boiteuse : plus tout à fait dictature mais encore régime militaire, censure en veilleuse, mais point abolie, droit de grève toléré mais pas libéré. Le président est encore un général, João Figueiredo. Celui qui, dit-il, « préfère l’odeur des chevaux à celle des masses » et qui, interrogé sur ce qu’il ferait s’il gagnait le smic local, a répondu : « Je me tirerais une balle dans la tête. » Ça donne la dimension du bonhomme.
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On sent comme un flottement avec ce retour inéluctable à un régime civil. Le prochain président sera élu, certes, mais par les députés et sénateurs, réunis en congrès. Pas de suffrage universel. Du moins pas encore. Alors se met en route une campagne pour les élections directes (« Diretas Jà ») qui est l’occasion de grands raouts sur les places publiques où se côtoient politiciens et artistes. Ceux-ci sont archi-présents, ainsi Chico Buarque, dont la chanson « Vai Passar » est la bande-son. Mais les généraux ne cèdent pas là-dessus. Les élections directes, ce sera donc pour plus tard.
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Tancredo Neves, opposant (modéré) au régime militaire, est élu président le 15 janvier 1985. Le premier président civil depuis… 1964. Collision incroyable de l’histoire, son élection tombe au beau milieu du premier festival Rock In Rio (du 10 au 20 janvier) à Jacarepaguà, près du circuit de F1. Un million et demi de spectateurs en dix jours, une affiche hallucinante qui défouraille en tous sens : Queen, George Benson, B-52’s, Al Jarreau, Iron Maiden, AC/DC, James Taylor, Nina Hagen, Rod Stewart, Yes, Ozzy Osbourne !!! Plus Gilberto Gil, Rita Lee, Alceu Valença et beaucoup d’autres stars du Brésil. Le lendemain de l’élection, le même jour, grand écart : je tourne pour la télé française une séquence avec l’excentrique Nina Hagen sur le toit du sambodrome (l’avenue du carnaval), puis, deux heures plus tard, j’interviewe pour Libération l’homme considéré comme le plus puissant du Brésil, Roberto Marinho, le boss de T.V. Globo, qui m’explique qu’il est largement responsable du retour à la démocratie (hum !)… mais ne s’intéresse pas à Rock In Rio. On s’en serait douté. Et le soir même, au Circo Voador (le cirque volant), haut lieu de l’alternatif, au centre-ville de Rio, James Taylor chante la liberté (formellement) retrouvée devant un public installé jusque sur la scène… Quelle journée !!! En fait, Tancredo Neves tombe gravement malade le 15 mars 85, veille de son entrée en fonction, et meurt un mois plus tard. Scénario plus improbable qu’une telenovela. C’est José Sarney, le vice-président, un civil conservateur poussé par les militaires, qui prend sa place. La (vraie) démocratie, ce sera pour plus tard.
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Et le rock nacional (made in Brazil), dans tout ça ? Mal vu lui aussi des militaires, il est en veilleuse depuis Raul Seixas le fantasque et les Os Mutantes Tropicalistes. Il explose dans la seconde partie des années 80. De partout, comme une marmite incontrôlable à ébullition. Bien, c’est comme ailleurs, un « marché » à destination locale. Vous en connaissez, des groupes de rock français qui ont conquis le monde ? Au Brésil, le rock est en orbite, de São Paulo à Brasilia, en passant par Rio et Porto Alegre (place forte parce que proche de l’Argentine, réduit rock depuis… les sixties !). Millions de disques vendus (RPM, limite pop), et parfois de public comme Capital Inicial et Legião Urbana, un million de spectateurs dans leur fief de Brasilia : le rock bouscule ladite M.P.B. (toujours Musique Populaire Brésilienne, donc la chanson) par son énergie débridée. Un groupe émerge, à la stature internationale, cousins tropicaux des Talking Heads, Os Paralamas Do Sucesso. Et quelques noms sortent du défouloir ado, d’où, ce n’est pas un hasard, sortiront des figures durables en solo : le fantasque Lobão (de Barão Vermelho), Edgard Scandurra, dingue de Gainsbourg (de Ira!), Arnaldo Antunes et sa voix grave (de Titãs). Plus deux grands allumés : Cazuza, déchirant poète rock lui aussi brièvement passé par Barão Vermelho, et Renato Russo, fondateur de Legião Urbana avant de rouler solo. Tous deux morts trentenaires du sida. Une blessure à vif, et aussi une grande prise de conscience dans la jeunesse brésilienne. Le rock do Brasil fait, depuis, son chemin, avec toujours son lot de groupes indie et sa scène trash metal, dont Sepultura des frères Cavalera, surgi en 84 de Belo Horizonte, sera la tête de proue planétaire du genre (même après la dissidence de ses fondateurs).
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Le centre de gravité du carnaval bouge et remonte vers le Nordeste. Jusqu’aux 80’s, il n’y en a que pour Rio, qui en fait d’ailleurs son commerce à l’année. Seulement voilà, les écoles de samba, fréquentables pendant les six mois de répétition, tombent dans le grand spectacle pour le défilé du carnaval. C’est certes somptueux et créatif, mais on reste spectateur. C’est là que Salvador de Bahia entre en jeu avec son carnaval-participation. On peut plonger dans la foule : soit suivre un trio elétrico, tradition locale depuis les 50’s, camion à décibels avec groupe électrique live qui joue le frénétique frevo dans la lignée de Dodô & Osmar ; soit rentrer dans un bloc afro, qui réinvente une Afrique du coin de la rue, avec des mix de pans d’histoire. Exemple, Olodum, dans la musique « Madagáscar Olodum », passant de la reine Ranavalona à Sankara, président du Burkina Faso, associant Madagascar, apartheid et Pelourinho (le centre historique de Salvador) !!!
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En fait, ces blocos et afoxés percussifs, Filhos de Gandhi, Ilê Aiyê, Olodum, Ara Ketu, Muzenza, etc., célèbrent avant tout la beauté noire. Une prise de pouvoir culturelle dans une ville où 84 % de la population a du sang africain, et où les divinités des cultes afro-brésiliens (candomblé) sont « colocs » avec le Dieu de l’église catholique ! Des blocs à la scène, il n’y a qu’un pas, et voilà que surgit l’Axé Music (axé, salut en yoruba, langue et ethnie du Nigeria et du Bénin). Pour le meilleur, avec Margareth Menezes, Gerônimo, Daniela Mercury et plus tard Carlinhos Brown, Salvador de Bahia devient « ze place to be », dans les 80’s. Riches heures du carnaval. Mais ça ne durera qu’un temps. Car, pour le pire, le carnaval devient peu à peu une machine à débiter une sous-variété afro-pop qui remonte… sur les trios elétricos, à coup de décibels. Et plus dure sera la chute : à l’orée du nouveau siècle, le business va prendre le dessus, déserter les avenues populaires du centre-ville au profit des « camarotes », les espaces réservés-pompes à fric dans les beaux quartiers des plages. Pauvre Bahia, malgré toute cette richesse séculaire ! Seul Carlinhos Brown, qui réhabilite son quartier de naissance, le Candeal, fait dans le social pédagogique, même si sa musique se perd parfois…
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Le jazz brésilien lui aussi sort de ses gonds dans cette décennie. On le sait, le Brésil de la bossa nova a fasciné l’autre Amérique, celle du nord donc du jazz. Au point que derrière Sergio Mendes et João Gilberto, qui s’y sont fixés, de nombreux Brésiliens y ont fait des séjours prolongés, tel Tom Jobim. Mais ça date déjà des sixties. Alors du sang neuf arpente l’Europe, ainsi le rigoureux pianiste et guitariste Egberto Gismonti, prolifique maître de l’écurie du label allemand ECM, ainsi Paulo Moura, clarinettiste à l’aise dans le jazz, la gafieira (le bal brésilien), le choro (le swing urbain du début du XXe siècle au Brésil) ou un concert symphonique. Ainsi le lutin multi-instrumentiste Hermeto Pascoal, qui a séjourné deux ans aux côtés de Miles Davis. Très tôt, en 1979, Hermeto est à l’affiche du premier rendez-vous international qui programme une nuit brésilienne, le Montreux Jazz Festival. Son créateur et programmateur, Claude Nobs (malheureusement décédé début 2013), instaure dès 1978 ce rendez-vous brésilien, en sortant du jazz étriqué, comme il le fait avec les autres musiques. Au programme de cette première « noite brasileira », Gilberto Gil et un jeune groupe de Salvador, A Cor Do Som. Ladite tradition perdurera jusqu’à aujourd’hui.
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Ça crée un appel d’air : en 84, énorme festival brésilien à nice, 30 000 personnes, la même année, Caetano Veloso et Djavan remplissent l’Olympia ; l’année suivante, les deux piliers de la bossa nova João Gilberto et Tom Jobim sont à la même affiche de Montreux (mais pas ensemble sur scène, ils sont fâchés !). En 1986, c’est l’année France-Brésil, lancée par Jack Lang, énorme plateau entre le Zénith et La Villette : Maria Bethânia, Baden Powell, Gilberto Gil, Gal Costa, Paulinho da Viola, Paulo Moura, plus un bal Nordeste avec le mythique Luiz Gonzaga, Alceu Valença, Moraes Moreira… Enfin, en fin des 80’s, une mémorable tournée européenne des festivals estivaux que j’ai eu l’honneur de monter avec Caramba, avec João Gilberto, qui pour l’unique fois de sa vie va assurer jusqu’au bout les dix concerts programmés (en vingt jours), plus à la même affiche Caetano Veloso, João Bosco, Carlinhos Brown et Moreno Veloso. Inouï, inoubliable.
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Et la télé dans tout ça ? La télévision brésilienne est depuis les 60’s un instrument de culture aussi puissant que l’école, à la fois immédiat, libérateur et réducteur, voire véhicule d’intox. Elle débarque en temps réel dans les foyers brésiliens, et c’est aussi le canal historique de la musique des 60’s, avec ses festivals de chansons, interrompus par la censure militaire pendant quasiment toute la décennie suivante (voir « Puissance de la musique »). Nouveauté dans le paysage à l’orée des 80’s, c’est T.V. Globo et son Niagara de telenovelas, production maison, qui dominent le paysage télévisuel. Globo réhabilite le festival de chansons en 80, mais ça s’arrête là, sans doute pas assez de parts de marché pour la musique, l’époque a changé, c’est le marketing qui domine. Justement, voilà une idée astucieuse, inclure les nouveautés dans la B.O. des telenovelas et en sortir à chaque fois un disque… sur le label maison, Som Livre. Les majors se battent pour y placer leurs artistes, quitte à abandonner leurs droits pour la compilation, parce que, immanquablement, ça fera vendre des albums du chanteur (ou groupe). Business qui s’installe durablement, dès la fin des 80’s, on aura la compilation Brésil et la compilation artistes internationaux pour chaque novela. Télé et industrie du disque font bon ménage…
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La décennie s’achève par la première élection présidentielle au suffrage universel. L’élu s’appelle Fernando Collor de Mello, il bat un syndicaliste issu des luttes ouvrières, Luiz Inacio Lula da Silva. Oui, Lula. Sa première tentative ! Collor, c’est un libéral assumé, dents blanches et look de gendre parfait, qui promet aux Brésiliens un futur radieux. S’ils savaient…
LES ANNÉES 90 ► PULSATIONS DES MÉGAPOLES
« La fin de la vieille politique, féodale ou populiste », titre la presse, qui annonce avec Fernando Collor l’ère d’un Kennedy de l’hémisphère sud. Fadaises ! En à peine deux ans, le président et son clan vont organiser méthodiquement le pillage du pays, avec détournements colossaux, corruption éhontée et trafics en tous genres. Ce nabab d’un nouveau genre démissionne fin 92, évitant de justesse la destitution. Bis repetita, c’est le vice-président, Itamar Franco, qui prend les rênes du pays. La (vraie) démocratie, c’est pour (encore) plus tard. Il y a quand même du mieux, de ce point de vue, avec les deux mandats successifs de Fernando Henrique Cardoso, social-démocrate, ancien exilé politique, qui pourtant, peu à peu, gouvernera avec des conservateurs. Ceci dit, le Brésil avance à petits pas (politiques) et à grands pas (économiques).
En attendant, coup de projecteur sur deux mégalopoles, 36 millions d’habitants à elles deux, Rio, la « Cidade maravilha » (point besoin de traduire !) et São Paulo, la bosseuse insomniaque. Plus un focus sur Recife, autre spot du Nordeste qui, après Salvador, pointe son nez.
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En attendant, à Rio c’est la montée en puissance du baile funk. Toute une histoire, ce baile qui n’a de funk que le nom. Ça commence dans les 70’s, quand une poignée de DJ filent aux USA tous les mois s’approvisionner en maxis de black music, en bonne partie funk. New York, bien sûr, mais aussi Miami : c’est moins loin, mais le beat y est progressivement plus musclé, c’est le Miami Bass, electro sauce piquante. C’est tout un commerce qui fleurit, des revendeurs font l’aller-retour dans le week-end pour approvisionner les DJ qui samplent, trafiquent le son dans leur home studio. Ce funk devient l’autre tempo des favelas, et c’est souvent la fraction jeune des écoles de samba qui, troquant les tambours pour un beat synthétique, s’empare du marché.
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Hermano Vianna, sociologue de terrain et journaliste musical, a fait les comptes : dès les années 80, il y avait 700 bals funk chaque week-end réunissant environ un million de personnes, dont une centaine comptait de 6 à 10 000 participants, la grande majorité des noirs. et de se demander, dans son livre O Mundo Do Funk Carioca, « comment un tel phénomène peut se produire dans ma ville sans que ni moi ni mes amis ne s’en rendent compte ? Pourquoi tant de monde, pourquoi cette magie ? » et de répondre, un peu plus loin : « Ce funk a la capacité de devenir un facteur de paix sociale et de développement culturel de Rio. Ce n’est pas tous les jours qu’une ville invente une musique si puissante, capable de faire danser tout le monde (et bientôt le monde entier) dans leurs favelas natales. » Le funk carioca, comme on l’appelle aussi, se diffuse dans tout le Brésil urbain. Les années passant, les jeunes de la zone sud (les beaux quartiers de Rio) s’y aventurent. Évidemment, les caïds du deal d’herbe ou de coke flairent vite la pompe à fric, d’où certaines soirées où ça défouraille entre gangs pour prendre le contrôle du business. Mais les rares tentatives d’interdiction des autorités font un gros flop. Et ça reste un concours de frime, gros son, gros calibres, gros seins. Eh oui ! De plus en plus, dans les home studios des favelas, on pose des lyrics, en portugais bien sûr. Textes « explicites » hurlés, comme dans le rap US, soit très sex (putaria), soit apologie des gangs (proibidões, les gros interdits). Le baile funk prospère d’une décennie à l’autre. Le son finira par s’exporter dans les années 2000, via des DJ US comme Diplo. Et on retrouve partout dans le monde ce genre musical, qui reste basique, mixé avec d’autres danses énervées, comme le kuduro angolais et le kwaito sud-africain.
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Rio, ce n’est pas que la samba et le bal funk. D’abord, la décennie commence par Rock In Rio 2, dans l’immense stade Maracana, avec en star suprême Prince. Un artiste qui va bien au teint de la « Cidade maravilha ». Mais surtout la ville amorce une mutation de sa vie nocturne. Depuis la bossa nova des 60’s, Copacabana et Ipanema sont les beaux quartiers de la zone sud où ça se passe, du soir au bout de la nuit. Bars, clubs et salles y pullulent. Pour les grands dancefloors, il faut aller plus au sud, São Conrado ou Barra de Tijuca. Et le centre historique, de la Candelaria à Lapa, est sale et délabré. Mais la nuit bohème va renaître, autour de lieux plus ou moins alternatifs comme le Circo Voador ou la Fundição Progresso. Un cirque volant et une fonderie, bigre ! Dans les rues avoisinantes, sous le viaduc du tram qui mène à Santa Teresa, la samba retrouve une place désertée depuis des décennies. Mais toutes sortes de bars et clubs s’ouvrent, souvent des rez-de-chaussée d’immeubles délabrés, usés par le temps. Dancefloors de reggae, bars soul & funk, jazz clubs, dancings electro, bals forró et bien sûr maisons de pagode (la jam de samba), tout ça cohabite en bon voisinage et surtout recrée un pôle étonnant que personne n’a planifié, surtout pas les élus municipaux. Rio a retrouvé sa nuit bohème du début du XXe siècle.
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São Paulo n’est pas aguicheuse comme Rio de Janeiro, n’est pas sexy ou tropicale comme Salvador ni néo-roots comme Recife. En plus, il n’y a pas la mer, on bosse à SP, d’ailleurs on y traite 60 % des affaires de tout le pays. Vingt et un millions d’habitants, sixième ville du monde, pollution terrible et embouteillages phénoménaux, c’est le New York de l’autre hémisphère. Avec sa nuit underground, à nulle autre pareille, au Brésil, insaisissable par définition. D’abord, chaque communauté y a ses spots, surtout des états du Nordeste avec les bars de forrò ou les lambaterias (!), également les Japonais (arrivés vers 1910-15, ils sont un million dans l’état de SP). Et les tribus culturelles y font leur niche. Déjà, dans les 80’s, la musique d’avant-garde des Arrigô Barnabé ou Itamar Assunção a marqué de son empreinte la mégalopole. Autour de Tom Zé, le Baiane devenu Paulista depuis les 70’s, émerge une scène indie, constamment renouvelée. Par ailleurs, les précurseurs de la DJ culture brésilienne y trouvent leur espace, les DJ Marky et Patife y « cuisinent » une drum’n’bass épicée avant de partir l’exporter en Europe. À la fin des 90’s, d’immenses clubs accueillent les pointures de la scène DJ européenne et nord-américaine. On y reviendra. Et puis il y a la rue, que les Paulistas adorent arpenter comme la rua Augusta. Enfin, un vrai circuit de centres culturels de quartier (SESC), tremplin pour des centaines de groupes ou artistes. São Paulo ne dort jamais.
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Sécheresse dans le Sertão (le Nordeste désertique), boulot ne permettant pas de manger à sa faim, désertification des zones forestières, tout concourt à l’exil rural vers les métropoles, voire les mégalopoles. Explosion urbaine à São Paulo et dans les capitales du Nordeste, Salvador, Fortaleza et Recife. C’est cette dernière, capitale de l’état du Pernambuco, qui à son tour commence à s’affirmer comme nouveau pôle musical. Et que c’est riche en rythmes et genres musicaux : le forrò des places de village, le frénétique frevo cuivré du carnaval, le maracatu des anciens esclaves, le xote (prononcez choté), dérivé d’une danse du XVIIIe siècle en Europe, le scottiche ! Grâce à une vraie politique culturelle de la ville (Recife plus son appendice colonial d’Olinda aux rues charmantes) et de l’état, les artistes sont aidés et, derrière la figure étendard de Luiz Gonzaga puis les grands du cru, Alceu Valença et Geraldo Azevedo, toute une génération va poindre à la fin des 90’s et éclater au début du nouveau siècle : Lenine, puissant troubadour électrique, Chico Science & Nação Zumbi, trublion post-rock mort très jeune, Otto, jongleur des mots, Silverio Pessoa, autre bateleur, DJ Dolores avec ses groupes successifs, Siba avec Mestre Ambrosio puis solo, plus tard encore le Spoke Frevo Orchestra, mega-big-band cuivré de carnaval. Tous arpentent régulièrement l’Europe. Leur force commune : un enracinement dans la culture rurale et un désir forcené de l’urbaniser pour mieux la faire revivre et rebondir. Le carnaval de Recife et Olinda est plus que jamais une super-synthèse de tout cela, il n’est pas (encore ?) pollué par le sponsoring, comme celui de Salvador. il reste « ze » spot du XXIe siècle.
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LES ANNÉES 2000 ► LULA ET LES BIDOUILLEURS
Fin 2002, Lula est élu président du Brésil. Celui que j’ai vu surgir dans la grève des métallos de São Paulo (lire « Puissance de la musique ») est du genre tenace, c’est en effet sa… quatrième tentative. C’est peu dire que cette première décennie du nouveau millénaire mérite le titre d’années Lula. Deux mandats (il est réélu en 2006), huit ans d’exercice, pas mal pour celui qui a quitté l’école à quatorze ans afin de devenir métallurgiste de l’ABC (la banlieue de São Paulo). Le milieu musical, qui, à ses premières tentatives, était plutôt divisé, l’appuie massivement, participant à de méga-meetings électoraux.
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Cette fois, pas d’hymne, mais un chanteur comme ministre de la culture, Gilberto Gil. Lula va sortir plus de vingt millions de Brésiliens de la pauvreté pour grossir les rangs de la classe moyenne, il devient un grand de ce monde et séduit jusqu’à Obama, envieux, du coup : « J’aime ce mec, il est l’homme politique le plus populaire de la terre. » Incroyablement populaire au Brésil aussi, même s’il manque la réforme agraire et celle de l’éducation, même s’il choisit le barrage de Belo Monte au détriment des terres indigènes. Quant à Gilberto Gil, on se rappellera les échanges avec l’Afrique lusophone, ses efforts sur l’enseignement de la musique : beaucoup et peu à la fois, mais avec un budget riquiqui…
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Le hip hop a envahi la planète et le Brésil n’échappe pas à la déferlante. Depuis les années 80, à São Paulo, puis à Rio, puis dans le Brésil entier, le street art fait partie du paysage, côté danse, graffs et tags, le pays est à la pointe. Le rap suit, Racionais MC à São Paulo, Planet Hemp d’où sort Marcelo D2, ou encore Black Alien & Speed (remixés par Fatboy Slim) à Rio. Et encore Instituto avec Bnegão, Rappin’ Hood. Avec contenu social, pro-fumette et anti-flics, comme partout ailleurs. Évidemment, des ponts existent aussi avec le baile funk, version lyrics plus crus, souvent sexe… et sexistes. Mais, tendance bien brésilienne, il existe une nette propension à mixer le rap avec les musiques du pays : samba bien sûr, dans le Nordeste, avec le repente, la chanson à répondre des places de village. Dernier exemple en date, Criolo, aussi bien rappeur que sambiste : il partage la scène avec Caetano Veloso et voilà que Chico Buarque lui-même esquisse un rap sur scène (si, si !) en hommage à Criolo, qui le salue ainsi : « Bienvenue au club, grand Chico. »
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La culture DJ fait l’objet d’un étonnant ping-pong. Car si elle prospère au Brésil depuis le milieu des 90’s, elle inspire nombre de compilateurs et surtout créateurs ailleurs, essentiellement en Europe (et au Japon). C’est que samba et bossa sont une bonne base pour les aventures electro, ce que valorise Gilles Peterson à Londres d’abord dans la nébuleuse acid jazz, avec ses compilations ou son programme radio Worldwide, sur BBC 1 et Nova en France. Et ce que reprennent à leur compte groupes et DJ, producteurs et remixeurs tels Jazzanova et Rainer Trüby en Allemagne, Smoke City, 4Hero ou Ballistic Brothers en Angleterre, Zuco 103 en Hollande, Nicola Conte en Italie. Du coup, les diggers courent après les vinyles exhumés de la samba rock ou samba soul des sixties. Et au Brésil, orchestres et DJ brassent leur histoire, comme les Cariocas Bossacucanova et le DJ du groupe en solo, Marcelinho da Lua, DJ Tudo le Paulista et DJ Dolores à Recife. Le cycle n’est finalement qu’une répétition adaptée au XXIe siècle du mouvement littéraire anthropophagique des 30’s ou du tropicalisme des 60’s : on malaxe le rituel et l’actuel sans tomber dans le rétro-futurisme, c’est juste moderne. Et c’est ce que vient chercher une belle brochette de Brazil lovers, de Beck à Gogol Bordello en passant par Devendra Banhart.
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Comme ailleurs, le marché du disque résiste bien jusqu’à la fin de la première décennie, avant de s’affaisser. Les majors pédalent dans le vide, les gros indépendants du début des années 2000 (Trama) jettent l’éponge, seul Biscoito Fino, qui a récupéré quelques grands noms (Chico Buarque, Maria Bethânia) tient le cap. Pour le reste, beaucoup de prods indépendantes, dans ce domaine, São Paulo est en tête, avec la bande (informelle) des Barbatuques, Céu, Curumin, Lucas Santtana, Iara Renno, mais n’oublions pas dans ce domaine le trio des bricolos de Rio, Moreno Veloso, Kassin et Domenico Lancellotti. Après avoir sorti chacun son album, tous trois se consacrent à ceux des autres.
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Toute tentative de dresser un inventaire du paysage musical brésilien est vouée à l’échec. On a éludé la scène rock de Porto Alegre, la vague de choro qui prospère à Brasilia… Chaque coin du Brésil génère un grenier à musique. Alors, concluons sur un courant qui n’est pas des plus glorieux, le dernier avatar de cette sinueuse décennie, le tecno-brega. Le brega, c’est le cheap racoleur assumé, cette fois sur un beat up-tempo, pas loin de l’eurodance. Ça vient de Belem, dans le nord, à l’embouchure de l’amazone. Au-delà du forrò, qui règne dans toutes les campagnes du Brésil, le brega était jusque-là une sorte de country sirupeuse. Autres spécificités de Belem : la lambada, descendue des îles de la Caraïbe via la Guyane, pour chalouper collé serré, et les sound systems mobiles rutilants avec méga-basses ressemblant furieusement à ceux de la Jamaïque et réunissant des milliers de danseurs.
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Dernier ingrédient pour faire monter la sauce : les artistes locaux enregistrent dans les home studios des tubes qu’ils relookent à leur manière, pressent artisanalement les skeuds et les revendent à 2 euros sur le marché. Ça part par dizaines de milliers. Les droits d’auteurs, ils ne connaissent même pas. Voici Gaby Amarantos, propulsée star du genre. Clip tourné à la maison, les potes font de la figuration, plan-séquence où la fille potelée et surfardée passe d’une pièce à l’autre ! Oui, ringard, sauf qu’elle a été invitée à défiler au carnaval de Rio 2013, que Kassin, en général sélectif dans ses choix, parle de la produire. Bonde do Rolê, les grands manitous du baile funk, remixent du tecno-brega. Ça sent le business bas de gamme. et tant qu’on est dans le business, évoquons l’affligeant tube d’été planétaire 2008 de Michel Telo, « Ai Se Eu Te Pego » (Oh, si je t’attrape). Juste pour se rappeler que le Brésil musical est aussi capable du pire.
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Ceci dit, restons les oreilles aux aguets, le Brésil sera d’actualité en 2014 (Coupe du monde) et 2016 (J.O. à Rio de Janeiro). au milieu de tous les clichés et raccourcis dont on ne manquera pas de nous arroser, préparons-nous à recevoir des effluves de sons neufs. et, pour finir sur une note moins ras du sol, terminons par une chanson audacieuse du nouveau disque de Caetano Veloso, elle s’appelle « Um Comunista » et raconte l’épopée puis la mort, sous la torture des soldats, de Carlos Marighella, leader d’une guérilla d’extrême gauche, en 1969.
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Il termine ainsi la chanson : « Le métis baiane n’obéissait plus aux ordres intéressés qui venaient de Moscou, c’était une lutte romantique lumière et ténèbres, faite de merveilles, d’ennui et d’horreur. Les communistes vivaient leurs rêves. » Caetano qui, dans les 60’s fut hué par les militants de gauche pour son anticonformisme, a choisi le personnage le plus jusqu’au-boutiste pour faire l’éloge du communisme. ou plutôt d’un communiste. Très fort ! Décidément, s’il n’en reste qu’un, ce sera… Caetano Veloso.
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