Retour de ma balade à Cantin : j’arrive à Douai, au quartier du Raquet dont l’église est égayée de cerisiers du Japon et de choucas volant autour de son clocher. De l’autre côté de la rue, une très vieille réclame peinte sur le mur : un coq et un lapin stylisés, mais pour quel produit, pour quelle enseigne ? Mystère...
J’ai adoré ce livre jeunesse, premier tome d’une tétralogie (dont le dernier volume n’est pas encore paru) et je suis très admirative de sa jeune autrice, Camille Monceaux. Elle explique parfaitement clairement son projet littéraire qui mêle sa passion pour le Japon, ses recherches et son désir de fiction.
Elle a donc troussé une histoire très maligne et subtile qui se déroule à l’ère Edo, au début du XVIIe siècle. On se prend d’affection pour Ishiro, jeune héros à l’ascendance obscure, qui est élevé par un samouraï qui entreprend de l’éduquer à la fois dans le dénuement total (solitude absolue dans la montagne sévère) et rigueur intellectuelle ainsi que guerrière : il lui enseigne la voie du sabre.
Après une tragédie (ou plutôt deux), il se retrouve à errer dans Edo (ancien Tokyo), seul, ignorant, vulnérable. La société de l’époque est dure. Des castes existent, et il appartient à celle des enfants orphelins, errants, pourchassés plutôt que secourus. Le nouveau shogun est intraitable, les samouraïs règnent avec violence sur la ville, le pays se replie sur lui-même, refuse les étrangers, notamment les chrétiens.
Les bourgeois s’amusent avec le nouveau théâtre Kabuki qui supplante peu à peu le No. Ishiro, heureusement va se faire des amis, et connaître une trajectoire chaotique, pleine de rebondissements. Des rues, il va étonnamment atterrir dans les coulisses complexes des acteurs du théâtre. On apprend plein de choses sur cette époque et cette culture étonnante, notamment sur le statut des actrices, et à travers elles, des femmes…
Magnifique personnage féminin d’ailleurs qui apparaît dans la deuxième moitié du roman, Hiinahime. Mystérieuse jeune fille, qui vit recluse dans sa maison et son jardin, le visage constamment couvert d’un masque de No, pour un motif aussi révoltant que trompeur.
On quitte ce premier tome en brûlant de connaître la suite, envoûté que l’on est par la prose délicate, précise et poétique de l’autrice. Fidèle au pays qu’elle dépeint, elle livre un récit qui comporte une action vive et changeante, toujours inattendue, mais aussi de beaux passages descriptifs, des moments presque méditatifs, où le temps s’arrête et où on épouse les pensées confuses des personnages.
Un vrai régal, pour les adolescents certes, mais qui m’a également enchantée, et qui n’a rien à envier à beaucoup de romans pour adultes.
La crise climatique induite par l'homme fait fleurir les cerisiers du Japon plus tôt
La crise climatique induite par l’homme fait fleurir les cerisiers du Japon plus tôt
(CNN) — Chaque printemps, les foules affluent pour admirer la fleur de cerisier du Japon, une fleur rose et blanche éblouissante vénérée dans le pays depuis plus de mille ans.
Mais les plantes de sakura de renommée mondiale fleurissent beaucoup plus tôt que la normale en raison du changement climatique induit par l’homme, selon une nouvelle étude.
Des chercheurs du Met Office au Royaume-Uni et de…
Sakura dans la douceur du printemps toulousain. Au cours de son bulletin météo, la chaîne NHK World donne la date de floraison des cerisiers dans chaque région du Japon. Ce haïku de circonstance du poète Issa (XVIIIe-XIXe), n'en finit pas de traverser les continents et les siècles :
Et voilà, j’ai fini le tome 2 de ces Chroniques de l’érable et du cerisier, fabuleuse saga de Camille Monceaux.
On suit Ishiro qui quitte Edo pour Osaka, avec son ami fidèle et attachant, Shin. Un troisième personnage fait irruption dans le voyage, une ninja secrète et peu aimable, mais drôlement intéressante.
Ce volume est assez différent du premier, il est beaucoup plus axé sur l’action, avec pour décor le château d’Osaka, bientôt en guerre contre le shogun d’Edo. Il y a beaucoup de combats sanglants, et ce n’était pas ma tasse de thé. Mais le livre est riche en rebondissements et en questionnements ; Ishiro veut venger son maître, et honorer la voie du sabre ; il se révèle redoutable, et trouve sa place près des samouraïs aguerris. Mais il ne comprend pas bien la violence qui l’habite parfois, et sa capacité à guerroyer, lui qui peinait à tuer un lapin lorsqu’il était enfant. Cette interrogation sur la violence, sa nécessité, m’ont paru être un contrepoint intéressant pour de jeunes lecteurs.
Bref, c’est un volume sombre, plein de violence, d’action et de mélancolie. J’ai hâte de lire le tome 3 qui semble mettre à l’honneur un personnage bien aimé disparu tout au long de ce volume, et j’espère retrouver les plages méditatives et poétiques que j’avais tant aimées dans le premier tome.