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adamwatchesmovies · 8 months

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Cinderella (1950)

Sumptuously animated, with iconic images and memorable songs, Cinderella exemplifies the golden age of Disney Animation. Adults will be filled with warm nostalgia while watching - even if they didn’t grow up with the film. Kids will be delighted. Smart choices throughout make it an old-fashioned picture with lasting appeal

Orphaned and now living with her cruel stepmother (voiced by Eleanor Audley) and two wicked stepsisters (voiced by Helene Stanley and Rhoda Williams), Cinderella (voiced by Ilene Woods) is now a servant in her own home. Though forced to perform endless chores and suffer unjust punishments, Cinderella never loses hope that someday her dreams will come true. When the King (voiced by Luis van Rooten) organizes a royal ball to find a suitable wife for his son, Lady Tremaine becomes determined to prevent Cinderella from attending.

Cinderella is very much a classic fairy tale. The story is timeless and easy to latch onto. It’s also very much a product of its time. The protagonist is not an active participant in their own story. Today, a strong female character might use her wits to get herself out of a jam or just punch the bad guy in the face. It’s no spoiler to tell you that Cinderella’s salvation is kind of just served to her on a platter through the magic of her fairy godmother (voiced by Verna Felton)… but that's oversimplifying it. The story’s message is that even if others treat you like dirt, you shouldn’t hold a grudge and remain kind. The moral is taken to an extreme but it’s a good lesson to teach - far more applicable to real life than you'd think.

This is a rather straightforward retelling of the fairytale by Charles Perrault but key additions and choices make it stand out. First, the animated medium. Every frame of Cinderella is so crisp it looks like it was made yesterday. The colours are wonderful. The characters are delightfully expressive. The movements are smooth, everyone is always on-model and it’s a delight to simply watch the story play out. The chateau is filled with all sorts of details that make it feel like it used to be majestic but is slowly rotting away, like the huge mouse population that moves through its corridors through endless - and varied - secret passages. You can tell the artists had a blast coming up with new ways for Jaq, Gus (voice by Jimmy MacDonald) and the other mice to make their way from one room to another.

Another memorable aspect of Cinderella is the musical numbers. Ask anyone. They’ll tell you Bibbidi-Bobbidi-Boo is the best piece but over the years So This is Love has grown on me as much as A Dream Is a Wish Your Heart Makes. Special attention should also be given to Oh Sing Sweet Nightengale, in which Cinderella sings harmony with herself in a clever manner that also utilizes the animated medium to its full potential.

Cinderella is a lovely person. She’s meek but kind and patient, with neverending empathy for those around her. Seeing her constantly beaten down breaks your heart. While she could be described as a bit bland as far as heroines go, the same can’t be said about the film's chief villain, Lady Tremaine. Modeled after and voiced by the same woman who would later bring Maleficent to life, she steals every scene she’s in. You hate her but wouldn't dare look away for a moment.

There is one scene, in particular, that stood out to me during this viewing. It’s not a big memorable moment but it exemplifies the care that was put into the film. In it, Cinderella walks up a flight of stairs with a tea set on a tray. She's being followed by Lady Tremaine’s cat, Lucifer, who knows a mouse is hiding beneath one of the cups. The cat is about to get his prey when Cinderella’s shoe suddenly slips off. She turns around to put it back on, spinning the tray and making Lucifer grab the wrong cup in the process. His bewilderment makes us laugh and the scene also foreshadows the famous slipper that will be left behind later in the film.

Cinderella is what you picture when you hear the words “Classic Disney”. it’s gorgeous, contains plenty of laughs, and offers just enough heartbreaks to keep you in suspense until the happy ending you've been promised. The songs are memorable, as are the characters - even if sometimes they’re little more than archetypes. Not every movie should be like Cinderella but if you want to tell an old fairytale, do it like this. (On Blu-ray, March 12, 2021

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tourbillondelectures · 3 years

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Métamorphoser nos imaginaires à l’écran ? Le female gaze par Iris Brey

Basé sur le livre : « Le regard féminin : une révolution à l’écran »

Si je devais situer ma première rencontre avec la notion de female gaze, ce ne serait que très récemment, en 2019, à la sortie en salle de « Portrait de la jeune fille en feu » de Céline Sciamma. Oui pas très original me direz-vous ! Car effectivement beaucoup d’entre nous on été touché.es par cette œuvre, rendant plus visible ce fameux regard féminin dont nous allons beaucoup parler ici même et qui a tristement été occulté depuis trop longtemps.

Dans ce chef d’œuvre donc, difficile de passer à côté du regard féminin et quelle joie! Je vous explique pourquoi : déjà les hommes sont absents du récit, sacré prouesse. Ce n’est pourtant pas si extraordinaire mais c'est effectivement étonnant de voir uniquement des femmes évoluer paisiblement et passionnément à l’écran. Vous sentez arriver les critiques à l’encontre du cinéma reproduisant la domination patriarcale ? Restez bien installés dans vos sièges douillets car elles vont bientôt pleuvoir. Ce qui était fabuleux - au-delà de la photographie vibrante et colorée (on est comme dans une peinture!), c’est bien les interactions entre les trois protagonistes, d’une délicatesse et d’une justesse sans nom. Vous allez me demander « mais par quoi ça passe ? » eh bien, par peu et beaucoup de choses vous répondrais-je : des regards échangés doux, bienveillants, chargés de désir qui font chavirer nos cœur (le mien en tout cas). Un érotisme et une intimité réinventés constamment, sans jeux de pouvoirs ni hiérarchies écrasantes. Des corps féminin qui ne sont pas toisés, ni jugés et encore moins sexualisés.

Portrait de la jeune fille en feu - Céline Sciamma

Tout cet engouement pour vous dire que les images défilant, j’ai senti s’éveiller en moi une sensation de bouillonnement, d’émoi et d’agitation nouvelle que j’ai si peu souvent expérimenté face à une fiction. Aussi, un sentiment de sérénité chaleureuse (si si c’est un vrai truc). Je sentais que je venais réellement de voir quelque chose de différent, sensuel, émouvant et important. Sans pour autant comprendre pourquoi et réussir à mettre des mots dessus immédiatement. Deux ans plus tard il me faudra rencontrer le livre d'Iris Brey pour y voir plus clair et parvenir à écrire cette courte éloge.

Avant ce film et certaines lectures, je n'avais jamais questionné le regard qu'impose le cinéma, la place dans laquelle il nous installe. Pleine d'insouciance au visionnage et de méconnaissance des outils nécessaires à l'analyse des histoires et de leur esthétique. Impossible de saisir ce que les images produisent réellement chez moi, tout comme l'impact des représentations au cinéma, dans les médias, la culture de manière plus large. Merci alors Céline d’avoir fait en sorte que ce soit si évident, que l’on ne puisse plus le rater et que l’on s’autorise enfin à questionner nos représentations, nos désirs et les histoires qu'on se raconte au cinéma.

« le geste révolutionnaire de Sciamma est de considérer que le désir peut éclore sans domination, sans humiliation, sans rapports de pouvoir » dira Iris Brey dans le livre qui a inspiré cet article.

Ce livre que j’ai eu envie de dévorer après avoir écouté deux épisodes du merveilleux podcast de victoire Tuaillon, avide d’en apprendre plus sur le sujet du fameux female gaze.

Voici les épisodes en questions qui on attisé ma curiosité :

Female gaze, ce que vivent les femmes, podcast Les couilles sur la table #57

Male gaze, ce que voient les hommes, podcast Les couilles sur la table #56

Dans leurs échanges, elles évoquent également le test de Bechdel, théorisé en 1985 par Alison Bechdel, qui m’était familier grâce à un article de Madmoizelle rpz

Je vous explique rapidement le principe, en gros il s’agit de se poser ces trois questions quand on regarde un film pour s’interroger sur le rôle des femmes dans les fictions :

- Y a-t-il au moins deux personnages féminins portant des noms ?

- Ces deux femmes se parlent-elles ?

- Leur conversation porte-t-elle sur un sujet autre qu’un personnage masculin ?

Il parait que 40% des films qui ne passent pas le test, c’est chaud hein. L'étude se trouve ici même.

Toutefois, il est nécessaire d’ouvrir la problématique à la mise en scène au-delà de la narration. Ces tests ne parlent pas d’images, de la question de fabrication des images. Nous allons maintenant voir comment le travail d’Iris peut nous éveiller sur ces enjeux et nous ouvrir les yeux (hihi) sur la triangulation du regard : entre la caméra, les personnages et le spectateur.

S’extraire du male gaze pour désirer autrement

Comment les procédés cinématographiques dominant enferment le désir ?

Commençons par essayer de comprendre les procédés utilisés traditionnellement lors de la réalisation d’un film dont l’œil est masculin (et non déconstruit !). On va voir comment ceux-ci enferment le spectateur dans une posture d’observateur dominant et orientent son désir lorsqu’il visionne pénard son long métrage. Ça va être croustillant de découvrir les ficelles, vous allez voir !

Passons par un peu de théorie grâce à ce fameux Freud (1856-1939), psychanalyste célèbre et pourtant si controversé (il est loin d’être l’ami des féministes !). C’est donc lui qui, entre deux écrits sur les femmes frigides, dévoile aux yeux du monde le principe encore méconnu de « scopophilie » ou encore « pulsion scopique ». Ces termes savants décrivant le plaisir du voyeur, ressenti quand on observe quelqu’un malgré lui (elle dans la plupart des cas). Concrètement ce serait le plaisir de posséder l'autre par le regard. Il s’agirait d’une pulsion sexuelle (indépendante des zones érogène) provoquée par une forme de soumission de la personne regardée qui devient alors un objet de plaisir sous le regard contrôlant du « voyeur ». L'individu s'empare de l'autre en le regardant.

Je reprends les mots de Laura Muvley qui en 1975 applique ce principe au cinéma. Son article « plaisir visuel et cinéma narratif» analyse l’érotisation du regard, l’aspect spectaculaire du plaisir dans le cinéma, toujours dans un cadre psychanalytique. Elle nous explique très bien qu’il « existe des circonstances dans lesquelles le fait de regarder est en lui-même une source de plaisir, tout comme à l’inverse, il y a un plaisir à être vu. A l’origine, dans ses "Trois essais sur la sexualité", Freud a fait de la scopophilie une des pulsions constitutives de la sexualité qui se manifestent comme une émotion de façon tout à fait indépendante des zones érogènes. Il a défini la scopophilie comme le fait de « s’emparer des individus comme objets de plaisir, et de les soumettre à un regard scrutateur et contrôlant. »

Merci Sigmund et surtout Laura, maintenant que l’on sait que c’est un kiff de regarder quelqu’un à son insu, en se cachant ou en scrutant à travers le trou de la serrure, on peut en venir aux techniques employées dans les films qui placent le spectateur masculin dans cette position voyeuriste (dont il n’a peut-être même pas conscience ni l’envie, le pauvre) ?

Un bon départ à notre réflexion ou une intuition serait de dire que le contexte patriarcal de notre société a mis des images misogynes dans la tête de nos réalisateurs essentiellement masculins à travers ce que eux même ont vu ou entendu. De base, la démarche de création est donc chargée de cet imaginaire sexiste et donc biaisée. Ça commence mal…

Ces pensées machistes insidieuses dissimulées dans l’esprit de l’équipe de production l'amène à reproduire les oppressions et les constructions auxquelles les femmes aimerait tant échapper (les exigeantes!).

Pour en revenir à la technique, parlons d'abord des plans suggestifs non choisis au hasard ou encore des mouvements mais aussi de la hauteur de la caméra qui participent activement à l’objectification des corps féminin. J’ai en tête les plans qui s’attardent sur certaines parties du corps (je parle bien des fesses et des seins ouioui), qui guident ainsi le regard du spectateur l’invitant à s’attarder sur un corps sexualisé. Ils réduisent également le personnage féminin à ses attributs charnels et définissent à travers ceux ci sa valeur. On cite souvent l’exemple de la sortie de l’eau de Halle Berry regardée à travers les jumelles de James Bond dans "Meurs un autre jours". C’est gagné, c’est du pur male gaze, une scène qui n’a d’autre but que d’exciter la personne qui regarde, le spectateur ou le personnage masculin.

Teresa Castro, dans l’introduction de " au delà du plaisir visuel. Féminisme, énigmes, cinéphilie" de Laura Muvley, énonce que les choix de mise en scène des cinéastes qui objectifient les corps féminin reflètent leur désir de priver le personnage féminin de pouvoir. Elle nous dit :

« globalement le personnage masculin s’assume comme moteur du récit et relais du regard spectatoriel, tandis que le regard féminin, passif et réduit au statut d’icône, s’offre et est offert au spectacle, à la fois pour les autres personnages et pour l’ensemble des spectateurs. Les gros plans qui morcellent son corps stylisé, ainsi qu’un système de champs / contrechamps entretenant voyeurisme sadique ou fascination fétichiste, constituent, en dernière instance, une réponse à la menace qu’elle représente pour l’ordre patriarcal»

Pour illustrer les relations de pouvoir qui se mettent en place à travers l’observation constante du corps de la femme, montré le plus souvent comme passif, faible, Iris Brey utilise l’image du panoptique dont traite Foucault dans "Surveiller et punir" :

« « panoptisme » est un agencement optique qui dénonce non seulement une société de surveillance, mais aussi un système de pouvoir entre celui ou celle qui regarde et celui ou celle qui est regardé.e. De la même manière les prisonniers intègrent l’oppression du regard qui surveille, les femmes intègrent celle du regard qu’elles subissent sur nos écrans et dans la réalité »

Le mouvement et le dynamisme du corps à l’écran ont également une forte signification et enrichissent les stéréotypes accordés aux femmes. On voit souvent le corps immobile de la femme contre un corps mouvant de l’homme fort dont la volonté et les intentions sont claires.

Agnès Varda romps avec ce dualisme. On peut voir dans ses films des femmes dont le corps est en mouvement, libérées des oppressions du patriarcat et vivant une sexualité libre. Les héroïnes de Varda « n’ont pas besoin d’un homme pour se sentir vivre. Ses fictions expriment la violence à laquelle les femmes font face quotidiennement et le combat à mener pour exister dans l’espace public sans être humiliée, agressée ni tuée. Se déplacer, c’est résister à l’ordre dominant »

Un de ses œuvres qui m’a particulièrement touchée est "Sans toit ni loi". On suit Sandrine Bonnaire, qui avance dans la campagne, qui s’extrait des représentations classiques de la féminité. Quelle surprise de l’accompagner dans ses aventures, elle qui est sans abri, sale, libre, bruyante, vulgaire parfois.

Sans toit ni loi - Agnès Varda

Phoebe Waller Bridge dans sa série Fleabag (2016) nous propose une autre piste pour sortir de la posture voyeuriste d’un spectateur passif et du plaisir scopique. Elle « utilise le regard caméra pour créer non plus une distanciation mais un lien entre l’héroïne et les spectateur.trice.s ». Elle nous parle !

Fleabag - Phoebe Waller Bridge

Enfin, pour finir sur une note un peu positive, il faut savoir que le male gaze n'est pas contraire de female gaze et ne dépend pas du sexe du réalisateur / metteur en scène. Bien sûr dans les fait celui ci y participe tout de même fortement à cause de la construction et notre éducation très genrée reçu dès le plus jeune âge. Ce serait illusoire d'affirmer le contraire. Donc vive les femmes réalisatrices et aux manettes !

Sortir de la posture voyeuriste et aller au delà de la séparation corps et esprit

L’autre posture dans laquelle le spectateur peut se retrouver captif est celle de l’identification au personnage, au héros dans la plupart du temps. Parce qu’ils nous font vraiment trop rêver ces mecs musclés et a qui tout réussi! Au delà de susciter la jalousie, l'envie ou le plaisir, il semblerait que ce processus d’identification produise un effacement du corps du spectateur pendant le visionnage du film. De nouveau, la brillante Laura Muvley nous éclaire de sa lumière, dans le même article dont nous parlions plus tôt, en précisant que le mécanisme d’identification du sujet avec l’objet à l’écran se fait « à travers la fascination qu’éprouve le spectateur pour son semblable qu’il reconnaît. ». Elle ajoute « Mis à part quelques vagues ressemblances entre l’écran et le miroir (le cadrage [the framing] de l’homme dans son environnement, par exemple), le cinéma engendre des phénomènes de fascination assez forts pour provoquer temporairement une perte du moi en même temps qu’un renforcement de l’ego. »

Dans la philosophie occidentale on retrouve assez souvent cette notion de séparation du corps et de l’esprit avec une hiérarchie incontestée de l’esprit. L’esprit pouvant être associé à des attributs masculin alors que le corps, la sensualité, à des attributs féminin. Les films qui tiennent le corps à distance sont en effet souvent plus valorisés par les critiques cinématographiques (qui sont majoritairement des hommes, étrange hein ?) et comme le dit bien Iris Brey dans son introduction :

« Analyser un film se résume à le regarder comme un objet, à réfléchir à la position du spectateur (et non à celle de la spectatrice), à mettre de coté la corporéité, d’une expérience qui serait incarnée, sensuelle »

Bon, si on en reste là ce n'est pas très joyeux pour nous les meufs on est d'accord. Après ce n'est pas notre genre d'en rester sur de tristes constats donc ne bougez pas car l'article s'oriente vers des notes plus réjouissantes youhou !

Eh oui, par chance différentes pistes ont été explorées pour expérimenter d'autres manières de faire et de voir des films.

Commençons par jeter un coup d’œil dans la lignée de la philosophie phénoménologique (c’est la philosophie qui part de l’expérience des corps) de Merleau Ponty. Sa philosophie a fait fleurir de nombreuses réflexions sur l’expérience vécue du visionnage dont se sont emparées Iris Marion Young ou Vivian Sobchack, entre autres, ce sont « des penseuses [qui] élaborent un nouveau cadre théorique où l’expérience vécue entre les spectateur.trices est au cœur d’un échange ». Une approche qui demande alors de réfléchir aux films non plus « en fonction de l’identification spectatorielle classique, mais en considérant que regarder est avant tout une expérience incarnée où le corps joue un rôle fondamental ».

Laura U. Marks dans son livre "The skin of the film : intercultural cinema, embodiment and the senses" va même jusqu’à parler de la peau du film « il est précieux de penser à la peau du film non pas comme à un écran, mais comme à une membrane qui amène le spectateur.trice.s au contact des formes matérielles de la mémoire »

Pour encore plus de fun et si vous voulez continuer sur ce nouveau merveilleux chemin de la connaissance et du visionnage conscient et actif, je vais vous livrer des techniques concrètes. Elles permettent une expérience plus immersive tout en de palliant à l’effacement du corps et en plus elle activent le regard (balèze!). Sans plus de suspense, voici les quelques techniques ou procédés filmiques qui produiront un maximum d'effets :

les mouvements de caméra haut et bas qui épousent le mouvement du personnage et nous emmène avec lui dans son dynamisme et romps ainsi avec l’immobilisme du spectateur.trice ;

le travail sur la temporalité avec un jeu sur les ralentis ou l’accélération ce qui induit une subjectivité des ressentis et la notion du temps qui passe ;

le montage peut lui aussi être un outil puissant qui permet de faire ressentir une émotion forte ou difficilement transmissible. On peut citer par exemple la représentation de l’orgasme féminin dans la série "The Deuce" où une réalisatrice veut montrer ce qu’il se passe de manière imagée dans la tête d’une femme qui joui. Pas de spoil mais elle se fera rembarrer par le producteur car qui a vraiment envie de savoir ce qu’il se passe dans la tête d’une femme eh ? ;

l’adresse directe à la caméra vue précédemment dans Fleabag mais aussi très utilisée par Chantal Akerman et Sally Potter (Orlando) « théorisé par Bretch, [elle] déclenche un processus qui bloque le processus de séduction et d’investissement émotionnel entre les spectateur.trice et l’héroïne » dit Iris ;

la voix off (June dans "la servant écarlate" qui partage avec nous ses pensées) ;

la caméra subjective adoptant le point de vue de l’héroïne (Chris dans "I love Dick");

l’immersion dans les rêves et visions, l’inconscient « on plonge alors directement dans ce qui traverse le corps désirant de l’héroïne » dit Iris encore ;

les gros plan « pas pour morceler les corps en vue de l’objectifier […] mais pour donner de la texture au plan et, surtout, partager le désir de l’héroïne. Grace aux peaux filmées de très près, on peut transmettre une qualité haptique à un film et non plus une charge érotique »(Hiroshima mon amour d’Alain Resnais ou Go fish de Rose Troche) dit Iris toujours.

L’haptique est une discipline qui explore et exploite le sens du toucher et la perception du corps dans l’environnement.

Allons, concluons sur cette longue citation enflammée qui clôture presque l’introduction du livre dont il est question dans cet article :

« le regard féminin propose une autre manière de désirer, qui ne se base plus sur une asymétrie dans les rapports de pouvoir, mais sur l’idée d’égalité et de partage. Toutes les techniques qui viennent d’être mentionnées, visant à subvertir les conventions de genre dans des moments dramatiques ou sensationnalistes (refuser les plans subjectifs afin d’éviter la catharsis, avoir recours à une mise en scène quasiment clinique pour faire ressentir une autre forme de violence et se couper de toute impression de voyeurisme, par exemple le meurtre dans Jeanne Dielman), peuvent provoquer ce que Laura Mulvey nomme a passionnate detachment, un détachement passionné. Le female gaze est un geste conscient. Il produit de ce fait des images conscientisées, politisées. »

Explorer l’expérience féminine et nos corps à travers de nouvelles images

Eprouver l’expérience sensorielle féminine

Comment les corps représentés et désirés à l'écran façonnent notre idée du beau ?

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