Gala Québec Cinéma 2023: les nominations
Animé par Jay Du Temple, le 25e Gala Québec Cinéma sera diffusé le dimanche 10 décembre prochain à 20h sur les ondes de Noovo et Noovo.ca, en direct des studios Grandé de Montréal. Le Gala Artisans, animé par Fabiola Nyrva Aladin, aura lieu le 7 décembre à 19h30 au Studio TD.
Voici la liste complète des nominations:
IRIS HOMMAGE
Rémy Girard
MEILLEUR FILM
Arsenault et Fils | La maison de prod — Stéphanie Morissette, Charles Stéphane Roy
Babysitter | Amérique Film — Martin Paul-Hus, Catherine Léger ; Phase 4 Productions — Pierre-Marcel Blanchot, Fabrice Lambot
Falcon Lake | Metafilms — Nancy Grant, Sylvain Corbeil ; Onzecinq — Dany Boon, Jalil Lespert ; Cinéfrance Studios — Julien Deris, David Gauquié, Jean-Luc Ormières
Le plongeur | Sphère Média — Marie-Claude Poulin
Les chambres rouges | Némésis Films — Dominique Dussault
Noémie dit oui | Productions Leitmotiv — Patricia Bergeron
Viking | micro_scope — Luc Déry, Kim McCraw
MEILLEUR PREMIER FILM
Falcon Lake | Charlotte Le Bon
Farador | Édouard Albernhe Tremblay
Les hommes de ma mère | Anik Jean
Noémie dit oui | Geneviève Albert
Rodéo | Joëlle Desjardins Paquette
MEILLEURE RÉALISATION
Monia Chokri | Babysitter
Stéphane Lafleur | Viking
Francis Leclerc | Le plongeur
Rafaël Ouellet | Arsenault et Fils
Pascal Plante | Les chambres rouges
MEILLEUR SCÉNARIO
Eric K. Boulianne, Francis Leclerc | Le plongeur
Stéphane Lafleur, Eric K. Boulianne | Viking
Catherine Léger | Babysitter
Rafaël Ouellet | Arsenault et Fils
Pascal Plante | Les chambres rouges
MEILLEURE INTERPRÉTATION FÉMININE | PREMIER RÔLE
Larissa Corriveau (Steven) | Viking
Kelly Depeault (Noémie) | Noémie dit oui
Hélène Florent (Rose Lemay) | Une femme respectable
Léane Labrèche-Dor (Elsie) | Les hommes de ma mère
Sara Montpetit (Chloé) | Falcon Lake
MEILLEURE INTERPRÉTATION MASCULINE | PREMIER RÔLE
Guillaume Cyr (Adam) | Arsenault et Fils
Patrick Hivon (Cédric) | Babysitter
Steve Laplante (John) | Viking
Henri Picard (Stéphane) | Le plongeur
Luc Picard (Gérald Gallant) | Confessions
MEILLEURE INTERPRÉTATION FÉMININE | RÔLE DE SOUTIEN
Laurie Babin (Clémentine) | Les chambres rouges
Élise Guilbault (Soeur Monique) | Le temps d’un été
Ève Landry (Josée) | Bungalow
Julie Le Breton (Isabelle) | Tu te souviendras de moi
Nadia Tereszkiewicz (Amy) | Babysitter
MEILLEURE INTERPRÉTATION MASCULINE | RÔLE DE SOUTIEN
Maxime de Cotret (Greg) | Le plongeur
Charles-Aubey Houde (Bébert) | Le plongeur
Denis Houle (Liz)| Viking
Steve Laplante (Jean-Michel) | Babysitter
Guy Nadon (Maître Jean-Pierre Genin) | Le temps d’un été
RÉVÉLATION DE L’ANNÉE
Fabiola N. Aladin (Janet) | Viking
Emi Chicoine (Léa) | Noémie dit oui
Virginie Fortin (Elsa) | 23 décembre
Juliette Gariépy (Kelly-Anne) | Les chambres rouges
Joan Hart (Bonnie) | Le plongeur
François Pérusse (Alain) | Niagara
MEILLEURE DISTRIBUTION DES RÔLES
Nathalie Boutrie — Nathalie Boutrie Casting | Arsenault et Fils
Marilou Richer — Marilou Richer Casting | Les chambres rouges
Lucie Robitaille, Dandy Thibaudeau — Casting Lucie Robitaille | Viking
Annie St-Pierre, Antoinette Boulat | Babysitter
Brigitte Viau — Casting Brigitte Viau | Le plongeur
MEILLEURE DIRECTION ARTISTIQUE
André-Line Beauparlant | Viking
Sylvie Desmarais| Bungalow
Mathieu Lemay | Le plongeur
Laura Nhem | Les chambres rouges
Colombe Raby | Babysitter
MEILLEURE DIRECTION DE LA PHOTOGRAPHIE
Steve Asselin | Le plongeur
Vincent Biron| Les chambres rouges
Kristof Brandl | Falcon Lake
Josée Deshaies | Babysitter
Sara Mishara | Viking
MEILLEURS EFFETS VISUELS
Marc Hall — A.A. Studios | Babysitter
Marc Hall — A.A. Studios, Alex GD — RGB124 | Farador
Marc Hall — A.A. Studios | La cordonnière
Marie-Claude Lafontaine, Simon Beaupré — Alchimie 24 | Viking
Mathilde Vézina-Bouchard | Mistral spatial
MEILLEUR SON
Sylvain Bellemare, Bernard Gariépy Strobl, Pierre Bertrand | Viking
Olivier Calvert, Stéphane Bergeron, Martyne Morin | Les chambres rouges
Olivier Calvert, Luc Boudrias, Yann Cleary | Le plongeur
Stephen De Oliveira, Séverin Favriau, Stéphane Thiébaut | Falcon Lake
Daniel Fontaine-Bégin, Luc Boudrias, Henry Jr Godding | Arsenault et Fils
MEILLEUR MONTAGE
Pauline Gaillard | Babysitter
Sophie Leblond| Viking
Myriam Magassouba | Arsenault et Fils
Jonah Malak | Les chambres rouges
Isabelle Malenfant | Le plongeur
MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE
Viviane Audet, Robin-Joël Cool, Alexis Martin | Arsenault et Fils
Daniel Bélanger | Confessions
Christophe Lamarche-Ledoux, Mathieu Charbonneau | Viking
Martin Léon | Tu te souviendras de moi
Dominique Plante | Les chambres rouges
MEILLEURS COSTUMES
Mariane Carter | La cordonnière
Guillaume Laflamme | Babysitter
Sophie Lefebvre | Une femme respectable
Sophie Lefebvre | Viking
Annabelle Roy, Delphine Gagné | Farador
MEILLEUR MAQUILLAGE
Kathryn Casault, Bruno Gatien | Confessions
Marie-Josée Galibert | Viking
Marie Salvado | Les chambres rouges
Lyne Tremblay, Faustina De Sousa, François Gauthier, Michael Loncin | Farador
Adriana Verbert | Babysitter
MEILLEURE COIFFURE
Vincent Dufault | Viking
André Duval | Une femme respectable
Nermin Grbic | Les chambres rouges
Richard Hansen, Réjean Forget, Johanne Hansen | La cordonnière
Ann-Louise Landry | Babysitter
MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE
Dear Audrey | Réalisation : Jeremiah Hayes | Scénario : Jeremiah Hayes | Office national du film du
Canada — Jeremiah Hayes, André Barro, Annette Clarke
Gabor | Réalisation : Joannie Lafrenière | Scénario : Joannie Lafrenière | Tak films — Line Sander Egede
Geographies of Solitude | Réalisation : Jacquelyn Mills | Scénario : Jacquelyn Mills | Rosalie Chicoine
Perreault, Jacquelyn Mills
Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique | Réalisation : Léa Clermont-Dion, Guylaine
Maroist | Scénario : Léa Clermont-Dion, Guylaine Maroist | La Ruelle Films — Eric Ruel, Guylaine Maroist
Rojek | Réalisation : Zaynê Akyol | Scénario : Zaynê Akyol | Metafilms — Sylvain Corbeil, Audrey-Ann
Dupuis-Pierre ; Zaynê Akyol
MEILLEURE DIRECTION DE LA PHOTOGRAPHIE | FILM DOCUMENTAIRE
Geoffroy Beauchemin | Humus
Nicolas Canniccioni, Arshia Shakiba | Rojek
Joannie Lafrenière | Gabor
Jacquelyn Mills | Geographies of Solitude
Maude Plante-Husaruk | Au-delà des hautes vallées
MEILLEUR SON | FILM DOCUMENTAIRE
Mélanie Gauthier, Jeremiah Hayes, Isabelle Lussier | Dear Audrey
Maxime Lacoste-Lebuis, Eric Shaw, Jean Paul Vialard | Au-delà des hautes vallées
Andreas Mendritzki, Jacquelyn Mills | Geographies of Solitude
Jean-François Sauvé, Martin M. Messier, Bruno Pucella | 305 Bellechasse
Catherine Van Der Donckt, Jean Paul Vialard | Au-delà du papier
MEILLEUR MONTAGE | FILM DOCUMENTAIRE
Mathieu Bouchard-Malo| Rojek
Jeremiah Hayes | Dear Audrey
Emmanuelle Lane | Gabor
Jacquelyn Mills | Geographies of Solitude
Oana Suteu Khintirian | Au-delà du papier
MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE | FILM DOCUMENTAIRE
Olivier Alary, Johannes Malfatti | Twice Colonized
Gervaise | Gabor
Walter Grimshaw | Dear Audrey
Maxime Lacoste-Lebuis | Au-delà des hautes vallées
Delphine Measroch | Humus
MEILLEUR COURT OU MOYEN MÉTRAGE | ANIMATION
A night for the dogs | Max Woodward | Confettis Production — Guillaume Dubois, Camille Lequenne
Harvey | Janice Nadeau | Folimage – Reginald de Guillebon, Pierre Méloni ; Office national du film du
Canada — Marc Bertrand, Christine Noël, Julie Roy
Madeleine | Raquel Sancinetti | Production : Raquel Sancinetti
Marie · Eduardo · Sophie | Thomas Corriveau | Production : Thomas Corriveau
Triangle noir | Marie-Noëlle Moreau Robidas | Embuscade Films — Nicolas Dufour-Laperrière
MEILLEUR COURT OU MOYEN MÉTRAGE | DOCUMENTAIRE
Belle River | Guillaume Fournier, Samuel Matteau, Yannick Nolin | Kinomada — Jean-Pierre Vézina
Fire-Jo-Ball | Audrey Nantel-Gagnon | Office national du film du Canada — Nathalie Cloutier
Notes sur la mémoire et l’oubli | Amélie Hardy | Club Vidéo de Montréal — Isabelle Grignon-Francke
Oasis | Justine Martin | Déjà Vu — Louis-Emmanuel Gagné-Brochu
Zug Island | Nicolas Lachapelle | Production : Guillaume Collin, Nicolas Lachapelle
MEILLEUR COURT OU MOYEN MÉTRAGE | FICTION
Invincible | Vincent René-Lortie | Telescope Films — Élise Lardinois, Samuel Caron
Nanitic | Carol Nguyen | Coop Vidéo de Montréal — Marie Lytwynuk ; Carol Nguyen
Nuit blonde | Gabrielle Demers | Cinquième maison — Nellie Carrier
Pas de fantôme à la morgue | Marilyn Cooke | La 115e — Kélyna N. Lauzier, Macha Houssart
Simo | Aziz Zoromba | Scarab Films — Rosalie Chicoine Perreault
PRIX DU PUBLIC
23 décembre | Immina Films — Patrick Roy | A Média Productions — Guillaume Lespérance |
Réalisation : Miryam Bouchard | Scénario : India Desjardins
Confessions | Les Films Opale — Christian Larouche, Sébastien Létourneau | Christal Film Productions —
Christian Larouche | Réalisation : Luc Picard | Scénario : Sylvain Guy
Katak le brave béluga | Attraction Distribution — Xiaojuan Zhou, Maison 4:3 — Chantale Pagé | 10e Ave
Productions — Nancy Florence Savard | Réalisation : Christine Dallaire-Dupont, Nicola Lemay | Scénario :
Andrée Lambert
Le temps d’un été | Immina Films — Patrick Roy | Attraction — Antonello Cozzolino, Brigitte Léveillé |
Réalisation : Louise Archambault | Scénario : Marie Vien
Les hommes de ma mère | Immina Films — Patrick Roy | Jessie Films — Patrick Huard, Anik Jean |
Réalisation : Anik Jean | Scénario : Maryse Latendresse
FILM S’ÉTANT LE PLUS ILLUSTRÉ À L’EXTÉRIEUR DU QUÉBEC
Cette maison | Embuscade Films — Félix Dufour-Laperrière | Réalisation : Miryam Charles | Scénario :
Miryam Charles | La Distributrice de films — Serge Abiaad
Dounia et la princesse d’Alep | Tobo — Judith Beauregard | Réalisation : Marya Zarif, André Kadi |
Scénario : Marya Zarif | Maison 4:3 — Chantale Pagé
Falcon Lake| Metafilms — Nancy Grant, Sylvain Corbeil ; Onzecinq — Dany Boon, Jalil Lespert ;
Cinéfrance Studios — Julien Deris, David Gauquié, Jean-Luc Ormières | Réalisation : Charlotte Le Bon |
Scénario : Charlotte Le Bon | Sphère Films — Ariane Giroux-Dallaire
Katak le brave béluga | 10e Ave Productions — Nancy Florence Savard | Réalisation : Christine Dallaire-
Dupont, Nicola Lemay | Scénario : Andrée Lambert | Attraction Distribution — Xiaojuan Zhou,
Maison 4:3 — Chantale Pagé
Viking | micro_scope — Luc Déry, Kim McCraw | Réalisation : Stéphane Lafleur | Scénario : Stéphane
Lafleur, Eric K. Boulianne | Les Films Opale — Christian Larouche, Sébastien Létourneau
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La Reine Garçon (Opéra de Montréal)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-01 : www.societascriticus.com
Argument
Acte 1
Stockolm, milieu du 17ième siècle.
Dans la tempête, le comte Karl Gustav, général des armées de Suède et cousin de la reine Christine demande à celle-ci de l’épouser. Christine refuse, prétextant qu’elle doit se consacrer essentiellement à faire de son royaume l’un des plus sophistiqués qui soit.
Le comte Johan, fils oisif et vaniteux du chancelier Axel Oxenstierna, s’ennuie dans ce royaume paisible et sans heurts. Son père lui propose de conquérir le cœur de Christine et ainsi, d’accéder au trône.
Axel évoque la naissance de Christine, que l’on qualifie de « reine-garçon ». La comtesse Ebba, dame de compagnie de la reine dont Christine est secrètement amoureuse, vient la divertir. Christine est troublée par cet amour. Elle se confie au philosophe René Descartes qu’elle a fait venir en Suède pour l’instruire sur les passions secrètes de l’âme et particulièrement sur l’amour dont elle souhaite se libérer du joug. Descartes l’initie à la notion du libre arbitre.
La reine veuve, Marie-Éléonore de Brandebourg, mère de Christine et personnage terrible, ajoute à la pression du mariage et révèle à sa fille un douloureux souvenir d’enfance. Furieuse et déstabilisée, Christine chasse Ebba, sous prétexte
que sa présence la trouble.
Johan, suivi de sa cohorte d’hommes-cerfs, tente à son tour de séduire Christine, mais sombre dans le ridicule. Blessé dans son orgueil face au refus de la reine, il lui rappelle les multiples problèmes que son obstination à rester célibataire va
surement provoquer.
Christine et Ebba se réconcilient. Axel et Johan décident d’écarter la comtesse Ebba de la cour.
Acte 2
Tout comme Karl Gustav, le mal d’amour ne quitte pas la reine et l’absence d’Ebba à la cour lui devient insupportable.
Au théâtre anatomique, Descartes fait la démonstration physique que l’âme siège dans une petite glande au cerveau où toutes les passions se rencontrent. Christine lui demande si l’on peut exciser l’amour de cette glande.
Axel se montre scandalisé par cette démonstration profane et tente de raisonner avec la reine. Mais celle#ci, ne trouvant plus de bonheur dans son propre pays, menace de répondre à l’invitation du Saint#Siège à abjurer sa foi luthérienne,
à abdiquer et à assumer le statut de reine-vierge catholique, libre de son intimité.
Seule, Christine demande au ciel si elle devrait abandonner sa foi, son père et son pays, bref, tout ce qu’elle est pour devenir celle qu’elle désire être.
Ebba vient à Christine pour lui demander de bénir son mariage. Christine l’invite plutôt à se joindre à elle et à partir pour Rome. Ebba tente de la raisonner et de lui faire valoir l’anormalité de ce geste, et Christine la chasse pour toujours. Effondrée, inconsolable, Christine trouve un certain réconfort dans les bras de Karl Gustav qui de nouveau lui témoigne son amour et lui rappelle ses devoirs de souveraine.
À la surprise générale, Christine annonce qu’elle abdique en faveur de son cousin Karl Gustav, en le désignant comme son successeur. Elle part pour Rome où elle compte se convertir au catholicisme, espérant ainsi échapper aux contraintes de son statut de reine et vivre selon son libre arbitre.
Johan, amer, reconnaît tout le ridicule de sa situation et jette le blâme sur Axel, son père.
En épilogue, Christine savoure toutes les libertés retrouvées, sauf l’amour, dont elle est toujours sous l’emprise.
Compositeur : JULIEN BILODEAU
Librettiste : MICHEL MARC BOUCHARD
Distribution
Chef d'orchestre : JEAN-MARIE ZEITOUNI, Canada
ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL
CHOEUR DE L'OPÉRA DE MONTRÉAL
Christine, reine de Suède : JOYCE EL-KHOURY, Canada
Comte Karl Gustav : ETIENNE DUPUIS, Canada
Comtesse Ebba Sparre : PASCALE SPINNEY, Canada
Le chancelier Axel Oxenstierna : DANIEL OKULITCH, Canada
Comte Johan Oxenstierna : ISAIAH BELL, Canada
René Descartes : ERIC LAPORTE, Canada
Marie-Éléonore de Brandebourg : ALINE KUTAN, Canada/Arménie
Assistant de Descarte : ALAIN COULOMBE, Canada
Source : https://www.operademontreal.com/
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2024-02-12)
J’ai bien aimé. C'est sûr qu'il fallait des coupes dans le texte, car, chanté, cela allonge le temps d’une représentation. Ayant vu la pièce (TNM, novembre 2012) et le film (FFM, 2015) je savais que certaines choses étaient coupées ou devaient passer par allusion. C’était le cas de l’opposition à Descartes par exemple, car elle était assez forte au point que dans le film on reprend la thèse qu’il est mort empoisonné à l'arsenic selon de la correspondance découverte dans les années 1990. Vous trouverez ces détails dans mes deux textes antérieurs, sur La Reine Garçon, qui se trouvent en annexe plus bas.
Le librettiste et le compositeur (1) ont su intégrer quelques fantaisies – comme lorsque « Johan, suivi de sa cohorte d’hommes-cerfs, tente à son tour de séduire Christine, mais sombre dans le ridicule. » - pour alléger le tout, ce qui fut très apprécié du public, car on a entendu quelques rires à l’occasion. C’est que cette histoire est assez sombre, la Reine Christine voulant ouvrir son peuple à l’art et la culture alors que celui-ci est sous le joug du rigorisme luthérien.
Pour les hommes de Pouvoir, pourquoi l’instruire s’il est heureux ainsi? Comme je l’ai écrit dans mon texte sur la pièce, ils tiennent d’ailleurs ce discours à la reine :
« On a besoin de bras, pas de cerveaux. Traite ton peuple en idiot et il t'aimera, surtout s'il a sa bière, du sport, du travail et des combats ! »
Très contemporain si je pense au Trumpisme qui va chercher l’appui des fondamentalistes religieux avec presque le même discours : On a besoin de bras pas de cerveaux. Traite ton peuple en idiot et il t'aimera, surtout s'il a sa bière, du sport, du travail et un camion pickup F-150 par exemple !
C’est comme si la culture leur était inaccessible et élitiste, ce qui est faux. Cela s’apprend et se développe. Chacun peut en tirer quelque chose. Naturellement, si on flatte l'ignorance et qu' on méprise la culture et les intellectuels pour en détourner nos fidèles et les manipuler, ce qui se voit en religion et en politique, c'est une autre histoire très machiavélique. On n’a qu’à penser à cette candidate républicaine au poste de secrétaire d’État, Valentina Gomez, qui a brulé des livres qu’elle jugeait inacceptables moralement ! (2)
Un opéra pour notre temps qui, je l’espère, s’exportera. Exporter de la culture serait déjà un gain sur l’obscurantisme qui revient par en arrière.
Ai-je vraiment besoin d’en dire plus?
Note
1. Compositeur : JULIEN BILODEAU :
Librettiste : MICHEL MARC BOUCHARD :
2. https://twitter.com/ValentinaForSOS/status/1754964444776443937
Annexe
Les deux numéros de la revue desquels sont tirés ces deux textes se trouvent en ligne à Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec dont voici les liens :
- https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/pdf/index.html
- https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/61248
Christine la reine garçon au TNM
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 11, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com
DU 13 NOVEMBRE AU 8 DÉCEMBRE 2012
De MICHEL MARC BOUCHARD, avec une mise en scène SERGE DENONCOURT
DISTRIBUTION
Catherine Bégin : Marie-Éléonore de Brandebourg / Céline Bonnier : Christine / David Boutin : Karl Gustav , Le généralissime / Éric Bruneau : Comte Johan OXENSTIERNA / Louise Cardinal : Duchesse Erika Brähe / Jean-François Casabonne : René Descartes / Mathieu Handfield : L’ALBINOS / Robert Lalonde : Axel OXENSTIERNA / Magalie Lépine-Blondeau : Ebba Sparre / Gabriel Sabourin : Hector Chanut
LA DURÉE
Approximativement 1 h 15 pour la première partie; entracte de 20 min; et 50 min pour la dernière partie
UNE HISTOIRE BRULANTE VENUE DU FROID
Une création de Michel Marc Bouchard est toujours un évènement, d’autant plus que, pour la première fois, il aborde un grand sujet historique : la reine Christine de Suède. De sa plume généreuse, il réinvente cet être hors du commun, excessif, traversé par les grandes forces — le spirituel, le politique, le passionnel — qui façonnent le destin d’un être humain. Serge Denoncourt, dont le sens aigu de la théâtralité se déploie particulièrement dans les évocations du passé, a choisi l’électrisante Céline Bonnier pour incarner la plus incandescente des reines.
Le château d’Uppsala, 1649. La terrible reine Christine, laide et séduisante, plus mâle que ses hommes de guerre, plus politique que ses diplomates, plus érudite que ses savants, fait venir dans son royaume de grisaille et de glace le philosophe français René Descartes afin qu’il lui enseigne le mécanisme des passions qui habitent l’âme et le corps humain. Tiraillée entre le masculin et le féminin, entre foi et savoir, entre la rigueur de Luther et les splendeurs du catholicisme, entre son amour pour une femme et l’État qui exige un héritier, Christine de Suède cherche la vérité, sa vérité — en dépit de la rapacité des nobles, de l’ardeur des prétendants, de la folie de sa mère et, surtout, en dépit des fulgurances de ses propres passions.
Commentaires de Michel Handfield ()
En Suède, « on raille les intellos et on boit sa bière » se plaint la reine Christine qui voudrait élever son peuple à un autre niveau. Mais, on est des travaillants : bucherons, mineurs, militaires... Du vrai monde! Pas des rêveurs comme ce Descartes qui remet en cause nos habitudes et nos croyances! Un étrange!
On a besoin de bras pas de cerveaux. Traite ton peuple en idiot et il t'aimera, surtout s'il a sa bière, du sport, du travail et des combats!
On pourrait croire à une adaptation tant cela nous ressemble! Mais, c'est basé sur des faits historiques vérifiables. Malheureusement, car les parallèles entre la Suède sous Christine (1632 à 1654) et nous, québécois d'aujourd'hui, sont frappants. Si frappant qu'ils font peur; comme si, sous nos airs évolués, parce que nous avons maintenant une télé de 72 pouces (venant d'Asie) pour regarder de la lutte (à défaut de hockey, vu la grève de la LNH) avec notre grosse bière entre les jambes et notre sac de « chips » sur les genoux, on ne l'était pas tant que ça, évolué! On est « basic » finalement, comme ces Suédois d'un autre temps qui aimaient boire et avoir une bonne bataille! Vouloir en faire autre chose et leur enlever leurs croyances – luthérienne - était une hérésie aux yeux de l'entourage de la reine. Surtout, ne remettons rien en cause!
D'avoir fait venir ce Descartes de France, dérangeait, avec ses idées sur la religion, les astres et l'autodétermination, plutôt que le prédéterminisme et l'ordre divin. Que la reine le suive au point de remettre en question son propre devoir de femme, qui devrait se marier et enfanter pour le bien du royaume, s'en est trop. Un diable que ce philosophe français. Il décèdera d'ailleurs en Suède et l'on soupçonnera l'empoisonnement. Après, la reine ne sera pas ménagée pour la forcer à se marier, sauf qu'elle leur fera tout un pied de nez! Femme de tête, elle nommera son cousin à sa place, l'adoptant comme ce fils qu'elle n'a pas! Élevé comme un garçon par son père, son comportement ne serait pas si surprenant que cela aujourd'hui. Mais, à l'époque, « it was shocking! »
Dans un pays dominé par un conservatisme religieux, elle est beaucoup trop différente au gout du temps. Garçonne jusque dans ses sentiments, elle semble attirée par Ebba, sa dame de compagnie, ce qui n'est pas acceptable. Puis, elle cite Ninon de Lenclos, libertine et femme d'esprit, enfermée aux Madelonnettes. Alors, sous la chape du Luthéranisme, elle ne peut que s'attirer des ennuis ainsi qu'à sa bonne amie, ce qui l'amènera à quitter sa Suède pour préserver sa liberté! Elle se fera catholique et s'en ira à Rome, où elle aura une relation sentimentale avec le cardinal Decio Azzolino nous dit-on sur Wikipédia, de quoi faire tourner son père dans sa tombe, lui qui avait battu les papistes lors de la guerre de Trente Ans.
On est ici dans Machiavel. Pourquoi changer les choses si le peuple ne veut pas changer et croit qu'il aura sa chance ainsi? Laissons le croire! Pourtant, La Boétie avait bien expliqué ce qu'est la servitude volontaire un siècle plus tôt! Et, « c'est [aussi] ce que Machiavel a fait voir avec évidence. En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples. Le Prince de Machiavel est le livre des républicains » a écrit Rousseau un siècle après le règne de Christine! (1) Mais, on n'avait pas compris. (2) En fait, a-t-on même compris aujourd'hui? Si on a besoin de poser la question, c'est un peu donner la réponse : NON!
« Seuls les déviants ont besoin de changer l'ordre du monde pour qu'il leur ressemble » dira Axel Oxenstierna, son oncle et chancelier, interprété par Robert Lalonde. Mais, il n'aura pas gagné son pari de contrôler la destinée de Christine et de son fils avec lequel elle fut élevée. Elle aura été plus forte stratège qu'eux. Femme élevée en garçon elle avait su tirer les avantages des deux sexes, mais aussi retenir quelques-unes de leurs faiblesses!
Une pièce forte intéressante sur la prise en main de sa destinée, avec ses joies, ses peines et ses misères, car tout à un prix, que ce soit la soumission ou l'affirmation de soi. Et Christine le paiera dignement.
Notes
1. Rousseau, Jean-Jacques, [1762] 2002, Du Contrat Social, Les classiques des sciences sociales (PDF): http://classiques.uqac.ca/, p. 44
2. Voici les dates : Christine a régné de 1632 à 1654. Le prince de Machiavel fut publié en 1532. Le Discours de la servitude volontaire de La Boétie le fut en 1549! Quant au Contrat Social de Rousseau, ce fut en 1762.
Références
La Boétie, (1549) 2006, Discours de la servitude volontaire, "Les classiques des sciences sociales" : http://classiques.uqac.ca/
Machiavel, Nicolas, 1996 [1532], Le prince, Paris: Booking International.
Femmes de rêve, femmes de caractère ! (1) Nos commentaires sur BEIJING Carmen et la reine garçon
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 7, Textes ciné et culture (FFM 2015) : www.societascriticus.com
a) BEIJING CARMEN
vu le dimanche 30 aout 2015
Couleur, 95 minutes, Chine, 2015
Réalisation : Wang Fan
Scénarisation : Wang Fan
Direction photo : Han Xiaosu, Andreas Thalhammer
Montage : Zhang Yifan
Interprètes : Li Rui, Cary Woodworth, Zhao Jian, Dong Chun, Zhuan Ran, Xu Yiming
Musique : Cha Ainan
Synopsis
Le film est librement inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée, Carmen. Chorégraphe américain, Coen se trouve à Beijing pour les répétitions d’une adaptation moderne de Carmen. Mais il n’arrive pas à trouver la candidate idéale pour le rôle-titre. Jeune orpheline aborigène, Ye Men a été adoptée et élevée dans une atmosphère libre et insouciante par une femme âgée de la tribu Wa, au sud-ouest de la Chine. À la suite d’un incident, Ye Men doit quitter le village, mais non sans avoir le cœur gros étant donné qu’elle laisse derrière elle Ai Yong, son amoureux. Ye Men se retrouve donc à Beijing et déniche un travail de serveuse et de chanteuse dans un restaurant. Une discussion avec un client trop entreprenant impressionne Coen, qui se trouve là, subjugué par le tempérament de la jeune fille. Il laisse sa carte d’affaires sur la table. Ye Men se présente à l’endroit des répétitions et accepte de se joindre à la troupe, ne sachant pas que cette nouvelle direction pourrait la conduire, personnellement, dans l’univers amoureusement torturé créé par Mérimée.
b) THE GIRL KING
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 7, Textes ciné et culture (FFM 2015) : www.societascriticus.com
Vu le vendredi 4 septembre 2015
2015, Couleur, 102 minutes, Allemagne, Canada, Finlande, Suède, Compétition mondiale
Équipe de production
Réalisation : Mika Kaurismäki
Scénarisation : Michel Marc Bouchard
Direction photo : Guy Dufaux
Montage : Hans Funck
Interprètes : Malin Buska, Sarah Gadon, Michael Nyqvist, Lucas Bryant, Laura Birn, Hippolyte Girardot, François Arnaud, Patrick Bauchau
Musique : Anssi Tikanmäki
Synopsis
Nous sommes au XVIIe siècle et la reine Christine entend bien faire de la Suède le pays le plus moderne d’Europe. Élevée comme un garçon sous un strict contrôle luthérien, cette souveraine énigmatique, flamboyante et imprévisible fait face à une forte résistance dans son désir d’éduquer ses sujets et de mettre fin à la sanglante guerre de Trente Ans entre les protestants et les catholiques. Christine a du mal à vivre avec son irrésistible passion pour sa dame d'honneur, la superbe comtesse Ebba Sparre. En même temps qu’elle découvre l'amour et la passion, elle tente de comprendre l'humanité et les forces violentes qui conspirent contre elle. Déchirée entre ses aspirations politiques et personnelles, elle choisit de prendre l'une des décisions les plus controversées de l'Histoire.
Commentaires de Michel Handfield ()
Dans Beijing Carmen on n'est pas dans l'opéra, car la musique est tout autre que celle de Bizet, mais dans le caractère de Carmen. Celui qui vient de la nouvelle de Mérimée. (2) Si ne pas avoir la musique peut déranger ceux qui s'attendent à voir Carmen, elle indique aussi qu'on ne voit pas Carmen, mais bien Beijing Carmen !
Prosper Mérimée écrivain, historien et archéologue français a écrit Carmen (nouvelle) en 1845. Dans celle-ci elle est une jeune gitane. Ici elle est transposée en une Wa du Yunnan. (3) Si, dans la nouvelle originale, Carmen était manipulatrice et « utilisait ses charmes et ses atouts féminins pour arriver à ses fins » (4), c'est un caractère plus moderne de fille indépendante qui veut prendre sa place qui ressort du film. Mais, était-ce dans l’œuvre originale comme lorsqu'on relit Manon Lescaut (5) avec les yeux d'aujourd'hui? Je ne peux le dire, car je n'ai pas lu Carmen, mais j'ai lu Manon Lescaut et je ne serais pas surpris qu'il en soit ainsi : Carmen est Carmen comme Manon fut Manon. Seule notre vision a changé avec le temps. Elles étaient des filles de notre temps avant l'heure. Des précurseures.
Carmen est donc un film sur le caractère. Ici, on est face à la force de la fille et la faiblesse de l'homme qui cède à la jalousie, car il veut la posséder ! Fort intéressant et moderne. Et, que dire de Li Rui qui porte ce rôle. On est dans l'érotisme juste de la façon dont elle campe ce rôle à l'écran. Il va sans dire que j'ai aimé ce film.
Dans la même veine est la Reine garçon ! Autre femme de caractère, la reine Christine (6), qui a régné sur la Suède de 1632 à 1654 au moment où les guerres de religion divisaient l'Europe. Elle veut sortir son royaume de l'ignorance et du travail de bucheron et fait donc venir Descartes. (7)
René Descartes, qui dit que la curiosité est une richesse, est anachronique pour le peuple et l'entourage de la Reine. D'abord, pour ces luthériens, Descartes représente le pape. Quant à son entourage, tous ne sont pas prêts à suivre la reine sur cette question - « On a besoin de bras, pas de cerveau » lui dira même sa mère - ni son rapprochement avec Rome. Elle quittera d'ailleurs son Royaume en abdiquant pour son cousin qu'elle a fait son fils adoptif !
Quant à Descartes, il est mort empoisonné à l'arsenic selon de la correspondance découverte dans les années 1990. C'est d'ailleurs la thèse que reprend ce film. (8)
Lors de la période des questions, certains ont manifesté bruyamment du mécontentement parce que ce film était en anglais et non sous-titré en français. Mais, s'il fut d'abord écrit en français par Michel Marc Bouchard, duquel texte fut aussi tirée la pièce « Christine la reine garçon » jouée au TNM en 2012 (9), il fut traduit en anglais pour ce film de Mika Kaurismäki; une commande pour cette coproduction Allemagne, Canada, Finlande, et Suède. Mais, pourquoi ne pas plutôt avoir applaudit le fait qu'un auteur d'ici, qui écrit en français, peut aussi écrire pour une coproduction internationale même si elle est tournée en anglais? N'est-ce pas là un signe que la langue n'est pas toujours une barrière si chacun y met du sien. Un bon auteur, même s'il est francophone, n'a pas à être laissé de côté de nos jours avec les traducteurs professionnels qui peuvent l’assister. À l'ère de la mondialisation et des nouvelles technologies, la langue ne doit plus être une barrière et ce film le démontre.
Par, contre, et cela mérite d'être souligné, ce qui se passait à la cour à l'époque de la reine Christine était en français. Si ce film la rappelle à la mémoire, en Suède il y a toujours plus de fascination pour son père que pour elle, parce qu'existe toujours le sentiment de la trahison de leur reine qui s'est faite catholique.
Notes
1. Clin d'oeil à la chanson Femmes de rêve de Claude Dubois : www.youtube.com/watch?v=DwBFaA2Dopo
2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Carmen_(nouvelle)
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Wa_(ethnie)
4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Carmen_(nouvelle)#Personnages_principaux
5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Manon_Lescaut
6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Christine_de_Suède
7. https://fr.wikipedia.org/wiki/René_Descartes
8. https://fr.wikipedia.org/wiki/René_Descartes#Su.C3.A8de_et_fin_de_vie
9. Handfield, Michel, 2012-11-23, Christine la reine garçon, in
Societas Criticus, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 11, Textes
ciné et culture.
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