Tumgik
#boueux
ivo-oz · 2 months
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❄❄❄
🄲🄾🄻🄳 🄷🅄🄶
『𝙿̷𝚊̷𝚛̷𝚝̷𝚒̷𝚎̷ 𝟸̷ 』
Le son grinçant des volets brisés par le vent me sort de mon sommeil glacé.
J'ai. . . froid.
Ainsi sont les mots qui me viennent chaque matin. Et ça bien avant d'avoir trouvé cette maison
Mademoiselle espace vital prend le malheureux plaisir me servir de réveil en me volant ponctuellement de la chaleur corporelle.
Cependant, aujourd'hui, j'ai beau avoir froid, ce n'est pas comme d'habitude. Elle n'est pas là, toujours pas là.
Deux jours déjà, seulement deux jours et le dégoût d'une routine de silence s'installe dans mes pensées. Deux jours sans qu'elle me dérange, deux jours sans ses interminables tirades, deux jours de vide.
L'ennuie et la curiosité me semble être de bonnes raisons pour résoudre la question de son absence.
Enfin motivée, je sors de la cave pour traverser le couloir transpercé de planches tombé du plafond et des murs. Le vent souffle et siffle entre les pièces et les lattes du plancher. La cave a beau être un frigo, au moins elle m'épargne du chant des nuages.
Les trous et les fissures jonchent les murs et les sol, mais le peu d'endroits où le vent ne s'engouffrent pas entièrement rend cette passoire préférable à la forêt.
Aussi tôt sorti de ma demeure, je me réengouffre dans l'épaisse forêt.
Perdre une journée alors que j'aurai pu me reposer après cette dure semaine de chasse. Elle ne se soucie même pas m'aider pour ça. Pourquoi ne voit-elle pas à quel point je travaille, que son absence est une meilleure compagnie que sa personne, que plus je la vois, moins j'ai envie de . . . . . Non, mais je vais rire
Et maintenant que je me suis habitué à cette nuisance, elle décide de disparaître.
Quelle hideuse ironie : en route pour chercher l'objet mes tourments, esclave de cette putain d'accoutumance.
Au détour d'un arbre, je la trouve adossée au tronc.
Quelle idiote elle do...
Immobile
Le dos de ces mains allongé sur le sol.
Couché sur le lit blanc de la forêt devenue boueux et rougeâtre.
Défigurée, la gorge et les côtes exposées au ciel.
Ce n'est plus qu'un corps inerte, il est réellement mort.
Mes jambes se retrouvent immobilisé par la dureté de cette image.
Son visage saccagé, ses yeux dérobés de vie
Elle n'est plus rien à présent, non si ça trouve, elle ne l'a jamais été et je suis juste confronté au mensonge de mon imagination.
Réminiscence, fantôme ou hallucination. J'aurais préféré ne jamais m'en rendre compte.
Que ce soit réelle ou dans ma tête son existence s'est éteinte.
Mes jambes rendant ma fuite impossible, mon dos glissa le long de l'arbre sur lequel elle est adossée.
Mes larmes se mêlent à la neige et au sang.
Faut croire que l'empathie ne m'a pas entièrement quitté.
Une voie hystérique transperce la forêt. Pourquoi crier ? Mes pleurs se fondent dans le sifflement du vent.
Wow qu'est que je suis pathétique, obligé de s'inventer de la compagnie pour plus sentir seul. Haha, je fais quoi maintenant, je n'ai plus rien maintenant.
- . . .
— hin ?
Un son, quelque chose émet de quelque part. Mes yeux balais la forêt.
- . . . .
Étant plus attentif, ma tête pivote vers l'origine du bruit, son cadavre. Je ne sais par quel miracle c'est possible, sa mâchoire tremble légèrement.
— tu . . . es encore en vie
- . . . onjour . . .
— Bonjour ? Bonjour ! T'es vivante !
- . . . .
— Fatigué ? Est-ce que je peux te soigner ? S'il te plaît dis-moi ce que je peux faire.
- . . . heuhin . . .
— quoi
- guehin
— Demain ? Hé répond ! demain ?
J'agrippe sa main désespérément
- . . . ouuuui . . .
— Mais non, je ne peux pas te laisser comme ça, tu tu ...tu ...
Apercevant sa mâchoire bougée de nouveau, j'approchai ma tête de son visage, ignorant l'état de celui-ci.
"Laisse. Attend demain" dit-elle.
Je ne sais que faire. Dois-je la prendre avec moi ? Ou je risquerai d'aggraver son état.
Sa voie était déformée par les multiples mutilations que contenaient sa gorge et sa mâchoire.
Sa main froide transperce la mienne. Je ne sens plus mes doigts, mais je sens de sa présence. Cette froideur unique, associable qu'avec un seul corps, une seule personne. La température qui me convient, celle que je ne veux plus perdre.
S'il te plaît parle-moi encore.
SUITE (un jour. . . peut-être) PRÉCÉDENT
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jacquesdor-poesie · 7 months
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De quel éclat d'or dans un trou boueux es-tu le cou désiré ? De quelle gorge nouée es-tu la solitude et le verre de vin vide ? De quelle pitié, de quelle forge froide es-tu le marteau oublié, le visage dans les mains ? De quel ossuaire es-tu la neige, le souvenir livide, la chemise ouverte sur des colombes ? De quelle peur, de quelle insomnie, de quelle tristesse es-tu le bateau ivre ? De quelle clameur, de quelle éclaboussure, de quel deuil es-tu la blessure qui ne guérira plus ? Comme la morsure, comme le cri et l'acidité du jour. De quel appel, de quelle supplique, de quelle prière es-tu la sourde oreille et le mur d'enceinte ? De quelle terre, de quelle racine, de quelle compilation d'étoiles es-tu le descendant incertain, le passager clandestin ? De quel sentiment sans bras, de quels désirs sans chair ni salive, es-tu la rédition ? De quelle espèces de cellules, de patience, de miracle, d'utopie, es-tu la question encore en suspend ?
Ô de quel cri incarnes-tu la bouche ? De quelle pensée es-tu la pièce détachée ? De quelle passion es-tu les pieds sales, la prophétie ? De quelle statuaire es-tu le relent d'amour si éternellement figé ? De quelle Venise es-tu le scaphandrier perdu en haut du dôme? De quel ventre, de quel couteau es-tu la souffrance indivisible? De quelle apparence es-tu le reflet, le héros dans son miroir ? De quel regret, de quel tonnerre, de quel abandon, es-tu l'impossible haine ? De quel frisson, de quelle fracture, de quelle cérémonie secrète, es-tu l'inconsolable enfant ?
Un jour, un jour tu me le diras, tu me le diras à l'oreille, là sous la demeure des arbres qui pleuvent dans la gueule grande ouverte de milliards d'étoiles... Tu me le diras à bout touchant, comme la nuit et le nid, comme lorsque les mots nous tuent sans qu'on en sache le pourquoi.
Alors tu me diras de quelle langue incompréhensiblement sonore, tu es le mot de passe oublié dans l'obscurité du monde ?
jacques dor
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telomereschronicles · 17 days
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Hey tout le monde ! Après les Supernovas, voici le tour des Mighty Five !
Fondée en 1988, les Mighty Five sont constitués de 5 féroces défenseurs des libertés et se battent contre le crime dans l'ouest du pays, particulièrement la côte ouest ainsi que l'Amérique Centrale. Ils sont particulièrement connus pour lutter contre le crime organisé et les gangs qui se trouvent en Californie et au Mexique. Les Mighty Five sont menés par Atomic Soldier ainsi que sa seconde Chimera. Chaque Mighty Five choisit ellui-même son apprenti.e dans le but de compléter leurs pouvoirs ou les remplacer en trouvant des Supes aux pouvoirs proches des leurs. L'équipe se compose actuellement de 5 membres officiels, des héros entraînés et connus du grand public, ainsi que de 5 apprenti.es, un apprenti pour chaque héros de l'équipe. A l'heure actuelle, il n'y a que 1 membre des Mighty Five à avoir été envoyé à Atlanta : Mentalis. Elle est accompagnée des 5 apprentis de l'équipe, là pour s'entraîner.
Actuellement, 1 seul membre des Mighty Five est jouable, les autres sont des PNJs qui ne se trouvent pas dans Atlanta. Voici tout de suite la liste des personnage, leurs pouvoirs et avatars !
Atomic Soldier (PNJ) - 39 ans, manipulation atomique, John David Washington
Chimera (PNJ) - 42 ans, transformation en chimère, Ruth Wilson
Druidess (PNJ) - 30 ans, contrôle des animaux, Adria Arjona
Behemoth (PNJ) - 25, création de tremblements de terre, Ty Simpkins
Mentalis (PV libre) - 33-38 ans, télépathie, Eiza Gonzalez
Et en plus, nous avons 5 places d'apprentis au sein des Mighty Five que voici !
F/M/NB, 25 ans, "super soldat" Apprenti.e d'Atomic Soldier, iel est travailleur.euse et obstiné.e, chez Vortex depuis quelques mois à peine, remplace le précédent apprenti, mort pendant un affrontement avec un super-villain
F/M/NB, 20 ans, pouvoirs libres Apprenti de Chimera, timide et discret.e, ne sait jamais trop où se mettre et fait beaucoup de gaffes en séries, apprenti.e depuis 5 ans maintenant sans parvenir à quoi que ce soit, son rôle est menacé par d'autres potentiel.les apprenti.es
F/M/NB, 28 ans, symbiose végétale Apprenti.e de Druidess, passioné.e de nature, a un don de symbiose avec des plantes et peut en prendre l'apparence et les caractéristiques, très engagé.e dans la cause écologique, a sauvé un village pendant un écoulement boueux au Mexique
F, 19 ans, pouvoirs libres Apprentie de Behemoth, ne voulait pas devenir spécialement héroïne, enfant gâtée, fille de stars du cinéma humains, qui ne s'entend pas du tout avec son mentor, les deux sont pourtant coincés l'un avec l'autre
M, 23 ans, illusionniste Apprenti de Mentalis, capable de produire des illusions plus vraies que natures, a un très bon esprit analytique et de vastes connaissances scientifiques pour étoffer un peu plus ses illusions, apprenti depuis environ 3 ans
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traitor-for-hire · 3 months
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Les Quatre Filles March, chapitre 46
Sous le parapluie
Tandis que Laurie et Amy effectuaient des promenades conjugales sur un tapis de velours tout en ordonnant leur maisonnée, et prévoyaient un futur sans nuage, Mr. Bhaer et Jo appréciaient des promenades d’un autre genre, le long de chemins boueux et de champs détrempés.
« Je fais toujours une promenade en fin d’après-midi, et je ne vois pas pourquoi je devrais y renoncer, simplement parce que j’y rencontre le Professeur quand il repart », se dit Jo, après deux ou trois rencontres ; car, même s’il y avait deux chemins possibles pour aller chez Meg, quel que soit celui qu’elle prenait, elle était sûre de le croiser, à l’aller ou au retour. Il marchait toujours rapidement, et ne semblait jamais la voir avant qu’elle ne soit assez près ; alors il avait cet air, comme si ses yeux de myope avaient échoué à reconnaître la dame en approche jusqu’à cet instant. Puis, si elle allait chez Meg, il avait toujours quelque chose pour les bébés ; si elle était tournée vers la maison, il était simplement venu se promener et voir la rivière, et allait justement revenir, à moins qu’ils ne soient fatigués de ses fréquentes visites.
Dans ces circonstances, que pouvait faire Jo, si ce n’est le saluer poliment, et l’inviter à entrer ? Si elle était fatiguée de ses visites, elle le dissimulait parfaitement, et prenait soin qu’il y ait du café pour le souper, car « Friedrich — je veux dire Mr. Bhaer — n’aime pas le thé. »
Dès la seconde semaine, tout le monde savait parfaitement ce qui se tramait, mais tous essayaient de faire comme s’ils étaient aveugles aux changements de Jo — ils ne lui demandaient jamais pourquoi elle chantait tout en travaillant, recoiffait ses cheveux trois fois par jour, et revenait si rayonnante de ses promenades de l’après-midi ; et personne ne semblait soupçonner le moins du monde que le Professeur Bhaer, tout en parlant philosophie avec le père, donnait à la fille des leçons en amour.
Jo n’était même pas capable de perdre son cœur de manière convenable, mais essayait fermement de réprimer ses sentiments ; et n’y parvenant pas, elle menait une vie passablement agitée. Elle craignait mortellement d’être moquée pour avoir succombé, après ses nombreuses et véhémentes déclarations d’indépendance. Elle craignait tout particulièrement Laurie ; mais grâce à la nouvelle directrice, celui-ci se comportait avec une correction digne de louanges, n’appelait jamais Mr. Bhaer « un vieux bonhomme épatant » en public, ne faisait jamais la moindre allusion à l’apparence améliorée de Jo, ni n’exprimait la moindre surprise en voyant le chapeau du Professeur sur la console du hall des March presque tous les soirs. Mais il jubilait en privé, et attendait avec impatience le moment où il pourrait donner à Jo une plaque gravée d’un ours et d’un écot, comme blason approprié.
Pendant deux semaines, le Professeur vint et s’en fut avec la régularité d’un amant ; puis il ne vint pas pendant trois jours entiers, et ne donna pas signe de vie — ce qui rendit tout le monde grave, et Jo pensive, au début, puis — tant pis pour la romance — très fâchée.
« Dégoûté, j’en suis sûre, et reparti aussi soudainement qu’il était venu. Cela ne me fait rien, bien sûr ; mais j’aurais pensé qu’il serait venu nous faire ses adieux, comme un gentleman », se disait-elle, avec un regard désespéré vers le portail, tandis qu’elle se préparait pour sa promenade coutumière par un triste après-midi.
« Tu ferais mieux de prendre le petit parapluie, ma chérie, on dirait qu’il va pleuvoir », lui dit sa mère, remarquant qu’elle portait son nouveau bonnet, mais n’y faisant pas allusion.
« Oui, Marmee ; veux-tu que je te ramène quelque chose ? Je dois aller en ville et acheter du papier », répondit Jo en tirant sur le nœud sous son menton, devant le miroir, comme une excuse pour ne pas regarder sa mère.
« Oui, je voudrais de la silésienne sergée, des aiguilles numéro neuf, et deux mètres de ruban fin couleur lavande. As-tu mis tes grosses bottes, et quelque chose de chaud sous ton manteau ?
— Je crois, répondit distraitement Jo.
— Si jamais tu croises Mr. Bhaer, ramène-le à la maison pour prendre le thé, j’ai très envie de voir le cher homme », ajouta Mrs. March.
Jo entendit cela, mais ne répondit pas, et se contenta d’embrasser sa mère et de s’éloigner rapidement, en pensant avec un soupçon de gratitude en dépit de son cœur brisé,
« Comme elle est bonne avec moi ! Que font les filles qui n’ont pas leur mère pour les aider quand elles ont des soucis ? »
Les merceries ne se trouvent pas parmi les bureaux, les banques, et les entrepôts de grossistes, où l’on retrouve la plupart des gentlemen ; mais Jo finit dans cette partie de la ville avant même d’avoir fait une seule course, errant comme si elle attendait quelqu’un, examinant les engins d’ingénierie à travers une fenêtre, et les ballots de laine par une autre, avec un intérêt très peu féminin ; trébuchant sur des barils, manquant de se faire étouffer par des ballots qu’on descendait, et bousculée sans cérémonie par des hommes affairés qui avaient l’air de se demander « comment diable était-elle arrivée ici ». Une goutte de pluie sur sa joue fit revenir ses pensées, de ses espoirs déçus à ses rubans ruinés ; car les gouttes continuaient de tomber, et, étant une femme tout autant qu’une amoureuse, elle se dit que, s’il était trop tard pour sauver son cœur, elle pouvait peut-être sauver son bonnet. Maintenant elle se souvenait du petit parapluie qu’elle avait oublié dans son empressement à quitter la maison ; mais les regrets ne servaient à rien, et elle ne pouvait qu’en emprunter un, ou se soumettre à l’averse. Elle leva les yeux vers le ciel menaçant, les baissa vers le nœud écarlate, déjà taché de noir, puis les porta sur la rue boueuse au-devant, enfin elle jeta un long regard en arrière, vers un certain entrepôt sinistre, où était écrit « Hoffman, Swartz & Co. » au-dessus de la porte, et se dit, avec un air plein de reproches,
« C’est bien fait pour moi ! Quelle idée j’ai eu de mettre mes meilleures affaires, et devenir me promener par ici, en espérant voir le Professeur ? Jo, j’ai honte de toi ! Non, tu n’entreras pas demander un parapluie, ou découvrir où il est par ses amis. Tu vas patauger dans la boue, et faire tes courses sous la pluie, et si tu attrapes la mort, et ruines ton bonnet, tu n’auras que ce que tu mérites. Allons ! »
Là-dessus elle se jeta si impétueusement à travers la rue, qu’elle manqua d’un rien de se faire annihiler par un chariot, et se précipita dans les bras d’un vieux et digne gentleman, qui dit, « Je vous demande pardon, M’dame », l’air mortellement offensé. Quelque peu intimidée, Jo remit de l’ordre dans ses vêtements, couvrit ses chers rubans de son mouchoir, et laissant derrière elle la tentation, partit à toute allure, les chevilles de plus en plus humides, et sous les heurts des parapluies. Le fait que l’un d’eux, d’un bleu plutôt délavé, se maintienne au-dessus du bonnet sans protection attira son attention ; et levant la tête, elle vit Mr. Bhaer qui la regardait.
« Je crois connaître la jeune dame folontaire qui va si brafement sous le nez de nombreux chevaux, et marche si vite dans tant de boue. Que faites-fous ici, mon amie ?
— Des courses. »
Mr. Bhaer sourit, en regardant d’un côté l’usine de conserves, et de l’autre la tannerie ; mais il dit seulement, très poli,
« Fous n’afez pas de parapluie ; puis-je fenir aussi, et porter les paquets pour fous ?
— Oui, merci. »
Les joues de Jo étaient aussi rouges que son ruban, et elle se demanda ce qu’il pensait d’elle ; mais peu importait, car l’instant d’après elle s’en allait, bras dessus – bras dessous avec le Professeur, avec l’impression que le soleil était soudain de retour et extraordinairement brillant, que le monde était à nouveau plaisant, et qu’une femme très heureuse piétinait dans la boue ce jour-là.
« Nous pensions que vous étiez parti », dit hâtivement Jo, car elle savait qu’il était en train de la regarder — son bonnet n’était pas assez grand pour dissimuler son visage, et elle craignait qu’il ne trouve la joie qui s’y lisait peu convenable.
« Croyiez-fous que je partirais sans dire au refoir à ceux qui ont été si incroyablement gentils afec moi ? » demanda-t-il, l’air si plein de reproche qu’elle pensa l’avoir insulté avec cette suggestion, et répondit chaleureusement,
« Non, je ne le pensais pas ; je savais que vous étiez pris par vos affaires, mais vous nous avez manqué — à Père et Mère en particulier.
— Et fous ?
— Je suis toujours heureuse de vous voir, sir. »
Dans son anxiété à garder sa voix calme, Jo l’avait rendue plutôt froide, et la monosyllabe glacée à la fin de la phrase sembla refroidir le Professeur, car son sourire disparut, et il dit, gravement,
« Je fous remercie, et je viens encore une fois avant de partir.
— Vous partez vraiment, donc ?
— Je n’ai plus d’affaire ici ; c’est fini.
— Avec succès, j’espère ? » dit Jo, car une amère déception s’était fait sentir dans sa courte réponse.
« Je dois le penser, car une voie s’est ouferte pour moi qui me permettra de gagner mon pain et d’être d’une grande aide à mes Jünglings.
— Racontez-moi, s’il vous plaît ! J’aime à tout savoir sur — sur les garçons, dit Jo avec empressement.
— C’est si gentil, je fous le dis folontiers. Mes amis m’ont trouvé un poste dans une université, où j’enseigne comme chez moi, et gagne suffisamment pour assurer l’avenir de Franz et Emil. Je defrais être reconnaissant pour cela, n’est-ce pas ?
— En effet ! Comme ce sera splendide, que vous fassiez ce que vous aimez, et de pouvoir vous voir souvent, avec les garçons — » s’exclama Jo, en se raccrochant aux garçons comme excuse à la satisfaction qu’elle ne pouvait s’empêcher de trahir.
« Ah ! Mais nous ne nous verrons pas soufent, je le crains ; cet endroit est dans l’Ouest.
— Si loin ! » et Jo abandonna ses jupes à leur sort, comme si ce qui allait advenir de ses vêtements ou d’elle-même n’avait plus d’importance.
Mr. Bhaer pouvait lire plusieurs langages, mais il n’avait pas encore appris à lire les femmes. Il se flattait de plutôt bien connaître Jo, et par conséquent, se trouvait très surpris par les contradictions de sa voix, son visage, ses manières, qu’elle lui avait montrées ce jour-là en rapide succession — car elle était passée par une demi-douzaine d’humeurs différentes en l’espace d’une demi-heure. Quand elle l’avait rencontré elle avait eu l’air surprise, quoiqu’il fût impossible de ne pas penser qu’elle était venue dans ce but. Quand il lui avait offert son bras, elle l’avait pris avec un air qui l’avait empli de joie ; mais quand il lui avait demandé s’il lui manquait, sa réponse avait été si glaciale et formelle que le désespoir l’avait envahi. En apprenant sa bonne fortune elle avait presque battu des mains — n’était-elle heureuse que pour les garçons ? Puis, en entendant sa destination, elle avait dit « Si loin ! » avec une détresse qui l’avait porté aux sommets de l’espoir ; mais l’instant suivant elle l’en fit redescendre en observant, comme complètement absorbée par le sujet,
« Voici où je dois faire mes emplettes, voulez-vous venir ? Ce ne sera pas long. »
Jo était assez fière de ses compétences en matière d’achats, et souhaitait tout particulièrement impressionner son escorte par le soin et la rapidité avec laquelle elle allait conclure ses affaires. Mais, dû à son agitation, tout alla de travers ; elle renversa le présentoir des aiguilles, oublia que la silésienne devait être « sergée » jusqu’après qu’on l’eut coupée, donna la mauvaise somme, et finit par s’embrouiller complètement en demandant le ruban lavande au comptoir des cotonnades. Mr. Bhaer fut témoin de la scène, la regarda rougir et bafouiller ; et, à mesure qu’il l’observait, sa propre confusion semblait s’apaiser, car il commençait à comprendre qu’en certains occasions les femmes, comme les rêves, sont pleines de contradictions.
Quand ils sortirent, il prit le paquet sous son bras avec un air plus joyeux, piétinant dans les flaques d’eau comme par jeu.
« Ne defrions-nous pas faire quelques courses, comme fous dites, pour les bébés, et avoir un festin d’adieu ce soir si je viens pour ma dernière visite à fotre si agréable maison ? » demanda-t-il en s’arrêtant devant une vitrine pleine de fruits et de fleurs.
« Qu’achèterons-nous ? » demanda Jo, ignorant la fin de sa phrase, et humant en entrant le mélange de parfums avec un faux-semblant de ravissement.
« Peufent-ils manger des oranges et des figues ? » demanda Mr. Bhaer, l’air paternel.
« Ils en mangent quand il y en a.
— Aimez-fous les noix ?
— Autant qu’un écureuil.
— Des raisins de Hambourg ; oui, nous boirons pour la patrie afec eux ? »
Jo se renfrogna devant cette extravagance, et demanda pourquoi il n’achetait pas un panier de dattes, un baril de raisins secs et un sac d’amandes, pour finir ? Alors Mr. Bhaer lui confisqua son porte-monnaie et sortit le sien, et compléta les achats en achetant plusieurs livres de raisins, un pot de marguerites roses, et une jolie jarre de miel. Puis, déformant ses poches avec les paquets noueux, et donnant les fleurs à porter à Jo, il rouvrit le vieux parapluie, et ils repartirent.
« Miss Marsch, j’ai une grande faveur à fous demander », commença le Professeur après une promenade humide sur un demi-pâté de maisons.
« Oui, sir », et le cœur de Jo commença à battre si fort qu’elle craignait qu’il l’entende.
« J’ai le courage de le dire malgré la pluie, parce qu’il me reste si peu de temps.
— Oui, sir », et Jo serra manqua d’écraser le petit pot de fleurs en le serrant soudainement.
« Je foudrais acheter une petite robe pour ma Tina, et je suis trop stupide pour aller seul. Voudrez-fous bien me conseiller et m’aider ?
— Oui, sir », et Jo fut soudain aussi calme et froide que si elle venait d’entrer dans un réfrigérateur.
« Peut-être aussi un châle pour la mère de Tina, elle est si pauvre et malade, et son mari est une telle charge — oui, oui, un châle chaud et épais sera un cadeau amical pour la petite mère.
— Je le ferai avec plaisir, Mr. Bhaer. Je saute aux conclusions, et il m’est plus cher à chaque minute », ajouta Jo pour elle-même. Puis, en se secouant mentalement, elle entra dans la boutique avec une énergie qui faisait plaisir à voir.
Mr. Bhaer la laissa faire, et elle choisit une jolie robe pour Tina, puis demanda à voir les châles. Le vendeur, un homme marié, daigna s’intéresser au couple, qui semblait faire des achats pour leur famille.
« Votre dame préférera peut-être ceci ; c’est un article de qualité supérieure, une couleur très demandée, modeste et raffiné », dit-il, en sortant un châle gris bien chaud et en en drapant les épaules de Jo.
« Est-ce que cela vous convient, Mr. Bhaer ? », demanda-t-elle en lui tournant le dos, profondément reconnaissante de cette chance de dissimuler son visage.
« Parfaitement bien, nous allons le prendre », répondit le Professeur. Il paya, tout en souriant pour lui-même, tandis que Jo continuait d’inspecter les comptoirs, en chasseuse de bonnes affaires aguerrie.
« Rentrons-nous à la maison, maintenant ? » demanda-t-il, comme s’il trouvait ces mots très plaisants.
« Oui, il est tard, et je suis si fatiguée. »
La voix de Jo était plus pathétique qu’elle ne le pensait, car maintenant le soleil semblait avoir disparu aussi brusquement qu’il était venu, le monde était à nouveau terne et misérable, et pour la première fois elle se rendait compte qu’elle avait les pieds gelés et mal à la tête, et que son cœur était plus froid encore que les premiers, plus douloureux que la seconde. Mr. Bhaer s’en allait ; il ne se souciait d’elle que comme d’une amie, tout ça n'était qu’une erreur, et plus tôt ce serait fini, mieux ce serait. Avec cette idée en tête, elle héla un omnibus qui approchait avec un geste si vif que les fleurs s’envolèrent du pot, et furent méchamment abîmées.
« Ce n’est pas notre omnibus », dit le Professeur, en faisant signe au véhicule de passer son chemin, et en s’arrêtant pour ramasser les pauvres marguerites.
« Je vous demande pardon, je n’avais pas bien vu le nom. Peu importe, je peux marcher, j’ai l’habitude de piétiner dans la boue », répondit Jo, en cillant furieusement, parce qu’elle aurait préféré mourir que de s’essuyer ouvertement les yeux.
Mr. Bhaer vit les gouttes sur ses joues, bien qu’elle ait la tête tournée ; cette vue sembla l’émouvoir au plus haut point, car il se pencha soudain vers elle et demanda, sur un ton qui signifiait énormément de choses,
« Chère à mon cœur, pourquoi pleurez-vous ? »
Si Jo n’avait pas été une novice dans ce genre de choses elle aurait dit qu’elle ne pleurait pas, qu’elle avait un rhume, ou n’importe quel autre bobard féminin propre à l’occasion ; au lieu de ça cette créature sans dignité répondit avec un sanglot irrépressible,
« Parce que vous vous en allez.
— Ah, mein Gott, c’est si bon ! » s’écria Mr. Bhaer, en parvenant à joindre les mains malgré le parapluie et les paquets. « Jo, je n’ai rien que beaucoup d’amour à fous donner ; je suis venu pour voir si vous en vouliez, et j’ai attendu pour être sûr que j’étais quelque chose de plus qu’un ami. Est-ce le cas ? Pouvez-vous faire une petite place dans fotre cœur pour le vieux Fritz ? » ajouta-t-il tout d’une traite.
« Oh, oui ! » dit Jo, et il fut tout à fait satisfait, car elle posa les deux mains sur son bras, et leva la tête vers lui avec une expression qui montrait clairement combien elle serait heureuse de traverser la vie à ses côtés, même si elle n’avait pas de meilleur abri que le vieux parapluie, tant qu’il était celui qui le tenait.
C’était une demande faite dans l’adversité, car même s’il l’avait souhaité, Mr. Bhaer ne pouvait se mettre à genoux à cause de la boue, il ne pouvait pas non plus lui prendre la main, si ce n’était au sens figuré, car les siennes étaient pleines ; il pouvait encore moins se livrer à de tendres démonstrations en pleine rue, même s’il en était bien près ; aussi le seul moyen qu’il avait d’exprimer sa béatitude était de la regarder, avec une expression qui mettait si bien en valeur son visage qu’il semblait y avoir de petits arcs-en-ciel dans les gouttes qui brillaient dans sa barbe. S’il n’avait pas énormément aimé Jo, je ne pense pas qu’il l’aurait aimée à ce moment-là, car elle était loin d’être séduisante, avec ses jupes dans un état lamentable, ses bottes en caoutchouc qui clapotaient à ses chevilles, et son bonnet ruiné. Heureusement, Mr. Bhaer la voyait comme la plus belle femme au monde, et elle le trouvait plus semblable à Jove que jamais, même si son chapeau à large bord était tout avachi, avec les ruisselets qui tombaient sur ses épaules (car il ne tenait le parapluie qu’au-dessus de Jo), et que tous les doigts de ses gants avaient besoin d’être raccommodés.
Les passants les prirent probablement pour un couple de fous inoffensifs, car ils oublièrent tout à fait d’arrêter un omnibus, et s’en allèrent tranquillement, indifférents à la nuit tombante et au brouillard. Ils se souciaient peu de ce que pensaient les autres, car ils profitaient de cette heure heureuse qui ne vient qu’une fois dans la vie — ce moment magique qui rajeunit le vieux, embellit l’ordinaire, enrichit le pauvre, et donne au cœur humain un avant-goût du paradis. Le Professeur avait l’air d’avoir conquis un royaume, et le monde n’avait plus rien à lui offrir pour son bonheur, tandis que Jo pataugeait à côté de lui avec le sentiment que sa place avait toujours été celle-ci, et se demandant comment elle aurait jamais pu choisir autrement. Bien sûr, elle fut la première à parler — de manière intelligible, je veux dire, car les remarques pleines d’émotions qui avaient suivi son « Oh, oui ! » impétueux n’étaient ni cohérentes ni rapportables.
« Friedrich, pourquoi n’avez-vous —
— Ah, ciel ! Elle me donne le nom que personne ne dit plus depuis que Minna est morte ! » s’exclama le Professeur, en s’arrêtant au milieu d’une flaque pour la regarder avec une gratitude ravie.
« Je vous appelle toujours ainsi en moi-même — j’ai oublié ; mais je ne le ferai plus, à moins que cela ne vous plaise.
— Me plaise ! Cela m’est plus doux que je ne sais le dire. Dis-moi “tu”, aussi, et je pourrai dire que ton langage est presque aussi beau que le mien.
— Est-ce que ce n’est pas un peu sentimental ? » demanda Jo, pensant à part elle que c’était une monosyllabe tout à fait charmante.
« Sentimental ? Oui ; Gott merci, nous autres Allemands croyons au sentiment, et nous conserfons notre jeunesse ainsi. Fotre “vous” anglais est si froid — dis-moi “tu”, chère à mon cœur, cela signifie tant pour moi », plaida Mr. Bhaer, plus comme un étudiant romantique que comme un professeur plein de sérieux.
« Eh bien, alors, pourquoi ne m’as-tu pas dit tout cela plus tôt ?
— Maintenant je dois défoiler tout mon cœur, et je le ferai avec joie, parce que tu en prendras soin ensuite. Vois-tu, ma Jo — ah, ce cher, amusant petit nom ! — j’afais envie de dire quelque chose le jour où l’on s’est quittés à New York ; mais je pensais que le séduisant ami était ton fiancé, et donc je n’ai rien dit. Aurais-tu dit “oui”, alors, si j’afais parlé ?
— Je ne sais pas. Je crains que non, car je n’avais pas de cœur, à ce moment-là.
— Prut ! Ça je ne le crois pas. Il était endormi jusqu’à ce que le prince du conte traverse le bois, et vienne le réveiller. Ah, enfin, “Die erste Liebe ist die beste” ; mais ça je ne devrais pas m’y attendre.
— Oui, le premier amour est le meilleur ; aussi sois content, car je n’en ai jamais eu d’autre. Teddy n’était qu’un garçon, et il a vite dépassé sa petite lubie », dit Jo, anxieuse de corriger l’erreur du Professeur.
« Bien ! Alors je suis heureux, et certain que tu me donnes tout ton cœur. J’ai attendu si longtemps, je suis defenu égoïste, comme tu le verras, Professorin.
— Ça me plaît, s’exclama Jo, ravie de son nouveau nom. Maintenant, dis-moi ce qui t’a amené ici, juste au moment où je le désirais le plus ?
— Ceci », et Mr. Bhaer tira un bout de papier déchiré de la poche de son gilet.
Jo le déplia, et eut soudain l’air confuse, car c’était l’une de ses contributions à un journal qui payait pour des poèmes, ce pour quoi elle avait envoyé une tentative occasionnelle.
« Comment cela a-t-il pu t’amener ? » demanda-t-elle, ne sachant trop ce qu’il voulait dire.
« Je l’ai trouvé par chance ; je l’ai reconnu par les noms et les initiales, et j’y ai trouvé une petite strophe qui semblait m’appeler. Lis et trouve-la ; je fais en sorte que tu ne sois pas mouillée. »
Jo obéit, et parcourut rapidement les lignes qu’elle avait baptisées —
DANS LE GRENIER
Quatre petits coffres bien en rang Ternis par la poussière, usés par le temps Tous décorés et remplis, il y a bien des années Par des enfants aujourd’hui grands Quatre petites clefs, pendues tout à côté Par des rubans fanés, leurs couleurs vives et gaies Quand ils furent attachés, avec une fierté d’enfant Par un jour de pluie, il y a bien des années Quatre petits noms, un sur chaque couvercle, Qu’une main hardie a gravés Et au-dessous gisent, cachées, Les histoires de la joyeuse société Qui jouait ici autrefois, et souvent s’arrêtait Pour entendre le doux refrain Qui au-dessus du toit allait et venait Dans la pluie d’un jour d’été. “Meg” sur le premier, écrit d’une main sûre. Je l’ouvre avec amour, Car rangé ici, avec bien des soins Se trouve un précieux butin, Les témoins d’une vie paisible- Cadeaux à une douce enfant, jeune fille, Une robe de mariée, des billets à une épouse, Un petit chausson, une boucle de bébé. Aucun jouet dans ce premier coffre, Car tous ont été emportés, Pour se joindre dans leur grand âge Aux jeux d’une autre petite Meg. Ah, mère heureuse ! Je sais bien Que tu entends, comme un doux refrain, Des berceuses gentiment murmurées Dans la pluie d’un jour d’été. “Jo” sur le second, griffonné et rayé, Et à l’intérieur un trésor bigarré De poupées sans tête, de cahiers déchirés, Oiseaux et bêtes maintenant muets, Butins ramenés du pays des fées Que seuls foulent les jeunes pieds, Rêves d’un futur jamais réalisé, Souvenirs d’un passé bien aimé, Histoires confuses, poèmes inachevés, Missives d’avril, tristes ou gaies, Mémoires d’une enfant obstinée, Vestiges d’une femme déjà âgée, Une femme dans une maison esseulée, Qui entend, comme un triste refrain- “Sois forte, ma chérie, et l’amour viendra te trouver,” Dans la pluie d’un jour d’été. Ma Beth ! Sur le couvercle portant ton nom Toujours la poussière est chassée, Par les larmes d’yeux aimants, Par des mains vigilantes et zélées. Pour nous, la mort a canonisé une sainte Toujours plus divine qu’humaine Et nous déposons, avec de douces plaintes, Des reliques dans cet autel domestique : La cloche d’argent, si peu agitée, Le petit bonnet qu’elle portait, La belle Catherine, emportée, morte, Par les anges, suspendue au-dessus de la porte. Les chansons qu’elle chantait sans se plaindre Depuis la prison de sa douleur À jamais tendrement mêlées À la pluie d’un jour d’été. Sur le couvercle poli du dernier coffret - Une légende maintenant avérée - Un preux chevalier arbore sur son bouclier “Amy”, en lettres or et bleu. À l’intérieur, filets qui ont retenu ses cheveux, Pantoufles qui ont fini de danser, Fleurs fanées, rangées avec soin, Éventails relégués dans un coin, Joyeuses déclarations enflammées, Babioles qui ont joué leur rôle Dans les espoirs, les craintes, les hontes juvéniles, Le récit d’un cœur de jeune fille Qui apprend maintenant des charmes plus justes et vrais, Et entend, comme un gai refrain Les cloches nuptiales sonner Dans la pluie d’un jour d’été. Quatre petits coffres bien en rang Ternis par la poussière, usés par le temps Quatre femmes qui ont, de joies en infortunes Appris à aimer et à travailler en cet âge doré. Quatre sœurs, pour un temps séparées Aucune égarée, l’une partie plus tôt qu’à son tour, Et par le pouvoir immortel de l’amour, Plus proche et chérie que jamais. Oh, le jour où nos trésors cachés S’offriront à la vue du Père Puissent-ils être riches en heures dorées, En actions embellies par la lumière, Vies dont la musique résonnera longtemps Comme une chanson vous réchauffe le cœur Âmes qui s’élèveront avec joie Après la pluie, un jour d’été.
« C’est un très mauvais poème, mais c’est ce que je ressentais quand je l’ai écrit, un jour où je me sentais très seule et où j’avais pleuré un bon coup sur un sac de chiffons. Je n’aurais jamais pensé qu’il finirait là où il pourrait me trahir », dit Jo en déchirant les strophes que le Professeur avait chéries pendant si longtemps.
« Oublie-le, il a fait son œuvre, et j’en aurai un noufeau quand je lirai le livre brun dans lequel elle garde ses petits secrets », dit Mr. Bhaer avec un sourire en regardant les fragments de papier voler dans le vent. « Oui, ajouta-t-il sincèrement, je le lis, et je pense en moi-même, Elle a un chagrin, elle est seule, un amour véritable lui apporterait du réconfort. J’ai un cœur plein, plein pour elle. Est-ce que je n’irais pas lui dire “Si ce n’est pas une offre médiocre que de donner ce que j’espère recevoir, prends-le, au nom de Gott ?”
— Et tu es venu et as découvert que ce n’était pas médiocre, mais justement la chose précieuse dont j’avais besoin, murmura Jo.
— Je n’ai pas eu le courage de le penser, au début, aussi chaleureux et gentil qu’ait été ton accueil. Mais bientôt j’ai commencé à espérer, et puis j’ai dit, “Elle sera mienne si je dois en mourir” ! » s’exclama Mr. Bhaer avec un air de défi, comme si les murailles de brume qui se refermaient sur eux étaient des obstacles qu’il devait surmonter ou abattre vaillamment.
Jo pensa que c’était splendide, et résolut de se montrer digne de son chevalier, même s’il n’était pas venu en caracolant sur un preux destrier et en tenue d’apparat.
« Qu’est-ce qui t’a retenu si longtemps ? » demanda-t-elle ensuite, car elle trouvait si agréable de poser des questions confidentielles et d’obtenir des réponses délicieuses, qu’elle ne pouvait rester silencieuse.
« Ça n’a pas été facile, mais je n’avais pas le cœur à t’enlefer à ce si heureux foyer avant d’avoir la possibilité de t’en offrir un, après beaucoup de temps, peut-être, et de travail. Comment poufais-je te demander d’abandonner tant de choses pour un paufre fieux, sans autre fortune qu’une petite éducation ?
— Je suis bien aise que tu sois pauvre. Je ne pourrais pas supporter d’avoir un mari riche », dit fermement Jo, avant d’ajouter plus doucement, « Ne crains pas la pauvreté. Je l’ai connue suffisamment longtemps pour perdre toute appréhension et me trouver heureuse de travailler pour ceux que j’aime, et ne dis pas que tu es vieux — quarante ans, c’est la force de l’âge. Je ne pourrais pas m’empêcher de t’aimer même si tu en avais soixante-dix ! »
Le Professeur trouva cela si touchant qu’il aurait bien eu besoin de son mouchoir, s’il avait pu l’atteindre. Comme il ne le pouvait pas, Jo se chargea de lui essuyer les yeux, et dit en riant, avant de lui soutirer un ou deux paquets :
« Je suis peut-être forte-tête, mais personne ne peut dire que je ne remplis pas mon rôle, car le devoir d’une femme est censé être de sécher les larmes et de porter des fardeaux. Je dois porter ma part, Friedrich, et aider à acquérir ce foyer. Tu ferais bien de t’y résoudre, ou je n’accepterai jamais », ajouta-t-elle, résolue, tandis qu’il essayait de lui reprendre sa charge.
« Nous verrons. As-tu la patience d’attendre longtemps, Jo ? Je dois partir et faire mon travail seul. Je dois aider mes garçons, d’abord, parce que même pour toi, je ne romprais pas ma promesse à Minna. Peux-tu me pardonner cela, et être heureuse pendant que nous espérons et attendons ?
— Oui, je sais que j’en suis capable, car nous nous aimons, et cela rend tout le reste facile à endurer. J’ai un devoir, moi aussi, et un travail. Je ne pourrais pas être heureuse si je les négligeais, même pour toi, il n’y a donc nul besoin de se hâter ou d’être impatients. Tu peux faire ta part là-bas dans l’Ouest, je peux faire la mienne ici, et nous pouvons être heureux tous les deux en espérant le meilleur, et laisser le futur à la grâce de Dieu.
— Ah ! Tu m’offres tant d’espoir et de courage, et je n’ai rien à te donner en échange, rien qu’un cœur plein et ces mains vides », s’exclama le Professeur, bouleversé.
Jo n’apprendrait jamais, jamais, à être convenable, car quand il eut dit cela, alors qu’ils se tenaient sur les marches, elle glissa simplement les deux mains dans les siennes en chuchotant tendrement, « Elles ne sont plus vides maintenant », et elle se pencha et embrassa son Friedrich sous le parapluie. C’était terrible, mais elle l’aurait fait même si la bande de moineaux sur la haie avait été des êtres humains, car elle était aux anges et ne se souciait plus de rien, si ce n’est de son bonheur. Bien qu’il n’eût rien d’extraordinaire, le couronnement de leurs deux vies fut ce moment où, quittant la nuit et la tempête et la solitude pour la lumière et la chaleur et la paix du foyer qui les attendait, Jo fit entrer son amoureux avec un joyeux « Bienvenue à la maison ! » avant de refermer la porte.
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La route du bout du monde
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Et voilà, nous avons enfin terminé notre course folle vers le sud, et sommes arrivés jusqu'au détroit de Magellan.
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Notre voyage ne sera désormais plus qu'un long retour vers Santiago. Pour fêter cette étape, j'ai dégoté pour le reste du groupe une charmante randonnée d'une dizaine de kilomètres vers un superbe point de vue. J'amène donc Aneth et Cothésard en direction du Monte Tarn, découvert par un chirurgien à une période inconnue car nous avons été chassé du panneau d'explication par une bourrasque froide et humide. Nous commençons cette champêtre randonnée par un passage rapide dans une tourbière, au sol moelleux et rebondi. La tourbière se transforme ensuite en marais boueux, dans lequel nous manquons de perdre nos chaussures et bâtons. Certains randonneurs moins agiles que nous se sont fait entièrement absorbés dans le sol, ne laissant comme trace de leur passage qu'un triste bâton. Que leurs âmes reposent en paix.
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Au niveau suivant, nous arrivons dans une forêt tout aussi boueuse, mais cette fois-ci, des troncs morts parsèment également notre chemin. Après 2,5km et 2 heures d'une éprouvante montée, à tenter de garder nos habits propres et nos chaussures aux pieds, nous arrivons au premier point de vue. Parfaitement satisfaits, nous déclarons que notre rando se terminera ici, fatigués que nous sommes de rejouer la traversée du Mordor façon Patagonie.
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Le bâtiment blanc que vous pouvez apercevoir sur les photos est le phare San Isidro, le phare le plus austral de l'Amérique.
P. S: Wikipedia nous indique que le Monte Tarn a été découvert en 1827 par un chirurgien britannique, et que Charles Darwin le gravi en 1834. Quel homme courageux...)
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alexar60 · 1 year
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L’enfant des fées (3)
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Les deux premiers épisodes sont disponibles ici.
Malgré le tonnerre, Louis oublia sa vie dans ses pensées. En fermant, les yeux, il revivait une journée, un beau dimanche passé à la campagne. Il marchait avec Armande à ses côtés. Son épouse, habillée d’une longue robe et d’un grand chapeau, ne sortait jamais sans une ombrelle. Elle aimait ce paysage viticole du sud de Nantes. Ils marchaient presque main dans la main, tels des adolescents amoureux transis.
Le jeune commissaire de police entendit, plus loin, des enfants jouer. Le sourire apparut sur le visage boueux du soldat fatigué. Il se souvenait d’Henriette, son ainée. Elle ressemblait ��normément à sa mère avec la même forme ovale du visage, les mêmes yeux bleus et un sourire identique. Tout le monde disait qu’elle sera le portrait craché de sa mère quand elle sera plus vieille, jusqu’à avoir son caractère trempé. Ce jour, elle s’était faufilée en compagnie de son petit frère dans les vignobles. Ils couraient, jouaient, un peu déçus de ne pas trouver de raisin à picorer.
-          Jules, cesse de te rouler à terre. Tu salies ta chemise, cria Armande.
Mais le garçon se fichait complètement de ressortir tout crotté. Il frotta ses genoux poussiéreux, puis il repartit rejoindre sa sœur. Leur père rit. Il taquina tendrement sa femme pour sa manière de se faire respecter. Elle soupira en levant les épaules. A son regard, Jules passerait un mauvais quart d’heure en rentrant à la maison.
Les craquements dans le ciel devinrent de plus en plus intenses. Il était noir, mal éclairé par des étoiles filantes qu’on pouvait distinguer dès que la fumée se dissipait. Mais elle ne se dissipait jamais. Il entendit quelques voix tremblantes autour de lui. Une prière…des bruits de pas…Un ordre…Alors, Louis retourna dans son passé.
Blandine était magnifique avec un nœud rose dans les cheveux. Elle ne comptait pas encore un an de vie et restait assise dans le landau poussé par la nourrice. C’était une fille de paysan, venue à Nantes pour échapper à la dure vie des champs. Marie-Anne avait choisi Nantes plutôt que Paris contrairement à ses amies. Louis se doutait que c’était pour accompagner un amoureux, un gars des chemins de fer. Elle était plutôt jolie, si ce n’est cet affreux accent breton.
Peut-être parce qu’elle était la plus jeune, ou parce qu’elle lui ressemblait, la dernière de ses enfants restait sa préférée. Sa petite pupuce, comme il aimait l’appeler. Elle souriait tout le temps, elle voulait qu’il la porte chaque fois qu’il approchait de son landau. Alors, il s’amusait à faire des grimaces. Ce jour-là, il avait surpris sa belle-famille, en donnant la bouillant à sa fille. « Nourrir les gamins reste une affaire de femmes ! », avait balancé son beau-père.
Une pluie d’explosion réveilla Louis. Il était au milieu d’une tranchée. Ils étaient tous à attendre, le dos collé contre les sacs de terre. Ils tremblaient, se passant les bouteilles de pinard pour se donner du courage. Louis regarda son supérieur. Ce dernier surveillait sa montre, il porta un sifflet à la bouche. Avec son rôle de commissaire de police, il aurait dû être lieutenant comme lui. Mais le rapport d’un juge le dégrada au rôle de sergent.
Il connaissait la cible, il savait où foncer. Surtout, il savait ce qu’il y avait en face. Son voisin tendit une bouteille. Alors, il fit comme tout le monde, il but une gorgée de ce picrate. Puis il pensa à sa famille. Il pensa de nouveau à Armande, à ses caresses quand ils faisaient l’amour. Il se souvint du goût de ses baisers sur la bouche, oubliant ainsi celui du mauvais vin. Il pensa à Henriette. Il se rappela bêtement d’une histoire pour la faire dormir. C’était un conte de fées. Il pensa à Jules et au jour où il apprit à jouer du cerceau. Il pensa à Blandine. De son jour de naissance…de l’immense douleur, du visage en sueur de sa femme allongée sur le lit conjugal. Il se rappela qu’il s’est senti petit et fragile lorsqu’il prit sa fille dans les bras. Il n’avait pas connu ce bonheur pour les deux premiers. Il n’était pas présent à leur naissance.
Soudain, le silence ! C’était pour très bientôt! Puis, un long sifflement déchira les cœurs. Les poilus se jetèrent sur les échelles. Les agneaux partaient à la boucherie !
Les hommes tombaient, fauchés par la mitraille, avant d’avoir atteint la première ligne de barbelés. Louis réussit ce miracle. Il s’allongea à côté de cadavres en putréfaction, oubliés lors des charges précédentes. Il y avait des français, des allemands…des corps dans de sales uniformes troués. Le fil remua subitement avant de bouger.
-          Aide-moi, cria Marcel étendu à sa gauche.
A l’aide d’une tenaille, Son compagnon coupa le fil tenu par Louis. Ses mains sentirent les piques égratigner sa peau. Il prit ensuite une grande inspiration avant de se lever. Il aperçut l’objectif. Alors, il courut à côté de Marcel et d’autres camarades. Il courut en oubliant sa famille, en pensant à survivre. Les mitrailleuses continuèrent leur massacre.
Il était devant eux, à attendre les bras en l’air. La statue était tout ce qui restait du calvaire. Avant la guerre, il régnait au milieu d’un croisement de routes. A ce moment, il n’était plus qu’une pâle copie de statue grecque amputée de quelques membres. Le Christ attendait tel un cul-de-jatte qu’on l’aide à quitter cet enfer. Enfin, Louis arriva à sauter dans un trou à côté de l’idole, sans se soucier de possible présence de gaz moutarde. Puis, il attendit parce qu’il n’était pas possible d’aller plus loin.
L’objectif ne pouvait être atteint. Soudain les allemands arrêtèrent de tirer. Il entendit crier. Il reconnut le sifflet du lieutenant et sa voix qui répétait: « retraite ! »
-          Tout ça pour ça ! ragea-Marcel situé dans un autre trou.
Et le tonnerre retentit ! Des sifflements précédèrent les explosions. L’artillerie des poilus visaient tant bien que mal les tranchées allemandes. Dès lors, Louis comprit que les vert-de-gris étaient en train de contre-attaquer. Il porta son fusil contre sa poitrine, et il pria en observant la statue au-dessus de sa tête. Il espérait juste une chose : pas de corps-à-corps.
L’artillerie décimait l’ennemi qui ne réussit pas non plus à franchir leur première ligne de barbelés. Les soldats demeurèrent coincés dans le no man’s land à attendre que cela se passe. Les bombes fusèrent, elles éclatèrent sans se soucier de la couleur de l’uniforme. Elles tuèrent dans les deux camps. Et Louis attendait son tour.
Le bombardement dura une quinzaine de minutes. Le silence s’imposa tout à coup. C’était un silence glacial qui ne dura pas car les appels à retourner dans leur base, les râles des mourants, les cris des blessés graves réalisant avoir perdu un morceau…tout incita Louis à retourner dans ses souvenirs. Il voulait embrasser sa femme. Il rêva de voir ses enfants grandir. Il espéra tenir le bras d’Henriette, lorsqu’elle entrera habillée d’une magnifique robe de mariée dans la basilique Saint Nicolas. Il imagina Jules en bon avocat ou politicien. Et chose étonnante pour son époque, il vit dans un flash que Blandine deviendrait la future Marie Curie.
Il réalisa qu’une grande lumière venait de l’éblouir. Aussitôt, il ferma les yeux puis les cligna les paupières cherchant à retrouver la vue rapidement. Lorsqu’il reconnut le christ, il entendit d’étranges petits bruits. Cela semblait venir de la terre, comme des grignotements, comme si on creusait la terre. Il écouta plus attentivement et crût discerner quelques voix…Des petites voix dont il n’arrivait pas à comprendre la langue.
Quelque-chose surgit tout-à-coup en tombant dans le trou. Il brandit son fusil pointant sa baïonnette pour se défendre jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il s’agissait d’un français.
-          Vous n’êtes pas blessé, Sergent ? demanda le seconde classe.
-          Non, juste mon orgueil ! répondit-il.
Les deux hommes retournèrent dans la tranchée en courant. Personne ne tenta de les empêcher car en face, ils faisaient de même, ramassant au passage des blessés. Le lieutenant, le visage couvert de boue commençait à recenser les restes de sa section. La mine triste, il passa, devant le sergent Louis Macé. Ce dernier n’eut aucun mot. Il ne le salua pas non plus. Il préféra retourner dans ses souvenirs.
Alex@r60 – mars 2023
Photo : Le Christ des tranchées de Neuve-Chapelle.
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Nous reprenons la voiture en direction de notre premier cénote du séjour : celui de Nah Yah. Pour y accéder, il faut faire 1km de trajet sur un chemin boueux et caillouteux à 10km/h.
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Nous étions seuls en arrivant et nous sommes repartis au moment où plusieurs petits groupes arrivaient !
Petite appréhension pour ma part de nager dans une eau très très claire mais très profonde ! Je n'ai pas réussi à nager très loin contrairement à Antoine, je retenterai ma chance demain, il faut que je prenne confiance 😂
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est-ce · 1 year
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le bois gorgé d'eau la rime tj. inepte le clin d'œil boueux la frontière d'aiguilles le ver pas les rats l'effet d'influencement le une boîte noire le pas dehors le réponds-moi.
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oviri7 · 1 year
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« Les Fleurs du mal ont été lues par tout le monde. Il convient de ranger le livre au nombre de ces recueils prédestinés qui accompagnent les voyageurs inquiets jusqu'au terme de leur existence. Jamais personne n'a fait monter, dans une amère solitude, tant d'évocations nostalgiques. La nuit, la douce nuit s'approche. A côté des saisons blafardes, des fins d'automne, des hivers et des printemps boueux, surgissent les images du luxe et du puissant bonheur. Les chevelures grisantes et somptueuses, les parfums exotiques venus de lointains rivages sont des pièges voluptueux où la douleur elle-même se prend et s'endort. La contemplation des femmes détraquées aux yeux longs, les bijoux étincelant sur la chair nue, les regards noirs et verts où se marque une heure immobile versent au poète une anesthésie dont la fause plénitude laisse prévoir les sueurs du réveil. Frère de ces grands oiseaux souverains égarés sur la terre, Baudelaire subit la hantise des lieux inaccessibles, situés n'importe où hors du monde. Nul n'avait ressenti comme lui l'appel lancinant du voyage. Les ports remplis de beaux navires impatients, les tresses où se construit un hémisphère sous les tropiques, les esclave nus, le soleil sur la mer et les richesses luxuriantes de la nature le font rêver de paradis où rien ne viendrait plus le séparer des chères indolentes. Mais il reste là, perdu dans la foule, seul avec sa sombre détresse, assailli par l'horreur d'un sommeil traqué de mauvais rêves, enterrant de jeunes et belles mortes dans des cercueils parfumés de toutes les senteurs de l'Inde. Alors, il prête l'oreille au langage muet des étoffes, des fleurs, du ciel et du soleil couchant. Il appelle l'ivresse et le vertige qui lui feront oublier la terrible, constante et fugitive présence du temps; il appelle aussi la poésie. »
Kléber Haedens - Une histoire de la littérature française
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jloisse · 1 year
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«Chaudron de mort»: la bataille de Bakhmout est un «désastre» pour le régime de Kiev –Richard Black
«La Russie gagne à Bakhmout, l’Ukraine perd», constate Richard Black, ex-sénateur américain républicain.
La Russie va quadrupler ses forces armées, tandis que l’Ukraine saigne à blanc ses troupes, note-t-il.
Avec la destruction des infrastructures ukrainiennes, plusieurs indices pointent vers une prochaine offensive majeure de l’armée russe, une fois la «ligne Maginot» de l’ouest du Donbass enfoncée.
Une analyse que le secrétaire général de l’OTAN semble partager…
«Nous ne devons pas sous-estimer la Russie. La Russie envisage de mener une longue guerre», a concédé Stoltenberg, appelant les vassaux à envoyer plus d’armement à Kiev.
Sauf que les «entrepôts sont vides», selon Josep Borrell lui-même, et que le matériel occidental est inadapté aux terrains boueux de l’Ukraine en saison de raspoutitsa.
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mellowchouchou · 2 years
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Jacques Brel - La ville s'endormait Les Marquises (1977)
Lyrics & Translation:
La ville s'endormait J'en oublie le nom Sur le fleuve en amont Un coin de ciel brûlait La ville s'endormait J'en oublie le nom Et la nuit peu à peu Et le temps arrêté Et mon cheval boueux Et mon corps fatigué Et la nuit bleu à bleu Et l'eau d'une fontaine Et quelques cris de haine Versés par quelques vieux Sur de plus vieilles qu'eux Dont le corps s'ensommeille
La ville s'endormait J'en oublie le nom Sur le fleuve en amont Un coin de ciel brûlait La ville s'endormait J'en oublie le nom Et mon cheval qui boit Et moi qui le regarde Et ma soif qui prend garde Qu'elle ne se voit pas Et la fontaine chante Et la fatigue plante Son couteau dans mes reins Et je fais celui-là Qui est son souverain On m'attend quelque part Comme on attend le roi Mais on ne m'attend point Je sais, depuis déjà Que l'on meurt de hasard En allongeant le pas
La ville s'endormait J'en oublie le nom Sur le fleuve en amont Un coin de ciel brûlait La ville s'endormait J'en oublie le nom Il est vrai que parfois Près du soir, les oiseaux Ressemblent à des vagues Et les vagues aux oiseaux Et les hommes aux rires Et les rires aux sanglots
Il est vrai que souvent La mer se désenchante Je veux dire en cela Qu'elle chante d'autres chants Que ceux que la mer chante Dans les livres d'enfants Mais les femmes toujours Ne ressemblent qu'aux femmes Et d'entre elles les connes Ne ressemblent qu'aux connes Et je ne suis pas bien sûr Comme chante un certain Qu'elles soient l'avenir de l'homme
La ville s'endormait J'en oublie le nom Sur le fleuve en amont Un coin de ciel brûlait La ville s'endormait Et j'en oublie le nom Et vous êtes passée Demoiselle inconnue À deux doigts d'être nue Sous le lin Qui dansait
Translation:
The city fell asleep I forget the name On the river upstream A patch of sky was burning The city fell asleep I forget the name And the night little by little And time stopped And my muddy horse And my tired body And the night blue to blue And water from a fountain And some cries of hatred Poured by some old On older than them Whose body falls asleep
The city fell asleep I forget the name On the river upstream A patch of sky was burning The city fell asleep I forget the name And my drinking horse And me looking at him And my thirst that takes care That she doesn't see herself And the fountain sings And fatigue crashes His knife in my loins And I do this Who is its ruler They are waiting for me somewhere As we wait for the king But no one expects me I know, since already That we die of chance By lengthening the step
The city fell asleep I forget the name On the river upstream A patch of sky was burning The city fell asleep I forget the name It is true that sometimes Near the evening, the birds Look like waves And the waves to the birds And the laughing men And the laughter to the sobs
It is true that often The sea is disenchanted I mean in this Let her sing other songs That those whom the sea sings In children's books But women always only look like women And among them the idiots only look like bitches And I'm not sure As a certain sings May they be the future of man
The city fell asleep I forget the name On the river upstream A patch of sky was burning The city fell asleep And I forget the name And you passed Unknown lady Close to being naked under linen who was dancing
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17 janvier
Retrouvailles avec ma petite Blue Eyes ce mardi. Toujours aussi douce et tranquille au pansage, et elle avait été rentrée au box. Bon, les fanons étaient toujours un peu boueux, mais le reste avait eu le temps de commencer à sécher. Ça aide.
Récemment, j’ai reçu les deux tomes du guide fédéral pour les Galops 5 à 9 et j’ai commencé à lire ça. Alors pendant ma détente j’ai repensé à ce que j’avais lu pour essayer d’appliquer ça. Pas mal de variations d’allures, des voltes autour des divers obstacles répartis dans la carrière...
C. nous a demandé si on préférait faire plat ou obstacle. Pour une fois, j’ai une nette préférence. 
Alors on a travaillé sur l’exercice de la “petite maison”
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Quatre barres qui forment donc une petite maison, dans laquelle on va entrer, et on remonte le mur, puis le toit, en longeant bien les barres. On a surtout travaillé à main droite, qui est la main difficile de Blue Eyes. 
On commence au pas. On prend le temps de placer ses aides, sans tirer sur la rêne intérieure. J’ai ma jambe intérieure qui remonte quand j’essaie d’agir avec. Ça passe un peu mieux sans les étriers. 
Petit à petit, on ajoute d’autres étapes : sortie au trot, puis tout le dispositif au trot. J’ai vite compris que ce serait plus facile au trot assis. Enfin, je dis plus facile, mais il faut alors que je redouble de vigilance et d’efforts pour ne pas retomber au pas ! Subtil dosage, entre pas assez d’énergie et une transition descendante non voulue, et trop d’énergie qui fait que je perds l’incurvation et que je me retrouve à faire de grands gestes avec les mains. Et enfin, départ au galop en sortant de la maison. Le départ au galop à droite est toujours un peu difficile avec Blue.
Tout ce temps-là, je lui répétais que ce serait plus facile à main gauche. Entre deux passages, je travaillais à main gauche hors du dispositif, et elle semblait avoir plus de facilité à se plier de ce côté-là. Mais quand on a commencé la maison à gauche, on a eu bien du mal, parce que C. se tenait juste à l’entrée (pour éviter qu’on coupe trop court) et de l’autre côté du “mur”, il y avait un chandelier qu’on a manqué de se manger plusieurs fois. J’ai décidé de modifier un tout petit peu l’exercice, entrer au pas, puis prendre le trot, et faire la sortie au galop. Elle galope bien plus facilement à gauche, j’ai presque eu du mal à l’arrêter (alors qu’à droite, elle galopait quelques foulées et s’arrêtait d’elle-même, voire même un peu trop tôt !)
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dixvinsblog · 10 days
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Clara Lapierre - Il était l'amant de Pompéi
Libre, libre, ce mot résonnaitDans sa tête sur des pas tracésAu-delà d’une frontièreEntre réel et imaginaireCe cri, liberté s’étouffaitEn son for intérieur flouéPar la guerre, l’exil, les non-ditsSur le chemin boueux de l’oubliL’homme l’enveloppait d’un drapeau noir Sublime, au seuil du désespoirAnarchique et dans le chaosDéchiré par le temps et ses temposCe mot par les années se rouillaitAux…
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flamchante · 17 days
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7 mai
Une pluie du départ à la fin. Après quelques déboires sur les sentiers boueux, nous avons pris la route plus longue mais plus facile. Demain on ne pourra pas éviter la boue. On a marché 6 heures avec un arrêt de 10 mn sous les 2 sièges au bord d'une maison. Pas un bar, rien.
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le-songeur · 25 days
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Songe :
Le sentier qui traverse ma vie,
Fût transformé en chemin de terre,
Métamorphosé, aujourd'hui,
En un ruisseau boueux et précaire.
L'œuvre, de la pluie, en peu d'heures,
Elle n'a cessé sans répit de s'abattre,
Sur le seul accès à ma demeure,
Mon cœur seul, doit alors se débattre.
Par Yannick Farssac, Logho
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unalm · 26 days
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200.
La poussière de maïs envahit l’air d’octobre et transforme chaque coucher de soleil en carte postale, dans des couleurs d’explosion nucléaire bénigne. La neige ensuite. Assez pour recouvrir le monde, pour nous recouvrir. Notre monde qui dort, se repose et guérit sous l’édredon blanc de l’hiver. Les forêts qui en octobre projetaient leurs confettis hallucinogènes à la face du monde se retirent, affligés, calmes et soudain amaigries, avec l’allure de vieillards conscients que leur heure est proche. En hiver : fais comme les ours et reste au lit à hiberner, à pâlir, à lire des romans russes ou à jouer aux échecs par courrier avec de la famille éloignée et des amis de lycée exilés. En hiver : attache une paire de patins fins comme des couteaux et grave ton nom sur une mare gelée, pousse un palet glacé avec une longue crosse de hockey, puis reprends ton souffle, immobile, et transpire dans des températures en dessous de zéro. L’hiver.
406.
Le jour où Beth et Hank se sont mariés était comme ça : nuages assez bas pour érafler la terre fertile, ruisseaux et rivières gonflés et boueux, tracteurs vert et jaune labourant les champs. Dans le ciel gris laineux, des oies sauvages en V entreprenaient leurs immémoriales expéditions annuelles : perchées sur les poteaux téléphoniques, des buses à queue rousse guettaient mulots et campagnols ; des vaches paressaient dans la boue ; dans le lointain, une flambée de pneus maculait un coin de ciel.
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