Tumgik
oeild-translation · 3 years
Text
Violet Evergarden Volume I - Chapitre 3
Depuis l'enfance, Aiden Field avait déclaré à ses parents qu'il deviendrait un joueur de baseball. Il était mince, les membres souples et musclés. Bien qu'il ne soit pas séduisant, le visage du garçon blond cendré pouvait être considéré comme convenable en le regardant de plus près. Il était ce genre de personne.
Il était assez talentueux dans ce sport pour en nourrir des ambitions, et, après avoir obtenu son diplôme, il avait déjà décidé de rejoindre une prestigieuse équipe de baseball. Ses parents étaient fiers de leur fils. Même s'il était issu d'une petite ville, peut-être pourrait-il en effet devenir un joueur professionnel. Pour lui, un tel avenir était déjà certain.
Cependant, ce chemin n’était désormais plus accessible.
Quand Aiden grandit, au lieu de devenir une star du baseball, il se retrouva sur un champ de bataille, dans une épaisse forêt d’un continent loin de sa terre natale bien aimée. La nation ennemie contre laquelle se battait son pays gardait une installation de forage pétrolier secrète. La mission du 34ème bataillon national, auquel Aiden appartenait, était d’attaquer cette dite installation et d’en prendre le contrôle complet.
L’escouade était constituée d’une centaine d’hommes au total. Leur stratégie était de se séparer en quatre groupes et de frapper de tous les côtés. Ce n’était pas censé être une tâche difficile, pourtant les hommes de ces groupes étaient actuellement dispersés et fuyaient.
"Courez ! Courez ! Courez !"cria quelqu'un de l’un des corps survivants.
Quelqu'un de leur camp avait-il révélé leur plan à l'ennemi, ou l’autre nation avait-elle simplement une longueur d'avance ? C’était censé être une attaque surprise, mais, à la place, ils avaient été attaqués en premier. Le raid simultané des quatre côtés fut facilement détruit, ainsi que la formation des groupes, par une pluie soudaine de balles dans l'obscurité.
Leur escouade était à la base un regroupement de dernière chance. Ils étaient différents des mercenaires instruits. Un jeune qui ne savait que faire fonctionner correctement des équipements agricoles, un garçon qui voulait devenir romancier, un homme qui avait parlé de sa femme qui en était à sa deuxième grossesse - la vérité était qu'aucun d'entre eux ne souhaitait combattre à cet endroit. Il n'y avait aucune chance qu'ils veuillent une telle chose. Néanmoins, ils étaient là.
Après avoir confirmé du coin de ses yeux que les gens des corps dispersés s'étaient échappés vers la direction opposée, Aiden se précipita lui-même dans la forêt, à bout de souffle. La terreur d'être fini, où qu'il aille, envahit son corps. Il avait entendu des cris d'agonie au moment où ses pieds avaient touché le sol. Effaçant les bruits des oiseaux et des insectes, seuls des cris et des coups de feu résonnaient. A partir de là, Aiden put accepter que tous ses camarades étaient en train d'être anéantis.
Le sentiment d'être le chasseur s'inversa en celui d'être une proie qui pouvait être tuée en quelques secondes. C'était une énorme différence - cette ancienne peur était culpabilisante, celle-ci était celle de perdre sa vie. Aucune des deux n'était bonne, mais en tant qu'êtres humains, personne ne souhaitait mourir. Ils préféraient exterminer les autres plutôt que d'être exterminés. Cependant, à ce moment, Aiden était parmi ceux qui étaient sur le point de se faire tuer.
"Attends !"appela une voix de derrière, son propriétaire trottant vers lui avec un pistolet dans les mains. Une petite silhouette pouvait être aperçue dans l'obscurité. C'était le plus jeune membre de l'escouade, un enfant encore dans ses tendres années.
"Ale...!"Aiden attrapa la main du garçon dont les jambes avaient cessé de bouger, et recommença à courir.
"Je suis tellement content ! S'il te plaît, ne m'abandonne pas ! Ne m'abandonne pas ! Ne me laisse pas tout seul !" implora Ale en pleurant.
Il avait dix ans et était né dans la même province qu'Aiden, dont celui-ci était familier. Comme il était le plus faible de l'unité, il n'était pas compté comme combattant et travaillait au réapprovisionnement. Par un décret national, tous les hommes âgés de plus de 16 ans étaient sans condition enregistrés dans l'armée, et ceux qui n'avaient pas l'âge approprié devaient être récompensés s'ils se portaient volontaires. Le garçon avait déjà parlé avec un ton légèrement virulent de comment il s'était enregistré pour payer les dépenses médicales de sa mère, dont la santé était trop fragile.
Aiden préférait voir l'enfant survivre plutôt que lui-même. Même s'il était censé s'inquiéter tout d'abord du garçon , ses pieds avaient bougé d'eux-mêmes.
— Ah, et dire que j'oubliais ce petit enfant et que je m'enfuyais seul...
Ses yeux pouvaient se voir au-delà de la noirceur.
"Comme si j'allais t'abandonner ! Je suis content que tu sois en vie ! Allons nous cacher quelque part !"
Les deux accélérèrent vers l'intérieur de la forêt. Pendant qu'ils couraient, ils pouvaient entendre de nombreux cris de différentes directions. S'ils couraient vers le mauvais endroit, la mort les attendrait avec sa faux bien apprêtée.
— Je ... ne veux pas mourir non plus. Il y a beaucoup de gens que je veux voir à nouveau, et beaucoup de choses que je veux faire.
"Tout va bien, Ale. Tout va bien, donc juste cours, cours." Il voulait calmer le garçon, mais ne put rien dire de plus.
S'il était un de ses officiers supérieurs, serait-il capable de garder son sang-froid dans une telle situation ? La réalité, cependant, était qu'il n'était qu'un jeune homme. Comme il était vers la fin de l'adolescence, il n'était pas considéré comme assez adulte.
— Ah, que quelqu'un nous sauve. Je ne veux pas mourir dans un endroit comme celui-ci. Je ne veux pas mourir. Quoiqu'il arrive, je ne veux pas mourir.
Des coups de feu retentirent à nouveau, plus près qu'avant. Il distinguait des feuilles qui tombaient des arbres dans une certaine direction et pouvait dire que l'ennemi approchait de derrière. Il voulait arrêter sa propre respiration pour équilibrer les battements de son cœur.
"Cours ! Cours ! Cours !"
Tout en reprochant mentalement à Ale de ne pas être capable d'aller à la même allure que lui, il se réprimandait lui-même.
— Je vais finir par mourir aussi. Je vais finir par mourir aussi.
Pourtant, il ne pensait pas lâcher cette petite main. Il ne pourrait jamais le faire. Aiden la serra encore plus fort.
"Ale, plus vite !"
Alors qu'ils continuaient d’avancer, une explosion se produisit. Sa vision devint complètement blanche pour une seconde. Son corps vola, puis frappa immédiatement le sol. Il roula sur environ trois mètres et s'arrêta après avoir heurté un arbre effondré. Le goût du sang se répandit dans sa bouche.
"Ta..."
En quelques secondes, sa conscience devint floue. Pourtant, ses yeux étaient ouverts, et ses membres pouvaient encore bouger. C'était un tour de force incroyable qu'il soit encore en vie.
Ce n'était probablement pas une balle d'artillerie. Il fouetta son corps, couvert de terre par l'impact, et confirma sa situation. Le chemin sur lequel ils couraient quelques instants auparavant était devenu un trou gigantesque. La végétation avait été brûlée et tout était noirci. Aiden n'avait aucune idée de ce avec quoi les ennemis les avaient abattus, mais il savait que leur position avait été découverte et que les ennemis n'auraient aucune pitié pour les éliminer.
"A... Ale..."Malgré cela, Aiden jeta un coup d'œil à son côté en remarquant la main qu'il n'avait pas lâchée. Il se raidit en réalisant que le garçon qui était censé être là n'était pas en vue.
— Il n'est nulle part... Ale... n'est nulle part...
La main, encore chaude, demeurait dans sa paume. Mais le reste avait disparu. Pas de tête, pas de jambes. Il ne pouvait voir d’autre que la moitié d’un bras, dont les os ressortaient de la chair déchirée.
— Impossible.
Son cœur était si bruyant qu'il avait l'impression que ses tympans pourraient éclater. Il se retourna. Dans un endroit isolé, il aperçut une petite tête entre les troncs tombés. Elle ne bougeait pas.
"Ale !" cria-t-il, pris de spasmes, au bord des larmes, avant de voir la tête tressaillir légèrement, sa bouche dessinant un sourire.
— Dieu merci, il est vivant .
"Attends-moi..."
En entendant la voix du garçon, il se sentit encore plus soulagé.
— Il est vivant. Il est vivant.
La petite tête bougea davantage, se tournant pour le regarder. Il était couvert de sang, mais encore en vie. Son bras avait été arraché, mais il était toujours en vie. Aiden était sur le point d'aller vers lui et de s'échapper avec lui, même s'il devait le porter dans ses bras, mais au moment où il fit un geste, d'autres coups de feu s'ensuivirent. Ce n'étaient pas des bruits sourds de snipers comme les fois précédentes, et cela ressemblait au son de fusils. Aiden se baissa désespérément pour éviter les tirs tandis qu'un glapissement sec pouvait être entendu dans l'obscurité.
— "Quelqu'un est"... oui, c’est ça.
Les seules personnes présentes dans les environs étaient Ale et lui-même.
Il ne se leva pas avant que les bruits de coups de feu aient disparu. Son cœur battait à un rythme désagréable.
— Mes battements de cœur... sont trop forts. Aah, sois calme, sois calme...
"Pourquoi tirez-vous autant ? Vous y prenez du plaisir ?", voilà ce que la pluie dense de balles lui donnait envie de demander.
Lorsque les balles cessèrent de pleuvoir, il releva sa tête et réalisa que la petite tête avait cessé de bouger.
"Ale...?"
Les yeux qui l’avaient regardé comme s’il était le seul sur lequel ils pouvaient compter le lorgnaient maintenant comme s'ils étaient sur le point de sortir. La bouche était restée ouverte quand il avait prononcé ses derniers mots. Ale avait péri en regardant Aiden avec des yeux grands ouverts.
"Ah... ah... aah...! Aah !"
D’étranges cris s’échappèrent de la gorge d’Aiden. Il s’enfuit de l’endroit aussi vite qu'il put. Sentant toujours le regard de ces pupilles dans son dos, il courait comme un fou.
Son cœur martelait dans sa poitrine. Son esprit était en ébullition, comme s'il criait avec l'intensité d'une centaine de gens. Peut-être était-ce dû aux coups de feu. Ou était-ce dû au "Attends-moi"de Ale ?
Chaque parcelle de son corps était trop chaude. Il avait l'impression d'être cuit dans sa propre température corporelle.
— Ale est mort. Ale est mort.
Il savait qu'il y avait plusieurs personnes sur le champ de bataille qui avaient fini de la même manière. Beaucoup pouvaient déjà être mort d'avoir marché sur une mine ou avoir été abattus.
— Ale est mort. Ale est mort. Le petit Ale est mort.
"Ah... aah... aah... ah... ah..."
Des cris continuaient à sortir de sa gorge, reflétant ses sentiments, qu'il ne comprenait même pas si bien que ça. Même s'il voulait crier de toutes ses forces, sa voix était trop faible, insignifiante dans la mer des innombrables autres.
"Ah... Aah... Ah... Ah... Ah... AAAAAAAAAAAH !"
Les larmes jaillissaient de ses yeux. Il semblait que sa respiration pouvait s'arrêter à cause de toutes les catarrhes dans son nez. Malgré cela, seules ses jambes bougeaient, et il ne s'arrêta pas de courir.
— Non, je ne veux pas mourir...
Tels étaient les sentiments les plus évidents -l'instinct de survie, et la peur de la mort.
— Je ne veux pas ça, je ne veux pas ça, je ne veux pas ça... ça me va même si je ne peux plus jamais jouer au baseball à nouveau. Ça me va, alors... Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir, je ne veux pas mourir. Je ne suis pas venu dans cet endroit... de mon plein gré.
"Maman... Papa !"
— Encore une fois... Je veux voir Maman et Papa encore une fois. Je ne veux pas mourir. Il y a tant de personnes que je veux revoir.
Les visages des gens de sa ville natale apparaissaient continuellement dans son esprit, les uns après les autres. Finalement, ce dont il se souvint fut le sourire d'une certaine fille. C'était le visage de sa bien-aimée, qu'il avait laissée sans pouvoir lui dire au revoir ou même connaître le goût de ses lèvres.
"Maria..."
— Si j'avais su que les choses se passeraient comme ça, je l'aurais embrassée et enlacée, même de force.
"Ah, Maria..."
Même dans un tel moment, il pensait à elle avec tant d'affection.
"Maria !"
S'il continuait à cette allure, il sentait qu'il pouvait mourir à tout moment, même sans recevoir de dommages corporels.
"Maria ! Maria ! Maria !"
Et si cela devait arriver, il serait déplorable qu'elle continue à penser à lui même après sa mort.
— Non, je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas mourir !
Cela serait trop pitoyable, pensait-il.
— Non, je ne veux pas mourir ! Non, je ne veux pas mourir ! Non, je ne veux pas mourir ! Non, je ne veux pas mourir ! Non, je ne veux pas mourir ! Non, je ne veux pas mourir ! Non, je ne veux pas mourir ! Non, je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir sur la terre froide d'un pays dont je ne sais même pas prononcer correctement le nom. Je ne connais encore rien des vraies joies et bonheurs de la vie. Seulement dix-huit ans. J'ai vécu seulement dix-huit ans. J'ai le droit de vivre plus. Suis-je né pour mourir comme un chien dans un endroit comme celui-là ? Ce n'est pas ça. Je suis né pour être heureux. N'est-ce pas vrai ? Suis-je né pour souffrir ? Ne suis-je pas né de l'amour de mes parents ? Oui, j'ai le droit d'être heureux. C'est comme ça que c'est censé être. En plus, ce n'est pas comme si je voulais tuer qui que ce soit de ce pays. Le gouvernement a décidé tout seul que nous étions obligés de venir ici. Je ne veux blesser personne. Je ne veux blesser personne. Je ne veux être tué par personne. Je ne veux tuer personne. Qui, dans ce monde, est déjà né pour tuer les autres ? N'est-ce pas un non-sens ? Pourquoi devons-nous nous battre les uns contre les autres juste parce que nous vivons un peu loin les uns des autres ? Que restera-t-il après ce combat et après que nous serons morts ? Qui a décidé que les choses devaient se terminer de cette façon ? Je suis humain. Je suis un être humain. Je suis un humain avec des parents qui m'aiment. J'ai une maison où retourner. Il y a des gens qui m'attendent. Même, pourquoi un plus jeune que moi doit prendre part à la guerre ? Qui a commencé une chose pareille ? En tous cas, ce n'est pas moi. Je n'ai jamais souhaité que quelque chose comme cela arrive. Je ne veux pas cela. Je veux rentrer à la
maison. Je veux retourner dans ma ville natale. Je veux retourner dans ma ville natale. Aah, je veux rentrer. Maintenant, je veux quitter cet endroit et retourner dans cette belle ville de campagne. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. MAINTENANT.
"Ah..."
Une voix différente et abasourdie s'échappa de ses lèvres. Son dos était insupportablement chaud et il dut s'accroupir après avoir reçu un impact. Comme ses genoux ne pouvaient pas supporter immédiatement son propre poids, il tomba face contre terre sur le sol.
— Qu'est-ce... que c'est ? On dirait que de la lave coule de ma colonne vertébrale... C'est... trop chaud.
Incapable de se retenir, Aiden s'effondra, vidant tout ce qui se trouvait dans son estomac. Dire qu'il vomissait alors qu'il n'avait rien mangé. Cependant, c'était en réalité du sang.
— Eh, impossible... J'ai vomi... du sang... Je... pourquoi...?
Aiden tourna la tête pour regarder son dos pour la première fois. Il pouvait voir une tache noire s'étaler même dans l'obscurité. Il n'y avait aucune chance que ce soit de la sueur. Il put alors confirmer qu'on lui avait tiré dessus en entendant le son de bottes s'approchant lentement de lui, et aperçut plusieurs soldats armés venant de derrière.
En voyant qu'il pouvait encore bouger, les hommes rirent. S'ils jouaient, c'était probablement un pari sur qui pourrait le tuer d'un seul coup. Très probablement, Ale et les autres avaient été traités de la même manière.
"C'est le cinquième."
Ils avaient l'air d'avoir le même âge que lui. Ils exultaient du simple fait d'acculer quelqu'un, ivres de l'atmosphère de la guerre. S'ils étaient nés ailleurs et avaient rencontré d'autres personnes, ils n'auraient peut-être pas tourné de cette manière.
Aiden avait tué beaucoup de gens au hasard sur les lignes de front, pourtant il venait juste de comprendre ce qu'était réellement la guerre. Il s'agissait de tuer des gens, purement et simplement. Et ces hommes s'amusaient avec ça. Même en utilisant de plus grandes causes pour se justifier, l'essence de la guerre ne changeait pas. Réaliser une telle chose seulement lorsqu'il était sur le point d'être tué était ridicule.
Les raisons pour lesquelles les nations se battaient n'avaient aucune valeur dans les zones de combat. Telle était la simple et cruelle vérité. Aiden était un meurtrier, les ennemis étaient des meurtriers, et l'un d'entre eux n'aurait pas d'autres choix que de mourir. Il s'avérait que celui qui allait être éliminé était lui-même.
— Pourquoi les choses en sont arrivées là ?
Les hommes discutaient alors qu'Aiden était encore couché sur le sol.
"C'est trente points si tu touches le dos.
— Je t'avais dit de viser la tête ! Imbécile. On va perdre le pari.
— C'est déjà assez. Cherchons une autre cible. Celui-là ne peut plus bouger de toute façon.
— Vise mieux la prochaine fois."
Une fois la discussion terminée, il serait sûrement exécuté. Cela pourrait se faire de la manière la plus atroce, avec ses vêtements arrachés et son corps traîné sur le sol.
— Non....
Des larmes coulèrent de ses yeux à nouveau.
— Non, non, non.
Une fois que les hommes qui riaient ne le regardèrent plus, il rampa sur le sol, tentant en quelque sorte de fuir.
— Je ne veux pas mourir comme Ale. Non, non, non, non, non. Tout mais pas ce genre de mort. Quelqu'un... à l'aide. Aidez-moi. Quelqu'un... aidez-moi. Quelqu'un... Mon Dieu... Mon Dieu... Mon Dieu... Mon Dieu...!
"Hé, ne t'enfuis pas comme ça." En même temps qu'une voix froide, un coup de feu résonna de nouveau.
Sa jambe était touchée. Probablement à cause du tir dans sa colonne vertébrale plus tôt, il ne sentit aucune douleur, juste de la chaleur. Paniqué par le fait que son sens de la douleur était engourdi et que son pied ne bougeait plus, Aiden hurla.
Les tirs continuèrent répétitivement. C'était comme un jeu. Ses membres restants furent touchés un à un, comme pour les égaliser. Son corps se crispait à chaque tir et les hommes qui le regardaient ricanaient. La honte, l'humiliation, le désespoir et le chagrin assaillirent son corps.
"On dirait une grenouille.
— C'est dégueulasse. Dépêche-toi et tue-le.
— Ouais. Tue-le, tue-le.
— Le prochain, c'est la tête."
Le grincement d’un chargeur de balles en train d'être rempli s'ensuivit. Aiden avait trop peur de tout à ce moment-là ; il ferma les yeux et se prépara à mourir.
C'est à ce moment-là que quelque chose d’énorme tomba du ciel comme un coup de tonnerre. Tourbillonnant de façon répétitive, il transperça la terre. Était-ce le signe qu'une grande existence venait mettre un terme à ces conflits insensés ? Pendant une seconde, à cause du choc, c'est ce que tous pensèrent. Cependant, ce qui était descendu n'était pas une divinité mythique mais une hache géante. Sa lame argentée était trempée dans une pluie rouge de sang. Son manche avait un bout pointu dont la forme ressemblait à un bouton de fleur.
Les haches étaient les représentants symboliques des armes - plus brutales que les fusils, plus efficaces que les épées. Même s'il s'agissait du milieu d'un champ de bataille, le fait que quelque chose de ce genre tombe de là-haut était mystérieux. Et les anomalies ne s'arrêtaient pas là. Un objet volant se dirigea bruyamment vers eux.
"C'est un Engoulevent !"
Il s'agissait d'un monoplan qui avait été popularisé dans l'industrie de l'armement et distribué de la partie du Nord prospère au reste du continent. Il s'agissait d'un avion de chasse à deux places, légèrement plus grand que les bateaux compacts à une place. Sa principale caractéristique était sa forme, qui ressemblait à celle de l'oiseau dont il portait le nom, avec de grandes ailes et une pointe de fuselage acérée. Sa coque était mince, mais l'avion était largement utilisé pour la surveillance en raison de sa vitesse exceptionnelle.
— De quel côté ? De quel côté est-il ?
Ni Aiden ni les soldats qui allaient lui tirer dessus ne pouvaient bouger. Duquel d’entre eux l’Engoulevent était l’allié ?
Quelqu'un s'accrocha à un long câble en fer qui pendait de l'avion à basse altitude. La personne tendit le bras pour attraper la hache de guerre lancée vers le bas pour tout détruire à cet endroit, tournant autour du support plusieurs fois avant d'atterrir sur le sol. Aiden inspira profondément en regardant de tels mouvements acrobatiques, mais sa respiration ne fit que se troubler.
L'être mystérieux releva lentement la tête. Seul son visage blanc était réellement visible au milieu de l'obscurité. Elle était comme une rose blanche fleurissant dans la nuit. Même avec sa vision légèrement déformée par les larmes, Aiden pouvait voir à quel point elle était magnifique. Ses iris bleus lui rappelaient les lointaines mers du Sud, ses lèvres étaient rouges comme un lever de lune dans un désert. Les traits de son visage auraient fait battre son cœur en temps normal, mais dans de telles circonstances, il ne ressentit rien d'autre que de l'effroi. Ses cheveux dorés brillaient même dans le noir, faisant ressortir les rubans bordeaux qui les décoraient.
Peu importe comment on la regardait, c'était une femme aussi belle qu'une poupée.
Tumblr media
"Pardonnez-moi d'interrompre votre conversation. J'ai pris la liberté de m'imposer de là-haut." Sa voix résonna fortement . "Monsieur Aiden Field est-il ici ?"
Avec son expression élégante et son apparence digne, elle pouvait être soit un ange, soit une faucheuse, ce qui laissait les hommes déboussolés. C’était légitime - avec une femme de ce calibre apparaissant sur le champ de bataille, on ne pouvait s'empêcher de se demander s'il ne s'agissait pas d'une hallucination.
Aiden, qui était un peu soulagé que les autres hommes se concentrent sur elle, fut bientôt frappé par la peur à nouveau.
— Qu’est-ce... que c'est ?
Pourquoi cette femme le cherchait-elle ? Tout en s’interrogeant, Aiden était en proie à un dilemme, et ne trouva rien d'autre à faire que répondre à l' insondable entité : "C-c'est moi... Je suis Aiden."
Peut-être que révéler son nom était une erreur. Cela pouvait le mettre dans une situation encore pire. Malgré cela, les visages des gens de sa ville natale refirent surface dans son esprit.
"Aidez... moi..." implora-t-il d'une voix éraillée.
Lorsque les yeux inexpressifs de la femme s'arrêtèrent sur lui, qui gisait toujours sur le sol, elle inclina gracieusement sa tête. "Enchantée de faire votre connaissance. Je me presse partout où mes clients pourraient le désirer. Je suis du service des Poupées de Souvenirs Automatiques, Violet Evergarden."
Le temps que les soldats reprennent leurs esprits et pointent leurs pistolets sur elle, elle s’était déjà accroché à sa propre arme. La hache était plus grande qu’un humain de taille moyenne, mais elle la souleva comme si elle ne pesait rien, comme une sorte de bête. Les hommes frissonnèrent de détresse.
"Mais qui est cette femme ?! Ok, tuez-la ! Tuez-la !
— Crè... Crève, crève, crève, crèèève !"
Des coups de feu retentirent en même temps que les cris, mais la femme demeura indemne, sans aucune égratignure, préparant sa hache.
"J'y vais... Major."
Après avoir chuchoté cela faiblement, elle sauta par-dessus Aiden, visant à mettre les hommes hors d'état de nuire. Bien qu'elle ait l'air petite et fragile, chacun de ses pas se répercutait avec force.
À cause de son état précaire, il était difficile pour Aiden de tordre le cou et de regarder en arrière, mais il désirait tellement voir le combat qu'il réussit à l'observer du coin de l'œil.
On aurait dit qu'elle dansait le rondo, mais en réalité, elle balançait simplement la hache vers ses adversaires en tourbillonnant largement. C'était une technique excessivement bizarre. Elle se protégeait des attaques en utilisant la lame presque comme un bouclier, puis s'accrochait au manche ancré dans le sol et le levait vers le haut en tournant sur ses talons.
Les hommes, qui ne pouvaient bientôt plus se défendre des offenses délivrées par un corps aussi délicat, se rendirent et se mirent à crier. Même si ses mouvements semblaient légers, le résultat auquel ils avaient abouti était tout le contraire. Elle maîtrisait une variation des arts martiaux classiques de précision dont Aiden n'avait jamais été témoin auparavant. Les armes étaient brisées par la pointe du manche de la hache comme si elles étaient aussi fragiles que des jouets d'enfants. Juste en étant également frappés par le manche sur leurs épaules, les hommes furent mis à genoux.
"C'est... un monstre !" cria l'un d'eux, s'enfuyant sans être poursuivi.
La femme se concentrait uniquement sur l'attaque de ceux qui lui faisaient face, à la manière d'une machine. Il était évident qu'elle était habituée aux combats extrêmes ; à tel point que le mot "habituée" lui-même était un euphémisme.
"Cette... maudite femme ! Crève ! Crève !"
Elle continua rapidement à échanger des coups avec les hommes qui tiraient aveuglément dans l'obscurité, balançant la hache sans hésitation et se rapprochant progressivement d'eux tout en évitant les balles. À l'instant où l'un d'entre eux sortit une arme de sa poche et s'attaqua à son ventre, elle fit tournoyer ses jambes fines et lui donna un coup de pied au visage. Aucun de ses mouvements fluides ne fut gaspillé, elle continua à donner des coups consécutifs.
La différence de pouvoir était écrasante. En définitive, même s'il y avait eu plus de soldats contre elle, la situation n'aurait pas changé. C'était comme si la force de la femme résidait de manière inébranlable dans la hache qu'elle tenait.
— Pourquoi... n'utilise-t-elle pas la lame ? pensa Aiden, intrigué.
Avec une hache si vicieuse, elle pouvait facilement tout détruire si elle utilisait toute sa force, mais elle ne le faisait pas. Se contentant de s'en servir comme arme contondante, elle n'avait pas donné de coups mortels.
Le combat fut de courte durée. Après avoir frappé tout le monde sauf Aiden, la femme retourna à ses côtés. Elle s'accroupit, et jeta un coup d'œil à son visage. "Excusez-moi pour l'attente."
Ce fut alors qu'Aiden remarqua que celle qui s'appelait Violet Evergarden avait un visage aux traits enfantins. Sa beauté bien développée donnait l'impression d'une femme mûre, mais sa silhouette était également proche de celle d'une jeune fille..
— N’est-elle pas... aussi âgée que moi ?
"Maître..." Violet souffla profondément en regardant mieux le corps d'Aiden.
"M... Merci... de m'avoir sauvé. Hum... comment... me connaissez-vous ?"
Alors qu'Aiden parlait, une traînée de sang sortant de sa bouche, Violet prit un ensemble de bandages dans son sac et commença à les enrouler autour de ses blessures. "Maître, vous m'avez appelé. Vous avez contacté le service des poupées de souvenirs automatiques après avoir vu notre publicité, n'est-ce pas ? Les frais ont très certainement été payés."
En entendant cela, Aiden chercha dans sa mémoire malgré le fait que ses pensées devenaient floues à cause de la perte de sang. En y repensant, un membre de son corps d’armée lui avait montré une vieille brochure alors qu’ils buvaient au bar d’une ville voisine de son ancien champ de bataille. Le tableau d'affichage du bar était rempli de services d'information variés, de prospectus et de mémos, et l'homme avait trouvé ce tract parmi eux.
"Alors c’était vrai... que 'la Poupée de Souvenirs Automatiques viendrait n’importe où, n’importe quand’ ?" Il sourit en se remémorant la phrase d’accroche publicitaire. Ce fut à cet instant qu’Aiden se souvint qu’il avait en effet contacté le service comme gage pour avoir perdu à un jeu de cartes, et que cela lui avait coûté une somme d’argent absurde.
"Quel type de poupée souhaitez-vous ? Nous acceptons toutes les demandes."
Après qu’un jeune homme au téléphone lui eut demandé cela, Aiden répondit sans trop réfléchir : "Je voudrais une beauté exquise qui pourrait venir sur le front. Ah, une femme, s'il-vous-plaît.
—Les poupées requises pour voyager dans des zones dangereuses sont particulièrement chères.
—N'y a-t-il pas moyen d’avoir un prix ?
—Une offre relativement bon marché consiste à en louer une pour la durée minimale d'une journée.
—Alors je vais faire ça. Hum, mon compte est..."
Il avait oublié d'annuler la commande par la suite, et n'avait probablement pas parlé de manière aussi articulée au téléphone puisqu'il était ivre à ce moment-là. Parmi les gens qui avaient fait la fête comme des idiots avec lui, personne ne s'était souvenu de ce qu'il avait fait le lendemain, à cause de la gueule de bois.
— Et dire qu’elle... viendrait vraiment... En plus, une femme comme elle seule au milieu d’une zone de combat... une exactement comme j’ai demandé, pas moins.
Le visage de Violet se reflétait dans les yeux d’Aiden ; elle était tout simplement angélique.
"C-Comment avez-vous su où j'étais ?
— Secret professionnel. Je ne peux pas répondre à cela." répondit-elle si sèchement qu'il ne put que se taire.
Si une simple entreprise de secrétariat avait réussi un tel exploit, comment diable cela pouvait-il être un "secret professionnel"?
"Pour l'instant, Maître, échappons-nous simplement d'ici. Votre corps vous fait-il mal ? S'il-vous-plaît, supportez-le...
— Non, je n'ai pas mal... c'est juste très chaud. C'est... sûrement... assez grave, non ?"
À la question pleine de larmes d'Aiden, Violet ravala tout ce qu'elle semblait être sur le point de dire. Après un court silence, elle plaça la hache dans un étui fixé autour d'elle et entoura Aiden de ses bras. "Je vais devoir vous traiter comme un bagage pour un moment. Supportez-le, s'il-vous-plaît." Son corps enveloppé de force, elle le souleva. Plutôt qu'un bagage, elle le portait comme une princesse.
La gêne semblait possible même à un tel moment, et Aiden voulut rire à travers ses larmes.
À partir de là, les actions de Violet furent rapides. Comme elle courait à travers la forêt en portant un homme adulte, il s’inquiétait de ce qu’elle ferait s’ils rencontraient d’autres ennemis, mais il semblait que ce ne serait pas le cas. Apparemment, Violet recevait des instructions de quelqu'un. Une voix s’échappait occasionnellement des grandes boucles d’oreilles en perle qu’elle portait, et elle se déplaçait après y avoir répondu à voix basse.
Peu de temps après, ils arrivèrent à un chalet abandonné avec l'intention de l'utiliser comme cachette temporaire.
— Est-ce que cet endroit est vraiment sûr ? Ce n'est pas comme si nous pouvions nous cacher éternellement, cependant, pensa Aiden.
Il comprenait en quelque sorte que, vu l'état de son corps, il ne tiendrait pas longtemps. Violet lui avait donné les premiers soins, mais son hémorragie n'avait pas cessé. Si c'était possible, elle se serait déjà arrêtée.
"S'il vous plaît, restez caché ici pendant un moment."
L'intérieur du chalet était couvert de toiles d'araignées et de poussière. Laissant Aiden sur le sol, Violet fouilla dans son sac et en sortit une couverture.
"Il y a... beaucoup de choses... là-dedans, hein ?"
Les coins des lèvres de Violet se soulevèrent légèrement à la question d'Aiden. Redressant la couverture, elle le plaça en son centre et la referma sur lui.
"J'... j'étouffe...
— Il fera froid plus tard.
— Vraiment ?
— Probablement. C'est ce qu'on m'a dit." C'était les mots de quelqu'un qui avait vu d'innombrables personnes mourir.
Aiden se sentit encore plus intrigué par Violet. Quel genre de vie avait-elle eu ? Comment était-elle si forte ? Beaucoup de questions flottaient dans son esprit, mais ce qui sortit de sa bouche fut quelque chose de complètement différent : "Pourriez-vous... écrire des lettres à ma place ?"
L'expression de Violet se raidit à ses mots.
"Ou peut-être... votre appareil de communication pourrait atteindre mon pays ?
— Non, malheureusement.
— Alors, s'il vous plaît... écrivez des lettres pour moi. Vous êtes venus ici... parce que je vous ai engagés, n'est-ce pas ? Ecrivez-les s'il-vous-plaît. Après tout, on dirait que... je vais mourir bientôt... alors je veux... écrire des lettres." Sa gorge commença à devenir sèche et il toussa après avoir parlé.
Tout en le regardant cracher du sang, Violet lui frotta les épaules et hocha la tête. "Compris, Maître."Son visage n'exprimait plus de doute. Elle sortit du sac ce qui semblait être du papier de bonne qualité et un stylo, le plaça sur ses genoux et demanda à Aiden de lui dicter les lettres.
"La première est.. pour Maman et Papa, je suppose..."
Il raconta comment ils l'avaient élevé avec tant d'amour, comment ils lui avaient appris le baseball, à quel point ils devaient être très inquiets, car peu de lettres pouvaient être remises depuis le champ de bataille, et comment cette dernière lettre était devenue son testament. Il transmit ensuite sa gratitude et ses excuses.
En écrivant rapidement, Violet capturait ses sentiments avec précision. Chaque fois que les mots s’amassaient, elle demandait si les termes utilisés étaient assez bons, améliorant le contenu de la lettre. Aiden n’avait pas pu écrire fréquemment à ses parents, en partie parce qu’il avait du mal à organiser ses pensées, mais c'était différent avec elle à ses côtés. Les mots venaient les uns après les autres - tout ce qu'il voulait dire débordait.
"Maman... même si je t'avais dit... que j'allais devenir un joueur de baseball... pour avoir de l'argent pour rénover notre maison... je suis désolé. Papa... Papa, j'aurais voulu que tu voies plus de mes matchs. J'étais vraiment heureux... quand tu m'as dit que tu aimais me voir frapper la balle. Je... J'ai commencé le baseball parce que je voulais que tu me félicites. Je pense que s’il y avait eu... autre chose pour lequel tu m’aurais félicité... ça aurait aussi été une option. Il n’y a rien de plus heureux... que d’être né votre fils. Je me demande pourquoi. J’ai... toujours... été si heureux... et... j’ai traversé pas mal d’épreuves... mais... je n’aurais jamais pensé que je mourrais comme ça."
Même si ses parents ne lui avaient pas appris à tuer...
"Je ne pensais pas que ça arriverait. Normalement... normalement... les gens s'imaginent devenir adultes, trouver un partenaire, se marier, avoir des enfants... J-Je... Je...Je pensais que je pourrai prendre soin de vous. Je ne pensais pas... que je me ferais tirer dessus sans vraiment savoir pourquoi... et que je mourrais dans un pays si loin de vous. Je suis désolé. Je suis aussi triste... mais vous deux... vous le serez... clairement plus. J'étais censé... vous revenir sain et sauf... puisque je suis votre seul fils. J'étais... censé revenir. Mais... je ne pourrai pas. Je suis désolé. Désolé." Il s'en voulait tellement de ne pas pouvoir revoir ses parents et se sentait tellement coupable que les larmes interrompaient régulièrement ses paroles. "Si... vous deux venez à renaître... et à vous marier... J'irai là où vous êtes. Et alors... je veux que vous me donniez naissance à nouveau. S'il-vous-plaît. Je ne voulais pas que les choses se terminent comme ça. Je voulais... devenir plus heureux... J'étais censé... vous... montrer mon bonheur. C'est la vérité. Alors... s'il-vous-plaît. Papa et Maman, priez aussi. Refaites de moi votre fils... s'il-vous-plaît."
Violet notait chaque mot qu'il bafouillait. "Je pourrais la rendre plus correcte, mais je pense qu'à ce rythme, ce sera meilleur si la lettre conserve votre manière de parler.
— Sérieu... sement ? Est-ce que ça ira... même s'il n'y a pas de mots plus jolis ?
— Oui... Je crois que cette façon... est meilleure.
— Quand vous le dites comme ça, je le sens un peu... mieux..." dit-il en riant compulsivement, crachant plus de sang.
Violet essuya ses lèvres avec un mouchoir déjà imbibé de sang. "Y a-t-il quelqu'un d'autre à qui vous souhaitez écrire ?"
Alors qu'elle le lui demandait avec un soupçon d'urgence, Aiden resta silencieux un moment. Sa vue était floue, même si les larmes ne coulaient plus. La voix de Violet était également un peu distante. Si elle était pressée, il devait avoir une mine terrible. Il était sur le point de mourir.
Le sourire d'une fille aux cheveux tressés lui vint à l'esprit.
"Pour... Maria."Lorsqu'il murmura son nom, son amour le submergea au point de lui donner envie de mordre quelque chose.
"Mademoiselle Maria... c'est cela ? Est-elle de votre ville ?
—Oui. Si vous livrez ça avec la lettre de mes parents, vous devriez pouvoir trouver qui elle est. C'est une amie d'enfance de mon voisinage. Nous avons été ensemble depuis que nous sommes petits... et elle était comme une petite sœur... mais après qu'elle m'a avoué ses sentiments, j'ai réalisé que probablement... je l'aimais aussi. Mais... Je suis venu ici... sans avoir rien fait avec elle de ce que les couples font habituellement. C'est un peu gênant de sortir avec une amie d'enfance... Ha ha, nous aurions dû... au moins nous embrasser... J'en aurais été heureux, honnêtement. Je ne l'ai... jamais fait avant.
—Je vais transmettre vos sentiments dans la lettre. Maître, juste un peu plus... S'il-vous-plaît, faites de votre mieux." Comme si elle faisait un vœu, Violet serra sa main.
Incapable de sentir sa chaleur ou même son toucher, Aiden se remit à pleurer. "Oui." Après avoir organisé ses pensées brumeuses, il commença à parler : "Maria, est-ce que... tu vas bien ?"
— La raison pour laquelle je commence cette lettre avec une formule aussi désinvolte... c'est parce que je ne veux pas que tu me sentes mourir.
"Je me demande... si tu... te sens seule... depuis que je ne suis plus là. Ce serait un problème... si tu venais à pleurer tous les jours... mais je vois... ton visage qui pleure... depuis que nous sommes enfants... et c'est mignon, alors tu ne devrais pas... pleurer devant les hommes."
Les souvenirs du temps qu'il avait passé avec elle repassaient les uns après les autres.
"Je me demande si tu te souviens... de quand tu... m'as avoué tes sentiments. Tu... m'avais dit... de ne pas m'en rappeler, mais... tu sais, je... j'étais vraiment... vraiment... vraiment... heureux à ce moment-là. "
— La façon dont tu souriais dans mes bras avec tes joues teintées de rose.
"J'étais vraiment... tellement heureux..."
Son visage quand elle était encore enfant. Le moment où elle avait laissé pousser ses cheveux. Cette femme qu’il aimait de manière inconcevable, rien qu’avec les moments qu’ils avaient passés ensemble, était gravée au plus profond de lui.
"C'était probablement... le sommet... de ma vie... pour de vrai. Je veux dire, je ne me souviens de rien d'autre. Bien plus... que lorsque j'ai... gagné un tournoi de baseball... ou que j'ai été... félicité par papa... la chose qui m'a rendu... le plus heureux..."
— Ma Maria. Ma Maria. Ma Maria.
"...a été d'entendre dire... que tu... étais amoureuse de moi."
Entendre dire pour la première fois de quelqu'un autre que ses parents qu'il était aimé, sans aucune hésitation.
"À vrai dire... je ne te voyais... que comme une petite sœur... mais tu es... trop adorable, alors... j'ai vite... craqué pour toi... Tu vas... devenir encore plus belle à partir de maintenant, non ? Aah, je suis jaloux... des gars qui pourront le voir. Si je pouvais... j'aurais... voulu... faire de toi... ma femme... construire une petite maison... et vivre... dans cette campagne, avec toi. Je... t'aimais. Je t'aime... Maria. Maria... Maria..."
— Aah, ma bien-aimée. Si seulement tu étais ici en ce moment.
"Maria, je ne veux pas mourir..."
La respiration de Violet résonnait fortement dans ses oreilles.
"Maria, je veux... retourner auprès de toi..."
— Aah... ma tête... est en train de fondre... petit à petit.
"Je veux... revenir... auprès... de toi..."
Il ne pouvait pas garder ses yeux ouverts. Mais s'ils se fermaient, il sentait que les mots s'arrêteraient aussi.
"Maria... attends... moi... Même si... c'est juste... mon âme... Je reviendrai... mais... ça ira si... je ne suis pas... ton 'seul'. Attends-moi juste. Juste... n'oublie pas. N'oublie... pas... le premier homme...à qui... tu as avoué tes sentiments. Moi aussi... je... n'oublierai pas. Même... dans les... portes du ciel... je... n'oublierai pas. Maria... ne... m'oublie pas."
— Violet, est-ce que... tout est écrit ?
"Ah... ce n'est pas bon... mes... yeux ne... s'ouvrent pas. Violet... je...vous... confie... mes... lettres. Merci... de m'avoir sauvé... et d'être... venue. Je ne suis pas... seul. Je ne suis... pas... seul...
— Je suis ici. Je suis... juste là. Je suis à vos côtés.
— S'il vous plaît... s'il vous plaît... touchez-moi...
— Je vous tiens la main maintenant.
— Ah... en quelque... sorte... c'est... vrai. C'est... devenu... froid. C'est... vrai. J'ai... froid. J'ai... fr... oid...
— Je vais tapoter un peu votre main. Ça ira. Vous n'aurez froid que pour un moment. Bientôt, vous vous retrouverez dans un endroit chaud.
— Je me sens... seul...
— Tout va bien. Maître, tout va bien." La voix de Violet semblait un peu peinée.
Aiden perdit progressivement la conscience d'où il était. Quel était cet endroit ? Pourquoi son esprit était-il si peu clair en ce moment ?
"Pa... pa..."
— Hé... J'ai peur... Maman, je ne sais pas pourquoi... Je ne peux rien voir... C'est effrayant...
"Ma... man..."
— J'ai peur. C'est effrayant. Effrayant. Effrayant.
"Tout va bien."Comme quelqu'un le rassura gentiment, il se calma et sourit légèrement.
Finalement, les mots qu'il avait voulu dire à tout prix s'échappèrent de sa bouche. "Mari... a... embrasse... moi..."
— J'ai... toujours voulu t'embrasser. Mais... j'étais toujours trop embarrassé... alors je me demandais si tu pouvais être celle qui le ferait.
Peu de temps après, il entendit le son de lèvres qui se touchent.
— Aah, à la fin, j'ai eu mon premier baiser avec la fille que j'aime... Maria, merci. Merci. Rencontrons-nous... à nouveau.
"Bonne nuit, Maître." La voix de quelqu'un résonna au loin.
Il n'était pas sûr de qui était ce 'quelqu'un', mais une dernière fois, Aiden murmura aussi légèrement qu'un souffle : "M... er... ci..."
Violet serra dans ses bras les lettres du jeune homme mort devant elle en pleurant, avant de les ranger soigneusement dans son sac. Se levant fermement, elle s'adressa à l'appareil de communication : "À partir de maintenant, je vais rentrer. Veuillez indiquer où se trouve le lieu d'hébergement de l'unité de transport. Aussi, c'est ma propre volonté, mais... je paierai les frais de transport, alors s'il vous plaît... permettez-moi de prendre... un corps avec moi."
Il n'y avait pas une seule larme sur son visage.
"Eh bien, même si vous dites que c'est un inconvénient, on ne peut rien y faire. Je comprends. Je ne fais pas... toujours ce genre de choses, alors... Oui, s'il-vous-plaît. Merci infiniment." Elle parlait sans passion, comme si elle était dans un bureau. Cependant, alors qu'elle portait une nouvelle fois le corps d'Aiden Field, elle le tenait bien plus légèrement que la première fois, sans être gênée par les taches de sang qu'il laissait sur sa robe blanche. "Maître, je vais vous ramener chez vous." Elle dit au garçon qui souriait un peu avec ses yeux fermés : "Je vais vraiment... vous ramener chez vous." Sur ses traits inexpressifs, seules ses lèvres rouges tremblaient légèrement. "Ainsi... vous ne serez plus seul."
Le jeune homme dans ses bras, elle quitta le chalet en silence. De l'autre côté de la forêt, on pouvait encore entendre des coups de feu et des cris, mais Violet ne se retourna pas.
Le domaine du secrétariat et les sociétés postales avaient une relation étroite. Les lettres des copistes étaient normalement livrées par des facteurs, mais comme cette lettre particulière provenait d'un pays lointain en guerre, la Poupée de Souvenirs Automatiques la livra personnellement.
Une belle région agricole entourée de rizières dorées. Elle pouvait convenir qu'il s'agissait d'une ville bucolique aussi splendide qu'elle le semblait lorsque le jeune homme avait clamé qu'il voulait y retourner. Même lorsque Violet, une étrangère, jeta un coup d'œil par la fenêtre de la calèche dans laquelle elle se trouvait, tous les passants la saluèrent.
Elle apportait un douloureux message à cette terre chaleureuse.
Sa destination était le lieu de naissance d'Aiden Field. Violet rapporta tout au couple de personnes âgées qui avait ouvert la porte, leur remettant la lettre - leur remettant 'Aiden'. Elle les informa ensuite de ses derniers instants, sans oublier aucun détail. Maria, la fille dont "il" avait vu l'illusion juste avant de mourir, était également présente. Ils l’écoutèrent parler en versant des larmes, sans prononcer un mot. Il semblait que l'image du garçon était gravée dans leur cœur pour n'être jamais oubliée.
La jeune fille, le visage rouge, s'effondra en acceptant la lettre d'Aiden. "Pourquoi ? Pourquoi devait-il mourir ?"demanda-t-elle à Violet.
Cette dernière demeura silencieuse, ne répondant à aucune question. Bien qu'elle soit normalement sans expression et se contente de dire franchement ce qu'elle était censée dire, elle ne sut plus quoi dire lorsqu'une femme en pleurs la serra dans ses bras au moment de son départ.
"Merci."
C'était une chose inattendue à entendre.
"Nous n'oublierons jamais... votre gentillesse."
Comme si elle n'était pas habituée aux étreintes, son corps se tendit et se contracta maladroitement.
"Merci... d'avoir ramené notre fils."
Devant tant de chaleur, ses yeux exprimaient la confusion.
"Merci."
Elle fixa la femme qui lui transmettait sa gratitude tout en pleurant - la mère d'Aiden. Pour Violet, c'était insupportable, et elle répondit avec un faible : "Non... Non..."
Un océan de larmes se répandit doucement dans les yeux bleus qui 'l'' avaient regardé.
"Non…"
La mer se transforma en une seule, petite goutte qui descendit le long de sa joue blanche.
"Je suis désolée... de ne pas avoir pu le protéger." Ces mots n'étaient pas ceux de la Poupée de Souvenirs Automatiques, mais ceux d'une jeune fille. "Je suis désolée... de l'avoir laissé mourir."
Personne ne la blâmait. Même Maria, qui se lamentait avec des "Pourquoi ?!", ne la tenait pas pour coupable. Toutes les personnes présentes s'étreignirent simplement et partagèrent leur chagrin.
"Je suis désolée..."Violet continua de s'excuser encore et encore à voix basse. "Je suis désolée de l'avoir laissé mourir."
"M... er... ci..."
Personne ne t'as blâmée pour quoi que ce soit, Violet Evergarden.
Précédent - Suivant (à venir)
5 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
Hey, j'ai ENFIN fini la traduction du chapitre 3 !!! Je fais une petite pause et je fais la mise en page et les dernières retouches
C'était particulièrement éprouvant émotionnellement à faire, j'espère que mes mots sauront retransmettre l'intensité de ce chapitre
Pour ceux qui veulent s'y préparer un peu, c'est le chapitre qui correspond à l'épisode 11 de l'animé (celui qui m'a fait le plus pleurer, oui oui, encore plus que l'épisode 10)
A bientôt avec un nouveau chapitre ! Bises
1 note · View note
oeild-translation · 3 years
Text
Voilà, Barbara Pravi
Écoutez-moi, moi la chanteuse à demi
Parlez de moi, à vos amours, à vos amis
Parlez-leur de cette fille aux yeux noirs et de son rêve fou
Moi c'que j'veux c'est écrire des histoires qui arrivent jusqu'à vous
C'est tout
Listen to me, I, the half singer
Talk about me, to your loves, to your friends
Tell them about this black-eyed girl and her crazy dream
I want to write stories that reach you
That's all
Voilà, voilà, voilà, voilà qui je suis
Me voilà même si mise à nue j'ai peur, oui
Me voilà dans le bruit et dans le silence
Here, here, here, here's who I am
Here I am even if naked, I'm scared, yes
Here I am in the noise and in the silence
Regardez-moi, ou du moins ce qu'il en reste
Regardez moi, avant que je me déteste
Quoi vous dire, que les lèvres d'une autre ne vous diront pas
C'est peu de chose mais moi tout ce que j'ai, je le dépose là
Voilà
Look at me, or at least what's left on me
Look at me, before I hate myself
What to tell you, that another's lips won't tell you
It's not much, but all I've got I'll put down here
Voilà
Voilà, voilà, voilà, voilà qui je suis
Me voilà même si mise à nue c'est fini
C'est ma gueule c'est mon cri, me voilà tant pis
Voilà, voilà, voilà, voilà juste ici
Moi mon rêve, mon envie, comme j'en crève, comme j'en ris
Me voilà dans le bruit et dans le silence
Here, here, here, here's who I am
I'm here even if naked it's over
It's my face, it's my cry, here I am, too bad
Here, here, here, here’s just here
I, my dream, my desire, how I die, how I laugh
Here I am in the noise and in the silence
Ne partez pas, j'vous en supplie restez longtemps
Ça m'sauvera p't'être pas, non
Mais faire sans vous j'sais pas comment
Aimez-moi comme on aime un ami qui s'en va pour toujours
J'veux qu'on m'aime, parce que moi je sais pas bien aimer mes contours
Don't go away, I beg you, stay long
It may not save me, no
But how to do without you, I don't know
Love me as you love a friend who is leaving forever
I want you to love me, because I don't know how to love my contours
Voilà, voilà, voilà, voilà qui je suis
Me voilà même si mise à nue c'est fini
Me voilà dans le bruit et dans la fureur aussi
Regardez-moi enfin et mes yeux et mes mains
Tout c'que j'ai est ici, c'est ma gueule, c'est mon cri
Me voilà, me voilà, me voilà
Voilà, voilà
Voilà, voilà
Here, here, here, here's who I am
Here I am even if naked, it's over
Here I am in the noise and in the fury too
Look at me at last, and my eyes and my hands
All I have is here, it's my mouth, it's my scream
Here I am, here I am, here I am
Voilà, voilà
Voilà, voilà
[Vocalises]
Voilà
Voilà !
For those who enjoyed our french vibes with Barbara tonight, here's (!) a rough translation <3
45 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
Aww it’s a pleasure, I also love Kané, since you asked I may translate it for sure one day
And thank you so much, it means a lot to me since no one usually read my translations ♡
Blizzard, Fauve (French to English translation)
Tu te demandes si tu es une bête féroce ou bien un saint
Mais tu es l'un, et l'autre.
Et tellement de choses encore
Tu es infiniment nombreux
Celui qui méprise, celui qui blesse, celui qui aime, celui qui cherche.
Et tous les autres ensembles
Trompe-toi, sois imprudent, tout n'est pas fragile
You are wondering if you're a fierce beast or a saint
But you are one, and the other.
And so much more
You are infinitely numerous
The one who despises, the who hurts, the one who loves, the one who seeks
And all the others together
Deceive yourself, be careless, not everything is fragile
N'attends rien que de toi, parce que tu es sacré.
Parce que tu es en vie
Parce que le plus important n'est pas ce que tu es
Mais ce que tu as choisi d'être
Expect nothing but from yourself, because you’re sacred
Because you are alive
Because the most important is not what you are
But what you chose to be
Ooooh qu'est ce que tu fais ?! Arrête !
Qu'est ce qu'il te prend de faire des trucs pareil ?
Pourquoi tu t'fais du mal comme ça ?
Qu'est ce qui va pas ? Parle moi, tu sais que tu peux tout me dire.
Mais nan mais c'est des conneries tout ça tu le sais.
Regarde moi dans les yeux. Regarde moi. On s'en branle.
C'est PAS important.
Moi j'te trouve magnifique. Depuis la première fois que j't'ai vu.
D'ailleurs j'm'en suis toujours pas remis.
Et puis comment j'ferais sans toi moi ?
Oooooh, what are you doing?! Stop it!
What’s wrong with you doing such things ?
Why are you hurting yourself like that?
What’s wrong ? Speak to me, you know you can tell me anything.
But that's bullshit, you know it.
Look me in the eyes. Look at my face. Who cares?
It's NOT important.
I think you're beautiful. Since the first time
I saw you.
And I still haven't gotten over it.
And what would I do without you?
Et puis comment l'univers il ferait sans toi ?
And how would the universe do without you?
Ça pourra jamais fonctionner. C'est impossible.
Alors faut pas pleurer ! Faut pas pleurer. Parce que ça va aller j'te le promets, ça va aller.
It can never work. That’s impossible.
So don’t cry! Don’t cry. Because it’s gonna be okay, I promise you, it’s gonna be okay.
Parce qu'on est de ceux qui guérissent, de ceux qui résistent, de ceux qui croient aux miracles.
Pas d'ceux qui disent que lorque les tables bougent, c'est que quelqu'un les pousse du pied.
Because we’re among those who heal, among those who resist, among of those who believe in miracles.
Not those who say that when the tables move, it's because somone's pushing them with their foot.
Mais un jour tout ça on y pensera même plus.
On aura tout oublié, comme si ça avait pas existé.
But one day, we won't think of all this anymore.
We'll have all forgotten, as if it never existed.
En attendant, passe tes bras autour de mon cou si tu veux
Pendant que je te répète ces phrases qui nous donnaient de l'élan
Tu t'souviens ?
Tu t'souviens ?
In the meantime, put your arms around my neck if you want
While I'm repeating to you this words that gave us momentum
Do you remember ?
Do you remember ?
Tu nous entends le Blizzard ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends, va te faire enculer.
Tu pensais que t'allais nous avoir hein ?
Tu croyais qu'on avait rien vu ?
Can you hear us, Blizzard? Can you hear us?!
If you can hear us, fuck you.
You thought you'd get us, huh?
You believed we didn't see it?
Surprise connard !
Tu nous entends la Honte ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends fais gaffe quand tu rentres chez toi toute seule le soir
Surprise asshole!
Can you hear us, Shame? Can you hear us?
If you can hear us watch when you go home alone at night
On pourrait avoir envie de t'refaire la mâchoire avec des objets en métal
Ou d'te laver la tête avec du plomb, qu'est ce que t'en dis ?
We might want to fix your jaw with metal objects
Or wash your head with lead, what do you think?
Tu nous entends la tristesse ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends, c'est que toi aussi tu vas bientôt faire ton sac.
Prendre la première à gauche, deuxième à droite, puis encore à  puis aller niquer ta race.
Can you hear us, Sadness? Can you hear us?
If you can hear us, that's because you'll too pack your bag soon.
Take the first left, second right, then left again
left again and then go fuck your race.
Félicitations ! Bravo !
Tu nous entends la Mort ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends sache que tu nous fais pas peur, tu peux tirer tout ce que tu veux.
On avance quand même, tu pourras pas nous arrêter.
Et on laissera personne derrière, on laissera personne se faire aligner.
Tout ça c'est fini !
Congratulations! Bravo!
Can you hear us, Death? Can you hear us?!
If you can hear us, know that you don’t scare us, you can shoot all you want.
We go ahead anyway, you can’t stop us.
And we won’t leave anyone behind, we won’t let anyone getting lined up.
It’s all over!
Tu nous entends la Dignité ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends sache qu'on a un genou à Terre et qu'on est désolé.
On est désolé de tout ce qu'on a pu te faire, mais on va changer !
On va devenir des gens biens tu verras !
Et un jour tu seras fière de nous.
Can you hear us, Dignity? Can you hear us?!
If you can hear us, know that we're kneeling and that we are sorry.
We're sorry for everything that we've ever done to you, but we'll change!
We're gonna become good people, you'll see!
And one day you'll be proud of us.
Tu nous entends l'Amour ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends il faut que tu reviennes parce qu'on est prêts maintenant, ça y est.
On a déconné c'est vrai mais depuis on a compris.
Et là on a les paumes ouvertes avec notre cœur dedans.
Il faut que tu le prennes et que tu l'emmènes
Can you hear us, Love? Can you hear us?!
If you can hear us you should come back, because we're ready now, that's it.
We messed up that's right but since then we've understood.
And now we've our palms open with our hearts in them.
You should take it and take it away.
Tu nous entends l'Univers ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends, attends nous ! On arrive.
On voudrait, tout comprendre, tout savoir, tout voir, tout vivre.
On cherche la porte du nouveau monde pour pouvoir s'y fondre en grand.
Can you hear us, Universe? Can you hear us?!
If you can hear me, wait for us! We're coming.
We'd like to understand everything, know everything, see everything, live everything.
We're looking for the door to the new world so that we can melt into it in a big way.
Tu nous entends Toi qui attends ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends souviens toi qu't'es pas tout seul.
Jamais.
On est tellement nombreux à être un peu bancal un peu bizarre.
Et dans nos têtes y'a un blizzard.
Comme les mystiques loser au grand coeur
Il faut qu'on sonne l'alarme, qu'on s'retrouve, qu'on s'rejoigne.
Qu'on s'embrasse. Qu'on soit des milliards de mains sur des milliards d'épaules,
Qu'on s'répète encore une fois que l'ennuie est un crime.
Que la vie est un casse du siècle, un putain de piment rouge. Nique sa mère le Blizzard.
Nique sa mère le Blizzard.
Tout ça c'est fini
Can you hear us, you, who's waiting? Can you hear us?!
If you can hear us, remember you're not alone.
Never.
We're so many to be a little wobbly, a little strange.
And in our heads there's a blizzard.
Like the mystic losers with a big heart
We need to sound the alarm, we need to find each other, we need to meet up
To embrace. To be a billion hands on a billion shoulders
To repeat once again that boredom is a crime.
That life is a heist of the century, a fucking chilli
red. Fuck his mother the Blizzard.
Fuck his mother the Blizzard.
That's all over
Whenever I hear this song, I cry. Right. Nothing more. For me, all the world should be aware of such lyrics.
34 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
Blizzard, Fauve (French to English translation)
Tu te demandes si tu es une bête féroce ou bien un saint
Mais tu es l'un, et l'autre.
Et tellement de choses encore
Tu es infiniment nombreux
Celui qui méprise, celui qui blesse, celui qui aime, celui qui cherche.
Et tous les autres ensembles
Trompe-toi, sois imprudent, tout n'est pas fragile
You are wondering if you're a fierce beast or a saint
But you are one, and the other.
And so much more
You are infinitely numerous
The one who despises, the who hurts, the one who loves, the one who seeks
And all the others together
Deceive yourself, be careless, not everything is fragile
N'attends rien que de toi, parce que tu es sacré.
Parce que tu es en vie
Parce que le plus important n'est pas ce que tu es
Mais ce que tu as choisi d'être
Expect nothing but from yourself, because you’re sacred
Because you are alive
Because the most important is not what you are
But what you chose to be
Ooooh qu'est ce que tu fais ?! Arrête !
Qu'est ce qu'il te prend de faire des trucs pareil ?
Pourquoi tu t'fais du mal comme ça ?
Qu'est ce qui va pas ? Parle moi, tu sais que tu peux tout me dire.
Mais nan mais c'est des conneries tout ça tu le sais.
Regarde moi dans les yeux. Regarde moi. On s'en branle.
C'est PAS important.
Moi j'te trouve magnifique. Depuis la première fois que j't'ai vu.
D'ailleurs j'm'en suis toujours pas remis.
Et puis comment j'ferais sans toi moi ?
Oooooh, what are you doing?! Stop it!
What’s wrong with you doing such things ?
Why are you hurting yourself like that?
What’s wrong ? Speak to me, you know you can tell me anything.
But that's bullshit, you know it.
Look me in the eyes. Look at my face. Who cares?
It's NOT important.
I think you're beautiful. Since the first time
I saw you.
And I still haven't gotten over it.
And what would I do without you?
Et puis comment l'univers il ferait sans toi ?
And how would the universe do without you?
Ça pourra jamais fonctionner. C'est impossible.
Alors faut pas pleurer ! Faut pas pleurer. Parce que ça va aller j'te le promets, ça va aller.
It can never work. That’s impossible.
So don’t cry! Don’t cry. Because it’s gonna be okay,I promise you, it’s gonna be okay.
Parce qu'on est de ceux qui guérissent, de ceux qui résistent, de ceux qui croient aux miracles.
Pas d'ceux qui disent que lorque les tables bougent, c'est que quelqu'un les pousse du pied.
Because we’re among those who heal, among those who resist, among of those who believe in miracles.
Not those who say that when the tables move, it's because somone's pushing them with their foot.
Mais un jour tout ça on y pensera même plus.
On aura tout oublié, comme si ça avait pas existé.
But one day, we won't think of all this anymore.
We'll have all forgotten, as if it never existed.
En attendant, passe tes bras autour de mon cou si tu veux
Pendant que je te répète ces phrases qui nous donnaient de l'élan
Tu t'souviens ?
Tu t'souviens ?
In the meantime, put your arms around my neck if you want
While I'm repeating to you this words that gave us momentum
Do you remember ?
Do you remember ?
Tu nous entends le Blizzard ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends, va te faire enculer.
Tu pensais que t'allais nous avoir hein ?
Tu croyais qu'on avait rien vu ?
Can you hear us, Blizzard? Can you hear us?!
If you can hear us, fuck you.
You thought you'd get us, huh?
You believed we didn't see it?
Surprise connard !
Tu nous entends la Honte ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends fais gaffe quand tu rentres chez toi toute seule le soir
Surprise asshole!
Can you hear, Shame? Can you hear us?
If you can hear us watch when you go home alone at night
On pourrait avoir envie de t'refaire la mâchoire avec des objets en métal
Ou d'te laver la tête avec du plomb, qu'est ce que t'en dis ?
We might want to fix your jaw with metal objects
Or wash your head with lead, what do you think?
Tu nous entends la tristesse ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends, c'est que toi aussi tu vas bientôt faire ton sac.
Prendre la première à gauche, deuxième à droite, puis encore à  puis aller niquer ta race.
Can you hear us, Sadness? Can you hear us?
If you can hear us, that's because you'll too pack your bag soon.
Take the first left, second right, then left again
left again and then go fuck your race.
Félicitations ! Bravo !
Tu nous entends la Mort ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends sache que tu nous fais pas peur, tu peux tirer tout ce que tu veux.
On avance quand même, tu pourras pas nous arrêter.
Et on laissera personne derrière, on laissera personne se faire aligner.
Tout ça c'est fini !
Congratulations! Bravo!
Can you hear us, Death? Can you hear us?!
If you can hear us, know that you don’t scare us, you can shoot all you want.
We go ahead anyway, you can’t stop us.
And we won’t leave anyone behind, we won’t let anyone getting lined up.
It’s all over!
Tu nous entends la Dignité ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends sache qu'on a un genou à Terre et qu'on est désolé.
On est désolé de tout ce qu'on a pu te faire, mais on va changer !
On va devenir des gens biens tu verras !
Et un jour tu seras fière de nous.
Can you hear us, Dignity? Can you hear us?!
If you can hear us, know that we're kneeling and that we are sorry.
We're sorry for everything that we've ever done to you, but we'll change!
We're gonna become good people, you'll see!
And one day you'll be proud of us.
Tu nous entends l'Amour ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends il faut que tu reviennes parce qu'on est prêts maintenant, ça y est.
On a déconné c'est vrai mais depuis on a compris.
Et là on a les paumes ouvertes avec notre cœur dedans.
Il faut que tu le prennes et que tu l'emmènes
Can you hear us, Love? Can you hear us?!
If you can hear us you should come back, because we're ready now, that's it.
We messed up that's right but since then we've understood.
And now we've our palms open with our hearts in them.
You should take it and take it away.
Tu nous entends l'Univers ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends, attends nous ! On arrive.
On voudrait, tout comprendre, tout savoir, tout voir, tout vivre.
On cherche la porte du nouveau monde pour pouvoir s'y fondre en grand.
Can you hear us, Universe? Can you hear us?!
If you can hear me, wait for us! We're coming.
We'd like to understand everything, know everything, see everything, live everything.
We're looking for the door to the new world so that we can melt into it in a big way.
Tu nous entends Toi qui attends ? Tu nous entends ?!
Si tu nous entends souviens toi qu't'es pas tout seul.
Jamais.
On est tellement nombreux à être un peu bancal un peu bizarre.
Et dans nos têtes y'a un blizzard.
Comme les mystiques loser au grand coeur
Il faut qu'on sonne l'alarme, qu'on s'retrouve, qu'on s'rejoigne.
Qu'on s'embrasse. Qu'on soit des milliards de mains sur des milliards d'épaules,
Qu'on s'répète encore une fois que l'ennuie est un crime.
Que la vie est un casse du siècle, un putain de piment rouge. Nique sa mère le Blizzard.
Nique sa mère le Blizzard.
Tout ça c'est fini
Can you hear us, you, who's waiting? Can you hear us?!
If you can hear us, remember you're not alone.
Never.
We're so many to be a little wobbly, a little strange.
And in our heads there's a blizzard.
Like the mystic losers with a big heart
We need to sound the alarm, we need to find each other, we need to meet up
To embrace. To be a billion hands on a billion shoulders
To repeat once again that boredom is a crime.
That life is a heist of the century, a fucking chilli
red. Fuck his mother the Blizzard.
Fuck his mother the Blizzard.
That's all over
Whenever I hear this song, I cry. Right. Nothing more. For me, all the world should be aware of such lyrics.
34 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
"La mort des étoiles", Les soeurs Boulay, Translation
Stars' death
Si tout est fini, s’il n’y a plus d’espoir
Et qu’il faut joindre les rangs
Pour joindre les bouts, sans serrer trop fort
La boucle du nœud coulant
Et si rien ne compte que l’éclat des corps
Et que le poids de ce que ça coûte
S’il vous plaît quelqu’un faites quelque chose
Pour virer le courant
If everything is over, if there's no more hope
And we have to join the rows
To make ends meet, without tightening too much
The running knot loop
And if nothing counts but the glow of bodies
And the weight of what it costs
Please someone do something
To turn the tide
Si beau le monde
À la fin qui s’y attardera
Et si tout tombe
Qui d’autre se relèvera
Pour regarder les étoiles
 So beautiful the world
At the end who will linger
And if everything falls apart
Who else will get up
To look at the stars
Je préférerais ne pas avoir à vendre
Mon honneur au plus offrant
S’il le faut j’irai, de ma peau me tendre
Et me donnerai pour qu’on me goûte
Mais s’il vous plaît quelqu’un faites quelque chose
Pour virer le courant
 I would rather not have to sell
My honor to the highest bidder
If I have to, I'll go and stretch my skin
And give myself to be tasted
But please someone do something
To turn the tide
Si beau le monde
À la fin qui s’y attardera
Et si tout tombe
Qui d’autre se relèvera
Pour regarder les étoiles
 So beautiful the world
At the end who will linger
And if everything falls apart
Who else will get up
To look at the stars
Et si tout s’achète, y compris les gestes
Si les yeux sont bouts portants
La beauté des corps, ou ce qu’il en reste
Perdra sa valeur au compte-goutte
S’il vous plaît quelqu’un faites quelque chose
Pour virer le courant
 And if everything can be bought, including gestures
If the eyes are worn out
The beauty of bodies, or what remains of them
Will lose its value in dribs and drabs
Please someone do something
To turn the tide
Si beau le monde
À la fin qui s’y attardera
Et si tout tombe
Qui d’autre se relèvera
Pour regarder les étoiles
So beautiful the world
At the end who will linger
And if everything falls apart
Who else will get up
To look at the stars
8 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
SOS, by Maëlle (Lyrics translation : French to English)
Qu'est-c'que ça peut faire un rêve quand on a 18 ans ?
Qu'est-c'qu'on peut faire d'un rêve quand il n'y a rien devant ?
Planète en détresse, fin du monde express
Bouteille à la mer pour une génération entière
Quel est le message ? Stopper le naufrage
What can you do with a dream when you are eighteen ?
What  can you do with a dream when there is nothing ahead ?
Planet in distress, end of the world express
A bottle in the sea for a whole generation
What is the message ? Stop the sinking
SOS, SOS sans adresse
SOS, SOS d'une jeunesse sans promesse
SOS
SOS, SOS witout address
SOS, SOS of a youth without promise
SOS
Qu'est-c'qu'on a loupé pour ne rien voir et laisser faire ?
Qu'est-c'qu'on leur a fait ? Nos aînés sont nos adversaires
Et dire qu'ils savaient et qu'ils n'ont rien fait
Avenir précaire pour civilisation entière
Revenir à la base, écouter le message
What did we miss to see nothing and let it happen ?
What have we done to them ? Our elders are our adversaries
And to think that they knew and they did nothing
Precarious future for an entire civilisation
Go back to the base, listen to the message
SOS, SOS sans adresse
SOS, SOS d'une jeunesse sans promesse
SOS
SOS, SOS without adress
SOS, SOS of a youth without promise
SOS
Je veux faire un rêve et changer nos façons de faire
J'exige une trêve car cet argent qui nous gouverne
Ne nous sauvera pas quand nous ne serons plus là
Je lance un appel avant de voir l'enfer sur Terre
Quel que soit ton âge, entend le message
I want to have a dream and change our ways
I demand a truce because this money that governs us
Won't save us when we'll be gone
I'm making a call before seeing hell on the Earth
Whatever your age, hear the message
SOS, SOS sans adresse
SOS, SOS d'une jeunesse sans promesse
SOS
SOS, SOS sans adresse
SOS, SOS d'une jeunesse sans promesse
SOS
SOS, SOS without adress
SOS, SOS of a youth without promise
SOS
SOS, SOS without adress
SOS, SOS of a youth without promise
SOS
A song that I really love and that I think, represents a lot of our feelings.
Listen here on Spotify
4 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
Tumblr media
Reliure de la version uniquement en français terminée !!
2 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
Volume I Chapitre 2
Je ... me souviens.
Qu'elle était venue.
Que, assise là, calmement, elle écrivait des lettres.
Je... me souviens.
Le visage de cette personne, et de ma mère souriant gentiment.
Cette vision... certainement...
Je ne l'oublierais pas, même dans la mort.
La Fille et la Poupée de Souvenirs Automatique
Le métier de scribe avait existé depuis les temps anciens. Il avait autrefois connu un déclin avec la popularisation des poupées de souvenirs automatiques, mais les métiers qui avaient une longue histoire étaient toujours aimés et protégés par un petit nombre de personnes. L'augmentation en nombre des poupées mécaniques était précisément ce qui avait poussé les nostalgiques à prétendre que les professions désuètes étaient meilleures quand elles gardaient leur charme originel.
La mère d'Ann Magnolia était de ces gens au goût fascinant pour le démodé.
Avec ses cheveux sombres naturellement ondulés, ses taches de rousseur et son corps svelte, elle était en apparence presque exactement comme Ann elle-même. Élevée parmi l'élite, et venant d'une maison aisée, elle s'était mariée, et, même en vieillissant, quelque chose en elle tenait encore de la "jeune demoiselle". Le doux sourire qu'elle arborait à chaque fois qu'elle riait aux éclats paraissait enfantin pour quiconque le voyait.
Même maintenant, en se rappelant comment se comportait sa mère, elle pensait qu'elle était comme une petite fille. Elle était vigoureuse, bien que maladroite, et à chaque fois qu'elle affirmait avec enthousiasme « Je veux essayer cela !», Ann rétorquait « Mon dieu, encore ? ». Elle aimait les promenades en bateau et les courses de chiens, ainsi que les compositions florales orientales que l'on trouve sur les broderies des édredons. C'était une personne qui adorait apprendre, et qui avait un côté enflammé : chaque fois qu'elle allait au théâtre, c'était pour voir des pièces romantiques. Passionnée comme elle était de dentelles et de rubans, la plupart de ses robes ressemblait à celles des princesses de contes de fées. Elle les imposait à sa fille, car les tenues assorties parent-enfant lui plaisaient. Ann se demandait parfois ce qu'il pouvait bien y avoir de mal à ce que sa mère porte des rubans à son âge, mais elle ne l'avait jamais dit.
Ann tenait plus à sa mère qu'à n'importe qui dans le monde - plus encore qu'à sa propre existence. Bien qu'elle soit un petit enfant, elle se considérait comme la seule à pouvoir la protéger, elle qui était loin d’être forte.
Elle avait aimé sa mère à ce point aveuglément.
Vers l'époque où elle était tombée malade et où l’heure sa mort approchait, Ann eut sa première rencontre avec une poupée de souvenirs automatique. Même si elle avait d'innombrables souvenirs avec sa mère, ceux dont elle se rappelait étaient toujours liés aux jours où ils avaient accueilli cette mystérieuse visiteuse.
‘C’’était apparu par une journée de printemps très ensoleillée.
La route baignait dans les abondants rayons de soleil printaniers. A côté, les fleurs qui avaient commencé à éclore à travers le dégel se balançaient sous la faible brise.
Depuis le jardin de sa maison, Ann observait la manière dont "cela" marchait.
Sa mère habitait dans la partie supérieure gauche d'un vieux mais élégant bâtiment d'architecture occidentale, qu'elle avait hérité de sa famille. Avec ses murs blancs et son toit de tuiles bleues, entouré d'énormes bouleaux, il semblait tiré d'une illustration de livre pour enfants.
La résidence était périphérique, construite à l'écart et assez loin de leur ville prospère. Même si quelqu'un cherchait dans toutes les directions, il ne pourrait trouver aucune maison avoisinante. C'était pourquoi, lorsque des invités arrivaient, on pouvait facilement les voir par les fenêtres
« Qu'est-ce ... que c'est ? »
Vêtue d'une blouse qui avait un large col en rubans à rayures cyan, Ann avait l'air un peu ordinaire, mais charmante. Il semblait presque que ses yeux brun sombre allaient sauter de sa tête, tant ils étaient ouverts.
Elle décolla alors ses yeux de "cela", qui marchait dans sa direction sous la lumière du soleil, et se dépêcha de quitter le jardin et de rentrer dans la maison avec ses chaussures émaillées et fleuries. Elle passa devant l'immense entrée principale, grimpa l'escalier en colimaçon rempli de portraits de famille et ouvrit brusquement une porte ornée de roses.
« Maman ! »
Lorsque qu’elle fit irruption, hors d'haleine, sa mère la réprimanda, se redressant un peu sur son lit : « Ann, ne t'ai-je pas toujours dit que tu dois frapper avant d'entrer dans la chambre de quelqu'un ? Tu devrais aussi saluer. »
Alors qu’on la sermonnait, elle soufflait intérieurement, mais elle baissa malgré tout les hanches, pinça l'ourlet de sa jupe et s'inclina.
Cet acte découlait-il de son soi-disant « côté petite dame » ? En réalité, c’était une simple enfant. Cela ne faisait pas plus de sept ans qu'elle était née. Ses membres et son visage apparaissaient encore doux.
« Maman, excuse-moi.
—Très bien. Alors, qu'est-ce que c'est ? As-tu encore trouvé un insecte bizarre dans le jardin ? Ne le montre pas à Maman, d'accord ?
—Ce n'est pas un insecte ! Une poupée s'approche. Euh, c'était vraiment gros pour une poupée, et ça ressemblait à une de ces poupées en biscuit de la collection de photos que tu aimes, Maman ! » dit-elle avec son vocabulaire limité, comme si elle avait une quinte de toux.
Sa mère claqua sa langue avec un "tsk, tsk". « Une “poupée de jeune fille”, n'est-ce pas ?
—Mais, Maman !
—Tu es une fille de la famille Magnolia, tes mots doivent être plus gracieux. Allez, encore une fois. »
Gonflant ses joues, Ann se rectifia à contrecœur : « Il y a cette poupée de jeune fille, tu vois ! Elle marche !
—Mon Dieu, c'est vrai ?
——Il n’y a que des voitures qui passent tout le temps devant notre maison, n'est-ce pas ? Si elle est à pied, cela veut dire qu'elle est descendue au terminal de train voisin. Les gens qui viennent de ce terminal sont forcément nos visiteurs, non ?
—C'est correct.
—Il ne se passe jamais rien par ici ! Cela doit vouloir dire que cette femme va venir ici !» Elle ajouta : « J'ai le sentiment que ce n'est pas une bonne chose.
—Alors, on joue les détectives aujourd'hui, huh ? » conclut sa mère tranquillement, contrastant avec sa frénésie.
« Je ne joue pas ! Hé, fermons toutes les portes et les fenêtres... Faisons en sorte que cette poupée...cette poupée de jeune fille .... ne rentre pas à l'intérieur ! C'est bon, je vais te protéger. »
Alors qu'elle reniflait avec détermination, sa mère lui fit un sourire forcé. Elle croyait probablement que son enfant débitait des bêtises. Malgré tout, elle décida d'au moins se laisser aller à son jeu, et se leva de façon léthargique. L'ourlet de son déshabillé couleur pêche traînant sur le sol, elle se mit à côté de la fenêtre. Sous la lumière naturelle, on pouvait voir la silhouette de son corps mince sous le tissu.
« Mon Dieu, n'est-ce pas une Poupée de Souvenirs Automatiques ? Maintenant que j'y pense, elle devait arriver aujourd'hui !
—Qu'est-ce qu'une “Poupée de Souvenirs Automatiques” ... ?
—Je te l'expliquerai plus tard, Ann. Aide-moi à me préparer ! »
Quelques minutes plus tard, elle lui demanda de s'arranger dans le style qu'exigeait la famille Magnolia. Ann ne changea pas ses vêtements, mais plaça sur sa tête un ruban qui allait avec la couleur de sa blouse. Sa mère, quant à elle, mit une robe ivoire avec des volants de dentelle à double-épaisseur, ainsi qu'un châle jaune clair et des boucles d'oreilles en forme de roses. Elle vaporisa un parfum composé de trente fleurs différentes et se tourna, enveloppant son corps dans la fragrance.
« Maman, tu es excitée ?
—Encore plus que si je devais rencontrer un prince étranger. »
Ce n'était pas une blague. La tenue qu’elle avait choisie était de celles qu'elle ne portait que pour les occasions importantes. La voir dans un tel état rendait Ann incapable de tenir en place.
——Je n'aime pas ça... ç'aurait été bien qu'il n'y ait aucun invité...
Son agitation n'était pas due au plaisir.
Les enfants attendent normalement les visiteurs avec impatience tout en se sentant un peu nerveux, mais elle était différente. En effet, depuis qu'elle avait pris conscience des choses qui l'entouraient, elle avait déduit que n'importe quel visiteur tromperait sa mère innocente pour mettre la main sur son argent. C'était une personne insouciante et les visites la rendaient toujours heureuse, elle était donc prompte à faire confiance à n'importe qui. Ann l'aimait, mais les faibles capacités de gestion monétaire de cette dernière et son faible sens du danger étaient gênants.
Il n'y avait pas de garantie qu'une personne avec une allure de poupée ne serait pas après la possession de leur résidence. Mais ce dont elle se méfiait le plus, c'était à quel point elle pouvait dire d'un simple coup d'œil que l'apparence de la femme correspondait au goût de sa mère. Pour Ann, le simple fait qu’elle ait investi dans quelqu'un d'autre qu'elle était désagréable.
Comme sa mère avait déclaré : « Je veux me dépêcher de la rencontrer ! », et ne l’avait pas écoutée, elles étaient sorties toutes les deux pour accueillir l'invité. Elle l’avait assistée pour marcher à l'extérieur, elle qui était à bout de souffle rien que d'avoir descendu les escaliers.
Le monde débordait de soleil qui pleuvait des trous entre les branches et les feuilles des arbres. La blancheur de la peau pâle de sa mère, qui ne se déplaçait habituellement qu'à l'intérieur de la maison, ressortait trop.
——Maman est... en quelques sorte plus petite qu'avant.
Elle ne pouvait pas voir clairement son visage dans l'excès de luminosité, mais sentit que ses rides avaient augmenté. Elle serra alors fort sa poitrine.
Personne ne pouvait empêcher la mort de tendre le bras à une main malade.
Bien qu'Ann fût une enfant, elle était l'unique successeur de la famille Magnolia après sa mère. Le corps médical l'avait déjà avertie que la vie de sa mère serait courte. On lui avait aussi dit de s'y préparer. Dieu n'était pas tendre, même avec une fillette de sept ans.
—— Si c'est le cas, je veux Maman pour moi toute seule jusqu'à la fin.
Si le temps de sa mère était compté, elle voulait l'utiliser entièrement pour elle. Dans le monde de cette petite fille, qui avait une telle mentalité, un étranger s'était immiscé.
« Pardonnez-moi. »
Quelque chose d'encore plus resplendissant émergea de la route verte baignée de soleil. Dès qu'Ann "la" vit, son mauvais pressentiment fut confirmé.
—— Aah, c'est définitivement quelqu'un qui va me voler Maman.
Pourquoi avait-elle une telle pensée ? En regardant sa figure, elle ne pouvait que dire que c'était son intuition qui parlait.
"c"' était une poupée d'une beauté envoûtante.
Des cheveux dorés qui brillaient comme s'ils étaient nés du clair de lune. Des yeux bleus qui luisaient comme des pierres précieuses. Des lèvres d'un rouge éclatant si pulpeuses qu'elles semblaient avoir été pressées. Une veste bleu de Prusse par-dessus une robe à rubans blanche comme la neige, accompagnait d’une broche émeraude mal assortie. Des bottes brun-cacao de fabrication artisanale qui marchaient d'un pas assuré sur le sol.
Posant sur l'herbe une ombrelle cyan rayée à volants et un sac, elle afficha une étiquette bien plus élégante qu’elles deux à côté. « Enchantée de faire votre connaissance. Je me presse partout où mes clients pourraient le désirer. Je suis du service des poupées de souvenirs automatiques, Violet Evergarden. » Sa voix, tout aussi exquise que son apparence, résonna à leurs oreilles.
Après le choc d'avoir été submergé par une telle beauté, Ann regarda sa mère, qui était à l'aise à côté d'elle. Une expression de petite fille qui venait de tomber amoureuse était peinte sur son visage, et ses yeux étaient remplis d’étoiles qui scintillaient d'émerveillement.
—— Et, comme prévu, ce n'est pas bon.
Ann pensait à cette superbe invitée comme à quelqu'un qui allait lui voler sa mère.
Violet Evergarden était une jeune femme qui travaillait comme soi-disant "Poupée de Souvenirs Automatiques" dans le domaine du secrétariat. Ann demanda à sa mère pourquoi elle avait engagé quelqu'un de la sorte.
« Je souhaite écrire des lettres à quelqu'un, mais elles seront trop longues, donc je voulais qu'elle écrive à ma place. » dit-elle en riant.
En effet, elle comptait dernièrement sur sa bonne, même pour le bain. Écrire pendant une période prolongée serait certainement trop extrême pour elle.
« Quand même, pourquoi cette personne... ?
—Elle est belle, n'est-ce pas ?
—Oui, mais…
—C'est une célébrité dans l'industrie. Le fait qu'elle soit si attirante et qu'elle ressemble à une poupée est l'une des raisons de sa popularité, mais on dit aussi qu'elle fait un très bon travail ! En plus, avoir une femme qui écrit des lettres pour moi pendant que nous sommes seules, et qu'elle me les récite à haute voix... il n'y a pas besoin d'être un homme pour frémir ! »
Sa mère appréciait le beau, et Ann était convaincue que c’était le principal motif pour lequel la jeune femme avait été choisie.
« Si ce sont juste des lettres, je peux les écrire. »
À ses mots, sa mère rit nerveusement.
« Tu ne peux pas encore écrire les mots difficiles. De plus... ce sont des lettres que je ne peux pas te faire écrire. »
Avec sa dernière phrase, il était clair de qui serait celle qui écrirait.
—— Sûrement, elle a l’intention d’écrire à Père, hein...
Le père d’Ann avait, pour faire simple, abandonné sa famille. Il n’était jamais resté à la maison, même s’il ne travaillait pas beaucoup, et avait réussi à reprendre les affaires principales de la famille. Apparemment, sa mère l’avait épousé par amour, mais elle n’y croyait pas le moins du monde. Il ne l’avait pas visitée une seule fois après qu’elle soit tombée malade, et juste quand elles avaient pensé qu’il allait revenir après un certain temps, il ne s’était en réalité arrêté que pour prendre des vases et des peintures de la maison et les vendre, car c’était un homme pitoyable qui se réfugiait dans le jeu et l’alcool.
Il semblait avoir été dans le passé un héritier avec un avenir prometteur. Pourtant, quelques années après son mariage, son côté de la famille avait été confronté à des problèmes commerciaux mineurs, et s’était effondré, les finances étaient donc devenues dépendantes des Magnolias. De ce qu’Ann avait entendu, il semblait que la raison derrière lesdits problèmes commerciaux était son père lui-même.
Elle avalait toutes les circonstances et le méprisait. Même s’il s’était effondré une fois à cause d’un échec d’affaires, n’aurait-il pas dû continuer de faire de son mieux ? Non seulement il ne l’avait pas fait, mais il avait aussi fermé les yeux sur la maladie et les besoins de sa mère, en s’enfuyant continuellement. C’était pour cela que l’expression d’Ann se déformait rien qu’en entendant le mot "père " dans la bouche de sa mère.
« Refaire ce genre de visage... Quel gâchis de tes jolis traits. »
Son pouce massant vint étirer le froncement entre les sourcils d’Ann. Elle paraissait regretter la haine qu’elle éprouvait envers son père. Il semblait que son affection pour lui était restée la même, même si elle était si terriblement traitée.
« Ne sois pas sévère avec ton père. Les mauvaises choses ne durent pas. C’est juste ce qu’il souhaite faire en ce moment. Il a vécu toute sa vie sérieusement. C’est la vérité. Bien que nos chemins diffèrent légèrement maintenant, si nous attendons, il reviendra vers nous un jour. »
Ann avait conscience que de tels jours ne viendraient pas. Et même s’ils arrivaient, elle n’avait pas l’intention de les accueillir chaudement. Si les choses devaient se dérouler comme sa mère, qui hésitait inconsciemment, l’avait prédit, alors le fait qu’il ne soit pas venu la voir alors qu’elle était en phase terminale et qu’elle s’était fait hospitaliser à plusieurs reprises ne serait pas une échappatoire de la réalité mais un acte d’amour.
Au moins, il savait probablement qu’elle n’avait plus beaucoup de temps.
—— C’est bien sans Père.
C’était comme s’il n’avait pas été là depuis le début. Pour Ann, sa mère était la seule au monde classée dans le mot "famille". De plus, ceux qui attristaient sa mère étaient ses ennemis, même si l’un d’entre eux était son père. Tous ceux qui lui volaient son temps avec sa mère, aussi. Et si cela s’appliquait à la Poupée de Souvenirs Automatique qui était venue à la demande de sa mère, elle devrait également être un ennemi.
—— Maman est à moi.
Ann marquait tout ce qui pouvait détruire son monde et celui de sa mère comme un ennemi.
Sa mère et Violet commencèrent la rédaction des lettres assises à une table, sur d’anciens bancs blancs, sous une ombrelle arrangée dans le jardin. Leur période de contrat était d’une semaine. Il semblait qu’elle avait vraiment eu l’intention de faire écrire à Violet des lettres incroyablement longues. Peut-être qu’elles étaient adressées à plusieurs personnes.
À l’époque où elle était en bonne santé, elle donnait souvent des fêtes de salon et invitait beaucoup d’amis au manoir. Cependant, elle n’avait actuellement plus aucun contact ni implications avec ces gens.
« Il n’y a donc aucun sens à les écrire... »
Ann ne s’approcha pas des deux, mais espionna leurs actions en se cachant derrière les rideaux à la place. On lui avait dit de ne pas déranger quand sa mère écrivait ses lettres.
« Il y a besoin d’intimité même entre parents et enfants, d’accord ? »
C’était une demande cruelle pour Ann qui avait toujours été collée à sa elle.
« Je me demande de quoi elles parlent. À qui elle écrit ? Je suis curieuse... » Elle appuya sa joue contre l’encadrure de la fenêtre.
Ce n'était pas à elle de leur servir du thé et des en-cas, mais à la bonne. Elle ne pouvait donc pas se donner une façade de bonne fille pour pouvoir écouter avec indiscrétion leurs affaires internes. Elle ne pouvait que regarder, de même qu’elle ne pouvait rien faire pour sa maladie.
« Je me demande pourquoi la vie doit être comme ça... » Elle tenta de cracher une réplique d’adulte, mais comme elle avait sept ans, cela n’eut aucun effet.
En continuant à les observer avec une expression négligée, elle put remarquer beaucoup de choses. Les deux travaillaient très calmement, mais elles semblaient parfois devenir très solennelles ou beaucoup s'amuser. Pendant les moments de plaisir, sa mère riait fort et lui tapait sur la main avec force. Pendant les moments de tristesse, elle essuyait ses larmes avec un mouchoir prêté par Violet.
Sa mère était une personne aux intenses vicissitudes émotionnelles. Mais n’était-elle pas en train de trop ouvrir son cœur à quelqu’un qu’elle venait à peine de rencontrer, pensa Ann ?
—— Maman va encore être déçue...
Ann avait appris la cruauté, l’indifférence, les trahisons, et l’avidité des gens à travers sa mère. Elle s’inquiétait énormément pour cette dernière, qui était trop rapide pour se confier à qui que ce soit. Elle souhaitait qu’elle trouve simplement le moyen d’être méfiante des autres. Pourtant, elle avait peut-être l'intention de confier à cette Poupée de Souvenirs Automatiques, Violet Evergarden, le mystère qui se cachait dans son cœur.
Pendant son séjour, Violet avait été introduite dans la maison en tant qu'invitée.
À l’heure du repas, sa mère avait invité la jeune femme à se joindre à elles mais celle-ci déclina. Quand Ann demanda pourquoi, Violet répondit froidement : « Parce que je souhaite manger seule, jeune maîtresse. »
Elle la trouva étrange. À chaque fois que sa mère était hospitalisée, les repas préparés par la bonne, aussi chauds soient-ils, n’avaient aucun goût. La nourriture qu’elle devait manger seule était simplement trop ennuyeuse.
C’était le but des repas.
Lorsqu'elle surprit la bonne à livrer le dîner de Violet dans sa chambre, elle affirma que ce serait elle qui le ferait. Afin de connaître l'ennemi, elle devait d'abord interagir avec lui.
Le menu était composé de pain de mie, de soupe de légumes au poulet et aux haricots colorés, de pommes de terre et d'oignons frits garnis de sel, d'ail et de poivre, de rosbif en sauce et de sorbet aux poires en dessert. C'était la coutume dans la maison Magnolia. Bien que cela puisse être considéré comme plutôt luxueux, comme Ann avait grandi dans un environnement riche, cela lui semblait évident.
« Ça n'aide pas que maman ait négligé ça. Nous devons augmenter la quantité de viande pour demain. Et pas de sorbets, il faut que ce soit un gâteau. D'une certaine façon... c'est une invitée. »
Ne pas oublier l'hospitalité, quoi qu'il arrive, était le don des bonnes familles.
En arrivant à une porte en bois de chêne - celle de la chambre d'amis -, elle appela, les mains occupées par un plateau : « Hé, c'est l'heure du dîner.»
Des bruissements vinrent de l'intérieur et, après une pause, Violet ouvrit la porte et sortit sa tête.
Ce faisant, Ann grommela : « C'est lourd. Dépêchez-vous et prenez-le !
——Je suis terriblement désolée, Jeune Maîtresse. » Elle accepta immédiatement le plateau en s'excusant, mais comme son expression était trop indifférente, aux yeux d'un enfant, elle avait un air sinistre.
Ann jeta un coup d'œil par la porte ouverte, derrière Violet, qui plaça le plateau sur un bureau. Comme la bonne nettoyait régulièrement la chambre, elle était bien rangée. Elle remarqua alors les bagages posés bien en évidence sur le lit. Il s'agissait d'un sac à roulettes en cuir plein d'autocollants de divers pays. Le sac était ouvert, un petit pistolet dépassant de l'intérieur.
Au moment où un "ah" lui traversa l'esprit, Violet se retourna. Comme dans un spectacle de pantomime, les deux se déplacèrent continuellement en parfaite synchronisation. Finalement, elle abandonna.
« Jeune Maîtresse, un pistolet est-il quelque chose d’habituel pour vous ?
—Qu’est-ce que c’est ? C’est un vrai ? »
Alors qu’Ann l’interrogeait avec enthousiasme, Violet répondit :
« L'autodéfense est une nécessité pour les femmes qui voyagent seules, après tout.
—Qu’est-ce que 'l’autodéfense' ?
—Pour se protéger, jeune maîtresse. »
Lorsqu’elle plissa légèrement les yeux, son corps trembla au mouvement de ses lèvres. Si elle avait été un peu plus âgée, la petite fille aurait probablement reconnu sa propre réaction comme un signe de fascination.
Une femme capable de paralyser les gens avec sa voix et ses gestes était magique. Ann se sentait bien plus menacée par les charmes de Violet que par le fait qu'elle portait une arme à feu.
« Alors vous... tirez avec cette chose ? »
Alors qu'elle imitait la forme d'un pistolet avec ses mains, Violet redressa immédiatement son bras. « S'il-vous-plaît, entourez davantage les côtés. Si votre main est relâchée, vous ne pourrez pas résister au recul.
—Ce n'est pas la situation réelle. C'est un doigt.
—Même ainsi, cela devrait être suffisant pour servir d'entraînement pour un moment où vous pourriez en avoir besoin. »
Qu'est-ce que cette poupée de souvenirs automatiques était en train de dire à un enfant ?
« Ne le savez-vous pas ? Les femmes ne sont pas censées utiliser ce genre de choses.
—Il n'y a pas de différence entre les femmes et les hommes quand il s'agit de posséder des armes », répondit Violet sans hésiter, et Ann pensa qu'elle était la plus classe.
« Pourquoi avez-vous ça avec vous ?
—Le prochain endroit où je vais être envoyée est une zone de conflits... Soyez tranquille. Je ne l'utiliserai pas ici.
—Évidemment ! »
Devant son attitude acerbe, Violet força légèrement une question par curiosité :
« N'y a-t-il pas de telles armes dans ce manoir ?
—Les maisons normales n'ont pas cela. »
Elle lui lança un regard perplexe. « Mais alors que faites-vous si un jour un voleur apparaît ? » Paraissant vraiment douteuse, elle pencha la tête. Ainsi, ses traits de poupée ressortaient encore plus.
« Si quelqu'un comme ça se présente, tout le monde le saura tout de suite. C'est la campagne, après tout. C'était la même chose quand vous êtes arrivée.
—Je vois. Cela pourrait expliquer le faible taux de criminalité dans les zones dépeuplées. » Hochant la tête comme si c’était une leçon, elle avait l'air d'une enfant.
« Tu es...plutôt... bizarre » déclara Ann en pointant son index vers elle.
Bien qu'elle ne l'ait dit que par dépit, à cet instant, les coins de la bouche de Violet se levèrent juste un peu pour la première fois. « Jeune maîtresse, ne devriez-vous pas aller dormir ? Veiller tard est préjudiciable aux femmes. »
À cause de son sourire inattendu, Ann fut dans une certaine mesure soufflée et ne put rien dire d'autre. Teintées de rouge, ses joues dénonçaient la vérité derrière ses palpitations.
« J-je vais dormir. Tu devrais dormir aussi, ou sinon, Maman va te gronder.
—Oui.
—Si tu restes debout encore plus tard que ça, des monstres viendront te dire que tu dois aller dormir.
—Bonne nuit, jeune maîtresse. »
Elle ne pouvait plus supporter de rester ou même de se tenir debout là, et quitta l'endroit à la hâte. Cependant, en s'éloignant, elle se sentit curieuse, et jeta dès la seconde suivante un regard en arrière. Elle pouvait voir Violet tenir le pistolet au-delà de la porte qui était encore à moitié ouverte. Ses expressions étaient pour la plupart figées, et il était donc difficile de dire si elle avait changé d'humeur. Cependant, même la jeune Ann put comprendre en un seul regard ce qu'elle avait semblé ressentir à ce moment-là.
—— Ah, un peu...
Elle se sentait un peu seule.
L’arme brutale, féroce à laquelle elle s’accrochait contrastait avec son apparence. Ann pouvait difficilement imaginer s'attacher à elle, mais elle devenait pourtant familière avec les gants noirs qui couvraient ses mains. Avec ces mêmes mains, Violet pressa le derrière du pistolet qu'elle tenait contre son front dans un choc. Son visage était pareil à celui d’un pèlerin murmurant une prière. Avant de tourner au coin du hall, ses oreilles purent saisir ladite prière.
« Donnez-moi un ordre, s'il-vous-plaît. » demanda-t-elle.
Son cœur commença soudainement à battre plus rapidement.
—— Mon visage est rouge. Ça pique.
Elle ne comprit pas bien la raison de ces palpitations, mais c'était parce qu'elle avait entrevu un côté adulte de Violet.
—— C'est étrange. Même si je n'aime pas cette personne, elle m'intéresse.
L'intérêt était juste un pas derrière l’amour. Ann ne savait pas encore que, parfois, les sentiments tels que "aimer" et "ne pas aimer" pouvaient facilement s'inverser.
Son observation se poursuivit même après cela. La rédaction semblait bien avancer, au vu de l'augmentation de la liasse de lettres. Violet regardait discrètement dans sa direction de temps en temps, ce qui l'amenait à se demander si elle était consciente du fait qu'elle regardait par la fenêtre. À ces moments-là, son cœur battait à la chamade. Elle finit par prendre l'habitude de s'agripper à sa poitrine, au point que ses vêtements se froissaient à cet endroit.
La petite fille continua de changer.
« Hé, hé. Hé, j'ai dit ! Met un ruban dans mes cheveux.
—Compris. »
Bien qu'elle soit triste que sa mère soit monopolisée, elle ne pouvait se résoudre à être en colère.
« Quel est ce pain si dur qu'on ne peut pas mordre dedans ?
—Je crois qu'il va ramollir s'il est trempé dans la soupe ; n'est-ce pas ? »
Pendant les pauses entre l'écriture des lettres, Ann lui courait après par inadvertance et passait du temps avec elle.
« Violet, Violet.
—Oui, jeune maîtresse ? »
Avant de le réaliser, au lieu d'être référée à un "vous" dégradant, elle se faisait appeler par son nom.
« Violet, lis-moi des livres, danse avec moi et attrape avec moi des insectes à l'extérieur !
—Veuillez établir l'ordre de priorité, s'il-vous plaît, jeune maîtresse. »
Violet avait du mal à la suivre, mais ne la négligeait en aucune façon.
——Quelle personne bizarre. Je deviens aussi un peu bizarre quand je suis avec elle.
Bien qu'elle n’aimât pas cela, elle devint obsédée par la jeune femme.
Les temps de paix connurent par la suite une fin soudaine.
La mère d'Ann était allée un peu mieux quelques jours après l'arrivée de Violet, mais sa condition physique déjà mauvaise s'était progressivement détériorée. Peut-être avait-elle commis une erreur en s'exposant au vent à l'extérieur. Elle avait de la fièvre, et l'agitation à ce sujet était telle qu'un médecin avait été appelé au manoir. Mais même dans une telle situation, elles n'avaient pas arrêté leur travail. Elle s'allongeait sur son lit pendant que Violet reprenait la frappe des lettres, assise à son chevet.
Inquiète du changement de l'état de sa mère, Ann vint voir comment les choses se passaient dans la chambre et tenta de la persuader. Elle voulait qu'elle arrête d'écrire des lettres.
Cela serait un problème si elle laissait la flamme de vie qui lui restait se dissiper à cause de simples lettres. C’était tout à fait inacceptable. Alors même qu’on lui refusait l’accès à la pièce, elle y entrait avec force avec de continuelles objections.
« Pourquoi tu te donnes tant de mal pour écrire ces lettres ? Les docteurs disent que c'est inutile...
—Si je ne les écris pas maintenant, je ne pourrai peut-être jamais le faire. Ce n’est pas grave. Tu vois, c’est... parce que ma tête ne va pas si bien que, lorsque je récitais, j’ai fini par avoir cette fièvre psychologique. Comme c’est désagréable... »
Sa mère sourit faiblement, mais Ann fut incapable de lui rendre la pareille. Ce sourire transperça son cœur.
Les moments joyeux avaient disparu comme s’ils avaient été un mensonge et la réalité amère était brusquement revenue.
« Maman, arrête ça. »
Bien que sa mère ait été en bonne santé dix secondes auparavant, elle pouvait arrêter de respirer en trois minutes environ. La tristesse de vivre avec quelqu'un dans de telles circonstances refit surface.
« S’il-te-plaît, n’écris plus ces lettres. »
Si faire cela devait lui donner des fièvres... si faire cela devait raccourcir sa vie...
«S’il-te-plaît, s’il-te-plaît... »
...même si c’était quelque chose qu’elle souhaitait, Ann ne voulait pas qu’elle le fasse.
« Arrête ça ! »
Son anxiété et sa tristesse accumulées éclatèrent à cet instant. Elle-même fut surprise par sa propre voix, qui s’était fait entendre bien plus forte que ce qu’elle avait imaginé.
À ce moment, elle finit par cracher en une fois tout l’égoïsme qu’elle n’évacuait normalement jamais : « Maman, pourquoi tu ne m’écoutes jamais ? Tu préfères être avec Violet plutôt qu’avec moi ? Pourquoi tu ne me regardes pas ? »
Il aurait peut-être été mieux pour elle de le dire de manière plus aimable. Elle avait accidentellement laissé sa détresse se manifester.
Avec une voix tremblante, elle finit par demander sur un ton accusateur : « Tu... n’as pas besoin de moi ? »
Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’on s’occupe d’elle.
Sa mère secoua la tête avec de grands yeux à ces mots. « Ce n'est pas ça. Il n’y a pas moyen que ce soit le cas. Quel est le problème, Ann ? » paniqua-t-elle tout en essayant de lui remonter le moral.
Ann évita la main qui s'était tendue pour lui caresser la tête. Elle ne voulait pas qu'on la touche.
« Tu n’écoutes pas du tout ce que je dis.
—C’est parce que j’écris ces lettres.
—Ces lettres sont-elles plus importantes que moi ?
—Ann, il n’y a rien de plus important que toi.
—Menteuse... !
—Ce n’est pas un mensonge. »
La voix de sa mère était calme et pleine de chagrin. Pourtant, Ann n’empêchait pas ses reproches de sortir. Son ressentiment face à la façon dont les choses ne se passaient pas comme elle l'espérait se vida hors d’elle.
« Menteuse ! Tu as toujours été une menteuse ! À chaque fois... À chaque fois, ce ne sont que des mensonges ! Maman, tu n’as pas du tout guéri ! Alors que tu disais que tu irais mieux à nouveau ! »
Après avoir dit ce qu’elle n’aurait pas dû dire, Ann le regretta immédiatement. C'était le genre de phrase que l'on disait normalement dans une lutte sans amour entre un parent et son enfant. Mais ce jour-là, c'était une exception. Sa mère, rouge de fièvre, resta souriante tout en se taisant.
« Maman, hé... » appela-t-elle. La tension de son coup de tête du moment s'était soudainement dissipée. Pourtant, alors qu'elle essayait de parler, sa bouche fut couverte par un toucher.
« Ann, s’il te plaît, pars un moment. »
Des larmes coulaient des yeux de sa mère qui chuchotait. Les grosses gouttelettes se détachaient et finissaient par tomber en cascade sur ses joues. Ann était choquée qu’elle, qui souriait sans cesse malgré la douleur qu'elle devait endurer à cause de sa maladie, laisse en réalité voir ses larmes.
—— Maman pleure.
Comme elle n’était pas du genre à pleurer, Ann avait cru que les adultes étaient des créatures qui ne versait jamais de larmes. Après avoir réalisé que ce n'était pas le cas, le fait qu'elle avait fait quelque chose de terrible résonna dans son esprit.
—— J’ai blessé Maman.
Même si Ann savait qu'elle ne devait pas, plus que quiconque, se placer devant sa mère, et même si elle était convaincue que la tâche de la protéger le plus possible lui revenait, elle l’avait fait pleurer.
«M-Ma... » tenta-t-elle de s'excuser, mais elle fut chassée par Violet, qui la traîna hors de la pièce comme s'il s'agissait d'un petit chien. « Stop ! Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! » s'exclamait-elle, laissée seule dans le couloir car elle ne pouvait pas résister.
Les sanglots de sa mère pouvaient être entendus depuis l’autre côté de la porte.
« M... Maman... » Elle s'accrocha à la porte, désemparée. « Hé, maman... »
—— Pardon. Pardon de te faire pleurer. Ce n’était pas mon intention.
« Maman ! Maman ! »
—— Je voulais juste que tu prennes soin de ton propre corps. Pour que... Pour que... Je puisse être avec toi même une seconde de plus, si possible.
« Maman...»
—— C’était ça.
« Maman, hé ! »
——Est-ce c’est... de ma faute ?
À cause de la frustration de ne recevoir aucune réponse, sa solitude s'accentua. Elle essaya de frapper ses poings violemment contre la porte. Cependant, même sans lui faire mal, ses mains devinrent faibles et tombèrent engourdies.
—— Est-ce que j'étais égoïste ?
Une mère qui était aux portes de la mort. Une fille qui serait livrée à elle-même.
—— Est-ce qu'être avec elle…était quelque chose de si mal à souhaiter ?
Une mère qui continuait d'écrire des lettres, car elle risquait de ne plus en être capable dans le futur. Une fille qui détestait cela.
Les larmes qui avaient séché étaient sur le point de jaillir à nouveau. Ann inhala profondément et hurla dans un souffle : « Quelqu'un d'autre est-il plus important que moi pour Maman ?! » Alors que ses cris sortaient, elle se mit à brailler. Sa voix était sourde, son timbre tremblant. « Maman, n'écris pas de lettre et passe du temps avec moi ! » supplia -t-elle.
Gémir quand leurs demandes ne pouvaient pas être satisfaites était simplement ce que faisaient les enfants.
« Sans toi, je serais seule ! Toute seule ! Combien de temps cela va durer ? Je veux être avec toi autant que je peux. Si je vais rester seule après cela, arrête d'écrire ces lettres... Pour l'instant, sois avec moi ! Avec moi ! »
C'était cela ; Ann n'était qu'une enfant.
« Sois avec moi... »
Encore trop jeune pour pouvoir faire quoi que ce soit, elle était une simple enfant qui avait vécu à peine sept ans et qui adorait sa mère.
« Je veux...être avec toi... »
C'était quelqu'un qui, en réalité, avait toujours, toujours pleuré le destin qui lui était accordé par Dieu.
« Jeune Maîtresse. »
Violet sortit de la pièce. Elle regarda Ann, dont le visage était mouillé de larmes. Alors que la petite fille pensait juste que c'était clairement un traitement froid, une main se fraya un chemin vers son épaule. La chaleur de ce geste calma son hostilité.
« Il y a une raison pour que je vous prive du temps avec votre mère. Ne lui en voulez pas, s'il-vous-plaît.
—Mais... Mais... Mais... ! »
Violet s'accroupit pour rencontrer son champ de vision. « Il est évident que la Jeune Maîtresse est forte. Même avec un si petit corps, vous avez déjà reconnu la maladie de votre mère. Les enfants habituellement ne se plaignent pas ou ne prennent pas soin de quelqu'un à ce point. Vous êtes une personne très respectable, Mademoiselle Ann.
—Ce n'est pas ça. Ce n'est pas ça du tout... Je voulais juste... être avec Maman un peu plus...
—Madame veut la même chose. »
Les mots de Violet ne ressemblaient à rien d'autre que de la pitié.
« Mensonges, mensonges, mensonges, mensonges... Je veux dire... Elle s'occupe de ces lettres pour quelqu'un que je ne connais plutôt que de moi. Même s'il n'y a personne d'autre dans cette maison qui s'inquiète vraiment pour Maman ! »
__ Tout le monde, tout le monde est préoccupé par l'argent.
« Je suis la seule... Je suis la seule à prendre soin de Maman ! »
De la façon dont ses yeux brun foncé les voyaient, les adultes et tout ce qui s'y rapportait étaient enveloppés de fabrications.
Ses épaules frissonnèrent lorsque ses larmes coulèrent goutte à goutte sur le sol. Déformée par ses sanglots, sa vision était aussi floue que lui semblait le monde. Combien de choses au juste y étaient vraiment réelles ?
« Quand bien même... »
La petite fille pensait que, peu importe le temps qu'elle vivrait ensuite, si le monde était rempli de tant d'hypocrisie et de trahison dès le début de la vie de chacun, le futur n'avait pas à venir.
« Quand bien même... »
Le nombre de choses qu'elle jugeait vraies pouvait être compté sur une main. Elles brillaient sans relâche dans un monde si faux. Avec elles, elle pouvait tolérer n'importe quelle sorte de crainte.
« C'est comme ça... Mais quand bien même... »
__ Même si je n'aurais besoin de rien d'autre tant que Maman est avec moi...
« Quand bien même, je ne suis pas celle que Maman aime le plus ! »
Alors qu'elle hurlait, Violet plaça son index contre ses lèvres à une vitesse qui ne pouvait pas être perçue par des yeux humains. Le corps d'Ann frémit un instant. Sa voix s'arrêta net. Dans le couloir, on pouvait encore entendre les sanglots de sa mère derrière la porte.
« S'il s'agit de moi, vous pouvez être aussi en colère que vous le voulez. Frappez-moi, donnez-moi des coups de pieds ; je n'en tiendrai pas compte peu importe ce que vous faites. Cependant... s'il vous plaît, abstenez-vous d'utiliser des mots qui attristeraient votre chère, honorable mère, pour votre propre bien aussi. »
Lorsqu'elle lui dit cela avec un visage sévère, les larmes commencèrent rapidement à se former à nouveau dans ses yeux. Les pleurs qu'elles avaient réprimés et ravalés étaient frais et douloureux.
« Suis-je dans le tort ?
—Non, il n'y a pas une seule chose pour laquelle vous êtes responsable.
—Parce que je suis une mauvaise fille, Maman est devenue malade, et... va bientôt... »
——... mourir ?
Violet répondit à sa question dans un chuchotement avec un ton qui était encore un peu désintéressé mais imperturbable : "Non."
Les larmes s'échappèrent de ses yeux capricieux.
« Non, la Jeune Maîtresse est une personne très gentille. Les maladies ne sont pas liées à cela. C'est... quelque chose que personne ne peut prédire et contre lequel on ne peut rien faire. Juste comme le fait que je ne peux plus avoir une peau aussi douce que la vôtre à la place de mes bras robotisés, c'est quelque chose qui ne peut pas être évité.
—Alors, est-ce la faute de Dieu ?
—Même si c'était le cas, même si cela ne l'était pas... nous pouvons seulement nous concentrer sur comment nous devrions vivre la vie que l'on nous a accordée.
—Que... devrais-je faire ?
—Pour l'instant, Jeune Maîtresse... vous êtes libre de pleurer. » Violet ouvrit ses bras, ses parties mécaniques laissant échapper un léger bruit. « Si vous ne voulez pas me frapper, je peux vous prêter mon corps à la place ? »
Cela pouvait être interprété en "vous pouvez sauter et me prendre dans vos bras", même si elle ne paraissait pas du genre à dire de telles choses. Ann pouvait pleurer en sécurité, pour ainsi dire. Sans hésiter, elle l’enserra.
Portait-elle du parfum ? Elle sentait comme plusieurs fleurs différentes.
« Violet, ne m'enlève pas Maman » dit-elle alors qu'elle pressait étroitement son visage contre sa poitrine, la trempant de larmes. « Ne vole pas mon temps avec Maman, Violet.
—Pardonnez-le s'il vous plaît pour seulement quelques jours.
—Alors, dis au moins à Maman que ça ira si je reste à ses côtés pendant que tu écris. Ce n'est pas grave si vous deux m'ignorez ; je veux juste être proche d'elle. Je veux être à ses côtés et serrer sa main fort.
—Mes excuses, mais ma cliente est Madame, et non la Jeune Maîtresse. Il n'y rien que je puisse faire pour changer cela. »
—— Je ne peux vraiment pas supporter les adultes, après tout, pensa Ann.
« Je te déteste... Violet.
—Mes plus profondes excuses, Jeune Maîtresse.
—Pourquoi écris-tu des lettres ?
—Parce que les gens ont des sentiments qu'ils souhaitent livrer aux autres. »
Ann savait qu'elle n'était pas le centre du monde. Malgré tout, le fait que les choses ne se passaient jamais comme elle le désirait fit couler d'autres larmes de frustration.
« Les choses comme ça n'ont pas besoin d'être livrées... »
Violet continua simplement de serrer Ann dans ses bras, qui se mordit la lèvre de dépit. « Il n'est pas de lettre qui n'ait pas besoin d'être livrée, Jeune Maîtresse. »
Il sembla que ses mots étaient destinés à elle-même plutôt qu'à la fillette. Ann se demanda pourquoi. À cause de cela, la phrase était en quelque sorte gravée dans son esprit.
Le temps que passa Ann Magnolia avec Violet Evergarden fut seulement d'une semaine. Sa mère réussit à finir d'écrire les lettres d'une manière ou d'une autre, et Violet quitta avec réticence le manoir une fois la période de contrat terminée.
« Tu vas dans un endroit dangereux, n'est-ce pas ?
—Oui, puisque quelqu'un m'attend là-bas.
—Tu n'as pas peur ?
—Je me presse partout où mes clients pourraient le désirer. C'est le but de la Poupée de Souvenirs Automatiques Violet Evergarden. »
« Est-ce que je peux t'appeler si je rencontre un jour quelqu'un à qui j'ai envie d'écrire des lettres ? » fut la question qu'elle ne put se résoudre à poser.
Et si elle mourait à l'endroit où était son prochain client ? Et même si cela ne devrait pas être le cas, que se passerait-il si Ann finissait par ne jamais trouver quelqu'un à qui elle aimerait écrire ? En pensant à cela, elle fut incapable de le demander.
Pendant qu'on lui disait au revoir, elle ne se tourna qu'une seule fois et lui fit signe de la main.
Ce fut plusieurs mois après le départ de la jeune femme que la maladie de la mère d'Ann atteignit son paroxysme. Elle décéda rapidement. Ceux qui prirent soin d'elle dans ses derniers instants furent sa fille et sa bonne.
Jusqu'à ce qu'elle ferme les yeux, Ann chuchota continuellement : « Je t'aime, Maman. »
Sa mère hocha simplement la tête lentement : « Oui, oui. »
Par un jour tranquille d'un calme printemps, sa chère mère mourut.
À partir de ce point, Ann devint extrêmement occupée. Concernant son héritage, après une discussion avec des avocats, elle décida de geler les multiples comptes en banque de famille jusqu'à sa majorité, embaucha un précepteur privé au manoir et étudia dur. Comme il était difficile pour elle de se séparer de la terre qui portait les profonds souvenirs de sa mère, elle obtint son diplôme bachelier à distance.
Elle ne revit jamais son père. Il avait assisté aux funérailles, mais ils avaient à peine échangé deux ou trois mots.
Après la mort de sa mère, il cessa complètement de venir à la maison. Son insouciance avec l'argent prit fin également. Ann ne demanda pas directement la raison derrière son changement d'état d'esprit, mais elle pensa qu'elle devait être bonne.
Après avoir obtenu son diplôme, elle ouvrit un cabinet de conseil juridique à domicile. Elle ne gagnait pas beaucoup, mais comme elle n'avait plus de bonne, c'était à peu près suffisant pour subvenir à ses besoins. Elle était aussi au milieu d'une histoire d'amour avec un jeune entrepreneur qui venait souvent la consulter.
Comme elle ne succombait pas à son désespoir même après avoir perdu sa mère à l'âge de sept ans, les gens lui demandaient : « Comme se fait-il que vous ne vous effondriez pas ? »
À cela, elle répondait : « Parce que ma mère veille toujours sur moi. »
Sa mère était, évidemment, décédée. Ses os résidaient dans un caveau familial où ses ancêtres étaient enterrés depuis des générations.
Pourtant, Ann disait : « Ma mère m'a corrigé et guidé tout ce temps. Même maintenant.»
Il y avait une raison pour laquelle elle affirmait cela tout en souriant.
Son huitième anniversaire avait été le premier après le décès de sa mère. Un paquet était arrivé pour elle ce jour-là. Il contenait un gros ours en peluche avec un ruban rouge. Le nom de l'expéditeur du cadeau était celui de défunte sa mère, et il était accompagné d'une lettre.
Joyeux huitième anniversaire, Ann. Beaucoup de choses tristes ont pu arriver. Il peut y en avoir plusieurs autres sur lesquelles il faut travailler dur. Mais n'abandonne pas. Même si tu te sens seule et que tu pleures, n'oublie pas : Maman t'aimera toujours, Ann.
C'était indubitablement l'écriture de sa mère. À cet instant, l'image de Violet Evergarden avait refait surface dans le fond de sa pensée. S'était-elle mélangée avec les lettres qu'elle avait écrites ? Si c'était le cas, ce n'était pas naturel. Dans le passé, bien que sa mère ait dit qu'elle allait écrire des lettres, tout avait été couché sur le papier par Violet Evergarden. Se pouvait-il que la Poupée de Souvenirs Automatiques fût allée jusqu'à imiter son écriture ?
Sous le choc, en questionnant l'agence postale qui l'avait livré, elle apprit que la compagnie avait signé un contrat sur le long terme avec sa mère et qu'elle était censée envoyer des cadeaux à son anniversaire chaque année. De plus, la personne qui avait écrit la lettre était Violet Evergarden, et toutes les autres qu'elle avait transcrites avaient été soigneusement conservées.
Elle n'avait pas reçu de réponse en demandant pour combien de temps les lettres seraient livrées, à cause du secret du contrat, mais elles étaient arrivées chaque année suivante. Même quand elle eut quatorze ans.
Tu es déjà devenue une merveilleuse demoiselle maintenant. Je me demande si tu as trouvé un jeune garçon qui te plaît. Ta manière de parler et ton attitude sont un peu puériles, alors sois prudente.
Je ne peux pas te donner de conseils concernant la romance, mais je te protégerai de sorte que tu ne sois pas impliquée avec un mauvais garçon. Il s'agit d'Ann, qui a toujours été plus ferme que moi, après tout. Même si je ne le fais pas, il est certain que, si c'est toi qui choisis, ce sera une personne vraiment formidable. N'aie pas peur de l'amour.
Même quand elle eut seize ans.
Es-tu déjà montée dans une voiture ? Serais-tu surprise si Maman te disait qu'elle pouvait en réalité y monter aussi ? Je conduisais beaucoup dans le passé. Mais je me faisais arrêter par les gens qui étaient avec moi. Ils devenaient bleus.
Mon cadeau pour ton anniversaire est une voiture d'une couleur qui te va bien. Utilise simplement la clé ci-jointe. Mais je me demande si elle est considérée maintenant comme un modèle classique. Ne dis pas que c'est "nul", d'accord ? Maman a hâte que tu deviennes capable de voir différents mondes.
Même quand elle eut dix-huit ans.
Je me demande si tu es mariée maintenant. Que dois-je faire ? Devenir une épouse à un jeune âge est difficile à bien des égards. Mais ton enfant sera certainement beau, que ce soit un garçon ou une fille. Maman te le garantis.
Je ne veux pas dire précipitamment que l'éducation des enfants est dure, mais... les choses que tu as faites qui m'ont rendue heureuse, les choses que tu as faites qui m'ont rendue triste... Je veux que tu élèves ton enfant en les gardant à l'esprit. Tout ira bien. Peu importe l'insécurité que tu pourrais ressentir, je suis là. Je serai à tes côtés. Même si tu deviens mère, tu es toujours ma fille, alors tu peux laisser échapper un cri de temps en temps. Je t'aime.
Même quand elle eut vingt ans.
Tu as déjà vécu vingt années maintenant. Incroyable ! Et dire que le petit bébé que j'ai mis au monde est devenu si grand ! La vie est vraiment bizarre. Je suis triste de ne pas avoir pu te voir devenir une belle jeune femme. Non, mais je veillerai sur toi depuis le ciel.
Aujourd'hui, demain, après-demain ; tu resteras toujours une beauté, ma Ann. Même si les gens désagréables te découragent, je peux l'affirmer en bombant le torse : tu es magnifique et la plus classe des jeunes filles. Aie confiance et va de l'avant en assumant pleinement tes responsabilités envers la société.
Tu as réussi à vivre aussi longtemps parce que d'innombrables personnes se sont occupées de toi. C'est grâce à la structure de la communauté où tu te trouves. On t’a beaucoup aidée sans que tu le saches. À partir de maintenant, pour le rembourser, travaille même pour ma part s'il te plaît.
Je plaisante, désolée. Tu es une bosseuse, alors dire quelque chose comme ça est exagéré. Sois forte et profite de la vie, ma chérie. Je t'aime.
Les lettres continuèrent de lui parvenir pour toujours. Les mots que sa mère avait écrits étaient récités dans l'esprit d'Ann par une voix qu'elle oubliait parfois.
Autrefois, les sentiments de sa mère malade lui avaient tous été adressés. Chacun d'entre eux était une future carte d'anniversaire pour sa fille bien-aimée. Ce qui signifiait que la personne dont Ann avait été jalouse était elle-même.
« Il n'est pas de lettre qui n'ait pas besoin d'être livrée, Jeune Maîtresse. » Les mots de Violet résonnaient dans ses oreilles au-delà des frontières du temps.
Les lettres continuèrent de trouver leur chemin vers elle, même quand elle se maria et eut un enfant. Elle - une jeune femme aux longs cheveux noirs ondulés, qui vivait dans un énorme manoir qu'elle possédait, situé loin de la ville- s'assurait de sortir le matin, un certain jour d'un certain mois. Elle attendait en contemplant le paysage qui s'étendait devant elle.
Lorsque ses oreilles perçurent le bruit du vélo du facteur vêtu d'une redingote verte, elle se leva, les yeux brillants. Son visage, alors qu'elle patientait anxieusement en se demandant "Est-ce maintenant ? Est-ce maintenant ?" ressemblait certainement à celui de sa défunte mère.
Le facteur arriva à la résidence, et lui tendit un énorme paquet avec un sourire en coin. Il était au courant des cadeaux qui lui étaient envoyés chaque année, et lui offrit également des mots chaleureux : « Félicitations pour votre anniversaire, Madame. »
Elle répondit avec des yeux brun foncé légèrement humides : « Merci. »Et, enfin, elle posa la question qu'elle voulait depuis si longtemps poser : « Dites, connaissez-vous Violet Evergarden ? »
La poste et l'industrie du secrétariat étaient liées étroitement. Lorsqu'Ann l'interrogea, son cœur battant à la chamade, le facteur répondit avec un large sourire : « Oui, puisqu'elle est célèbre. Elle est toujours active. Bien, dans ce cas... »
Elle regarda le facteur partir, caressant le cadeau avec un sourire. Ses larmes coulèrent lentement. Toujours en souriant, elle gémit un peu.
—— Ah... Maman, as-tu entendu cela à l'instant ?
Cette femme travaillait toujours comme Poupée de Souvenirs Automatique. La personne avec qui elle avait partagé une partie de son temps se portait toujours bien, exerçant toujours la même profession.
——Je suis heureuse. Je suis vraiment heureuse, Violet Evergarden.
Depuis l'intérieur de la maison, elle put entendre un appel : « Maman ! »
Elle se tourna dans la direction de la voix. Quelqu'un lui faisait signe de la main à la fenêtre où elle observait jadis sa mère et Violet Evergarden. C'était une petite fille avec des cheveux légèrement ondulés qui ressemblait fortement à Ann elle-même.
« Un autre cadeau de Grand-mère ? »
Ann acquiesça d'un hochement de tête à sa fille qui souriait innocemment. « Oui, c'est arrivé ! » répondit-elle avec enthousiasme, lui faisant signe à son tour.
À l'intérieur de la maison, sa fille et son mari étaient sur le point de commencer sa fête d'anniversaire. Elle devait se dépêcher. Pleurant doucement, elle marcha vers le manoir, perdue dans ses pensées.
—— Hé, Maman. Tu as dit avant que tu voulais que je donne à mon enfant tout le bonheur que tu as connu, n'est-ce pas ? Ces mots... m'ont rendue incroyablement heureuse. Ils ont vraiment résonné en moi, je pense. C'est pour cela que je vais faire ce que tu as fait. Mais ce n'est pas une excuse pour voir cette personne. C'est une partie de la raison, mais pas tout. Moi aussi... j'ai des sentiments que je veux transmettre. Même plusieurs années après notre première rencontre, j'ai l'intuition qu'elle n'aura absolument rien changé. Avec ses beaux yeux et sa voix douce , elle écrira sur mon amour pour ma propre fille. Violet Evergarden est ce genre de femme, celle qui ne déçoit pas. Au contraire, elle était le type de Poupée de Souvenirs Automatiques que l'on voulait voir encore une fois travailler. Quand je la verrai à nouveau, je la remercierai et lui demanderai pardon sans réserve. Après tout, je ne suis plus cette petite fille qui ne pouvait rien faire d'autre que pleurer.
Ann Magnolia n'oublierait jamais la femme qui l'avait serrée dans ses bras quand elle était plus jeune.
Je ... me souviens.
Qu'elle était venue.
Que, assise là, calmement, elle écrivait des lettres.
Je... me souviens.
Le visage de cette personne, et de ma mère souriant gentiment.
Cette vision... certainement...
Je ne l'oublierais pas, même dans la mort.
Précédent | Suivant
3 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
Hello, juste pour vous dire que j’ai ENFIN terminé la traduction du deuxième chapitre, je souffle un peu puis j’entame la mise en page et les rectifications
Je tiens à sincèrement m’excuser pour le délai, je pense que peu de gens l’attendent, mais quand même. Il faut dire que les temps sont dûrs et je n’y échappe pas.
Prenez soin de vous
4 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
Tumblr media
J’ai terminé de relier les deux versions (bilingue & uniquement en français) du premier chapitre ! Je trouve que ça rend vraiment bien !!
PS : la traduction du deuxième chapitre avance, lentement mais sûrement ;)
3 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
Violet Evergarden Index
Tumblr media
Bonjour à tous ! Vous voici sur mon blog de traduction : bienvenue !
La première œuvre que j'ai décidé de traduire est le light-novel Violet Evergarden, de Kana Akatsuki.
Si vous le pouvez, achetez l'oeuvre originale ici
J'ai traduit depuis la version anglaise, faite par @dennou-translations disponible ici sur Tumblr. Il serait donc mieux, pour être au plus près du texte, d'aller lire cette version là, mais si vous vous sentez mieux avec celle-ci, tant mieux, je n'aurais pas fait ça pour rien !
Ma traduction est amateur, mais je me suis efforcée de rester au plus près du texte possible, pour limiter un maximum l'écart entre l'originale et celle-ci. Néanmoins, je peux m'être trompée : toute correction est donc la bienvenue !
Si vous comptez traduire mon travail dans une autre langue, contactez-moi ici
En espérant que ça vous plaise !
Volume I
Chapitre 1 Partie 1 Partie 2
Chapitre 2
Chapitre 3
8 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
Volume I, Chapitre 1 (Partie 2)
Après trois jours supplémentaires passés avec Violet, Oscar se tint à nouveau sur ses lourds pieds. Il était inspiré par une scène spécifique. 
L'histoire qu'il faisait écrire à Violet racontait les mystérieuses aventures d'une fille solitaire. Ayant quitté sa maison, elle entrait en contact avec de nombreuses personnes, dans des endroits en tous genres, et ainsi, grandissait. 
Sa source d’inspiration était sa fille décédée. 
À la toute fin, elle reviendrait au foyer qu’elle avait quitté. Son père, qu'elle avait laissé derrière elle, l'attendrait, incapable de dire si c'était bien elle, tant elle avait grandi. La fille, découragée, le supplierait de se souvenir, évoquant la promesse qu'ils avaient échangée dans le passé. 
Qu'elle lui montrerait un jour qu'elle pouvait traverser le lac proche de leur maison en marchant sur les feuilles tombées sur l'eau. 
"Les humains ne peuvent pas marcher sur l'eau.
__ Je veux juste l'image. Dans l'histoire, je vais la faire assister par un esprit aquatique dont elle avait gagné la protection divine pendant son aventure.
__ Même ainsi... Je ne suis pas faite pour cela. La fille de cette histoire est enjouée, attachante et naïve. Elle est différente de tout ce que je suis." 
L'écrivain et la poupée de souvenirs automatique se disputaient. C'était parce qu'Oscar avait demandé à Violet de mettre des vêtements similaires à ceux de son personnage principal et de la jouer sur le bord du lac. Il était allé jusqu'à lui faire faire le ménage, le linge, et d'autres types de travaux domestiques, en plus, requérait une telle faveur. Il la traitait presque comme si elle était un factotum. 
Bien qu'elle soit une femme diplomatique et professionnelle, Violet se dit : "Quelle personne pénible..." 
"Votre couleur de cheveux est peut-être un peu différente, mais ils sont blonds, juste comme étaient ceux de ma fille. Si vous les laissiez dénoués, et que vous mettiez une robe d'une pièce, sûrement...
__ Maître, je ne suis qu’une secrétaire. Une poupée de souvenirs automatique. Je ne suis ni votre épouse ni votre concubine. Je ne peux pas non plus devenir une remplaçante.
__ J-je sais cela. Je n'aurais pas ce genre d'intérêt pour une jeune fille comme vous... C'est juste... votre apparence... Si ma fille était vivante, elle serait certainement devenue un peu comme vous... c'est ce que je pense." 
L'absence d'expression de Violet qui refusait obstinément vacilla en entendant cela. 
"Je pensais que votre entêtement était trop fort, mais alors, votre jeune demoiselle est décédée ?" Elle se mordit légèrement la lèvre. Son visage laissait paraître un conflit  avec sa propre conscience. 
Il y avait une chose qu'il avait comprise à son sujet au cours des derniers jours. C'était qu'elle s'en tenait au côté "juste" quand elle était tiraillée entre le bien et le mal. 
"En tant que poupée de souvenirs automatique... je souhaite exaucer les souhaits de mon client... mais je me demande si celui-ci n’enfreint pas mes règles de travail..." 
Bien qu'il se sentit coupable pendant qu'elle marmonnait des réflexions pour elle-même, il donna encore une autre impulsion : 
"Si vous pouviez construire l'image de cette fille comme une adulte, revenant à la maison et tenant sa promesse, cela me donnerait tout de suite la volonté d'écrire. Pour de vrai. Si c'est un dédommagement, je peux vous donner n'importe quoi. Je peux payer le double du prix d'origine. Cette histoire est très importante pour moi. En l'écrivant, je veux en faire un jalon de ma vie. S'il-vous-plaît.
__ Mais... Je... ne suis pas une poupée à habiller...
__ Alors, je ne prendrai pas de photos.
__ Vous en aviez l'intention ?
__ Je vais le graver dans ma mémoire et écrire l'histoire avec. S'il-vous-plaît." 
Violet y réfléchit avec un visage maussade, mais finit par perdre face à la persistance d'Oscar, et lui obéit. Elle était peut-être du genre à ne pas supporter la pression. 
Seulement pour cette fois, il abandonna sa vie d’enfermement et partit de lui-même dans sa ville acheter des vêtements raffinés et une ombrelle pour Violet. La tenue se composait d'un chemisier blanc tout de dentelle sur une jupe bleue lacée à la ceinture par un ruban.  Quant à l'ombrelle, il en avait pris une cyan rayée de blanc à volants. Lorsqu'il la lui donna, elle l'ouvrit, puis la ferma, puis l'ouvrit, puis la ferma ; la faisant tourner avec un intérêt éveillé. 
"L'ombrelle est-elle bizarre ?
__ C'est la première fois que j'en vois une aussi adorable.
__ Ne portez-vous pas vous-même des vêtements mignons ? Ce n'est pas à votre goût ?
__ Je porte ce que le président de ma compagnie me suggère. Je ne visite pas très souvent moi-même les magasins de mode." 
C'était comme un enfant qui s'habillait selon ce que sa mère lui disait. 
__ Il se pourrait qu'elle soit bien plus jeune qu'elle ne le pense elle-même. 
Même quelqu'un d'aussi mature qu'elle ressemblait à une petite fille ainsi, ne serait-ce que légèrement. 
Alors que Violet n'avait pas encore changé d'avis, il lui demanda immédiatement de se changer dès qu’il eut fini ses achats. 
Il était tôt dans l'après-midi, un peu nuageux à l'extérieur. Il ne semblait pas qu'il allait pleuvoir, mais l'atmosphère s'y prêtait. L'air frais qui permettait de sentir l'arrivée de l'automne n'était pas encore assez froid pour piquer la peau. 
Oscar avait décidé d'aller à l'extérieur en premier, et d'attendre. Il installa une chaise en bois à côté du lac, en fumant une pipe. Alors qu'il avait été en quelque sorte prévenant et n'avait pas fumé depuis qu'elle était arrivée, la sensation de la fumée qui pénétrait son ventre se répandit à travers lui. Quelques minutes à en souffler des bouffées en forme d’ellipses qui s'ensuivirent. 
La porte d'à côté aux cliquetis de plus en plus insupportables s'ouvrit avec un bruit grinçant. 
"Excusez-moi pour l'attente." 
Il tourna seulement sa tête au son de cette voix aimable. "Vous..." 
"...ne m'avez pas fait tant attendre,” voulait-il dire, mais les mots ne vinrent pas, car son souffle se coupa une seconde. Il ravala brusquement un long soupir. Il était aussi sidéré que la première fois qu'il avait vu Violet.
Elle était trop belle avec ses cheveux détachés - une beauté qui aurait volé le temps de quiconque l'aurait regardée. Ses cheveux habituellement tressés s'étalaient doucement, formant de légères courbes. Ils étaient plus longs que ce qu'il avait imaginé. Et, surtout... 
__ Si ma fille avait pu grandir comme elle était...aurait-elle... 
Lui aurait-elle montré sa silhouette guindée après s'être apprêtée ? Alors qu'il se le demandait, quelque chose de chaud monta dans sa poitrine. 
"Maître, comment me trouvez-vous, alors que je porte les vêtements que vous m'avez donnés ?" Apparue au milieu d'un monde de couleurs d'automne, la jeune fille à la beauté inhumaine prit l'ourlet de sa jupe et essaya de la faire tourbillonner sur place. "Avec ceci, je n'ai qu'à faire comme si je traversais le lac, c'est ça ? Mais Maître, n'est-ce pas une scène que vous voulez vraiment écrire ? Plutôt que de simplement me déplacer dans cette tenue, même si c'est pour quelques secondes, ce serait mieux si je me montrais en traversant véritablement le lac. Maître, laissez-moi faire s'il-vous-plaît. Je suis spécialiste des activités physiques, donc même si ce n'est qu'un peu, je peux suivre vos attentes," expliqua Violet, comme toujours inexpressive et indifférente, ne prêtant aucune attention à Oscar, qui était submergé de trop d'émotions et incapable de répondre autre chose que des "aah" ou des "uuh". 
Celle qui se tenait là était une fille différente de la sienne. Bien qu'elle possède les mêmes cheveux dorés, il n'y avait aucune douce lueur dans ses yeux. 
Violet appuya l'ombrelle fermée contre son épaule tout en la serrant fermement dans une main. Elle prit une large distance du lac, le regardant fixement comme si elle examinait avec soin sa surface. 
Les teintes de l'automne flétries et tombées, ces feuilles mortes flottaient sur l'eau. Le vent était instable, soufflait, s'arrêtait, soufflait, s'arrêtait. L'air inquiet, Oscar l'observa alors qu'elle léchait un de ses doigts mécaniques avec le bout de sa langue, confirmant la direction dudit vent. 
En marchant gravement , elle lui jeta un coup d'œil et sourit faiblement. "Ne vous inquiétez pas. Tout... sera comme le Maître le souhaite." 
Après avoir déclaré cela avec une voix douce, Violet s’élança dans une large foulée. Bien que sa distance d'élan fut considérable, elle passa devant les yeux d'Oscar en un instant. Une telle vitesse était comparable au vent lui-même. 
À une courte enjambée de son entrée dans le lac, elle donna un coup de pied ferme à la terre. L'impact était suffisant pour creuser le sol. La force tenace de ses jambes lui permit de bondir à une hauteur effrayante. La manière dont elle sauta lui donna l'impression qu'elle allait grimper les escaliers vers le ciel. 
Oscar resta bouche-bée à cette action si loin de celles des gens ordinaires. À partir de ce moment, il vit tout au ralenti. 
Au point critique du saut, Violet leva largement la main qui tenait l'ombrelle et l'ouvrit aussitôt. C'était presque comme l'éclosion d'une fleur. L'ombrelle à volants se balança magnifiquement  et, au moment prévu, le vent balaya ses jambes. Sa jupe et son ombrelle se gonflèrent d'air, son jupon blanc dépassant en rabats. Juste devant ses yeux, ses bottes lacées enjambèrent doucement les feuilles mortes à la surface de l'eau. 
Cet instant. Cette seconde. Cette image. 
Elle se grava dans sa mémoire, aussi claire que s'il en avait pris une photo. Une fille avec une ombrelle suspendue et une jupe voletante, marchant sur la surface d'un lac. 
Tumblr media
Elle était comme une sorcière. 
Les mots de sa fille le jour de sa mort lui revinrent. 
"Un jour. Je te le montrerai un jour, d'accord ? Sur ce lac près de notre maison. Pendant cette période de l'automne où les feuilles qui tombent dérivent à la surface de l'eau. Un jour... Je te le montrerai, Papa." 
Il y avait une voix. La voix de cette fille, qu'il avait fini par oublier, résonnait dans son esprit. 
__ Tu n'en avais aucune idée, n'est-ce pas ? J'aurais voulu que tu continues à m'appeler, même une centaine de fois de plus. 
"Je te le montrerai un jour, d'accord ?" 
"Papa", dirait sa voix douce et zézayante. 
"Je te le montrerai un jour, Papa." 
__ Ta voix était plus agréable à écouter que n'importe quelle musique. 
"Je te le montrerai un jour." 
__ Aah, c'est vrai. Avec cette voix que tu as, tu avais innocemment dit que tu essaierais de me divertir, n'est-ce pas ? Nous avions fait une promesse. J'avais oublié. Je l'avais oubliée. Je n'ai pas pu me souvenir de toi pendant longtemps, alors je suis heureux de te voir. Même si ce n'est qu'une illusion, je suis heureux de te rencontrer. Mon adorable petite dame. La mienne, à moi. Mon seul et unique trésor partagé avec cette personne. Je savais qu'elle ne pouvait pas être réalisée. Mais je l'ai quand même promise. Cette promesse, ainsi que ta mort, m'ont rendu inutile, tout en me maintenant en vie jusqu'à présent. Elles ont allongé ma vie jusqu'à ce point. J'ai vécu dans le désordre, à la recherche de vestiges de toi. Je m'en suis voulu pour ça. Mais ce moment, le moment où quelqu'un qui n'est pas toi paraissait comme toi pour moi, ce moment fut une rencontre du destin, des retrouvailles et une étreinte pour un instant. Il se peut que je sois encore en vie parce que j'ai voulu en être témoin. Depuis toujours, j'ai envie de te voir, toi dont je ne peux même pas murmurer le nom par tristesse. Tout ce temps, j'ai voulu voir ton joli visage. Le dernier membre de ma famille qu'il me restait. Toujours, toujours. Depuis le début, j'ai désiré te voir. Je t'aimais. 
Il était tellement heureux qu'il avait envie de rire. "Fu... uh... uh..." Mais seuls des sanglots vinrent. 
Les larmes coulaient comme si elles commençaient à redonner du mouvement au temps immobile et gelé d'Oscar. 
"Aah... " Il pouvait entendre le tic-tac d'une horloge. Son cœur autrefois glacial émettait désormais des bruits sourds. "Je ... vraiment, vraiment..." Il couvrit son visage avec ses mains, mais réalisa que les rides en avaient horriblement augmenté. 
Pendant combien de temps au juste était-il resté figé depuis que ces deux-là étaient mortes ? 
"...j'aurais voulu que tu...ne meures pas..." murmura-t-il avec des sanglots dans la voix, son visage déformé par les larmes. "J'aurais voulu que tu vives, vives, que tu grandisses, devienne grande..." 
__ ... et que tu me montres à quel point tu serais devenue belle. J'aurais voulu te voir de cette façon. Et après t'avoir vue comme ça, j'aurais voulu mourir avant toi. Avant toi. Après que tu aies pris soin de moi. C'est comme ça que je voulais mourir. Pas, à la place, que je m’occupe de toi jusqu’à ta mort. Pas comme ça. 
"Je veux te voir..." 
Des larmes débordèrent des yeux d'Oscar, descendirent le long de ses joues et se répandirent sur le sol. Le bruit de Violet qui s'enfonçait dans le lac résonna dans son monde maculé de larmes. L'instant lumineux avait disparu, et la voix de sa fille, dont il avait pu se souvenir, fut bientôt oubliée à nouveau. L'illusion d'un visage souriant, elle aussi, disparut comme des bulles de savon. 
Oscar boucha encore plus son champ de vision, couvert par ses mains, en fermant les paupières. Il reniait ce monde où il l'avait perdu. 
__ Ah, ce serait bien si je mourais maintenant. 
Peu importe pendant combien de temps il s'apitoyait sur son sort, les deux ne reviendraient pas. 
__ Mon cœur, ma respiration, s'il-vous-plaît, arrêtez-vous. Depuis que ma femme et ma fille sont mortes, c'est comme si j'étais mort aussi. Alors, qu'il en soit ainsi maintenant. Tout de suite, à cette même seconde. Je veux être frappé par une balle et tomber raide mort. C'est tout juste comme quand les fleurs ne peuvent pas continuer à respirer si leurs pétales tombent. 
Cependant, même s'il faisait ce vœu plusieurs centaines de millions de fois, rien ne changerait. Ayant déjà imploré ces plusieurs centaines de millions de fois, il en était bien conscient. 
__ Laissez-moi mourir, laissez-moi mourir, laissez-moi mourir. Si je dois de toutes façons être seul, alors laissez-moi être mort à leurs côtés. 
Rien ne s'était réalisé par ses prières. Rien, et pourtant... 
"Maître-" 
... au-delà du monde duquel il s'était lui-même isolé, il pouvait entendre la voix d'une chose dont le temps s'écoulait maintenant comme le sien. Avec des respirations irrégulières, elle se dirigeait vers lui. 
__ Je suis en vie. 
Il était encore en vie. Et, de son vivant, il luttait actuellement pour laisser la prospérité à ceux qu'il aimait, sous une forme ou une autre. 
Il n'y avait pas de rêve qui se concrétiserait juste par les prières de quelqu'un, mais avec une vision engluée dans l'obscurité, que la lumière du soleil ne pouvait atteindre, Oscar supplia tout de même : "Dieu, s'il-te-plaît..." 
__ Si je ne dois pas encore mourir, que cette fille puisse au moins être heureuse, même si ce n'est qu'à l'intérieur d'une histoire. Que cette fille soit heureuse. Et à mes côtés. Qu'elle soit à mes côtés, pour toujours. Même si ce n'est qu'à l'intérieur d'un conte. Même en tant que fille imaginaire. Qu'elle soit à mes côtés. 
Il ne pouvait pas s'empêcher de le souhaiter. Après tout, sa vie continuerait. 
Alors qu'Oscar pleurait, anéanti, manquant d'égard pour ses années, Violet arriva à côté de lui, complètement trempée après avoir rampé hors du lac. Des gouttelettes s'écoulaient d'elle. Les habits dont elle était vêtue étaient également ruinés. Pourtant, l'expression la plus joyeuse qu'elle avait eu jusqu'alors, qui pouvait même être qualifiée de sourire, se dessinait sur son visage. "Vous avez-vu ? J'ai fait trois pas, c'est ça ?" 
Incapable de dire qu'il n'avait pas réussi à en être témoin à cause de ses larmes, il répondit en reniflant : "Hm. Yup, j'ai bien vu. Merci, Violet Evergarden." Du plus profond de son cœur, son respect et sa gratitude étaient immenses.
__ Merci d'avoir rendu cela possible. Merci. C'était vraiment comme un miracle. 
Comme il lui répondait qu'il ne pensait pas que Dieu existait, mais que s'il y en avait un, c'était probablement elle, Violet lui dit : "Je suis une poupée de souvenirs automatiques, Maître." Elle se contenta de répondre ainsi, sans nier ni confirmer l'existence des dieux. 
Plus tard, Oscar lui réchauffa un bain, comme elle était complètement trempée. 
Elle ne se montrait pas pour les repas. Pourtant, elle utilisait la salle de bain tous les jours et reposait très probablement son corps dans la chambre qui lui avait été donnée. C'était une poupée mécanique qui ressemblait à un être humain. 
__ Vraiment, la civilisation est étonnante ces derniers temps. Les progrès de la science sont révélateurs. 
Il était hors de question qu'il la laisse avec ses habits mouillés, même si elle était une fille artificielle. Elle avait probablement besoin de vêtements de rechange, alors tout d'abord, il prit son peignoir, qui était relativement propre, et se dirigea vers la salle de bain. Comme personne d'autre que lui ne l'avait utilisée depuis un certain temps, par réflexe, il y entra sans frapper et finit par la voir alors qu'elle n'avait encore rien mis. 
"Ah, je suis déso...lé...Eh ?" Il déglutit sec de surprise. "EEEH ?!" 
Ce qui se reflétait dans les yeux d'Oscar était un spectacle plus captivant et plus magnifique que n'importe quelle statue de femme nue. Des gouttes d'eau coulaient de ses cheveux dorés. Ses beaux orbes bleus ne pouvaient pas être représentés, même dans un tableau. Ses lèvres, en dessous, étaient d'une forme délicate. Son cou était svelte, sa clavicule remarquable, ses seins rebondis et son corps dessinait des courbes féminines. 
Elle possédait des bras prothétiques, c'est-à-dire des parties de son corps qui allaient de ses deux épaules au bout de ses doigts, comme si elles avaient été mises en place de force. Mais c'était les seules. En dépit des nombreuses cicatrices, à part les bras, le reste était clairement la peau dénudée d'une chair vivante. Les parties molles et bombées aussi, lui montrèrent qu'elle était un être humain et non une poupée robotisée. 
Sous le choc de voir tout ce en quoi il croyait jusqu'alors mis sens dessus dessous, il finit par examiner son corps nu à plusieurs reprises. 
"Maître," appela Violet avec une voix qui sonnait comme un reproche à Oscar, qui demeurait figé sur place et qui la reluquait avec un étonnement excessif. 
Ce fut alors qu'il réalisa finalement toutes ses erreurs. 
"UAAAAAAH ! UAAAAAH ! UAAAAAH-AAAAAH !" 
Le fait qu'Oscar était celui qui criait contribua à l'issue de cet incident. 
Après avoir hurlé à pleins poumons, le visage rouge écarlate et pleurant à moitié, il avait demandé : "Alors, vous êtes humaine ?" 
S'enveloppant dans une serviette, Violet rétorqua : "Maître, vous êtes vraiment une personne pénible." Alors qu'elle chuchotait ceci tout en baissant un peu le visage, ses joues étaient légèrement teintées de rose.
"Poupée de souvenirs automatique". Cela faisait longtemps que ce nom avait provoqué un scandale. 
Son créateur était un chercheur en matière d'automates : le Professeur Orlando. Son épouse, Molly, était écrivaine, et tout avait commencé lorsqu'elle avait perdu la vue. Devenue aveugle, elle avait sombré dans une profonde dépression, à cause de son incapacité d'écrire, ce dont elle avait fait le sens de sa vie, et s'affaiblissait de jour en jour. 
Ne supportant pas d'en être le témoin, le professeur construisit la première poupée de souvenirs automatique. C'était une machine qui transcrivait les mots d'une voix humaine - en d'autres termes, qui servait de secrétaire. 
Il était dit que les livres de Molly avaient ensuite remporté des prix littéraires de renommée mondiale, et l'invention du professeur Orlando avait été réellement considérée comme quelque chose de nécessaire pour le cours de l'histoire. Bien qu'il ait d'abord eu l'intention de n'en faire qu'une que pour son épouse bien-aimée, avec le soutien d'un grand nombre de personnes, cela devint plus tard très célèbre. 
Désormais, une poupée de souvenirs automatique pouvait être louée pour des prix raisonnables, et des établissements pour les emprunter avaient également été établis. En outre, il y en avait un autre type. Les personnes qui écrivaient en tant que secrétaire comme les poupées de souvenirs automatiques étaient désormais affectueusement désignées par le même nom. 
"Poupées de souvenirs automatiques", c'est cela. 
Oscar en parla à son ami après le départ de Violet, et il sembla qu'elle était quelqu'un de célèbre dans ce domaine. 
Quand il lui raconta qu'il l'avait d'abord prise pour une poupée artificielle, ce dernier éclata d'un grand rire. 
"Tu vis vraiment sous un rocher. Comme si une machine aussi belle pouvait exister. 
__ C'est parce que tu avais dit qu'elles étaient artificielles...
__ La technologie humaine n'a pas encore atteint ce niveau. C'est juste que ces poupées robotisées existent aussi. Mais elles sont plus mignonnes. Mais, j'ai pensé... que ce ne serait pas un bon remède pour toi, un casanier qui n'interagit pas avec les autres. Cette fille est une taciturne, mais elle a le pouvoir de restaurer les gens. Elle était bien, n'est-ce pas ?
__ Yep." 
C'était une taciturne, mais en effet, c'était une bonne fille. 
"Elles ne valent pas Violet Evergarden, mais le prochaine fois, je t'enverrai une secrétaire qui n'est pas humaine, pour que tu aies une assistante d'écriture pour un certain temps." 
Finalement, un paquet fut livré à la maison au bord du lac. Il contenait une petite poupée, complètement différente de violet Evergarden. C'était une dactylographe mécanique qui traitait toutes les sortes de voix humaines et en faisait des documents, revêtue d'une jolie robe et assise calmement sur le haut de son bureau. 
__ Je vois ; c'est vraiment extraordinaire.
"Cependant, je ne peux pas la comparer à elle..." Il sourit amèrement, regardant la chambre qu'il lui avait prêtée et où elle n'était plus là. 
S'il lui arrivait de dire "Je suis si seul", il était sûr qu'elle lui répondrait de sa voix qui sonnait si bien : "Maître, vous êtes une personne si pénible". Elle le dirait sans expression, avec seulement un petit sourire sur les lèvres. 
Même sans qu’elle soit avec lui, il avait le sentiment qu'il pouvait entendre cette voix.
Suivant (Chapitre 2) (à venir)
4 notes · View notes
oeild-translation · 3 years
Text
Volume I, Chapitre 1 (Partie 1)
J'écris cette lettre dans un pays nordique. Les terres enneigées sont des endroits aussi calmes que le cœur de la nuit. Comme il fait si froid, je reste souvent à la maison, ayant grandi en amateur de films et d'histoires fictives. Puissent les images que j'ai imaginées dans mon esprit naviguer dans votre mer de mots.
_ Akatsuki Kana
Prologue
"Poupée de souvenirs automatique". Cela faisait longtemps depuis que ce nom avait provoqué un scandale.
Son créateur, le professeur Orlando était un expert en matière d'automates. Son épouse, Molly, était écrivaine, et tout avait commencé lorsqu'elle avait perdu la vue. Devenue aveugle, elle avait sombré dans une profonde dépression parce qu'elle était incapable d'écrire, ce dont elle avait fait le sens de sa vie, et s'affaiblissait de jour en jour.
Ne supportant pas de la voir ainsi, le professeur construisit la première poupée de souvenirs automatique. C'était une machine qui transcrivait les mots d'une voix humaine - en d'autres termes, qui servait de secrétaire.
Bien qu'il n'ait d'abord eu l'intention d'en faire une uniquement pour sa femme bien-aimée, avec le soutien d'un grand nombre de personnes, cela devint plus tard très célèbre. Désormais, une poupée de souvenirs automatique pouvait être louée pour des prix raisonnables, et des établissements pour les emprunter avaient également été établis.
Le Dramaturge et la Poupée de Souvenirs Automatique
Roswell était une magnifique capitale bucolique entourée de verdure. La ville se situait au pied d'une montagne, cernée par plusieurs autres hauts sommets. Elle représentait l'ensemble du territoire. Cependant, parmi les gens influents, le nom de Roswell était surtout connu pour ses résidences d'étés - autrement dit, ses villas.
Au printemps, les paysages débordaient de fleurs, pour le plaisir des yeux ; en été, beaucoup cherchaient à se reposer près d'une énorme cascade, un site touristique ; en automne, la pluie des feuilles mortes touchait le cœur de chacun ; et l'hiver apportait une quiétude qui rendait tout l'endroit silencieux. Comme le changement de saison était très facile à distinguer, le pays avait plus qu'assez pour divertir les touristes pendant n'importe quel moment de l'année.
Beaucoup de villas avaient été construites reliées à cette ville au pied des montagnes, qui était composée de chalets en bois peints dans une grande variété de couleurs. Des plus petits aux plus grands terrains, le coût de la propriété dans la région constituait une assez grosse somme ; posséder une villa bâtie ici était donc une preuve de richesse en elle-même.
La ville était remplie de boutiques pour les touristes. Durant les week-ends, la rue principale avec ses rangées de magasins devenait bondée, d'agréables mélodies jouées en fond. Avec un tel assortiment de bonnes choses, personne ne pouvait se moquer de l'endroit uniquement parce qu'il se trouvait à la campagne.
La plupart des gens construisaient leurs résidence en ville par commodité, et celui qui construisait sa maison ailleurs était vu comme un excentrique.
La saison actuelle était un automne de cirrocumulus dérivant haut dans le ciel. Loin du pied de la montagne, situé près d'un petit lac assez peu considéré parmi les attractions touristiques de la ville se trouvait un chalet très isolé et peu visible.
Si l'on voyait les choses du bon côté, c'était une maison de style traditionnel, de bon goût, avec des traits remarquables. Mais si l'on devenait exigeant, elle était en piteux état, avec un aspect d'abandon. Au-delà du portail arqué recouvert de peinture blanche délavée, on pouvait trouver un jardin envahi par les mauvaises herbes et les fleurs inconnues, ainsi qu'un mur de briques rouges enraciné dans le sol, qui ne paraissait pas pouvoir un jour être réparé. Les tuiles du toit se fissuraient çà-et-là, ayant probablement été parfaitement alignées dans le passé, mais devenues atrocement ébréchées.
Juste à côté de l'entrée se trouvait une balançoire couverte de lierre enchevêtré, que personne ne pouvait plus faire bouger. C'était un signe qu'il y avait eu jadis un enfant aux alentours, de même qu'un signe qu'il n'y en avait plus. 
Le propriétaire de la maison était un homme d'âge moyen, appelé Oscar. Avec ce nom, il avait fait carrière dans l'écriture en tant que dramaturge. C'était un étrange roux qui portait des lunettes à monture noire très voyantes. Il avait un visage d'enfant, ce qui le faisait paraître plus jeune que son âge réel, même si son dos se voûtait légèrement. En raison de sa sensibilité au froid, il portait toujours un pull-over. Un homme complètement normal, qui ne laissait pas entendre qu'il pouvait être le protagoniste d'une quelconque histoire. 
Oscar avait fait construire la maison non pas comme une villa, mais avec le désir sincère d'y passer sa vie. Pas seulement lui, mais aussi sa femme et sa fille. Il y avait assez d'espace pour eux-trois, mais il n'y avait maintenant personne d'autre que lui. Les deux autres étaient déjà décédées. 
La mort de sa femme avait été causée par une maladie dont le nom était trop long, au point d'être imprononçable. Pour faire simple, elle consistait en la coagulation rapide des vaisseaux sanguins, et en la mort par obstruction. De plus, elle était héréditaire, et lui avait été transmise par son père. 
Comme elle était devenue orpheline à cause du haut taux de morts prématurées dans sa famille, il n'avait seulement découvert la dure vérité concernant son épouse qu'après sa mort. 
“Elle avait peur que, si vous l'aviez su, vous n'auriez pas voulu épouser une femme malade, alors elle l'a gardé secret." Celle qui lui dit ceci était sa meilleure amie. 
Dès l'instant où il avait reçu cette révélation, à ses funérailles, une question avait constamment résonné dans sa tête : "Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?" 
__  Si seulement... elle m'avait parlé de cela, peu importe combien cela aurait coûté... nous aurions pu chercher un remède ensemble, ou y investir n'importe quelle somme de l'argent que nous avions accumulé inutilement. 
Il était évident que la femme d'Oscar ne l'avait pas épousé pour son argent. Il l'avait rencontrée pour la première fois avant de devenir dramaturge, et leurs entrevues avaient lieu dans la bibliothèque qu'il visitait fréquemment. Celui qui l'avait remarquée en premier -la bibliothécaire- était Oscar lui-même. 
__ Je pensais qu'elle était... une magnifique personne. Le coin des nouveaux livres dont elle était en charge était toujours intéressant. Et alors que je tombais amoureux de ces livres, je suis aussi tombé amoureux d'elle. 
"Pourquoi ?"  Cette question avait résonné plusieurs centaines de millions de fois dans sa tête, avant de disparaître dans son esprit. 
La meilleure amie de sa femme était une personne responsable, et alors qu'il avait perdu l'esprit à la mort de son épouse, elle prit énergétiquement soin de lui et de sa fille. Elle préparait des plats chauds pour Oscar, qui, si on le laissait seul, oubliait de manger toute la journée ; et tressait les cheveux de la petite fille qui pleurait et regrettait l'absence de sa mère qui avait l'habitude de le faire. 
Peut-être qu'il y avait eu un peu d'amour unilatéral entre cette femme et lui. Un jour, alors que sa fille était au lit avec une forte fièvre, et avait commencé à vomir à maintes reprises, cette amie l'emmena à l'hôpital. Ce fut elle, avant même son père, qui découvrit en premier qu'elle avait la même maladie que sa mère. 
Ce qui était arrivé par la suite avait progressé lentement, mais aux yeux d'Oscar, cela avait été beaucoup trop rapide. 
Pour que la tragédie qui avait touché sa femme ne se reproduise pas, il  avait compté sur plusieurs médecins de renom. D'un grand hôpital à  l'autre, ils s'étaient inclinés devant de nombreuses personnes, demandant de l'aide et recueillant des renseignements pour tester de nouveaux médicaments. 
Les remèdes et leurs effets secondaires formaient les deux faces d'une même pièce. Sa fille pleurait à chaque fois qu'elle les prenait. Comme il ne pouvait pas détourner les yeux de sa souffrance, ses jours d'attente rongeaient encore plus son cœur déjà corrodé. 
Quels que soient les nouveaux traitements qu'il essayait, la situation ne s'améliorait pas. Finalement, à bout de ressources, le corps médical abandonna et la déclara incurable. 
"Je me demande si ma femme l'appelle de l'autre monde parce qu'elle se sent seule." Comme il s'en est souvenu plus tard, il avait réfléchi à des choses insensées comme celle-ci, encore et encore. Et même s'il l'avait supplié sur sa tombe : "Ne la prend pas avec toi, s'il-te-plaît !", la mort n'a pas de bouche pour répondre. 
Oscar était mentalement acculé ; cependant celle qui s'était effondrée le plus vite était la meilleure amie de sa femme, qui les avaient suivis dans les nombreux hôpitaux jusqu'à présent. Surmenée, à force de surveiller sa fille instable, avant qu'on s'en aperçoive, elle s'était éloignée de l'hôpital, jusqu'à ce qu'ils soient vraiment livrés à eux-mêmes. 
Dû à une routine quotidienne constituée de trop nombreuses prescriptions, les joues de sa fille, qui s’apparentaient jadis à des pétales de roses sur du lait blanc, étaient devenues jaunâtres et atrocement malingres à cause de la perte de poids. Ses cheveux au parfum doux, et qui ressemblaient  auparavant à du miel, étaient rapidement tombés. 
Voir cela lui était insupportable. Il ne pouvait plus endurer ce spectacle. 
Enfin, après ses altercations répétées et stériles avec les médecins, ils s'étaient contentés de n'administrer que des analgésiques à sa fille. Il ne voulait pas que le reste de sa vie déjà si courte soit absorbé par le malheur.
À partir de ce moment, il y eut enfin un peu de paix. Des jours faciles à vivre. Voir le sourire de sa fille pour la première fois depuis longtemps. 
Les quelques moments de bonheur qui leur restaient s'étaient poursuivis.
Le temps avait été merveilleux le jour de sa mort. 
C'était un automne où le décor perdait ses couleurs à chaque instant. Le ciel était clair. Des arbres aux teintes rouges et jaunes pouvait être aperçus depuis les fenêtres de l’hôpital. 
Dans les locaux, il y avait une fontaine construite comme un lieu de détente, et à la surface de son eau, les feuilles tombées des arbres aux alentours flottaient paisiblement. En tombant, elles glissaient et fluctuaient sur l’eau, se rassemblant comme si elles étaient attirées par un aimant. Elles étaient des restes, et étaient devenues encore plus belles malgré leur mort. Sa fille lui avait dit à quel point elle les trouvait « jolies ». 
“Le bleu de l'eau mélangé au jaune des feuilles est très joli. Hé, si je me tenais sur ces feuilles, je me demande si je pourrais traverser la fontaine sans tomber." 
Quelle idée d’enfant. C’était clair que les feuilles allaient perdre contre la gravité et son poids, et que son corps allait tôt ou tard couler dans l'eau. 
Sans la réprimander, Oscar avait répondu en plaisantant : “Si tu avais une ombrelle et que tu utilisais le vent, tu aurais encore plus de chances d'y arriver, hein ?” 
Il avait voulu gâter cet enfant qui ne pouvait plus être sauvé, même si ce n'était qu'un peu. 
“Je te le montrerai un jour, d’accord ? Sur ce lac près de notre maison, Pendant la période de l’automne où les feuilles qui tombent dérivent sur la surface de l’eau. Un jour.” 
En entendant sa réponse, elle avait souri, les yeux brillants.
Un jour, elle le lui montrerait. 
Plus tard, après de multiples quintes de toux, sa fille mourut subitement. Elle n'avait encore que neuf ans. 
Tandis qu’il enserrait son corps sans vie, il avait réalisé combien il était léger. Même pour un cadavre qui n’avait plus d’âme, il était trop léger. Versant de grosses larmes, Oscar s'était interrogé. Avait-elle réellement été en vie ou avait-il simplement fait un long rêve ?
Il avait enterré sa fille dans le même cimetière que sa femme, et était retourné à l’endroit qui avait été un foyer pour eux-trois, reprenant avec réticence sa vie d'avant. Il avait assez de pouvoir économique pour vivre sans rien faire - les scénarios qu’il avait écrit étaient utilisés partout, et, en retour, les économies accumulées de ses paiements faisaient qu’il lui était impossible de mourir de faim. 
Après des années de deuil pour sa fille et sa femme, il fut approché par un collègue de son ancien travail, qui lui demanda s’il pouvait à nouveau écrire un scénario. La requête venait d’une troupe d’élite admirée par tous ceux qui travaillaient dans le théâtre, et pour Oscar, dont il ne restait plus dans l'industrie que le nom, et qui avait tenté d’effacer son existence, un tel travail était un honneur. 
Ses journées n'étaient qu'indolentes, dissolues et pleines de chagrins. Les hommes sont des créatures qui se lassent des choses, incapables de rester triste ou heureux pour toujours. Telle est leur nature. 
Il avait accepté l’offre avec une rétroaction immédiate, décidé à tenir à nouveau son stylo. Cependant, c’était à partir de ce moment que les ennuis avaient commencé. 
Pour échapper à la dure réalité, Oscar s’était transformé en véritable buveur. Cela lui avait aussi servi de remède pour avoir de beaux rêves quand il fumait. Il avait réussi à surmonter l’alcool et les drogues avec l’aide de médecins, mais il lui en restait un tremblement dans ses mains. Que ce soit sur du papier ou avec une machine à écrire, il ne pouvait tout simplement pas correctement progresser dans son écriture. Seule l’envie demeurait dans sa poitrine. 
Il ne lui restait plus qu’à trouver un moyen de la mettre en mots.
Alors qu'il demandait conseil au collègue qui lui avait fait la proposition, ce dernier lui dit  :
"J'ai quelque chose de bien pour toi. Tu devrais utiliser une poupée de souvenirs automatiques." 
__ Qu’est-ce que cela ?
__ Tu es tellement déconnecté du monde… non, plutôt, ton aliénation est à un niveau inquiétant. Elles sont populaires. De nos jours, tu peux les engager pour un prix considérablement bas. C’est ça ; demandons-en une pour la tester.
__ Une poupée… pourrait m’aider ?
__ Une poupée spéciale le peut."
Oscar décida alors d’utiliser cet outil, dont seul le nom était entré dans ses oreilles. Une "poupée de souvenirs automatique". 
Sa rencontre avec elle était née de là. 
Une femme gravissait le sentier de la montagne. Des rubans rouge-foncé décoraient ses doux cheveux tressés, son corps mince enveloppé dans une robe une pièce à rubans blancs comme la neige. Sa jupe de plis de soie se balançait gracieusement pendant qu’elle marchait, la broche émeraude sur sa poitrine scintillant de mille éclats. La veste qu'elle portait par-dessus sa robe était d'un bleu de Prusse qui renforçait le blanc. Ses longues bottes, portées pour le confort, étaient faites de cuir dont émanait une profonde teinte brun-cacao. Un lourd sac à roulettes en mains, elle franchit fraya la porte en arche blanche de la maison d’Oscar et s'avança. 
Juste au moment où elle entra dans la cour avant de la résidence, une rafale de vent d’automne souffla bruyamment. Les feuilles rouges, jaunes et brunes flottaient et tournaient autour d'elle, comme si elles dansaient. Sans doute à cause des débris de feuilles, jetant un rideau sur ses yeux, son champ de vision fut troublé un instant. 
Elle serra fermement la broche sur sa poitrine, et murmura quelque chose faiblement. Comme sa voix était plus calme que le bruissement des feuilles, elle se fondit dans l'air sans réverbération, et sans que personne ne puisse l'entendre. 
Une fois le vent malicieux calmé, l'atmosphère précautionneuse de tantôt s'en alla on ne sait où, et, en arrivant à l'entrée principale, sans aucun aspect particulier d'hésitation, elle pressa la sonnette de la maison avec son doigt couvert d'un gant noir. Le son grinçant du buzzer résonna comme un cri de l'enfer, et, peu après, la porte s'ouvrit. Le propriétaire de la maison  - la tête rousse d'Oscar - apparut. Peut-être venait-il juste de se réveiller, ou n'avait pas dormi, mais ses vêtements et son visage n'étaient de toutes façons pas dignes d'accueillir un visiteur. 
Lorsqu'il la regarda, il eut une expression légèrement perplexe. Était-ce parce que la tenue qu'elle portait était beaucoup trop étrange ? Ou était-ce parce qu'elle était si magnifique ? 
Quoiqu'il en soit, il déglutit sec un instant. 
"Êtes-vous.... la poupée de souvenirs automatique ?
__ Précisément. Je me presse partout où mes clients pourraient le désirer. Je suis du service des poupées de souvenirs automatiques, Violet Evergarden." 
La jeune femme blonde, aux yeux bleus, et qui possédait une beauté qui semblait être sortie d'un conte de fée répondit avec une voix claire, sans arborer de faux sourire. 
Ladite Violet Evergarden avait une apparence aussi jolie et réservée qu'une vraie poupée. Encadrés de cils dorés, ses iris bleus brillaient comme le fond de l'océan, avec des joues rose-cerise sur une peau blanche de lait, et des lèvres rouges, envoûtantes et lustrées. C'était une femme d'une beauté semblable à la pleine lune, qui ne manquait de rien nulle part. Si elle n'avait pas cligné des yeux, elle se serait transformée en simple objet d'appréciation. 
Oscar n'avait absolument aucune connaissance concernant les poupées de souvenirs automatiques, et avait donc demandé à son ami de s'arranger pour lui. "Elle sera envoyée ici dans quelques jours.", avait-il dit, et après cette attente, elle lui avait effectivement rendu visite. 
__ Je pensais que le facteur m'apporterait une petite poupée robotisée dans un paquet. 
Il n'avait nullement imaginé que ce serait un androïde aussi semblable à un être humain. 
__ A quel point au juste la civilisation a-t-elle évolué pendant que je m'isolais ? 
Oscar était un personnage ignorant du monde en général. Il ne lisait ni journaux, ni magazines, et avait des dispositions sociales limitées. S'il n'avait pas d'amis pour se préoccuper de lui, les gens qu'il verrait se limiteraient probablement au livreur de l'épicerie qui le fournissait. 
Il regretta vite le fait d'avoir demandé un arrangement sans avoir fait de recherches plus approfondies. Le fait d'avoir une personne autre que lui-même... ou quelque chose ressemblant à un être humain dans une maison faite pour trois lui donnait un terrible sentiment de malaise, et d'une certaine manière lui rappelait des choses à l'arrière goût amer. 
__ J'ai comme l'impression de faire quelque chose de terrible à ma famille... 
N'ayant aucune idée des telles pensées d'Oscar, Violet s'assit sur le canapé du salon où elle avait été conduite. Elle sirota parfaitement le thé noir qu'on lui avait offert, il semblait donc que les machines s'étaient développées considérablement dernièrement. 
"Que va-t-il arriver au thé noir que vous venez juste de boire ?" 
Le sentant comme une question, Violet répondit : "Cela va finalement être évacué de mon corps... et retourner à la terre, je présume ?", inclinant légèrement la tête. C'était bien une réponse de poupée mécanique. 
"Pour être honnête...Je suis confus. Hum, parce que vous êtes un peu différente...de ce que j'avais imaginé." 
Violet observa son propre attirail d'un regard, puis ses yeux se posèrent à nouveau sur lui, qui la fixait tout en restant debout plutôt que de s'asseoir avec elle sur une chaise. 
"Y a-t-il quelque chose qui n'est pas conforme à vos espoirs ?
__ Non...plutôt qu''espoirs'...
__ Si le maître veut bien attendre, je pourrais demander à notre compagnie d'envoyer une autre poupée que moi.
__ Non... ce n'est pas ce que je voulais dire... Ce n'est rien... Du moment que vous pouvez faire le travail, c'est bon. Vous n'avez pas l'air bruyante.
__ Si vous l'ordonnez, je peux respirer aussi faiblement que possible.
__ Vous n'avez pas... à aller aussi loin.
__ Je suis venue ici parce que vous, Maître, demandez du secrétariat. Je m’efforcerai de vous plaire afin de ne pas salir le nom des poupées de souvenirs automatiques. Que les outils à ma disposition soient un stylo et du papier ou une machine à écrire, cela ne me dérange pas. S’il vous plaît, utilisez-moi comme vous l’entendez." 
Alors qu'elle disait cela, ses larges yeux bleus semblables à des pierres précieuses le regardant fixement, il hocha la tête avec un "okay", son cœur accélérant un petit peu. 
Sa période d'emprunt était de deux semaines. Dans ce laps de temps, ils devaient finir une histoire à tout prix. Oscar mit de côté ses sentiments, lui montra son bureau et commença à travailler immédiatement. Ou du moins c'est ce qu'il prévoyait, pourtant ce que Violet finit par faire en premier ne fut pas de l'écriture mais du ménage. 
La chambre d'Oscar, chambre et bureau intégrés, était dans un état désastreux. Des vêtements qu'il avait enlevés et une casserole avec de la nourriture à moitié consommée collée gisaient partout sur le sol. En bref, il n'y avait pas l'espace pour ne serait-ce qu'un pied à l'intérieur. 
Violet le regarda silencieusement de ses yeux bleus. "Vous m'avez appelée ici et pourtant, quelle est cette situation ?", semblaient-ils dire. 
"Je suis désolé..." 
Ce n'était certainement pas la chambre d'un travailleur. Il utilisait à peine le salon depuis qu'il était seul, c'est pourquoi il était propre, mais la chambre à coucher, la cuisine, les toilettes et la salle de bain où il entrait et sortait fréquemment étaient tombés dans un triste état. 
C'est une bonne chose que Violet soit une poupée artificielle, pensait-il. De ce qu'il pouvait voir, son âge semblait se situer entre la fin de l'adolescence et le milieu de la vingtaine, et il ne voulait pas montrer quelque chose d'aussi embarrassant à une femme aussi jeune. Même s'il vieillissait, c'était déplorable pour lui en tant qu'homme. 
"Maître, je suis une secrétaire, pas une bonne." 
Malgré cela, elle sortit un tablier blanc à froufrous du sac qu'elle avait apporté avec elle, et rangea tout de son plein gré. Le premier jour s'acheva ainsi. 
Le deuxième jour, les deux s'installèrent dans le bureau et commencèrent tant bien que mal leur travail. Oscar était allongé sur son lit, tandis que Violet était assise sur une chaise, ses mains sur la machine à écrire de son bureau. 
"'Elle...dit'," il parla, et elle écrivit calmement  chaque lettre avec une vitesse terrifiante à touche aveugle. En tournant ses yeux vers elle, il fut étonné. "Plutôt rapide, hein." 
Alors qu'il lui fit ce compliment, Violet enleva un des gants noirs qui dépassait de ses manches et exposa un de ses bras. Il était métallique. Le bout de ses doigts avait une constitution encore plus dure et plus robotisée que le reste de son corps. L’enduit de peinture sur les articulations entre un doigt et un autre était également insuffisant. 
"J'utilise une marque qui fait preuve de pragmatisme. C'est le standard de la compagnie d'Estark, donc mes capacités d'endurance sont élevées, et il m’est possible d’effectuer des mouvements et d'atteindre un niveau de force physique dont un corps humain ne serait pas capable, ce qui rend ces produits plutôt extraordinaires. J'enregistrerai vos mots sans omissions.
__ Ah oui ? Ah, hé, vous ne devez pas écrire ce que je viens de dire. Juste les mots pour le scénario." 
Il continua de dicter. Ils prirent beaucoup de pauses, mais les choses se passèrent bien à partir du premier jour. En effet, il avait le concept de l'histoire en lui. Il ne fut pas coincé avec le texte trop souvent. 
Tout en parlant, il avait réalisé que Violet était une excellente auditrice et secrétaire. Elle lui avait donné une impression de sérénité depuis le début, et cela se montra de façon frappante quand elle se mit en mode de travail. Bien qu'il ne le lui ait pas ordonné, il ne pouvait vraiment pas entendre le son de sa respiration. Tout ce qu'il pouvait distinguer, c'était le claquement de sa frappe. Il pouvait même se sentir comme s'il était celui qui utilisait la machine à écrire s'il fermait les yeux. Chaque fois qu'il demandait jusqu'à quel point elle avait écrit, il était amusant de lui faire lire, car sa voix était tempérée et sa récitation habile. 
N'importe quel texte paraissait comme une histoire solennelle si c'était elle qui la racontait. 
__ Je vois ; bien sûr que cela deviendrait populaire. 
Oscar fut en mesure de témoigner la grandeur des poupées de souvenirs automatiques avec beaucoup d’acuité. Pourtant, si les choses se sont déroulées sans problème jusqu’au troisième jour, une période d’incapacité à écrire quoi que ce soit persista à partir du quatrième. C'était quelque chose de commun parmi les écrivains. Il y avait des moments où on ne pouvait pas trouver les mots justes, en dépit d’avoir déjà décidé du contenu à écrire. 
Grâce à ses nombreuses années d'expérience, il connaissait une méthode de survie pour faire face à ces situations. C'était d'éviter d'écrire. Il avait intériorisé une règle selon laquelle rien de ce qu'il parvenait à écrire en se forçant n'était remarquable. 
Il se sentit désolé pour Violet, mais il dut la laisser dans l'attente. N’ayant plus rien à faire, elle prit sans expression soin du ménage et de la cuisine une fois qu’on le lui a demandé. Elle était probablement équipée à l'origine avec la disposition d'une travailleuse acharnée. 
Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé un repas fait par quelqu'un d'autre, encore moins un repas d'où s'échappait de la vapeur chaude. Il avait bien fait des commandes à des services de livraisons, et avait mangé dehors, mais c'était différent de la cuisine qu'un amateur aurait pris du temps et des efforts à faire. 
Une omelette de riz dont les œufs fondaient crémeusement dans sa bouche. Une recette orientale de steak de Hambourg avec du tofu. Un pilaf de premier choix avec des légumes colorés mélangés avec du riz dans une sauce épicée. Un gratin de fruits de mer difficiles à trouver dans un pays entouré de montagnes. En accompagnement, il y avait toujours des salades, des soupes et d’autres choses. Il était un peu ému par tout cela. 
Pendant qu'Oscar mangeait, Violet le regardait simplement, sans mettre quoique ce soit dans sa bouche. Même lorsqu’il lui suggérait de goûter les plats, elle disait : "Je mangerai par moi-même après.", sans céder. 
Il avait confirmé qu'elle était capable d'ingérer des liquides, mais peut-être qu'elle ne pouvait rien consommer de solide. Si c'était le cas, buvait-elle de l'huile ou quelque chose d'autre à son insu ? Alors qu'il essayait de se l'imaginer, une image surréaliste lui vint à l'esprit. 
__ Il serait toujours possible de manger ensemble. 
Il y pensa seulement, et ne le dit jamais à voix haute, mais il finit par le souhaiter. 
Elle était complètement différente de sa femme, mais il sentait que quelque chose lui ressemblait dans sa silhouette de dos pendant qu'elle cuisinait. Pour une raison quelconque, la regarder fit remonter en lui un chagrin excessif, et le coin de ses yeux devint chaud. Il ne comprit alors que trop bien ce qu'impliquait de laisser un étranger entrer ainsi dans sa routine. 
__ Je mène une vie bien solitaire en ce moment.
L'exaltation d'accueillir Violet sur le pas de la porte alors qu'elle revenait d'une course. Le soulagement de ne plus être seul désormais, qu'il sentirait en s'endormant le soir. Le fait qu'elle serait là quand il ouvrirait les yeux, sans qu'il fasse quoique ce soit. Tout cela le rendit bien conscient de l'ampleur de sa solitude. 
Il avait de l'argent, et aucun problèmes dans ses affaires quotidiennes. Cependant, plutôt que d'entretenir sa vie, cela ne servait que de protection pour empêcher son cœur de s'endurcir encore plus. Cela ne garantissait pas qu'il guérisse de ses blessures. 
Bien qu'il ne connaisse pas si bien son tempérament, il avait quelqu'un à ses côtés, qui était immédiatement à proximité chaque fois qu'il se réveillait, comme d’habitude. Cela pénétrait son cœur, qui à la longue s'était fermé, de s'être isolé si longtemps. 
L'arrivée de Violet dans sa vie était comme des rides à la surface d'une eau. Un petit désordre qui était arrivé sur un lac dépourvu de vagues. La seule chose qui avait été jetée dedans était un galet inorganique, mais pour une vie aussi fade que la sienne, cela avait apporté du changement sur ce lac sans vent. Ce changement avait-il été bon ou mauvais ? S'il devait le dire, il choisirait probablement "bon". 
Au moins, les larmes qui débordaient de la tristesse qu'il ressentait à chaque fois qu'elle était là étaient bien plus chaudes que toutes celles qu'il avait versées jusqu'alors.
Suite (Partie 2)
4 notes · View notes