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#photographional
kiramacyph · 6 months
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Our editors design apparent amounts of shadow effects and add noise depending on the type of object.
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Démolir les friches industrielles, c'est effacer la mémoire ouvrière, l'histoire, un passé chargé en luttes et revendications. Celle-ci, avec son escalier vertigineux est amenée à disparaître, comme tant d'autres avant elles. Photographions-les tant qu'elles sont encore debout. Pour ne pas oublier.
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atomojo · 1 year
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Hier nous avons reçu ces merveilles: 4 iris 👁 sous verre acrylique haut de gamme avec effets personnalisés en 70x70cm. Nous photographions vos iris depuis 2018 en Aquitaine et les imprimons sur différents supports. Nous sommes situés à Seignosse dans les landes précisément. Tous nos appareils 🖨💻📷 sont calibrés pour un rendu fidèle à la couleur 🌈 de vos yeux. Notre concept permet de retrouver à l'exactitude la carte irienne de vos yeux sans invention. Pour plus de renseignements: 0650846659 ou rendez-vous sur le site wwww.atomojo.fr Bon week-end à tou(te)s ! ❤ #irisphotographie #irisphoto #eyemazy #irisfoto #atomojo_photographie_iris #yeux #photodegroupe #sudouest #aquitaine #seignosse #hossegor #dax #tyrosse #irisgalerie #offrir (à Atom̐ojo) https://www.instagram.com/p/Cp8CH-EqKTR/?igshid=NGJjMDIxMWI=
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lounesdarbois · 2 years
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⁸Semaine du 10/4
Jour du Seigneur. Strasbourg. Réveil tout habillé sur un canapé. Aux alentours, amis allongés ça et là en silence. Il fait jour. Aucun souvenir de la veille. Tout cela ressemble fort à nos années 2000-2010, sauf que nous avons aujourd'hui 20 ans de plus et nous trouvons chez notre hôte sous l’appellation "les amis de Papa".
La jeunette est tenue par le mois de jeûne de sa religion qui la prive de me voir, me prive de la voir, et cette virée en France tombe au bon moment. Les archives de mon téléphone indiquent qu'elle et moi nous sommes écris et parlés plusieurs fois pendant la nuit or je n'en ai nul souvenir.
C'est le branle-bas de combat dans l'appartement, nous sommes en retard, enfourchons des vélos et bientôt filons par les rues piétonnes au soleil du matin. En France l'air et la lumière ont un charme spécial, différent de ce que l'on trouve en Allemagne, Belgique, Hollande. Tous les retours de voyage confirment cette atmosphère particulière, adolescente, virginale et idyllique de l'air et de la lumière en France. Dès Avril, les fins d'après-midi deviennent des spectacles splendides et parfois même déchirants, avec cette lumière penchée qui caresse tout ce qu'elle touche. Passent dans ce décor tant de beautés à mesure que s'écoule le sablier dans cette nation qui n'a pas son destin en main, que l'on peut se demander pourquoi ce qui est vraiment beau est toujours un peu tragique (réponse au chant XI de l'Iliade). Ce matin, air frais et tonique, très jolis visages dans les rues (jolis nez), aux teintes très claires, très saines.
C'est le Dimanche des Rameaux. Eglise radieuse, propre, parquetée, remplie au point que certains paroissiens sont forcés de rester debout (critère objectif pour la locution "église remplie", locution à employer à bon escient). Gens assez fringants, bonne vêture, liturgie impeccable. 35 enfants de chœur et 4 petites filles en costume alsacien des dessins de Hansi . Contraste avec Bruxelles et ses chapelles sales, ses toilettes négligées revêtues par des doloristes éparpillés sur le carrelage noirâtre. Ici, beaucoup de distinction dans les allures, toilettes simples et nettes, nombreuses dames à beau visage calme, habillées de longues jupes plissées, du plus bel effet. Toutefois elles sont mêlées indistinctement aux hommes sur les bancs comme à l'école publique, et aucune d'entre elles ne porte le voile. M'ouvrant de ce paradoxe à deux habitués de la paroisse, faisant mon monsieur anglais, avançant des arguments ponctués de "et je trouve très choquant que...", ces gens m'apprennent que cette disparité tient à quelque subtilité de missel. Oui, on trouve toujours de bonnes raisons pour se soumettre à ce qu'elles veulent... L'église orthodoxe que nous prétendons juger est seule demeurée intacte sur les points formels, pratiques, vérifiables, mesurables, objectifs. Peut-être un jour comprendrons-nous que les Orthodoxes avaient raison eux aussi. 
"La foi c'est un feu". Sermon extraordinaire. Mais c'est un sermon... Commence par faire respecter le port du voile dans ta propre église, mon petit père, ne puis-je m'empêcher de penser. Le voile, le foulard français ou le bonnet lorrain, mais non la mantille qui est un truc étranger (et laid, troué, pendouillant). Au moment précis où commence l'Eucharistie plusieurs dames sortent leur voile pour se couvrir. Il suffisait de demander!
Sortie sur l'un des plus beaux chants du répertoire, plus entendu depuis des années, Ô croix dressée sur le monde. Dehors. Parvis. Pluie légère. Ambiance Paris au début des années 1990: foulards Hermès, trenchs, serre-tête, carrés bien nets, la totale. Nous nous photographions avec des amis et je me moque allègrement de leurs choix sartoriaux de chaussures et de de chaussettes. Répétant un bon mot de Xavier Eman je leur dis qu'ils ressemblent à Enguerrand de Saint-Pétoncle, qu'en vêtement il faut viser plutôt la simplicité, la netteté (voir sans être vu), que la France est davantage le pays des jansénistes que celui des muscadins. "Et toi tu as l'air d'une moukère, toi", me dit un camarade désignant mon manteau noir à col remonté, et un bonnet slave assorti.
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Vélo pour rentrer. Les amis filent en avant et chantent Avec Jean-Marie : je n'ai plus de problèm-euh, avec Jean-Marie : je n'ai plus de souci. Sur cet air, nous traversons les rues piétonnes devant les passantes amusées de voir trois types habillés en milord et visiblement ivres de la veille au soir, qui braillent des refrains de campagne électorale (c'est un jour d'élections présidentielles à ce que l'on dit). Les rues résonnent, ambiance du tonnerre garantie.
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C'est une vraie journée de tra-tra, une protestation contre le monde, une provocation, "this is provocation" (Chirac). Bouteilles de Chinon et de Pouilly-Fuissé sur un buffet, épluchures d'asperge partout sur le plan de travail, fébrilité en cuisine, belles toilettes, enfants, adultes, musique. Nos hôtes peaufinent une blanquette de veau dans une marmite Le Creuset. Belle table vite et bien ordonnée, belle vaisselle, bon tour de main, les bonnes réjouissances françaises épanouies pour nous réjouir par-dessus un monde qui nous somme de nous rabougrir. En Belgique je vis comme Aramis, en France comme Porthos. Tous les plats sont bons partout, tout le temps, et chaque retour est une fête. Un déjeuner réussi suppose, plus encore que l'exécution d'une recette, un certain tour de main, la manière, la connaissance pratique de tous les gestes, étapes et ustensiles. C'est une prouesse de concentration qu'il faut accomplir pour la découpe, la coordination des cuissons, le dressage, le service, et avec cela garder l'esprit léger, disponible. On verra de suite que cela requiert des compétences techniques mais surtout une vraie force morale. Notre hôte se plaint que nous n'ayons plus de vin blanc ordinaire à verser dans la blanquette. Il cherche avec quoi déglacer les sucs et bientôt je pousse un cri d'horreur lorsque cet enfoiré vide la bouteille de Pouilly-Fuissé intégralement dans la blanquette. Je lui dis que c'est ignoble, que c'est sacrilège, qu'il est la honte de la bourgeoisie française et nous trouvons des accents macroniens pour l'accabler tous ensemble de hurlements et de doigts pointés: "Faites ce que vous voulez mais pas ça! Pas ça! Pas ça! ", devant les enfants médusés, bref il semble que les amis de Papa fassent un raffut épouvantable.
La maîtresse de maison a préparé un fabuleux gâteau au citron, et nous laissons dérouler les longues conversations de fin de repas. Vive la bourgeoisie-blanquette-de-veau lorsqu'elle est tonique et renseignée, consciente d'elle-même et insolente, musculaire, au-dessus des pressions du monde... Pour une raison que j'ai oublié nous évoquons longuement les gros-plein-de-sucre, la manière dont certains types de notre génération se sont jetées sur les desserts industriels depuis les années 80 alors qu'ils sont plus coûteux que les pâtisseries artisanales. L'un des potes nous fait des imitations à mourir de rire des cailleras dégustant leur Sundae et leur Mc Flurry, et nous nous levons de table littéralement pliés en deux.
Le centre de tout, en société multiculturelle, c'est le racisme, quelles que soient les dénégations, quelle que soit la communauté. Tout est communautaire, et la plupart des étrangers sont d'extrême-droite sans le savoir, puisque les Blancs ne le leur font jamais remarquer, par trouille ou par manque de concentration. En dehors des adolescents et des Blancs, tous les individus fonctionnent par communautés conservatrices, traditionnelles, endogames, jalouses des femmes, groupées autour d'une statue du commandeur qui fait office de Surmoi. Ainsi pour simplifier il y a Bassem chez les Maghrébins, Kemi Seba chez les Africains, Laurent Ozon et Laurent Obertone pour les Français (deux exceptions), Zemmour pour les séfarades, Finkielkraut pour les ashkénazes. Les Français sont les moins communautaires et pourtant les plus légitimes à l'être en France puisque le pays est le leur en propre et en totalité, puisque le pays n'est pas une île qui aurait été découverte par 5 communautés qui seraient venues s'y juxtaposer au même moment, puisque le pays est le seul héritage des seuls Français, construit par et pour les Français seuls. Toutes les autres races dans leurs pays respectifs seraient très choquées de se voir soudain imposées à leurs frais des "arrivants" de plus en plus nombreux, qui parlent fort et "qui ont pris la confiance". Oui, tous les étrangers sont d'extrême-droite sans le savoir.
On trouve en marge une masse d'adolescents et de "kids" de tous âges, de toutes orientations et milieux sociaux, masse très portée sur le pulsionnel, le fusionnel, qui prétend communier dans une seule et même culture or ce grand bloc est en réalité fragmenté de milliers de sous-positionnements LGBT, religieux, linguistiques, selon l'origine, le milieu familial et l'ancienneté d'arrivée en France. C'est surtout cette dernière catégorie que l'on peut aider à se réformer, puisque ses choix orientés par le système lui font fatalement souffrir toutes sortes de névroses. Le seul vrai défi en matière d'éducation? Devenir des hommes très masculins et des femmes très féminines, bienveillants, calmement religieux, politiquement transcourants, proudhoniens, éveillés, stricts, cultivés, exercés, ordonnés, propres, et qui construisent des choses propres, des œuvres.
L'exil est un état de fait, aussi une impression vague qui se réveille très fort parfois, comme un jour en 2018 à l'écoute d'un morceau de PNL, "sang corse mélangé bougn* : je ne suis ni de chez moi ni de chez vous". Ces types sont issus comme moi d'un père Français et d'une mère Carthaginoise, mariage assez rare. Mais je suis de culture française et porte un prénom du calendrier, pas eux. Identité encore plus rare, qui n'a pas de communauté, exil solitaire, et c'est très bien ainsi. Affection filiale pour la France. Sympathie pour certains aspects de la culture traditionnelle du Maghreb. Mais qu'il s'agisse de la France ou du Maghreb, impression d’illégitimité, et toujours le Kabyle des Français et le Gouère des Arabes. Et si les premiers ne me l'ont jamais fait sentir (aucun racisme sérieux chez les Blancs, jamais, nulle part, y compris pour leur malheur), les seconds me l'ont souvent fait comprendre (pression religieuse + endogamie absolue par lignée patrilinéaire or je suis fils d'un Français de souche).
Une autre colonisation de la France est en marche depuis environ 20 ans: c'est le rachat par des étrangers des beaux bâtiments français laissés à l'abandon par les propriétaires du sol que les impôts ont ruiné. Cela se vérifie partout. Ces colons-là rachètent nos biens non pour les farcir de leur culture à eux, mais pour les refranciser le plus possible par rénovation en l'état originel. Exemple de la Dordogne anglaise: les Britanniques ne transforment les maisons qu'ils achètent ni en Yorkshire Cottage, ni en style Stuart ni en Georgian. Ces étrangers s'attachent à retrouver le plus exact style périgourdin. Observons encore l'oeuvre des réseaux néerlandais sur la France, investisseurs spécialisés dans l'achat locatif touristique, demeures anciennes converties en chambres d'hôte, etc. Enfin les réseaux allemands et scandinaves sont eux très branchés sur les bâtiments traditionnels collectifs: phalanstères, béguinages, pensionnats, monastères. Non seulement ces hommes rénovent de fond en comble et à leurs frais le bâti traditionnel français, mais en plus ils retournent le terrain alentour pour le semer, le tamiser, le passer au rouleau, et un an plus tard voici qu'a poussé sur les lieux d'un terrain vague encerclant de ronces une ruine sordide, de ravissants jardins à la française autour d'une maison blanche comme la neige au soleil. 
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Lundi.  Etude, travail.
Mardi. Idem.
Mercredi. Idem.
Jeudi. Sept heures de trajet de l'Alsace à Bruxelles. A hauteur de Pirmasens en Allemagne, suis arrêté par la police de la route qui me suivait dans un VW Transporter. J'ai une plaque belge et viens de France, porte un survêtement et une casquette, le coffre est rempli de paquets bizarres et ne s'ouvre pas de l'extérieur. Bon... Mobilisant les rudiments d’allemand que je possède pour amadouer les agents, je vois sur leurs plaques d'uniforme qu'ils sont deux au nom germanique et un au nom slave, et tous trois sont du genre peu commode. Ils font un long contrôle d’identité, passent des appels à leur centrale... ne demandent même pas l'ouverture du coffre. Puis ils repartent. Moment sympa.
Arrivée à Bruxelles. Affaires posées puis 3 heures complètes passées à Madou à engueuler un camarade pour de sombres histoires de sommes d'argent qu'il croit dues et qui ne le sont pas. Il veut que l'on se revoit le lendemain, je lui dis que demain c'est Vendredi Saint, que j'ai autre chose à faire, et prends congé.
Vendredi. Deuil jusqu'au lendemain. Repos, terrasse au soleil à Schaerbeek, Lacoste noir, lecture. Le vieux monsieur napolitain m'adresse la parole. Il a fait sa carrière en France, a eu plusieurs enfants d'une Marocaine, évoque le Marseille des années 60.
Samedi. Office des ténèbres. Confession, qui me vaut le conseil d'étudier mieux la vie de Saint François de Sales, le saint de la douceur qui était pourtant "de nature très colérique" me dit-on. Beauté dépouillée de l'église avec les statues couvertes. Plus tard terrasse, soleil. Mes amis peuvent bien chanter les louanges de la Méditerranée autant qu'ils veulent: un matin pareil je ne bougerais de la Flandre et de son raffiné soleil du nord pour rien au monde.
Soir, veillée de Pâques: office très long, célébrant un peu lourd. Très froid, sommes gelés. Tous les ornements de l'église réapparaissent. Moment fort lors de la Communion: suavité de l'hostie, exquise odeur de l'encens de Pâques lorsque l'on s'approche de l'autel (de l'autel qui réjouit ma jeunesse précise le Psaume 42). C'est un encens particulier qui n'est utilisé qu'une fois l'année, fabriqué avec des résines aromatiques qui exhalent mille nuances subtiles, cela vous prend et vous monte au ciel. Je rentre banqueter seul jusqu'à 3 heures du matin. Rôti d'agneau au thym, pain azyme, salade fraîche, le tout arrosé d'une bouteille de Margaux. C'est la nuit de Pâques, et la solitude n'est pas une excuse pour se laisser aller ! "Aujourd'hui Lucullus dîne chez Lucullus".
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marie-chatelaine · 3 years
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Monsieur, connaissez-vous les abeilles ? 
      ― Monsieur, oui; mais je les connais 
      ― sans les connaître. 
      ― Pas suffisant, pas suffisant, monsieur! Il faut que vous les connaissiez tout à fait, et ça me regarde. On leur a fait une réputation de mauvaises coucheuses qu'elles ne méritent aucunement: des moutons, monsieur, de véritables moutons! 
      ― Oui, je sais : il y en a qui prennent des gants pour leur parler, des gants et des masques; ça fait pitié! Jamais de masque, moi, monsieur, jamais de gants, ― et je ne vis qu'avec elles! ― Et je me charge, moi qui vous parle, je me charge, entendez-moi bien, monsieur Nadar, de vous camper au plein d'un essaim déchaîné ― avec moi à côté de vous, monsieur, avec moi! ― Et tous les deux ensemble, nous ouvrirons, nous tournerons, retournerons, tripoterons, ― sur nos genoux, si vous voulez-bien ― une ruche en plein travail, sans que ayez à souffrir d'une seule piqure! ― Et photographions ça, raide ! ― Si la chose vous va, je suis votre homme : ― vous va-t-elle? 
-Nadar, Le dompteur d'abeilles -
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alain-keler · 3 years
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Le journal est en vacances mais…
Première parution le 13 décembre 2013 avec une photo du 16 décembre 1976.
Jeudi 16 décembre 1976. L’unique scoop de ma carrière de photographe. Enfin presque…
Dans la série on me faisait faire des reportages qui ne m’intéressaient pas, mais alors vraiment pas, cette journée a est à marquer d’une croix*.
L’agence Sygma m’envoya à la légation de Monaco à Paris où le prince Rainier devait remettre des médailles. J’étais quand même impressionné. Et devant une altesse, j’avais eu très peu de temps pour travailler, alors Je shootais vite cette scène mémorable de dix personnes en costumes cravates entourant le Prince, juste après avoir reçu des médailles. Je rembobinais vite.
Retour à l’agence.
Il y avait un photographe spécialisé dans le people, les gens célèbres. Il gagnait déjà en 1976 des fortunes. j.A avait toujours un cigare à la bouche et n’arrêtait pas de parler de ses « coups  impressionnants » et d’argent. Je le trouvais quand même bizarre, tant il était éloigné de ce que j’aimais dans le métier. On ne peut pas dire que le personnage respirait la finesse, mais pour des raisons que je suppute un peu – j’avais toujours dit, au moins au début de ma collaboration avec Sygma, que je souhaitais gagner de l’argent et ensuite repartir voyager à la routarde, comme je l’avais fait plus jeune- J.A m’aimait bien. Il m’appelait Keler, sans le prénom, pourtant presque exclusivement utilisé dans notre profession.
Donc de retour à l’agence de la légation de Monaco, J.A m’aborda.
« Keler, j’ai loupé un gros coup hier soir. Il y avait une répétition au palais des congrès de Rika Zaraï pour son nouveau spectacle qui doit commencer dimanche. Mais elle est fatiguée. Gilles Paquet – le grand manitou du showbiz- m’a dit qu’elle est arrivée en retard pour la répétition, qu’elle a commencée à chanter, et qu’au bout de quelques minutes elle s’est roulée par terre. Crise de nerfs. Il y a une nouvelle répétition ce soir, je ne peux pas y aller. Tu vas me remplacer. Je vais prévenir Gilles. S’il se passe ma même chose qu’hier soir, et si elle se roule par terre, tu ne laisses personne t’empêcher d’aller sur la scène et de photographier. Il va y avoir une attachée de presse avec toi, si elle t’empêche, tu te bats s’il le faut, tu fonces.
Perplexe, j’acceptais** ce qui était en fait un véritable cadeau, et qui valait sans doute beaucoup d’argent à la revente, ce reportage justifiant entre autre le report du concert de la chanteuse.
Le soir, j’étais attendu dans l’immense salle du palais des congrès de la porte Maillot. Il y avait déjà l’orchestre sur scène. J’entrevoyais le grand manitou Gilles Paquet, qui me vit mais m’ignora splendidement. Dans la salle, déjà assise sur un fauteuil, l’attachée de presse, celle qui devrait être l’ultime rempart entre moi et la fortune d’un premier scoop. Elle était sympa. Grande, blonde aux longs cheveux. Elle semblait déjà avoir pas mal d’heures de vol, mais bon. Je m’asseyais à ses côtés.
L’orchestre commença à jouer sans la chanteuse. Quinze minutes, trente minutes. Au bout peut-être de quarante cinq minutes, elle arriva en compagnie de son mari. Elle semblait passablement énervée. Elle monta sur la scène, commença à chanter. Mais on sentait que quelque chose clochait. Au bout de dix minutes, elle craqua, se roula par terre. Je ne savais pas quoi faire, paralysé par ce que je voyais. A ce moment précis, celle qui devait s’interposer tapa sur mon bras du revers de sa main et me dit : « vas-y, vas-y ! » J’y allais. Je me précipitais sur la scène et photographiais la vedette allongée par terre. J’étais venu avec deux appareils. Celui avec lequel je photographiais, muni d’un gros flash attaché par une barrette facilement amovible, et un deuxième boitier, prêt à prendre le relais du premier appareil, celui qui m’avait accompagné quelques heures plus tôt à la légation de Monaco. Au bout de quelques minutes de ce drame du show business, et sans doute après avoir jugé que j’avais rempli mon rôle de photographe, deux personnes vinrent chercher la chanteuse, son mari et une autre blonde bien coiffée, et elles l’emmenèrent en direction de l’ascenseur qui montait vers les loges. Je suivis le mouvement, serein, maintenant que j’étais convaincu d’être le sauveur du spectacle. Le compteur de l’appareil muni du flash affichait 34 vues. J’avais fait 34 photos sur la scène. Pour ne pas être pris de court, je retirais la barrette et le flash que je vissais sur mon second boitier. J’accompagnais tout ce petit monde dans l’ascenseur, puis dans le couloir jusqu’à la porte de la loge, où le mari de Rika me dit très gentiment d’arrêter.
Ma mission terminée, je redescendis dans la grande salle où l’attachée de presse se trouvait encore, assise au même endroit. Je m’asseyais à ses côtés en me disant que plus tard, lorsque j’aurai de la bouteille, je raconterai cette soirée à mes petits enfants. C’était une époque ou j’étais encore optimiste sur mes facultés de réussir à faire une famille. Je pris le premier boitier, celui du scoop, celui où j’avais enregistré cette scène invraisemblable d’une vedette en perdition. Ma voisine me parlait. Je rembobinais mon film. Ca tournait. Ca tournait. Ca tournait. Ca ne s’arrêtait pas de tourner. Une espèce de courant d’air chaud commença à remonter le long de mon corps qui commençait à se décomposer, jusqu’à atteindre mon visage. Ma voisine me parlait toujours. Je ne l’écoutais plus. Je ne pensais plus du tout qu’un jour je raconterai à des hypothétiques petits enfants ce qui s’était passé ce soir là.
Je cru avoir compris : le boitier du scoop était vide. Je l’ouvrais pour constater que je n’étais pas si con que ça. Le boitier était vide. Impressionné par le prince Rainier un peu plus tôt dans l’après midi, j’avais rembobiné vite sans remplacer mon film.
Je me sentais mal. Je pris ma voiture et allais sonner à la porte de ma copine de l’époque. Elle n’ouvrit pas. La bienheureuse dormait.
Je rentrais chez moi. La nuit fut passable.
Le lendemain matin, sur les coups de dix heures, j’allais à l’agence rue des vignes, dans le 16ème. Courageux, je me dirigeais vers le bureau de Monique. A cette époque, elle était l’incontournable prêtresse du show biz et des tournages de films, pour les agences photo. Elle était au téléphone. De l’entrée de son bureau, j’entendais la conversation : « Oui, j’ai vu les photos, oui on la voit se rouler par terre, oui elles sont bien » (les photos). J’ai toujours pensé que dans les situations les plus merdiques, il fallait savoir rester digne. Monique ne faisait que répondre aux descriptions données par son interlocuteur, le grand manitou Gilles paquet. Elle raccrocha.
Moi : « Monique, je ne comprends pas comment c’est possible, mais j’ai perdu un film. Il ne m’en reste qu’un. » Celui qui avait échappé au terrible sort de la famille de Monaco. C’était celui de l’ascenseur et du couloir, celui où les photos n’étaient pas terribles. Ca, je ne lui ai dit pas.
Monique : « Ah bon, c’est embêtant, j’avais justement Gilles paquet au téléphone –j’avais compris- et je lui disais que les photos étaient bonnes ». Puis elle rajouta : « puisque vous avez commencé l’histoire, vous allez la continuer et aller devant sa maison (Rika Zarai ), dans une allée privée du 16ème- et vous allez la photographier lorsque l’ambulance l’emmènera à l’hôpital ».
Devant la maison de Rika zaraï, il y avait deux autres photographes. Le premier travaillait pour Ici Paris, et le second pour France Dimanche. Deux grands journaux d’information! L’ambulance arriva. La chanteuse portée par deux ambulanciers fut amenée dans le véhicule. Nous photographions. J ‘apercevais au loin un homme qui surveillait la scène. C’était Gilles Paquet, l’homme qui m’avait copieusement ignoré la veille, à mon arrivée au palais des congrès, le grand Manitou du Show Biz. L’ambulance s’en alla. C’était finit. Ou presque.
Paquet m’emboita le pas alors que je me dirigeais vers ma voiture, garée non loin. J’accélérais. Il accélérait. « Comment étaient les photos », me demanda-t-il. J’augmentais une nouvelle fois mon allure. Tel un sprinter de compétition, il restait dans ma roue, comme au Vel d’hiv pendant les six jours de Paris. Je finis par lui lâcher un timide « pas mal », puis j’ouvris la porte de mon véhicule sauveur.
Je crois que Monique m’aimait bien. Elle avait essayé plusieurs fois de me confier des reportages. J’avais photographié pour elle deux ou trois tournages de films secondaires, des répétitions de pièces de théâtre. Mais elle a du réaliser assez vite que je n’étais pas un photographe très « glamour ». Je n’ai plus jamais travaillé pour elle.
Mais comment aurais-je pu être « glamour » avec un père qui transformait le nom du compositeur préféré de ma mère, Ludwig Von Beethoven, en « Bitovant » (bite au vent = traduction de l’auteur), au grand désespoir de cette dernière.
*Légende de Sygma : « Au cours de la dernière répétition générale avant sa première au palais des congrès, Rika Zarai s'est écroulée. Elle souffre d'un syndrome neuro dépressif, du à l'absorption de médicaments contre indiqués. Rika a été transportée d'urgence le lendemain matin dans une clinique de Montmorency pour subir des soins intensifs. Son producteur Henri Soumere a retardé le spectacle d'une semaine".
** J’étais surtout dans l’impossibilité de refuser.
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MARDI 4 AOUT 2020 – (Billet 1 / 2)
Nous n’allons pas vous décrire ici ce que Marina avait cuisiné pour nos hôtes. Il parait qu’à nous lire, parfois, on donne l’impression de ne jamais cesser de faire des dîners ou de s’offrir des déjeuners à droite et à gauche.
Ce qui n’est pas vrai du tout. On mange comme tout le monde mais quand nous ne sommes que tous les deux et que par exemple JM fait une omelette avec les restants de courgettes de la veille, nous ne la photographions pas.
Ce petit préambule pour vous dire que vous ne trouverez ci-dessus qu’une photo de l’apéro, histoire de vous présenter nos très sympathiques invités et amis, Diane (H. de S.), une ancienne « collègue du Club Med », lectrice/ abonnée du Blog de longue date, et Pierre (L.), son compagnon, aucune sur le dîner (de simples coquelets cuits « façon Marina, petites pommes de terres rissolées et poêlée de champignons des bois)... mais par contre 2 photos de notre fin de soirée autour d’un « Amaretto Sour », le cocktail/digestif découvert l’autre soir à Montmartre.
JM s’était entraîné la veille mais il était très curieux (voire un peu anxieux) de connaître les réactions du couple et celle de Marina.
Et elles ont été plutôt positives. Ouf ! Car la difficulté c’était d’incorporer au shaker un blanc d’oeuf monté en neige avec des glaçons pour « texturer » le cocktail et obtenir une petite mousse, très chic, sur le dessus.
Une chose est sûre, comme le liquide est glacé, que le citron pressé contrebalance bien le sucré de la liqueur d’amande, plus il fait chaud, plus ce cocktail est agréable à boire.
Et puis ça change du Limoncello, non ?
Ci-après, la recette « officielle » de ce cocktail. Pour vous simplifier les choses, nous avons remplacé les indications en centilitres par un « bouchon »… le « bouchon » de votre shaker. Car dans un cocktail, tout est question de proportions entre les différents ingrédients et ici, elles sont très simples. Suivez bien le process, vous ne pourrez pas rater votre cocktail. Si JM y est arrivé, croyez-le, tout le monde peut y arriver.
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Le cocktail « Amaretto Sour », un classique à la liqueur Amaretto
Ingrédients pour 2 personnes
Amaretto : 4 bouchons
Jus de citron jaune : 3,5 bouchons
Blanc d’œuf : 1 demi blanc d’œuf monté en neige
Quelques zestes de citron verts
Préparation
Réalisez le cocktail « Amaretto Sour » au shaker.
Faites tourner quelques glaçons dans un verre à cocktail pour le rafraîchir.
Dans un shaker, versez l’amaretto, le jus de citron jaune et le blanc d’œuf préalablement monté en neige.
Shakez pendant 10 secondes sans glaçons.
Ajoutez 8 à 10 glaçons et shakez de nouveau pendant 15 secondes.
Retirez les glaçons du verre à cocktail.
Filtrez le cocktail dans les verres.
Remettre quelques glaçons dans les verres puis saupoudrez la mousse avec quelques zestes de citron vert.
Votre cocktail « Amaretto Sour » est prêt !
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Le cocktail « Amaretto Sour » : son origine
La liqueur Amaretto est un digestif italien incontournable au goût d'amande amère. Il est connu pour être l'un des ingrédients de base du cocktail « Amaretto Sour ». Ce mélange aurait été créé en Italie dans les années 1950 – comme le « Old Fashioned », le « Seabreeze » et le « Side Car » - mais c'est vraiment 10 ans plus tard qu'il serait devenu à la mode, dans les bars américains. À tel point qu'en 2017, l' « Amaretto Sour » était un des cocktails “classiques” les plus populaires au monde !
« Amaretto Sour » et blanc d'oeuf sont indissociables. Le blanc d'oeuf (monté en neige) bien utilisé permet d'obtenir une mixture à l'aspect crémeux. Le jus de citron jaune contenu dans le cocktail « Amaretto Sour » permet, lui, de trancher avec le sucre contenu dans la liqueur Amaretto. Le cocktail est toujours une affaire d'équilibre des saveurs... Mais ce jus de citron évitera aussi que votre cocktail sente l'oeuf !
La recette de l'Amaretto Sour, bien que réalisable au shaker, est relativement simple. Il vous faudra juste maîtriser le “dry shake”, une méthode qui consiste à shaker un cocktail à base de blanc d'œuf afin d'entamer le processus d'émulsion. C'est primordial si on veut obtenir de la mousse sur son mélange, le petit détail qui fait tout !
(Sources : « 1001cocktails.com » et « villaschweppes.com »)
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mariepascaleremy · 2 years
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La marque des étoiles
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“Les forces actives du monde étoilé nous poussent dans l'incarnation physique. La perception clairvoyante nous permet de voir dans l'organisation d'une personne qu'elle est effectivement le résultat du travail de telles forces cosmiques. Je veux illustrer cela sous une forme hypothétique qui correspond néanmoins pleinement aux perceptions clairvoyantes. Si nous examinons la structure du cerveau d'une personne de façon clairvoyante et que nous pouvions voir que certaines fonctions sont situées à certains endroits et donnent lieu à certains processus, nous trouverions que le cerveau de chaque personne est différent. Aucune personne n'a le même cerveau. Si nous pouvions prendre une photo du cerveau entier avec tous ses détails visibles, nous prendrions une photo différente pour chaque personne. Si nous photographions le cerveau d'une personne au moment de sa naissance et prenions une photo du ciel directement au-dessus de son lieu de naissance, les deux photos seraient semblables. Les étoiles sur la photo du ciel seraient arrangées de la même façon que certaines parties du cerveau sur l'autre image. Ainsi, notre cerveau est vraiment une image des cieux, et nous avons chacun une image différente selon où et quand nous sommes nés. Cela indique que nous sommes nés de l'univers entier." Rudolf Steiner #rudolfsteiner Source : Rudolf Steiner - GA 15-L ' Orientation spirituelle de l'individu et de l'humanité : Troisième conférence - Copenhague, 1911 juin 1911
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vivilongstocking · 3 years
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Le jour où j’ai fait le saut de la mort.
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Je quitte enfin la capitale, Lusaka, après quelques dix jours passés là-bas. Mes premières impressions de voyage me ravissent, et – rétrospectivement – j’ai conscience de traverser la période euphorique de ce Tour du Monde. Plus tard en Asie, je connaîtrai une grosse fatigue voire une grosse déprime, et vers la fin et l’Amérique du Sud, ce sera plutôt la nostalgie qui guidera mes pas vers l’inéluctable date du retour. Pour le moment, je profite – toujours incrédule – de chaque instant et quitte mon cocon, le Cha Cha Cha Backpackers, direction Livingstone. Là-bas m’attendent les chutes Victoria, celles qui me font rêver depuis que je suis toute petite. J’ai toujours imaginé le continent comme dépeint dans “l’African Queen” de John Huston, luxuriant et évidemment sauvage. J’étais cependant loin d’anticiper cette verdure insolente, complètement inattendue. La saison des pluies permet aux arbres géants qui m’entourent de s’épanouir de manière colossale et renforce le contraste avec la latérite si caractéristique de l’endroit. J’en viens même à apprécier l’odeur de fraiche humidité sur la terre après ces grosses averses qui me trempent jusqu’aux os, malgré mes deux épaisseurs d’imperméable! Ce soir, je passe ma première nuit du périple dans ma tente, à l’abri des ronflements de dortoirs. Demain, je finirai de parcourir les quelques centaines de mètres qui me séparent de mon but zambien ultime.
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Je les entends, avant de les voir. Le bruit est sourd et couvre toute l’atmosphère, des kilomètres à la ronde.
Au petit matin l’excitation est à son comble et me voilà rapidement dans la navette vers le parc national Victoria. Je les entends, avant de les voir. Le bruit est sourd et couvre toute l’atmosphère, des kilomètres à la ronde. Telle une vague rugissante. Je dévale les quelques escaliers qui me mènent au premier de point de vue et en ai le souffle coupé. Les Makalolo appelle l’endroit “la fumée qui gronde”* pour une raison: je ne vois quasiment rien! Mais mon regard s’habitue et s’adapte, et je finis par percer le mystère de la brume dégagée par l’abime. Epoustouflantes, les chutes sont tellement larges que je ne peux en voir la fin vers la frontière zimbabwéenne. Le Zambèze se déploie sur plus de deux mille mètres à ce niveau! Avec mon pote irlandais du jour, nous décidons de suivre le petit sentier de visite, nous nous photographions dans tous les sens et nous en prenons surtout plein les mirettes entre arcs-en-ciel, fous furieux qui sautent à l’élastique et babouins pacifiques perchés au-dessus de nos têtes. Et à force de déambuler partout pour ne rien en manquer, nous finissons évidemment par arriver là où on n’aurait pas dû. En remontant le majestueux fleuve en amont, nous tombons face à face avec quelques zambiens locaux qui nous proposent rapidement une petite traversée “facile” pour rejoindre une piscine naturelle. Dès le début ce n’est que tentation : d’après notre conversation approximative en anglais et les quelques gestes échangés, j’en déduis que l’expérience se situe sur l’autre rive du bras de fleuve sur lequel nous nous trouvons. A peu près 30 ou 40 mètres à traverser, même pas toute seule, je pense que c’est dans mes cordes… Le seul problème, c’est que je ne vais pas pouvoir immortaliser ce moment: impossible pour moi de franchir l’obstacle mon réflex à la main.
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L’eau monte jusqu’à mi-cuisse et nous pousse en arrière, je n’ose penser à la chute.
Et c’est parti, agrippée bras-dessus bras-dessous à mes acolytes, face au Zambèze et dos aux chutes… C’est flippant. Le courant est monstre. Il y a aussi un barrage un peu plus haut mais personne ne sait quand exactement il est ouvert! Trop tard, je suis déjà à la moitié du chemin. L’eau monte jusqu’à mi-cuisse et nous pousse en arrière, je n’ose penser à la chute. Ils nous ont fait enlever nos chaussures et nous évoluons sur une sorte de micro-mur en ciment immergé, sur lequel nous devons marcher en version pas-chassés. C’est dur, ça fait mal, c’est intense et ça fait vraiment peur. Bien sûr, je râle, je veux rebrousser chemin, je sens que j’ai fait une grosse connerie mais l’adrénaline me porte jusqu’au bout. C’est fait, nous sommes de l’autre côté! Malheureusement ma joie est courte car nos guides nous apprennent dans la foulée que nous ne venons à peine de parcourir qu’un tiers du parcours. J’enrage. C’est donc maintenant parti pour quelques 300 mètres de traversée paniquante sur des rochers acérés et glissants, toujours sans chaussures (décidément l’idée m’échappe)… Je suis plus qu’à la peine, la faute à ma condition physique déplorable! Je suis lente et je finis par me décourager. Mais pas de souci, Jeremiah – le guide – me pousse de force dans l’eau et ne me demande plus que de flotter. A partir de maintenant, il me traîne ainsi toute la route, tirant mon poids mort depuis les grosses caillasses. Forcément c’est beaucoup plus facile de la sorte et il connaît vraiment le fleuve comme sa poche. Après une bonne heure de traversée, nous atteignons enfin le sommet des chutes. Je suis à leur verticale et la peur du vide devant ces quelque centaines de mètres de hauteur est saisissante. Je me tiens un peu à l’écart, pas trop rassurée et surtout épuisée, vraiment.
A la crête de la chute, un simple renfoncement dans l’alignement des rochers laisse place à un plongeoir naturel…
Il nous reste 50 mètres jusqu’à la piscine et je dois me remettre à marcher… Personnellement, j’ai déjà eu mon lot d’émotions fortes et je refuse d’avancer plus avant. Je pique littéralement ma crise sur mon morceau de roc mais comme tout le monde s’en fout, je suis obligée de suivre. Et nous y voilà enfin à cette piscine de l’ange. A la crête de la chute, un simple renfoncement dans l’alignement des rochers laisse place à un plongeoir naturel qui vous envoie si vous le souhaitez quelques dix mètres plus bas, dans une cuvette, à pic du reste de la cascade. Forcément, faut pas se louper! Et là, je me sens moyennement capable de tenter le coup. Mes camarades, eux, s’en donnent à cœur joie pendant un bon quart d’heure. Et puis j’en ai marre d’attendre, et comme prise par une envie irrépressible je me présente à mon tour sur le bout de caillou-tremplin, demande où je dois sauter pour ne pas risquer trop gros, et me lance enfin sans plus réfléchir. Je ne comprends pas encore pourquoi j’ai décidé de sauter à ce moment précis. J’ai peur, je crie mais je suis en vie au retour à la surface. Elle est bonne, mais je ne m’éternise pas. Je m’agrippe là où il faut pour escalader les rochers salvateurs et me retrouve bientôt en sécurité au sommet. Il n’y aura qu’un saut, ça me suffit! J’ai encore la tremblote sur le chemin du retour et me laisse à nouveau trainer dans l’eau par mon guide. L’aller-retour nous aura pris plus de deux heures et demi. Physiquement, ce fut dur. Mais que l’on se sent vivant après une telle expérience!
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Je chéris souvent ce moment inoubliable…
Presqu’autant que quand on se fait lécher nonchalamment la main par une lionne en manque d’affection… Car à quelques encablures des chutes, il existe un Programme de conservation réputé: ALERT* créé après la chute vertigineuse de la population des félidés africains de 80% en 30 ans. Son objectif est de remettre en liberté des lions élevés en captivité, dans des réserves semi-sauvages (en général des surfaces de plus de 200 hectares protégées, où se mêlent les lions et d’autres espèces de la brousse). Les petits qu’ils auront alors grandiront en dehors de toute interaction humaine et repeupleront la savane africaine une fois assez âgés. C’est là-bas que je rencontre les soeurs Temi et Tswana. La première est la plus dominatrice, curieuse, espiègle, tandis que la seconde observe souvent sa sœur, moins assurée. Je les accompagne régulièrement explorer le monde qui les entoure, où elles découvrent l’eau, le vent, l’escalade et le gibier pendant les quelques jours que je passe sur leur site en tant que bénévole. Il faut croire qu’elles se font à ma présence et Temi m’adoube rapidement d’une léchouille convenue comme pour m’accepter dans leur sororité. Emotion. Je chéris souvent ce moment inoubliable, cette langue immense et râpeuse sur le dos de ma main, cette sensation que je ne revivrai très probablement jamais… Je repense aussi à mes nuits au milieu de la brousse, encerclée par des hippopotames rôdant dangereusement autour de mes pénates. Si près que j’ai peur de bouger et de me faire charger, si près que je me retiens presque de respirer pour ne pas me faire repérer. L’Afrique est ainsi, plus grande que nature. Généreuse aussi, surtout lorsque les douaniers zambiens me laissent re-franchir la frontière sans visa depuis le Zimbabwé. Autant d’aventures, intenses certes, peut-être trop spontanées et qui poussent malgré tout à se calmer sans tout risquer. Autant d’enseignements précoces importants de ce périple, qui m’ont appris rapidement à mieux voyager.
* Découvertes en 1855 par un explorateur écossais, David Livingstone, les Chutes Victoria sont désignées sous le nom de Mosi-oa-Tunya, («la fumée qui gronde») par la population locale.
* ALERT = African Lion & Environmental Research Trust – pour devenir bénévole ou faire un don, rendez-vous sur la page de l’organisation lionalert.org (page en anglais). Vous pouvez même suivre les aventures de Temi et Tswana à la télévision avec la série documentaire Lion Country d’Itv: https://www.imdb.com/title/tt4168790/
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INFOS PRATIQUES
On dénombre pléthore d’activités autour des Chutes Victoria: des survols en montgolfière au rafting, en passant par le saut à l’élastique et les croisières sur le fleuve. De nombreuses propositions de bénévolat auprès de la population et de la faune et flore locales sont également disponibles.
OU DORMIR
Il existe de nombreuses auberges de jeunesse de qualité à Livingstone, choisissez Jollyboys ou Victoria Falls Backpackers et comptez 20 à 40 euro par nuit pour un lit en dortoir ou une chambre privée. Vous paierez évidemment moins cher si vous campez, et les navettes vers les chutes sont gratuites.
Vous trouverez également beaucoup d’hôtels en ville ou proche du fleuve Zambèze à tous les prix, l’offre est très complète sur cette destination avec des hébergements propres et ayant fait leurs preuves depuis de nombreuses années.
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  Le jour où j’ai fait le saut de la mort. Je quitte enfin la capitale, Lusaka, après quelques dix jours passés là-bas.
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ttechnologie · 4 years
Photo
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Scott Kelby, l'auteur des livres consacrés à la photo numérique les plus vendus au monde vous propose des astuces époustouflantes pour révolutionner votre approche de la photo numérique. Voici comment Scott Kelby décrit son ouvrage : "Nous photographions ensemble ! Je vous donne des conseils, des astuces, et des techniques identiques à ce que je vous communiquerais si j'étais réellement à vos côtés. Lorsque je suis avec un ami, j'oublie tout le jargon technique de ce métier. S'il me dit qu'il veut un éclairage aussi doux qu'uniforme et me demande où placer la boîte à lumière, je ne vais pas m'amuser à lui faire un cours sur la lumière ou les corrections du flash. Dans la réalité, je me tournerais vers lui et lui dirais de la rapprocher aussi près que possible de son sujet. Vous comprenez que posséder ce livre, c'est comme m'avoir toujours à vos côtés". Chaque page présente un concept spécifique destiné à améliorer vos photographies. Vous progressez ainsi d'astuces en conseils de pros afin de transformer des images banales en oeuvres de galeries. Si vous en avez assez de prendre des photos qui paraissent simplement convenables, et si vous regardez des magazines photos en vous disant "Pourquoi mes images ne ressemblent-elles pas à ça ?", ce livre est fait pour vous. Vous ne tenez pas entre les mains un ouvrage théorique regorgeant de termes techniques complexes mais un livre qui vous indique sur quel bouton appuyer, et à quel moment appliquer tel réglage particulier. Grâce à plus de 200 astuces photographiques vous apprendrez à améliorer vos cadrages, la netteté de vos images, la saturation de leurs couleurs, et vous leur donnerez une qualité professionnelle inégalée.
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kiramacyph · 6 months
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Whether you're a beginner or a seasoned pro, photo editing is your gateway to transforming ordinary snapshots into extraordinary works of art.
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coxinel · 15 years
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Le Kinkaku-ji (Pavillon d’or)
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Après la visite du Daitoku-ji, nous reprenons le bus pour aller jusqu’au célèbre Kinkaku-ji, le Pavillon d’or.
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Alors que nous photographions le monument sous tous les angles, nous sommes abordés par un groupe de collégiens qui semblent faire un très gros effort pour pratiquer anglais. Ils ont apparemment un questionnaire qu’ils doivent soumettre aux étrangers, à titre de mise en pratique de la langue. Leur accent est si épouvantable que nous nous défilons en faisant mine de ne pas connaître l’anglais. C’est vache, mais nous n’avons pas envie de leur montrer qu’on ne les comprend pas.
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Nous sommes samedi après-midi, aussi le site est-il fréquenté, mais on peut quand même se promener et prendre des photos sans se marcher dessus.
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kenmmcshane · 6 years
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ALBERT ELM – WHAT SORT OF LIFE IS THIS
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À quoi ressemble le monde? Quels sentiments stimulent-ils? Pourquoi le photographions-nous avec une telle urgence? Depuis 2009, le photographe danois Albert Elm va là où sa curiosité pour les activités humaines le mène, avec une énergie sans fin et un intrépide désir de voyager, traversant les fuseaux horaires en avion, embarquant à bord du Transsibérien, voyageant seul à Dubaï, en Chine, en Inde ou se promenant simplement dans son quartier de Copenhague. Publié par les éditions The Ice Plant, What Sort of Life Is This mélange les voyages proches et lointains d’Albert Elm en une panoplie déconcertante de fragments narratifs et de compositions surréalistes qui semblent à la fois totales et personnelles, fracturées et pourtant étrangement entières. Faisant référence à plusieurs styles et genres photographiques, son travail fait exploser la spontanéité de la couleur et la complexité du monde – tendre, violent, solitaire, joyeux, bizarre. Mettant au même niveau l’exotique et le banal, le livre traite chaque photographie comme si elle avait été faite dans le même endroit déroutant : le monde lui-même. Le photographe danois explique: «Je travaille à l’intuition et parce que j’éprouve le besoin urgent d’étudier ma vie quotidienne et son environnement. Mes photographies sont des descriptions de situations et de lieux particuliers, à un moment particulier. À quoi ils ressemblaient et plus important, ce que j’en ai ressenti.» Le livre de 128 pages a été sélectionné en novembre dernier dans la catégorie Premier Livre des Prix du Livre 2017 organisés par Paris Photo et Aperture. Ce très bel ouvrage est maintenant disponible, dans une édition limitée à 750 exemplaires, sur la boutique en ligne des éditions américaines The Ice Plant, ainsi que sur Amazon.com.
(...) Read the rest of ALBERT ELM – WHAT SORT OF LIFE IS THIS
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patricka63 · 5 years
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Train Nampula Cuamba le 23 février
Train Nampula Cuamba le 23 février
Réveil 3h30 du mat, une douche rapide et un petit dej léger et nous attendons notre taxi pour la gare. S'est jointe à nous Karolina, une polonaise arrivée la veille au soir et avec qui j’avais partagé un dortoir au Swaziland.
A la gare, un policier nous demande nos passeports, si Karolina et moi les avons sur nous, d'autant plus que nous partons pour le Malawi, Catarina qui travaille ici en tant que volontaire et ne fait que l'aller retour ne se déplace qu'avec une copie laissant l'autre en sécurité à l'hôtel. Elle a beau parlementer fermement mais en souriant, le bougre ne veut rien savoir, elle doit retourner le chercher. Fort heureusement, si la SNCF locale demande à ce que les passagers soient là à 4h le départ à lieu à 5!
En l'attendant, Karolina et moi nous installons près de fenêtres dans notre wagon exécutive qui s'apparente en confort mais en moins moderne à notre 2ème classe. Il y a une soixantaine de sièges mais une dizaine est occupée dont 3 par nous et 2 par des cheminots surveillants.
Ponctuel, à 5h le long train s’ebranle, s'il n’y a qu'un wagon exécutive, il y en a quelques uns économiques et pas mal de marchandises. Nous atteignons rapidement la vitesse de croisière que j'estime à 80/90.
Le soleil est déjà levé et éclaire d'une belle lumière ces étranges montagnes déjà decrites qui semblent n'être qu'un seul énorme rocher émergé de la mer de végétaux ou des termitières géantes.
Bientôt un arrêt, nous sommes assaillis par des vendeurs de tout ce qui se mange et se boit. Notre wagon peu fourni est vite délaissé mais c’est la ruée vers la classe économique. Nous photographions ce joyeux capharnaüm coloré, pour nous européen folklorique, pour eux source d'une petite amélioration de leur revenu. Le plus souvent il n’y a pas de quai ou alors ne fait que quelques mètres, les passagers se hissent alors comme ils peuvent avec tout leur barda dans les wagons déjà bondés. Un fonctionnaire policier bedonnant vient nous dire que nous ne devons pas photographier les gens, Catarina discute le petit gros insiste, nous attendons qu'il a le dos tourné pour reprendre notre mitraillage de victimes souvent complices.
Les mêmes scènes se reproduisent à chaque arrêt et c’est toujours la même précipitation des vendeurs, il faut convaincre vite avant le départ du train. Les arrêts sont nombreux soit dans les villages, soit pour le voyageur sans raison apparente, soit pour laisser passer les très longs trains remplis de charbons et différents minerais venu de l'ouest du pays. Avec tous ces arrêts il nous faut 11 heures pour faire les 350km du trajet entre Nampula et Cuamba.
Pendant ces 11 heures je ne m'ennuie pas une seconde entre paysages et spectacle de la cohue. J'en profite pour visiter la classe économique qui serait acceptable si elle n'était pas bondée. Les sièges sont plus étroits 2×3 sur la largeur contre 2×2 pour l'exécutive, plus rapprochés, et sont de simples cuvettes plastiques, pas de vitres teintées ni de store pour occulter le soleil, mais ce sont des détails, la différence lorsqu'on pénétre dans le wagon c’est la chaleur étouffante qui vous saisit malgré les vitres ouvertes et le brouhaha permanent ponctué des cris ou des pleurs des enfants.
Je retourne vite vers mon wagon cocoon où nous avons 6 sièges par personne. On nous interdit de le photographier, un surveillant découvrant que je l'ai quand même fait viendra me faire effacer la photo. Un peu plus tard quand nos 2 garde chiourmes auront le dos tourné je la reprendrai. Ça n'a rien de confidentiel, mais c’est la bêtise des états policiers.
Nous sacs déposés nous faisons un tour des rues quadrillées de la ville, il n’y a rien à voir disent les guides, rien de plus vrai sinon s'imprégner de l'ambiance des villes africaines.
Dans le train, si ce n’est quelques fruits (bananes, corossols) et brioches achetés aux vendeurs nous n'avons rien mangé. Nous nous trouvons un petit restau où je bois ma première bière depuis une semaine. Ça s'améliore dans les intestins.
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arabi2003 · 6 years
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Analyse d’une photographie
 A. Recherche
Sensibilité ISO
Ceci est la sensibilité du capteur de la lumière. Donc, plus la mesure ISO élève, plus le capteur de l’appareil photo est sensible à la lumière. Ce qui nous démontre que nous devons diminuer le nombre ISO lorsque nous photographions un endroit très lumineux et au contraire, augmenter le nombre ISO pour un endroit très sombre.
Profondeur de champ 
Ceci est la distance claire entre les éléments vraiment proches et éloignés d’un endroit (objet) dans la photo.
L’ouverture du diaphragme : Ceci est un élément important pour la profondeur de champ, car c’est l’ouverture du diaphragme qui permet de déterminer un endroit clair dans la photo. En utilisant une petite valeur de l’ouverture, on obtiendra une photo très claire où tous les éléments sont visibles (grande profondeur de champ). Tandis qu’en utilisant une grande valeur de l’ouverture, on obtiendra une photo floue et claire seulement à l’objet principale de la photo (faible profondeur de champ). 
Longueur focale : Cet élément est mesuré en mm, même si cela ne représente pas les vraies mesures, ce n’est qu’un calcul de distance optique. Son objectif est de montrer la scène capturée et la grosseur des éléments. Plus la longueur focale est petite, plus le grossissement est petit et on obtient large avec tous les éléments. Au contraire, si la longueur focale est grande, le grossissement est énorme et on obtient une image « zoomée » et précis sur un élément qu’on désire capturer.
Vitesse d’obturation
Aussi nommé temps de pose,  la vitesse d’obturation est un certain temps pendant lequel l’appareil photo laisse entrer la lumière avant de se refermer lors d’une capture de photo. Ceci est exprimé en fraction de secondes. Si la vitesse d’obturation est lente, l’appareil photo laissera passer plus de lumière, ce qui illuminera les photos, mais avec une risque d’obtenir des images floues. Lorsqu’on prend une photo d’une personne en mouvement, cet élément nous permet de le figer ou bien de nous donner un léger flou pour montrer la rapidité (ex : une personne qui court).
B. Analyse d’une photo de Jacques Nadeau
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A)  Description technique
Composition : -Les lumières forment des lignes verticales.
- Au fond de la photo, on peut voir un horizon.
Plan : Plan d’ensemble : On peut voir une totalité du décor dans la photo.
ISO : Donc, puisque l’image a  un fond sombre, l’ISO utilisé est élevé, mais on peut remarquer que les lignes verticales sont des lumières. Alors, on peut dire que l’ISO n’est pas trop élevé.
Profondeur : Tous les éléments de cette photo ne sont pas clairs, par exemple, les personnes qu’on peut voir dans l’image. Les lumières verticales sont les éléments les plus remarqués. La longueur focale est sûrement est courte, car l’image est assez large et on peut voir tout.
Vitesse : La vitesse d’obturation est lente, car on peut voir que la photo est illuminée (lumières).
B)  Description artistique
Dans cette photo, on peut remarquer que les lumières sont mises en valeur, en évidence. L’image est sombre, mais ce sont les lumières en lignes verticales qui illuminent la photo.
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alain-keler · 4 years
Photo
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Lundi 29 octobre 1979.
Planche contact 79_10-S_171743_20
 Jour de massacre. Salvador 1979. Guerre civile.
Le lundi 29 octobre l’armée tira sur des manifestants du LP28 (Ligas Popular Revolucionario). Il y eu une quarantaine de morts.
Tous  les matins nous partions  sur les routes du pays à la recherche d’évènements. Je partageais une chambre au Camino Real avec Harry Mattison, un photographe américain qui buvait du Coca Cola au petit déjeuner. J’étais photographe à l’agence Sygma, je n’arrêtais pas de voyager.
J’avais écrit une longue lettre à Marie-Christine ma copine, lui expliquant que j’éprouvais le besoin de rester longtemps ici, ce qui me valu un coup de téléphone de France. Elle était désespérée à l’idée qu’elle pourrait ne jamais me revoir. Divorcée, avec deux très beaux enfants, elle voulait monter sur Paris pour vivre avec moi. Marie Christine était professeure de Français, latin et grec. Elle était belle et brillante.
L’attrait de l’imprévu et des voyages me fit prendre un autre chemin.
Nous étions jeunes. Pour nous la guerre était quelque chose de romantique. Nous partions à l’aventure, loin de tout. Nous n’avions plus trop de comptes à rendre à une rédaction lointaine. Livrés à nous même, nos choix étaient forcement les meilleurs et le Salvador nous accueillait, surtout les jeunes qui allaient se faire tuer comme des lapins. La guérilla aussi, qui nous voyait plus en sympathisants des souffrances endurées par un peuple manipulé de longue date par ses dirigeants. Puis un jour, nous nous sommes aperçus que nous avions des ennemis, les escadrons de la mort, l’extrême droite.
Nous avions pris l’habitude de nous rendre avec des militants des droits de l’homme sur les endroits où l’on trouvait au petit matin les personnes assassinées dans la nuit. Les escadrons de la mort sévissaient dans les banlieues populaires de San Salvador. Ils n’aimaient pas trop ces étrangers munis d’appareils photo, de caméra ou de stylos qui s’intéressaient de trop près à leurs exactions quotidiennes.
Je ne sais pas si nous avions des idéaux, tout au moins dans le sens politique du terme,  plutôt dans le sens humaniste qui nous  faisait rechercher  le pourquoi des choses, l’envie de rencontrer, de connaître et de comprendre ceux que nous photographions.
La photographie était notre langue commune, à tout ceux qui se trouvaient au Salvador, français, américains, espagnols, salvadoriens…  Nous étions transcendés par la situation, par le pays, fascinés  par toutes ces personnes qui risquaient leurs vies quotidiennement. Le danger était permanent, invisible mais bien présent. Il frappait quand il le voulait, où il le voulait.
Nous nous sentions libres. Nous étions des citoyens du monde. D’un monde violent mais tellement attachant.
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