Dimanche, après 2 ans de préparation, reports et environ 3 projets différents de cérémonie, nous avons célèbré la première communion de notre fils aîné et le baptême de notre benjamin. Un sentiment de soulagement extrême nous a envahi à la sortie de l'église tellement ces sacrements ont été difficiles à préparer.
Nous sommes depuis 2015 engagés dans une démarche de conversion et de recherche d'une nouvelle communauté pour nous accueillir car nous souffrons trop des changements survenus dans notre paroisse et dans l'Eglise catholique romaine en général.
Début 2020, nous nous étions conditionnés à supporter les obligations reloues pour la communion de notre aîné dont la sociabilité n'est pas aisée et qui concrètement n'avait pas spécialement de copains au caté (mais selon ma mère c'était méga giga important qu'il la fasse dans un groupe d'enfants)(oui je suis devenue cette meuf consommatrice pas pratiquante qui demande des trucs à l'Eglise catholique romaine pour faire plaisir à la grand-mère 🤷♀️).
Pour le baptême, c'était vraiment très compliqué pour moi ne serait-ce que d'envisager de signer un registre de baptême vu que je me considère comme sortie de l'église catholique romaine. Pour mon conjoint il était par contre impensable de ne pas faire baptiser le petit par notre ami prêtre (qui de toute façon lutte comme il peut contre tout ce qui nous pose problème). On partait donc sur un compromis "cet enfant sera baptisé dans la religion de son père". En discutant avec notre ami prêtre, il nous a encouragé à mettre par écrit ce qui nous posait problème pour l'insérer dans le rituel du baptême au moment de la renonciation au péché et de la profession de foi pour que je sois en paix avec mes convictions et que mon fils soit baptisé dans l'Eglise en laquelle je crois. Il m'avait d'ailleurs proposé d'agrafer cette profession de foi au registre en célébrant le baptême dans sa paroisse.
Nous avons rencontré pour rédiger notre credo un couple de catholiques engagés dans une démarche progressive auprès du diocèse (Du Neuf dans l'Eglise) ... jusqu'en mars 2020. Avec le confinement, nous avons créé notre église domestique et cette démarche de credo a perdu du sens pour moi.
On a donc repris la préparation en septembre 2020 dans une autre optique. Déjà il faut savoir que pour notre aîné, il y n'y a RIEN eu de la part du caté entre mars et juin. Tout ce monde d'obligations et d'autorité a disparu du jour au lendemain au moment où nous avions besoin d'eux. Ça m'a évidemment agacée au plus haut point de repayer une inscription en septembre... mais mon fils n'avait même pas fait de retraite et c'est de toute façon obligatoire qu'il soit inscrit pour que nous ayons le droit de faire baptiser le petit. Bref je repaye une inscription et le gosse fait la retraite en septembre... et n'y reçoit pas le sacrement de réconciliation (la confession), qui est la dernière étape avant de pouvoir recevoir le sacrement de l'eucharistie (la communion). Je remballe mon agacement une fois de plus car c'est moi qui ai refusé qu'il participe à la messe collective de communion, planifiée en intérieur en octobre, car je n'ai aucune confiance dans les protocoles sanitaires de la paroisse de Fukushima (au final seuls 5 personnes par famille seront autorisées à assister à la messe, et il aurait été absolument impossible de choisir certains et pas d'autres), or les communiants ont reçu la réconciliation à la répétition de la messe de communion.
Je rencontre le curé et j'obtiens l'autorisation que mon aîné reçoive la communion lors d'une messe privée célébrée un samedi après-midi par notre ami prêtre (qui est au service d'une autre paroisse) au cours de laquelle le benjamin sera aussi baptisé. Franchement ça me semble le meilleur compromis possible.
La chapelle où nous nous sommes fiancés est flanquée d'une salle de réception, le temps de synchroniser les agendas de tout le monde, on planifié ça pour le dernier week-end de mai 2021.
Deux confinements plus tard, en avril 2021, il nous paraît impossible de maintenir cette messe fin mai, d'autant plus que la marraine doit venir de l'étranger et que bon c'est le super bazar quoi. On reporte donc la messe privée fin août. Malheureusement notre ami prêtre n'est pas disponible le samedi après-midi et nous devons donc nous associer à la messe paroissiale pour la communion et célébrer le baptême à part ensuite. Mon beau-père m'assure par mail que le curé a accepté de déplacer la messe paroissiale à 11h au lieu de 9h, et je suis agacée car l'église est très petite et s'il y a une jauge pour la messe, toute ma famille ne pourra pas entrer.
Bref nous louons la salle municipale pour le repas, contactons les traiteurs et restaurateurs de la ville avec lesquels je travaille habituellement et commençons à préparer les cérémonies. Notons que pour la deuxième année consécutive, mon aîné n'a eu AUCUN cours de caté de l'année et que c'est moi toute seule qui lui ait trouvé un créneau pour recevoir le sacrement de réconciliation et qui ait fait la préparation au sacrement.
Lorsque nous rencontrons notre ami prêtre, il nous demande le texte de notre credo, texte dont la rédaction a été complètement abandonnée 18 mois plus tôt. OUPS. On avait quand même suffisamment bien avancé pour savoir ce qu'on voulait dire, donc j'ai bidouillé un truc la veille de la cérémonie à partir du super site de la CCBF (Conférence Catholique des Baptisé.e.s de France).
AH la veille de la cérémonie. Tandis que nous sommes en train de fleurir l'église, mon conjoint demande par hasard à son père des précisions sur l'organisation de la messe et nous apprenons alors que le curé a changé d'avis sur l'horaire, que la messe paroissiale est programmée à 9h comme d'habitude et que "nous devrions être au courant car c'est affiché sur la feuille paroissiale depuis le mois de juin"
Paroisse de Fukushima, mais vraiment cesseras-tu un jour de m'agacer ?
Comme c'est un grand classique de cette paroisse de merde hein, je ne m'énerve presque pas et je rigole sur tout le chemin du retour en me disant que mon gosse a failli arriver dans l'église APRES sa messe de communion. Et ça me fait rire. Car ce n'est que le signe de plus que nous devons partir pour une autre communauté car celle-ci n'est vraiment plus du tout adaptée pour nous. Mon mari lui est dépité mais doit reconnaître que j'ai raison depuis le début.
Évidemment la moitié de ma famille n'a pas pu assister à la communion de mon fils, y compris son parrain qui a eu une panne de réveil et a passé le repas à se mortifier. Mais les signes de l'Esprit de sagesse ne se sont pas arrêtés là car Dieu avait vraiment besoin que je comprenne le message (que j'interprète par "on se lève et on se casse").
En arrivant à l'église à 9h, j'apprends que c'est moi qui doit chanter le chant d'entrée, le chant de communion et le chant de sortie, car effectivement c'est moi et mon fils qui les avons choisi et en fait la chorale ne les connaît pas assez bien. Me voilà partie, le bras en l'air avec mon aisselle non épilée (ce qui agace toujours ma mère lol) à faire répéter les chants à l'assemblée car notre ami prêtre est en retard (lui a appris le nouvel horaire un jour avant nous et a dû décaler sa messe dominicale...). J'en suis à répéter le chant de communion quand il arrive, il fonce dans la sacristie, met son aube et commence la messe en squizzant le chant d'entrée. Or le chant d'entrée devait invoquer l'Esprit de Sagesse... et la Sagesse, littéralement c'est moi. J'ai donc beaucoup beaucoup ri intérieurement en début de célébration car je sais que c'était un petit clin Dieu me disant "je sais que tu ne voulais pas être là et regarde moi aussi je n'y suis pas en entier".
Et alors le top du top à la communion. Je suis donc en train de chanter au micro un des meilleurs chants de communion, qui me tire les larmes à chaque fois (parce que c'est un "vieux" chant des années 80 de mon compositeur préféré Jo Akespsimas mais que tu peux pas faire plus actuel que "ne laissons pas mourir la terre") et qui représente mon Eglise, celle dans laquelle j'ai grandi et qui me manque tant...
... et en fait le diacre arrête de distribuer la communion et retourne à sa place alors que je suis au milieu du refrain (normalement on fait un couplet instrumental le temps que le chantre prenne la communion) et voilà la communion est finie, je peux aller me rasseoir... sans avoir communié moi-même.
Je n'ai pas reçu la communion PENDANT CETTE MESSE (où la chair de ma chair communiait) parce que j'étais AU SERVICE.
Mais franchement si c'est pas le millième clin Dieu que je reçois pour me dire de me lever et de me casser de cette communauté...
Bon au final je te rassure ami lecteur, comme on avait un petit temps d'attente avant 11h, le temps que les membres de ma famille arrivent pour l'horaire initial, notre ami prêtre m'a donné la communion au pied du tabernacle, tout près du retable 😍 (merci Jésus).
Bon on avait un peu les miquettes de faire notre Credo de progressistes relous, mais en fait ça a créé plein de discussions pendant le repas qui a suivi le baptême dont une amorce de discussion vraiment intéressante avec mon frère sur sa foi et son rapport (pas très bon) avec les dogmes catholiques, type de conversation que nous n'avions jamais eu de notre vie 🥰
Je termine donc avec notre texte de renonciation aux péchés de l'Eglise suivi du credo en l'Eglise (qui est tiré du site de la Conférence Catholique des Baptisé.e.s de France )
Nous renonçons à la tentation de croire que l'Eglise est faite pour les "purs", tentation qui mène à ce que l’appartenance à un petit groupe devient plus forte que celle au Corps et, dans certaines situations, au Christ lui-même.
Nous renonçons à la tentation de rechercher du pouvoir dans le service de l'église et nous voulons dire haut et fort notre rejet du cléricalisme
Nous rejetons la misogynie qui pousse à étouffer les vocations sous des concepts mensongers de différenciation et d'essentialisme car nous croyons que nous sommes tous et toutes prêtres, prophètes, rois et reines par notre baptême
Nous rejetons la peur de l'autre et des différences
Nous rejetons l'injonction à se taire pour cacher les abus
Nous croyons en l’Eglise avec un E majuscule, qui est le peuple de baptisé.e.s
une Eglise où les pauvres ont la première place,
une Eglise qui milite pour la paix, fruit de la justice,
une Eglise qui lutte pour l'égalité de l'homme et de la femme et leur traitement équitable
une Eglise « hôpital de campagne » pour les blessés de la vie,
une Eglise au milieu du monde, qui transmet les paroles du Christ à tous les peuples,
une Eglise témoin et signe de résurrection des morts et qui communique l’espérance de la vie éternelle
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