Tumgik
#ciel lourd
brilag · 1 month
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Gros temps et reflets
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Gros temps et reflets par brigitte lagravaire Via Flickr : 2014-01-20-Nuages (31n)
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hedgehog-moss · 9 months
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do you have any recommendations for favorite french-language poetry? esp written by women?
Yes, sure! We might not have the same tastes (I like nature poetry mostly, and good old lavish alexandrine verse—I find the predictability of it very soothing) but here are excerpts of poems by 13 French-language poétesses :)
(I wanted to add a few men at the end but I spent too much time on the women, and the French male poets I enjoy are very well-known ones anyway, e.g. Hugo, Mallarmé, Prévert, Aragon... also André Breton's surrealist poetry)
• Sabine Amable Voïart, known as Amable Tastu (1798-1885)
D’où vient que l’âme humaine est ainsi disposée, Que jamais ses regards troublés et mécontens N’ont pu s’accoutumer à la marche du temps? Sur l’éternel chemin, chaque borne posée Nous attriste. D’où vient? je ne sais; mais toujours Le vertige nous prend à voir couler nos jours: 
Si vous reparcourez l’enclos où votre enfance Avez-vous souvenir, à l’âge où tout enchante, D’une voix qui vous plut, voix timide et touchante, […] Que, plus tard, cette voix résonne à votre oreille, De vos rêves déçus vous raillez la merveille, Vous prenant en pitié d’avoir si mal jugé… Elle est la même encor; mais vous avez changé!
• Louise-Victorine Ackermann (1813-1890)
(A la comète de 1861) […] Ah ! quand tu reviendras, peut-être de la terre L'homme aura disparu. Du fond de ce séjour Si son œil ne doit pas contempler ton retour, Si ce globe épuisé s'est éteint solitaire, Dans l'espace infini poursuivant ton chemin, Du moins jette au passage, astre errant et rapide, Un regard de pitié sur le théâtre vide De tant de maux soufferts et du labeur humain.
• Marie Dauguet (1860-1942)
Mon coeur est né sauvage et seul comme un merle, Que berça la chanson du vent, subtil orchestre, Ivre des noirs myrtils dont la forêt s'emperle, Grisé d'odeur de source et d'haleine sylvestre. […]
Et d'abord très souvent j'étouffe dans moi-même, Tout m'y semble étriqué, trop étroit et mesquin, Et je fuis l'infini pour l'infini que j'aime, Parmi le ciel, les eaux, les circuits des chemins.
• Alice de Chambrier (1861-1882) (she is Swiss)
J’ai vu comme l’on voit quelquefois dans un rêve, Une immense Cité près d’une immense grève, Avec des dômes d’or et des palais géants, Des temples incrustés de mille diamants […]
Plus tard j’ai repassé devant cette cité, Et voulant la revoir, je m’y suis arrêtée; Mais à peine mes pas ont foulé sa poussière Que devant mes regards elle s’est tout entière Écroulée—et n’est plus qu’une ruine immense Dont le cri des Vautours trouble seul le silence.
• Lucie Delarue-Mardrus (1868-1949)
1. Humanité sans force, endurante moitié Du monde, ô camarade éternelle, ô moi-même ! Femme, femme, qui donc te dira que je t’aime D’un cœur si gros d’amour et si lourd de pitié ?
2. J’aime, en quelque lieu que ce soit, L’heure où l’existence, pour moi, Redevient nocturne et muette.
L’heure sans lois et sans humains, Sans hiers et sans lendemains, Où je ne suis plus que poète.
La seule heure d’esprit total, Celle où, jusqu’oublier mon mal Je sens se fermer toute plaie,
Car je ne fus moi-même, vraie, Car je ne fus ce que suis, — Passionnément — que les nuits.
• Anna de Noailles (1876-1933)
Nature au cœur profond sur qui les cieux reposent, Nul n’aura comme moi si chaudement aimé La lumière des jours et la douceur des choses, L’eau luisante et la terre où la vie a germé.
La forêt, les étangs et les plaines fécondes Ont plus touché mes yeux que les regards humains, Je me suis appuyée à la beauté du monde Et j’ai tenu l’odeur des saisons dans mes mains.
• Renée Vivien (1877-1911) (English, mainly wrote in French)
Dans l’azur de l’avril et dans l’air de l’automne, Les arbres ont un charme inquiet et mouvant. Le peuplier se ploie et se tord sous le vent, Pareil aux corps de femme où le désir frissonne.
[…] Vêtu de clair de lune et de reflets d’argent, Le bouleau virginal à l’ivoire changeant Projette avec pudeur ses blancheurs incertaines. Les tilleuls ont l’odeur des âpres cheveux bruns, Et des acacias aux verdures lointaines Tombe divinement la neige des parfums.
• Valentine Penrose (1898-1978)
Notre Père qui êtes aux cieux des doux matins bercés aux fleurs des laitues bleues, […] que votre nom soit sanctifié ! O Brume d’or dans les vergers, que votre volonté soit faite ! Sur la Terre comme au Ciel ; sur la terre élançant ses arbres au soleil, sur les labours luisants chevauchés de noyers, sur le sol des jardins de chaleur tout vrillés […]. Donnez-nous aujourd’hui notre Pain quotidien. Dans la fraîche cuisine où bourdonne une guêpe, où les fourmis montent leur noir petit chemin […] Et pardonnez-nous nos offenses… […]
• Louise de Vilmorin (1902-1969)
Pois de senteur en ma demeure Et sur mon cœur poids de cent heures
Je t’enlacerai, tu t’en lasseras
Étonnamment monotone et lasse, Est ton âme en mon automne, hélas !
• Andrée Chedid (1920-2011)
Échappant à l'enclume du temps L'Univers sème ses formes Véhicule ses songes S'invente des tumultes
[…] Enserrée dans son globe Empoignant son noyau La Terre emporte l'histoire Vers son immense dérive.
• Anne Perrier (1922-2017) (also Swiss)
1. Ô rompre les amarres Partir partir Je ne suis pas de ceux qui restent La maison le jardin tant aimés Ne sont jamais derrière mais devant Dans la splendide brume Inconnue
2. Lorsque la mort viendra Je voudrais que ce soit comme aujourd'hui Un grand soir droit laiteux et immobile Et surtout je voudrais Que tout se tienne bien tranquille Pour que j'entende Une dernière fois respirer cette terre Pendant que doucement s'écarteront de moi Les mains aimées Qui m'attachent au monde
• Marie-Claire Bancquart (1932-2019)
1. Un tremble c'est le nom du peuplier blanc : luisance furtive.
Éclair des feuilles leur vie scintille
instant après instant elles chuchotent que nous avons aussi des moments miroitants minuscules, étincelantes traces de nous sur le monde. 2. Je suis l’encolure d’un pays vêtu de toile et d’eau, longtemps ténébreux, maintenant étalé sur la nuit, croisé une fois pour toutes par le crépuscule, et qui entend les soleils célébrer leur courbe.
Je suis son oreille, et, dans son oreille, ce qui, bruissant, permet le bruit.
[…] Mais suis-je enclave, ou bien ce pays serait le creux nécessaire au violon, l’autour-de-moi facilitant mémoire?
• Hélène Dorion (1958 - ) (she's from Québec)
Autour de moi les notes lumineuses d'une feuille venue jusqu'à la branche pour remuer avec le souffle danse et boit l'eau qui la sauve au matin quand recommence son chemin vers le soir
et je marche aussi d'un pas qui repose dans l'infini j'écoute le monde qui bruit à travers les arbres seuls comme des êtres occupés à devenir leur forme singulière
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claude-vergoz · 6 months
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"Sous un ciel lourd"
© Claude Vergoz, 2023- Leave captions and credits, no re-blogs to NSFW/18+
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gacougnol · 3 months
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Gregor Törzs
Ciel lourd n°5
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Ma randonnée du jour à Sollies-Pont - (Var)
Comme un appel à toucher le ciel, où chaque pas nous délivre d'un fardeau parfois trop lourd à porter, où Dame nature est généreuse de beauté et de bonté.
Ici, tout aime, tout respire, tout déborde d'humanité. La randonnée devient un grand moment de poésie, des naissances qui vibrent, chantent, sur chaque note du psaume de la création.
#au-jardin-de-mon-coeur ✒️
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nemosisworld · 3 months
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Fuir ! Fuir ! m'envoler vers toi, Non dans le char aux léopards de Bacchus, Mais sur les ailes invisibles de la Poésie, Même si le lourd cerveau hésite : Je suis déjà avec toi ! Tendre est la nuit, Et peut-être la Lune-Reine sur son trône, S'entoure-t-elle déjà d'une ruche de Fées, les étoiles ; Mais je ne vois ici aucune lueur, Sinon ce qui surgit dans les brises du Ciel à travers les ombres verdoyantes et les mousses éparses.
John Keats
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alexar60 · 9 months
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Le musicien fantôme
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L’averse me réveilla subitement. Karen ne semblait pas dormir non plus. Ses yeux mi-clos laissèrent plutôt à penser qu’elle somnolait. Soudain, je réalisai une chose importante. Elle leva la tête en même temps que moi.
Merde, le coffre !
Aussitôt, je me levai et sortis de la tente suivi par ma compagne. Effectivement, j’avais oublié la bâche de la petite carriole attachée à mon vélo. Elle servait pour mettre nos affaires pendant notre voyage. C’était l’idée de Karen que de faire un road-trip entre Prague et Paris…à bicyclette. C’était aussi son idée du camping sauvage. Surtout que nous étions perdus en pleine campagne autrichienne.
Bien qu’elle fut déjà rempli et nos affaires trempées, je m’acharnai à recouvrir la carriole. Karen récupéra son sac fourre-tout pour en sortir une lampe qui m’aida à y voir mieux. Tout-à-coup un éclair illumina le ciel. Je vis la foudre tomber sur un arbre qui prit feu instantanément. En dessous, notre tente n’échappa à l’incendie, s’enflammant aussi rapidement que l’éclair suivant, qui était déjà à plusieurs kilomètres.
Pétrifiés par cet accident naturel, trempés, fatigués, nous restâmes à regarder la tente se réduire en cendre. Cependant, la pluie continuait de tomber. Ma copine regarda son téléphone, il n’y avait pas de réseau. Le mien était resté à côté de mon sac de couchage…dans la tente, avec mes papiers, mon portefeuille… Bref, je me retrouvai perdu dans un pays étranger sans papier.
Il y avait un mur ! Je me souviens qu’il y avait un mur plus loin quand nous sommes arrivés, dit Karen.
Hé ?
Qui dit mur, dit maison. Ajouta-t-elle en haussant les épaules. C’est évident !
Nous partîmes éclairés par les lampes de nos vélos. La charrette que je tirai parut lourde à cause de l’eau. Aussi, je me retrouvai à aller moins vite que mon amie. Après quelques kilomètres, nous aperçûmes le fameux mur. Il nous a suffi de le longer pour trouver son entrée. La chance fut de notre côté car la grille n’était pas fermée.
Dès lors, nous pénétrâmes dans l’enceinte. Curieusement, des lampadaires éclairaient la route amenant à un grand manoir. Avec ses tours sur le côté, il aurait eu sa place parmi les châteaux de la Loire. Nous descendîmes et posâmes nos vélos contre un muret, avant de grimper un escalier. La porte principale était grande ouverte. Le hall éclairé par un lustre semblait vide si ce n’est cet étrange personnage habillé d’un costume de domestique. Il restait debout, les jambes raides, le dos droit tel un mannequin de devanture.
Karen expliqua nos déboires dans un allemand imparfait. Mais, l’homme sourit et répondit en français. Je trouvais que sa barbiche n’allait pas avec sa tenue de maitre d’hôtel.
Soyez les bienvenus, le concert va bientôt commencer.
Il nous pria de le suivre. Aussitôt nous entrâmes dans une grande salle aux plafonds profonds. Une vingtaine de personnes attendaient silencieusement, assis sur des chaises aux pieds de fer. Nous étions en plein contraste avec eux. Nous étions trempés, les cheveux dégoulinant d’eau. Je portais un bermuda et un sweet-shirt à capuche, Karen était habillée d’un short et d’un pull marin. Tandis que les vêtements des spectateurs semblaient sortir des plus grands magasins de vêtements de luxe de Paris ou de Vienne.
Je me retournai pour demander une serviette, mais notre hôte était déjà parti. Alors, nous avançâmes sous les regards curieux. Ils semblaient blafards, le teint d’une pâleur extrême. Tout leur corps parut voilé. De même, un léger bourdonnement agaça mon esprit. Nous marchâmes dans un silence glacial. Hélas, les deux seules places disponibles étaient devant. Elles n’attendaient que nous.
A ton avis, c’est quel genre de spectacle, murmura ma chérie.
Le bal des vampires, répondis-je.
Elle pouffa de rire, mais fut réprimandée par un « chut » qui imposa de nouveau le silence. C’est à ce moment qu’une porte, au fond de la salle, s’ouvrit. Un homme de taille moyenne, le visage jeune, les cheveux bruns coiffés en arrière, le regard d’un bleu profond, entra. Il avait aussi le visage blanc, et une sorte de voile se déplaça en même temps que lui. Je remarquai la présence d’un piano.
Cependant, le musicien tenait un violon. Il posa son instrument sur son épaule, et à l’aide son archet, il commença à jouer. Dès les premières notes, je fus subjugué par la musique. Elle m’envahissait, me prenait les tripes. Il jouait merveilleusement bien. Il impressionnait si bien que je ne pus retenir une larme, je sentis un frisson parcourir les poils de mes bras. J’écoutais dieu qui jouait du violon.
Il joua de tout, Chopin, Haendel, Brahms, Vivaldi, Tchaïkovski…Chaque mouvement était juste et touchait le cœur. Chaque note reflétait sur le mur, se transformait en personnage et dansait au rythme de la musique. Elle racontait une histoire. Mon amie posa sa tête sur mon épaule tout en serrant mon bras. Elle était fascinée par cette harmonie. Jamais nous n’aurions pensé écouter pareil concerto et jamais, nous n’aurions pensé ressentir autant d’émotion en écoutant un artiste jouer. Etonnamment, peut-être par respect, personne n’applaudissait entre les morceaux.
Je ne peux dire combien de temps cela dura exactement. Il finit son concert par le canon de Pachelbel. Encore une fois, sa musique toucha les âmes. Il glissait avec son archet sur les cordes de son violon. Je ne réalisai pas que personne ne jouait au piano. Il était seul et pourtant, j’entendais aussi le piano jouer.
Puis, il s’arrêta subitement. Il écarta les bras en croix avant de baisser la tête en signe de remerciement et de salut. Je me mis à applaudir, accompagné par Karen. Surpris de ne pas entendre les autres, faire de même, je tournai la tête et fus stupéfait de ne voir personne. Il ne restait que des chaises vides.
Où sont-ils passés ? demanda ma compagne.
Et lui ? demandai-je aussi en pointant le doigt vers la petite estrade.
Le violoniste avait aussi disparu. Je ne m’étais pas non plus rendu compte que les bourdonnements venaient de cesser. Nous restâmes abasourdis et seuls dans la salle qui devint  tout-à-coup immense.
Soudain, trois gros coups résonnèrent, puis un rire…un rire glacial…un rire qu’on n’oublie pas. Karen se colla à moi. Nous regardâmes les portes mais personne n’entra. Nous restâmes un long moment dans le silence à attendre sans savoir quoi faire. Nous entendîmes un oiseau piailler. Dès lors, nous comprîmes que le jour se levait. Nous profitâmes de cet instant pour quitter la salle. Mon amie constata les énormes toiles d’araignées un peu partout dans la salle et le hall. Je découvris la porte à moitié abimée, Nous quittâmes le lieu qui paraissait abandonnée. D’ailleurs la majeure partie des fenêtres n’avait plus de carreau intact. Cependant, j’aperçus un rideau s’écarter mais aucune silhouette visible.
La pluie ayant cessé, nous pûmes regagner un village proche. On nous dirigea vers un poste de police, car j’avais besoin de déclarer la perte de mes papiers suite à l’incendie de la tente. Je racontai en anglais notre nuit. Le policier demanda à mon amie, ensuite à un traducteur leur version. Il semblait horriblement embêté. Il se leva discuta avec un collègue, prit ma déposition, au moins pour l’assurance, et nous conseilla un bon hôtel restaurant.
Après une douche, un peu de repos, nous descendîmes nous restaurer. La patronne, qui parlait français, nous interpela tout en nous installant à une table.
Donc, vous avez passé la nuit au Rotes Herrenhaus? Tout le monde a peur d’aller là-bas. Il parait qu’il est hanté.
Mais, il est bien habité ? Questionna mon amie.
Ah non ! Plus depuis au moins la guerre.
Nous restâmes muets tout en la dévisageant. Nous ne savions pas si elle se moquait de nous, si elle avait discuté avec les policiers, les seuls qui étaient au courant de notre nuit. Mais elle interrompit notre silence :
Il parait que le dernier propriétaire était si bon musicien qu’un jour, le diable serait venu lui proposer un défi musical. S’il gagnait, il obtiendrait ce qu’il voudrait. Mais s’il perdait, son âme et son don appartiendrait au diable. Il aurait gagné, mais le diable, mauvais perdant, lui vola tout, le poussant au suicide. Ce qui l’envoya en enfer. Le diable, se sentant coupable d’avoir obtenu une âme aussi facilement, accepta qu’il revienne dans son château chaque nuit d’orage pour jouer.
Et il y a eu un orage cette nuit. Ajouta-t-elle avec un petit sourire.
Je remerciais la dame pour ses explications, ajoutant que c’était une belle histoire. Je préférais laisser cette histoire aux légendes du coin. D’ailleurs, Karen était d’accord : Confirmer une histoire de fantôme pouvait nous être nuisible ainsi qu’au fantôme. Dès lors, je pris le menu et commandai une escalope viennoise. Elle était succulente.
Alex@r60 – août 2023
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swedesinstockholm · 9 days
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5 avril
j'aimerais pouvoir instaurer un quota de temps de pensée quotidien consacré à un sujet. j'accorderais quinze minutes par jour au sujet r. par exemple, quinze minutes quotidiennes que j'aurais épuisées dès 8h15 du matin et hop je serais tranquille pour le reste de la journée. je lui ai parlé de pessoa et il m'a dit qu'en grand romantique il avait adoré le berger amoureux ou un truc comme ça, j'étais assise sur la marche devant la véranda au soleil et je me suis pris la tête dans les mains en gémissant. autre sujet: ce soir dans le train pour revenir de sète je parlais du sud avec maman, je disais que vivre ici était plus sain que vivre au luxembourg, et puis j'ai vu mon reflet dans la vitre avec ma casquette mes nouvelles lunettes de soleil et mon double denim et j'ai imaginé que c'était le reflet de mon moi d'ici. mon moi qui est là où elle est censée être.
6 avril
cet après-midi dans la voiture pour aller à pézenas je me disais que je devais rediriger mon énergie et remplacer r. par le sud de la france. ne plus tomber amoureuse que de territoires. me concentrer sur les arbres et les champs et les vignes qui défilent par la fenêtre ouverte de la voiture et le vent qui s'engouffre dedans et qui fait du bruit par dessus nostalgie et la colline de sète et celles d'agde et les bateaux qui rentrent dans l'hérault et ceux amarrés aux quais et sur le vocabulaire marin et le bruit des vagues sur la plage et l'odeur de marée et le pin du port de la pointe courte et les falaises du cap d'agde et les marais du bagnas et les flamants roses qui marchent avec la tête dans l'eau et les mouettes qui crient dans le ciel quand le soleil commence à se coucher. ne plus tomber amoureuse que de territoires et de littérature. j'ai trouvé la nouvelle édition décensurée de ravages dans une librairie à pézenas, le gros livre mauve qui trônait en exposition sur la table en ellipse de la librairie exc quand j'y avais lu géotropismes. maman me l'a acheté et je l'ai serré contre moi jusqu'à la voiture. autres cadeaux de la journée: une glace caramel beurre salé-chocolat à la mirondela, une vieille chemise de nuit à bords rouges que j'ai trouvée en triant des cartons chez mamie dans la pièce du fond, une bouteille de thé glacé rooibos-pastèque-menthe que h. avait déposée sur la table en bas parce que j'avais dit que j'adorais la bouteille rouge et rose quand on était chez elle.
ce matin j'étais encore en train de feuilleter le catalogue immobilier de sète et je me disais que quand je sortirais de ma non-vie, ce serait comme si je revenais de la mort. et quand on revient de la mort, tout est du bonus. quand on revient de la mort les choses sont moins graves et elles pèsent moins lourd, la gravité perd de son pouvoir, le centre de la terre n'a plus le même attrait. j'imagine. quand je reviendrai de la non-vie je veux faire les choses sans réfléchir. je sais pas quelle forme ça prendra de revenir de la non-vie, peut être que j'arriverai jamais à en sortir, mais dans ma tête ça va quand même finir par arriver.
8 avril
petit journal d'amour qui était caché dans ma banane toute la soirée d'hier dans les loges de la maison poème puis sur mes genoux pendant ma discussion intime interminable avec r. assis sur l'accoudoir du canapé puis sur la banquette du bar avec l., d. et c. et les autres et enfin sous la pluie de bruxelles pour rentrer chez m. en chantonnant don't go wasting your emotions lay all your love on me toute seule dans les rues de st. gilles. au bar l. m'a dit qu'elle adorait ma banane et je l'ai ouverte pour lui montrer sa meilleure qualité: mon journal rentre dedans! et elle a dit c'est de là que viennent tes poèmes! elle a fait une remarque sur le pendentif en perles et j'avais envie de lui raconter l'histoire de r. qu'y a derrière mais c'était pas trop le moment. ils se sont rencontrés hier soir. j'étais en train de discuter avec l. et d. quand je l'ai vu accoudé au bar en train de discuter avec la serveuse mais j'ai fait semblant de pas le voir, jusqu'à ce qu'il se retourne et me voie. je lui ai pas sauté dans les bras comme dans mes fantasmes, je l'ai pas serré fort contre moi, j'étais trop timide, et lui aussi était timide, c'était un peu bancal, et puis l. a dit mais tu connais des gens ici! et je me suis rapprochée de lui en disant c'est mon seul ami. elle a demandé comment on s'était rencontrés et j'ai dit ici à la maison poème et on aurait dit que je racontais une histoire de rencontre amoureuse très romantique.
j'ai passé la soirée à discuter avec lui au lieu de me joindre aux autres. il parlait beaucoup et parfois je m'ennuyais et je me disais est-ce que je suis vraiment amoureuse de lui au point de me priver de discussions avec mes pairs poètes? visiblement oui. il m'a confié plein de trucs intimes sur ses névroses et j'ai remis les deux pieds en plein dans la delulu. j'ai de nouveau réussi à me persuader qu'il était juste terrorisé de m'avouer et surtout de s'avouer à lui-même qu'il avait des sentiments amoureux pour moi. je veux pas en démordre. il m'a confié qu'il aimerait avoir une expérience homosexuelle et je me demandais s'il me disait ça parce qu'il me prend pour une lesbienne et que donc il a moins peur d'être jugé. il m'a dit que ça coinçait encore un peu parce qu'il craignait le regard des autres mais ok OK non mais j'y crois pas, est-ce que je suis vraiment en train de parler de la sexualité de r. alors que hier soir j'étais de retour sur les planches, derrière un micro, j'avais de nouveau les genoux qui tremblaient mais à part ça j'étais archi à l'aise, même avec les gens, quand j'étais pas prise en otage par les états d'âme de r. j'étais avec l. et d. et c. et j'étais normale et l. était un coeur avec moi, je me sentais même presque jolie, je portais mon double denim de sète et j'étais bronzée de la mer mon amour merci ma peau coopératrice. r. m'a écrit que j'avais l'air dans un méga mood en rentrant et je sais pas trop ce que ça veut dire mais j'ai dit ça c'est parce que je reviens de la mer lol. j'allais pas lui dire que c'était à cause de lui. ça c'est parce que t'étais là r. la vérité c'est que j'étais pompée à bloc parce que j'avais des interactions sociales avec des gens qui n'étaient ni des retraités ni des gens de ma famille, j'ai rencontré des nouveaux gens cool j'étais dans mon monde et les gens m'aimaient bien ET j'étais contente d'être avec r. c'était tout ça à la fois.
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2023 - Elle
Une nouvelle fois pénétrer cette pièce plongée dans la pénombre. Saluer, me défaire, puis me laisser surprendre par la douceur de cette voix grave. Rejoindre la méridienne couverte de coussins pour m’y enfoncer lentement avant de lutter contre la torpeur inévitable. L’écouter un peu et parler beaucoup. Soudain, abandonnant tout contrôle, me vider d’années lourdes. Essuyer mes joues, payer, sortir et enfin respirer sous le ciel gris de mon Paname. Il y a longtemps que je n’avais pas vu ma psy, moi.
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femme-avant-tout · 1 year
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Que je t’aime
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Quand tes cheveux s’étalent Comme un soleil d’été Et que ton oreiller Ressemble aux champs de blé Quand l'ombre et la lumière Dessinent sur ton corps Des montagnes, des forêts Et des îles aux trésors ... Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime Quand ta bouche se fait douce Quand ton corps se fait dur Quand le ciel dans tes yeux
D'un seul coup n'est plus pur Quand tes mains voudraient bien Quand tes doigts n'osent pas Quand ta pudeur dit non D'une toute petite voix ... Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime Quand tu ne te sens plus chatte Et que tu deviens chienne Et qu'à l'appel du loup Tu brises enfin tes chaînes Quand ton premier soupir Se finit dans un cri Quand c'est moi qui dis non
Quand c'est toi qui dis oui ... Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime Quand mon corps sur ton corps Lourd comme un cheval mort Ne sait pas, ne sait plus S'il existe encore Quand on a fait l'amour Comme d'autres font la guerre Quand c'est moi le soldat Qui meurt et qui la perd ... Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime
Que je t'aime Que je t'aime ...
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orageusealizarine · 7 months
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à treize ans j'allais rêvant (sans doute) des vers enjoaillant mes lèvres j'allais désespérant jeunesse (souvent) et belle Il me semble parfois que mon sang coule à flots c'était douleur charmante et ris bien trop cruels être à mon âge atteinte de langueur baudelairienne
j'en ai saigné souvent métaphores trop réelles aux rythmiques sanglots d'un esprit solitaire j'épousais sans partage le romantisme navrant en vain tâtant mon corps intact et blanc lunaire mais grave et lourde (et vaine) la vie vitement pulsait
sans ironie vraiment en poétiques foulées j'ai dévalé la rue poésie avalée et l’œil plus clair et l’oreille plus fine j'ai souffert ah ! la ruse de la mélancolie fausse somptuosité les cris les râles les voix dans les ciels dispersés continuaient de bruiter et clinquer et siffler
et partout colorant en rouge mes pensées les rues et mes fantasmes par trop déshabillés sur les pavés sordides mes soieries déchirées calme et violence discrète des soirs accidentés endormir pour un jour la terreur commencée dans l'inquiétante clarté en sursauts et veillées
et moi (j'étais si jeune) j'avais le cœur serré (c'était à rire pouffer prendre au sérieux les pleurs d'une douleur effrénée) en écoutant crier des vers dépareillés les excès les baisers l'amour toujours manqué en poésie braillé
oh j'aime mieux trembler voir mes cheveux vignés dans tes doigts tortillés jouir impudiquement mais sans vulgarité célébrer les entrailles les frôlements pâlissants de tes caresses folles la grivoiserie naissante dans nos nuits fatiguées et goûter sur nos corps nos démences amantes écloses et déflorées
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Tu vois, mon ami, le monde se divise en deux catégories, il y a ceux qui ânonnent le "sellezéceux" (ou le "àtoutezéàtousse") de la novlangue, et ceux qui désirent apprendre à parler français. Apprendre à parler correctement sa propre langue est le premier moment du système immunitaire… Pour eux, il y a la langue, toujours verte, de Victor Hugo:
«Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le cœur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids sans but, sans nœud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage ;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.
Quoi ! ne point aimer ! suivre une morne carrière
Sans un songe en avant, sans un deuil en arrière,
Quoi ! marcher devant soi sans savoir où l'on va,
Rire de Jupiter sans croire à Jéhova,
Regarder sans respect l'astre, la fleur, la femme,
Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme,
Pour de vains résultats faire de vains efforts,
N'attendre rien d'en haut ! ciel ! oublier les morts !
Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, cœurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues !»
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sous-le-saule · 8 months
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Avis de tempête
(Le musicien fantôme, épisode 6 – parce que.)
« Ce n’est pas une tempête normale ! » me crie Esteban, couvrant à peine le hurlement du vent. Bientôt je n’entends plus que des bribes de ses explications – « jamais vu ça », « trop soudaine » et quelque chose à propos du baromètre que je ne comprends pas.
Ses hommes, mêmes les plus expérimentés, arborent des mines au mieux préoccupées, au pire franchement alarmées. Pour ma part, je l’avoue sans honte, je suis terrifié et me cramponne à m’en casser les doigts au premier cordage qui m’est tombé sous la main. Esteban me fait de grands signes pour m’intimer de me mettre à l’abri, avant de se tourner vers le timonier. L’homme a l’air résolu et aussi calme qu’il est possible de l’être dans une telle situation. Esteban lui tape l’épaule avant qu’ils se séparent, chacun se ruant là où sa présence est nécessaire, et ce geste de confiance me donne quelque espoir. Le timonier est un vieux briscard, il va nous tirer de ce péril.
Je m’efforce de regagner ma cabine mais le tangage est tel que je heurte de plein fouet le bastingage, contre lequel je m’écroule, immobilisé par un nouveau haut-le-cœur. Lorsque je relève enfin la tête, je ne peux détacher les yeux des vagues colossales couronnées d’écume qui surplombent le navire.
L’une d’elles balaie soudain le pont, m’entrainant avec elle, le soufflé coupé et balloté comme un vulgaire galet. Par miracle, je parviens à me raccrocher au grand mât. Crachant et trempé, je plisse les yeux dans l’obscurité qui nous est tombée dessus il y a quelques minutes, quand les lourds nuages noirs ont avalé le soleil d’un coup. A la lumière d’un éclair, je tente de voir si quelqu’un manque à l’appel, espérant que personne ne soit passé par-dessus bord. J’essaie de repérer Esteban, mais tout n’est que chaos et cris et courses en tous sens.
Je vais mourir ici. J’aurais pu être plus prudent et rester à quai. Mais je ne parviens pas vraiment à regretter ma décision. Au moins me serai-je senti un peu vivant avant de trépasser. Moi qui ne suis pas particulièrement religieux, je me surprends à recommander mon âme à Dieu. C’est tout ce que je puis faire.
Dans mon effroi, je ne comprends pas tout de suite ce que mes oreilles perçoivent. Je me figure qu’il s’agit de quelque musique céleste répondant à mes prières et que ma dernière heure est arrivée. Jusqu’à ce que je reconnaisse la mélodie. C’est moi qui l’ai composée.
Comment ? Comment est-ce possible ? Ai-je perdu l’esprit ? D’où vient cette musique ? Et comment peut-elle dominer les mugissements de la tempête ?
Un autre éclair déchire le ciel et je me fige, comme hypnotisé. J’ai eu le temps d’apercevoir la silhouette d’un navire, fendant les flots déchainés dans notre direction. C’est lui. Ce ne peut être que lui. Le Musicien fantôme.
A cet instant, un craquement assourdissant et funeste m’emplit d’une terreur sans nom. A une vitesse affolante, l’Icare commence à couler.
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helyiios · 6 months
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series of random asks #4:
what is the best language for:
shouting
being polite
being mopey
being happy
flirting
complimenting
being passive-aggressive
what's a food that sounds tasty but actually isn't?
are chocolates or fruit-flavored candy better?
what food soothes a sore throat?
what's one unique thing you do that you've never seen anybody else do ever?
is there any usefulness in having fingerless gloves?
is pop music or classical music better?
tyyyy
-the best language for all of those is french. here
NIQUE TA SALOPE DE MÈRE ESPÈCE DE DÉCHET DE MES COUILLES
je vous prie d’agréer mes sentiments les plus sincères
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle/Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,/Et que de l'horizon embrassant tout le cercle/Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits
SA RAAAACE JKIFFE TROP
salut bb t’as un 06 pour que tu mzero suces?
Ton père ca srait ps un voleur pck il a volé les étoiles et les a mises ds t’es yeux wsh😙
ok bah si qqn ici était moins BÊTE alors peut être qu’on en serait pas là mais t’inquiète c’est pas grave on garde la pêche
-anything overly chocolatey
-i dont really like either
-milk and honey? or ur dads dick
-im a really common person who does really common things, sadly.
-looking homeless i guess. im KIDDING don’t come at me
-both are wonderful. i love bizet’s L’Arlesienne Suite n.1 Prélude as much as glass animals
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mariepascaleremy · 1 month
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29 MARS 2024 - VENDREDI SAINT
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Vendredi, le Christ purifie la sphère de Vénus. La sphère de Vénus qui est celle de l'amour est transformée du tout au tout. L'amour ne reposera plus sur les seuls liens du sang mais sur les liens en esprit. L'agneau sacrifié est aujourd'hui le Christ. Les bourreaux font peser la lourde croix sur ses épaules jusqu’au Mont Golgotha (crâne) puis le clouent sur la croix. A midi, le ciel s’obscurcit durant 3 hrs et la Terre tremble. Longinus perce le flanc du Christ. Le Christ est ensuite déposé dans le tombeau (Jn XIX-1/2, 17/18 + 30). Les qualités à développer : le partage, le renoncement, rester centré - Jour de jeûne.
Détail — Ecce Homo, c. 1674 by Pedro de Mena † Agnus Dei (Lamb of God), circa 1635 - 1640 by Francisco de Zurbaran
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les-cris-des-fendues · 8 months
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#30 jours pour écrire / Avis de tempête
Ce jour, je partais d'un bond par dessus la montagne dans ma féline noire ramassée sur son arrière train refaire mon stock de livres. Mon plus jeune fils, cette fois a bien voulu m'accompagner. Ravie j'étais et nous avons chantonné dans la voiture, sous un ciel clair, dégagé, bleu profond.
Arrivés au "palais de la littérature" nous avons rempli le coffre, tranquilles, joyeux et boucanés lentement par le soleil comme deux pirates sur le pont de leur barque tout occupés à l'inventaire de leur trésor. Et j'ai entendu le premier coup de semonce du ciel; je ne m'étais même pas aperçue que le fond de l'air était maintenant poisseux et lourd, que de grands nuages ventrus gris noirs coiffaient les pics des falaises de calcaire.
Nous avons abrégé le réapprovisionnement et mon fils et moi avons aussitôt repris la route du retour. Celle-la même qui serpente ses lacets à flanc de pentes qui lâchent en grondant et fumant de poussière des blocs de pierre jusque dans les vignes.
A l'esplanade de terre juste après le col, j'ai voulu m'arrêter, tant la terre, le ciel, étaient époustouflants de beauté. Ma manie de vouloir tout photographier. Mon fils en rit, son père s'est résigné, moi je veux enturbanner ma tête de chaque instant, de chaque image, de chaque mot, de chaque mélodie de la splendeur.
Puis, j'ai vu mon fils. Tandis que je mitraillais, il était monté jusqu'à l'énorme rocher qui surplombe toute la vallée. Il se penchait au dessus du précipice et scrutait le vide en écoutant les pompiers, les ambulances, les véhicules de l'urgence qui envoyaient des messages stridents à travers toute la plaine. Les éclairs, le tonnerre, étaient eux aussi maintenant de la partie et rejoignaient la fanfare méli-mélo dramatique. J'ai été saisie par la concordance de l'instant.
En vie, en vis à vis, avis de tempête... J'ai posé mon appareil et j'ai regardé mon fils, dans son élément, sans rien dire, presque exaltée, secouée par la proximité des grands arcs électriques. Je le vois, je le vis et je le voyais; trois dimensions de lui, bientôt, déjà l'adolescence, une grande bourrasque de plus. Elle viendra sans que je donne mon avis...
La pluie, soudain, de plus en plus soutenue. Il est revenu de lui-même vers la voiture, en rigolant comme un beignet, trempé comme un baba au rhum.
Arrivés devant la porte du garage, la grêle. Drue. Nous avons tenu le pare brise de l'intérieur à quatre mains pour ne pas que le ciel nous tombe sur la tête, en riant des tours de vis de la tempête.
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